Question sur le filioque.

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Fredrick
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Question sur le filioque.

Message par Fredrick »

Bonjour,

J'ai cru comprendre que le filioque est un des points fondamental qui divise les catholiques des orthodoxes. D'après ce que j'ai compris les catholiques pensent que le Saint Esprit procède du Père et du FIls, alors que les orthodoxes pensent que l'Esprit et le Fils procèdent du Père.

Pouvez-vous m'en dire plus à ce sujet, car je ne comprend pas déjà pourquoi on en est arrivé a avoir besoin de se poser cette question, ni quelle est la conséquence dogmatique et spirituelle de croire à l'un ou à l'autre.

Merci à tous.
Dorian
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Re: Question sur le filioque.

Message par Dorian »

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Claude le Liseur
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Re: Question sur le filioque.

Message par Claude le Liseur »

Fredrick a écrit :
Pouvez-vous m'en dire plus à ce sujet, car je ne comprend pas déjà pourquoi on en est arrivé a avoir besoin de se poser cette question, ni quelle est la conséquence dogmatique et spirituelle de croire à l'un ou à l'autre.

Pour résumer les choses en attendant de donner une réponse plus détaillée - si j'en ai le temps, ce qui n'est pas certain - il faut rappeler que nous ne connaissons Dieu qu'à travers ce qu'Il a bien voulu nous révéler. C'est ainsi que nous Le connaissons comme divinité trinitaire où le Père engendre éternellement le Fils tandis que le Saint-Esprit procède éternellement du Père.

Nous avons maintes fois évoqué sur ce forum les circonstances dans lesquelles une guerre civile au sein du christianisme occidental a abouti à la création du Filioque dont le grand promoteur fut Charlemagne et qui fut définitivement imposé à Rome par l'empereur germanique Henri II en 1014. Je vous invite d'abord à faire une recherche sur le forum en utilisant comme terme de recherche Filioque, car nous en avons souvent parlé et vous trouverez peut-être la réponse à certaines de vos questions.

L'adoption du Filioque - la mystification fatale dont parlait Cyriaque Lampryllos - revient à substituer au Dieu qui s'est révélé un Dieu modifié par l'imagination humaine. Ceci constitue déjà une infidélité fondamentale par rapport au dépôt reçu du Christ, des prophètes et des apôtres - et dont les conséquences sont graves, si nous nous souvenons avec saint Justin Popović (Justin Popovitch) que le salut réside dans la confession de la divinité trinitaire. Mais surtout, nous pouvons déjà voir là les germes de bien des évolutions ultérieures du catholicisme romain qui fut édifié, entre la fin du VIIIe siècle et le milieu du XIe siècle, sur le fondement du Filioque: par exemple, l'idée que l'on puisse connaître l'essence de Dieu (alors qu'en même temps l'on se coupe de la participation à Ses énergies et donc de toute possibilité de déification) ou l'intellectualisation excessive de la religion, aboutissant par exemple à des formes d'oraison complètement contraires à celles de la spiritualité orthodoxe (y compris la spiritualité orthodoxe occidentale du premier millénaire).
J-Gabriel
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Re: Question sur le filioque.

Message par J-Gabriel »

Fredrick a écrit :J'ai cru comprendre que le filioque est un des points fondamental qui divise les catholiques des orthodoxes.
A proprement parler je ne pense pas que le Filioque divise catholiques et orthodoxes ! Tout simplement parce que le chrétien-orthodoxe ne confesse pas cette chose, il ne récite pas le Symbole de foi additionné du Filioque !

Il n’y rien qui puisse diviser l’Eglise orthodoxe, "...et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle." dit le Christ à chaque fidèle.

On pourrait plutôt dire que l’ajout du Filioque est cause d’une rupture mais pas de division. Donc comme le dit l'Evangeliste et Apôtre Jean : "Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n'étaient pas des nôtres ; car s'ils eussent été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous, mais cela est arrivé afin qu'il fût manifeste que tous ne sont pas des nôtres." 1 Jn 2: 19.
Dorian
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Re: Question sur le filioque.

Message par Dorian »

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Dernière modification par Dorian le sam. 11 déc. 2010 16:03, modifié 1 fois.
J-Gabriel
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Re: Question sur le filioque.

Message par J-Gabriel »

Vers sur la Pâque.

Voici revenir les saintes solennités du Christ sauveur, et ses pieux ministres célèbrent les jeûnes que leur vœu leur impose. Mais nous, qui renfermons son culte éternel en notre âme, nous lui continuons l’effusion perpétuelle de nos hommages sans tache. Aux temples les cérémonies annuelles, à nous l’adoration de chaque jour.

Souverain père des choses, à qui la terre, l’océan et les airs, le Tartare et la plage lactée du ciel étoilé obéissent ; que redoute la plèbe coupable des pécheurs, et qu’en retour la troupe immaculée des âmes pieuses glorifie en ses prières, tu donnes à nos jours de si courte durée, à notre âme caduque et si tôt exhalée, le bienfait de la vie éternelle ; tu accordes au genre humain les doux préceptes de ta loi et les sacrés prophètes ; tu sauves la postérité d’Adam ; tu as pitié d’Adam trompé par Ève, qui, prise au piège empoisonné, enveloppa son compagnon dans l’erreur qui l’avait séduite. Tu envoies au monde, ô bon père, ton Verbe, ton fils, Dieu comme toi, en tout semblable et égal à toi, vrai Dieu né du vrai Dieu, Dieu vivant d’origine vivante. Instruit de tes commandements, il n’y ajoute qu’un précepte, c’est que l’Esprit, qui nageait au-dessus des eaux de la mer, raviverait par un bain régénérateur nos membres languissants. Croire à trois dieux en un seul et procédant d’un seul, c’est assurer le salut qu’on espère, si, à la foi qui confesse ce nombre, on joint la pratique de la vertu.

Une image de ce mystère se présente à nos yeux ici-bas : c’est Auguste le père, qui créa deux Augustes, et qui, entourant tout ensemble un frère et un fils de son divin amour, partage avec eux l’empire, sans le diviser, conserve seul toute la puissance, et la dispense tout entière. Donc, pour notre bonheur, sur cette trinité terrestre dont l’amour fait la force, sur ces maîtres bienfaisants du monde, sur ces ministres du ciel, ô Christ, appelle par ton intercession les grâces de ton père éternel.

Juste brièvement et la lumière de nos Pères : il y a quand même ce passage (ou vers): "c’est Auguste le père, qui créa deux Augustes" avec lequel le poète rentre trop loin dans l’essence incompréhensible de Dieu et introduit une notion cosmologique dans la sainte Trinité, en effet il fait en la Personne (Hypostase) du Père un "Formateur de créatures" au sein de la Trinité, alors que ce qui est créé est externe au Créateur, tandis que le Fils et le Saint-Esprit son de même substance que le Père.
(L’expression "Formateur de créatures" est de saint Athanase le Grand, à une place dans les discours contre les ariens).

C'est du moins ce qu'il me semble à première vue.
J-Gabriel
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Re: Question sur le filioque.

Message par J-Gabriel »

Dans le périodique "La Lumière du Thabor" n.24 diffusé au quatrième trimestre 1989 par la Fraternité orthodoxe Saint Grégoire Palamas, a été transcrit une conférence sur le Filioque « LE FILIOQUE, Importance vitale de la compréhension orthodoxe de la Procession du Saint Esprit », p.33 à 54.

Cet article est reparti en quinze parties que je me propose de reproduire ici, à cette rubrique, avant le 15 novembre, partie par partie.

Malgré les nombreuses discussions sur ce forum à propos du sujet, je pense qu’il n’est pas inutile de reproduire ici cet article. Déjà parce que le présent forum a aussi une vocation catéchétique, et aussi pour que l’article publié en 1989 ainsi numérisé devienne accessible à tous et non pas qu’il reste perdu dans un bouquin qui ne sera jamais réédité.
FABRE
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Re: Question sur le filioque.

Message par FABRE »

oui s'il vous plait Jean Gabriel, merci
FABRE
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Re: Question sur le filioque.

Message par FABRE »

et aussi Claude nous a conseillé le petit ouvrage du père Placide Deseille : "aux origines d'une divergence"
J-Gabriel
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Re: Question sur le filioque.

Message par J-Gabriel »

FABRE a écrit :oui s'il vous plait Jean Gabriel, merci
D'accord, alors c'est parti. Voilà donc comme promis un communiqué sur le Filioque par le père Patric Ranson d’éternel mémoire. Je commence avec leur intro :
Nous avions annoncé, dans le numéro 19 de la Lumière du Thabor, la dixième Conférence théologique organisée par le clergé américain traditionaliste à Ipswich dans le Massachusetts pour l’année 1988, fin juin/début juillet, sous la présidence de Monseigneur Auxence. Le thème général de la rencontre était le Saint Esprit. Diverses communications ont été prononcées. Le Père Patric a fait une communication sur le Filioque et ses implications œcuménistes contemporaines, que nous reproduisons ci-dessous, en y adjoignant un texte du Père Ambroise Fontrier, précédemment paru dans la Catéchèse Orthodoxe, et qui explique pourquoi le Filioque est sous l’anathème du IVème Concile Œcuménique.
Et avant tout je veux commencer avec cette citation :
La triadologie orthodoxe n’est pas une contrepartie du filioquisme ; elle ne verse pas dans l’extrême opposé.

Vladimir Lossky à l’image et à la ressemblance de Dieu IV, IV,p.76 éd.Cerf
LE FILIOQUE

Importance vitale de la compréhension orthodoxe
de la Procession du Saint Esprit


I

La foi du Christ et l’apostasie d’aujourd’hui

Au jour de la Sainte Pentecôte, quand le Saint Esprit, sous forme de langues de feu, est descendu sur les Apôtres, il leur a révélé la plénitude des mystères de notre foi, mystères vus par les Prophètes, prêchés par les Apôtres, dogmatisés par les Pères, reçus par l’Eglise, en un mot la Foi Orthodoxe qui est l’espérance du monde, le sel de la terre…

De même, le Saint Esprit, dans les Ecritures et dans l’enseignement des Pères déifiés, nous a donné, à nous orthodoxes, de comprendre la clef, le sens de l’Histoire : l’histoire du monde, dit saint Athanase, est allée des ténèbres à la Lumière –c’est-à-dire, de l’ignorance et de l’intimité avec Dieu jusqu’au Golgotha et à la Résurrection du Seigneur– et elle ira de la Lumière aux ténèbres.

Aujourd’hui, beaucoup de ceux qui se disent chrétiens orthodoxes pensent qu’une nouvelle époque doit venir, et parmi eux certains faux prophètes, à la suite de Solovief et Berdiaeff annoncent un nouveau règne de l’Esprit –avec de nouvelles révélations et de nouveaux critères de la Vérité ; d’autres se contentent d’imaginer une Renaissance de la Russie, dont ils croient voir des indices dans les événements récents.

Pourtant, nous avons le critère absolu, qui est la foi orthodoxe ; le Seigneur dit, dans l’Evangile selon saint Luc : "Quand le Fils de l’homme reviendra, trouvera-t-il LA foi sur la terre ? " –non pas de la foi, n’importe quelle foi ou croyance, mais LA foi telle qu’elle a été prêchée par les Apôtres et dogmatisée par les Pères. Et c’est cette foi-là, la foi orthodoxe, si peu confessée aujourd’hui, et même hélas, reniée par beaucoup d’orthodoxes.

Parmi toutes les activités œcuméniques de ces dernières années, il en est une particulièrement remarquable, qui offre une image exacte de ce qu’est ou sera la Grande Apostasie : c’est la Réunion d’Assise en 1986, où de prétendus orthodoxes, sont allés prier, non seulement avec des hétérodoxes, mais aussi avec des musulmans, des bouddhistes, et toutes sortes de païens, pour la paix, le Dieu unique, qu’ils imaginent peut-être supérieur, transcendant à la Sainte Trinité. Quel est ce Dieu unique ? Un Dieu abstrait, vide, une idole, car ils ne pouvaient pas prier la Sainte Trinité avec ceux qui ne la connaissent pas ou la rejettent, avec ceux qui ne peuvent aucunement connaître le "Père", s’ils ne connaissent pas le Fils et le Saint Esprit, car, comme le dit saint Grégoire le Théologien :

"C’est par l’Esprit Saint que le Père est connu, et que le Fils est glorifié ; et par eux seuls Il est connu".
La réunion d’Assise a frayé la voie à la Grande Apostasie, et devant une telle apostasie, peu sont et seront les vrais adorateurs de la Sainte Trinité, le "petit reste" qui sera persécuté, qui ne se reconnaîtra plus de patrie sur cette terre, mais qui pourra dire avec saint Basile le Grand :

"Notre patrie et notre vie, c’est la Sainte, Consubstantielle et Indivisible Trinité, le Dieu Unique".

La Lumière du Thabor n.24, p.33-35 (Sébastopol)
J-Gabriel
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Re: Question sur le filioque.

Message par J-Gabriel »

Comme la première partie tire un peu dans des jérémiades avec un soupçon de prétention, je poursuis immédiatement avec la deuxième qui elle rentre dans le sujet :
II

Le Mystère de la Trinité selon les Pères

C’est ce Dieu unique, Père, Fils et Saint Esprit que nous confessons, ce Dieu qui s’est manifesté au Jour du Baptême du Seigneur, où "fut manifestée l’adoration due à la Trinité" comme le chante le Tropaire de la fête. Ce qui a été révélé alors, nous le confessons dans l’Eglise du Christ.
Comme le dit saint Grégoire le Théologien :

"Lorsque je nomme Dieu, j’entends le Père, le Fils et le Saint Esprit, sans étendre la Divinité au-delà de ce nombre de personnes, de peur d’introduire la pluralité des dieux, ni la restreindre à un plus petit nombre, de peur d’être accusé d’amoindrir la Divinité, en tombant dans judaïsme, par l’admission d’un seul principe ou dans le paganisme, par l’admission de plusieurs".

Nous confessons les trois personnes ou hypostases de la Sainte Trinité, le Dieu unique ; leur essence ou nature divine étant une, ces trois hypostases, Père, Fils et Saint Esprit, possèdent tout en commun, sauf leurs propriétés hypostatiques individuelles :

-la propriété distinctive du père est d’être inengendré ;
-celle du Fils, de naître du Père ;
-celle du Saint Esprit, de procéder du Père.

Comme le dit encore saint Grégoire le Théologien :
"Ce qui est commun au Père, au Fils et au Saint Esprit, c’est la divinité et l’incréé ; ce qui est commun au Fils et au Saint Esprit, c’est de venir du Père. Le propre du Père c’est d’être inengendré, le propre du Fils d’être engendré, le propre du Saint Esprit de procéder".

De même, saint Jean Damascène :
"Le Père, le Fils et le Saint Esprit sont un en tout, sauf pour l’innascibilité, la génération et la procession. Ce n’est que dans ces seules particularités personnelles que les trois hypostases diffèrent les unes des autres, mais non quant à l’essence".

Nous savons donc très peu, très peu nous été révélé sur l’existence éternelle de la Sainte Trinité, car très peu nous est utile pour notre salut ; et ce peu reste encore incompréhensible : "Qui racontera sa génération", dit le Prophète Isaïe (Is. 53, 8). De même l’essence divine est totalement inconnaissable, aux Saints Anges et aux hommes. Nous savons seulement que, dans l’économie de notre salut, dans l’Eglise du christ, par la participation aux Saints Mystères, dans la vie en Christ, les énergies incréées de Dieu –Amour, Volonté, Justice, Grâce– communes au père, au Fils et au Saint Esprit, se communiquent à ceux qui se sont préparés à les recevoir, autant qu’ils peuvent les contenir.
Nous confessons donc la véritable Trinité, qui s’est révélée Elle-même, Père, Fils et Saint Esprit ; "Ils sont un distinctement et distincts conjointement", dit encore saint Grégoire le Théologien, et il ajoute, pour montrer le caractère révélé, incompréhensible à la raison humaine, de ce mystère : "quelque paradoxale que soit cette formule".

La Lumière du Thabor n.24, p.35-36 (Sébastopol)
A suivre : Sur les fausses Trinités
J-Gabriel
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Message par J-Gabriel »

III

Sur les fausses Trinités

Nous devons dire cependant que, dans l’esprit des hommes seulement, de fausses Trinités ont existé, résultats de spéculations philosophiques et religieuses : la Trinité des platoniciens, celle de l’hindouisme, "Trimourti", faite de Brahma, Chiva et Vichnou (Celui qui crée, Celui qui détruit, Celui qui conserve), les "Trinités" des Anciens Egyptiens : (1) Atoum, Chou et Tefnout, ou (2) Amon, Rê, Ptah, ou (3) Rê, Khepri, Atoum, etc ; sans oublier les fausses "Trinités" des hérétiques, dont saint Grégoire le Théologien écrivait :
"Eloignons-nous, dans la même mesure, de la CONTRACTION de Sabellius et de la DIVISION d’Arius, de ces deux maux opposés et égaux dans l’impiété".

L’hérétique Sabellius disait, en effet, que la Divinité était une seule personne avec trois noms, s’appelant tantôt Père, tantôt Fils, tantôt Esprit. Arius, à l’inverse, soutenait qu’il y avait plusieurs natures dans la Sainte Trinité.

Toutes ces fausses Trinités conduisent, selon les Saints Pères, à l’athéisme, car l’hérésie et l’athéisme sont une seule et même chose, comme le dit saint Grégoire Palamas.
De même, la théologie occidentale de la double procession du Saint Esprit, où le Saint Esprit procède du Père et du fils (Filioque), est une fausse Trinité, une Trinité qui n’est pas révélée, une Trinité spéculative et philosophique qui conduit à l’athéisme, au "déisme" athée manifesté dans la réunion d’Assise.


La Lumière du Thabor n.24, p.36-37 (Sébastopol)
A suivre: Augustin, inventeur du Filioque.
J-Gabriel
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Message par J-Gabriel »

IV

Augustin, inventeur du Filioque.

L’auteur véritable du Filioque, c’est Augustin, le célèbre évêque d’Hippone, dont la théologie, systématisée plus tard par Anselme de Cantorbéry et Thomas d’Aquin, est devenue celle de l’Occident. Le Filioque, dans sa justification thomiste définitive, appartient à la doctrine officielle de l’Eglise catholique romaine qui a faite sienne la théologie de l’Aquinate : "Suam Ecclesia fecerit", disent les papes.

Qu’Augustin soit l’inventeur du Filioque, ce n’est pas seulement l’opinion et la revendication des "Latins", qui voulaient trouver une autorité ancienne pour imposer leur faux dogme ; c’est aussi l’avis di grand et saint Patriarche de Constantinople Gennade Scholarios, qui avait lu en latin les écrits d’Augustin :
"C’est Augustin qui, le premier, chez les Latins, a construit et façonné cette doctrine… Cela ressort clairement, si on veut bien l’examiner, non seulement de la lecture des écrits latins d’Augustin… mais aussi du peu de ceux-ci qui ont été traduits en notre langue (le grec) "

Nous verrons qu’il y a plusieurs sens ou aspects de cette doctrine chez Augustin, mais nous devons au préalable faire remarquer que le Filioque est d’abord et avant tout le produit d’une fausse méthode théologique, d’une fausse approche de la Théologie.


La Lumière du Thabor n.24, p.37-38 (Sébastopol)
A suivre : La méthode d’Augustin, philosophique et non théologique
J-Gabriel
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Message par J-Gabriel »

v

La méthode d’Augustin, philosophique et non théologique

Augustin pensait, en effet, que l’on pouvait, par la spéculation philosophique, connaître la Sainte Trinité, indépendamment de l’économie de la Révélation. Il croyait notamment que les platoniciens avaient connu la Trinité. Il attribuait cette connaissance en particulier à Porphyre, un de ces philosophes, grand ennemi et persécuteur des chrétiens. Comment Porphyre aurait-il pu connaître la Trinité et haïr le Christ ? Telle était, pourtant, la doctrine d’Augustin, si profondément spéculative et philosophique que pendant longtemps, en Occident, il y eut des résistances profondes à son enseignement.
C’est ainsi qu’est née, au Moyen Age, la célèbre "Légende de l’Ange" :

Saint Augustin, méditant sur le mystère de la Trinité, se promène sur le bord de la mer, et rencontre un petit enfant qui, jouant avec une cuillère, lui explique vouloir transvaser toute l’eau de la mer dans un petit trou qu’il a creusé dans le sable de la plage ; à Augustin qui s’étonne d’une entreprise aussi irréalisable, l’enfant, qui se révèle être un ange, rétorque, avant de disparaître : "Cela me serait plus facile qu’à toi d’épuiser, avec les seules ressources de la raison humaine, les profondeurs du mystère de la Trinité.

Il serait impropre d’appeler "théologie" un tel type de pensée.
Car telle n’est pas, vous le savez, la théologie au sens véritable, laquelle n’est pas le fruit d’une spéculation, mais d’une expérience de Dieu dans la grâce, semblable à celle que fit Moïse, le modèle des théologiens, au sommet du Sinaï. Dieu s’y révéla à Lui d’une façon supérieure à l’intelligence humaine.
Pour cette raison, peu de saints ont reçu le titre spécial de "théologiens" dans l’Eglise Orthodoxe : le saint évangéliste Jean le Théologien, saint Grégoire de Naziance, surnommé le Théologien, saint Syméon, lui aussi appelé Nouveau Théologien, auxquels maintenant vient s’ajouter saint Grégoire Palamas, qui récapitule toute la théologie de Pères antérieurs.
Ainsi, la fausseté de la méthode théologique d’Augustin, et de l’Occident à sa suite, suffit à montrer la fausseté de sa doctrine trinitaire.


La Lumière du Thabor n.24, p.38-39 (Sébastopol)
A suivre : Le premier sens du Filioque : Confusion de la procession et de la mission.
J-Gabriel
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Message par J-Gabriel »

VI

Le premier sens du Filioque :
Confusion de la procession et de la mission.


Dans sa première signification, dans le fondement que lui attribue Augustin, le Filioque repose sur un contresens élémentaire qu’il a commis dans l’interprétation de la Sainte Ecriture, contresens que les théologiens carolingiens répéteront par ignorance.
L’Ecriture dit explicitement, dans un passage de saint Jean, que le Saint Esprit procède du Père (Jn 15, 26). Le Seigneur y dit en effet :

"Lorsque le Consolateur, l’Esprit de Vérité, qui procède du Père, et que je vous enverrai de la part de mon Père, sera venu, il rendra témoignage de moi".

Tous les Pères de l’Eglise ont commenté ce passage en distinguant la procession éternelle de l’Esprit hors du Père, exprimée par les mots "qui procède du Père", d’avec l’envoi du Saint Esprit par le Fils, exprimé par les mots "que je vous enverrai". Cette dernière expression, étant au futur, ne signifie pas une relation éternelle au sein de la vie mystérieuse de la Sainte Trinité, mais l’envoi du Saint Esprit par le Fils, dans le temps, dans l’histoire humaine, dans l’économie de notre salut. C’est au jour de la Sainte Pentecôte, que le Saint Esprit accomplit la promesse ici faite par le Seigneur à ses disciples. Cet envoi ou mission du Saint Esprit est opéré par le Fils comme une ECONOMIE.
Augustin, lui, déduit de l’envoi de l’Esprit par le Fils, la double procession de l’Esprit hors du Père ET du Fils, comme partie intégrante de la vie intime et éternelle de la Sainte Trinité. Il précise parfois que le Saint Esprit procède du Père et du Fils "comme d’un seul principe" (De Trin. XV, 17, 29).
Le caractère véritablement élémentaire de cette interprétation, si étonnamment simpliste et si manifestement contraire à la tradition patristique orthodoxe, a été paradoxalement la cause du fait que certains Pères orthodoxes n’ont pas voulu admettre qu’un auteur aussi ancien et respecté qu’Augustin ait pu enseigner une telle doctrine.
Ainsi, saint Marc d’Ephèse dira que les écrits d’Augustin ont été certainement falsifiés par des interpolations postérieures. D’autres tenteront de les interpréter dans un sens orthodoxe.
Il est certain aussi que cette doctrine ne pénétra que tardivement en Occident, puisque au VIIème siècle, saint Maxime le Confesseur, dans sa célèbre Lettre à Marin, affirme que, de son temps, en Occident, les gens de Rome distinguaient bien entre la procession éternelle du Saint Esprit hors du Père et l’envoi du Saint Esprit par le Père et le Fils, agissant conjointement dans l’économie de notre salut. Ce sont les théologiens franks, ignorants des bases même de la théologie des Pères, qui imposèrent la doctrine augustinienne et la confusion de la procession éternelle avec la mission temporelle.


La Lumière du Thabor n.24, p.39-40 (Sébastopol)
A suivre : Textes falsifiés.
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