Moi, prêtre et franc-maçon

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Glicherie
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Message par Glicherie »

Jean-Louis,

Pouvez-vous nous dire quelle définition retenir du schisme ?

Est-ce que les Ancien-Calendaristes constituent un schisme ?
Est-ce que l'ECOF en constitue un, de l'Eglise Roumaine ?
Pourquoi l'Eglise Roumaine reconnait la grâce sacramentelle du Synode VCO de SE Vlassié, et vice-versa, et que dans ce cas on ne doive pas reconnaitre celle de l'ECOF ?

Les VCO grecs, ou Russes HF, ont-ils la grâce sacramentelle ? Pourquoi sont ils réintégrés dans les Patriarcats par simple concélébration, sans chirotésie ?

Les exemples canoniques d'intégration des hérétiques ne peuvent s'appliquer à l'ECOF, qui n'est tout de même pas hérétique.
Aux papistes oui, mais là...

N'y a t'il pas une différence pour une communauté ou un individu entre être excommunié, et ne pas être en relations canoniques ou juridictionnelles ?

Nous avons un diocèse, régulièrement institué par l'Eglise Roumaine, pratiquant un rite contesté mais autorisé par l'Eglise Roumaine, toujours à l'heure actuelle (cf doyenné, et aussi autorisation de l'Assemblée des évêques), le calendrier est grégorien avec une mauvaise pascalie, mais autorisée par l'Eglise Roumaine, comme d'ailleurs par Constantinople à l'Eglise de Finlande.
les relations avec ce Patriarcat se sont rompues à l'initiative de ce dernier, et non de l'ECOF, qui n'est pas rentrée en schisme ou opposition, mais s'est trouvée "délaissée".
Les statuts sont ceux donnés par la Roumanie.
La Foi confessée est orthodoxe, il n'y a pas eu de vraie déposition.
Les Mystères sont-ils douteux ?
Il me semble téméraire canoniquement de l'affirmer.
Evidement tout rentre dans l'ordre par intervention d'un synode.
Mais en attendant, tout est il vain ?
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

La définition classique des hérétiques et des schismatiques se trouve dans le canon 1 de saint Basile le Grand, qui est tiré de sa Ière Lettre canonique écrite à saint Amphiloque d’Iconium :
Pour les hérétiques, il s’agit de ceux qui se sont complètement séparés et sont devenus comme des étrangers ; les schismes concernent ceux qui se sont séparés des autres pour des raisons de vie ecclésiale ou pour des causes que l’on pourrait éventuellement régler ; les parasynagogues sont des partis regroupant des gens sans instruction autour de presbytres ou d’évêques insoumis. Par exemple si quelqu’un, convaincu de faute, s’obstine à exercer ses fonctions tout en refusant de se soumettre à la règle et revendique de pouvoir présider et d’exercer son service, et si quelques personnes délaissaient l’Église catholique pour se joindre à lui, on aurait là une parasynagogue.
Nous avons dans cette dernière phrase une bonne description du comportement de l'évêque Germain et de l'ÉCOF
Un schisme serait par exemple un désaccord au sujet de la pénitence qu’il convient d’imposer à ceux qui ont quitté l’Église. Les hérésies sont par exemple celle des manichéens, des valentiniens, des marcionites ou justement celle des pépuziens, car la différence qui sépare ces groupes de l’Église porte directement sur la foi en Dieu elle-même.
Les étiquettes collées sur ces trois groupes ont pu varier, le principe de la tri-partition est resté pour ceux qui veulent entrer dans l’Église orthodoxe en venant de groupements qui s’en étaient séparés.

Voici par exemple le canon 95 du Quinisexte Concile œcuménique (il s’agit d’un Concile qui avait été convoqué dans le but de prendre uniquement des décisions d’ordre canonique, parce que les Vème et VIème Conciles œcuméniques n’avaient pas eu le temps de le faire). Il parle tout d’abord de ceux que saint Basile appelait des “schismatiques”, puis traite des “hérétiques” pour passer ensuite aux “parasynagogues” :
Ceux qui reviennent du parti des hérétiques à l’Orthodoxie et à l’assemblée des rachetés, nous les recevons conformément au rite et à l’usage qui suivent : Les ariens, les macédoniens, les novatiens qui se disent “purs”, les aristériens, les quatordécimans ou tétradites et les apollinaristes, nous les recevons en leur faisant signer un libelle d’abjuration et anathématiser toute hérésie qui ne pense pas comme la sainte Église de Dieu, catholique et apostolique, nous les signons, c’est-à-dire que nous les oignons d’abord du saint chrême au front, aux yeux, aux narines, à la bouche et aux oreilles tout en disant : Sceau du don du saint Esprit.

En ce qui concerne les sectateurs de Paul de Samosate qui décident de retourner dans l’Église catholique, il a été décidé qu’il est absolument nécessaire de les rebaptiser. Quant aux eunomiens qui sont baptisés par une unique immersion, et aux montanistes, qu’on nomme aussi Phrygiens, aux sabelliens, qui admettent l’identité du Père et du Fils et accomplissent aussi d’autres rites abominables et à tous les autres hérétiques, et ils sont fort nombreux, surtout ceux qui viennent du pays des Galates, tous ceux parmi eux qui veulent revenir dans l’Orthodoxie, nous devons les recevoir comme des païens. Le premier jour nous les signons du signe de la Croix, le deuxième nous les admettons parmi les catéchumènes, le troisième jour nous les exorcisons en leur soufflant par trois fois sur le visage et sur les oreilles, et alors nous les instruisons et nous les admettons à assister dans l’église durant une année pour écouter la lecture des saintes Écritures, puis nous les baptisons. De même nous rebaptisons les manichéens et les marcionites et ceux qui viennent de semblables hérésies, les recevant comme des païens.

Cependant que les nestoriens et les eutychiens et les sévériens et ceux de semblables hérésies doivent présenter une déclaration écrite d’abjuration et anathématiser leur hérésie et Nestorius, et Eutychès, et Dioscore, et Sévère et les autres hérésiarques et leurs sectateurs et toutes les hérésies que nous avons citées, et alors seulement ils seront admis à la sainte communion.
Remarquons que le troisième groupe s'identifie avec ceux que nous appelons aujourd'hui les "antichalcédoniens".

L’exposé le plus clair, mais il n'est pas compté parmi les saints canons, est probablement celui qu’en donne saint Grégoire de Rome dit “du Dialogue” (celui que les catholiques appellent le pape Grégoire le Grand) :
Nous avons appris de l'enseignement ancien des Pères que tous ceux qui ont été baptisés dans l'hérésie au nom de la Trinité, lorsqu'ils reviennent à la sainte Eglise, doivent être rappelés dans le sein de la mère Eglise, soit par l'onction du Chrême, soit par le toucher de la main, soit par la profession de la foi.

C'est pourquoi l'Occident régénère les ariens par le toucher de la main, l'Orient par l'onction du saint Chrême en vue de l'entrée dans l'Église catholique. Mais les monophysites et d'autres, elle les reçoit par une simple profession de la vraie foi, parce que le saint Baptême qu'ils ont reçu chez les hérétiques reçoit alors les forces de la purification lorsque les uns ont reçu l'Esprit Saint par l'imposition de la main, et que les autres ont été unis au sein de l'Église sainte et uni-verselle par la profession de la vraie foi.
Remarquons bien que pour saint Grégoire le saint Baptême a été reçu chez les hérétiques, mais dépourvu de sa force purificatrice, puisque c’est l’Église catholique qui la lui confère

Et saint Grégoire poursuit :
Quant aux hérétiques qui n'ont pas été baptisés au nom de la Trinité, comme les bonosiens ou les cataphrygiens, puisque les uns ne croient pas au Christ Seigneur, et que les autres croient faussement que le Saint Esprit est un homme dépravé du nom de Montan, on les baptise lorsqu'ils viennent à la sainte Eglise parce que ce qu'ils ont reçu, lorsqu'ils étaient dans l'erreur, sans le nom de la Sainte Trinité, n'était pas un baptême. Et on ne peut pas non plus dire qu’il s’agit là d’un baptême réitéré, puisque, nous l’avons dit, le premier n'avait pas été donné au nom de la Trinité…
Remarquons que, bien que l'arianisme ait toujours été considéré comme une hérésie d'une extrême gravité, ses sectateurs n'ont jamais été classés parmi les "hérétiques" — du moins du point de vue de la procédure de réintégration — mais parmi les "schismatiques", parce qu'ils avaient conservé la forme et la formule classiques et orthodoxes du Baptême donné au nom de la sainte Trinité. Le découpage entre "schisme" et "hérésie" n'est pas le même selon que l'on parle de la procédure de réintégration dans l'Église ou de l'enseignement doctrinal des différents groupes. Il y a là une difficulté qui explique l'âpreté de certaines discussions.

On ne peut pas considérer que l’ÉCOF prise dans son ensemble soit hérétique (mais certaines déclarations personnelles de certains de ses membres et la conduite plus qu’indulgente de l’évêque à leur égard posent problème, comme nous l’avons vu), mais elle s’obstine à considérer qu’elle est la moitié de l’Orthodoxie à elle seule. (je ne crois pas que quiconque ait parlé d’”hérétiques” au sujet des écofiens, tout au plus parfois au sujet de leur évêque quand il oublie d’être prudent) Elle a une conduite séparatiste (c’est ce que veut dire le mot “schismatique”) et est bloquée dans cette errance par son prétendu “rite des Gaules” qui est à 80 % une supercherie.

Une remarque sur le terme “excommunication” : Les langues occidentales, sous l’influence de la scolastique, ont pris l’habitude de considérer que ce mot désigne un bannissement total hors de l’Église. Il n’en est rien. C’est dans un but thérapeutique que l’Église peut être amenée à écarter certains de ses fidèles de la communion pour un certain temps lorsqu’ils ont commis une faute grave. L’évêque peut alors observer la conduite du pénitent et le réadmettre à l’issue de sa pénitence, ou même avant si sa pénitence est ferme. C’est l’anathème qui est définitif, lorsque l’Église, ayant plusieurs fois tancé un hérétique rejetant le salut apporté par le Christ, s’obstine dans son erreur. L’Église constate alors qu’elle ne peut plus rien faire, le remet à la justice divine (c’est le sens du mot “anathème”) et ordonne aux fidèles de s’écarter de lui (toujours dans un but thérapeutique, mais cette fois la thérapeutique s'adresse aux fidèles).

Je ne vois toujours pas ce que peut bien vouloir dire “retirer la protection patriarcale” à une Église. L’Église n’est pas représentée par une organisation pyramidale qui pourrait mettre quelqu’un en quarantaine. Si une Église ne participe plus à aucun synode canonique (ce qui est bien le cas de l’ÉCOF) elle n’est plus dans la communion des Églises orthodoxes. Si elle veut la réintégrer (ce que j’espère), il faut qu’elle fasse pénitence et désavoue ses erreurs, sinon c’est l’Église roumaine qui était dans l’erreur (et je crois qu'elle n'était pas dans l'erreur sur le fond, mais qu'elle a procédé avec une coupable légéreté).

Lorsque les VCO grecs ou les russes HF sont réintégrés dans les patriarcats, c’est parce qu’ils le demandent et qu’ils reconnaissent donc leurs erreurs. Alors leurs Mystères reçoivent vie (je ne veux pas employer le terme “sacrement” comme pour les “sept sacrements” des catholiques), et ils n’avaient pas la vie auparavant.

Le rite de l'ÉCOF est une supercherie historique, mais pas doctrinale, c'est seulement une supercherie historique et je ne veux même pas prendre en considération le calendrier. Mais quand un prêtre fait de l’astrologie, je m’inquiète.

Tout peut rentrer dans l’ordre par l’intervention d’un synode, mais il faut que l’ÉCOF constate qu’elle a échoué à jouer la carte orthodoxe en se murant dans l’isolement.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Glicherie
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Message par Glicherie »

Merci Jean-Louis pour cet mise au point canonique d'une grande clarté.
Quelqu'un a t'il les canons de Saint Basile de manière à les mettre en ligne sur le forum, je pense qu'il serait positif de s'y replonger avec piété ?
pascal
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Message par pascal »

PREMIERE LETTRE SUR LES CANONS
ADRESSÉE A AMPHILOQUE ÉVEQUE D'ICONIUM
de saint Basile évêque de Césarée en Cappadoce
(Prologue)
"Le sot, dit l'Écriture, qui s'informe sur la sagesse, on le tient pour sage, tandis que l'interrogation du sage rend, évidemment, sage même le sot". C'est ce qui nous arrive, par la grâce de Dieu, toutes les fois que nous recevons une lettre de votre âme zélée pour l'étude; car votre interrogation même nous rend plus attentif à nous-même et plus prudent, en nous apprenant bien des choses ignorées, et le souci de vous donner une réponse nous oblige à nous instruire. A présent aussi, alors que l'objet de vos demandes ne nous avait jamais jusqu'ici préoccupé, nous avons été obligé et de l'examiner exactement et de nous rappeler ce que les anciens nous avaient appris et de réfléchir aux cas apparentés à ceux que notre expérience nous a enseignés.
1 Des cathares, pépuziens et encratites.
Le cas des cathares avait été exposé dans le passé et vous avez bien rappelé qu'il faut suivre la coutume de chaque pays, vu que sur la validité de leur baptême il a été différemment décidé par ceux qui ont traité de leur cas.
Quant à celui des pépuziens, il semble qu'il ne vaille même pas la peine d'en parler et je m'étonne de ce que Denys, si versé dans la discipline ecclésiastique l'a passé sous silence. En effet, nos anciens décidèrent qu'est seul recevable ce baptême-là, qui ne contrevient aucunement aux articles de notre foi; d'où les noms d'hérésies, de schismes et de conventicules qu'ils ont donnés; d'hérésies, pour ceux qui ont rompu totalement avec l'Église et ont adopté une foi étrangère à la sienne; de schismes, pour ceux qui se sont mis en désaccord avec les autres pour des raisons d'administration ecclésiastique ou sur des questions faciles à régler; de conventicules, aux assemblées réunies en des prêtres ou faveur des évêques insoumis par des gens ignares, Ainsi, si quelqu'un, jugé pour une faute et suspendu de ses fonctions, ne s'est pas soumis aux peines canoniques, mais a revendiqué le pontificat et ses fonctions et entraîna avec lui quelques-uns qui quittèrent l'Église catholique, un tel fait c'est un conventicule; un schisme, c'est de penser autrement que l'église sur la pénitence à imposer; une hérésie, comme celle des manichéens, des valentiniens et des marcionites et enfin celle des pépuziens eux-mêmes, car la différence porte tout droit sur la foi même en Dieu.
Il a donc été décidé dès le début de déclarer absolument nul le baptême des hérétiques, mais de recevoir celui des schismatiques, puisqu'ils font encore partie de l'Église, tandis que ceux qui font partie des conventicules, corrigés par une pénitence et une conversion importantes, seront de nouveau réunis à l'Église, en sorte que souvent même les clercs constitués en dignité qui s'en sont allés avec les insoumis, après leur repentir sont admis dans le même rang. Or, les pépuziens sont évidemment hérétiques, car ils ont blasphémé contre le saint Esprit, en attribuant contre tout droit et respect à Montan et à Priscille le nom de paraclet; soit donc qu'ils divinisent des hommes, ils sont condamnables, soit qu'ils insultent au saint Esprit en l'égalant à des hommes, même alors ils sont dignes de l'éternelle damnation, parce que le blasphème contre l'Esprit saint est impardonnable. Pour quelle raison, donc, approuver le baptême de ceux qui baptisent au nom du Père et du Fils et de Montan ou de Priscille ? Car ils ne sont pas baptisés, ceux qui n'ont pas été baptisés conformément à notre tradition.
Par conséquent, même si le cas a échappé au grand Denys, nous, nous ne devons pas imiter son erreur, car la contradiction découle des faits et est évidente à tous ceux qui pensent tant soit peu.
Quant aux cathares, ce sont, eux, des schismatiques, mais il a été décidé par les anciens, je veux dire par les synodes tenus sous Cyprien et sous notre prédécesseur Firmilien de les soumettre tous à la même sentence, cathares, encratites, hydroparastates et apotactites; car, leur séparation d'avec l'Église commença bien par un acte de schisme, mais ceux qui se sont révoltés contre l'Église n'ont plus eu en eux la grâce du saint Esprit, la rupture de la succession en a interrompu la transmission; en effet, les premiers partis avaient reçu leur ordination des pères et ils possédaient le don de l'Esprit par l'imposition des mains de ceux-ci, mais une fois la communion rompue, réduits à l'état laïc, ils n'avaient le pouvoir ni de baptiser ni d'ordonner, étant incapables de donner aux autres la grâce de l'Esprit saint, qu'ils avaient eux-mêmes perdue; c'est pourquoi il avait été statué de purifier à nouveau par le vrai baptême, celui de l'Église, ceux d'entre eux qui reviennent à l'Église vu que leur baptême leur avait été conféré par des laïcs ; cependant, comme certains dans le diocèse d'Asie ont décidé de reconnaître leur baptême sans faire de distinction, pour le bien d'un grand nombre, qu'il soit reconnu.
Le méfait des encratites ne doit pas être perdu de vue : c'est que désireux de rendre impossible leur retour à l'Église, ils ont entrepris d'établir un baptême propre à eux; (alors qu'ils avaient pour coutume de ne pas rebaptiser les nouveaux adhérents, ils ont changé cette coutume avec une arrière-pensée mal intentionnée et se mirent à les rebaptiser), ainsi ils ont dérogé à leur propre coutume. Je crois donc que rien n'ayant été décidé clairement sur leur cas, il conviendrait de ne pas admettre leur baptême, et si quelqu'un l'a reçu chez eux, le baptiser s'il revient à l'Église.
Cependant, si cela devait constituer un obstacle au bien général, il faut nous plier à la coutume et suivre les pères qui ont réglé nos affaires ecclésiastiques; j'ai bien peur en effet, que voulant les amener à abandonner la rebaptisation, nous ne mettions obstacle au salut par la sévérité de notre conduite.
Le fait seul qu'ils reconnaîtraient notre baptême ne serait pas une raison convaincante pour nous, car nous ne sommes pas obligés de leur rendre la pareille, mais de nous soumettre à l'exacte observation des règles prescrites. De toute façon on doit observer la pratique établie, d'oindre du saint-chrême en présence des fidèles ceux qui ayant reçu leur baptême reviennent à nous et alors seulement les admettre à la communion des mystères.
Je sais bien que nous avons reconnu aux frères qui sont avec Izoïs et Saturnin leur rang d'évêques, alors qu'ils avaient appartenu à cette catégorie; c'est pourquoi nous ne pouvons plus refuser l'appartenance à l'Église à ceux qui sont dans les mêmes rangs, ayant établi une sorte de règle pour la communion avec eux, en reconnaissant leurs évêques.
2 De celle qui s'est employée à tuer l'enfant qu'elle portait dans son sein.
Celle qui a usé des moyens de tuer l'enfant qu'elle portait dans son sein est responsable d'un meurtre. La distinction entre foetus déjà formé et foetus non-formé n'existe pas chez nous. Dans notre cas on ne venge pas seulement l'enfant à naître, mais on punit aussi "celui qui a attenté à sa propre vie", vu que le plus souvent les femmes succombent à de tels actes. La mort de l'enfant à naître s'y ajoute, comme un autre meurtre, dans l'estimation du moins de celles qui osent cela.
Il ne faut cependant pas différer leur absolution jusqu'à l'heure de la mort, mais les admettre à la pénitence des dix ans, et juger de leur guérison non pas d'après le temps, mais d'après leurs dispositions.
3 Du diacre qui a commis le péché de fornication.
Le diacre qui a commis la fornication après son ordination, doit être suspendu de sa fonction de diacre, mais, réduit à l'état laïque, il ne sera pas privé de communion; car il existe une ancienne règle, de ne soumettre qu'à ce genre de peine les clercs destitués de leur grade; en cela nos ancêtres se sont conformés, je crois, à la loi qui dit : "Tu ne puniras pas deux fois la même faute"; une autre raison, c'est que ceux de l'état laïque, s'ils sont exclus des rangs des fidèles, peuvent y être à nouveau admis, tandis que le diacre est condamné une fois pour toutes à la déposition perpétuelle; vu donc que la fonction de diacre ne lui est plus rendue on s'arrêta à ce seul châtiment.
Voilà ce qu'il en est des normes reçues de pénitence. Mais la vraie guérison, c'est de fuir le péché; par conséquent, celui qui a trahi la grâce pour le plaisir charnel nous donnera la parfaite preuve de sa guérison, en châtiant sa chair et la soumettant entièrement à la tempérance par la fuite des plaisirs qui ont causé sa ruine.
Il nous faut donc connaître toutes les deux voies, celle de la stricte observance et celle de la coutume, et suivre la norme établie par l'usage à l'égard de ceux qui se refusent à la sévérité.
4 Des digames et des trigames.
Pour ceux qui ont contracté un troisième mariage et plus, la pénitence fixée par les anciens est, toute proportion gardée, la même que celle pour les digames; pour les digames, les uns les privent de communion un an, d'autres deux; et les trigames, trois et souvent quatre ans. On ne donne pas à cet acte le nom de mariage, mais de polygamie ou plutôt de fornication mitigée; c'est pourquoi aussi le Seigneur dit à la Samaritaine, qui avait eu successivement cinq maris : "celui que vous avez maintenant n'est pas votre mari", pour montrer que les gens qui dépassent la mesure de deux mariages ne sont pas dignes de s'appeler du nom de mari et d'épouse. Nous avons coutume d'imposer aux trigames cinq ans d'excommunication, sans avoir reçu pour cela une règle écrite, mais suivant la pratique de nos prédécesseurs. Cependant, il ne faut pas les exclure de l'Église, mais les admettre parmi les auditeurs, environ deux ou trois ans, puis leur permettre d'assister simplement avec les fidèles aux saints mystères tout en s'abstenant de la communion aux dons, et après qu'ils ont ainsi témoigné de quelque fruit de repentir leur rendre leur place parmi les communiants.
5 Comment doit-on recevoir les hérétiques à la fin de leur vie.
On doit recevoir les hérétiques qui se repentent au moment de la mort; cependant, ne pas les recevoir, évidemment, sans discernement, mais en examinant s'ils montrent un repentir véritable et si leurs oeuvres témoignent de leur désir empressé d'être sauvés.
6 Des moniales qui sont tombées dans la fornication, c. à d. qui ont contracté une union en apparence légitime.
Ne point compter les fornications des moniales pour mariages, mais de toutes les manières chercher à empêcher leur union conjugale; cela sera avantageux pour la sécurité de l'Église, et ne donnera pas prise aux hérétiques de nous accuser d' attirer les leurs par les facilités accordées au péché.
7 De ceux qui ont péché contre nature, et d'autres grands pécheurs.
Ceux qui ont péché contre nature ou par bestialité, les meurtriers, les empoisonneurs, les adultères et ceux qui ont commis des actes d'idolâtrie, sont sujets à la même peine. Gardez donc à leur sujet la norme que vous avez déjà pour les autres.
Quant à ceux qui ont accompli une pénitence de trente ans pour l'impureté commise par ignorance, il n'y avait pas à hésiter de les réconcilier; car l'ignorance les rend déjà dignes de pardon, de plus la confession faite spontanément et la durée d'un si long laps de temps : c'est presque toute une vie d'homme qu'ils ont été livrés à Satan, pour apprendre à ne pas commettre d'impureté. Par conséquent, veuillez ordonner qu'on les réconcilie sans aucun retard désormais, surtout s'ils implorent avec larmes votre miséricorde et montrent une vie digne de toute condescendance.
8 (Du meurtre et des meurtriers.) Quel péché est volontaire et lequel est involontaire ?
Celui qui dans sa colère s'est servi d'une hâche contre son épouse est un meurtrier. Vous avez bien fait de me rappeler, - et c'est digne de votre prudence, - de vous en parler plus au long, car il y a de nombreuses distinctions à faire entre meurtres volontaires et involontaires.
C'est un meurtre totalement involontaire et éloigné de l'intention de celui qui l'a commis, que d'avoir touché un homme en lançant une pierre contre un chien ou vers un arbre; le but, c'était de se défendre contre la bête ou de faire tomber le fruit, le passant n'a reçu le coup que par hasard; par conséquent un tel fait est involontaire. De l'involontaire aussi, c'est de frapper quelqu'un avec une lanière ou un bâton flexible pour l'amener à de meilleurs sentiments et que celui-ci meure sous les coups; c'est l'intention qu'il faut examiner ici : qu'il voulait corriger le pécheur, non le tuer. Parmi les involontaires aussi est à placer le fait, qu'en se défendant dans une lutte on a porté des coups sans merci avec un bâton ou de la main contre les parties vitales, pour faire du mal, non pour tuer; bien que cela approche déjà du volontaire, car celui qui s'est servi d'un tel instrument pour sa défense ou qui a porté le coup sans merci, démontre qu'il n'a pas voulu épargner son adversaire, parce qu'il était emporté par sa passion. Egalement, celui qui s'est même servi d'un lourd bâton ou d'une pierre plus grande que ne le permet la force humaine, est rangé parmi les meurtriers involontaires, se proposant de faire autre chose que ce qu'il a fait; car, sous l'effet de la colère il porta un tel coup que l'adversaire frappé en mourut, bien que son intention fût de lui rompre peut-être les os, non de le tuer complètement.
Tandis que celui qui s'est servi d'une épée ou d'un objet semblable, n'a aucune excuse, surtout celui qui a lancé la hache; car il n'a pas frappé de la main, de manière à pouvoir mesurer ses coups, mais il a lancé la hache, en sorte que le coup fut forcément fatal par suite du poids du fer, de son tranchant et de l'élan imprimé.
Volontaire est encore totalement et sans laisser de doute le fait des bandits et des combats de guerre; ceux-là en effet voulant avoir l'argent, tuent afin d'échapper à toute investigation, et ceux qui sont en guerre en viennent à tuer en se proposant ouvertement non de faire peur ou de corriger, mais de tuer les adversaires.
Egalement, même si quelqu'un pour un motif de magie verse à boire un philtre et cause la mort, nous considérons cela comme un meurtre volontaire; ainsi agissent souvent les femmes, cherchant au moyen d'incantations et de charmes à se faire aimer par les hommes et leur faisant prendre des philtres, qui provoquent des étourdissements d'esprit; celles-là, si elles causent la mort, bien qu'elles se fussent proposées autre chose que ce que elles firent, cependant elles sont comptées parmi les meurtriers volontaires, à cause de la magie et de l'interdiction des pratiques de cette sorte.
Celles-là aussi qui donnent les poisons abortifs sont des meurtrières, comme celles qui reçoivent les poisons à tuer les enfants qu'elles portent dans leur sein. En voilà donc pour ces cas.
9 Des hommes et des femmes adultères.
La décision de Seigneur prise telle qu'elle est, s'applique également aux hommes et aux femmes : qu'il n'est pas permis d'interrompre la vie de mariage, sauf pour raison d'adultère. Or la coutume régnante n'est pas ainsi, mais à propos des femmes nous trouvons des précisions minutieuses : l'apôtre dit : "Qui s'unit à une prostituée devient un avec elle"; et Jérémie : "Si une femme va avec un autre homme, elle ne retournera pas à son mari, mais elle restera dans sa souillure"; et encore : "Qui garde une épouse adultère est insensé et impie"; tandis que la coutume fait une obligation aux femmes de garder leurs maris, même s'ils sont adultères.
De la sorte, je ne sais si la nouvelle épouse de l'homme abandonné par sa femme peut être qualifiée d'adultère. La responsabilité retombe dans ce cas sur celle qui a abandonné son mari, suivant la raison qui lui a fait interrompre la vie de mariage; si c'est pour n'avoir pu supporter les coups du mari qui la frappait, elle aurait dû les supporter plutôt que de se séparer de son conjoint; si c'est pour n'avoir pu supporter la perte de sa fortune, cette raison n'est pas non plus valable; et si c'est parce que le mari vit dans l'adultère, ce grief n'est pas du tout admis par la coutume de l'Église; même dans le cas du mari non-chrétien, on n'ordonne pas à la femme de se séparer de lui, mais de rester parce qu'on ne sait ce qui en résulterait : " Qui sait, femme, si tu ne sauveras pas ton mari ?" Par conséquent, celle qui abandonne son mari, devient adultère, si elle s'unit à un autre homme, mais
l'homme abandonné est excusé et sa nouvelle épouse ne sera point condamnée. Tandis que si le mari abandonne sa femme pour en prendre une autre, il est, lui, adultère, parce qu'il porte sa femme à l'adultère, et celle qui cohabite avec lui est adultère, parce qu'elle a attiré à elle le mari d'une autre.
10 Des parjures.
Ceux qui ont juré de ne pas recevoir d'ordination, s'ils s'y refusent à cause de leur serment, qu'on ne les force pas de parjurer; car il y a bien une règle ancienne, qui dispense du serment dans ce cas, mais nous savons par expérience que les parjures n'ont pas bonne fin. Il faut d'autre part examiner le genre de serment, les paroles prononcées, la disposition dans laquelle ils ont juré et les clauses particulières ajoutées au serment; de la sorte, s'il n'y a d'aucun côté absolument aucune solution, il faut les laisser complètement tranquilles.
Quant à l'affaire de Sévère, je veux dire le prêtre qu'il a ordonné, elle me semble comporter la solution suivante, si vous y consentez. Ordonnez que le village dépendant de Mistheia, dans lequel l'homme en question avait été installé comme curé, dépende de Vasades; ainsi celui-ci ne parjurera pas, puisqu'il ne part pas de la localité et Longin, gardant avec lui Cyriaque, ne ruinera pas l'Église, ni ne damnera son âme par la suspense; et nous aussi n'auront pas l'air d'agir contre les prescriptions de l'Église, en prenant parti pour Cyriaque, qui a juré de rester à Mindanes, puisa accepté d'être transféré; son retour, en effet, lui fera garder son serment, et d'avoir cédé à la décision de transfert ne lui sera pas compté pour parjure, puisque le serment ne comportait pas la clause de ne pas partir, même pour un peu de temps, de Mindanes, mais d'y rester à l'avenir. Quant à Sévère, qui prétexte de n'y avoir pas pris garde, nous lui pardonnerons, en nous disant que Dieu ne permettra pas que son Église soit portée à la ruine par un homme, qui a agi dès le début contre les canons : qui a lié par serment malgré la prescription de l'évangile, enseigné le parjure par le transfert et ment maintenant, en feignant l'oubli. Mais comme nous n'avons pas à juger les coeurs, mais nous jugeons d'après ce qu'on nous dit, laissons la vengeance au Seigneur; quant à nous, recevons-le sans arrière-pensée, en lui pardonnant sa faiblesse humaine, l'oubli.
11 De ceux qui ont tué involontairement.
Celui qui a commis le meurtre involontaire est suffisamment puni par la pénitence de onze ans; il est évident qu'à propos des blessés nous observerons la remarque de Moïse, et celui qui s'est affaissé sous les coups reçus, mais s'est remis à marcher en s'appuyant sur son bâton, nous ne le considérerons pas comme un homme tué; et même s'il ne s'est pas relevé après les coups, le donneur des coups, parce qu'il ne s'est pas proposé de le faire mourir, sera certes un meurtrier, mais involontaire à cause de son intention.
12 Des digames.
La règle ecclésiastique exclut totalement du service de l'église ceux qui ont contracté un second mariage.
13 De ceux qui ont tué en guerre.
Les meurtres commis pendant les combats de la guerre, nos pères ne les ont pas considérés comme des meurtres, excusant par là, me semble-t-il, ceux qui ont pris la défense de la justice et de la religion. Il serait cependant bien de leur conseiller de s'abstenir de la communion seule pendant trois ans, parce qu'ils n'ont pas les mains pures.
14 De ceux qui perçoivent des intérêts pour du prêt.
Celui qui prête à intérêt, s'il consent à distribuer aux pauvres l'injuste profit et à se libérer désormais du mal de l'avarice, il sera admis à la prêtrise.
15 Des apories scripturaires.
Je m'étonne de vous voir chercher dans l'Écriture sainte l'acribie littéraire, sans penser que l'expression des termes de la version est un peu forcée, parce que ceux-ci gardent leur sens à eux, sans rendre le sens exact des termes du texte hébreu. Mais, comme il ne faut pas passer avec négligence sur la question posée par un esprit chercheur, nous dirons que les oiseaux du ciel et les poissons de la mer ont eu dans le récit de la création la même origine, car toutes les deux espèces ont été tirées des eaux.
La raison en est que toutes les deux ont le même caractère spécial : les uns flottent dans l'eau, les autres flottent dans l'air. C'est pourquoi elles sont mentionnées ensemble.
Quant à la manière de s'exprimer, elle est impropre, si on entend par là les poissons seuls, mais bien appropriée, si l'on entend tout ce qui vit dans les eaux; car les oiseaux du ciel ont été assujettis au pouvoir de l'homme et les poissons de la mer, et non seulement les poissons, mais aussi tout ce qui parcourt les sentiers des mers. Car n'est pas poisson tout ce qui est aquatique, ainsi les cétacés, baleines, marteaux, dauphins, phoques, de plus les chevaux de mer, chiens de mer, scies, espadons, boeufs de mer, et si vous voulez encore, les orties de mer et les peignes et tous les coquillages, dont aucun n'est un poisson et cependant ils parcourent les sentiers des mers. Ainsi ils se divisent en trois catégories par leur espèce : oiseaux du ciel, poissons de la mer et tous les animaux aquatiques, qui, distincts des poissons, parcourent eux-aussi des sentiers marins.
16 De Nééman le Syrien.
Nééman n'était pas grand auprès du Seigneur, mais auprès de son seigneur, c'est-à-dire qu'il était l'un de ceux qui exerçaient le pouvoir sous le roi de Syrie. Prêtez donc une attention exacte à l'Écriture et vous y trouverez la solution de votre difficulté.
DEUXIEME LETTRE DE SAINT BASILE SUR LES CANONS
(Prologue)
Depuis longtemps j'avais écrit la réponse aux questions que nous avait proposées votre piété, mais je n'avais pas expédié la lettre, pris d'une part d'une maladie longue et dangereuse, et de l'autre, parce que je manquais de messagers; car nous aussi, nous avons bien peu de gens qui connaissent le chemin et en même temps soient prêts à de tels services; sachant donc les raisons de notre retard, accordez-nous le pardon.
Nous avons admiré tant votre amour du savoir que votre humilité, vous, qui placé au rang d'enseignant, daignez vous faire enseigner, et vous faire enseigner par nous qui n'avons pas grand' chose comme savoir. Mais, puisque vous daignez faire par crainte de Dieu ce que difficilement ferait un autre, il nous faut répondre plus même qu'il ne nous est possible à votre bonne volonté et à votre bon zèle.
17 Du prêtre Bianor qui avait juré de ne pas exercer ses fonctions.
Vous nous avez interrogé au sujet du prêtre Bianor, si à cause de son serment, il peut être admis parmi le clergé. Or, je me rappelle avoir déjà exposé aux clercs d'Antioche une règle générale à appliquer à tous ceux qui ont juré en même temps que lui : qu'ils doivent se tenir à l'écart des assemblées officielles, mais exercer leurs fonctions de prêtre dans le privé. Ce même principe lui donne l'autorisation d'exercer même ses fonctions, puisqu'il exercera nos plus à Antioche, mais à Iconium, qu'il a choisi pour sa demeure en échange d'Antioche, comme vous nous l'écrivez.
Votre piété peut donc admettre l'homme en question, en lui demandant de regretter d'avoir si facilement prêté le serment en faveur d'un homme sans foi, parce qu'il n'a pas su surmonter la difficulté d'un petit risque.
18 Des vierges qui ont failli à leur voeu de virginité.
Au sujet des vierges qui ont failli, celles qui ont promis solennellement au Seigneur de vivre dans la continence, ensuite cédant aux passions de la chair, ont été infidèles à leurs voeux, nos pères, cedant avec douceur et mansuétude à la faiblesse de telles qui ont fait ce faux-pas, ont statué de les recevoir après un an de pénitence, les assimilant ainsi aux digames.
Cependant, selon moi, vu que par la grâce de Dieu l'Église va gagnant toujours plus d'influence et l'ordre des vierges est aujourd'hui devenu si nombreux, on doit prêter une attention sévère tant à la signification profonde des faits qu'au sentiment de l'Écriture sainte, ce que nous pouvons explorer de la manière suivante. La viduité est de valeur inférieure à la virginité, donc le péché d'une veuve est de beaucoup moindre que celui des vierges. Or, voyons ce qui a été écrit à Timothée par Paul : "Refuse d'inscrire parmi les veuves les veuves trop jeunes, car, lorsque la passion les entraîne loin du Christ, elles veulent se remarier et elles s'attirent ainsi le reproche d'avoir violé leur foi de jadis". Si donc la veuve encourt un très grave reproche, pour avoir violé la fidélité au Christ, que devons-nous penser de la vierge, qui est l'épouse du Christ et un vase sacré voué au Seigneur ? C'est déjà une grave faute que celle de l'esclave, qui se laissant aller à un commerce marital secret remplit la maison de ruine et insulte à son maître par sa mauvaise conduite; mais il est bien plus mal que l'épouse devienne adultère et, déshonorant son union avec l'époux, s'adonne à des plaisirs honteux.
C'est pourquoi la veuve sera condamnée comme l'esclave séduite, tandis que la vierge sera soumise à la peine de l'épouse adultère. Or, comme nous appelons adultère celui qui a des relations avec une femme autre que la sienne, ne l'admettant pas à la communion avant qu'il n'ait renoncé à son péché, de la même manière évidemment nous agirons envers celui qui a pris une vierge consacrée à Dieu.
A cette occasion il nous est nécessaire de préciser, qu'on appelle vierge celle qui volontairement s'est offerte au Seigneur, a renoncé au mariage et préféré la vie dans la sanctification. Mais nous n'approuvons ces promesses officielles, que si elles sont faites après l'âge de raison; car ce n'est pas les propos enfantins qui doivent certes être décisifs en cette matière, mais, si
une jeune fille ayant dépassé les seize ou dix-sept ans, devenue maîtresse de ses pensées, après long examen, si elle persiste et implore par ses prières d'être reçue, il faudra alors l'inscrire parmi les vierges et ratifier sa profession et en châtier la transgression; il y en a en effet plusieurs que père et mère ou frères ou d'autres parents présentent avant l'âge, pour leur procurer une existence sûre, sans qu'elles se sentent d'elles-mêmes portées vers le célibat : celles-là, il ne faut pas les admettre avec facilité, jusqu'à ce que nous ayons clairement scruté leur propre volonté.
19 Des moines qui ont jailli.
Des voeux de religion n'existent pas pour les hommes, à notre connaissance, sauf s'ils se sont enrôlés dans l'ordre des moines, ce par quoi ils semblent tacitement accepter le célibat; néanmoins, même à propos d'eux il convient à mon avis de les interroger au préalable et de recevoir d'eux une promesse manifeste, de manière à le soumettre à la pénitence des fornicateurs, lorsqu'ils se laissent aller à une vie chamelle et voluptueuse.
20 De la femme qui avait voué la virginité étant encore dans l'hérésie.
Toutes les femmes, qui étant encore dans l'hérésie ont fait voeu de virginité, et ont ensuite préféré le mariage, je ne pense pas qu'il faille les condamner, car "tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la loi"; or celles qui ne sont pas encore engagées sous le joug du Christ, ne connaissent pas non plus la loi du maître; par conséquent elles seront admises à l'Église, obtenant par la foi au Christ le pardon de toutes leurs fautes et de celle-ci.
D'une manière générale, on ne tient point compte de ce qui a été commis dans le temps du catéchuménat; évidemment l'Église n'admet point les catéchumènes dans son sein sans le baptême; en sorte que les privilèges de la naissance baptismale leur sont chose absolument nécessaires.
21 De ce que l'homme marié, qui a un commerce charnel avec une femme mariée est considéré comme fornicateur, tandis que la femme mariée, qui va avec un autre homme est une adultère.
Si un homme marié, non content de son mariage tombe dans la fornication, nous le condamnons comme fornicateur et nous prolongeons plus que de coutume son temps de pénitence, mais nous n'avons aucune règle ancienne prescrivant de l'accuser d'adultère, tant que le péché a été commis avec une femme libre des liens du mariage. Car l'écriture dit : "La femme adultère restera dans sa souillure et ne s'en retournera pas à son mari"; et encore : "L'homme qui garde chez lui une femme adultère est insensé et impie"; tandis que l'homme qui a commis la fornication ne sera pas exclu de la cohabitation avec sa femme; ainsi donc la femme recevra l'homme qui revient d'une fornication, tandis que l'homme renverra de sa maison la femme souillée.
La raison de tout cela n'est pas facile à comprendre, mais tel est l'usage qui a prévalu.
22 De celui qui après enlèvement garde chez lui une jeune fille, fiancée ou non.
Ceux qui gardent après enlèvement des femmes, s'ils ont ravi des fiancées à d'autres, il ne faut pas les recevoir, avant qu'on n'ait repris celles-ci et donné à leurs fiancés la faculté de les reprendre, s'ils le veulent, ou de renoncer à elles; si c'est une jeune fille non engagée qu'on a enlevée, il faut la lui soustraire et la remettre aux siens, et laisser décider les siens, que ce soit des parents, des frères ou des tuteurs de la fille; s'ils veulent la lui donner, le mariage sera valide, s'ils refusent, ne pas les contraindre.
Cependant, celui qui garde une femme qu'il a séduite soit en cachette soit de force, doit nécessairement se voir appliquer la pénitence de la fornication. Or, la pénitence destinée aux fornicateurs est de quatre ans; la première année il faut qu'ils soient exclus des prières et se tiennent avec les pleurants à la porte de l'Église, la deuxième les admettre parmi les auditeurs, la troisième parmi les pénitents, la quatrième à assister simplement aux prières avec le peuple fidèle en s'abstenant de l'offrande, ensuite leur permettre la participation au saint don.
23 De ceux ou celles qui épousent successivement deux soeurs ou deux frères.
Au sujet de celui qui épouse deux soeurs successivement ou de celle qui se marie à deux frères successivement nous avons composé une épître, dont nous avons expédié copie à votre piété. Quant à celui qui épousa la femme de son propre frère, il ne sera pas reçu à la communion avant de s'être séparé d'elle.
24 De l'homme ou de la femme en veuvage.
La veuve qui est inscrite au nombre des veuves, c'est-à-dire celle qui est nourrie par l'Église, si elle se marie, (étant jeune encore) sera excusable, selon la décision de l'apôtre. Pour l'homme devenu veuf il n'y a aucune prescription, la pénitence des digames suffit pour son cas. Tandis que la veuve qui a atteint ses soixante ans, si elle choisit de prendre à nouveau mari, ne sera pas admise à la communion du saint don, tant qu'elle n'aura pas renoncé à sa passion impure; si nous l'inscrivons au rôle des veuves avant ses soixante ans, c'est à nous d'en répondre, non à la femmelette.
25 De celui qui garde comme sa femme la jeune fille qu'il a séduite.
Celui qui garde comme sa femme la jeune fille qu'il a séduite subira la pénitence pour la séduction, mais on lui permettra de garder la femme.
26 De ceux qui se sont mariés à la suite d'un concubinage.
La fornication n'est pas un mariage, pas même un début de mariage; d'où, s'il est possible que ceux qui ont un commerce charnel de fornication se séparent, c'est là la meilleur solution; si cependant ils veulent absolument le mariage, qu'on les laisse faire, afin d'éviter le pire.
27 Du prêtre qui fut engagé à son insu dans un mariage illicite.
Au sujet du prêtre engagé à son insu dans un mariage illicite j'ai déjà décidé ce qu'il fallait, c'est-à-dire qu'il gardera sa place dans le sanctuaire, mais s'abstiendra de toute autre fonction, le pardon seul suffira à un tel. Qu'un homme qui a à panser ses propres blessures, veuille en bénir un autre, c'est déraisonnable; car la bénédiction est une communication de la grâce; or celui qui ne possède pas celle-ci, par suite de la faute commise sans le savoir, comment la communiquera-t-il à un autre ? Qu'il ne bénisse donc ni publiquement ni en privé, ni ne distribue le Corps du Seigneur aux autres, ni n'accomplisse quelque autre fonction ecclésiastique, mais se contentant de la préséance, qu'il implore du Seigneur le pardon de l'iniquité commise par ignorance.
28 Qu'il ne faut pas s'obliger par serment à quoi que ce soit.
Il m'a paru bien ridicule le fait de celui qui a fait voeu de s'abstenir de la viande de porc; ayez donc la bonté de leur apprendre à s'abstenir de voeux et de promesses grossières; quant à l'usage de telle on telle nourriture autorisez-le comme un acte indifférent : "car aucune oeuvre de Dieu, prise en action de grâces n'est à rejeter", Ce n'est donc pas l'abstinence, qui sera à observer nécessairement, c'est le voeu qui est totalement ridicule.
29 De ce qu'il ne faut point faire de serment.
Il serait bien à propos que se corrigent les hauts-fonctionnaires qui jurent de faire du mal à leurs subordonnés et leur correction se fera de deux manières : leur apprendre d'abord de ne point jurer à la légère, puis de ne pas persister dans leurs méchantes pensées. Par conséquent, si quelqu'un s'est lié par serment à faire du mal à autrui, qu'il montre du repentir pour la témérité de son serment, plutôt que de confirmer sa méchanceté sous prétexte de piété; car il n'a pas été avantageux à Hérode non plus de garder son serment, lui, qui soit-disant pour ne pas se parjurer devint le meurtrier du prophète. Car, une fois que le serment lui-même est interdit, à plus forte raison sera à condamner celui qui est fait en vue du mal. Ainsi, c'est de venir à de meilleurs sentiments qu'il faut à celui qui a juré, non point de s'efforcer de confirmer son impiété.
Examinez donc plus à fond l'absurdité de la situation : si quelqu'un jurait de crever les yeux à son frère, est-ce un bien pour un tel que de mettre cela à exécution ? si c'était de tuer ? si d'une manière générale de transgresser un commandement de Dieu ? Certes, "j'ai juré, et je tiendrai ma promesse", non pas de pécher, mais "d'observer les jugements de votre justice ". De même qu'il conviendrait de confirmer le commandement divin par des décisions irrévocables, de même, il convient d'infirmer de toutes les manières et de faire disparaître le péché.
30 Des ravisseurs et de leurs complices.
Au sujet des ravisseurs nous ne possédons pas de règle ancienne, mais de notre mouvement nous avons décidé de les exclure des prières, eux et leurs complices. Mais si le fait a eu lieu sans faire violence, cela ne tire pas à conséquence canonique, lorsque ni séduction ni rapt n'ont précédé. Quant à la veuve, elle a la liberté de ses décisions, et c'est d'elle qu'a dépendu de suivre. Ne nous préoccupons donc pas des formes extérieures.
31 De celle qui prend un autre mari après le départ du sien.
Celle dont le mari est parti en voyage et n'a plus donné signe de vie, si avant d'avoir la preuve de sa mort, elle épouse un autre homme, elle est coupable d'adultère.
32 Des clercs tombés dans une faute.
Les clercs qui ont commis "un péché menant à la mort" sont déposés de leur grade, mais ne sont pas exclus de la communion des laïcs, car "tu ne puniras pas deux fois la même faute".
33 De celle qui a mis un enfant au monde pendant le voyage et négligé le nouveau-né.
La femme qui a mis au monde pendant le voyage et négligé le nouveau-né, qu'elle ait à répondre du meurtre.
34 Des femmes adultères, qui s'en confessent.
Quant aux femmes qui ont commis l'adultère et le confessent par sentiment religieux ou dont on connaît d'une autre façon la faute, nos pères ont ordonné de ne pas rendre publique leur faute, afin de ne pas exposer au danger de mort les femmes ainsi convaincues de péché, mais qu'elles restent parmi les fidèles sans communier jusqu'à l'accomplissement du temps de la pénitence.
35 De celle qui sans raison a abandonné son mari.
A propos de celui qui a été abandonnée par sa femme, il faut rechercher la cause de l'abandon; s'il en résulte qu'elle est partie sans raison, il est, lui, digne d'excuse, elle, de pénitence; et l'excuse lui vaudra de pouvoir communier.
36 Des femmes de soldats.
Les femmes de soldats, qui se sont remariées, leurs maris étant portés disparus, sont dans le même cas que celles qui après le départ en voyage de leurs maris n'ont pas attendu leur retour; sauf que pour elles il y a une certaine excuse, vu que la mort y est plus probable.
37 De celui qui a pris la femme d'un autre.
L'homme qui ayant été séparé de la femme d'autrui en épouse une autre, sera coupable d'adultère pour la première, libre d'accusation pour la seconde.
38 Des filles qui se sont mises avec des hommes sans l'avis de leurs parents.
Les filles qui contre l'avis de leurs parents se sont mises avec des hommes, sont coupables de fornication; si elles se réconcilient avec leurs parents, l'affaire semble s'arranger; elles ne seront cependant pas tout de suite admises de nouveau à la communion, mais feront pénitence pendant trois ans.
39 De celle qui vit avec un adultère.
Celle qui vit avec un adultère est aussi adultère pendant tout ce temps.
40 De l'esclave qui s'est mariée en cachette, contre l'avis de son maître.
L'esclave qui s'est mariée contre l'avis de son maître est dans la fornication; si après cela elle contracte un mariage autorisé, elle sera vraiment mariée; par conséquent, le premier cas est une fornication, le second un mariage, car les contrats de ceux qui n'ont pas la libre disposition d'eux-mêmes n'ont aucune valeur.
41 De la veuve qui étant libre convole en secondes noces.
Celle qui devenue veuve a la libre disposition d'elle-même, ne saurait encourir de reproches en se remariant, s'il n'y a personne, qui ait le droit de s'opposer au mariage, puisque l'apôtre dit : "Si le mari meurt, elle est libre d'épouser qui elle veut, pourvu que cela soit selon le Seigneur".
42 Que les mariages de ceux qui n'ont pas la libre disposition d'eux-mêmes sont sans valeur.
Les mariages qui se font sans le consentement des maîtres sont des fornications; tant que vit le père ou le maître, ceux qui s'unissent ainsi sont inconsistants; par conséquent, si l'union est approuvée par les maîtres, alors le mariage devient valide.
43 De celui qui a donné à son prochain un coup mortel.
Celui qui a donné à son prochain un coup causant la mort est un meurtrier, soit qu'il ait commencé, soit qu'il fût en état de défense.
44 De la diaconesse qui a commis la fornication avec un païen.
La diaconesse qui a commis la fornication avec un païen sera reçu en pénitence, mais ne sera admise à l'offrande que la septième année, évidemment si elle vit dans la chasteté. Quant au païen, qui après avoir professé la foi chrétienne est de nouveau revenu à l'impiété, il s'en retourne à son vomissement.
Pour nous, nous ne tolérons pas que le corps de la diaconesse, corps consacré au Seigneur, serve aux plaisirs charnels.
45 De celui qui a reçu le nom de chrétien et insulte au Christ.
Quiconque insulte au Christ après avoir reçu le nom de chrétien, son titre du chrétien ne lui sera d'aucun profit.
46 De celle qui à son insu s'est unie à un homme abandonné par sa femme.
Celle qui à son insu a vécu maritalement avec un homme abandonné pour un certain temps par sa femme, et qui, au retour de celle-ci à son mari fut délaissée, a commis une fornication, mais sans le savoir; on ne lui interdira pas de se marier, il vaut cependant mieux, qu'elle reste comme elle est.
47 Des encratites, saccophores et apotactites.
Encratites, saccophores et apotactites sont dans le même cas que les novatiens; or pour ceux-ci il a été édicté un canon, bien que différent par son contenu, alors qu'on a gardé le silence sur ceux-là.
Quant à nous, d'une manière générale nous les rebaptisons tous; et si chez vous la rebaptisation est interdite, comme chez les Romains, - de regarder comme nul leur baptême à cause du bien général -, notre manière de faire garde cependant sa valeur; car, leur hérésie étant comme un rejeton de celle des Marcionites, puisqu'ils ont en horreur le mariage et s'abstiennent de vin et prétendent que la création est souillée, nous ne les recevons dans le sein de l'Église que s'il sont baptisés selon notre baptême. Et qu'ils ne nous disent pas : nous avons été baptisés au nom du Père et du Fils et du saint Esprit, eux précisément, qui émules de Marcion et des autres hérésies, posent pour principe que Dieu est auteur de mal. Par conséquent, il faudra, si tel est le commun avis, que de nombreux évêques s'assemblent et édictent une règle générale, afin qu'on puisse agir sans risque et que la réponse à une telle question soit digne de foi.
48 De celle qui a été abandonnée par son mari.
Celle qui a été abandonnée par son mari doit à mon avis rester sans se remarier; car si le Seigneur dit :
"Si quelqu'un abandonne sa femme, sauf pour cause d'adultère. il l'expose à devenir adultère", du fait qu'il la désigne comme adultère, il lui interdit de s'unir à un autre.
Comment, en effet, se peut-il que l'homme soit coupable, en tant que cause de l'adultère de la femme, et la femme soit sans culpabilité en se remariant, elle qui est appelée adultère, si elle s'unit à un autre homme ?
49 Des violations de femmes.
Les violations subies de force sont sans culpabilité; par conséquent, l'esclave aussi, violée par son maître, n'est pas coupable.
50 Qu'il n'y a pas de loi au sujet des trigames.
Il n'y a pas de loi autorisant les troisièmes noces; d'où un troisième mariage ne saurait être contracté légitimement. Nous considérons de tels mariages comme une souillure de l'Église, mais nous ne les soumettons pas à des condamnations publiques, vu qu'ils sont à préférer à la fornication ouvertement pratiquée.

CANONS DE SAINT BASILE LE GRAND
AU MEME
TROISIEME LETTRE SUR LES CANONS
(Prologue)
Revenant d'un long voyage, - j'ai été en effet jusqu'au Pont pour les besoins de l'Église et pour visiter des amis, - et ramenant un corps brisé et l'âme un peu mal-en-point, à peine ai-je tenu dans les mains la lettre de votre piété, j'ai aussitôt tout oublié, en recevant les témoins de la voix qui m'est la plus agréable et de la main la plus chère. Puisque donc à cause de votre lettre je me suis senti tellement mieux, vous pouvez imaginer quel prix j'attache à votre rencontre, que le Dieu saint accorde de réaliser là où ce sera moins pénible et où vous nous inviterez vous-même; il ne me serait pas pénible, si vous gagniez la demeure située près d'Euphémias pour notre rencontre, parce que j'échapperais de la sorte aux ennuis de ces lieux-ci et que j'ai hâte de retrouver votre amitié qui ne connaît pas de feinte.
Par ailleurs, le voyage jusqu'à Nazianze m'est devenu sans doute nécessaire par le départ soudain de Grégoire, l'évêque très aimé de Dieu, départ dont la raison reste inconnue jusqu'à ce jour.
Quant à l'homme, dont j'avais parlé à votre perfection et que vous espériez vous aussi voir maintenant prêt, sachez que, pris d'une longue maladie et souffrant désormais des yeux par suite de l'ancien mal et de la maladie récente, il est devenu totalement inapte aux activités à exercer; un autre, nous n'en avons point. C'est pourquoi il vaut mieux, bien qu'ils nous en aient confié le soin, qu'ils désignent eux-mêmes quelqu'un d'entre eux. Il faut en effet penser, qu'ils se virent contraints de parler comme ils l'ont fait, mais que leur coeur voulait ce qu'ils demandèrent dès le début : que leur supérieur soit l'un des leurs. Si leur choix se porte sur quelqu'un de nouvellement initié, que cela plaise ou non à Macédonius, qu'ils le désignent. Vous lui donnerez la bénédiction d'usage comme cela convient, le Seigneur en tout vous aidant et vous accordant la grâce nécessaire à cela.
51 De ce que tout clerc qui a fauté subira la déposition.
A propos des clercs, les canons parlent d'une manière indéterminée, ordonnant que les clercs fautifs ne subiront qu'une seule peine, la suspense de leurs fonctions, soit qu'ils occupent un grade dans la hiérarchie, qui qu'ils accomplissent un service qui ne comporte pas l'imposition des mains.
52 De celle qui a mis au monde pendant le voyage.
Celle qui pendant le voyage a laissé mourir l'enfant qu'elle venait de mettre au monde, si pouvant le sauver elle a négligé de le faire, soit qu'elle crût cacher par là son péché, soit qu'elle y fût poussée par une pensée bestiale et inhumaine, sera considérée comme coupable de meurtre. Mais si elle n'a pu l'entourer de soins et le nouveau-né a péri, par suite de la solitude et du manque du nécessaire, la mère doit en être excusée.
53 Des esclaves-veuves convolait en secondes noces.
La veuve, si c'est une esclave,' ne tombe pas dans une grande faute en contractant un second mariage sous forme d'enlèvement; par conséquent il ne faut pas lui en faire grief : ce n'est pas des formes qu'on a à décider, mais de l'intention.
Évidemment, il lui reste de faire la pénitence des digames.
54 De l'explication déjà faite sur les différences entre meurtres involontaires.
Les différences que présentent les meurtres involontaires, je me rappelle les avoir exposées autant que cela m'était possible dans ma lettre d'il y a quelque temps à votre piété; je n'y puis rien ajouter, et il appartient à votre prudence de renforcer ou de diminuer les pénitences, selon la particularité de chaque cas.
55 De ceux qui entrèrent en campagne contre les bandits.
Ceux qui entrèrent en campagne contre les bandits, si ce sont des
laïcs, seront privés de la participation aux saints dons; et s'ils sont clercs, déposés; car : "Quiconque s'est servi de l'épée, dit l'Écriture, périra par l'épée".
56 Des meurtriers volontaires.
Celui qui a tué volontairement, puis s'en est repenti restera vingt ans sans communier aux dons sanctifiés.
Les vingt années lui seront comptées de la manière suivante : pendant quatre ans il doit être avec les pleurants se tenant à l'extérieur de la porte de la maison de prière, et demandera aux fidèles qui entrent, de prier pour lui, en confessant publiquement son iniquité; après ces quatre ans il sera reçu parmi les auditeurs et sortira avec eux de l'église, cela pendant cinq ans; pendant sept ans il priera avec les prosternés et sortira de l'église avec eux; pendant quatre ans il assistera simplement parmi les fidèles, mais ne participera pas à l'offrande; et lorsque tout cela sera accompli, il prendra part aux dons sanctifiés.
57 Des meurtres involontaires.
Celui qui a tué involontairement restera dix ans sans communier aux dons sanctifiés. Les dix ans lui seront fixés de la manière suivante : il sera deux ans parmi les pleurants, trois avec les auditeurs, quatre parmi les prosternés, il assistera simplement pendant un an et ensuite il sera admis aux saints dons.
58 Des adultères.
Celui qui a commis l'adultère restera quinze ans sans communier aux dons sanctifiés, quatre ans comme pleurant, cinq comme auditeur, quatre comme prosterné, et deux ans comme simple assistant.
59 Des fornicateurs.
Le fornicateur restera sept ans sans communier aux dons sanctifiées,
deux comme pleurant et deux comme auditeur et deux comme prosterné et un comme simple assistant et la huitième année il sera reçu à la communion.
60 De celles qui ayant promis de garder la virginité ou de ceux qui, devenus moines, ont failli.
Celle qui a fait profession de virginité puis a failli à sa promesse, arrangera sa vie de manière à accomplir le temps de pénitence de l'adultère. La même règle vaut aussi pour ceux qui ont promis de vivre la vie de moine et ont failli.
61 Des voleurs.
Celui qui a volé, si s'en repentant il s'en est accusé spontanément, ne sera empêché que pendant un an de communier aux dons sanctifiés avec les fidèles; s'il est convaincu de cela par d'autres, il en sera empêché pendant deux ans, et son temps lui sera partagé en prostration et simple assistance, et alors il sera admis à la communion.
62 De ceux qui ont péché contre nature.
Celui qui s'est montré impudique avec des mâles se verra fixer le temps de pénitence de l'adultère.
63 De ceux qui ont péché par bestialité.
Celui qui confesse un péché impie commis sur des animaux observera dans la pénitence les mêmes temps.
64 Des parjures.
Le parjure restera sans communier pendant dix ans, deux ans comme pleurant, trois comme auditeur, quatre comme prosterné, un an comme simple assistant et alors il sera jugé digne de la communion.
65 Des sorcières et de celles qui préparent des philtres.
Celui qui confesse avoir usé de magie ou de philtres parcourra dans la pénitence les temps du meurtrier, traité comme s'il s'était spontanément accusé de ce péché.
66 Des violateurs de tombeaux.
Le violateur de tombeaux restera sans communier pendant dix ans, deux comme pleurant, trois comme auditeur, quatre, comme prosterné, un an comme simple assistant et alors il sera reçu.
67 De ceux qui ont été convaincus d'inceste entre frères.
L'inceste entre frères aura le temps de pénitence du meurtrier.
68 Les parentés prohibées.
L'union par mariage des personnes apparentés à un degré prohibant le mariage, si elle a eu lieu, vu qu'elle est un péché, recevra les temps de pénitence des adultères.
69 Des lecteurs qui ont eu commerce charnel avec leurs fiancées avant le mariage.
Le lecteur, qui a eu commerce charnel avec sa fiancée avant le mariage, aura un an de suspense, puis sera admis au lectorat, restant sans avancement; s'il a eu commerce sans qu'ii y ait eu fiançailles il sera démis de son service, De même le sous-diacre.
70 Des diacres et prêtres qui ont péché avec les lèvres.
Le diacre qui s'est souillé les lèvres par le péché et avoue n'avoir péché que jusque-là, sera suspendu de sa fonction liturgique, mais sera admis à communier aux saints dons avec les diacres. La même chose vaut aussi pour le prêtre. Mais si un clerc est convaincu d'avoir fait quelque chose de plus, dans quelque grade qu'il soit, il sera déposé.
71 Des ceux qui ont coopéré à l'un des péchés précités et ne l'ont pas manifesté.
Celui qui fut complice dans l'un des péchés précités et ne l'a pas avoué, mais en fut convaincu, il sera aussi longtemps en pénitence, que l'auteur du péché.
72 De ceux qui ont eu recours à des devins.
Celui qui a eu recours à des devins ou à leurs semblables, se verra
imposer le temps de pénitence du meurtrier.
73 De celui qui a renié le Christ.
Celui qui a renié le Christ et apostasié le mystère du salut doit prendre rang parmi les pleurants et faire pénitence tout le temps de sa vie; il ne sera admis à la communion du saint don qu'au moment où il quitte la vie, et cela à cause de la foi en la miséricorde de Dieu.
74 De ceux qui furent condamnés à cause des péchés précités.
Si néanmoins chacun de ceux qui sont tombés dans les péchés précités, se montre plein de zèle dans le temps de la pénitence, celui à qui la bonté de Dieu a confié le pouvoir de lier et de délier, ne méritera pas de blâme, s'il se montre miséricordieux et diminue la durée de la pénitence, en constatant le repentir extraordinaire du pécheur, puisque le récit de l'Écriture sainte nous apprend que le repentir accompagné d'une douleur très grande obtient rapidement le pardon de la Bonté de Dieu.
75 De ceux qui pèchent avec une soeur issue d'une même mère ou d'un même père.
A celui qui s'est souillé par le péché avec sa soeur issue du même père ou de la même mère on interdira l'accès de la maison de prière, tant qu'il n'aura pas renoncé à ce commerce illicite et criminel; quand il sera venu à résipiscence de cet horrible péché, il fera trois ans comme pleurant, se tenant à la porte des maisons de prières et demandant au peuple qui se rend à la prière, qu'ils aient pitié de lui et adressent au Seigneur chacun en son particulier des prières de supplication pour lui; après cela il sera admis à l'audition seule et après l'audition de la lecture des Écritures et de la prédication on le fera sortir sans l'admettre à la prière; ensuite, "s'il a cherché le Seigneur avec des larmes" et s'est prosterné devant Lui le coeur contrit dans une grande humiliation, on lui accordera la prostration pendant trois autres années; ainsi, lorsqu'il aura montré des fruits dignes de pénitence, on l'admettra la dixième année à la prière avec les fidèles sans participation à l'offrande; et après qu'il aura assisté avec les fidèles pendant deux ans à la prière, on le jugera digne de la communion du saint don.
76 De ceux qui s'unissent à leurs brus.
La même norme sera aussi appliquée à ceux qui s'unissent à leurs brus.
77 De ceux qui abandonnent leurs conjointes et s'unissent à d'autres.
Celui qui abandonne la femme légitimement épousée et en prend une autre, tombe dans le péché d'adultère, selon la décision du Seigneur. Nos pères ont fixé à leur propos comme pénitence, un an parmi les pleurants, deux parmi les auditeurs, trois parmi les prosternés, la septième année d'assister simplement avec les fidèles et alors être jugés dignes de l'offrande, s'il se repentent de leurs péchés avec des larmes.
78 De ceux qui épousent successivement deux soeurs.
La même norme vaudra aussi pour ceux qui prennent pour épouses deux soeurs, bien qu'en des temps successifs.
79 De ceux qui commettent le péché avec leurs marâtres.
Ceux qui, emportés par une passion furieuse, pèchent avec leurs marâtres, seront soumis à la même règle de pénitence que ceux qui pèchent avec leurs soeurs.
80 Des polygames.
Nos pères ont gardé le silence sur la polygamie successive, vu qu'elle est propre aux bêtes et étrangère au genre humain. Quant à nous, elle nous semble un péché plus grand que la fornication; c'est pourquoi il est normal de faire subir à ces gens-là les temps de pénitence, je veux dire de faire un an parmi les pleurants, trois parmi les auditeurs, autres trois parmi les prosternés, et alors être reçus.
81 De ceux qui ont été amenés par les barbares à renier leur foi.
Ceux qui durant l'incursion des barbares apostasièrent à la foi en Dieu, en prêtant des serments païens et mangeant des mets impurs dans les temples des idoles de magie, ceux-là feront les pénitences déjà fixées par nos pères : s'ils ont été soumis de force à des tortures pénibles et n'ont pu supporté les tourments et furent ainsi poussés au reniement, ils seront pendant trois ans exclus de l'église, deux parmi les auditeurs, trois parmi les prosternés, et alors admis à la communion. Si au contraire sans y avoir été grandement contraints ils ont trahi la foi en Dieu et touché à la table des démons et ont juré des serments païens, ils seront pendant trois ans exclus de l'église, entendront les lectures deux ans, prieront avec les prosternés trois ans, pendant trois autres années assisteront avec les fidèles à la supplication et alors seront admis à la communion du saint don.
82 Des parjures.
Quant aux parjures aussi, s'ils ont transgressé leurs serments sous la force et la contrainte, ils seront soumis à des pénitences plus légères, de manière à être réconciliés au bout de six ans; mais s'ils ont trahi leur foi jurée sans y avoir été contraints, ils feront deux ans avec les pleurants, deux parmi les auditeurs, cinq parmi les prosternés, et, autorisés pendant deux autres années à participer à la prière sans l'offrande, enfin, après avoir ainsi témoigné d'un repentir remarquable, ils seront admis de nouveau à la communion du Corps du Christ.
83 De ceux qui ont recours aux devins ou bien introduisent chez eux des pratiques de divination.
Ceux qui ont recours aux devins et suivent les coutumes païennes, ou bien introduisent chez eux des gens en vue de découvrir les sortilèges ou de s'en purifier, seront sujets à la pénitence des six ans, un an parmi les pleurants, un an parmi les auditeurs, trois ans parmi les prosternés, un an d'assistance simple avec les fidèles et alors ils seront reçus.
84 De ceux qui font bon usage des pénitences imposées.
Nous vous avons exposé tout cela, afin que vous examiniez bien les fruits de la pénitence; certainement, ce n'est pas sur la durée de la pénitence que se fondera notre jugement, mais nous ferons attention à la qualité du repentir. Si, cependant, ils se laissent difficilement arracher à leurs habitudes et préfèrent être esclaves des plaisirs de la chair que de servir le Seigneur, et n'acceptent pas de vivre selon l'évangile, nous n'aurons rien de commun avec eux; on nous a en effet enseigné, à propos d'un peuple désobéissant et entêté, d'obéir au précepte : "Tâche de sauver ton âme à toi".
85 De ceux qui font mauvais usage de leurs pénitences.
C'est pourquoi ne nous laissons pas entraîner à la perdition avec eux, mais dans la crainte du jugement sévère et tenant devant les yeux le terrible jour de la rétribution finale du Seigneur, ne veuillons pas nous laisser entraîner à la perdition par suite des péchés d'autrui. Si les jugements terribles du Seigneur ne nous ont pas corrigés, ni de si grandes plaies ne nous ont amené sa résipiscence, - car le Seigneur nous a abandonnés à cause de notre iniquité et nous a livrés aux mains des barbares et le peuple fut emmené en captivité en pays ennemi et livré à la dispersion, à cause de ces péchés qu'avaient osé commettre ceux qui portent le Nom du Christ, - si donc ces gens-là n'ont pas reconnu ni compris que la colère de Dieu vint sur nous à cause de cela, qu'avons-nous de commun avec eux ? Bien au contraire nous devons prendre Dieu à témoin contre eux de nuit et de jour, en public et en privé; et ne nous permettons pas de nous laisser entraîner par leurs ruses, en priant Dieu avant tout de les gagner et les délivrer des pièges du malin, et si nous n'y arrivons pas, cherchons du moins à sauver nos âmes de l'éternelle condamnation.
DE LA LETTRE ÉCRITE AU MEME BIENHEUREUX AMPHILOQUE
QUE LE SEIGNEUR N'IGNORE NI LE JOUR NI L'HEURE DE LA FIN
86 Des encratites.
Aux délicats encratites, à propos de leur grave question, pourquoi nous ne mangeons pas de toutes choses, on répondra que nous abhorrons aussi nos excréments. Car, pour ce qui est de la valeur, pour nous "la viande est égale aux légumes", mais pour ce qui est de la distinction entre utile et nuisible, de même que nous séparons parmi les légumes le nuisible de l'avantageux, de même nous distinguons parmi les viandes l'utile du nuisible. Ainsi la ciguë est aussi un légume, comme la chair du vautour est aussi de la viande; cependant aucun homme sensé ne mange de la jusquiame, ni ne touche à la chair de chien, à moins qu'une grande nécessité n'y oblige, auquel cas ne commet pas d'iniquité celui qui en mange.
Dernière modification par pascal le jeu. 07 oct. 2004 9:24, modifié 1 fois.
pascal
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DU MEME
A DIODORE ÉVEQUE DE TARSE
Contre ceux ou celles qui épousent successivement deux soeurs ou deux frères.
(Prologue)
Il nous est arrivé une lettre qui porte en tête le nom de Diodore, mais dont le reste convient à tout autre personne qu'à Diodore; il me semble qu'un homme habile a pris votre nom, désireux d'inspirer ainsi confiance à ses auditeurs; qui, interrogé par quelqu'un, s'il lui était licite d'épouser la soeur de sa femme défunte, n'a pas été horrifié par la question, mais au contraire écouta calmement la question et vint en aide à l'impudent désir avec bien de l'audace et de l'argutie. Si j' avais eu entre les mains la lettre même, je vous l'aurais expédiée et vous auriez vous-même la possibilité de prendre la défense de votre personne et de la vérité; mais comme celui qui nous l'a montrée, l'a reprise et la promène comme un trophée contre nous, qui avions interdit dès le début une telle union, disant qu'il en avait l'autorisation écrite, je vous envoie la présente lettre, afin que de deux côtés nous attaquions ce faux discours et que nous ne lui laissions aucun pouvoir, qui le mettrait en état de nuire facilement à ses auditeurs.
87 En premier lieu, nous citerons ce qui en pareil cas est primordial, la coutume en vigueur chez nous, que nous pouvons avancer comme ayant force de loi, puisque nos institutions nous ont été transmises par des saints; or, la voici : Si quelqu'un sous l'empire de la passion impure en vient à contracter l'union illégitime avec deux soeurs successivement, cette union ne sera point considérée comme mariage légitime et ils ne seront point admis à l'assemblée de l'église, avant de s'être séparés l'un de l'autre. Par conséquent, même si l'on n'avait rien d'autre à ajouter, la coutume suffirait à elle seule pour nous garder du mal. Mais comme l'auteur de la lettre a tenté d'introduire un si grand mal dans la vie des fidèles par une argumentation de mauvais aloi, il nous est nécessaire à nous aussi de ne pas négliger l'aide du raisonnement, bien que la conviction intime de chacun est supérieure au raisonnement pour les choses totalement évidentes.
Il est écrit, dit-il, dans le Lévitique : "Tu n'épouseras pas comme rivale de ta femme sa propre soeur, en découvrant sa nudité avec celle de ta femme, du vivant de celle-ci"; or, dit-il, il en ressort clairement, qu'il est permis de la prendre pour épouse, après la mort de la première femme. Je répondrai à cela en premier lieu que, "les prescriptions de la loi s'adressent à ceux qui sont sous la loi"; sinon, nous serions aussi soumis aux lois de la circoncision, du sabbat, et de l'abstention de certains mets; car, nous ne saurions "accepter le joug de la servitude de la loi", si nous y trouvons une contribution à nos plaisirs, et ne recourir "à la liberté du Christ" que lorsqu'une prescription légale nous paraît pénible. On nous avait demandé s'il est écrit qu'on peut prendre pour épouse la soeur de la femme défunte; nous avons donné la réponse sûre et vraie, que ce n'est pas écrit; or, déduire par le raisonnement ce qui a été tu, c'est faire oeuvre de législateur, non de juge. Sinon, il serait de la même manière possible à quiconque le voudrait d'oser épouser la soeur de sa femme même du vivant de celle-ci; car ce même sophisme convient aussi à ce cas; il est en effet écrit, dira-t-on, "tu n'épouseras pas la soeur de ta femme, pour en faire rivale de ta femme"; donc il n'est pas interdit de l'épouser si la rivalité est hors de cause; en fait, l'homme qui caresse sa passion affirmera que le caractère des deux soeurs exclut toute jalousie; la raison donc de l'interdiction d'épouser toutes les deux étant levée, quel empêchement y a-t-il d'épouser les deux soeurs ? Mais dira-t-on, cela n'est pas contenu dans l'Écriture. L'autre non plus n'y est pas contenu, mais le raisonnement par déduction autorise également l'un et l'autre.
Or, il eût fallu recourir à la suite immédiate du texte de la législation, pour éviter toute difficulté; le législateur, en effet, ne semble pas avoir voulu comprendre toute sorte de péchés, mais interdire spécialement ceux des Égyptiens, qu'Israël avait quittés et ceux des Cananéens, chez qui il se transportait; en voici le texte : "Vous n'agirez point selon les usages de l'Egypte, que vous avez habitée, vous n'agirez point selon les usages du pays de Chanaan où je vous introduirai : vous ne suivrez pas leurs coutumes".
Par conséquent, il en ressort que cette espèce de péché n'existait pas chez les païens; c'est pourquoi le législateur n'avait pas besoin de les mettre en garde, mais il se contenta de mentionner la coutume traditionnelle pour stigmatiser l'acte honteux. Pourquoi donc a-t-il tu le péché moindre en interdisant ce qui était plus grave ? Parce qu'il pensa que l'exemple du patriarche Jacob qui avait épousé deux soeurs simultanément, pourrait porter au mal grand nombre de gens voluptueux.
Et nous, que devons-nous faire ?
Dire ce qui fut écrit ou bien rechercher ce qui fut tu ? Par exemple, que père et fils ne dussent avoir la même concubine n'est pas contenu dans les lois en question, mais le prophète le juge digne de la plus grande condamnation : "Le fils et le père, dit-il, vont chez la même fille". Que d'espèces de péchés impurs n'a pas inventés la science des démons pour les enseigner aux hommes, sur lesquels la divine Écriture a gardé le silence, préférant ne pas se souiller par l'énumération des actes honteux, mais stigmatisa les impuretés par des désignations générales, comme le fait aussi l'apôtre Paul en disant : "Que la fornication ni aucune impureté ne soient pas même nommées parmi vous, ainsi qu'il convient à des saints", entendant sous le nom d'impureté les actes innommables entre mâles ou entre femmes. Par conséquent le silence de l'Écriture ne comporte aucunement la liberté d'action pour les voluptueux.
Pour moi, je dis même que notre cas n'a point été passé sous silence, mais au contraire véhémentement interdit par le législateur; car l'interdiction : "Aucun de vous n'approchera de sa proche parente pour découvrir sa nudité", comprend aussi cette sorte de proche parenté; qu'y-a-t-il, en effet, de plus proche à l'homme que sa propre femme, ou plutôt, que sa propre chair ? car"ils ne sont plus deux, mais une seule chair". Or par l'intermédiaire de la femme, la soeur de celle-ci entre dans la proche parenté de l'homme; car de même que l'on n'épousera pas la mère de sa femme, ni la fille de sa femme, parce que l'on n'épouse ni sa propre mère ni sa propre fille, de même on n'épousera pas la soeur de sa femme, parce que l'on n'épouse pas aussi sa propre soeur. Réciproquement, il ne sera pas permis à la femme non plus d'épouser les proches parents de son mari, car les obligations de la parenté sont les mêmes pour tous les deux.
Pour moi, je déclare d'autre part à tout homme qui pense au mariage, que "la figure de ce monde passe et que le temps est bien bref : que ceux qui ont une femme soient comme s'ils n'en avaient point"; et s'il m'objecte le "croissez et multipliez-vous", je me rirai de celui qui ne distingue pas les époques où les lois furent portées. Les secondes noces sont un secours contre la fornication, non un moyen de débauche : "S'ils ne peuvent garder la continence, qu'ils se marient", dit-il, mais non point qu'ils commettent l'iniquité en se mariant.
Or, ces gens-là, qui par suite de leur passion honteuse ont les yeux de l'âme pleins de chassie, ne font même pas attention à la nature, qui depuis toujours a distingué les appellations désignant la parenté.
Depuis quelle parenté nommera-ton leurs enfants ? Dira-t-on qu'ils sont frères entre eux ou bien cousins les uns des autres ? car l'un et l'autre leur conviendra pour la confusion de la parenté. Ô homme, ne fais pas de la tante une marâtre de tes enfants en bas-âge, ni n'arme celle qui doit les entourer d'une affection de mère, de jalousies implacables; seule en effet la haine des marâtres continue son inimitié même après la mort, ou plutôt, ceux qui se combattaient pour d'autres raisons pardonnent à leur ennemis morts et prient pour eux, tandis que les marâtres se mettent à haïr la morte qu'elles ont remplacée.
Résumons ce qui a été dit; si quelqu'un aspire au mariage selon la loi de Dieu, l'univers entier s'offre à lui; mais si son désir émane d'une passion impure, raison de plus pour qu'il soit exclu de l'église afin d'apprendre à "traiter son corps en toute sainteté, sans se livrer aux emportements de la passion". Désireux d'en dire plus, je m'en retiens eu égard à la longueur de la lettre. Je souhaite que mon exhortation l'emporte sur la passion, ou bien, que cette souillure impie ne contamine point notre pays, mais reste cantonnée dans les lieux mêmes où l'on a osé la commettre.
DU MEME A PAREGORIOS PRETRE
88 Afin qu'il se sépare de la femme qui partage sa demeure.
J'ai lu votre lettre avec la plus grande longanimité et je me suis demandé pourquoi, ayant la possibilité de nous présenter une apologie brève et facile par des actes, vous préférez persister dans ce dont on vous accuse, et vous vous efforcez de trouver un remède à une situation qui n'en admet aucun.
Nous ne sommes pas les premiers, ni les seuls, cher Parégorios, à légiférer que des femmes ne peuvent cohabiter avec des hommes; lisez donc le canon porté par nos saints pères du concile de Nicée, qui a clairement interdit qu'il y ait des femmes cohabitant avec des clercs.
Ce qui rend le célibat respectable, c'est précisément de s'abstenir de la compagnie des femmes; par conséquent, si quelqu'un en fait nominalement profession, tout en agissant comme ceux qui sont mariés avec une femme, il montrera qu'il cherche à se faire attribuer le respect dû à la virginité, sans s'abstenir de la malhonnêté du plaisir.
Vous auriez dû céder à notre instance d'autant plus facilement, que vous affirmez être libre de toute affection charnelle; je veux bien croire qu'un homme qui a eu soixante-dix ans ne cohabite pas avec une femme par passion charnelle, et ce n'est point pour une faute commise que nous avons décidé ce que nous avons décidé; mais, parce que l'Apôtre nous a enseigné à "ne point être pierre d'achoppement ou scandale pour notre frère"; or nous savons que l'acte fait en toute honnêteté par les uns sera cause de péché pour d'autres; à cause de cela nous conformant à l'ordonnance des saints pères, nous avons ordonné que vous vous sépariez de la femme. Pourquoi donc accusez-vous le chorévêque et mentionnez-vous son inimitié de longue date ? Pourquoi nous accusez-vous, nous, de prêter une oreille facile à l'admission des calomnies, et pas vous-même, qui n'admettez pas de vous séparer de la compagnie de cette femme ? Éloignez-la donc de votre maison et faites-la entrer dans un monastère; qu'elle demeure, elle, parmi les vierges consacrées et, vous, faites-vous servir par des hommes, "afin que le Nom de Dieu ne soit pas déshonoré à cause de vous". Tant que vous ne ferez pas cela, les milliers de raisons que vous exposez par vos lettres ne vous serviront à rien, bien au contraire, vous finirez par être suspendu de vos fonctions et aurez à rendre compte au Seigneur de votre suspense. Et si vous osez exercer votre sacerdoce sans vous corriger, vous serez anathème parmi tout le peuple fidèle et ceux qui vous recevront à leur communion seront rejetés de toute église.
DU MEME AUX CHORÉVEQUES
89 Pour qu'on ne nomme pas contre les canons des clercs sans sa permission.
Je suis bien attristé de ce que les ordonnances de nos pères sont désormais sans vigueur et que toute exacte observance est bannie des Églises; et j'ai bien peur que les progrès d'une telle indifférence n'amènent une totale confusion dans l'administration de l'Église.
Les clercs au service de l'Église, la coutume régnant depuis toujours dans les Églises de Dieu ne les admettait qu'après une rigoureuse épreuve; et l'on examinait attentivement toute leur conduite, s'ils n'étaient pas grossiers dans leurs paroles, ou adonnés à la boisson, ou prompts à la querelle, si leur jeunesse a été éduquée de manière à pouvoir vivre dans "la sainteté, sans laquelle personne ne saurait voir le Seigneur". A cet examen s'adonnaient les prêtres et les diacres qui vivaient avec eux et en référaient aux chorévêques; ceux-ci à leur tour, après avoir reçu les avis des témoins véridiques et averti à ce sujet l'évêque du lieu, inscrivaient enfin le clerc dans les rangs du clergé.
Tandis qu'à présent, d'abord vous nous avez écarté et sans même daigner en référer à nous, vous avez concentré en votre personne toute l'autorité sur cette question; ensuite, négligeant même totalement l'affaire, vous avez laissé à des prêtres et des diacres le soin d'introduire dans le service de l'Église les sujets indignes qu'ils voulaient, sans aucun examen de leur conduite, par considération de la parenté ou de tout autre sympathie. Par suite de cela, chaque bourg compte un grand nombre de clercs, mais aucun d'eux n'est digne de l'autel, comme vous l'attestez vous-mêmes, qui manquez de sujets pour les nominations aux postes.
Puis donc que je vois la situation devenue intolérable, surtout à présent, où par crainte du service militaire, un grand nombre s'inscrivent au service de l'Église, je suis forcé de renouveler les prescriptions canoniques des pères et je vous ordonne de m'envoyer la liste des clercs de chaque bourg, par qui chacun d'eux fut admis, et quelle est sa conduite. Gardez d'autre part vous aussi la liste, afin de comparer vos écrits avec les nôtres, et qu'il ne soit permis à personne d'y ajouter son nom quand bon lui semblera.
De la sorte, s'il y en a qui sont portés par les prêtres sur la liste après la première indiction, ils seront rejetés parmi les laïcs et leur examen canonique sera repris par vous; et s'ils sont dignes, vous dé citerez de leur admission; car "purifiez l'Église, en bannissant d'elle les indignes". Dorénavant donc examinez ceux qui sont dignes et admettez-les, mais ne les inscrivez point sur les rôles du clergé avant d'en référer à nous; sinon, sachez-le bien, celui qui sera admis au service de l'Église sans notre avis sera considéré comme laïc.
DU MEME A SES ÉVEQUES SUFFRAGANTS
90 Afin qu'ils n'ordonnent pas contre de l'argent.
Que l'on ait simplement soupçonné et raconté l'affaire étrange dont je vous entretiens dans cette lettre, m'a rempli l'âme de peine et m'a semblé jusqu'au dernier moment incroyable. Ma lettre donc à ce sujet, celui qui a quelque chose à se reprocher la recevra comme un remède; qui n'a rien à se reprocher comme un préservatif, et qui n'a cure de rien,- Dieu préserve qu'il y en ait parmi nous -, comme un acte d'accusation.
De quoi parlé-je ? On dit que certains d'entre vous reçoivent de l'argent de ceux qu'ils ordonnent et couvrent cela du nom de piété.
Ce qui est pire; car si l'on fait le mal sous prétexte de bien faire, l'on est digne d'un double châtiment; parce que l'on fait le mal et qu'on se sert du bien comme d'un complice pour commettre le péché. Si cela a eu lieu, qu'il ne se fasse plus désormais, mais soit corrigé; il faut en effet dire à celui qui reçoit l'argent ce que les apôtres dirent à celui qui voulait en donner pour acheter une participation aux dons du saint Esprit : "Que la perdition emporte toi et ton argent". Car plus légère est la faute de celui qui par ignorance veut acheter le don de Dieu que celle de celui qui la vend; en effet la vente a déjà eu lieu et si tu vends ce que tu as reçu gratuitement, c'est toi qui es pour ainsi dire vendu à Satan et seras privé du don de Dieu, puisque tu introduis l'escroquerie dans le domaine spirituel et dans l'Église, où l'on nous a confié le Corps et le Sang du Christ. Cela ne doit point se faire. La raison fallacieuse qu'ils se donnent, la voici. Ils croient ne point commettre de faute, du fait qu'il ne reçoivent pas à l'avance, au moment de l'ordination, mais reçoivent après l'ordination. Or, quel que soit le temps où l'on reçoit, c'est toujours recevoir de l'argent.
Je vous en prie, laissez de côté ce revenu, on plutôt cette offrande qui mérite l'enfer et ne vous rendez pas indignes d'accomplir les saints mystères en vous souillant les mains par de telles perceptions. Veuillez m'en excuser, je n'ai pas voulu y croire d'abord, mais convaincu par la suite, j'en viens à la menace suivante : si quelqu'un après la lettre présente fait rien de tel, il quittera les autels de ce lieu et en cherchera un autre, où il pourra acheter le don de Dieu et le revendre; car, "nous et les Églises de Dieu nous n'avons point une telle coutume". J'ajouterai en terminant : C'est l'avarice qui est à l'origine de tout cela, or "l'avarice est la racine de tous les vices" et est appelée en même temps "une idolâtrie"; ne préférez donc pas les idoles au Christ pour un peu d'argent; et n'imitez pas Judas, en trahissant une seconde fois Celui qui une première fois a été crucifié pour nous; car les champs aussi bien que les mains qui reçoivent de tels fruits seront appelés "champ du sang".
DU MEME
EXTRAITS DU 27 EME CHAPITRE DU TRAITÉ DU SAINT ESPRIT
ADRESSÉ AU BIENHEUREUX AMPHILOQUE
91 Qu'il faut garder la Tradition non-écrite de l'Église.
Les dogmes et enseignements que l'Église garde en dépôt nous sont en partie parvenus par l'enseignement écrit, le reste nous l'avons reçu de la Tradition apostolique transmise jusqu'à nous sous la discipline de l'arcane; mais les unes et les autres ont la même autorité en matière de foi, et personne, qui ait la moindre idée des institutions ecclésiastiques, n'oserait y contredire. Si en effet nous essayions de laisser de côté les traditions non-écrites, parce qu'elles n'auraient point grande valeur, nous porterions, sans nous en apercevoir, atteinte à des points capitaux de l'évangile, bien plus, nous ne laisserions à la prédication catéchétique qu'un vain nom. Par exemple, pour ne mentionner tout d'abord qu'un point, le premier et le plus commun : le fait que se signent du signe de la croix ceux qui ont mis leur espérance dans le Nom de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous l'a enseigné par écrit ? De nous tourner vers l'orient pendant la prière, quelle proposition écrite nous l'a enseigné ? Les paroles de l'invocation du saint Esprit pour la consécration du pain d'action de grâces et du calice de la bénédiction, quel saint nous les a-t-il laissés par écrit ? En effet, nous ne nous contentons pas de ce dont l'apôtre ou l'évangile ont gardé le souvenir, mais nous faisons précéder et ajoutons autre chose, parce que nous estimons que cela a grande valeur pour le mystère eucharistique, l'ayant ainsi reçu de la Tradition non-écrite. Nous récitons des prières sur l'eau baptismale et l'huile de l'onction et de plus sur le candidat au baptême, d'après quel texte ? N'est pas d'après la Tradition arcane et secrète ? Même plus : l'onction même de l'huile, quelle proposition écrite nous a appris à le faire ? Et la triple immersion baptismale, d'où provient-elle ? Et tout le reste qui se rapporte au baptême, de renoncer à Satan et à ses messagers, de quelle écriture provient-il ? N'est-ce pas de cet enseignement non-public et secret, que nos pères ont gardé en l'entourant d'un silence à l'abri de toute curiosité et indiscrétion, sachant bien par expérience que le caractère vénérable des sacrements est bien gardé par la discipline de l'arcane ? En effet ce que les non-initiés ne devaient même pas soupçonner, était-il normal d'en rendre l'enseignement public en le mettant par écrit ?
La raison d'être de la Tradition non-écrite, c'est que la connaissance des dogmes, exposées à des discussions, ne soit avilie par suite de l'accoutumance. Autre chose les dogmes, autre chose la prédication catéchétique, car les dogmes restent enveloppées de silence, le catéchisme est publié. Une sorte de silence est aussi le manque de clarté qu'emploie l'Écriture pour rendre le sens des dogmes difficile à comprendre, en vue de l'utilité de ceux qui les lisent.
De là vient que tous nous nous tournons vers l'orient pendant la prière, mais nous sommes un petit nombre à savoir que nous cherchons par là l'antique patrie, le paradis. Et nous faisons nos prières debout le premier jour de la semaine, mais nous n'en connaissons pas tous la raison; car, ressuscités que nous sommes avec le Christ et obligés d'aspirer vers les choses célestes, nous ne rappelons pas seulement à notre esprit par la station debout pendant la prière la grâce, qui nous a été accordée en ce jour de résurrection, mais aussi que ce premier jour de la semaine semble être en quelque sorte l'image de l'éternité à venir; c'est justement parce qu'il est le début des jours que Moïse dit à son sujet non pas "le premier", mais le jour "un". Vu que ce jour revient à plusieurs reprises, il est en même temps un et huitième, manifestant par lui-même le jour vraiment un et huitième que le psalmiste rappelle dans l'inscription de certains psaumes, et qui représente par lui-même l'état qui suivra notre temps présent, ce jour sans fin, sans nuit, sans succession, l'éternité sans terme et toujours nouvelle. Il est donc nécessaire que l'Église enseigne à ses disciples de faire leurs prières en se tenant debout, afin que par le continuel rappel de la vie sans fin, nous ne négligions point les moyens d'atteindre ce passage.
De même, toute la sainte cinquantaine des jours après Pâques est un rappel de la résurrection espérée. Car ce jour un et premier, multiplié sept fois par sept constitue les sept semaines de la sainte cinquantaine; commençant et finissant par un, elle déroule ce même un cinquante fois; elle imite ainsi l'éternité, commençant, comme dans un mouvement cyclique, au même point et terminée au même; pendant cette cinquantaine la coutume de l'Église nous a appris à préférer la station debout pour la prière, transportant pour ainsi dire notre esprit du présent à l'avenir par ce rappel manifeste. Par ailleurs chaque fois que nous plions les genoux et que nous nous relevons, nous démontrons en acte avoir été jetés à terre par notre péché et rappelés au ciel par la Miséricorde de Celui qui nous a créés.
Le jour entier ne me suffirait pas pour exposer le sens caché des traditions non-écrites de l'Église. Je laisse tout le reste de côté mais la profession même de la foi, de croire à un Père et un Fils et un saint Esprit, de quelle tradition écrite la tenons-nous ? Si c'est par suite de la Tradition baptismale, selon le principe de notre foi, de devoir croire ce en quoi nous avons été baptisés, que nous confirmons notre profession à notre baptême, alors qu'ils nous permettent aussi de confirmer notre doxologie à notre foi. Si cependant ils rejettent la forme de notre doxologie parce qu'elle n'est point contenue dans la Tradition écrite, qu'ils nous donnent les preuves par la Tradition écrite de notre profession de foi et de tout ce que nous avons énuméré. Après tout cela, alors qu'il y a tant de choses non-écrites et d'une si grande importance pour le mystère de notre foi, ne nous permettront-ils pas d'employer un mot qui est venu jusqu'à nous, transmise par nos pères, et que nous avons trouvé, nous, conservé dans la simplicité de la Tradition des Églises non-perverties, mot qui possède une vertu non des moindres et contribue grandement à la compréhension du mystère ?
92 De la tradition non-écrite.
Quant à dire que la doxologie "avec le saint Esprit" n'est contenue ni dans la tradition ni dans l'écriture, nous répondons qui si l'on n'admet rien d'autre qui ne fût écrit, qu'on n'admette pas cela non plus; si par contre la plus grande partie de la tradition transmise sous le sceau de l'arcane a droit de cité chez nous sans avoir été transmise par écrit, alors nous recevrons cela aussi.
D'ailleurs j'estime qu'il est conforme au précepte de l'apôtre de rester aussi fidèle aux traditions non-écrites : "Je vous loue, dit-il, de vous souvenir de tout ce que je vous ai donné et de garder les traditions telles que je vous les ai transmises"; de même : "Gardez les traditions que vous avez reçues soit de vive-voix soit par lettre"; or l'une de celles-ci, s'il en fût, est la tradition qui nous occupe, que les prédicateurs de la foi ont dès le début transmis à leurs successeurs, et l'ont enracinée profondément dans l'église par une longue pratique, l'usage n'en ayant été interrompu en aucun moment.
Si donc faute d'une preuve par écrit, nous vous présentions, comme cela se fait dans les tribunaux, une foule de témoins, n'obtiendrions nous donc pas votre sentence favorable? Pour moi, je le crois bien : "Car, sur la foi de deux et trois témoins toute chose sera confirmée".
Et si nous vous démontrions que le temps si long déjà écoulé témoigne clairement en notre faveur, n'aurions-nous pas raison de litre que votre accusation contre nous n'est pas recevable? Car les croyances anciennes jouissent d'un préjugé favorable, tirant leur respectabilité de leur antiquité aux cheveux blancs.
DU MEME RECOMMANDATION AUX PRETRES
93 Prends garde à toi, ô prêtre, et à ceux que tu instruis et faites attention en t'acquittant du ministère qui t'a été confié; car on ne t'a pas remis un ministère terrestre, mais céleste, non humain, mais angélique.
Applique-toi à te montrer ouvrier irréprochable, qui marche dans le droit chemin de la vérité. Ne te présentez jamais à la synaxe eucharistique avec des sentiments d'inimitié contre quelqu'un, afin de ne pas éloigner le Paraclet un jour de synaxe. Évite les procès, évite totalement les querelles, reste au contraire caché dans l'église, priant et lisant l'Écriture sainte jusqu'à l'heure de la célébration des divins mystères; présente-toi alors à l'autel avec componction sans regarder de-ci de-là, mais tes tenant devant le Roi céleste avec sainte frayeur et crainte. Ne récite pas en hâte par complaisance humaine et n'abrège pas les prières; pendant la supplication "n'aie égard à la personne d'aucun homme", mais aie le regard fixé sur le Roi qui est là devant toi et les puissances célestes, qui assistent tout autour. Rends-toi dignes des exigences des saints canons. Ne concélèbre pas avec ceux que les canons rejettent.
Vois donc, devant qui tu te présente, comment tu célèbres, à qui tu donne l'eucharistie. Attention, n'oublie pas le précepte du Maître et celui des saints apôtres : "Ne donnez pas, dit-Il, les saints dons aux chiens, et ne jetez pas les perles devant les pourceaux"; "Voyez ces chiens", et le reste.
Prends garde à ne pas céder au respect humain et craindre un homme pour ta ruine; ne livre pas le Fils de Dieu à des mains indignes. Prends garde à ne pas te laisser intimider par aucun puissant de la terre; ne craigne en cette heure-là même celui qui porte la couronne impériale, lorsque tu te présente à l'autel pour célébrer.
Faites attention comment vous remettez le don divin à ceux qui l'emportent dans leurs maisons; je décline, moi, toute responsabilité, c'est vous qui en répondrez. À ceux qui en sont dignes donnez la divine communion gratuitement, comme vous l'avez reçue; ne la donnez pas à ceux que les divins canons ont exclus, car ils sont comptés parmi les païens, et malheur à ceux qui la leur donnent avant qu'ils ne fassent retour à l'église.
Prenez garde à ce qu'une souris ou rien de semblable ne touche aux divins sacrements; que le vent ou la fumée ne l'atteignent point, que des hommes sacrilèges ne l'administrent point.
(Faites attention à la manière de consommer et .purifier les saints dons au terme de la divine liturgie, de peur que dans votre hâte vous ne laissiez tomber par terre une "perle" (particule sacrée); prenez garde à ce que le saint calice ne reste pas avec du liquide et s'en salisse de poussière, et ne vous éloignez qu'après avoir purifié tous les deux vases sacrés.
Faites attention, s'il reste une partie des saints dons, il n'est permis qu'aux seuls prêtres de les consommer. Mais si cela ne peut se faire et que vous ayez sous la main suffisamment d'enfants bien sages, amenez-les, qu'ils les consomment, puis restent à jeun jusqu'à la cinquième heure. Prenez garde à ce que des insectes ne tombent dans le saint calice ou ne se posent sur le pain sacré; prenez garde à ce que rien d'autre ne touche aux divins sacrements).
En observant ces prescriptions-ci et d'autres semblables, vous sauverez
votre âme et celle de vos auditeurs.
DU MEME EXTRAIT DE LA LETTRE A LA PATRICIENNE CESARIA
94 De la communion fréquente.
De communier chaque jour et participer ainsi au saint corps et sang du Christ est bon et utile, puisque lui-même dit : "Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui et il a une vie éternelle".
Qui donc peut mettre en doute que la communion fréquente ne soit l'équivalent d'une vie multipliée? Nous du moins, nous communions quatre lois par semaine, le dimanche, le mercredi, le vendredi et le samedi; aux autres jours aussi, s'il s'y lait la mémoire d'un saint.
Que le lait qu'un homme ait été forcé en temps de persécution, en l'absence d'un prêtre ou d'un ministre du culte, de prendre la communion de sa propre main, ne lut nullement une faute grave, il est superflu de vouloir le prouver, car la longue coutume en atteste la pratique. En effet, tous les ermites, qui vivent dans les déserts sans la présence d'un prêtre, gardent chez eux la communion et se communient eux-mêmes. Bien plus, à Alexandrie et en Egypte, chacun, même laïc, garde la plupart du temps la communion dans sa maison et se communie lui-même quand il veut; car une lois que le prêtre a terminé le sacrifice et a donné la communion, celui qui a reçu toute sa part, en communiant chez lui chaque jour, doit croire qu'il reçoit la communion et communie normalement de la main de celui qui la lui a donnée au début;
car, dans l'église aussi, le prêtre donne la parcelle et celui qui la reçoit la garde en son pouvoir, et puis la porte à la bouche de sa propre main. Or l'effet est le même, qu'on reçoive du prêtre une seule parcelle ou bien plusieurs parcelles à la lois.
DE SAINT BASILE
EXTRAIT DE LA LETTRE AUX HABITANTS DE NICOPOLIS
95 Qu'il faut supporter avec patience les épreuves et en remercier Dieu.
Vous avez bien fait de nous faire parvenir vos nouvelles et de nous les faire parvenir par l'homme même, qui sans aucun écrit eût suffi à nous consoler dans nos soucis et renseigner exactement sûr la situation; nombreuses étaient en effet les questions, que nous voulions voir répondre à quelqu'un qui connu à fond la situation, vu que des rumeurs fausses étaient parvenues jusqu'à nous : tout cela notre très-désiré frère Théodose, notre frère dans la prêtrise, nous l'a exposé avec clarté et en connaissance de cause.
Les conseils donc que nous nous serions données à nous-même, nous les donnons par écrit à votre piété; nombreux sont ceux qui ont eu à subir ce qui vous arrive et cela non seulement dans le temps présent, mais même dans le passé; innombrables en sont les exemples que les récits historiques nous rapportent par écrit ou que nous avons appris de nos ancêtres par la tradition non-écrite; les épreuves pour le Nom du Christ se sont abattues sur les personnes, mais aussi sur les villes, de ceux qui ont mis en lui leur espérance. Et cependant tout est passé et aucune de nos tribulations ne comporte de peine sans terme; de même que la grêle et les torrents et tours les malheurs indépendants de notre volonté, les uns ont pu, très facilement même, nuire et dévaster, d'autres se heurtant à une résistance ont plutôt subi que causé du tort; de même, les violentes épreuves agitées contre l'Église se sont montrées plus faibles que la fermeté de la foi au Christ; et comme le nuage de grêle passa et le torrent fut englouti par le ravin, car celui-là se fondit dans le ciel serein, celui-ci disparut dans le sol, laissant sec et sans humidité le lit qu'il parcourait -, il en est ainsi des malheurs qui vous accablent : encore un peu et ils ne seront plus, pourvu que nous daignions ne pas voir le présent immédiat, mais tenir le regard fixé par l'espérance à ce qui nous attend un tout petit peu plus loin.
L'épreuve est-elle lourde ? Supportons, mes frères, ce qui coûte de la peine, car personne ne conquiert la couronne de la victoire sans blessures dans les luttes et sans s'être couvert de poussière dans l'arène. Ces mêmes tours
du démon sont-ils sans poids et ceux qu'il a envoyés contre nous sont-ils désagréables certes, pour être à un tel Service, mais négligeables, parce que Dieu a joint la faiblesse à leur ruse ? Prenons garde alors à la sentence de condamnation, si nous poussons de hauts gémissements pour de si petites souffrances; le seul objet digne de gémissements, c'est la perte de celui-là même, qui pour une gloire passagère, - si tant est qu'il faille appeler gloire l'inconduite publique de quelqu'un, - se voit privé de l'honneur éternel dû aux justes. Vous êtes les enfants des confesseurs, les enfants des martyrs, qui ont résisté au péché jusqu'au sang; que chacun prenne exemple sur ceux de sa famille pour défendre la vraie foi; aucun de vous n'a subi la torture des peignes de fer; aucun de vous n'a vu sa maison confisquée; nous n'avons pas habité les lieux d'exil, nous n'avons pas fait connaissance avec la prison. Quelle épreuve avons-nous eu à souffrir, à moins que la peine ne soit justement de n'en avoir point et que nous n'ayons pas été estimés dignes de souffrir pour le Christ.
Mais, si c'est parce qu'un tel s'est emparé de la maison de prières, tandis que vous adorez le Créateur du ciel et de la terre en plein air, que vous en avez de la peine, songez que les onze apôtres étaient enfermés dans le cénacle, alors que les juifs qui ont crucifié le Seigneur, accomplissaient les rites judaïques d'adoration dans le fameux temple. Judas, qui a préféré mourir pendu que vivre dans la honte, a montré une conduite préférable à celle de ceux, qui ont perdu toute pudeur devant le mépris général et pour cette raison se montrent impudents devant toute turpitude.
Gardez-vous de vous laisser tromper par leurs discours mensongers, qui affichent la rectitude dans la foi; car ce sont des profiteurs de la foi au Christ, non des chrétiens, eux qui préfèrent à la vie selon la vérité de vivre comme cela les avantage à chaque coup : lorsqu'ils crurent le moment venir d'occuper le siège vacant, ils se rangèrent du côté des ennemis de Dieu; et lorsqu'ils virent leurs peuples s'en effaroucher, ils refirent à nouveau l'attitude orthodoxe. Je ne sais pas si l'on peut les dire évêques; je ne saurais compter pas même parmi les prêtres du Christ celui que des mains sacrilèges ont établi dans sa prélature en vue de la destruction de la foi. Tel est mon jugement. Quant à vous, dans la mesure où vous êtes dans ma communion, vous serez évidemment du même avis; si au contraire vous en faites à votre guise, chacun est certes maître de sa décision, mais nous, nous sommes "innocents de ce sang".
Je vous écris cela, non pas que je manque de confiance en vous, mais pour raffermir la volonté indécise de certains d'entre vous, en leur faisant connaître ma propre pensée; - ainsi certains ne se laisseront pas surprendre d'accepter leur communion, ni ne s'exposeront, aussitôt la paix faite, à de graves difficultés pour se faire admettre dans l'assemblée sacerdotale, en recevant d'eux l'imposition des mains.
Tout le clergé de la ville et celui des campagnes, ainsi que tout le peuple qui craint Dieu, nous les saluons par votre entremise.
DU MEME
AU SUJET DES HÉRÉTIQUES
96 S'il est permis de saluer les hérétiques.
Question. S'il est permis, lorsque par hasard l'on se trouve quelque part en compagnie d'hérétiques, de païens ou de juifs, de prendre un repas avec eux, ou de les saluer.
Réponse.
La salutation simple, c.-à-d, la commune, le Seigneur ne l'a interdite à propos de personne, puisqu'il dit : "Si vous ne saluez que vos amis, que faites-vous d'extraordinaire ? Les païens n'en font-ils pas autant ?" Quant à la commensalité, nous avons, concernant ceux qu'il faut éviter, le précepte de l'apôtre, qui dit : "Je vous ai écrit dans ma lettre de ne point avoir de relations avec les impudiques, mais il ne s'agissait pas absolument de tous les impudiques de ce monde, ni des cupides, ni des rapaces, ni des idolâtres, sinon il vous faudrait sortir de ce monde. Or, j'ai voulu simplement dire que si un homme portant le nom de frère, était impudique ou cupide ou idolâtre ou diffamateur ou ivrogne ou rapace, de nous abstenir même de prendre un repas avec un tel homme".
Philarethe
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la sainte aumonerie

Message par Philarethe »

Extraits de la dernière saint Michel; www.gpdg.org



(...)
En outre le prochain Règlement Général accorde une place prépondérante à la Grande Aumônerie ; on en attendait pas moins du Grand Prieuré des Gaules qui revendique sa spécificité chrétienne et qui ne recrute statutairement que des chrétiens !

L’Aumônerie est un organisme national dont la mission est de se mettre au service du soulagement matériel, moral et spirituel de l’humanité auquel les Ordres constituant le G.P.D.G. sont spécialement voués.

Elle est dirigée par le Grand Aumônier des Ordres, nommé et installé par le Grand Maître National. Il exerce ses responsabilités en harmonie avec les différents Chefs des Ordres constitutifs du G.P.D.G. et a ès qualités les pouvoirs d’un Visiteur National.
(...)


Les chantiers sont nombreux et les coups de pioches et de pelles résonnent sur la voûte qui recouvre nos anciens usages à qui nous devons édifier des écrins sûrs et durables ; sachons avec un vrai désir, avec l’énergie qui a toujours été la nôtre, et avec cette intelligence sensible qui ne nous a jamais fait défaut, nous mettre au travail Soli Deo Gloria, à la Gloire du Grand Architecte de l’Univers, à la Gloire de Jésus Christ, Notre Seigneur et Sauveur.





Au reste, fortifiez – vous dans le Seigneur, et par sa force toute puissante, revêtez – vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diables. Car nous n’avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les dominations, contre les autorités, contre les princes de ce monde des ténèbres, contre les esprits méchants dans les lieux célestes. C’est pourquoi prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour, et tenir ferme après avoir tout surmonté. Tenez - donc ferme ; ayez à vos reins la vérité pour ceinture ; revêtez la cuirasse de la justice ; mettez pour chaussure à vos pieds le zèle que donne l’Évangile de paix ; prenez par-dessus tout cela le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez éteindre les traits enflammés du malin ; prenez aussi le casque du salut, et l’épée de l’esprit, qui est la Parole de Dieu. Faites en tout temps par l’esprit toutes sortes de prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance….. (Épître de Paul aux Éphésiens au chapitre sixième)




Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors ; mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu. Vous avez été édifiés sur les fondements des apôtres et des prophètes, Jésus –Christ lui – même étant la pierre angulaire. En lui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu dans l’Esprit....(Épître de Paul aux Éphésiens au chapitre deuxième)
Philarethe
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Message par Philarethe »

http://www.glnf.asso.fr/provinces/bret/dulac.htm


GRANDE LOGE NATIONALE FRANCAISE PROVINCE DE BRETAGNE

LES RITES RELIGIEUX

par le Père Yves DULAC, Prêtre Orthodoxe, Enseignant en Théologie

Conférence donnée au Cercle Villard de Honnecourt Bretagne, le 28 Mars 1998, à Plérin 22290.

Je veux d’abord dire que je suis très honoré d’avoir à prendre la parole parmi vous aujourd’hui, d’autant que c’est mon évêque, Monseigneur GERMAIN, qui avait été pressenti pour faire cette conférence sur « les rites orthodoxes et leur sens ésotérique ». Mais étant retenu à Paris par d’importantes obligations épiscopales, il m’a demandé de le remplacer, tâche difficile que je vais essayer d’accomplir le mieux possible.

C’est d’ailleurs son enseignement et sa pensée, qui sont l’enseignement et la pensée de l’église Orthodoxe qui constituent le fonds de ce que je vais dire.

Pour traiter des rites orthodoxes et de leur sens ésotérique, je voudrais commencer par des remarques préliminaires sur l’importance des rites et leur fonction.

D’abord, il faut se débarrasser, quand on parle de l’église orthodoxe, de toute vision juridique, moralisatrice, culpabilisante. L’église Orthodoxe a gardé les éléments essentiels de l’Église primitive, au centre de laquelle rayonne, non pas une organisation fondée sur l’autorité, mais le symbole et le rite.

Ensuite, pour l’orthodoxie, la seule méthode de « l’instruction intellectuelle » (par ailleurs nécessaire), faite de cours de théologie, de catéchisme, est totalement insuffisante pour avancer dans la connaissance spirituelle. Cette intuition se retrouve avant le Christianisme chez les philosophes grecs, en particulier Platon, qui sentant l’impossibilité d’exprimer l’essentiel par des formules abstraites, eut recours à des Mythes, c’est-à-dire, en fait, à des symboles, tels que celui de la caverne. On comprend bien que dans cette utilisation des mythes, la pensée intellectuelle, abstraite, cède la place au symbole. Prenons un autre exemple : pouvons-nous définir notre amour pour quelqu’un ? Non, et si nous le pouvions, ce que nous définirions ne serait probablement plus de l’Amour, comme l’évoque André MAUROIS, dans un de ses romans. En revanche, l’amour va s’exprimer par le symbole, signe visible de la réalité invisible : la poésie ( quel est le jeune homme amoureux qui n’a pas essayé d’écrire, même très maladroitement un peu de poésie pour la personne aimée ...) ou les fleurs, ou la musique traduiront évidemment mieux les sentiments qu’un discours philosophique ou scientifique sur l’Amour.

Enfin, la science, par l’analyse et la synthèse peut exprimer le monde objectif, les phénomènes, c’est même son rôle, mais aussitôt que, cherchant Dieu, l’homme se tourne vers le domaine spirituel, apparaît la difficulté : dans cette recherche, l’objet se confond avec le sujet, c’est-à-dire qu’une compénétration se produit entre ce que l’on désire connaître, et celui qui veut connaître. Le savoir se retire devant la connaissance (naître avec) c’est-à-dire, devant la gnose. Ainsi, un enseignement religieux uniquement objectif s’avérera déficient, car, ou bien Dieu ne sera qu’objectif, donc étranger, et tôt ou tard, il apparaîtra comme inutile, inexistant ( c’est probablement tout le sens de l’évolution religieuse occidentale qui s’est développée à partir de la scolastique, et qui a abouti à l’affirmation de Nietzche : »Dieu est mort ») ou bien ce Dieu sera identifié et soumis à une autorité morale qui s’imposera à travers un légalisme de comportement insatisfaisant pour le coeur.

Heureusement, à travers les rites, les symboles, les images, les signes, les analogies, la sagesse de Dieu ne s’impose pas du dehors ni ne demeure extérieure, transcendante, mais elle se propose, laissant à chacun la liberté de communier à cette sagesse, selon son caractère, ses exigences, son cheminement, son évolution, ses nécessités intérieures. Le génie de la liturgie et des rites est de répondre, sans pression ni aliénation, aux diverses catégories de l’être humain.

Voilà pourquoi l’Église Orthodoxe met le symbole (ce qui unit), c’est-à-dire le respect religieux de la liberté de chaque homme, à la place de l’autorité administrative, centralisatrice, j’allais dire « infaillible ».

Je voudrais maintenant montrer que pour l’Orthodoxie, le rite concerne la personne intégrale.

C’est toute la différence entre celui qui écoute une conférence, ou qui est au cinéma, et dont l’Être total n’est pas mis en cause, mais seulement une partie de lui (attention, intelligence, imagination), et celui qui participe à une rite sacré, et dont l’être tout entier est impliqué, mais sans contrainte, dans la préservation de sa liberté.

Ainsi, dans la liturgie, le corps est concerné par les gestes et les attitudes, l’âme est éveillée par les éléments musicaux, et l’intelligence est touchée par la parole et la puissance des mots. De plus, on peut remarquer que les éléments naturels, le pain, le vin, l’eau, le sel, l’huile concernent les sensations. Les prières pénètrent et creusent le coeur, l’instruction fortifie l’esprit et la volonté. De sorte que dès le début du rite liturgique, l’harmonie entre les diverses composantes de l’être est rétablie. On peut à cet égard remarquer la déviation tragique du monde actuel, au moins du monde occidental : l’homme n’est plus un, il est dissocié. Ici, la religion, là l’intelligence, ici la famille, là la profession, ici les passions, là l’attitude sociale, etc...
La pratique liturgique rétablit donc l’unité de l’être humain, elle informe l’homme total. En particulier, elle le fait sortir de ce « moi » que Pascal nommait « haïssable », ce petit « moi » passionnel, changeant selon ses humeurs et les circonstances, confus, qui n’est pas ce que l’on peut appeler le « Je ». En nous invitant à faire des gestes et à réciter des prières qui ne sont pas les nôtres, les rites sacrés nous introduisent au sein des mystères universels.

Prenons des exemples simples : mon petit « moi » est envahi par des sentiments négatifs, parce qu’il est triste, froissé par une parole blessante, et pourtant dans la liturgie il devra chanter l’allégresse de Pâques, l’alléluia, la force de la Résurrection ; ou au contraire, ayant reçu d’excellentes nouvelles, une promotion, un chèque quelconque, il devra chanter les lamentations et les souffrances du Vendredi Saint.

Le rythme sacré amène donc, comme vous le voyez, le moi instable et impressionnable à participer au delà de la dispersion des états d’âme, au delà de l’espace et du temps, à l’Humanité dans son unité, à travers Dieu fait Homme qui se donne à expérimenter. Évidemment, dans cette expérience de l’identification avec l’Universel, nous passons par la meule du dépouillement de soi, mais nous acquérons la Personne, l’Hypostase. On entre là dans un mystère vécu au coeur de l’église : la grande loi de la Mort, et de la Résurrection, de l’universalisation et de la personnalisation.

Ainsi le rite guide le moi capricieux et changeant, sans le plier à des doctrines abstraites, vers un plan où il semble d’abord se perdre pour se retrouver. On sait bien que celui qui poursuit la vraie connaissance subit la même loi : il ne l’atteindra qu’au travers de l’ignorance. La liturgie, le rite, nous rendent en quelque sorte anonymes : nous descendons dans la foule, nous ne sommes plus qu’une voix parmi d’autres, une parcelle de pain sacré, une goutte de l’unique coupe remplie de l’amour universel, mais cette abnégation brise la coquille de notre originalité fictive, et nous donne la possibilité de ressusciter comme une personne libre dans une fraternité libre.

Abordons maintenant la question de savoir comment l’orthodoxie comprend l’Esotérisme.

Pour l’expliquer, il faut partir de la notion de « mystères ». Le mot mystère, pour la tradition orthodoxe, et pour les Pères de l’Eglise, signifie « les choses cachées aux yeux de profanes », des simples curieux, mais qui se dévoilent à ceux qui vont au-delà des apparences, au delà de la connaissance empirique. Le « mystère » est invisible, inexprimable , indéfinissable, pour les gens du dehors, ceux que l’on pourrait appeler les « exotériques » pour reprendre l’expression de René GUENON. Il s’en suit une opposition habituelle des deux termes « ésotérique » (dans le sens de mystérieux), et exotérique, (dans le sens d’extérieur), opposition considérée comme positive par la pensée orthodoxe, car elle signifie seulement qu’il y a des choses qui se découvrent directement, et d’autres qui ne se révèlent qu’à travers une expérience vécue comme signifiante. C’est le cas des rites liturgiques et des sacrements.

A la suite de René GUENON, il est fréquent de dire ou de penser que la religion est exotérique, et le métaphysique, ésotérique. Pour la tradition orthodoxe, cela est inexact : nous pensons que la religion et la métaphysique sont exotériques, alors que la liturgie, ou la messe, est ésotérique, car elle est de l’ordre de la théologie, qui dépasse la métaphysique et la religion. La religion formelle est en effet une obéissance sans connaissance qui exige l’accomplissement des rites dont on ne comprend pas toujours le sens profond. Cela est aussi vrai pour un musulman ou un hindou, que pour un chrétien ou un bouddhiste. L’homme « religieux » transmet sans les comprendre des influences spirituelles à travers une morale vis-à-vis du prochain, et à travers des rites extérieurs accomplis sans connaissance vis-à-vis de Dieu. Quant à la métaphysique, elle est une connaissance sans obéissance, une richesse sans incarnation.

Ainsi, les hommes religieux et les métaphysiciens ont chacun leur valeur, leur mission, leur rôle à jouer, mais ils ne vont pas au coeur de la question qui nous occupe, car le métaphysicien possède la connaissance, sans la réalisation, tandis que le religieux, a la réalisation sans la connaissance. En revanche, la connaissance vraie, la « gnose » chrétienne, comme la nomme St Irénée, ou l’ésotérisme orthodoxe, dépasse les deux plans précédents pour entrer dans le plan théologique, où s’effectue l’union du religieux et du mystérieux avec le Dieu Trinitaire.

En guise d’application, je voudrais maintenant faire une courte évocation du sens ésotérique et théologique de quelques rites chrétiens, en se rappelant que, comme tout ce qui est symbolique, chaque mot, chaque geste, chaque forme, chaque chant, peut être appréhendé et compris à plusieurs niveaux de profondeur.

Comme premier exemple, prenons le geste très simple accompli très fréquemment par les chrétiens : le signe de la croix. Que fait l’orthodoxe quand il se signe ? Il plie soit deux doigts en laissant les trois autres dépliés et joints, soit trois doigts, en laissant les deux autres, dépliés et joints. Les cinq doigts sont ainsi partagés en trois et deux. Ce geste, appris dès l’enfance, est la manifestation du dogme chrétien : la divine Trinité, et l’union des deux natures, divine et humaine, dans le Christ, mais c’est aussi la première initiation aux nombres qui président à l’univers, car tout est basé sur la dualité et la trinité. :



· la dualité comme force d’évolution, de rencontre , de lutte, principe d’action et de transformation : ciel-terre, homme-femme, eau-feu, la finalité et l’unité de ces dualités s’accomplissant dans le Christ, vrai Dieu et vrai homme.

· la trinité comme clé de voûte du monde, principe de connaissance, de contemplation, d’explication. On peut illustrer ce propos en évoquant les triades universelles : matériel, rationnel, spirituel ; Bien, Beau, Vrai (Platon) ; Prêtre, Prophète, Roi ; naissance, croissance, mort ; etc ...



Le signe de la croix s’exécute en touchant le front, la poitrine, puis les deux épaules. La descente du front vers la poitrine représente l’Incarnation, mais cela peut aussi symboliser le fait que la pensée doit descendre dans le coeur, pour que l’action juste puisse s’accomplir.

Il existe une grande différence entre le signe de croix qui part de l’épaule droite pour aller vers l’épaule gauche, ou inversement ; la droite représente la justice, la rigueur, la rectitude ; la gauche représente la miséricorde, le pardon. On utilise d’ailleurs parfois dans le langage courant des expressions telles que « gaucherie » ou « de la main gauche », pour désigner ce qui est maladroit ou hors des règles, rendant le pardon nécessaire. Dans l’orthodoxie, nous commençons par la justice pour finir par la miséricorde, d’où ce symbolisme du signe de croix allant de la droite à la gauche et non pas l’opposé.

Deuxième exemple : les trois cycles liturgiques du jour, de l’année et de la semaine.


· Le jour traditionnel ne commence pas à minuit, mais le soir, comme l’exprime la Genèse : » il y eut un soir, il y eut un matin, ce fut le premier jour « (Gen. 1,5).

· L’année liturgique ne commence pas en Janvier, mais en Automne, avec l’entrée dans le temps de l’Avent destiné à se préparer à la célébration de Noël.

· Quant à la semaine, elle commence liturgiquement le samedi soir, et non le lundi matin.


Ce changement de perspective prend tout son sens dans la vie spirituelle. Si l’on considère l’homme extérieur, l’enfance, c’est le matin, l’âge adulte, le jour, la vieillesse le soir, et la mort, la nuit. On peut aussi associer la vie avec les saisons : printemps-jeunesse, été-maturité, automne-vieillesse, hiver-mort. Mais dans la perspective de l’homme intérieur, de la vie spirituelle, il y a un renversement. Ainsi, on peut imaginer que l’enfance, la jeunesse, sont spirituellement vespérales, mélancoliques, incertaines, indécises. L’homme adulte, préoccupé par sa carrière, sa réussite sociale, l’action extérieure, vit souvent un athéisme pratique, sans vibration religieuse, et que l’on peut associer à une sorte d’hiver spirituel. La vieillesse peut paraître au contraire de l’ordre du printemps, le corps vieillit, mais l’âme s’éveille. Je crois d’ailleurs que C.G.JUNG disait que l’homme ne peut vraiment s’occuper de spiritualité qu’après quarante ans.

A un autre niveau symbolique, on peut remarquer que l’Église fête chaque jour deux lumières : le matin elle chante le soleil levant, et les psaumes ouvrent l’âme à l’émerveillement devant la sagesse divine dans la nature ; le soir, elle bénit en allumant les cierges, une autre lumière, celle de l’intelligence donnée par Dieu, qui permet de fabriquer la lumière artificielle. Le matin, elle bénit dieu pour la nature, le soir pour le progrès de la civilisation. Le matin, l’Église donne la main aux « naturistes » qui s’opposent aux produits chimiques, et achètent « biologique », « naturel », et le soir, elle donne la main aux inventions de l’intelligence et aux techniques les plus avancées. Ainsi, l’Eglise dans ses rites harmonise la nature et la science.

Cette union de la nature et de la culture se retrouve aussi dans la sacrement de l’Eucharistie, la « communion ». Ce que l’on ignore souvent, c’est la signification du choix du pain et du vin par le Christ. Pourquoi n’a-t-il pas pris, par exemple, de l’eau et des fruits ? L’explication est du même ordre que celle des deux lumières. Le Christ a choisi le pain et le vin comme rite sacramentel d’union avec lui parce que ces deux produits unissent les éléments naturels , le blé et le raisin, et le labeur de l’homme. Dans la transformation du pain et du vin en son corps et en son sang, le Christ a transfiguré simultanément le cosmos et l’oeuvre humaine, la nature et la civilisation.

De plus, celui qui regard attentivement le processus évolutif du grain semé en terre, qui pousse vers le soleil, qui devient épi, qui est ramassé, moulu, mêlé à l’eau, pétri, cuit, et devenu pain, celui-là saisit avec exactitude le déroulement de la destinée du monde et de l’évolution spirituelle de l’Homme. On peut dire la même chose pour le raisin.

Le Christ a donc voulu le pain et le vin parce que les deux plantes qui leur donnent naissance, représentent les deux bases du monde et de sa construction : le pain est le symbole de ce qui est nécessaire pour vivre, le vin est symbole de gratuité, de réjouissance, de joie, ce qui peut sembler superflu aux yeux des moralistes.

J’espère avoir un peu contribué à expliquer, à « dévoiler » le sens à la fois simple, car accessible à tous ceux qui cherchent Dieu, et profond des rites orthodoxes.

Je vous remercie de votre bienveillante attention.


Père Yves DULAC
Jeanne Saint Gilles
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Oh là là!

Message par Jeanne Saint Gilles »

Il y avait déjà l'autre prêtre qui est à Vichy et un autre qui apparaît avoir des liens maçonniques. Ne serait-ce pas propre aux clercs en provenance de l'ECOF. Que je sache le Père Dulac est à la paroisse de Louveciennes en ce moment... Une question : ces prêtre aux origines non contrôlées ont-ils été soumis à de bonnes vérifications et a-t-on vérifié qu'ils se soeint repentis de leurs errements maçonniques? Ceci est réellement inquiétant : j'espère que les évêques veillent au grain...
Jérusalem quand pourrai-je te voir?
Monique
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Message par Monique »

On ne peut pas mettre sur le même plan Jean-François Var et le père Yves Dulac :
L’un se déclare franc-maçon et orthodoxe, ce qui est incompatible ;
L’autre, mandaté par son évêque, n’a fait qu’une conférence. Si cela était inopportun et imprudent, c’est l’évêque qui en est responsable.

Par contre, dès le titre je me pose des questions sur l’orthodoxie de la conférence : « les rites orthodoxes et leur sens ésotérique »

Et nous avons à travers cette conférence un bel exemple de l’enseignement de l’évêque Germain :
« C’est d’ailleurs son enseignement et sa pensée (de l’évêque Germain), qui sont l’enseignement et la pensée de l’église Orthodoxe(l’évêque Germain serait-il déjà père de l’Eglise ?) qui constituent le fonds de ce que je vais dire. »
Je suis aussi étonnée que, pour une conférence sur l’orthodoxie, un seul père de l’Eglise est cité au milieu de philosophes et écrivains divers :
St Irénée
C.G.JUNG
André MAUROIS
Pascal
René GUENON
Platon

Je me pose aussi des questions sur ce que veut dire « le sens ésotérique des rites orthodoxes ». Dans son explication du signe de la croix, Yves Dulac semble mettre l’initiation aux nombres sur le même plan que les dogmes de la Trinité et de l’Incarnation.
« Ce geste (signe de croix), appris dès l’enfance, est la manifestation du dogme chrétien : la divine Trinité, et l’union des deux natures, divine et humaine, dans le Christ, mais c’est aussi la première initiation aux nombres qui président à l’univers, car tout est basé sur la dualité et la trinité. »
Ce genre d’enseignement je l’ai lu et entendu mainte fois quand j’étais à l’ECOF : livres de monseigneur Jean de St Denis, livres et conférences de l’évêque Germain

Quant à l’enseignement sur les deux lumières l’une naturelle et l’autre technique, je l’ai aussi entendu dans les conférences de Germain :
« Le matin, elle(l’Eglise) bénit dieu pour la nature, le soir pour le progrès de la civilisation. Le matin, l’Église donne la main aux « naturistes » qui s’opposent aux produits chimiques, et achètent « biologique », « naturel », et le soir, elle donne la main aux inventions de l’intelligence et aux techniques les plus avancées. Ainsi, l’Eglise dans ses rites harmonise la nature et la science.»
Mais où est donc passé la Lumière incréée ?

En conclusion, ce qui me désole, ce n’est pas que le père Yves Dulac ait fait une conférence chez les francs-maçons, mais c’est ce qu’il a dit.

Jeanne Saint Gilles demande si ces prêtres se sont repentis de leurs errements maçonniques, moi je demande : est-ce qu’ils se sont repentis de leurs errements écofiens ?
Monique
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Message par Monique »

Au sujet de la Franc-maçonnerie, j’ai relu le fil « vieux calendariste et franc-maçon » dans lequel Lecteur Claude fait une bonne présentation des Francs-maçons, et en particulier des loges qui se disent chrétiennes. A cette lecture, je comprends que le discours d’Yves Dulac est totalement conforme à la vision spirituelle de la loge de Jean-François Var . On y retrouve entre autre l’ésotérisme sur les nombres.

Lecteur Claude donne un site
www.faits-et-documents.com/archives/123.pdf
dans lequel on trouve un récapitulatif du parcourt de Jean-François Var :
"Jean-François Var vient de prendre la direction des comptes rendus analytiques du Sénat.
Visiteur général des loges écossaises rectifiées de la Grande Loge nationale française, il préside la Societas Rosicruciana in Gallia (SRIG) et appartient à la Fraternelle parlementaire. Issu d’une famille catholique romaine, cet ancien élève des écoles catholiques s’est séparé de l’Eglise romaine vers 1973, étant très attaché aux rites traditionnels. Entré en franc-maçonnerie en 1977, il s’est converti à l’orthodoxie sous l’influence de René Guénon. Cofondateur de la loge RER Rosa Mystica de la GLNF, il s’est alors converti à l’orthodoxie dont il est devenu diacre en 1987 et a été ordonné prêtre en 1998 dans le cadre de l’Eglise orthodoxe de France (ECOF) par Mgr Germain de Saint-Denis (il a retracé son parcours dans Renaissance traditionnelle, juillet 1996)."
J’ignorais que le Jean-François Var de l’ECOF était le même que celui du Sénat.

Les errements écofiens et les errements maçonniques semblent en effet très proches.
Glicherie
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Message par Glicherie »

Interessant: le débat sur le jumeau de notre forum sur le web roumain, au sujet de la franc-maçonerie, et les liens sur les positions de l'Eglise Roumaine.


http://www.forum-ortodox.com/viewtopic.php?p=318#318
Antoine
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Message par Antoine »

Je vous rappelle que ce forum est de langue française.
Merci de traduire faute de quoi nous supprimons le message.
Glicherie
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Inscription : ven. 18 juin 2004 14:41

Message par Glicherie »

Pardon!

Je n'ai pas le temps de traduire, mais peut être suffi il de laisser le lien pour ceux qui peuvent lire roumain?
Irène
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Message par Irène »

J'avais, dans la rubrique d'accueil, écrit ceci :


Auteur Message
Irène



Inscrit le: 30 Sep 2003
Messages: 237

Posté le: Dim 26 Sep 2004 15:48 Sujet du message: ACCUEIL GIGELCHIAZNA

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Bienvenue à vous,

Je suis allée rendre visite à votre site, et je vous félicite du travail effectué ; j'ai également apprécié le choix de sites que vous avez réalisé et je vous remercie d'y avoir mentionné le calendrier des Saints de notre forum.
Le choix de l'artiste est également intéressant et, personnellement, j'aime beaucoup son travail.
Les membres de notre forum ne manqueront pas d'aller vous rendre visite et cela fera très plaisir à nos amis roumains qui participent à notre forum.
Avez-vous le temps et la possibilité de vous rendre sur notre forum ? Cela nous ferait plaisir de vous y lire.

Que Dieu bénisse votre arrivée sur le forum.

Voici l'adresse du site complet :
http://chiazna.com/
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Faute de temps, je me contente de traduire le passage le plus intéressant des messages reproduits par Glicherie, celui qui est présenté comme une la position officielle de l'Eglise orthodoxe de Roumanie par l'administrateur de notre homologue roumanophone dans son message du 21 septembre 2004 .


Scopul Francmasoneriei stă în legătură cu soarta întregii omeniri. F.M. luptă pentru o anumită direcţionare, pentru o anumită ţintă a întregii vieţi omeneşti colective şi individuale. Care este acest scop? Dintr-o mulţime de mărturisiri masonice şi din descifrarea sensului ce se desprinde din toată activitatea de până acum a F.M., rezultă că acest scop este: întemeierea unei republici mondiale, condusă de francmasoni. O republică cu desăvârşire laică, cu o omenire îndobitocită de mizerie şi de patimile inferioare dezlănţuite.

Ma traduction:

L'objectif de la franc-maçonnerie est en rapport avec le sort de l'humanité tout entière. La FM lutte dans une certaine direction, vers un certain dessein qui concerne la vie humaine tout entière, collective et individuelle. Quel est ce but? D'après une multitude de témoignages maconniques et en décryptant le sens de toute l'activité de la FM jusqu'à aujourd'hui, on aboutit à la conclusion que ce but est la fondation d'une république mondiale conduite par les francs-maçons. Une république avec un parachèvement laïc, avec une humanité abrutie par la misère et des passions inférieures déchaînées.


Remarques:

Grâce au renvoi que Glicherie a mis vers le forum roumain et vers le renvoi que celui-ci contenait, j'ai pu enregistrer le texte complet, ce qui permettra éventuellement d'en traduire certains passages (le texte complet est trop long: 26 pages). Il s'agit d'une condamnation de la franc-maçonnerie votée le 11 mars 1937 par le synode de l'Eglise orthodoxe roumaine sur rapport du célèbre métropolite Nicolas (Balan) de Sibiu et de Transylvanie. Cette condamnation suivait de peu celle prise par le synode de l'Eglise de Grèce en 1933 (et renouvelée par celui-ci en 1993).

Evidemment, comme la Roumanie était à l'époque un allié privilégié de la France, et subissait donc les mêmes fortes influences que les deux autres membres de la Petite Entente, on a l'impression, en lisant la description de la République mondiale rêvée par les francs-maçons, de lire une description de la IIIème République française dans toute sa splendeur. Le jugement du synode roumain sur la franc-maçonnerie était donc fortement influencé par le visage laïcisant et anticlérical qu'aimait à se donner la franc-maçonnerie dite "latine" (le Grand Orient de France et tout ce qui s'y rattache). Peut-être que si le synode avait connu d'autres obédiences qui arborent un autre visage (franc-maçonnerie anglo-saxonne et ses pseudopodes francophones du type GLNF en France ou Grande loge Alpina en Suisse, Memphis-Misraïm, Grand Prieuré des Gaules), il serait peut-être arrivé à la conclusion que la République universelle dont rêve la FM n'est pas tant laïque que relativiste visant à fonder une nouvelle religion sur la base de l'affaiblissement et de la relativisation de toute idée de révélation. D'où le fait que la FM arrive aussi à prendre des masques pas du tout laïcs, comme la magie de Cagliostro chez Memphis-Misraïm, la référence aux ordres de moines-soldats au GPDG, l'Islam dans les loges prétendument soufies se réclamant de Guénon, l'anglicanisme bon teint à Londres, la recherche d'ordinations d'évêques vagants ou déposés un peu partout, etc. etc.
Mais quelle belle remarque de la part du synode à propos des "passions inférieures déchaînées" auxquelles un tel relativisme ne peut que conduire.

Sur le plan pratique, je suis la suggestion de Glicherie: pour garder le caractère francophone du forum, je supprime les autres passages du texte roumain et maintiens le lien très utile qu'il a eu l'amabilité de nous donner à l'usage de ceux qui lisent le roumain.
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