Décès du patriarche Alexis II de Moscou

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Claude le Liseur
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Décès du patriarche Alexis II de Moscou

Message par Claude le Liseur »

Nous apprenons le décès de SB Alexis II (Ridiger), patriarche de Moscou.

Paix à son âme et prions pour que son départ n'ait pas pour l'Eglise les mêmes conséquences désastreuses que la mort, en 2007, de SB Théoctiste, patriarche de Roumanie.
Marco Amedeo de Carli
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Message par Marco Amedeo de Carli »

Вечная память!

Mémoire éternelle!

Requiescat in pace!
christian
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Message par christian »

Paix à son âme!
Mémoire éternelle!
GIORGOS
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Message par GIORGOS »

C’est notre devoir la prière pour les hiérarques de son vivant pour que le Seigneur les garde, et dans sa mort de par ses grandes responsabilités.

Mémoire éternelle! Mémoire éternelle! Mémoire éternelle!
Giorgos
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Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Mémoire éternelle ! Mémoire éternelle ! Mémoire éternelle !

Et prions pour l'Eglise qui est en Russie et qui doit faire un choix important alors que tant de querelles restent latentes et que tant de renaissance en Russie même est à conforter.
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Nectari
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Message par Nectari »

Mémoire éternelle! Mémoire éternelle! Mémoire éternelle!
alix
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Message par alix »

Mémoire éternelle Mémoire éternelle Mémoire éternelle.

Mes prières vont aussi aux frères orthodoxes slaves orientaux de Russie, Biélorussie et Ukraine, nos frères.
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Une dépêche AFP intéressante :
http://www.google.com/hostednews/afp/ar ... yUrAZw18oA

C'est donc mgr Kirill de Smolensk qui assure le fonctionnement du patriarcat et l'intérim jusqu'à la prochaine élection et qui aurait des chances de devenir le nouveau patriarche. Je ne peux pas dire que cela me réjouisse outre mesure.
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Jean-Mi
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Kirill élu patriarche hier soir (27/1)

Message par Jean-Mi »

un intéressant texte en traduction ici :
http://stmaterne.blogspot.com/2009/01/k ... vient.html

j'ai coupé les commentaires sur tout ce qui concernait cette élection patriarcale, on connaît mon opinion sur le sujet et on connaît celle des habituels intervenants chez moi, c'est donc sans intérêt.
Je considère par contre une belle trouvaille que cet article rapportant le genre de délégués.. le gratin des lobbies politico-industriels, les anciens apparatchiks devenus démocrates par la vertu du saint dollar, etc.
Intéressant aussi le fait que le président russe ne soutenait pas - on s'en serait douté - le "cardinal russe", Kirill, mais lui préférait l'Orthodoxe, Kliment.
Enfin, en Roumanie, le pro-vatican élu n'a pas une très bonne santé, le jeune âge n'est pas une garantie de durée.. J'espère que Kirill ne plongera pas dans ses idées à la noix et changera un brin. Il faudrait que quelqu'un lui donne d'ailleurs des leçons d'histoire ecclésiastique, car ses âneries d'aller affirmer publiquement que l'Occident serait "terre canonique" du vatican, ça ne m'est pas encore passé. Pauvres Russes...
Claude le Liseur
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Re: Kirill élu patriarche hier soir (27/1)

Message par Claude le Liseur »

Jean-Mi a écrit :un intéressant texte en traduction ici :
http://stmaterne.blogspot.com/2009/01/k ... vient.html

j'ai coupé les commentaires sur tout ce qui concernait cette élection patriarcale, on connaît mon opinion sur le sujet et on connaît celle des habituels intervenants chez moi, c'est donc sans intérêt.
Je considère par contre une belle trouvaille que cet article rapportant le genre de délégués.. le gratin des lobbies politico-industriels, les anciens apparatchiks devenus démocrates par la vertu du saint dollar, etc.
Intéressant aussi le fait que le président russe ne soutenait pas - on s'en serait douté - le "cardinal russe", Kirill, mais lui préférait l'Orthodoxe, Kliment.
Enfin, en Roumanie, le pro-vatican élu n'a pas une très bonne santé, le jeune âge n'est pas une garantie de durée.. J'espère que Kirill ne plongera pas dans ses idées à la noix et changera un brin. Il faudrait que quelqu'un lui donne d'ailleurs des leçons d'histoire ecclésiastique, car ses âneries d'aller affirmer publiquement que l'Occident serait "terre canonique" du vatican, ça ne m'est pas encore passé. Pauvres Russes...
Dès l'annonce que Mgr Cyrille de Smolensk serait locum tenens du trône patriarcal, j'ai vu des manifestations de joie indécente sur un forum dont les membres ne brillent pas par leur aménité envers les chrétiens orthodoxes - c'est le moins que l'on puisse dire. Ils se réjouissaient déjà d'avoir placé un homme à eux à ce poste (reste à savoir si leur point de vue était justifié, mais cela n'était guère rassurant).

Autre similitude étonnante entre les événements qui ont suivi le rappel à Dieu du patriarche Alexis II de Moscou (mémoire éternelle!) et ceux qui ont suivi le rappel à Dieu du patriarche Théoctiste de Roumanie (mémoire éternelle!): le résultat de l'élection qui devait suivre était connu d'avance par à peu près tout le monde.

Il me semble quand même qu'au Vatican, quand le conclave se réunit pour élire un nouveau pape, il y a une vraie élection et que de ce suspense sortent parfois de bonne surprise (du point de vue du Vatican) comme l'énergique (à l'époque de son élection) Jean-Paul II. Pourquoi tout est-il couru d'avance dans la plupart de nos Eglises locales? Influence d'anciennes moeurs politiques? Peut-être que ce genre de péripéties serait évité si, comme c'est le cas dans l'Eglise orthodoxe de Chypre, les évêques étaient élus par le peuple au lieu d'être cooptés par un synode.
GIORGOS
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Message par GIORGOS »

Normalement dans l’intronisation d’un evêque ou d'un primat il est censé de dire « Eis pollá eti Despota ! », en francais : Pour plusieurs annéés, Mâitre !

Par malheur avec les dernières ellections patriarcaux on est tenté de dire (au lieu de l’exclamation traditionnelle) : Seigneur prends pitié, Seigneur prends pitié, Seigneur prends pitié !!!.
Giorgos
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Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Il suffit de voir la bienveillance de la grande presse à l'égard de mgr Kirill, la même presse qui orchestre des campagnes contre Poutine, pour se dire qu'il y a anguille sous roche. Cela dit, c'est peut-être partiellement un malentendu car il n'a jamais soutenu la vision atlantiste, "droitdlhommiste" de la démocratie.

Je suis très inquiète, pour ma part, de son oecuménisme et je me demande à quelle sauce nous autres convertis occidentaux serons mangés...
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Nectari
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Message par Nectari »

Mgr. Hilarion Alfeyev

La notion du territoire canonique dans la tradition orthodoxe
Conférence au symposium international de droit canonique

à l’Académie théologique catholique de Budapest,

7 février 2005


Dans mon discours je voudrais aborder la question des origines et du fonctionnement de la notion du territoire canonique dans la tradition chrétienne orientale. Le terme « territoire canonique » est lui-même récent, mais son contenu ecclésiologique remonte aux temps apostoliques. La compréhension du sens de cette expression et des manières de son application est importante non seulement pour la collaboration inter-orthodoxe, mais également pour les relations entre les Églises catholique et orthodoxe.

Histoire et évolution de la notion du territoire canonique

L’organisation ecclésiale qui s’est mise en place au cours des trois premiers siècles de l’existence du christianisme était fondée sur le principe « une ville – un évêque – une église » qui suppose le rattachement d’un territoire à un évêque. Les raisons historiques de l’apparition du principe de l’épiscopat monarchique et de la notion du territoire canonique qui en découle sont traitées par l’évêque Nicodème Miloch dans son commentaire des Canons apostoliques : « Dès que la prédication apostolique a conduit à l’organisation des petites régions ecclésiastiques distinctes, il s’est posé la question du sacerdoce permanent dans ces régions… Chacune de ces régions avaient été instituée par un apôtre, immédiatement ou par leurs successeurs… Ainsi les régions ecclésiastiques qui ne cessaient de se multiplier représentaient des familles dans lesquelles l’évêque était père et tous les autres clercs, ses adjoints »[1].

Conformément à ce principe, les Canons apostoliques[2] et les autres règles de l’Église antique interdisent la violation des frontières ecclésiastiques par les évêques et les clercs. Les Canons apostoliques défendent aux évêques d’abandonner de leur gré leur diocèse et de passer dans un autre (can. 14) ; l’évêque ne peut ordonner en dehors de son diocèse (can. 35) ; un clerc ou un laïc excommunié par son église ne peut être reçu à la communion par un autre évêque en passant dans une autre ville (can. 12) ; un clerc qui rejoint un autre diocèse sans le consentement de son évêque, doit être déposé (can. 15) ; l’interdiction ou l’excommunication imposée à un clerc par un évêque ne peuvent être annulées par un autre (can. 16 et 32)[3]. Des dispositions de ce genre ont été prises par des conciles œcuméniques et locaux du IV-VIII siècles et font partie du droit canonique actuel de l’Église orthodoxe.

En instaurant les frontières des régions ecclésiastiques les Pères de l’antique Église indivise prenaient en considération la division administrative existante. Au II-III siècle il était d’usage que l’évêque qui dirige une région ecclésiastique célèbre dans la ville, tandis que les presbytres ou chôrévêques nommés par lui desservent les villages voisins. Cependant, dès le début du IV siècle, après que l’empereur Dioclétien a réuni les provinces de l’Empire romain en « diocèses », le christianisme a senti le besoin d’une concentration identique des églises épiscopales en des entités plus grandes : c’est ainsi que sont apparues les métropoles. L’évêque de la capitale d’un « diocèse » devenait métropolite, tandis que les autres évêques devenaient ses suffragants. Cependant, ces évêques restaient parfaitement autonomes dans l’administration de leur propre région, ne se référant au métropolitain que dans les questions qui dépassaient leurs compétences. Notons également que la distinction de la chrétienté en deux parties, occidentale et orientale, débute également au IV siècle avec la division administrative de l’Empire.

Bien que la division administrative de l’Empire ait servi de modèle à la division ecclésiastique, ce principe n’a jamais été absolutisé et n’était pas conçu comme n’admettant aucune alternative. Le conflit entre Basile de Césarée et Anthime de Tyanes en témoigne ; cette querelle est bien documentée par l’œuvre de Grégoire de Nazianze[4]. Lorsqu’en été 370 Basile de Césarée avait été élu à la tête de l’église de Cappadoce, la province de Cappadoce était unifiée et avait Césarée pour capitale. Cependant, en hiver 371-372 l’empereur Valence l’a divisée en deux provinces : Cappadoce I avec capitale à Césarée et Cappadoce II avec Tyanes comme centre. L’évêque Anthime de Tyanes, prenant en compte cette division, se mit à agir en métropolitain de la Cappadoce II et refusa de reconnaître la juridiction de Basile ; ce dernier continuait toutefois à se considérer comme le métropolitain de toute la Cappadoce. Afin d’affermir son autorité, Basile nomma au printemps 372 des évêques dans les villes faisant désormais partie de la Cappadoce II : il envoya à Sasimes son ami Grégoire de Nazianze, et à Nysse son frère Grégoire. En 374 le cousin de Grégoire de Nazianze et le disciple fidèle de Basile, Amphiloque, fut ordonné évêque d’Iconium. Anthime trouva tous ces actes anticanoniques et créa des obstacles à l’activité des évêques nommés par Basile. Plus tard, après la mort de Basile, les évêques de la Cappadoce II reconnurent de fait Anthime de Tyanes comme métropolitain de la nouvelle région.

Se fondant sur ces données historiques nous pouvons donc affirmer que la notion du territoire canonique au niveau des églises épiscopales est apparue dès les temps apostoliques et s’est définie dans la pratique ecclésiastique au II-III siècles. Quant aux entités supérieures, les métropoles, elles se sont formées au cours du IV siècle. A la fin du IV siècle on distingue donc trois niveaux de territoires canoniques : la métropole qui réunit tous les diocèses d’une province, le diocèse qui regroupe les paroisses d’une petite région et la paroisse, communauté ecclésiale, présidée par un presbytre, représentant de l’évêque. Plus tard les patriarcats s’ajouteront ajoutés à cette liste, réunissant plusieurs métropoles.

Le premier grand schisme de la chrétienté, survenue au milieu du V siècle à cause du refus d’une partie des Églises orientales de reconnaître le concile de Chalcédoine de 451 (quatrième œcuménique), a provoqué l’émergence d’une hiérarchie parallèle dans certaines régions de l’Empire romain oriental et en dehors de lui. Certaines d’entre elles perdurent jusqu’à nos jours. On entend par hiérarchie parallèle l’existence dans une ville de deux évêques qui prétendent au même territoire canonique et portent souvent le même titre.

Le deuxième grand schisme de la chrétienté mondiale, celui du XI siècle, n’a pas été immédiatement suivi de l’apparition des hiérarchies parallèles. Après la rupture de la communion entre Rome et Constantinople l’ordre qui existait au premier millénaire continuait à être appliqué pendant un certain temps : l’Orient était partagé entre les quatre patriarcats (Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem), tandis que Rome demeurait le centre de la chrétienté occidentale. Tous les diocèses occidentaux étaient réunis autour de l’évêque de Rome qui en était métropolite ou patriarche. La juridiction de l’évêque de Rome ne s’étendait pas sur les Églises orientales, tandis que celle des patriarches orientaux ne dépassait pas les limites de leurs circonspections. C’est ainsi que le principe du territoire canonique était préservé.

La situation a changé au moment des croisades, lorsque les armées latines ont conquis des territoires byzantins y fondant des hiérarchies latines. Ainsi après la prise d’Antioche en 1097 les croisés en ont banni le patriarche et l’ont remplacé par un évêque latin. La même chose s’est produite à Jérusalem à la fin de 1099 : le patriarche fut déposé et à sa place fut nommé un légat du pape, élevé à la dignité patriarcale. Enfin, après la prise de Constantinople en 1204, les croisés y ont également fondé un patriarcat latin. Les patriarcats latins d’Antioche et de Constantinople ont cessé d’exister avec la défaite des croisés au XIII siècle. Quant au patriarcat latin de Jérusalem, après avoir disparu en 1291, il fut rétabli par l’Église catholique en 1847 et existe jusqu’à nos jours. Ainsi, Jérusalem abrite aujourd’hui trois patriarches : un orthodoxe, un arménien et un latin.

En parlant de la prise de Constantinople par les croisés, l’historien catholique E.-C. Suttner écrit : « Après la prise de Constantinople les vainqueurs ont placé leurs candidats au trônes impérial, patriarcal et progressivement aux nombreux sièges épiscopaux. L’empereur et le patriarche grecs furent contraints de s’exiler à Nicée ; beaucoup de grecs illustres les suivirent. Ensemble ils attendaient le jour qui permettrait leur retour à Constantinople. Dans le centre de l’Empire d’Orient les latins triomphant ont traité les Grecs de la même manière que les Normands en Italie du Sud et les croisés au XI siècle à Jérusalem et à Antioche. Vraisemblablement, les latins du XIII siècle avaient la même conception du schisme et de l’unité de l’Église que les Normands. Ils agissaient, en effet, de la même manière et étaient convaincus, comme le prouve le concile de Latran de 1214 qu’en instaurant un empereur et un patriarche latins ils mettaient fin au schisme. Les Grecs, en revanche, considéraient avec raison la soumission d’une partie de la chrétienté à une autre comme indigne de l’Église. De leur point de vue, le comportement des latins après le sac de Constantinople a aggravé le schisme de l’Église… Nous devons revoir soigneusement toutes les tentatives entreprises pour le rétablissement de l’unité, pour ne pas réitérer les fautes commises dans le passé »[5].

Un coup dur a été porté aux relations entre Catholiques et Orthodoxes par les nombreuses unions que pendant des siècles l’Église catholique romaine avaient tenté d’imposer aux territoires populations orthodoxes. Étant une grave violation du principe de la territorialité canonique, l’uniatisme a toujours été et est encore très douloureusement perçu par les Orthodoxes. Voici l’évaluation qu’en donne un des acteurs les plus connus du dialogue catholique-orthodoxe du XX siècle, le protopresbytre Vitaly Borovoï : « La papauté médiévale aspirait avec obstinence et sans relâche à l’expansion en Orient orthodoxe, pour soumettre par des moyens divers (souvent avec recours à la force) les Orthodoxes à l’autorité romane, leur imposant toutes sortes d’unions qui en réalité tendaient à remplacer le foi orthodoxe de l’antique Église orientale par celle de l’Église catholique occidentale de l’époque médiévale. C’est ainsi qu’ont vu jour les unions de Lyon (1274), de Florence (1439) et beaucoup d’autres : celles de Brest (1596), d’Uchgorod (1646), de Mukatchevo (1733) ; les unions au Proche-Orient orthodoxe : arménienne, copte, syro-jacobite, syro-chaldéenne, etc. Les uniates apparaissaient dans toutes les Églises orthodoxes, devenant un fléau et une menace permanente pour toute l’Orthodoxie. Tout cela a eu des graves répercussions sur les relations et les sentiments des peuples orthodoxes à l’égard de Rome et de l’Église catholique qui sont résumées dans le célèbre proverbe : ‘Mieux vaut le turban turc que la tiare romaine’. La tragédie psychologique et historique de cet adage désespéré et semblant impossible dans les relations inter-chrétiennes, est la dénonciation la plus expressive et la plus sévère du péché de la division et de la rupture de communion entre les Églises orientale et occidentale »[6].

Les territoires canoniques des Églises orthodoxes autocéphales

Si l’on regarde maintenant l’histoire des Églises orthodoxes locales (en excluant de cette définition les Églises préchalcédoniennes), on peut affirmer qu’elles ont respecté le principe du territoire canonique sans défaillances jusqu’au début du XX siècle. Les frontières de ces Églises coïncidaient généralement avec celles des Empires et des États. Au XIX siècle, par exemple, la juridiction du Patriarcat de Constantinople se limitait plus au moins à l’Empire ottoman, tandis que celle de l’Église russe à l’Empire russe.

Il serait cependant faux de croire que les Églises orthodoxes n’agissaient pas en dehors de leurs frontières juridictionnelles. Certaines des Églises orthodoxes menaient une activité missionnaire : les missionnaires de l’Église russe, par exemple, ont fondé aux XVIII-XIX siècles des communautés orthodoxes en Amérique, au Japon et en Chine. Cependant, les missionnaires russes n’agissaient que dans les pays où il n’existait pas d’autres Églises orthodoxes. Ces pays étaient en quelque sorte considérés comme le territoire missionnaire canonique de l’Église orthodoxe russe.

Les évènements révolutionnaires qui ont eu lieu dans les années 1910 dans certains pays de l’Europe, les deux guerres mondiales et la dissolution des grands empires ont conduit à d’importantes modifications géopolitiques qui se sont répercutées sur la structure de l’Orthodoxie mondiale. Premièrement, dans la première moitié du XX siècle quelques Églises orthodoxes ont proclamé ou rétabli leur autocéphalie. Deuxièmement, à cause des migrations massives une importante partie des fidèles orthodoxes qui appartenaient à une Église autocéphale, s’est trouvée sur le territoire d’une autre Église. Troisièmement, à partir des années 1920 le Patriarcat de Constantinople qui après la dissolution de l’Empire ottoman avait perdu presque tous les fidèles sur son territoire canonique, s’est mis à prétendre au droit de pourvoir aux besoins pastoraux de ce qu’on appelle la diaspora orthodoxe et a commencé à créer des métropoles et des archevêchés en Europe et dans le reste du monde. En fin de compte des juridictions orthodoxes parallèles se sont créées dans les pays où les Orthodoxes ne représentaient qu’une minorité.

Comme exemple je citerai la situation qui s’est créée au XIX et XX siècles sur le continent américain[7]. L’orthodoxie y fut apportée par des missionnaires russes par le biais de l’Alaska. La première chaire épiscopale orthodoxe d’Amérique fut érigée par le Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe en 1840. Cependant, la résidence de l’évêque, en occurrence de saint Innocent (Venjaminov), se trouvait à Novoarchangelsk. En 1872, cinq ans après la vente de l’Alaska aux Etats-Unis, la chaire de l’évêque russe a été déplacée à San-Francisco. De 1989 à 1907 le diocèse était dirigé par S. Tikhon, le futur patriarche de Moscou. Sous son pontificat la chaire fut déplacée à New York. C’est lui qui a été à l’origine de la convocation d’un concile orthodoxe américain en 1907 qui a renommé le diocèse en « l’Église orthodoxe russe grécque et catholique de l’Amérique du Nord ». C’est ainsi que furent posés les fondements de la future Église autocéphale d’Amérique.

Pendant le séjour en Amérique de saint Tikhon un grand nombre de chrétiens du Patriarcat d’Antioche est arrivé dans le Nouveau Monde ; à la demande de Tikhon un évêque auxiliaire, Raphaël de Brooklin, originaire de Syrie a été ordonné pour eux en 1903. C’est ainsi qu’est venu au monde un modèle ecclésiologique sans précédent qui supposait que sur le même territoire canonique il existait des évêques de nationalités différentes et les diocèses seraient créés non plus sur le principe de territorialité, mais sur le principe ethnique. Ce modèle ne correspondait pas à l’ecclésiologie de l’Église antique, mais il était en revanche approprié à la nouvelle réalité engendrée par les processus migratoires en Europe et en Amérique. Si les évènements se déroulaient selon le scénario prévu par saint Tikhon, il y aurait eu dès les années 1920 une Église orthodoxe autocéphale d’Amérique, présidée par un métropolite dont la juridiction se serait étendue à des évêques de nationalités différentes chargés de leurs compatriotes qu’ils soient Russes, Ukrainiens, Grecs, Syriens, Libanais, Roumains etc.

Cependant, dans les années 1920 à cause des migrations massives des Grecs en provenance de l’ancien Empire ottoman vers l’Europe, l’Amérique et l’Australie, des métropoles du Patriarcat de Constantinople ont été créées sur ces continents. Comme nous l’avons déjà dit, le Patriarcat de Constantinople avait déclaré son droit de juridiction sur toute la diaspora, c’est-à-dire sur tous les pays qui ne faisaient pas partie du territoire canonique des Églises orthodoxes existantes. De ce point de vue pratiquement toute l’Europe occidentale, les Amériques du Nord et du Sud, ainsi que l’Australie et l’Océanie recevaient la qualification de la diaspora. Pourtant, en Amérique il existait déjà une Église orthodoxe, dirigée par un évêque russe. Ainsi, la création d’une juridiction du Patriarcat de Constantinople en Amérique a introduit une division dans l’Orthodoxie américaine qui n’a fait que s’aggraver avec l’apparition des diocèses des Patriarcats d’Antioche, de Roumanie et de Serbie.

En 1970 l’Église orthodoxe russe, toujours inspirée par la vision des choses de saint Tikhon qui rêvait d’une Église locale unique sur le continent américain, a accordé l’autocéphalie à la partie de l’Orthodoxie américaine qui était dans sa juridiction. On espérait que les diocèses des autres Patriarcats rejoindront cette nouvelle Église autocéphale qui a reçu le nom de l’Église orthodoxe en Amérique. Cela ne s’est malheureusement pas passé : aujourd’hui en Amérique, en plus de l’Église autocéphale, il existe des métropoles, des diocèses des Patriarcats de Constantinople, d’Antioche et des autres Églises.

A cause des bouleversements révolutionnaires des années 1920 une situation anormale s’est créée en Europe occidentale. De nombreux fidèles orthodoxes russes ont afflué vers l’Europe occidentale y créant des structures ecclésiastiques propres. Parallèlement, il y naissait des métropoles et des diocèses des Patriarcats de Constantinople et d’Antioche. Après la seconde guerre mondiale les diasporas serbes, roumaines et bulgares d’Europe occidentale se sont accrues ; des structures ecclésiastiques ont été érigées pour elles également. Ces diasporas continuent d’ailleurs de nos jours à augmenter en nombre. Enfin, ces dernières années à cause de l’exode massif des Géorgiens, on a vu apparaître en Europe des paroisses de l’Église orthodoxe géorgienne. Tous ces processus ont amené à ce que dans certaines grandes villes il se trouve désormais plusieurs évêques orthodoxes qui représentent chacun leur Église.

La situation de la diaspora russe d’Europe et des Amériques est aggravée en plus par le fait que tous les fidèles de tradition orthodoxe russe n’appartiennent pas à la même juridiction. Parallèlement au Patriarcat de Moscou il existe en Europe et ailleurs dans le monde depuis les années 1920 l’Église russe hors frontières qui s’est séparée de l’Église-mère à cause des évènements politiques et qui n’est pour l’instant reconnue par aucune Église orthodoxe autocéphale. Depuis les années 1930 s’est créée en Europe une structure ecclésiale qui regrouppe les paroisses orthodoxes russes qui se sont placées sous la juridiction du Patriarcat de Constantinople. Le Patriarcat de Moscou a maintes fois pris l’initiative de regrouper ces églises en une seule entité juridictionnelle. En ce moment des pourparlers sont menés entre le Patriarcat de Moscou et l’Église russe hors frontières au sujet du rétablissement de la communion eucharistique.

L’application pratique du principe du territoire canonique

Bien qu’il existe dans de nombreuses parties du monde des juridictions orthodoxes parallèles, on ne peut dire que le principe du territoire canonique soit complètement délaissé par les Églises orthodoxes. Ce principe demeure la pierre angulaire de l’ecclésiologie orthodoxe et continue à être appliqué, bien que pas toujours et pas partout. Citons des exemples de l’application de ce principe dans les relations entre Orthodoxes, ainsi que dans celles des Orthodoxes avec les Catholiques.

1. Chaque Église orthodoxe autocéphale possède son territoire canonique reconnu par les autres Églises. Ces dernières n’ont pas droit de fonder des communautés sur ce territoire. Ainsi, le territoire canonique du Patriarcat de Constantinople inclue la Turquie, la Grèce du Nord et quelques îles méditérannées ; celui du Patriarcat d’Alexandrie – toute l’Afrique ; celui du Patriarcat d’Antioche – la Syrie et le Liban ; celui du Patriarcat de Jérusalem : la Terre Sainte. La juridiction de l’Église orthodoxe russe s’étend sur les fidèles orthodoxes de Russie, d’Ukraine, de Biélorussie, de Moldavie, de Kazakhstan, d’Ouzbékistan, de Turkmenistan, de Kirghizstan, de Tadjikistan, d’Estonie, de Lituanie et de Lettonie. Le territoire canonique des Églises orthodoxes de Géorgie, de Serbie, de Roumanie, de Bulgarie, du Chypre, d’Albanie, de Pologne et celle de Tchéquie et de Slovaquie comprend les pays correspondants. Le territoire canonique de l’Église de Grèce s’étend sur la Grèce, à l’exception de la région septentrionale et de quelques îles qui relèvent du Patriarcat de Constantinople. Quant aux prétentions du Patriarcat de Constantinople au droit de juridiction sur la diaspora, cette question n’est pas encore résolue sur le plan panorthodoxe. Le statut de l’Église orthodoxe d’Amérique, dont la juridiction s’étend aux Etats-Unis et au Canada, demeure également sans résolution.

2. Dans de nombreux cas les frontières des juridictions ecclésiastiques coïncident avec celles des États, cependant, la modification des frontières d’un pays n’aboutit pas nécessairement à la multiplication des Églises. Ainsi, par exemple, après la dissolution de l’Union soviétique l’Église orthodoxe russe a préservé son intégrité territoriale, bien que sur son territoire canonique (en particulier, en Ukraine) il ait apparu des structures dissidentes. Après la division de la Tchéchoslovaquie en deux Etats indépendants, l’Église orthodoxe tchéchoslovaque a changé de nom, devenant Église des territoires tchèques et de Slovaquie, mais a conservé son unité[8]. De même, l’Église orthodoxe serbe est demeurée unie après la désagrégation de Yougoslavie.

3. L’ecclésiologie orthodoxe connaît la notion de pays traditionnellement orthodoxes : ce sont les pays où les Orthodoxes sont majoritaires. Dans la plupart de ces pays (excepté la Grèce et le Chypre) l’Église est séparée de l’Etat, mais elle jouit d’un certain prestige et représente une force sociale. Les Églises orthodoxes de tels pays ont tendance à considérer toute la population, à l’exception des personnes qui appartiennent à d’autres confessions et religions, comme leurs ouailles potentielles. On peut parler dans ce cas de la notion du territoire canonique culturel qui suppose que toute la population d’un pays qui par ses racines culturelles appartient à la tradition orthodoxe, mais qui en raison des évènements historiques a perdu le lien avec la foi de ses ancêtres, relève potentiellement de l’Église orthodoxe locale. Par exemple, en Russie la majorité absolue de la population par ses racines appartient à la tradition orthodoxe ; pour cette raison la Russie ne peut être considérée comme un champ de mission libre. Cela ne signifie pas pourtant que l’Église orthodoxe russe se positionne comme la religion sans alternative qui ne laisse à personne le droit de choisir sa confession et qui exclue l’existence des autres communautés. Cela suppose plutôt un respect à l’égard de l’Église russe, en tant qu’Église de la majorité, de la part des autres Églises (non orthodoxes) qui décident de créer leurs structures sur son territoire.

4. Ainsi, au niveau inter-chrétien le principe de territorialité canonique suppose une certaine solidarité entre les chrétiens des diverses confessions : il s’agit ici avant tout des Églises catholique et orthodoxe qui ont conservé la succession apostolique de la hiérarchie. Cette solidarité signifie que dans les pays où l’Église orthodoxe est majoritaire (comme la Russie, l’Ukraine, la Moldavie, la Grèce, la Roumanie, le Chypre etc.) l’Église catholique, en créant ses structures, doit au moins consulter l’Église orthodoxe locale et dans son activité missionnaire se satisfaire de ses fidèles traditionnels, sans faire du prosélytisme aux dépens de l’Église orthodoxe. Le même principe doit être sauvegardé dans les pays majoritairement catholique, comme l’Italie, l’Espagne, la France, le Portugal, l’Autriche, etc., où les Orthodoxes doivent s’abstenir de faire du prosélytisme et ne déployer l’activité missionnaire que dans le milieu de ses propres fidèles, en se référant dans toutes les questions controversée à l’Église catholique, en tant qu’Église de la majorité. Quant aux pays où ni les Orthodoxes ni les Catholiques ne sont majoritaires, des différentes communautés peuvent y mener librement l’activité missionnaire, sans craindre de violer le principe de la territorialité canonique. Cependant, même dans ces pays les Catholiques et les Orthodoxes devraient coordonner leurs actions afin d’éviter des malentendus et des conflits.

Le respect de ces quatre remarques est important aussi bien pour les relations entre Orthodoxes que pour le dialogue orthodoxe-catholique. Le refus de s’en tenir à eux dans les rapports entre Catholiques et Orthodoxes conduit à l’apparition des tensions entre les deux Églises. De nombreuses difficultés ont notamment surgi sur le territoire de la CEI dans les années 1990 à cause de la violation des engagements pris par l’Église catholique dans l’instruction de la commission pontificale Pro Russia le 1er juin 1992. Cette instruction prescrit à tous les évêques catholiques et aux administrateurs apostoliques « de contribuer par tous les moyens aux bonnes relations avec les hiérarques locaux de l’Église orthodoxe, en se rendant compte des difficultés qu’ils éprouvent, afin de créer une atmosphère de confiance et de collaboration paisible ». Selon l’instruction, les évêques et les administrateurs apostoliques « doivent informer les évêques locaux de l’Église orthodoxe de toutes les initiatives pastorales importantes, en particulier, de la création de nouvelles paroisses », ainsi qu’« avertir les représentants de l’Église orthodoxe de toute initiative d’ordre social (y compris dans le domaine de l’éducation et de la bienfaisance) ».

Beaucoup de ces conseils, fondés sur le respect des principes ecclésiologiques orthodoxes que nous avons mentionnés, n’ont pas été suivis par les structures catholiques en Russie et dans les pays de la CEI, ce qui a engendré des tensions entre ls Catholiques et les Orthodoxes de ces pays. Actuellement, on mène un dialogue amical dont l’objectif est de mettre fin aux tensions existantes. Au cours de ce dialogue l’Église orthodoxe russe n’a de cesse d’appeler les Catholiques de Russie et des autres pays de la CEI à suivre les instructions contenues dans le document de la commission pontificale Pro Russia.

* * *



En conclusion je voudrais exprimer l’espoir que les relations catholiques-orthodoxes qui ont subi une grave crise à la fin du XX siècle, s’améliorent résolument grâce au travail commun des hiérarques, des clercs, des théologiens, des moines et des fidèles des deux Églises. Un des principaux aspects de ce travail sera l’approfondissement de la notion du territoire canonique et l’élaboration bilatérale des règles de son application dans les divers pays.



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[1] Règles de l’Église orthodoxe avec le commentaire de Nicodème, évêque de Dalmatie et d’Istrie (en russe), Moscou, 2000, t. I, p. 74-75.

[2] Il n’est pas aisé de définir avec précision la date de ce recueil, mais il est évident que certains des canons ne peuvent être antérieurs au IV siècle.

[3] Notons que le texte grec des Canons apostoliques utilise le terme paroikia qui signifie maintenant « paroisse ». Pourtant, le contexte général des canons laisse entendre qu’il s’y agit de la division ecclésiastique qui recevra plus tard le nom d’éparchie (diocèse).

[4] Cf. avant tout son Discours 43, dédié à la mémoire de Basile, et sa correspondance. Les lettres de Basile lui-même abordent également le conflit.

[5] E. C. Suttner, Les étapes historiques des relations entre les Églises d’Orient et d’Occident (http://orthodoxia.org/lib/1/1/24/9.aspx).

[6] V. Borovoï, A. Bouyevski, « L’Église orthodoxe russe et le mouvement œcuménique (survol historique et théologique) », in Orthodoxie et œcuménisme (en russe), Moscou, 1998.

[7] Pour des informations plus amples sur ce sujet voir l’article de Léonid Kishkovski « Orthodoxy in America : Diaspora or Church », publié dans le bulletin électronique Europaica, N° 49 (http://orthodoxeurope.org/page/14/49.aspx#7).

[8] A ce sujet voir la conférence de l’archevêque Christophore de Prague et des territoires tchèques « L’Orthodoxie en Slovaquie et en Tchéquie : sources, situation actuelle, perspectives » publiée en russe dans le supplément N° 17 au bulletin Europaica, (http://orthodoxeurope.org/page/17/18.aspx#2).
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Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

4. Ainsi, au niveau inter-chrétien le principe de territorialité canonique suppose une certaine solidarité entre les chrétiens des diverses confessions : il s’agit ici avant tout des Églises catholique et orthodoxe qui ont conservé la succession apostolique de la hiérarchie. Cette solidarité signifie que dans les pays où l’Église orthodoxe est majoritaire (comme la Russie, l’Ukraine, la Moldavie, la Grèce, la Roumanie, le Chypre etc.) l’Église catholique, en créant ses structures, doit au moins consulter l’Église orthodoxe locale et dans son activité missionnaire se satisfaire de ses fidèles traditionnels, sans faire du prosélytisme aux dépens de l’Église orthodoxe. Le même principe doit être sauvegardé dans les pays majoritairement catholique, comme l’Italie, l’Espagne, la France, le Portugal, l’Autriche, etc., où les Orthodoxes doivent s’abstenir de faire du prosélytisme et ne déployer l’activité missionnaire que dans le milieu de ses propres fidèles, en se référant dans toutes les questions controversée à l’Église catholique, en tant qu’Église de la majorité. Quant aux pays où ni les Orthodoxes ni les Catholiques ne sont majoritaires, des différentes communautés peuvent y mener librement l’activité missionnaire, sans craindre de violer le principe de la territorialité canonique. Cependant, même dans ces pays les Catholiques et les Orthodoxes devraient coordonner leurs actions afin d’éviter des malentendus et des conflits.
Pas un mot sur les divergences théologiques, uniquement une sorte de géopolitique et de découpage de la planète ! Pas un mot sur la vérité, tout sur la juridiction, le pouvoir, le partage du gâteau !

Nectari a raison : où est l'orthodoxie ?

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Message par Claude le Liseur »

Anne Geneviève a écrit :
4. Ainsi, au niveau inter-chrétien le principe de territorialité canonique suppose une certaine solidarité entre les chrétiens des diverses confessions : il s’agit ici avant tout des Églises catholique et orthodoxe qui ont conservé la succession apostolique de la hiérarchie. Cette solidarité signifie que dans les pays où l’Église orthodoxe est majoritaire (comme la Russie, l’Ukraine, la Moldavie, la Grèce, la Roumanie, le Chypre etc.) l’Église catholique, en créant ses structures, doit au moins consulter l’Église orthodoxe locale et dans son activité missionnaire se satisfaire de ses fidèles traditionnels, sans faire du prosélytisme aux dépens de l’Église orthodoxe. Le même principe doit être sauvegardé dans les pays majoritairement catholique, comme l’Italie, l’Espagne, la France, le Portugal, l’Autriche, etc., où les Orthodoxes doivent s’abstenir de faire du prosélytisme et ne déployer l’activité missionnaire que dans le milieu de ses propres fidèles, en se référant dans toutes les questions controversée à l’Église catholique, en tant qu’Église de la majorité. Quant aux pays où ni les Orthodoxes ni les Catholiques ne sont majoritaires, des différentes communautés peuvent y mener librement l’activité missionnaire, sans craindre de violer le principe de la territorialité canonique. Cependant, même dans ces pays les Catholiques et les Orthodoxes devraient coordonner leurs actions afin d’éviter des malentendus et des conflits.
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Nectari a raison : où est l'orthodoxie ?

Et Dieu, dans tout ça ?

Yalta, purement Yalta, la religion réduite à un appendice du pouvoir politique. Avec en plus, de manière surprenante de la part d'un évêque supposé vivre depuis des années en Europe occidentale - mais après tout, pas si surprenant s'il vit comme un diplomate en exil - une ignorance totale de la mentalité occidentale et de l'importance qu'elle attache non seulement à la liberté de religion, mais aussi à la liberté de changer de religion. Cette liberté de changer de religion qui a été si difficile à conquérir, que l'Islam refuse de reconnaître, que les oecuménistes refusent de reconnaître - comme cela ressort si bien de ce discours de Mgr Hilarion (Alfeyev). Où l'on voit une fois de plus que si les oecuménistes savent à merveille utiliser le vacarme médiatique (qui, de toute façon, fonctionne toujours dans leur sens) pour se présenter comme allant dans le sens de la modernité, leur mentalité est en fait profondément anachronique, profondément médiévale (voire encore plus anachronique: quand on lit ce genre de propos de Mgr Hilarion [Alfeyev], on se rent bien compte qu'il n'y a pas non plus chez lui de réception de la philosophie grecque et du droit romain), faite d'une nostalgie de l'Inquisition, du lien entre pouvoir séculier et pouvoir ecclésiastique, d'un cléricalisme outré d'ailleurs étranger à la tradition orthodoxe, d'un refus d'admettre que les fidèles sont des personnes libres et en particulier libres de choisir leur religion (ou de choisir de n'avoir aucune religion). Tout ceci fait froid dans le dos.

En revanche, ce qui fait rire, c'est l'insistance de Mgr Hilarion sur le fait que les Eglises catholique romaine et orthodoxe ont conservé la succession apostolique de la hiérarchie. Vers 1880, ou encore en 1920, voire en 1937, quand l'Empire britannique recouvrait le tiers de la superficie de la planète, les Alfeyev du moment découvraient aussi une succession apostolique à l'Eglise anglicane, dont on ne parle plus guère maintenant que l'Eglise anglicaine a été entraînée dans la profonde décadence politique et économique qu'a connue la Grande-Bretagne à partir de 1923-1924. (Décadence encore plus profonde que celle de la France, qui partait de beaucoup plus bas, ayant perdu l'essentiel de ses positions entre 1754 et 1815.) Supposons qu'un jour la Grande-Bretagne relève la tête, nous trouverons bien un Alfeyev de service pour nous expliquer que l'Eglise anglicaien a conservé la succession apostolique de la hiérarchie et qu'il ne faut pas mener d'action missionnaire en Angleterre (et en Ouganda, je suppose?).

Quant à classer la France comme pays majoritairement catholique, à l'heure actuelle, c'est à mourir de rire.

On se demande finalement si ces "chrétiens" (car politiciens avant tout, politiciens avant que d'être chrétiens, politiciens avant que d'être ecclésiastiques) oecuménistes ne travailllent pas pour une seule chose: l'islamisation finale de l'Europe.
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