Texte allemand de Luxenberg
Ma traduction:Zur Bedeutung von حنيف (ḥanīf)
Der syro-aramäischen Bedeutung von ܚܢܦܐ (ḥanpā) (Heide) entsprechend, ist der Ausdruck als Beiname Abrahams zu verstehen. In die heute als korrekt geltende arabische Form übertragen, müßte ا بر هيم حنيفا Wiedergabe von ܐܒܪ ܗ ܡ ܚܢܦܐ (Abrāhām ḥanpā) sinngemäß ا بر هيم ا لحنيف (Ibrāhīm al-ḥanīf = Abraham der Heide) lauten. Daß der Ausdruck im Koran regelmäßig im arabischen Akkusativ steht, beweist gerade, daß er in seiner syro-amaräischen Form rezipiert und zu einem festen Beinamen Abrahams geworden war.
Mit diesem Beinnamen „der Heide“ ist aber gemeint, daß Abraham, der von Haus aus Heide war, gerade als solcher an den einen Gott geglaubt hat. Diesem besonderen Verdienst ist es auch zuzuschreiben, daß Heide als Beiname Abrahams eine positive Bedeutung erlangt hat, so daß man im späteren Islam dies als Attribut Abrahams im Sinne von „reinen Glaubens sein“ interprieterte. Schon der Koran überträgt diesen Beinamen auf den Glauben selbst, wenn es in Sure 30:30 heißt فا قم و جهك الدين حنيفا „so wende dich (unentwegt) dem ḥanīfen Glauben“ (eigentlich dem „heidnischen“ Glauben = dem Glauben Abrahams des „Heiden“) zu.“
Auch hier ist حنيفا (ḥanīfa n ) kein arabischer Zustandsakkusativ („wende dich... als ḥanīf zu“), wie es nach arabischer Vorstellung auch von den Koranübersetzern mißdeutet wird. Religionshistorisch von Bedeutung ist daher die Feststellung, daß die arabisierte Form ا لدين ا لحنيف (ad-dīn al-ḥanīf) (eigentlich „der heidnische Glaube“) in Islam positiv umgedeutet und zum Inbegriff des „reinen Glaubens“, der „wahren Religion“ geworden ist.
Schon Nöldeke hatte arabisch حنيف (ḥanīf ) richtig auf syro-aramäisch ܚܢܦܐ (ḥanpā) »Heide« zurückgeführt. Zu dessen koranischen Gebrauch führt er allerdings (a.a.O., 30) aus:
„Wie jedoch aus dieser ursprünglichen Bedeutung die anderen hervorgegangen sind, ist schwer zu sagen. Man muß aber bedenken, daß die naiven arabischen Heiden von dem Wesen der anderen Religionen keine Vorstellung hatten und daher solche Ausdrücke leicht mißverstehen und und falsch verwenden konnten.“
Daß aber der Koran diesen Begriff bewußt auf Abraham bezieht, geht aus dem stereotypen Satz hervor, der sich an den Beinamen Abrahams des „Heiden“ ( حنيفا ) anschließt (Sure 2:135; 3:67, 95; 6:161; 16:120,123): و ما كا ن ا لمثس كين . Übersetzt man diesen Beinamen wörtlich: „und er gehörte nicht zu den Götzendienern“, so hat man den Bezug zu Ḥanīf „Heide“ verfehlt. Denn in Wirklichkeit birgt dieser Nebensatz einen Widerspruch zum Beinamen „Heide“ in sich. Dies wird aber erst klar, wenn man der einleitenden Konjunktion و wa eine adversative Funktion zugrunde liegt, die dem Satz erst seinen richtigen Sinn verleiht. Im Hinblick auf Abraham, der „Heide“ war, heißt dann dieser Zusatz: „er war (als Heide) dennoch kein Götzendiener!“ Damit ist gemeint: Abraham war zwar (von Haus aus) ein Heide, aber kein Götzendiener!
Die Vorstellung, daß Abraham schon als Heide an Gott glaubte und insoweit kein Götzendiener mehr war, ist vorkoranisch und begegnet uns in ähnlicher Weise auch bein Paulus. Im Römerbrief (4:9-12) heißt es nämlich, daß Abraham der Glaube schon vor der Beschneidung (also noch als Heide) angerechnet wurde. Dadurch sollte er zum Vater aller werden, die als Unbeschnittene (also als Heiden) glauben.
La signification de حنيف (ḥanīf)
Conformément à la signification syro-araméenne de ܚܢܦܐ (ḥanpā) (païen), il faut comprendre l'expression comme un surnom donné à Abraham. Transposée dans la forme arabe aujourd'hui considérée comme correcte, ا بر هيم حنيفا devrait être la la traduction de ܐܒܪ ܗ ܡ ܚܢܦܐ (Abrāhām ḥanpā) par analogie avec ا بر هيم ا لحنيف (Ibrāhīm al-ḥanīf = Abraham le Païen ). Le fait que l'expression se trouve régulièrement dans le Coran à l'accusatif arabe prouve précisément qu'elle avait été reçue dans sa forme syro-araméenne et était devenue un surnom établi d'Abraham.
Par ce surnom de «païen» on veut en fait dire qu'Abraham, qui était païen de naissance, croyait déjà à ce moment en un Dieu unique. C'est à ce mérite particulier qu'il faut attribuer le fait que «païen» a reçu une connotation positive en tant que surnom d'Abraham, de telle sorte que, dans l'Islam postérieur, on l'interpréta comme un attribut d'Abraham dans le sens de «avoir une foi pure». Le Coran, déjà, transfère ce surnom sur la foi elle-même, lorsqu'il dit dans la Sourate 30, verset 30: فا قم و جهك الدين حنيفا , «acquitte-toi des obligations de la Religion en vrai croyant » (en réalité la religion «païenne» = la religion d'Abraham le «Païen»).
Ici non plus, حنيفا (ḥanīfa n ) n'est pas un accusatif arabe («tourne-toi... en tant que Ḥanīf »), comme les traducteurs du Coran le croient aussi à tort d'après la conception arabe. Ce qui est significatif du point de vue de l'histoire des religions, c'est le fait que la forme arabisée ا لدين ا لحنيف (ad-dīn al-ḥanīf) (en réalité «la foi païenne» ) a été interprétée de façon positive dans l'Islam et transformée en symbole de la «foi pure» , de la «vraie religion» .
Nöldeke avait déjà, à juste titre, relié l'arabe حنيف (ḥanīf ) au syro-araméen ܚܢܦܐ (ḥanpā) «païen». Toutefois, il mentionne à propos de son usage dans le Coran (loc. cit., 30):
«Il est de difficile de dire comment d'autres significations sont dérivées de cette signification originelle. On doit cependant considérer, que les naïfs païens arabes n'avaient aucune idée des autres religions et que, par conséquent, ils pouvaient facilement comprendre de travers de telles expressions et les employer à tort.»
Le fait que le Coran utilise consciemment ce concept à propos d'Abraham provient de la phrase stéréotype qui s'attache au surnom d'Abraham le «Païen» ( حنيفا ) (Sourate 2:135; 3:67, 95; 6:161; 16: 120, 123): و ما كا ن ا لمثس كين . Si l'on traduit cette phrase de manière littérale «et il ne faisait pas partie des adorateurs des faux dieux», on perd la référence à Ḥanīf = «païen» . Car en réalité, cette proposition contient en elle-même une contradiction avec le surnom « païen» . Mais ceci s'éclaircit si l'on donne à la conjonction و wa une fonction d'opposition, qui donne à la phrase son véritable sens. En ce qui concerne Abraham, qui était un «païen» , l'adjonction devient alors: «quoique païen, il n'était pas un adorateur des faux dieux !» Cela veut dire: Abraham était certes un païen de naissance, mais pas un adorateur des faux dieux!
L'idée qu'Abraham croyait déjà en Dieu lorsqu'il était païen et n'était donc plus un adorateur des faux dieux, est antérieure au Coran. Nous la rencontrons aussi chez Paul. L'épître aux Romains (4, 9-12) dit en effet que la foi d'Abraham lui fut comptée comme justice avant la circoncision - donc lorsqu'il était encore païen. Il devait ainsi devenir le père de tous ceux qui croient en incirconcis (donc en tant que païens).
Ceci nous pousse à accorder encore plus d'importance au récit de la rencontre d'Abraham et de Melchisédech en Gn 14, 17-20. Comme le but est de signaler cette analogie, et non plus d'attirer l'attention sur les origines de l'Islam, je me permets d'ouvrir un nouveau fil à cet égard.
En effet, le juste Melchisédech (hébreu מַלְכִּי־צֶדֶק mélek-i-tsédeq «mon roi est justice»), qui n'a pas cessé d'inspirer la réflexion chrétienne depuis les origines,
La formule utilisée par M. Lefebvre - «un roi païen, pourtant monothéiste» - m'a particulièrement frappé, car elle rejoint exactement ce qu'écrit M. Luxenberg à propos de la figure d'Abraham en tant que ḥanīf (arabe حنيف ) / ḥanpā (syriaque ܚܢܦܐ ): Abraham war zwar (von Haus aus) ein Heide, aber kein Götzendiener.
Melchisédeq est aussi un prêtre, et c'est la première apparition du mot prêtre (cohen) dans la Bible. Il sert le Dieu Très-Haut. Est-ce la désignation vague d'un dieu suprême qui se manifesterait en Melchisédeq un roi païen, pourtant monothéiste? (Philippe Lefebvre, «Melchisédeq. Le roi ne meurt jamais», in Politica Hermetica n° 19, L'Âge d'Homme, Lausanne 2005, p. 20.)
Outre que cela va dans le sens de la tradition chrétienne selon laquelle le monothéisme a préexisté au paganisme, outre que cela préfigure le fait que la Révélation était destinée à toutes les nations et non seulement au peuple hébreu, cela montre aussi que le patriarche Abraham et le roi-prêtre Melchisédek étaient en quelque sorte faits pour se rencontrer. On pourrait même aller jusqu'à dire qu'à ce stade, qui se situe avant l'Alliance (Gn 17), Abraham et Melchisédeq se trouvent dans la même situation: ils sont tous les deux païens, et pourtant monothéistes - donc ḥanpā ܚܢܦܐ au sens de la tradition syriaque qui a donné le mot arabe ḥanīf حنيف . N'est-ce pas intéressant? N'est-ce pas une réflexion qui rehausse encore l'importance du roi de Salem, tant représenté dans l'iconographie orthodoxe jusqu'à nos jours?