Agrypnie

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Monique
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Agrypnie

Message par Monique »

Bonjour,
Quelqu’un pourrait-il me dire ce qu’est une agrypnie ?

J’en ai vécu une l’année dernière et je me suis laissée porter par la prière sans me poser de question.
Nous avons prié plusieurs heures le soir et terminé par la liturgie.

Que signifie le mot agrypnie ?
Quels sont les offices qui peuvent être intégrés à une agrypnie ?
Dans quelles circonstances peut-on célébrer une agrypnie ?

Merci à tous
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Agrypnie est un mot grec qui signifie “vigilance”.

Je connais très mal les questions liturgiques (c’est une de mes lacunes), mais il faut rapporter ce mot à l’une des formes de l’ascèse monastique qui est de réduire le sommeil, non seulement pour humilier le corps, mais parce que la nuit est un moment favorable à la prière. Un des champions en la matière fut de nos jours saint Jean Maximovitch, archevêque de Shangaï et de San-Francisco de l’ÉRHF (après avoir été évêque d’Europe occidentale). Il passait des nuits en prières et ne cédait au sommeil que pour une durée incroyablement courte. J’espère qu’un jour nous aurons la possibilité de lire en français la vie de cet homme extraordinaire, qui fut non seulement un thaumaturge, mais aussi un évêque orthodoxe et l’Apôtre de l’Occident.

Dans le monachisme orthodoxe, la plupart des moines n’atteignent pas à de tels prodigieux exploits, mais dans la quasi-totalité des monastères, on célèbre plusieurs fois par an des offices qui portent ce nom et qui durent de la tombée de la nuit jusqu’au petit matin. Ces agrypnies ont généralement lieu plusieurs fois dans l’année, pour certaines fêtes et pour la mémoire de certains saints et les Typika des monastères les prévoient. Une agrypnie archo-complète s'ouvre sur l'office de None, puis les Vêpres, puis souvent une Litie, puis l'Apodeipnon, puis le Mésonyktikon, puis les Matines, puis la Liturgie terminée par l'office de Prime.

De tels offices reprennent une vieille pratique de l’Église ancienne, qui célébrait par ce triomphe remporté sur l’obscurité de la nuit et sur la fatigue corporelle, une anticipation de la venue du Jour du Seigneur. Il nous en reste les Vêpres du samedi soir et l’office des Vigiles de dimanche matin suivi de la Liturgie dominicale (qui est toujours une célébration de la Résurrection et une anticipation du Royaume). Dans les paroisses, les agrypnies ont pratiquement disparu, sauf pour Pâques, mais un peu partout des groupes de fidèles pieux aiment à se réunir pour des agrypnies, en plus de la vie des paroisses.

Le cadre d’une agrypnie est très propice à la prière et correspond à un premier pas vers l’ascèse chrétienne. Les agrypnies sont en général considérées par tout le côté institutionnel des Églises établies comme des fantaisies obscurantistes, attardées et périmées, et bon nombre de paroisses les rejettent avec mépris (même parmi celles qui s’affirment très conservatrices en matière liturgique).

Il faut reconnaître que participer à une agrypnie pose de grandes difficultés en regard des exigences de la vie professionnelle et familiale moderne. Elles supposent un effort ascétique encore plus difficile qu’aux époques de civilisation chrétienne et rurale. Ce devrait être une raison de plus pour reprendre cette tradition à l’usage de ceux qui recherchent la prière et qui trouveront dans cet effort de vigilance nocturne une de ses formes de base. Mais il ne faudrait pas que cette recherche de prière soit une occasion pour perturber la vie paroissiale régulière. Il ne faudrait pas que des groupes pieux en prennent prétexte pour se démarquer de la vie paroissiale ordinaire. Il y a là une conciliation souvent très difficile à négocier.

N’oublions jamais que la prière est une œuvre difficile et multiforme, qu’il ne faut exclure ni l’effort de prière personnelle, ni la vie communautaire, ni l’ascèse, ni, ni...
Jean-Louis Palierne
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Yiannis
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Message par Yiannis »

En Grèce on a commencé de nouveau à faire des agrypnies à partir des années 70 et surtout 80. Plus tôt, elles étaient limitées dans des milieux soit monastiques soit pro-monastiques. Aujourd'hui il y a d'habitude plusieurs agrypnies chaque semaine à Athènes, dans des églises différentes, et encore plus peut-être à Thessalonique. Ma paroisse, par exemple, dans la banlieue d'Athènes, célèbre une agrypnie à peu-près tous les mois. Il y a des paroisses qui célèbrent une agrypnie 2 ou même 3 fois par mois.
On célèbre des agrypnies à l'occasion de la fête d'un saint ou d'une fête du Seigneur ou de la Vierge. Le typicon peut varier, mais le standard est: Vêpres, Bénédiction du pain (artoklasia), Matines et Liturgie. On peut y ajouter les Complies, entre Vêpres et Matines, ou bien une Paraclèse ou l'Acathiste. La plus grande agrypnie à Athènes, et peut-être la plus belle aussi, est celle à l'honneur de saint Georges le Nouveau Hieromartyr de Neapolis de Cappadoce, dans une église de la banlieue d'Athènes, où on garde ses reliques intactes. Elle dure autour de 8 heures (3 novembre). L'agrypnie au monastère Saint-Syméon le Nouveau Théologien, près d'Athènes, pour le saint patron dure 12 heures (12 octobre)! Il en est ainsi pour les grandes agrypnies du Mont Athos.
Les fidèles en Grèce aiment beaucoup les agrypnies et les églises sont toujours pleines. On voit aussi que le plus souvent les gens sont plus concentrés durant les agrypnies que durant les offices se déroulant dans la journée.
Je voudrais bien savoir si l'on a commencé à célébrer des agrypnies en France aussi. On ne le faisait pas quand j'y étais étudiant, il y a plus qu'une dixaine d'années.
Monique
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Message par Monique »

Merci Jean-Louis pour toutes ces explications.
Ce que j’ai vécu n’était donc pas véritablement une agrypnie, mais une veillée de prière un peu plus longue que d’habitude, car elle ne s’est pas terminée trop tard, et n’a pas durée jusqu’au matin.
Par contre, vous utilisez des termes que je ne connais pas :
- Litie,
- l'Apodeipnon
- le Mésonyktikon

Pouvez-vous m’en donner des explications ?
pascal
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Message par pascal »

bonjour,

j'ai trouvé les textes suivant sur le net:

Structure de l'office d'Agrypnie à Saint Sabbas,
telle qu'elle est célébrée tous les ans la nuit du 17 au 18 décembre dans l'archeveché des églises russes en Europe occidentale depuis 1999


Voici quelques remarques rapides, destinées à permettre aux personnes intéressées à davantage rentrer dans l'office et suivre le cheminement de celui-ci. Il s'agit d'un aperçu rapide, partiel et non rigoureux, préssupposant quelques connaissance de base sur l'ordo des vigiles.

L'office d'agrypnie comprend des vêpres, des matines et la première heure.
Il est suivi de la troisième et la sixième heure (le cas échéant, les heures ne sont pas lues), puis de la divine liturgie.
L'office est célébré dans son intégralité en suivant exactement les prescriptions du Typikon de Jérusalem.

Afin de pouvoir tenir vocalement toute la nuit, et selon les prescription du Typikon, deux ch½urs sont nécessaires pour une telle célébration. Certains chants sont antiphonés : les ch½urs chantent alternativement chacun des versets du chant - c'est le cas de tous les psaumes chantés. D'autres chants sont chantés par les deux ch½urs en même temps, au milieu de la nef. C'est le cas du théotokion dogmatique, de Lumière joyeuse, des apostiches, des katavassia du canon...
Les autres chants sont chantés par un choeur pour un hymne, puis par l'autre choeur pour l'hymne suivant.

Un livre (épuisé) a été édité en 1999 suivant le texte de l'agrypnie de la première année. Il se trouve qu'en 2004, l'occurence liturgique est exactement la même que cette première année (samedi, ton 3). L'office est donc précisément celui du livre de l'agrypnie.

L'office est majoritairement célébré dans l'obscurité, à l'exception de quelques moments liturgique particuliers (polyeleos notamment). La liturgie est entièrement célébrée avec l'église éclairée.

Vêpres
Psaume 103, chanté sur une mélodie ornée dans son intégralité, antiphoné
Premier cathisme, première stance (psaumes 1,2,3) chantée dans son intégralité, antiphonée.
Psaumes du lucernaire (commençant par "Seigneur, je crie vers toi, exauce-moi) chantés dans leur intégralité, antiphonés. Les stichères sont chantés alternativement par chacun des deux choeurs. À Gloire, les deux ch½urs se retrouvent au milieu de la nef, jusqu'à Lumière joyeuse.
Prokimenon du soir, et lectures vétéro-testamentaires.
Prière du soir : Daigne, Seigneur,
Litie : stichères et prières, dans le nartex.
Apostiches : dans la nef.
Cantique de Syméon lu par le recteur.
Tropaires.
Que le nom du Seigneur soit béni dès maintenant et à jamais.
Psaume 33 (début du psaume) antiphoné. Fin de l'office des vêpres.

Lecture de la vie de Saint Sabbas - 1ère partie


Matines
Hexapsalme : tout le monde se lève et écoute attentivement, sans faire de signe de croix ni métanie au milieu de la lecture.
Le Seigneur est Dieu, suivi des tropaires.
Cathismes (lecture du psautiers) lus dans leur intégralité (2 cathismes complets), séparé par des sédalènes, et une homélie de Saint Jean Chrysostome sur l'Evangile du jour.
Polyéleos antiphoné, suivi du mégalynaire à Saint Sabbas (le refrain du mégalynaire est repris après chaque verset).
Lecture de la vie de Saint Sabbas - 2ème partie.
Lecture de l'Evangile,
Première antienne des degré, ton 4 : Depuis ma jeunesse,
Prokimenon des matines (& Que tout souffle loue le Seigneur), suivi de la lecture de l'Evangile.
Psaume 50 antiphoné.
Stichères après l'Evangile (...par les prière de Saint Sabbas, ô miséricordieux, efface le grand nombre de nos péchés...)
Le canon est chanté dans son intégralité (hirmi et tropaires tous chantés, alternativement par les deux ch½urs, katavassia chantées par les deux ch½urs rassemblés au milieu de la nef). Les tropaires sont intercalés entre les versets des cantiques biblique des neuf Odes, systématiquement omis (exception faite du magnificat à la 9ème ode) dans l'usage paroissial . Sédalène et lecture de la vie de Saint Sabbas (3ème partie) après la troisième ode; kondakion, ikos et prologue après la sixième ode; magnificat ouvrant la neuvième ode.
Laudes chantées dans leur intégralité (antiphonées), et stichères.
Grande doxologie, tropaire, litanies et congé.
Après le congé, le choeur chante une stichère à Saint Sabbas,
puis lecture de l'heure de prime.


Liturgie
La liturgie ne subit aucune nuance substancielle par rapport aux liturgies célébrées dans les paroisses de tradition russe, à l'exception des béatitudes, où sont intercalés des tropaires entre les derniers versets. Les antiennes sont - comme leur nom l'indique - antiphonées. La liturgie des fidèles est majoritairement chantée par les deux ch½ur au milieu de la nef.

http://starynkevitch.net/Jean/structure_agrypnie.html


Agrypnie à Saint Sabbas le sanctifié
Cathédrale Saint Alexandre Nevsky
12 rue Daru - Paris 8ème - Métro Courcelles


Début de l'office : Vendredi 17 décembre 2004 - 20h00

Fin de l'office : Samedi 18 décembre - 6h environ, suivi d'un petit déjeuner ensemble



Depuis 1999 l'archevêché des églises de tradition russe en europe occidentale, exarque du Patriarchat de Constantinople, célèbre tous les ans un office complet d'agrypnie (veillée pendant toute une nuit) selon les règles prescrites par le typikon slave de Jérusalem, nous donnant ainsi la possibilité de prier toute une nuit.
Un tel office reste aujourd'hui un point de référence de la Vigile actuellement célébrée les veilles de dimanche et de fête dans les paroisses de tradition russe.
Pour un certain nombre de raisons (quelques unes évidentes, d'autres moins), les agrypnies ne purent être célébrées pendant toute une nuit de manière régulière, ce qui aboutit, vers le milieu du XVIIème siècle à une réduction de l'Agrypnie à un office de 2 à 3 heures.
Ci-dessous : un texte explicatif de l'archimandrite Job (archidiacre à l'époque), introduisant la première agrypnie en 1999.

Pourquoi vouloir célébrer une agrypnie selon le Typikon ?
Qu'est-ce qui a bien pû pousser un groupe de jeunes gens à vouloir célébrer une agrypnie selon les prescriptions du Typikon à la veille de l'an 2000 ? Un excès de zèle piétiste négligeant les besoins pastoraux de notre époque ? Un ritualisme poussé à son extrême voulant produire une mise en scène spectaculaire ? Une certain nostalgie pour les temps anciens ? Un désir extravaguant pour une expérience hors de l'ordinaire ?
Je dirais sincèrement : pour aucune de ces raisons. Ce qui est à l'origine de ce projet qui, j'en conviens, peut paraîte inhabituel et grandiose, est avant tout le désir de mieux connaître les origines et le développement de la tradition liturgique de l'Église et de mieux en saisir le sens. C'est aussi celui de partager une expérience spirituelle intense et enrichissante que certains d'entre nous ont pû vivre dans un monastère, que ce soit au mont Athos, en Russie ou en France, avec d'autres qui n'en ont pas encore eu l'occasion. D'où le double aspect de notre projet à la fois didactique et spirituel.
D'une part, ce projet arrive en quelque sorte à contre courant d'un époque où il est devenu habituel de vouloir, à tort ou à raison, réduire les offices de nos paroisses; une époque où le Typikon est malheureusement trop souvent considéré comme un livre désincarné des réalités, vieilli et dépassé.
D'autre part, très souvent, un certain « mythe » s'installe parmi nous voulant que les offices, tels qu'ils sont célébrés dans nos églises, sont tombés « directement du ciel » , et que cette façon de faire est tout à fait traditionnelle. Or, une telle conception ne colle pas aux réalités de l'histoire qui témoignent de l'évolution progressive de la liturgie au fil des temps. Le Typikon s'est constitué au fur et à mesure que l'expérience vivante de la prière commune de l'Église se modelait, grâce, d'une part, aux principaux foyers monastiques et à leurs nombreux ascètes qui ont brillé par leur perfection spirituelle, et d'autre part, suite aux nouveaux besoins et aux transformations que l'Église a connu au cours des temps. Finalement, le Typikon s'est cristallisé dans la forme qui nous est parvenue aujourd'hui et qui ne constitue rien d'autre que l'expérience de la vie de prière de nos Pères saints et théophores mise par écrit.
D'origine monastique, le Typikon peut être difficilement appliqué exhaustivement dans les conditions d'une paroisse, trop dépendante des divers soucis du monde. Mais, si une certaine adaptation s'impose, elle doit se faire dans l'esprit du Typikon et conserver ce que nous pourrions appeler « l'intelligence de la liturgie ». De telles tentatives d'adaptation paroissiale du Typikon ont été faites aux cours des quelques siècles ayant suivi les publications définitives de celui-ci. Nous ne voulons aucunement les condamner et les remplacer. Toutefois, pour mieux saisir l'esprit et l'intelligence du Typikon, nous avons jugé nécessaire de mieux se familiariser avec ses prescriptions en préparant un office « intégral » , ce qui éventuellement pourra nous amener à porter un plus juste jugement sur les pratiques courantes. Nous avons ainsi repris l'idée lancée au début du siècle par un grand liturgiste de Kiev, M. Skaballanovitch (1871-1927) et qui, une fois réalisée, fut une expérience édifiante et enrichissante pour tous les participants à cet office.
Ainsi, l'aspect didactique de notre projet veut nous amener à prendre conscience de l'évolution de notre héritage liturgique, et du long cheminement de l'Église pour en arriver à ce point, afin de mieux apprécier la richesse, la beauté et la profondeur des offices que nous avons l'habitude de célébrer. D'une part, nous voudrions sensibiliser au fait que le Typikon n'est pas une règle opprimante qui nous a été imposée arbitrairement, mais au contraire, un guide qui a été modelé pour nous aider dans la prière de façon intelligente et édifiante.
Si le côté didactique d'un tel projet peut paraître considérable, il y a par-dessus tout un but spirituel à notre entreprise. Si l'agrypnie est née dans un milieu, une époque et des conditions bien précis, elle incarne d'une certaine façon l'invitation de Saint Paul à « prier sans cesse » . Elle reprend l'ascèse de nos saints Pères qui ont passé des nuits entières dans le jeûne et l'oraison, et nous invite à notre tour à mettre en ½uvre la vigilance de notre âme tous les jours de notre vie. En effet, lorsqu'une agrypnie est célébrée de la façon dont elle avait été initialement conçue, c'est-à-dire en durant pratiquement toute la nuit, non seulement notre âme mais également notre corps sont invités à toute une ascèse : celle de nous dépasser, de surmonter nos désirs corporels et matériels, pour la gloire de Dieu, et ainsi, d'aider l'âme à se libérer du joug des nombreuses pensées et des nombreuses passions qui ne cessent de lui faire la guerre.
Ayant ainsi expliqué l'intention de notre projet, nous souhaitons que l'office que nous nous préparons tous ensemble à célébrer soit non seulement une communion à l'assemblée des saints, dont Saint Sabbas est un digne représentant, mais également une expérience enrichissante et édifiante pour la vie spirituelle de chacun, et qu'elle nous fasse mieux apprécier et participer à la la liturgie notre Église, célébrée depuis les siècles jusqu'à nos jours, même à des dimensions réduites. Enfin, nous espérons qu'une telle tentative ne sera pas qu'une expérience isolée, mais qu'elle se transformera en une tradition ecclésiale bien enracinée dans notre Archevêché.
Archimandrite Job - 1999

http://starynkevitch.net/Jean/structure_agrypnie.html
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Des essais d’agrypnies ont eu lieu à diverses reprises dans diverses paroisses de Paris.

En lisant le texte du père Job (qui a été écrit à l'occasion de l'une de ces tentatives), je suis heureux de constater que nous sommes d’accord sur l’essentiel, et sur l’intérêt spirituel des essais faits pour retrouver les offices d’agrypnie, et sur les difficultés que rencontrent ces tentatives. Les modernistes taxent ces tentatives de piétisme, les traditionnalistes ne pensent qu’à l’observation des rubriques. J’ajouterais aussi qu’il y a des gens qui donnent une priorité absolue à ca qu’ils appellent la prière pure.

Pour répondre à Irène-Marie, l’Apodeipnon est l’office du soir (Apo-deipnon = après diner), qui prend donc la place dans l’office byzantin que les Complies occupent dans l’office bénédictin. Le Méso-nyktikon, comme son nom l’indique est un office qui (devrait être) chanté au mieu de la nuit, dont l’hymnographie, très peu connue du public et je pense pas encore traduite en français, est un splendide hymne trinitaire, un traité de triadologie en strophes poétiques réparties un peu au hasard selon les jours de la semaine et selon les huit tons.

Je ne peux pas dire grand chose sur la Litie, étant donné mon incompétence liturgique. C’est un office supplémentaire qui vient s’intercaler après les Vêpres les jours de fête.
Jean-Louis Palierne
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Jean Starynkévitch
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Quelques mots sur l'histoire de l'agrypnie (N. Ouspensky)

Message par Jean Starynkévitch »

Bonjour,

Une agrypnie est effectivement une veillée de prières d'une nuit, célébrée les jours de grandes solennité (fêtes).
Dans la tradition liturgique russe, cet office a été raccourci avec le temps pour devenir la Vigile des fêtes et des dimanche (ce qui explique qu'aujourd'hui, dans cette Vigile, les matines se retrouvent célébrées le soir).

J'aurais également volontiers signalé le texte du Père Job que j'ai mis sur mon site personnel (dans le but, comme indiqué, de la préparation d'une agrypnie à Saint Sabbas, vendredi 17 décembre prochain à la cathédrale russe Saint Alexandre Nevsky rue Daru), mais le copiage a déjà été fait.

Sur l'histoire de l'agrypnie, voici quelques mots de N. Ouspensky, extrait de "Pravoslanaia Vietchernia, Bogoslovkie troudy n°19, 1978, pp68-69" (ce que je copie est une traduction insérée dans un livre éditée lors de la première célébration en 1999 dans l'archeveché de Daru de l'agrypnie à Saint Sabbas).

Quelques mots sur l'histoire de l'agrypnie
N. Ouspensky

L'office de l'Agrypnie, qui en tant qu'office nocturne prit forme dans le contexte particulier de l'église de la Résurrection à Jérusalem, survécut à travers les temps dans les monastère où le rythme de vie et l'aspiration à l'exercice de la prière nécessitaient un tel office. C'est le cas tout d'abord de la Laure Saint Sabbas le Sanctifié, puis du monastère de Saint Siméon de la Sainte Montagne à Antioche. À cela il faut ajouter le Mont Athos, connu pour la vie austère de ses moines. La règle cénobitique de la majeure partie des monastères athonites ne nécessitaient pas l'existence de l'agrypnie. Le monastère principal de la Sainte Montagne, la Laure Saint Athanase, reçut de celui-ci une règle selon laquelle il fallait officier les Vêpres et les Matines aux heures qui leur étaient destinées. Ce n'est que plus tard que la Laure préféran comme les autres monastères athonites, le Typikon de Jérusalem. Comme s'ils voulaient rivaliser dans la magnificence liturgique, les monastères athonites introduisaient dans l'agrypnie leurs propres traditions liturgiques et formaient sur cette base leur propre Typikon, qu'ils utilisent jusqu'à présent.
À la même époque, l'Église de Grèce dans sa quasi-totalité accepta le Typikon de Jérusalem. Cela pour deux raisons essentielles : d'une part l'autorité incontestable de ce Typikon à travers tout l'Orient orthodoxe et, d'autre part, le fait que ce Typikon, ayant pour base les offices en cellules, était utilisable pour la réalisation des offices de l'Horologe dans les petites communautés et les paroisses, ce qui était d'une importance capitale dans cette période de décadence de la vie ecclésiale au Moyen Orient, décadence due à des circonstances politiques déplorables : l'occupation de Constantinople par les croisés, puis l'occupation des provinces orientales de l'empire byzantin par les turcs et enfinla chute de cet empire. En ce qui concerne l'Agrypnie, elle perdit à cette époque ces particularités et originalités remontant à la création au teps de Saint Sabbas, qui permirent au Typikon de Jérusalem de s'imposer dans toute la Palestine. L'Agrypnie se raccourcit au fil du temps et malgré cela restait irréalisable dans les paroisses. Finalement, le Patriarcat de Constantinople dût en 1838 rédiger le « Typikon selon le rite de le Grande Église du Christ » à l'usage des paroisses, dans lequel à la place de l'Agrypnie il est indiqué d'officier les grandes Vêpres le soir, et les Matines « avec polyeleos » le matin.
Au cours de la seconde moitié du XIXème siècle, ce Typikon fut traduit en bulgare et accepté pour l'usage des paroisses et monastères de l'Église de Bulgarie.
Dans l'Église russe, le Typikon de Jérusalem apparut plus d'un demi-millénaire après le Baptême de la Russie en 988. Durant cette période se formèrent des traditions particulières fondées sur la pratique de l'asmatike akolouthia du Typikon de la Grande Église de Constantinople (Sainte Sophie). Le rapport étroit entre le peuple croyant et l'Église, l'amour de ce peuple envers la liturgie et le chant l'église ainsi que le très grand respect du rituel, qui était perçu comme la manifestation visible des mystères innaccessible de la foi, tout cela fit que les traditions multi-séculaires furent intégrées à l'office de l'Agrypnie et comblèrent les lacunes apparues dans la pratique répandue dans l'Orient Orthodoxe. Il en résulta un paradoxe historique.
Ce même Typikon de Jérusalem dans sa rédaction constantinopolitaine, qui devint lettre morte dans l'Orient orthodoxe, se trouva être une superbe parure de la liturgie athonite et russe. Au milieu du XVIIème siècles, l'Église russe connut une crise liturgique grave qui eut pour conséquence la réduction au fil du temps de l'Agrypnie à un office de deux à trois heures, en contradiction avec son nom de « Vigile » . La raison apparente de cette crise fut le rationalisme protestant de Pierre 1er et de son entourage, avec ses « très bouffons et très saouls conciles » blasphématoires sous l'influences desquelsn selon A. Goloubtsov, « certaines particularités des offices de nos cathédrales furents transformés d'un puissant instrument d'éducation par l'Église en simple spectacle, les offices devenant pour certains gênants par leur somme de détails inutiles et simplets, ennuyeux par leur contenu et fatigants par leur longeur pour d'autres ». La raison profonde de cette crise vient d'une part de l'adoration sans borne par les grécophiles moscovites du Typikon de Jérusalem Ndt, au dépend des traditions russes), depuis l'époque du patriarche Philarète (1554-1633), adoration ayant atteint son apogée avec les réformes du patriarche Nikon, ainsi que du trop grand nombre d'agrypnies dans la seconde moitié du XVIIème siècle (plus d'une centaine selons certains Typika). Ce « zèle déraisonné » contre lequel le Typikon de Jérusalem met en garde (Chap. 6) eut pour conséquence un raccourcissement de la durée des offices.
Jean-Serge
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Question

Message par Jean-Serge »

Est-on censé rester debout durant toute l'agrypnie? A quels moments peut-on s'asseoir? Quel sera le pourcentage de français et slavon. Car autant on peut comprendre une Divine liturgie en slavon, autant cela devient plus difficle quand on ignore l'ordonnancement des vêpres et matines hermétique quand il s'agit des heures...
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
Jean Starynkévitch
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Re: Question

Message par Jean Starynkévitch »

Jean-Serge a écrit :Est-on censé rester debout durant toute l'agrypnie? A quels moments peut-on s'asseoir? Quel sera le pourcentage de français et slavon. Car autant on peut comprendre une Divine liturgie en slavon, autant cela devient plus difficle quand on ignore l'ordonnancement des vêpres et matines hermétique quand il s'agit des heures...
Il est vrai que, la majeure partie du temps, lors d'un office orthodoxe, on reste debout. Ceci dit, il y a quand même un certain nombre de parties de l'office où l'on est assis. En particulier les cathismes (lectures d'un chapitre entier du psautier); il y a un cathisme - en fait une strophe, ou stance - chanté aux vêpres, et 2 cathismes lus au début des matines. Le mot même de cathisme signifie « assis » (à l'opposé, un hymne acathiste est un office pendant lequel on reste debout tout le temps).

Enfin, lors de cette agrypnie, on lit la vie de Saint Sabbas (en plusieurs morceaux). Lors de cette lecture,on est assis. De plus, lors de la lecture entre la fin des Vêpres et le début des matines, les fidèles peuvent se restaurer avec les pains et vins bénis lors de la litie.

Lors du 18 décembre, au niveau des langues liturgique, il y a équilibre entre le slavon et le français (avec quand même une petite prédominance pour le slavon, mais comme un certain nombre de texte sont répétés, la majeure partie du contenu cathéchétique de l'office est dite au moins une fois en français); en revanche, la majorité des lectures de l'office est en français.

Irène Monique a écrit :Par contre, vous utilisez des termes que je ne connais pas :
- Litie,
- l'Apodeipnon
- le Mésonyktikon
Pouvez-vous m’en donner des explications ?
En voici une du mot litie.
De nouveau, je recite un extrait du livre édité lors de l'agrypnie à Saint Sabbas de 1999 à la cathédrale russe 12 rue Daru. Ce livre contient un petit lexique. Dans ce lexique est dit pour la litie :

Litie des fêtes : procession à l'extérieur de l'église, ou au nartex, avec des chants de stichères idiomèles en l'honneur de la fête, et prière instante pour tous les besoins de l'Église et du monde (prière alternée avec chants répétés de Kyrie eleison). La litie prend place dans les Vêpres des grandes fêtes (Vêpres seules ou avec Vigile).

Dans ce même livre est indiqué, lors des notes suivies du déroulement de l'office, les commentaires suivants à propos de la litie.


Litie (du grec Litè : supplication), désigne toujours, dans l'utilisation lexicale de l'Église,une prière accomplie en-dehors du temple. Elle a pour premier bur d'exprimer la prière non plus seulement pas des mots mais aussi par une action pour, dans le mouvement, éveiller l'attention à la prière; cet éloignement de l'église est aussi l'expression de notre indignité d'y prier : « nous prions en nous tenant devant les portes du saint temple comme devant les portes céleste à l'image d'Adam, du publicain et du fils prodigue » (Saint Siméon de Thessalonique, De la divine prière, ch 339,354). De là vient l'aspect quelque peu empreint de repentir, d'affiction des prières de la litie. Enfin, dans la litie, l'Église sort de son milieu empli de grâce vers le monde extérieur - que ce soit litéralement (dans le cas où la litie se déroule totalement hors du temple et non pas juste dans le nartex), ou dans le nartex - comme partie du temple qui est en contact avec ce monde, ouverte à tous, ceux qui ne font pas encore partie de l'Église ou ceux qui en sont exclus. Le but de cette sortie est une mission de prière dans le monde. De là vient l'aspect universel des prières de la litie.
La sortie pour la litie s'accompagne d'une stichère « du temple » : le chant d'une telle stichère est naturel au moment de la traversée solennelle du temple. Il est aussi naturel, au moins une fois dans l'office, de se souvenir du saint auquel est dédié le temps dans lequel nous prions, et qui est spirituellement présent avec les croyants et participe à leur office « en sanctionnant le chant, et initiant le triomphe » (Heures royales de la théophanie, 9ème heure, 3ème stichère). Comme la litie est un office à part entière, inséré dans un autre (Note du dactylo : à savoir les Vêpres), elle se clôture par le don de la paix et un congé sous forme de prière « têtes inclinées ». Comme prière de bénédiction, ce congé est lu face à l'occident.
Le rite de la Litie fut introduit dans l'agrypnie sour l'influence directe du rituel de l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem, où chaque jour, après les Vêpres, avait lieu une procession dans la Cours Sainte vers le Golgotha. Cette pratique évolua de différentes façons en fonction de l'organisation des églises ainsi que de la présence de reliques dans différents monastère. Dans la Laure de Saint Sabbas le Sanctifié, elle prit la forme d'une procession allant d'une église à l'autre de la Laure jusqu'au tombeau de Saint Sabbas. Le jours de Saint Sabbas, cette procession ne se rendait qu'au tombeau du saint.
Il n'y a pas réellement de tradition fixe pour le choix des saints à citer au cours de la litie. Cela se répercute dans la diversité des pratiques d'une paroisses à l'autre et dans celle des variantes proposées dans les diverses éditions du Sloujebnik (Hieratikon)
Le professeur Skaballanovitch (t.2, p171-172), à partir d'un certain nombre d'éditions grecques et slavonnes du Sloujebnik, allant du XIIème siècle à la première moitié du XVIIème siècle, étudie l'évolution de cet aspect de la prière. Le corps de base est en fait formé des citations suivantes : la Mère de Dieu, la Sainte Croix, saint Jean le Baptiste, les Apôtres, le saint patron de l'église, les saints du jour. Très rapidement viennent s'y ajouter les citations des Forces Célestes, des martyrs, des saints moines, des saint Joachim et Anne, mais aussi des trois saints hiérarques (nommément cités), de Saint Nicolas. Ce dernier ajout témoigne de l'universelle vénération de ces saints.
Ainsi le texte qui correspond finalement à un « minimun historique » serait : la Mère de Dieu, la Sainte Croix, les Forces Célestes, saint Jean le Baptiste, les saints Apôtres, les trois saints hiérarques (nommément cités), Saint Nicolas,les saints martyrs, les saints moines, saints Joachim et Anne, le saint patron de l'église et les saints du jour.
Les ajouts d'autres noms sont relativement tardifs, ou, s'ils sont anciens, correspondent à la vénération des saints locaux (Antoine et Théodose à Kiev, non cités dans les Slougebniki édités à Moscou) ou de saints dont les reliques ont été conservées dans la paroisse donnée (ainsi les saints Hiérarques de Moscou dont l'apparition dans le texte du Sloujebnik est due à l'édition de Moscou, tributaire de la tradition de la cathédrale de la Dormition du Kremlin).
En conclusion, on peut dire que le texte proposé peut être complété en fonction des décisions du recteur d'une paroisse, d'un évêque, d'une assemblée locale d'évêques. Ainsi, il est tout à fait naturel que, dans l'Église Russe, la citation de Saint Serge de Radonège ou de Saint Séraphim de Sarov soit répandue en tout lieu, de même que Saint Wladimir et Sainte Olga. Il en est de même pour les saints locaux, cités dans les paroisses de la région où ils ont brillé (comme l'ensemble des startsy d'Optimo dans la région de Kalouga). Il faut aussi citer le cas où au travers de cette citation l'Église locale souligne particulièrement l'exemple d'un saint nouvellement canonisé (ainsi Saint Tikhon de Moscou). Il apparaît cependant artificiel et pesant pour les fidèles d'allonger la liste des saints cités au gré du goût personnel de l'officiant, en faisant fi de la réelle proximité su saint donné envers les fidèles d'un lieu donné.
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Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Le ouiquende dernier, il y a eu une agrypnie au monastère Saint-Antoine-le-Grand à l'occasion de la commémoration de saint Nectaire d'Egine. L'agrpynie aurait dû avoir lieu dans la nuit du lundi 8 au mardi 9, mais elle a été déplacée à la nuit du samedi 13 au dimanche 14 pour que plus de fidèles puissent venir. (Je rappelle que nous sommes une minorité isolée et dispersée et que certains fidèles sont venus de localités à 250 kilomètres du monastère: cette situation me semble justifier ce genre d'adaptation.) L'agrypnie a été célébrée entièrement en français; elle a commencé à 20 heures 30 et s'est terminée à 1 heure du matin, ce qui semblera sans doute court à nos lecteurs grecs, mais représente un grand progrès de la vie liturgique orthodoxe dans le contexte français par rapport à la situation d'il y a quelques décennies en arrière.
Monique
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Inscription : mer. 31 mars 2004 10:19

Message par Monique »

Je remercie vivement Jean-Louis, Pascal et Jean pour toutes ces précisions.
J’utilise le Grand livre d’Heures publié par le monastère de Chevetogne qui n’utilise pas toutes ces terminologies.
J’ai trouvé sur internet un article du père Placide Deseille sur l’office du matin :


http://perso.wanadoo.fr/eglise.orthodox ... RTHROS.htm


L'OFFICE DU MATIN DANS L'ÉGLISE ORTHODOXE*

du très révérend Archimandrite Placide Deseille

Higoumène du Monastère Saint Antoine le Grand

Extrait de Témoignage et Pensée Orthodoxes
Bulletin de la Métropole Grec-Orthodoxe de France N°9-10, Paris, 1e-2e trim.1999



La structure actuelle de l'office

L'office du matin, lorsqu'il est célébré selon toute son ampleur, comporte divers éléments.

Le premier est l'office de minuit (mésonycticon), qui est maintenant célébré immédiatement avant l'orthros, mais est souvent omis, pour des raisons pastorales.

Viennent ensuite:

L'office royal qui était à l'origine un office d'intercession pour l'empereur ou les fondateurs, propre à certains monastères.

L'orthros proprement dit, qui, comme nous le verrons, résulte de la fusion d'un office monastique avec l'office des églises séculières.

L'office de la Résurrection, propre au dimanche, qui a été inséré à des endroits variables de l'orthros, selon les époques, a dû jadis être placé avant les psaumes 148 - 149 - 150. Sa place "classique", pourrait-on dire, se situe entre la stichologie des psaumes et le psaume 50. C'est encore l'usage dans les monastères athonites et dans le rite slave. La pratique actuelle, en Grèce est de le placer avant la 9ème ode. Cet emplacement — non-traditionnel — a été motivé par des raisons pastorales : les fidèles qui n'assistent qu'à une partie de l'office peuvent ainsi entendre l'évangile de la Résurrection qui y est proclamé.

Aux fêtes des saints qui jouissent d'un degré supérieur, un office de l'évangile, calqué sur celui de la Résurrection, occupe la même place.

Il faut noter enfin qu'à certaines grandes fêtes, ou dans la nuit du samedi au dimanche, on célèbre dans les paroisses ou les monastères une "agrypnie": les grandes vêpres sont alors célébrées la veille au soir, normalement précédées des complies (apodipnon). Ces vêpres, qui comportent la litie et l'artoclasia, sont immédiatement suivies de l'orthros, l'office de minuit étant toujours omis. La célébration dure ainsi une grande partie de la nuit et s'achève, avec ou sans coupure, par la Liturgie.

Pour comprendre cette structure complexe, quelques notions d'histoire sont nécessaires.



Historique de l'office du matin.


L'examen de la structure de l'orthros montre qu'il est issu de la conjonction de deux offices distincts, l'un provenant des milieux monastiques, l'autre des églises séculières, ou de ce que les historiens de la liturgie appellent le "rite cathédral" (le terme est impropre, mais consacré par l'usage).

Dans les milieux monastiques, notamment en Basse-Égypte, où il avait existé une grande diversité d'usages, deux types de célébration de l'office semblent avoir existé au seuil du Vème siècle : une célébration relativement brève et une vigile pouvant durer toute la nuit. La première — qui se réfère à une règle donnée par un ange — consistait dans la récitation, matin et soir, de douze psaumes, ceux-ci, l'origine, semblent avoir été échelonnés au long des heures du jour et de la nuit ; ils auraient été réunis pour former deux synaxes quotidiennes. Ils pouvaient être distribués en deux séries de six psaumes, le dernier de chaque série étant antiphoné, avec l'Alleluia comme refrain. Nous ne possédons pas d'indications précises sur le choix de ces douze psaumes du matin et du soir, mais ils devaient simplement suivre l'ordre numérique du psautier. Ces synaxes, ou réunions de prière, pouvaient être célébrées par un moine seul ou par plusieurs, par exemple dans le cas d'un ancien entouré de ses disciples. Les usages ont d'ailleurs été très variés.

Un autre type de célébration, pratiqué soit occasionnellement, soit habituellement par des ascètes particulièrement zélés, consistait en une longue vigile qui occupait toute la nuit. Elle comportait la récitation intégrale des 150 psaumes, suivie de celle des cantiques bibliques et de la récitation de longs passages de l'Ancien et du Nouveau Testament (parfois un livre entier). Elle pouvait se poursuivre par l'adjonction de nombreux Kyrie eleison.

Quoi qu'il en soit, la principale caractéristique de l'office monastique était la récitation des psaumes selon l'ordre numérique du psautier. Dans les églises séculières, où les réunions de prière du matin et du soir étaient devenues habituelles, sans que l'on puisse en discerner exactement la genèse, on ne lisait pas les psaumes dans l'ordre du psautier, mais on choisissait des psaumes ou des versets de psaumes appropriés à l'heure de la célébration ; on y adjoignait également des ecténies pour tous les besoins de l'église, ainsi que d'autres textes, également choisis en fonction du moment de la célébration. Ces choix pouvaient avoir leurs racines dans l'office juif synagogal à l'époque apostolique, mais celui-ci est mal connu, et les liturgistes ne peuvent formuler que des hypothèses à cet égard. On avait ainsi retenu pour l'office du soir le psaume 140 et la très ancienne hymne Phôs hilaron, qui évoquaient l'un, le sacrifice du soir, l'offrande de l'encens, et l'autre, la lumière des lampes que l'on allumait à la tombée de la nuit et qui symbolisaient la lumière sans couchant manifestée par le Christ ressuscité. Le matin, les textes les plus utilisés étaient les psaumes 62 et 50, peut-être aussi les psaumes 148, 149 et 150, et l'hymne antique “Gloire à Dieu au plus haut des cieux...”

Dans ces mêmes églises séculières, on développa le chant, afin de soutenir l'attention des fidèles et de favoriser leur participation, alors que les moines y voyaient plutôt, pour eux-mêmes, une source de distraction et un obstacle à la componction du cœur. Des tropaires furent composés pour être insérés entre les versets des psaumes et servir de refrains repris par le peuple. Ici encore, une grande diversité a existé à l'origine.

Un office cathédral byzantin complet exista jadis à Constantinople, mais il fut supplanté, aux XIème et XIIème siècles, par le typicon palestinien de Saint-Sabas, qui fusionnait des éléments empruntés aux deux traditions, monastique et cathédrale.

Situé dans le désert de Juda, mais proche de la Ville sainte, le monastère de Saint-Sabas était particulièrement qualifié pour opérer cette synthèse, qui eut des équivalents ailleurs pour d'autres rites. Dans son "Journal de voyage", la pèlerine Égérie nous raconte comment, à Jérusalem, dès la fin du IVème siècle, les offices de type cathédral étaient immédiatement précédés d'hymnes (c'est-à-dire de psaumes) et de prières célébrés conjointement par les moines, les vierges et les fidèles particulièrement fervents qui devançaient la venue de l'évêque. Il n'y a jamais eu, en effet, dans l'Église orthodoxe, deux spiritualités, l'une pour les moines, l'autre pour les laïcs, et les laïcs fervents ont toujours cherché, en tenant compte des exigences de leur condition, à se rapprocher des pratiques monastiques. La distinction entre rite cathédral et rite monastique ne se fonde pas sur une différence de nature entre deux genres de vie, mais sur des nécessités pastorales différentes. On peut donc estimer que la fusion des deux rites opérée par le typicon de Saint-Sabas, universellement reçu dans la suite par les Églises orthodoxes, correspondait à une inspiration authentique de l'Esprit-Saint.


Si nous considérons l'office actuel, issu de cette synthèse, nous pouvons faire les constatations suivantes :

L'office débute par six psaumes matinaux choisis — l'hexapsalme — dans l'esprit du rite cathédral, bien que leur mode d'exécution actuel soit plutôt monastique. Pendant cette lecture, le prêtre lit douze prières secrètes, qui sont comme un organe-témoin de l'ancien rite cathédral de Constantinople. Mais ces prières étaient alors réparties tout au long de l'orthros, où elles précédaient l'ecphonèse des petites synapties placées après chaque groupe de psaumes antiphonés.

Après l'hexapsalme et la litanie qui le suit, nous trouvons un choix de versets antiphonés. Aujourd'hui, en dehors des jours de jeûne, le texte utilisé est le psaume 117 qui, selon l'interprétation des saints Pères, est un psaume d'action de grâces pour la Résurrection. Autrefois, ce psaume était réservé au dimanche, et on chantait durant la semaine, avec l'Alleluia comme refrain, des versets du cantique d'Isaïe 26, 9-20, qui exprime le sens de la vigile nocturne quotidienne :


“La nuit, mon esprit veille devant toi, ô Dieu,
car tes commandements sont une lumière sur la terre...”

On chante ensuite l'apolytikion du jour, puis commence la stichologie des psaumes, élément caractéristique du rite monastique.

Vient ensuite le psaume 50, qui était jadis antiphoné, selon la tradition du rite cathédral. Il est suivi des odes du canon. Les neuf odes bibliques étaient considérées comme un appendice du psautier ; elles figurent déjà à cette place dans le codex Alexandrinus de Londres, du Vème siècle. Dans leur vigile nocturne, les moines les récitaient à la suite des psaumes. Mais, dans l'orthros sabaïte, ces cantiques bibliques ont subi une transformation conforme à l'esprit du rite cathédral : on composa des tropaires destinés à être insérés entre les versets bibliques. Seul le second cantique de Moïse, sans doute en raison de sa longueur, fut écarté de l'office quotidien et réservé pour le carême. Mais il semble qu'à une certaine époque, l'office quotidien ne comportait que trois cantiques, l'ensemble des neuf étant réparti sur la semaine (nous aurions un vestige de cet usage dans les “triodes” de carême). L'ensemble des tropaires insérés entre les versets des cantiques bibliques constitua les "canons" de l'orthros.

Toutefois, ces canons n'ont été composés qu'à partir du VIIème siècle.

Auparavant, on insérait, au cours du chant des odes bibliques, un Kondakion, sorte de longue homélie métrique, dont le peuple reprenait les derniers mots de chaque strophe à la manière d'un refrain. Le kondakion et l'ikos qui ont subsisté après la sixième ode du canon sont un organe-témoin de ces compositions poétiques, dont notre hymne acathiste est un bon exemple.

Les psaumes 148, 149 et 150 faisaient évidemment partie de la grande vigile monastique. Mais certains historiens de la liturgie pensent qu'ils faisaient également partie, à titre de laudes matutinales, de l'ancien office cathédral, où leur présence pouvait remonter à une antique tradition juive (qui n'est toutefois attestée que tardivement). Quoi qu'il en soit, ils ont été pourvus eux aussi de stichères.

La grande doxologie, on l'a vu, est, comme le Phôs hilaron, une hymne ancienne qui a dû être utilisée très tôt dans les réunions de prière du matin.

Les apostiches sont un élément de type cathédral, qui a été introduit, à l'imitation de la finale des vêpres, dans l'orthros de semaine. Aux vêpres, ils correspondent à la procession au calvaire qui avait lieu, à Jérusalem, à la fin de l'office du soir, selon la description qu'en donne Egérie.

L'office dominical de la Résurrection — quelle que soit la place où il se situe — est d'origine hiérosolymite, et nous est également décrit par Égérie. Il comportait trois psaumes et une lecture de l'Évangile. Les trois psaumes devaient être les psaumes 115,117 et 135; seul a subsisté dans notre office actuel le psaume 135, que précède le psaume 134 (polyéléos). A l'époque d'Égérie, on lisait non seulement un récit de la résurrection, mais aussi celui de la passion, le mystère de la Pâque du Seigneur consistant inséparablement dans son passage de la mort à la Vie.


Le sens spirituel de l'orthros

Dans la mesure où l'orthros est précédé du mésonycticon et comporte une stichologie psalmique célébrée de nuit, il constitue une "vigile", une veillée de prière, dont la signification est essentiellement eschatologique. Veiller dans la nuit, c'est attendre la venue de l'Époux, se préparer au jugement — ce qui explique la part faite à la prière pour les défunts dans la seconde partie du mésonycticon (omise le dimanche, où tout ce qui évoque le deuil est écarté). C'est aussi s'associer à la louange incessante des anges, ces veilleurs qui ne dorment jamais et chantent sans cesse le trisagion. Les tropaires de l'office de minuit, repris à l'orthros des premiers jours de la Grande semaine, expriment admirablement cet aspect.

La seconde moitié de l'orthros correspond au moment du lever du soleil. Elle traduit le souci de consacrer à la louange divine les prémices du jour et évoque, même en dehors du dimanche, le moment de la Résurrection du Christ. Ces lignes d'un auteur contemporain expriment bien le sens que la tradition chrétienne a attaché à l'office du matin:

“Que savons-nous encore, nous modernes. qui n'avons plus ni crainte, ni respect de la nuit, de la grande joie qu'était pour nos pères et pour les premiers chrétiens le retour de la lumière chaque matin ? Voulons-nous réapprendre quelque chose de la louange que, dès le matin, nous devons rendre au Dieu trinitaire, à Dieu le Père et le Créateur qui nous a protégés pendant la nuit et réveillés pour nous donner un nouveau jour ; à Dieu le Fils, sauveur du monde qui, pour nous, a triomphé de la mort et de l'enfer, et vit en vainqueur parmi nous ; à Dieu le Saint-Esprit qui, dès le matin, fait briller dans nos cœurs la parole divine, en chasse complètement les ténèbres et le péché, et nous enseigne a bien prier ? Nous pourrons aussi alors pressentir la joie de ceux qui vivent ensemble bien unis lorsqu'ils se retrouvent dès le matin pour louer Dieu, écouter sa parole et prier en communauté. Le matin n'appartient pas à l'individu mais à l'Église du Dieu trinitaire, à la communauté familiale et fraternelle des chrétiens.

“La vie en commun sous l'autorité de la Parole commence par le culte matinal en commun [...]. La tranquillité profonde des premières heures du matin n'est troublée que par la prière et le chant de l'Église [...].

“La journée du chrétien ne doit pas être d'emblée gênée et encombrée par les tâches multiples qui l'attendent. Chaque jour qui commence est dominé par le Seigneur qui l'a créé. Seule la clarté de Jésus Christ et de sa parole qui sonne le réveil est capable de dissiper l'obscurité, la confusion de la nuit et de ses rêves. Elle chasse toute inquiétude, toute impureté, tout souci et toute crainte. Que nous commencions donc nos journées en faisant taire toutes les pensées et toutes les paroles inutiles, et que notre première parole et notre première pensée aillent vers celui auquel nous appartenons tout entiers. Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ t'éclairera (Eph. 5,14)”

Ces paroles d'un moderne ne sont elles pas un écho parfait des recommandations qu'un canoniste antiochien du IVème siècle formulait ainsi, et qui serviront de conclusion :

“Dans ton enseignement, ô Évêque, recommande au peuple et persuade le de fréquenter l'Église assidûment, chaque jour, matin et soir, de ne s'en dispenser d'aucune manière, mais de s'y réunir sans cesse, de ne pas mutiler l'Église en s'en retranchant, et de ne pas amputer d'un membre le corps du Christ ; car voici des paroles qui ne concernent pas seulement les prêtres, mais les laïcs ; chacun d'eux, s'il réfléchit, doit entendre que c'est pour lui-même que le Seigneur a dit : "Qui n'est pas avec moi est contre moi, et qui n'amasse pas avec moi dissipe" (Mt 12,30). Puisque vous êtes les membres du Christ, ne vous désagrégez donc pas en manquant les assemblées ; puisque selon sa promesse vous avez comme tête le Christ [...], ne vous négligez pas vous-mêmes, ne dépouillez pas le Sauveur de ses propres membres, ne divisez pas son corps, ne dissipez pas ses membres et ne préférez pas les affaires séculières à la parole divine, mais chaque jour rassemblez-vous matin et soir pour psalmodier et prier dans les maisons du Seigneur, le matin en disant le psaume 62, le soir, le psaume 140.

“ Surtout le jour du sabbat et le jour de la résurrection du Seigneur, le dimanche, mettez encore plus de zèle à vous réunir, pour adresser votre louange à Dieu [...]. Comment se justifiera-t-il devant Dieu celui qui ne se joint pas à l'assemblée ce jour-là pour entendre la doctrine salutaire sur la résurrection ? Ce jour-là, debout, nous adressons trois prières en mémoire de celui qui est ressuscité le troisième jour; nous faisons ce jour-là des lectures des prophètes, la proclamation de l'évangile, l'offrande du sacrifice et le don de la nourriture sacrée”.



* Communication du très rév. Archimandrite Placide Deseille, higoumène du Monastère St Antoine le Grand et professeur à l'Institut de Théologie Orthodoxe Saint Serge de Paris, à la Synaxe Cléricale de la Métropole grec-orthodoxe de France (23.2.1999).

D. Bonhœffer, De la vie communautaire, (coll. Foi vivante 83), Neuchâtel, Delachaux et Niestlé, 1958, p. 37-40.

Constitutions apostoliques II, 59.
apostolos
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Message par apostolos »

Je ne suis pas totalement sûr mais en grec, il existe 2 synonymes à AGRYPNIA: OLONYKTIA = toute-la-nuit et PANHGYRIS = fête. Que les spécialistes me corrigent SVP.

En Grèce, il y a une vente de petits objets (jouets, etc) et gâteaux aux alentours de l'église qui peut s'éteindre jusqu'à plusieurs centaines de mètres, en fonction de l'affluence. Inutile de dire que le 80% des gens qui se rendent à une agrypnie (approximation personnelle, les experts peuvent me corriger sans problème) y vont pour l'ambiance et pour allumer un cierge. Il faut aussi dire qu'ils n'ont pas le choix puisque l'église est pleine et qu' il fait très chaud.

Je ne sais pas quels sont les origines du marché lors d'une agrypnie. Peut-être pour aider les pauvres en leur donnant le droit de vendre?

L'agrypnie au monastère de Saint-Antoine-le-Grand était bien sûr très différente de ce que j'ai connu pendant les 20 ans vécus en Grèce mais il ne faut pas pedre de vue qu'il s'agit avant tout d'un monastère, en plus des remarques que le lecteur Claude a apporté. Je vous signale, cher lecteur Claude que si la fin était à 01h00 et qu'il faut faire un trajet de 250 Km, cela fait une excellente agrypnie, non?

Dernière remarque étymologique: dans notre contexte, il faut traduire le mot "agrypnie" comme "vigilance", comme l'a très bien signalé Jean-Louis. Ce mot signifie aussi "insomnie", surtout en grec moderne.
Jean-Serge
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Cathisme et acathiste

Message par Jean-Serge »

Jean Starynkévitch a écrit : Ceci dit, il y a quand même un certain nombre de parties de l'office où l'on est assis. En particulier les cathismes (lectures d'un chapitre entier du psautier); il y a un cathisme - en fait une strophe, ou stance - chanté aux vêpres, et 2 cathismes lus au début des matines. Le mot même de cathisme signifie « assis » (à l'opposé, un hymne acathiste est un office pendant lequel on reste debout tout le temps).
Certes mais je n'ai jamais su distinguer à l'oreille un cathisme d'un hymne acathiste... Il y a un moyen?
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Jean Starynkévitch
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Re: Cathisme et acathiste

Message par Jean Starynkévitch »

Jean-Serge a écrit : Certes mais je n'ai jamais su distinguer à l'oreille un cathisme d'un hymne acathiste... Il y a un moyen?
Oui : connaître un minimum la structure des offices orthodoxes d'aujourd'hui. A ce sujet, je recommande La vie liturgique du Père Boris Bobrinskoy.

Pour répondre à la question précisément, le Psautier (livre des psaumes) est découpé en plusieurs chapitres, chacun de ces chapitres portant le nom de cathisme. Chaque cathisme est découpé en 3 morceaux contenant chacun un ou plusieurs psaumes : les stances. Lors des offices des vêpres et matines, suivant un ordre bien prescrit, on lit à un moment donné un cathisme entier (en théorie), de sorte à ce que l'intégralité du psautier soit lu au cours de la semaines (et deux fois en grand carême).
Les cathismes sont lus au début des vêpres et des matines. Aux vêpres, un cathisme est lu après le psaume 103 et la grande litanie. Le samedi soir, il s'agit du premier cathisme (sa première stance), qui, dans l'usage slave, est chanté (au lieu d'être lu), et dont les premiers mots commencent par « Bienheureux l'homme qui ne s'est pas rendu au conseil des impies ». Il s'agit donc en particulier d'une partie d'un office.

À l'opposé, un hymne acathiste est un office à part entière, pour célébrer un saint, lors d'une occasion particulière. Cet office ne rentre pas dans le cadre formel du déroulement quotidien de la vie liturgique, comme y rentrent les vêpres ou les matines.
Cependant (toujours dans l'usage slave), aux matines du samedi (en général vendredi soir) de la cinquième semaine du grand Carême, on chante un acathiste à le Mère de Dieu. Ce samedi-là est justement parfois appelé « Samedi de l'acathiste » .
Yiannis
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Message par Yiannis »

En Grèce, il y a une vente de petits objets (jouets, etc) et gâteaux aux alentours de l'église qui peut s'éteindre jusqu'à plusieurs centaines de mètres, en fonction de l'affluence. Inutile de dire que le 80% des gens qui se rendent à une agrypnie (approximation personnelle, les experts peuvent me corriger sans problème) y vont pour l'ambiance et pour allumer un cierge. Il faut aussi dire qu'ils n'ont pas le choix puisque l'église est pleine et qu' il fait très chaud.
Je crois que mon compatriote (?) Apostolos est très injuste vis-à-vis des agrypnies et des fidèles en Grèce. Je ne suis pas étonné, car il ne sait même pas la différence entre une panygéris (fête d'une église paroissiale), qui n'est pas nécessairement accompagnée d'une agrypnie, et une agrypnie, qui est un office célébré durant la nuit. Je peux l'assurer que beaucoup de paroisses organisent des agrypnies, d'habitude entre 21.00 et 01.30, quoiqu'il y ait des agrypnies qui durent encore plus. Ces agrypnies peuvent être célébrées à l'occasion d'une fête de saint ou du Seigneur ou de la Vierge et ne coincident pas avec la fête de la paroisse. Dans ce cas, il n'y a pas de foire et on peut tout-de-suite constater quelle atmosphère de prière règne dans l'église. Mais même durant les agrypnies qui accompagnent les fêtes paroissiales, le petit marché à l'extérieur de l'église, qui n'a rien à voir avec la paroisse ou le diocèse (les marchands obtiennent un permis de la part de la commune et non du diocèse), ne peut pas détruire l'atmosphère de prière dans l'église. En tout cas, il faut se rendre compte du fait que le christianisme orthodoxe est en Grèce une religion populaire aussi, ce qui a certqines conséquences négatives inévitables. Pourtant, il faut d'abord être juste à l'égard des fidèles orthodoxes de la Grèce.
Quant à la chiffre statistique (80% des gens), il serait intéressant d'apprendre comment Apostolos a pu la faire! En tout cas, si les vêpres de la fête paroissiale commencent à 18.30 et se terminent à 20.30 h., alors que les magasins sont ouverts et beaucoup de gens viennent de rentrer de leur boulot, on comprend bien pourquoi de nombreux gens juste passent par l'église, allument un cierge, prient pour quelques minutes et puis partent.
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