Définition d'une secte

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Stephanopoulos
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Définition d'une secte

Message par Stephanopoulos »

J'ai eu une discussion avec un ami à propos de la définition d'une secte, et il semblerait qu'il est très difficile de désigner précisément cette dernière. Certaines instences s'y sont risquées comme par exemple la Commissions d'enquête parlementaires sur les sectes en France et l'Eglise catholique sans résultat satisfaisant.

Y aurait-il une définition de ce qu'est une secte selon le point de vue de l'Eglise orthodoxe et qui serait plus satisfaisante?
Stephanopoulos
Antoine
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Message par Antoine »

Toute communauté qui professe une foi différente de la foi orthodoxe est une secte.
Nectari
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Message par Nectari »

Les caracteristiques d'une sectes sont: pouvoir, control et argent.
Claude le Liseur
Messages : 4352
Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

Re: Définition d'une secte

Message par Claude le Liseur »

Stephanopoulos a écrit :J'ai eu une discussion avec un ami à propos de la définition d'une secte, et il semblerait qu'il est très difficile de désigner précisément cette dernière. Certaines instences s'y sont risquées comme par exemple la Commissions d'enquête parlementaires sur les sectes en France et l'Eglise catholique sans résultat satisfaisant.

Y aurait-il une définition de ce qu'est une secte selon le point de vue de l'Eglise orthodoxe et qui serait plus satisfaisante?
Au sens propre, une "secte" est une dissidence au sein d'une religion bien établie. Il vient naturellement du mot latin secare, "couper" - aussi à l'origine des mots "dissection" ou "sécateur". La secte, ce sont donc ceux qui se sont "coupés" du groupe majoritaire. Par définition, la secte a ainsi vocation à rester minoritaire. Deviendrait-elle majoritaire qu'elle ne serait plus une secte.

Je pense que le mot doit être plus facile à appréhender dans un contexte anglais, par exemple, où, il y a un siècle encore, la population faisait nettement la distinction entre "l'église" et "la chapelle". Etait "l'église" tout ce qui relevait des Eglises "historiques", par exemple l'Eglise anglicane, l'Eglise catholique romaine, les paroisses anglaises dépendant de la Kirk (l'Eglise presbytérienne d'Ecosse). Etait "la chapelle" tout le reste, tout ce qui correspondrait à cette première définition du mot "secte": les baptistes, les méthodistes, l'Armée du Salut, etc., la caractéristique de ces groupes étant semble-t-il avant tout leur anhistoricité. Cela rappelle un peu la distinction que les Roumains font entre les "protestants" et les "néo-protestants", le terme de sectant étant réservé aux néo-protestants.

Les orientalistes utilisent aussi, sans aucune intention dépréciative, le terme "secte" pour désigner les différentes écoles bouddhiques ou hindoues: on parle ainsi de la "secte soto" ou de la "secte rinzai", sans intention péjorative, mais pour rendre cette idée de groupes séparés qui ont poussé sur le même tronc.

Depuis une cinquantaine d'années, les media ont utilisé toute leur puissance pour faire accroire une autre définition du mot secte. Ce deuxième sens du mot secte n'a plus aucun rapport avec l'étymologie latine. En fait, ce sens a été forgé par l'Eglise papale, dans un livre publié à la fin des années 1950: L'offensive des sectes au XXe siècle. Ce livre s'en prenait avec beaucoup de mépris à un ensemble de groupes - les adventistes du septième jour, les témoins de Jéhovah, les amis de l'Homme, les disciples du Christ de Monfavet, les pentecôtistes, les antoinistes, la Petite Eglise anticoncordataire (moins maltraitée que les autres) et l'embryon de l'Eglise catholique orthodoxe de France de Mgr Winnaert et du RP Eugraphe Kovalevsky, futur évêque Jean de Saint-Denis. Le seul point commun entre ces groupes était qu'ils convertissaient des romano-catholiques. Les Eglises protestantes repliées sur elles-mêmes, genre Eglise réformée de France ou Eglise de la confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine, ou les Eglises orthodoxes ethniques, ne représentant aucune concurrence pour le Vatican, bénéficiaient, comme par hasard, d'un traitement autrement plus bienveillant dans d'autres volumes de la collection - celui consacré à L'esprit de l'orthodoxie gréco-russe vient d'ailleurs d'être réédité dans la même démarche régressive que celle qui a poussé à rééditer voici quelques années le pamphlet anti-orthodoxe du RP Janin - et ne risquaient pas de se faire traiter de "sectes". Il est d'ailleurs intéressant de voir que les mauvais procédés des catholiques se sont retournés contre eux, puisque ce nouveau sens péjoratif du mot "secte", qu'ils avaient tant contribué à forger, a ensuite été utilisé contre un grand nombre d'organisation romano-catholiques diverses et variées, de l'Opus Dei à certains groupes alléluiatiques, lorsque les super-anticléricaux ont repris le procédé.

A l'heure actuelle, il est évident que ce nouveau sens du mot "secte" est utilisé dans une campagne dirigée contre toutes les religions - sauf l'Islam dont le mondialisme a encore besoin pour le moment (cf. les réflexions éclairantes à ce sujet du professeur Pierre Bonnaud dans son livre capital De l'Auvergne, Editions Créer, Nonette 2003, p. 253). On présente comme "sectaire" tout comportement qui n'est pas dans la ligne du droit-de-l'hommisme ambiant. Les Eglises établies ont laissé se développer le phénomène quand il était dirigé contre des petits groupes marginaux, envers qui elles n'éprouvaient ni solidarité, ni charité, et qui leur apparaissaient surtout comme des rivaux potentiels, étant d'ailleurs précisé que certains de ces groupes étaient rééllement effrayants. Ces mêmes Eglises établies se retrouvent démunies lorsque l'offensive anti-sectes se retourne contre toute idée de transcendance, contre tout ce qui pourrait contester que l'homme est sa propre fin et contre tout ce qui est véhiculé par notre patrimoine religieux et est incompatible avec l'idéologie dominante mondialiste, sociale-libérale, égalitariste, féministe. Car nous voyons déjà venir le temps où seront décrétés "sectaires" le sacerdoce réservé au sexe masculin, les voeux monastiques - après tout, ils furent déjà interdits sous la Révolution française, qui fut à bien des égards le prototype de l'enfer dans lequel on veut nous mener -, le célibat, la discipline ecclésiastique, l'obéissance au père spirituel, etc., etc. N'en voyons-nous pas les signes avant-coureurs lorsque telle "eurodéputée" socialiste grecque lance une offensive contre le Mont Athos, lequel est bien sûr sectaire puisque l'accès de son territoire est interdit aux femmes ? Ou lorsque l'Académie française décerne son grand prix du roman au pamphlet de Vassilis Alexakis contre la sainte Montagne, pamphlet qui plaît bien sûr aux vieux académiciens catholiques et aux critiques littéraires du Point - l'hebdomadaire bushiste de langue française - parce qu'il apparaît comme dirigé contre l'Eglise orthodoxe que ces gens ne portent pas dans leur coeur, mais qui est en fait dirigé contre toute forme de transcendance - cf. l'interview de Vassilis Alexakis à une station de radio confessionnelle juive - pas sectaire, celle-là, je suppose? - où l'écrivain feint d'avoir fait une grande découverte sur le sectarisme des monastères de l'Athos parce que l'entrée dans le monachisme athonite implique la rupture des liens avec le monde, y compris avec sa propre famille? A-t-il entendu parler d'un grand "sectaire" du nom de Jésus qui disait "Celui qui aime son père et sa mère plus que moi n’est pas digne de moi" (Mc, 6, 23)? Ah non, surtout, ne le rappelez pas au vieil académicien français catholique qui se réjouit d'une offensive de plus contre la citadelle des "schismatiques orientaux" et qui ne voit même pas qu'à travers l'Athos, c'est le christianisme tout entier, et au-delà, toute forme de transcendance (donc, aussi le bouddhisme, l'hindouisme ascétique, etc.) qui sont visés.

A propos, il est intéressant de constater que les deux commissions d'enquête parlementaires françaises sur les sectes, qui se chargèrent, dans les années 1980, puis 1990, de donner un sorte de caution légale à l'idée que "groupe religieux marginal = secte = argent, exploitation, crime, lavage de cerveau", furent présidées par des députés dont l'un était franc-maçon du Grand Orient, et l'autre membre du parti communiste "français". C'est à dire que tous deux appartenaient à deux organisations qui sont l'incarnation même, la quintessence absolue, du sectarisme.
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Les universitaires honnêtes (il y en a, mais si, mais si) préfèrent parler de religions émergentes.
Voir le site du CESNUR et les articles assez remarquables de Massimo Introvigne.
http://www.cesnur.org/

Sur le fond je suis en accord total avec Lecteur Claude.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
Stephanopoulos
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Message par Stephanopoulos »

Merci à vous tous pour vos intéressantes réponses!
Stephanopoulos
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