Accueil des français dans les différents diocèses

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Glicherie
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Accueil des français dans les différents diocèses

Message par Glicherie »

Je voudrai recueilir des témoignages sur l'acceuil et la place qui est faite, aux français (et d'une manière générale à la francophonie) dans les différents diocèses orthodoxes canoniques présents en France et représentés à l'AEOF.

Pouvez vous indiquer ce que vous vivez, ou ce dont vous êtes témoins ?
Merci
jaune
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Message par jaune »

Et bien gilcherie, cette requéte tombe dans mon cas plutôt à point.Je m'explique :j'ai contacté hier soir la paroisse "la Sainte Trinité" à Toulon (sacrée en 1961 par Mgr Meletios,liturgie bilingue franco-grec) pour demander à assister aux matines et à la Divine Liturgie,une paroissienne m'invita cordialement à venir y assister.Elle me demanda si j'étais Catholique,m'expliqua que des couples Orthodoxe-catholique prennait part à la liturgie,dans quelle mesure?Les couples mixtes communient t'ils au même calice?je ne sais pas.Je vous ferais part de mes observations au fil du temps.Je sais que l' Archiprêtre Konstantinos Papakosmas ne parle guère notre langue.
La suite trés prochainement...
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Pour ce qui me concerne et qui concerne aussi ma paroisse de Juvisy, nous n'avons qu'à nous louer de l'accueil et de l'amitié de monseigneur Luka et du père Jovan. Mais il est vrai que le jour où Français et Serbes ont chanté ensemble des vigiles rue du Simplon, les paroissiens présents nous regardaient un peu comme d'étranges animaux débarqués de la planète Mars.
Ma "tournée des popotes" parisienne n'est pas complète, car elle se borne aux paroisses francophones ouvertes en été à Paris, où l'accueil a été très bon; et à Saint-Séraphin de Sarov, où le contact avec le père Nicolas a été excellent et avec les paroissiens... inexistant ou presque.
Et je garde un souvenir très mitigé de vigiles pascales à la paroisse roumaine du père Aurel, quand elle se trouvait aux Batignolles. Les paroissiens semblaient tellement occupés à bavarder entre eux qu'on avait du mal à suivre l'office. Sans parler des regards un peu méprisants à l'égard des "envahisseurs" que nous étions (2 ou 3 élèves français du père Aurel).
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
olivier gerard
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Message par olivier gerard »

en ce qui me concerne, je trouve l'acceuil des Eglises orthodoxes roumaines et russes de Grenoble vraiment attentionné et bienveillant.
il n'est pas facile pour eux de traduire en Français des textes aussi profonds que les Saintes Ecritures, mais je remarque un effort louable.
Antoine
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Message par Antoine »

il n'est pas facile pour eux de traduire en Français des textes aussi profonds que les Saintes Ecritures, mais je remarque un effort louable.
Je ne comprends pas bien cette remarque car les traductions existent déjà.
Peut-être voulez vous dire "utiliser les traductions" et non pas "traduire".
olivier gerard
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Message par olivier gerard »

oui, vous avez raison, je m'exprime mal.
comme je ne suis pas orthodoxe, je ne sais pas d'où viennent les textes qui sont lus. par "traduire" je voulais juste dire utiliser le français, on s'exprime toujours mieux dans sa langue natale, et je trouve tres bienveillant d'avoir le souçi d'utiliser le français.
jaune
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Message par jaune »

j'ai pris finalement la décision,en accord le prétre andré Borrely qui se trouve être un voisin six- fournais,de m'ancrer à la paroisse saint-Irénée de Marseille.
Comme vous le savez sûrement ,c'est une paroisse francophone qui compte parmi ses fidéles plusieurs convertis francais.
L'acceuil du prétre andré Borrely et du prétre daniel Bresson fut attentif et cordial.
Je fus invité à ne pas me précipiter et à venir aux liturgies fréquemment.
Les paroissiens furent aimable et bienveillant à mon égard.

Le plus remarquable est l'impression priante et lumineuse qui émane de la Divine Liturgie.
Cette paroisse n'est pas byzance pourtant,les fresques comme certaines icônes sont peu soignés,mais quelle beauté.
L'harmonie du culte orthodoxe est soufflant.
Cette premiére liturgie m'a permis d'entrapercevoir la beauté de la priére.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Je ne peux pas répondre en ce qui concerne la France, mais je peux quand même parler un peu à propos de mon pays.

Je pense qu'il faut bien distinguer le problème de l'usage de la langue locale de celui de l'accueil des gens qui choisissent de rentrer dans l'Eglise orthodoxe.

Ce n'est pas à coups de décrets demandant de doubler les lectures de l'Apôtre et de l'Evangile par une lecture en français (ou en allemand, ou en italien) que l'on changera le problème des mentalités à la base.

Or, l'Orthodoxie en Europe occidentale (mais pas en Amérique du Nord, et probablement pas dans les îles Britanniques) vit une extraordinaire pseudomorphose, qui ne fait qu'accentuer les deux précédentes (l'intrusion de l'augustinisme au XVIIe siècle et l'apparition du phylétisme au XIXe) en se basant d'ailleurs sur elles. Le facteur, non plus national, mais bien ethnique, voire racial, si tant est que ce terme soit approprié pour exprimer des attitudes mentales pour qui le lien du sang est le fondement de toute action ecclésiale, devient la base, non seulement d'une ecclésiologie peu conforme à la tradition, mais bien de toutes les attitudes du clergé paroissial et des fidèles.

Cela peut aller au-delà de toute rationalité. Ne parlons même pas ici de charité, de droiture ou de morale. Mais on peut par exemple penser que sur la base d'un simple raisonnement opportuniste, une paroisse peut avoir tout intérêt à compter parmi ses fidèles tel ou tel converti fortuné et généreux, ou tel ou tel converti cultivé, ou tel ou tel converti qui a par ailleurs une position sociale qui peut l'amener à exercer une certaine influence en faveur de la communauté. Or, la passion chauvine atteint un tel degré d'absurdité que même ce type de raisonnements terre à terre devient inaccessible à certains prêtres. Dans un prurit de purification nationale, on n'hésitera pas à faire partir d'une paroisse un converti qui en était l'un des donateurs les plus importants.

Le plus sidérant, c'est le caractère purement biologique de la définition de cette fameuse nation dont tel ou tel prêtre se veut le gardien. En effet, dans ce tribalisme (c'est le sens originel du mot phylétisme), la connaissance de la langue et de la culture du peuple pseudo-élu n'est pas suffisante pour l'intégration dans la communauté. Aux yeux du prêtre, il faut vraiment avoir le lien du sang. On considérera donc comme membre de la paroisse un hétérodoxe qui a épousé une compatriote, même s'il ne connaît pas un mot de la langue, mais jamais un converti, fût-il bon connaisseur de la langue et de la culture. Rappelons quand même que nous sommes censés être dans l'Eglise du Christ… Ce point est important, car il ne s'agit plus de l'argument cent fois entendu d'exiger des convertis qu'ils respectent la langue, la culture et l'histoire de ceux qui ont fondé la communauté. En fait, l'ostracisme s'applique aussi à des convertis qui ont étudié la langue de la paroisse, qui ont pris l'habitude d'assister à la liturgie dans cette langue, mais qui, aux yeux du prêtre, portent éternellement la tare de leur origine ethnique.

Evidemment, cette recherche de l'unité nationale peut avoir quelques conséquences dommageables sur la vie spirituelle. Comme le prêtre se voit surtout en tant que rassembleur de ses compatriotes autour du drapeau national, on évitera d'y regarder de trop près pour ne pas diminuer les effectifs. Pour ne surtout pas évoquer des spécificités orthodoxes, par exemple l'hésychasme et ce qu'il implique, éléments absolument consubstantiels à la vie spirituelle orthodoxe et qui nous distinguent de toute autre religion, mais qui pourraient froisser tel ou tel fidèle qui ne vient que pour des raisons de convenance sociale, on finira par substituer à la spiritualité orthodoxes des manifestations émotionnelles importées du pentecôtisme, c'est-à-dire des agitations qui parlent à la partie passionnée de l'âme. Le tout au nom du sentiment (sentiment national, bien sûr). Et, pour boucler la boucle, on fera venir un chœur pentecôtiste – mais, attention, de même nationalité ! - à l'occasion d'une liturgie solennelle. Après tout, puisqu'on est dans un club… Il y a ainsi des paroisses où l'épuration devient permanente; mais épuration seulement sur le plan de la composition ethnique, car la vie spirituelle, elle, ne s'épure pas, bien au contraire.

Vous pensez sans doute: Encore un converti occidental qui ronchonne et ne comprend pas la sage politique du clergé qui vise à satisfaire les aspirations nationalitaires de ses fidèles! Autrement dit, la répétition de la vieille politique qui veut qu'on ne s'occupe que de la première génération d'immigrants, la génération née dans le pays étant considérée comme perdue pour l'Orthodoxie.
Et bien, détrompez-vous. Le monde change. Il y a de moins en moins de dupes. Il n'est plus possible d'enfermer éternellement les gens dans le nationalitarisme. Dans son livre Mais où donc se cache l'Eglise orthodoxe? , Jean-Louis Palierne avait évoqué le phénomène de convertis particulièrement fervents qui ne viennent absolument plus dans les paroisses, en raison des craintes certaines qu'ils éprouvent quant aux conséquences d'une telle atmosphère sur leur vie spirituelle. Or, voici qu'on rencontre maintenant ce phénomène parmi des immigrés orthodoxes de première génération. Ils ne perdent pas la foi. Simplement, ils transfèrent toute leur pratique religieuse dans l'espace privé. Ils prient avec ferveur et sont grands consommateurs d'acathistes, mais tout ceci se fait à la maison, car ils ne se reconnaissent pas dans l'idéal xénophobe de leur paroisse de destination (de destination ethnique, s'entend). On ne peut guère reprocher à ces croyants sincères de fuir les "pratiquants non croyants" rassemblés au nom de l'unité nationale. On entend de plus en plus souvent des réflexions d'orthodoxes de souche, non nés en Europe occidentale, mais qui y sont venus pour faire des études, et qui déplorent que leur paroisse "nationale" (ou disons, consulaire…) n'ait absolument plus rien à voir avec l'Eglise telle qu'ils la fréquentaient dans leur pays.

En ce qui me concerne, je dois l'avouer, cette situation me trouble parfois, par ricochet. Je suis heureux dans ma paroisse et n'ai jamais eu à me plaindre du clergé ni des fidèles, bien au contraire. La philoxénie et la xénophilie grecques ne sont pas de vains mots, même hors de l'Hellade. Mais, en dehors de mon cas personnel, il y a de réelles demandes spirituelles qui peuvent difficilement être résolues à cause des options chauvines que j'ai citées et dont je sais par de multiples témoignages comment elles peuvent prévaloir ailleurs. Ainsi, il arrive parfois que des gens viennent me poser des questions parce qu'ils sont mécontents de leur religion actuelle, ou en sont totalement détachés, et qu'ils envisagent un éventuel rapprochement avec l'Orthodoxie, ou parce qu'ils commencent à manifester un intérêt pour l'Orthodoxie. Ils n'ont pas forcément envie d'apprendre le grec et de se réfugier dans le doux sein de ma paroisse. Dans ces circonstances, je commence à parler de choses qui sonnent très bien sur le plan théorique et qui correspondent, par exemple, à la vie ecclésiale que j'ai aimée dans des pays de tradition orthodoxe. Mais je repense toujours à cette phrase terrible, et si juste, que Mgr Damascène (Papandreou), qui fut mon père dans l'Eglise, alors métropolite de Suisse et aujourd'hui métropolite titulaire d'Andrinople, avait dite à un des mes amis en évoquant l'ecclésiologie phylétiste: "Nous ne sommes pas crédibles." Et, en effet, nous ne sommes pas crédibles. "Toute parole peut détruire une parole, aucune parole ne peut détruire la vie", écrivait saint Grégoire Palamas, et, en cette circonstance-là, les mots de Monseigneur le Métropolite Damaskinos exprimaient la vie.

Alors, oui, parfois, j'en conçois un peu d'amertume. Quand on aime son Eglise et sa religion, il est difficile d'accepter l'idée que l'on ne peut pas transmettre la parole de vérité, que l'on doive aiguiller des personnes vers autre chose, et ceci par simple charité, pour éviter à des âmes nobles en quête de vérité d'être confrontées à la haine nationalitaire – d'autant plus pernicieuse qu'elle sait s'enrober de guimauve et de fausse sentimentalité - qui les fera sortir de l'aventure moins chrétiens qu'ils n'y étaient entrés. Ce n'est pas agréable. C'est ainsi que j'ai le sentiment d'appartenir à la seule religion qui ne puisse pas être extériorisée. Mais, que voulez-vous, je ne tiens pas une épicerie; si des personnes viennent sincèrement me demander conseil, je ne veux pas leur vendre ma soupe, mais essayer de leur proposer la solution qui convienne le mieux à leurs louables aspirations. Et, dans les tristes circonstances que nous vivons, je ne peux recommander ma religion qu'à ceux qui ont l'âme chevillée au corps.

Par conséquent, la question de savoir si tel ou tel diocèse, d'une manière générale, reçoit bien la langue du pays, me semble entièrement secondaire par rapport à la définition que les orthodoxes, et en particulier le clergé, se donnent de leur religion. Il y a beaucoup de problèmes qui se résoudront d'eux-mêmes le jour où tel ou tel prêtre saura enfin si, dans le fond de son âme, il rend un culte au Christ notre vrai Dieu ou à sa propre ethnie. Cela va bien plus loin que l'ecclésiologie de la post-ecclésialité dénoncée avec talent par Mgr l'archimandrite Grégoire Papathomas, dans un texte récent qui, malheureusement, confond quant à lui le noble combat pour l'indépendance des nations avec les tares dangereuses du chauvinisme pseudo-ecclésial.

Car les nations existent, elles ont aussi leur destin, et Notre Seigneur a commandé de les baptiser (cf. Mt 28, 19). C'est une chose de permettre à chaque nation de poursuivre son existence, c'est une autre chose de faire, non plus de la nation, mais bien de la tribu au sens biologique du terme, une idole qui finit par obscurcir la notion même de religion. En effet, le chauvinisme pseudo-ecclésial substitue au lien vertical avec Dieu un lien purement horizontal qui est celui d'une association d'originaires; il substitue la vérité relative, transitoire et séculière de l'appartenance ethnique, à Celui qui, éternellement, est la Voie, la Vérité et la Vie (Jn 14,16).
Monique
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Message par Monique »

Je crois que j’ai eu tord de chercher du réconfort sur le forum.
Je vous remercie de vos réponses qui m’ont aidé.
Que Dieu me pardonne et vous bénisse !
Priez pour moi.
Dernière modification par Monique le ven. 30 mai 2008 8:36, modifié 1 fois.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Monique a écrit :Nous étions quelques français à vouloir créer une paroisse francophone ouverte à tout orthodoxe quelque soit son origine.
Pour accomplir cette œuvre nous avons sollicité la bénédiction d’un évêque étranger, puisqu’il n’y a pas d’église pour les français.
Pendant trois ans nous avons beaucoup travaillé pour les locaux, le chant et l’organisation en générale (une paroisse ne vie pas d’air et d’eau fraiche, mais demande un grand investissement en temps et énergie d’au moins trois ou quatre personnes)
Mais peu à peu, l’ethnie à laquelle nous étions rattachée par obligation a pris de plus en plus de poids et a exigé de célébrer de plus en plus dans leur langue au mépris de ceux qui servent et ne comprennent pas leur langue.
En tant que chef de chœur c’est devenu de plus en plus difficile pour moi d’accomplir mon service et de l’assumer.
Je confesse que je ne suis pas facile à vivre, je suis soupe au lait et je dis ce que je pense.
Après un malentendu qui a dégénéré avec le prêtre non français, je suis éjectée.

Lecteur Claude a écrit (Posté le: Jeu 07 Déc 2006 15:45 )

« Ils ne perdent pas la foi. Simplement, ils transfèrent toute leur pratique religieuse dans l'espace privé. Ils prient avec ferveur et sont grands consommateurs d'acathistes, mais tout ceci se fait à la maison, car ils ne se reconnaissent pas dans l'idéal xénophobe de leur paroisse »

C’est ce que je suis tentée de faire.

Chère Monique,

Je reprends certains passages de votre message.
Monique a écrit :Après un malentendu qui a dégénéré avec le prêtre non français, je suis éjectée.
Prenez-le comme une bénédiction déguisée, a blessing in disguise comme disent les Anglo-Saxons. Avec le temps vous vous rendrez compte de ce à quoi vous avez échappé.
Il est par ailleurs intéressant de voir comment certains s'y entendent pour faire la loi chez les autres.
Monique a écrit :Pour accomplir cette œuvre nous avons sollicité la bénédiction d’un évêque étranger, puisqu’il n’y a pas d’église pour les français.
Pendant trois ans nous avons beaucoup travaillé pour les locaux, le chant et l’organisation en générale (une paroisse ne vie pas d’air et d’eau fraiche, mais demande un grand investissement en temps et énergie d’au moins trois ou quatre personnes)
Mais peu à peu, l’ethnie à laquelle nous étions rattachée par obligation a pris de plus en plus de poids et a exigé de célébrer de plus en plus dans leur langue au mépris de ceux qui servent et ne comprennent pas leur langue.
La question reste de savoir pourquoi certains diocèses pourtant francophobes et issus de pays francophobes (francophobes par excès d'américanomanie? francophobes parce que finalement anti-tout ?) donnent leur bénédiction à la création de paroisses francophones. Pour pouvoir s'en emparer ensuite? Pour pouvoir chasser les francophones en récupérant les locaux et les institutions fondées par les francophones? Un prêtre d’un diocèse de ce genre m'expliquait un jour à demi-mots qu'il ne voulait pas de fidèles suisses, mais qu'il voulait de leur argent!
Monique a écrit :Mais peu à peu, l’ethnie à laquelle nous étions rattachée par obligation a pris de plus en plus de poids et a exigé de célébrer de plus en plus dans leur langue au mépris de ceux qui servent et ne comprennent pas leur langue.
La situation aurait sans doute été la même pour vous si vous aviez compris ou parlé leur langue.
Il y a des nations, des groupes ethniques, des cultures, où la connaissance de la langue entraîne un bon accueil de la part du groupe. Les Étasuniens et les Allemands fonctionnent en grande partie selon ce modèle. Voyez aussi l’exemple de la langue basque, dans laquelle est euskaldun celui qui parle basque. Il y a d'ailleurs aussi des populations de tradition orthodoxe qui fonctionnent, au moins partiellement, selon ce modèle. Voyez la quantité d'Arméniens qui se retrouvèrent dans les plus hautes sphères du pouvoir russe, puis soviétique, de Loris-Mélikov à Mikoyan, l'appartenance au moins partielle à une langue et une culture communes ayant été jugée beaucoup plus importante que l'origine familale ou géographique.

Mais tous les peuples ne fonctionnent pas sur ce modèle. Il y a aussi des cas où seul le lien du sang compte. Non seulement les minorités linguistiques ne trouvent aucune place dans ce modèle, mais aussi les personnes qui pratiquent la langue du groupe, mais ne lui appartiennent pas par la filiation. (Je précise que tout ce que j’écris ici n’a rien à voir avec la question de la transmission de la nationalité sur la base du droit du sol, comme en France, ou du droit du sang, comme en Suisse, qui est une question juridique qui n’a rien à voir avec la manière dont un groupe ethnique se perçoit lui-même et perçoit les autres.) Le stade ultime est celui auquel le groupe établit une équation entre ses conceptions raciales et l’appartenance religieuse. Attention, ce phénomène n’existe pas que dans les pays « orthodoxes » de tradition phylétiste / tribaliste ; il existe aussi dans certains pays catholiques romains.
Monique a écrit :« Ils ne perdent pas la foi. Simplement, ils transfèrent toute leur pratique religieuse dans l'espace privé. Ils prient avec ferveur et sont grands consommateurs d'acathistes, mais tout ceci se fait à la maison, car ils ne se reconnaissent pas dans l'idéal xénophobe de leur paroisse »
C’est ce que je suis tentée de faire.
D’abord, dites-vous bien que ce que vous ressentez n’est pas propre aux francophones et / ou aux convertis. Il faut aussi savoir que, dans le genre de juridiction que vous évoquez, le clergé a tendance, pour des raisons que je n’ai jamais réussi à déterminer, à toujours faire corps avec la tendance phylétiste de la paroisse, même si celle-ci n’est pas majoritaire. Dans ce genre de situations, il n’y a pas que les francophones qui partent sur la point des pieds ; vous allez aussi souvent avoir une partie des paroissiens de l’ethnie « élue par elle-même », qui n’approuvent pas le comportement du courant phylétiste / tribaliste et qui sont déçus de la collusion de leur prêtre avec ledit groupe. J’ai vu de nombreuses situations de ce genre.

La situation que vous vivez est donc relativement fréquente, et je ne peux que vous donner les conseils que je donne toujours dans ce genre de circonstances. Ce ne sont que des conseils, et prenez-les comme ce qu’ils sont et pas comme des recettes miracle que je n’ai pas.

(1) Il est d’évidence bien préférable pour votre vie spirituelle que vous rompiez avec des paroisses d’où vous serez toujours exclue en tant que non-membre du peuple élu par lui-même et d’où il est d’ailleurs douteux qu’il y ait quelque chose à retirer.

(2) Il est préférable d’aller moins souvent à l’église, mais d’aller dans des endroits de meilleure qualité. Je ne peux que vous recommander de vous organiser pour pouvoir participer à la liturgie, ne serait-ce qu’une ou deux fois par an, dans l’un ou l’autre des monastères francophones de qualité. Vous retirerez plus de fruits spirituels d’une liturgie annuelle dans un monastère comme Saint-Antoine-le-Grand (patriarcat œcuménique de Constantinople) à Saint-Laurent-en-Royans que d’une participation régulière aux activités de ce type de paroisses phylétistes et francophobes. En outre, je crois savoir que la région où vous habitez n’est pas trop éloignée du monastère de Godoncourt (patriarcat de Serbie) qui m’avait fait bonne impression.

(3) Dans l’est de la France, il y a des paroisses francophones dans la juridiction du patriarcat de Serbie, au moins à Besançon et à Chalon-sur-Saône. Je ne sais pas ce qu’elles valent, mais elles ont le mérite d’exister. On ne pourra pas accuser Mgr Luka de ne pas avoir fait quelque chose pour les francophones, même si cela ne préjuge en rien de l’avenir de ces communautés le jour – que j’espère le plus lointain possible - où Mgr Luka ne sera plus à la tête du diocèse serbe d’Europe occidentale.

(4) Vous avez toujours la possibilité de fréquenter des paroisses grecques ou arabes où vous ne serez pas confrontée au problème du phylétisme - en tout cas pas avec la même intensité. Depuis bientôt quatorze ans que je fréquente une paroisse grecque - avec cette seule différence que, pendant longtemps, je me suis astreint à aller aussi dans des paroisses qui célébraient dans d’autres langues avant de me lasser - , j’ai pu être en désaccord avec certaines choses, avoir des reproches à faire, mais je n’ai jamais pu accuser les gens de manquer d’amabilité, de manquer de reconnaissance du ventre envers le pays qui les avaient accueillis ou de pratiquer l’exclusivisme sur base ethnique. J’ai toujours eu aussi de bonnes expériences avec les communautés orthodoxes arabes, mais là, il peut y avoir un problème de barrière de la langue que nous n’avons pas de la même façon avec le grec, étant donné qu’à peu près tout le vocabulaire théologique et religieux de notre langue vient du grec - nous sommes bien d’accord qu’il ne s’agit pas d’apprendre à faire une conférence en grec moderne, mais simplement d’avoir la connaissance passive du grec de la liturgie. Dans votre région, mais du côté suisse de la frontière, vous avez une église grecque à Münchenstein, et aussi à Lausanne.

Bien sûr, je vous répète encore que ce ne sont que des conseils et qu’ils ne servent peut-être à rien, mais, au moins, je vous les donne avec sincérité.
Monique
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Message par Monique »

Merci beaucoup, lecteur Claude, de votre soutien

Je vais méditer vos conseil ;

Mais je vais rester un long moment sans fréquenter d’églises pour laisser le temps de guérir les blessures de cette bénédiction déguisée.
Je fréquente déjà la paroisse de Besançon (patriarcat de Serbie) que je connais et celle de Belfort, (russe mais je ne connais pas le patriarcat) dont le prêtre actuel est un homme spirituel.
Je suis déjà allé au monastère de Gondoncourt, mais elles ont des problèmes pour trouver des prêtres, et ceux de mon ancienne paroisse les desservent de plus en plus souvent.

Ce que je ne comprends pas, c’est que tous les efforts que nous avons fait pour accueillir ces immigrés se sont retournés contre nous : (leitmotiv répété : il faut être généreux et accueillir les immigré car c’est un souffrance de vivre loin de son pays)
Le prêtre français a appris des prières en roumain
Le diacre français a appris une petite ecténie en roumain
J’ai appris plusieurs tropaires en roumain

C’est comme de mettre le doigt dans un engrenage…et il n’y a aucune reconnaissance, c’est leur dû.
Irène
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Message par Irène »

Monique, connaissant votre dévouement, je ne peux que vous apporter ma compréhension mais il est vrai que je suis désolée de ce que vous vivez là.

Tournons donc les talons, quand nous ne pouvons plus faire autrement, "en secouant la poussière de nos chaussures" (je ne sais plus la citation exacte), sans rancœur.

J'espère que vous trouverez une solution apaisante et réconfortante.
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Ma chère Monique,

Connaissant un peu Besançon où j'ai, vous le savez, des amis dans la paroisse serbe francophone, je suis vraiment navrée que les choses aient tourné ainsi.

Pour Lecteur Claude : en ce qui concerne les paroisses francophones du patriarcat de Serbie, nous dépendons de monseigneur Luka dont le sens pastoral est remarquable mais nous avons aussi tissé des liens avec le Saint Synode et comptons des amis en Serbie même, ce qui nous donne une certaine confiance. La grande inconnue tient à la politique internationale. Si l'atlantisme continue de l'emporter sur les amitiés historiques, je crains que la francophilie encore sensible à Belgrade se retourne en francophobie. Malheureusement, nous n'avons aucun pouvoir pour infléchir la politique de notre gouvernement, quelques dizaines de pingouins sans fortune ne font pas un lobby crédible !
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
Monique
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Message par Monique »

Que Dieu me pardonne et vous bénisse !
Priez pour moi.
Dernière modification par Monique le ven. 30 mai 2008 8:37, modifié 1 fois.
Jean-Mi
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Re: Accueil des français dans les différents diocèses

Message par Jean-Mi »

Glicherie a écrit :Je voudrai recueilir des témoignages sur l'acceuil et la place qui est faite, aux français (et d'une manière générale à la francophonie) dans les différents diocèses orthodoxes canoniques présents en France et représentés à l'AEOF.
Pouvez vous indiquer ce que vous vivez, ou ce dont vous êtes témoins ?
Merci
je parlerai en général pour les quelques églises où j'ai mis les pieds en Belgique tant francophone que néerlandophone - mon patronyme ne le montre pas, mais je suis d'origine flamande, comme le trahit mon français.
Ces expériences sont sur plusieurs années et couvrent le quart des paroisses de Belgique. Ca ne représente souvent qu'un état des lieux à un moment donné, mais à lire et à voir les faits se reproduire si souvent, je crains que ça soit surtout un état d'esprit durable.

le problème de la sensibilité pastorale était bien expliqué par le p. Aris Metrakos, Américain d'origine hellénistique et ancien pilote de l'aéronavale, un prêtre plein d'humour qui passe ses vacances à amener des jeunes US en Roumanie pour leur faire découvrir la vie en Christ. Dire s'il n'est pas borné.
http://stmaterne.blogspot.com/2006/09/m ... rdues.html

je citerai un copain "Slobodovène" - pour reprendre l'expression neutre du p. Aris permettant de parler de phylétisme sans citer la communauté visée - et ce copain, de plus ou moins la quarantaine, s'en alla trouver il y a 2 ou 3 ans déjà son évêque. Il lui dit que comme tous les fidèles Slobodovènes fréquentant la paroisse X dans la ville belge de Y, il ne comprennait rien à la langue liturgique, que les prêtres ne prêchaient de toute manière jamais, et qu'il trouverait pastoralement sympa de penser à leur introduire un peu dans la Liturgie de la langue qu'ils parlent toutes et tous, de la première génération d'immigrés jusqu'à la dernière, à savoir la langue locale.
Réponse directe de l'évêque : ceux qui veulent une liturgie en langue locale n'ont qu'à aller chez les "catholiques"
Deux ans plus tard, mon copain y était et... me vantait les mérites de Thérèse de Lisieux & co... enfin, j'ai plusieurs fois vu un prêtre Orthodoxe dans sa maison, je me dis que la crise passera..

Ce fait illustre cependant fort bien la tonalité générale. Je pourrais citer plusieurs phrases de divers intervenants ci-dessus et dire "ça aussi, ça arrive ici"

l'expérience de monter quelque chose de local, pour lequel il a fallu beaucoup bosser, a aussi vécu le même résultat, les "ethniques" considérant que rien n'était Orthodoxe si ce n'était pas dans la langue liturgique étrangère.. qu'ils ne comprennent pas non plus mais qui fait si "couleur du pays." Un prêtre se tapait 200 bornes pour venir célébrer, ils ne se bougeaient pas sauf pour des "trucs sociaux" (pélé', etc), et ils n'avaient bien entendu que des critiques à formuler et jamais un balai en main pour nettoyer la chapelle. Ils ont été grandement aidés par le clergé "slobodovène" d'au moins 2 paroisses de "juridictions" différentes, de source sûre, ces derniers ayant des listes (bases de données interdites par la loi) de noms et d'adresses de Slobodovènes de la région et les ayant contactés pour qu'ils n'aillent surtout pas dans une paroisse d'une autre juridiction, même si juste au fond de leur rue et pas à 100km.
Comme cette guerre des téléphones-poisons fait rage dans le pays et est notoire entre PM et Daru (le premier aux dépens du second), je ne me gène pas pour mentionner ce fait affligeant ici. Je ne m'en réjouis pas, ils sont fous de déchirer ainsi la Tunique sans coutures.

par contre, il a au moins une paroisse qui "marche" bien, c'est celle du p. Athanase de Theux (anciennement p. Barthelemy D'Huyvetter), saint Silouane et saint Martin de Tours, à Bruxelles. Elle avait cependant une forte inclinaison oecuméniste, mais le nouveau prêtre la remet progressivement sur les bons rails - et je dois dire qu'il fait cela malgré que l'exemple épiscopal, comme tout le monde peut le constater sur le site internet officiel du diocèse "grec" en Belgique, soit justement très "oecuméniste" et "concélébrateur"
La paroisse du p. Athanase est très mélangée - moitié de Belges, forte proportion de Roumains, aussi des arabophones (ils sont dans un quartier à 99% africanisé), Égyptiens, Éthiopiens, Géorgiens, Russes, etc. J'ai mis en ligne la vidéo de la Divine Liturgie de Pentecôte de l'an dernier, on y entend de temps à autres une prière en roumain, en néerlandais, en grec, mais l'essentiel est en français. Pour l'anecdote, des "Slobodovènes" habitant le quartier traversent toute la ville pour rejoindre une paroisse ethnique "pure" plutôt que d'aller derrière le coin. Personnellement, je ne trouve pas ça une grande perte.

l'ethno-phylétisme sur base wallonne n'a pas encore commencé, les Wallons n'étant pas évangélisés - un prêtre Slobodovène me répondit un jour que son évêque insistait pour qu'ils ne s'occupent surtout pas de ça, rajoutant "je n'ai été envoyé qu'auprès des brebis perdues d'Israël" - bref, comme écrit le Lecteur Claude (si je ne m'abuse), le "peuple élu"...
Par contre, en Flandre, un vent mauvais sentant les bottes noires et casquettes brunes souffle d'ores et déjà dans certains groupes Orthodoxes. Et ouvertement. Et il ne faut pas compter sur l'épiscopat pour le résorber ou en expliquer les dangers... Ca ne laisse pas présager de bien bonnes choses si ça devait se répandre.

bref, outre-Quiévrain, même situation qu'à Paname'
mille fois hélas

heuu.. vive les acathistes et autres Offices des Heures..
et pour saint Laurent-en-Royans, on verra ça dans 1 mois et demi..

Jean-Mi'
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