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Antoine
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Message par Antoine »

Jean-Luois, vous dîtes:
Il faut aussi faire intervenir la situation qu’a créée le développement du modernisme dans le monde orthodoxe : en cherchant à toute force à réformer l’Église orthodoxe, à fabriquer une Église rénovée, il a créé la possibilité de créer une structure détachée de la Tradition orthodoxe
Il serait bon que vous illustriez un peu vos propos en dévoilant également les noms de ceux qui se cachent derrière ce paravent occulte de modernisme et que vous dévoiliez les orientations précises que ces personnages ont développées dans leurs ouvrages et leurs enseignements ; notamment ceux qui ont contribué à cette expansion au sein de l’institut St Serge et qui continuent de le faire..
Dernière modification par Antoine le sam. 30 juil. 2005 20:29, modifié 1 fois.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Les deux messages d'Anne-Geneviève étaient en effet du plus haut intérêt quant aux relations d'Eugraphe Kovalevsky avec Jacques Breyer et la mouvance néo-templière.
Un Jacques Breyer que l'on retrouve à maintes pages du livre que Serge Caillet a consacré à cette mouvance (qui n'a pas grand-chose à voir avec les néo-templiers franc-maçons du type Grand Prieuré des Gaules): L'Ordre rénové du Temple. Aux racines du Temple solaire, Dervy, Paris 1997. Livre où l'on retrouve aussi le fondateur de l'ECOF.
"Dans les années 1955-1956, des réunions hivernales, à Paris, mettent le groupe initial en rapport avec des francs-maçons de la Grande loge nationale française, notamment Vincent Planque, nommé juge de l'ordre, et Pierre de Ribaucourt, qui en devient le second connétable. L'ordre acquiert une première commanderie, dans le Dévoluy, entre Gap et Grenoble. Breyer affirme avoir eu là des communications capitales, et même des objets matérialisés ou "reçus par la voie angélique". Mgr Jean de Saint-Denis, évêque de l'Eglise catholique orthodoxe de France, est lui-même reçu par Pierre de Ribaucourt aux donjon de Crouy." (pp. 37-38)

La note 1 de la page 38 du livre de Caillet nous donne une justification écofienne de ces fréquentations: "Mgr Germain de Saint-Denis, successeur de Mgr Jean à la tête de l'Eglise catholique orthodoxe de France, m'a personnellement confirmé, au cours d'une conversation téléphonique, le 10 juillet 1997, que "l'évêque Jean avait été reçu dans ces milieux". Il m'a précisé aussi que, considérant qu'un évêque se doit tout entier à l'Eglise dont il est le pasteur, celui-ci n'avait jamais adhéré à aucun groupe ésotérique. Mais, pensant que c'était son devoir, il y allait parfois porter la bonne parole, comme ce fut le cas dans le cercle "templier" issu d'Arginy."

Le lecteur orthodoxe sera aussi stupéfait, en lisant ce petit livre, de découvrir que Mgr Grégoire (Baccolini), alors archimandrite du patriarcat de Moscou à Turin et plus tard évêque vieux-calendériste de Turin, exerçait dans les années 1970 les fonctions de "grand prieur et chapelain général" de l'Ordre rénové du Temple, au temps du "grand maître" Humbert de Frankenbourg, de son vrai nom Julien Origas (quant à lui ordonné prêtre dans l'Eglise dite gallicane de Mgr Patrick Truchemotte). Cet Ordre rénové du Temple, qui repris en mains par Luc Jouret et Joseph Di Mambro, allait connaître une funeste renommée sous le nom d'Ordre du Temple solaire.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Jean-Louis Palierne a écrit :Merci pour les informations que vous apportez. On en apprend constamment un peu plus sur les diverses dimensions de l’ÉCOF. Toutefois il y a bien longtemps qu’on connaît les rapports entre Evgraf Kovalevsky et un certain nombre de groupes occultes. Apparemment il y en a eu d’autres, dont il a été question sur ce Forum, et il se peut bien que d’autres connivences éclatent au grand jour. Je me souviens d’un livre qu’un certain Marsaudon avait édité dans les années 1950 chez Dervy (vous connaissez probablement cet éditeur) qui en parlait très clairement. Et il y aurait probablement beaucoup à dire sur les origines de l’ÉCOF.
Je pense que le Marsaudon en question n'est autre que le baron Yves Marsaudon, qui était à la fois ministre émérite de l'Ordre de Malte à Paris et 33e du Rite écossais ancien et accepté. Roger Peyrefittte parle de lui aux pages 65 et 165 des Fils de la Lumière (Flammarion, Paris 1961). Le baron Marsaudon a écrit plusieurs livres en faveur de l'oecuménisme, du rapprochement entre l'Eglise catholique romaine et la franc-maçonnerie, etc.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Anne-Geneviève m’a posé cette question :
Pourquoi cette rage contre les répétitions de chorale ? Quel que soit le rite, et même en dehors de toute question ecclésiale, du moment qu’il y a un chœur, je ne vois pas comment on pourrait atteindre un minimum de qualité musicale sans répétition. Et donc sans avertir d’une manière ou d’une autre des jours et heures de ladite.
Si vous allez dans une Église grecque, ou antiochienne, ou roumaine, ou serbe, ou bulgare, vous n’y verrez généralement pas de chœur. S’il y en a parfois chez les trois derniers, c’est parce que certains balkaniques veulent parfois imiter les Russes. Mais dans les églises qui se soucient de retour aux sources, de célébrations traditionnelles, et en particulier dans les monastères, et surtout ceux qui veillent au “retour aux sources”, il n’y en a pas.

Pour la simple raison qu’il n’y en avait pas dans la tradition orthodoxe. Avez-vous entendu parler de la musique byzantine ? Elle existe toujours et elle est toujours pratiquée, même à Paris.

Au fait pourquoi appelez-vous la liturgie orthodoxe la “liturgie russe” ? Si vous avez une formation historique, je vous conseille de lire “les Voies de la Théologie russe” du père Georges Florovsky, et qui vous apprendra beaucoup de choses. ìl y est en particulier question de l’introduction à Moscou au XVIIème siècle de la musique italo-polonaise. D’acoord, il y est surtout question de beaucoup d’autres choses (et en particulier de la naissance du modernisme).

Le problème de la chorale est qu’elle introduit une division au sein de la communauté eucharistique entre ceux qui écoutent et ceux qui se réunissent tous les mardis chez X* pour répéter, avec son chef de chœur qui bat des mains et donne le signal.

Monique avait écrit :
Je crois même que la vie communautaire doit être à l’image de la Divine Trinité : une seule Divinité en trois Personnes ; pendant la liturgie nous devenons une seule communauté Corps du Christ en multiples personnes sans que cela aliène la liberté des personnes.
Dans le geste de condescendance par lequel il s’est incarné pour devenir l’Un d’entre nous, le Fils unique et Verbe de Dieu a assumé la chair humaine dans le sein de la Vierge. L’hymnographie de l’Annonciation met ces paroles dans sa bouche et dans celle de l’Archange Gabriel :
La Déipare

En descendant sur moi l’Esprit très-saint a purifié mon âme, il a sanctifié mon corps, il a fait de moi un temple habité par Dieu, une tente préparée pour Dieu, un sanctuaire spirituel, et la Mère toute pure de la Vie.

L’Ange

Je te vois comme une lampe resplendissante, comme un somptueux portique pour la naissance, comme l’arche couverte d’or. Reçois, ô toute Immaculée l’Auteur de la Loi daignant venir grâce à toi protéger notre race corrompue.
Ce qui signifie que Le Verbe dispose parmi nous d’une part réservée (en grec klèros), d’un lieu, d’un clergé, d’une cérémonie etc. Il n’y a pas inconfusion des rôles entre le peuple et le clergé.

Anne-Geneviève a répondu à Monique :
J’ajouterai que si je veux prier seule devant les icônes, je le fais aussi bien sinon mieux dans ma chambre, en silence, que pendant la liturgie.
Je me rappelle qu’un jour où j’avais fait une faute de chant pendant la Liturgie, Maxime m’avait reproché de prier. C’est ça l’effet chorale !

Encore Anne-Geneviève :
Rappeler les canons sur la localité de l’Eglise, vouloir célébrer en français et accueillir des Français dans des paroisses où ils puissent se sentir chez eux, c’était une fort bonne idée, très juste dans son principe et qui n’a pas encore atteint les hiérarques des Eglises-mères de la «diaspora». On ne peut pas lui reprocher de l’avoir promue. Mais pourquoi s’entêter à la reconstitution d’un rite «occidental» ? Pour singer les ktos, comme le dit Palierne ? A ce moment là, et Evgraph devait le savoir – en tout cas les intellos de Saint-Serge le savaient – commençait à pointer chez les dits ktos le mouvement qui a abouti à Vatican II.
Rappeler les canons sur la localité des Églises, c’était certainement le point de fort de la défense de l’ÉCOF. Mais je ne vois pas en quoi cela devait entrainer une tentative de reconstitution d’un passé défunt. Si la Providence divine a laissé s’éteindre certaines Lturgies antiques, c’est certainement qu’elle avait de bonnes raisons. J’accepte l’Église telle qu’elle nous est parvenue. Et l’expérience montre que les indigènes de l’Occident savent parfaitement s’accommoder de la liturgie orthodoxe pourvu qu’elle soit traduite. Je ne crois pas avoir jamais dit que la tentative de reconstitution a été faite “pour singer les ktos”. Je ne crois pas du tout que ce soit le contexte français qui l’explique.

En ce qui concerne les paroisses francophones, il faudrait tout de même aller voir ce qui existe, et qui n’est plus tout à fait négligeable.
Jean-Louis Palierne
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Jean-Serge
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Message par Jean-Serge »

Jean-Louis Palierne a écrit : Si vous allez dans une Église grecque, ou antiochienne, ou roumaine, ou serbe, ou bulgare, vous n’y verrez généralement pas de chœur. S’il y en a parfois chez les trois derniers, c’est parce que certains balkaniques veulent parfois imiter les Russes. Mais dans les églises qui se soucient de retour aux sources, de célébrations traditionnelles, et en particulier dans les monastères, et surtout ceux qui veillent au “retour aux sources”, il n’y en a pas.
Mais qui chante alors? Comment font-ils? A mois que nous n'entendions pas la même chose par choeur? Ainsi à Saint Constantin et Hélène, j'ai vu un groupe de 3 personnes lors de vêpres assurer le chant. Est-ce cela un choeur? J'imagine mal une célébration sans choeur, à moins que tout le monde ne chante mais là ce n'est pas gagné musicalement...
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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Lorsque l'on voit un groupe de personnes au pupitre, ce n'est pas un chœur : l'un chante, les autres font un "ison" (nous dirions un "faux-bourdon"). Puis les chantres alternent.

Il n'y a pas polyphonie, il n'y a pas succession d'accords, pas d'écriture harmonique. L'ison est horizontal.

Lorsque une mélodie est très populaire (typiquement les tropaires des grandes fêtes) la foule reprend sans même qu'on lui demande et sans que personne vienne agiter les bras.

Si vous regardez bien, vous verrez que bien souvent des chanteurs arrivent en retard et que le pupitre commence à un chantre tout seul et termine la liturgie à cinq.
Jean-Louis Palierne
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paraclésis
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Message par paraclésis »

Je suis proprepment effarée de voir que tant d'entre nous ne connaissent ni ne goûtent la musique byzantine !
Je peux dire d'experience que les choeurs qui chantent selon les mélodies slavonnes (en slavon ou en français) c'est bien souvent une lourde ascèse pour ceux qui écoutent que de voir et entendre un chef de choeur donner le ton, puis essayer de faire avancer à peu près tout le monde sur le même rythme, je préferre à tout prendre un chantre même enroué et sans ison mais tranquille.
En ourtre, quand on chante à 4 voix, et qu'il manque 1 ou 2 voix ou est l'harmonie ?
Ce que je souhaite autour des lutrins, c'est la sérénité, non les prouesses.
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Jean-Serge
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Message par Jean-Serge »

Je ne m'y connais guère en musique (sauf savoir lire les notes héritages du cours obligatoire de musique dans l'Education nationale)... J'ai remarqué que la façon populaire serbe de chanter quoiqu'ayant un choeur est assez économique car je l'ai vu faire à deux voire une personne et ce n'était pas du byzantin. Le résultat était correct... Je l'ai vu pratiquée avec un choeur sans direction, ce fut un naufrage... D'ailleurs en ces moi d'été le choeur étant dissout par les vacances, on a droit à une sorte de byzantin ou assimilé par une seule personne ou deux... qui effectivement alterne.

Je vais dans le sens de Paraclésis (une remarque il ne faut pas confonfre slavonne et russe). Il y a une chose gênante surtout chez certains russes (en slavon ou en français) surtout peu au point : le chef de choeur essaie d'accorder tout le monde avec des hu hi et ça tarde à démarrer, ça démarre mais ça s'arrête... Très pénible il est vrai... Dur office que de chanter!!!
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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Maontenant un certain nombre de paroisses et de néo-communautés monastiques en Serbie recommencent à utiliser la musique slave ancienne. Elle avait disparu en même temps qu'on se mettait à pratiquer le Baptême par aspersion, à utiliser la sonette à la "consécration" et que les prêtres portaient des soutanes latines (j'en ai vus avec des larges ceintures rouges…!). Sans oublier les icônes "Renaissance".

Rien des anciennes habitudes n'avait tout à fait disparu en Serbie profonde. Et maintenant il y a partout des jeunes qui tentent de pratiquer le retour aux sources.

La Bulgarie a eu plus de continuité dans la pratique du chant hyzantin (en slavon bien sûr). La Roumanie, j'ignore, mais sûrement quelqu'un va nous faire le point.

En adoptant totalement les usages liturgiques grecs, les antiochiens ont porté leur pratique du chant byzantin à la perfection.

En Grèce il y avait eu (autour du mouvement Zoè) des tentatives de chant polyphonique (pour faire aussi beau que les Russes). Il me semblent qu'elles n'ont plus du tout la faveur des fidèles.

La preuve la plus formelle que nous ayons de l'ancienneté de la Musique byzantine est dans le fait que lorsqu'ils ont traduit en slave l'office des Matines de Pâques, les saints Cyrille et Méthode ont torturé leur traduction slave pour faire coller les syllabes sur la mélodie byzantine. Ce qui permet d'affirmer que cette musique existait déjà au XIème siècle.

Cela dit je suis bien conscient de tout le zèle que déploient un certain nombre de personnes pour faire fonctionner une chorale digne de ce nom dand les paroisses. Mais cela introduit un élément d'origine étrangère, un rythme de vie différent, dans la célébration eucharistique.

De plus en plus de Français se tournent vers la Musique byzantine. Le mieux pour en faire connaissance à Paris est je crois d'aller à l'église Saint Constantin de la rue Laferrière (mais après les vacances). Une tentative est faite aussi pour l'enseigner : La chorale saint Silouane est une chorale orthodoxe d’expression française dirigée par Ibrahim Issad. Elle accompagne les offices liturgiques en langue française et intervient également pour diverses célébration œcuméniques. Elle participe à des concerts.

Aucune formation musicale préalable n’est nécessaire pour rejoindre la chorale. Les répétitions ont lieu chaque mercredi de 18h 30 à 22h 30 au 35 rue saint Sulpice à Paris, crypte saint François sous l’église saint Sulpice (paroisse roumaine ste Parascève-ste Geneviève). Contact : Ibrahim Issid 06 12 69 77 03.

Je reste persuadé pour ma part que le retour à la Musique byzantine est une des conditions préalables essentielles au renouveau de l'Église orthodoxe et que son adaptation à la langue française est nécessaire au développement de l'Orthodoxie en France.
Jean-Louis Palierne
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Jean-Serge
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Autre adresse

Message par Jean-Serge »

Une autre adresse pour le chant liturgique byzantin est le Monsatère du Cantauque, qui conviendra mieux aux personnes du sud de la France

www.monastere-cantauque.com

Il me semble toutefois qu'on a un exemple de chant polyphonique orthodoxe réussi sans influence occidental, en Géorgie. Je poserai la question pour savoir à quand remonte-t-il, mais il doit être ancien...
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Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

En d'autres termes, selon Palierne, seuls les Grecs savent célébrer. En tout cas, c'est ce que j'ai compris. Voilà qui doit faire plaisir à tous les Russes, Roumains ou Serbes, sans parler des Bulgares : je possède une ou deux cassettes de chant liturgique bulgare, et il s'agit bien de choeurs, qui sont de pures merveilles.
J'apprécie le conseil d'aller voir les paroisses francophones, mais je ne l'ai pas attendu.
J'ai souligné moi-même que les "usages gallicans" tels qu'ont cru les voir les historiens du XIXe siècle étaient une erreur de perspective, un sac fourre-tout dont les historiens actuels tendent plutôt à faire le tri. Donc on ne peut même pas dire qu'ils soient morts, puisqu'il faudrait distinguer entre le monde celtique, l'Espagne wisigothique, Milan, les usages aquitains, ceux des Gaules du nord, ceux de Lyon, etc. Et je crois que nos ancêtres auraient ouvert des yeux grands comme des soucoupes si on leur avait parlé de rites distincts au lieu de langues et d'usages.
Si on se place sur ce terrain, je ne vois pas en quoi le "retour aux sources" (d'ailleurs lesquelles ? de quelle époque ?) serait louable s'il s'agit de Byzance et par principe condamnable s'il s'agit d'usages occidentaux. Je préfère l'argument d'Antoine, la sainteté et la tradition ininterrompue. Mais alors, en quoi les usages russes (serbes, roumains, bulgares) seraient-ils moins chrétiens ou moins orthodoxes que les grecs ? Surtout si on me chine pour avoir parlé des usages russes et des tons de Kiev sous le terme de liturgie russe, effectivement erroné dans l'absolu.
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paraclésis
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Message par paraclésis »

Le monastère de Cantauque est en effet un bon lieu pour entendre et apprendre la musique byzantine en français, ce sont eux, je crois qui ont aidé le monastère de la Faurie qui maintenant se débrouille fort bien.
Je suis heureuse que le monastère de Cantauque ait trouvé un vrai rattachement canonique au sein du patriarcat de Roumanie, ainsi s'achève (je l'espère) une longue errance.
Il faut pas se laisser impressionner par le côté un peu aride de la notation des partitions, à l'usage on peut s'en sortir très bien, cf la partition donnée du chant des chérubins (version courte); se repose bien sûr le problème en suspens du choix des traductions, mais c'est un autre débat.(pourquoi prendre "image", lors que l'on traduit "icône" ? par exemple)
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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Le chant byzantin n’est pas un bien ethnique propre du peuple grec, c’est un bien commun à tous les peuples orthodoxes, qui l’ont adapté à leurs langues en même temps qu’ils traduisaient les textes sacrés. Il y a d’ailleurs en Russie des monastères qui s’efforcent de faire revivre leur chant antique “znamennyi”. La tétraphonie a été introduite d’abord en Russie au XVIIème siècle à l’époque de “l’influence latine” sur l’Église russe (en fait d’abord sur na cour du tsar, puis sur l’Église. Les Vieux-Croyants que j’ai entendus à Moscou chantent encore un chant très sobre. et monophonique.

L’équivalent dans l’Occident était par exemple le “vieux chant romain” que Marcel Pérez reconstitue (et nous en avons gardé par exemple le “Vexilla Regis” et le “Te Deum”). Le chant grégorien proprement dit est tout autre chose.

Le “retour aux sources” est une nécessité primordiale pour l’Orthodoxie. Les sources dont il s’agit sont nos Pères dans la foi, Apôtres et Disciples du Seigneur, qui l’ont transmise aux premiers évêques de chaque cité. Cette Tradition a été explicitée par les Pères de l’Églises et les Conciles. C’est sur leur sainteté que nous fondons notre certitude de l’unique Orthodoxie. C’est cela la voie de la Sainteté. Je ne pense pas qu’Antoine ait voulu dire autre chose.

La Tradition de l’Église, celle des Conciles et des Pères, celle des décisions dogmatiques et canoniques des conciles, a été occultée non seulement par les hérésies occidentale et l’esprit de domination du papisme, mais aussi par l’enorme prestige intellectuel, ‘rationnel” et “artistique” qu’avait su se construire l’Occident. Il fut un temps où l’on n’osait plus enseigner la théoloie orthodoxe qu’en latin, où on ne lisait l’Écriture sainte que dans les textes occidentaux, où on donnait une formation prétendue “savante” au clergé supérieur par des méthodes scolastiques (priorité de la théodicée sur la triadologie, critique textuelle généralisée, théologie sacramentelle, fermeture du sanctuaire etc). Le tétraphonie faisait partie de cette “pseudomorphose” de l’Orthodoxie (expression de G. Florovsky), comme d’ailleurs l’iconographie “Renaissance”.

Cette époque n’est pas lointaine, et elle a laissé ses traces encore aujourd’hui dans les Églises des pays de tradition orthodoxe. Il existe un peu partout heureusement des petits groupes qui tentent de renouer avec la sainteté des traditions anciennes véritablement orthodoxes, et en particulier de très fervents monastères.

Il est faux de vouloir situer une époque particulière ou une nation particulière pour retrouver cette tradition, mais ce qui est sûr c’est qu’on ne la retrouvera pas par la voie d’un ethnophylétisme, fût-il gaulois, nu dans la voie de l’académisme supposé “savant”. Justement parce que le seul critère de la sainteté de la Tradition. Mais oui, il est bien vrai qu’avant d’être une vérité notionnelle, savante, impressionnante, la vérité chrétienne est avant tout historique, traditionnelle.

Paraclèsis : Le monastère de Cantauque, tout à fait d’accord, j’ai oublié de le citer.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Je ne vois pas où j'ai dit que seuls les Grecs savaient céjébrer. Au contraire j'ai dit que la musique byzantine a été pratiquée partout.

Le chant byzantin n’est pas un bien ethnique propre au peuple grec (dois-je vous apprendre que l'Empire byzantin était multi-ethnique), c’est un bien commun à tous les peuples orthodoxes, qui l’ont adapté à leurs langues en même temps qu’ils traduisaient les textes sacrés. Il y a d’ailleurs en Russie des monastères qui s’efforcent de faire revivre leur chant antique “znamennyi”. La tétraphonie a été introduite d’abord en Russie au XVIIème siècle à l’époque de “l’influence latine” sur l’Église russe (en fait d’abord sur la cour du tsar, vanant de Russie occidentale sous domination polonaise, puis sur l’Église). Les Vieux-Croyants que j’ai entendus à Moscou chantent encore maintenant un chant très sobre. et monophonique.

L’équivalent dans l’Occident était par exemple le “vieux chant romain” que Marcel Pérez reconstitue (et nous en avons gardé par exemple le “Vexilla Regis” et le “Te Deum”). Le chant grégorien proprement dit est tout autre chose.

Le “retour aux sources” est une nécessité primordiale pour l’Orthodoxie. Les sources dont il s’agit sont nos Pères dans la foi, Apôtres et Disciples du Seigneur, qui l’ont transmise aux premiers évêques de chaque cité. Cette Tradition a été explicitée par les Pères de l’Églises et les Conciles. C’est sur leur sainteté que nous fondons notre certitude de l’unique Orthodoxie. C’est cela la voie de la Sainteté. Je ne pense pas qu’Antoine ait voulu dire autre chose.

La Tradition de l’Église, celle des Conciles et des Pères, celle des décisions dogmatiques et canoniques des conciles, a été occultée non seulement par les hérésies occidentale et l’esprit de domination du papisme, mais aussi par l’enorme prestige intellectuel, ‘rationnel” et “artistique” qu’avait su se construire l’Occident.

Il fut un temps où l’on n’osait plus enseigner la théologie orthodoxe qu’en latin, où on ne lisait l’Écriture sainte que dans les textes occidentaux, où on donnait une formation prétendue “savante” au clergé supérieur par des méthodes scolastiques (priorité de la théodicée sur la triadologie, critique textuelle généralisée, théologie sacramentelle, fermeture du sanctuaire etc). Le tétraphonie faisait partie de cette “pseudomorphose” de l’Orthodoxie (expression de G. Florovsky), comme d’ailleurs l’iconographie “Renaissance”.

Bien avant que quelques orthodoxes se laissent impressionner par l'œcuménisme était apparue une énorme influence "latine" à l'intérieur de l'Église orthodoxe. Et ces gens s'efforçaient de faire aussi bien que leurs concurrents latins, sans voir qu'ils adoptaient des méthodes, et des concepts, et des formes, étrangères à l'Orthodoxie.

Cette époque n’est pas si lointaine, et elle a laissé ses traces encore aujourd’hui dans les Églises des pays de tradition orthodoxe. Il existe un peu partout heureusement des petits groupes qui tentent de renouer avec la sainteté des traditions anciennes véritablement orthodoxes, et en particulier de très fervents monastères.

Il est faux de vouloir situer une époque particulière ou une nation particulière pour retrouver cette tradition, mais ce qui est sûr c’est qu’on ne la retrouvera pas par la voie d’un ethnophylétisme, fût-il gaulois, ni dans la voie de l’académisme supposé “savant” ni en utilisant les formes artistiques professionnelles de l'Occident. Justement parce que le seul critère de la sainteté de la Tradition. Mais oui, il est bien vrai qu’avant d’être une vérité notionnelle, savante, impressionnante, la vérité chrétienne est avant tout historique, traditionnelle.

Paraclèsis : Le monastère de Cantauque, tout à fait d’accord, j’ai oublié de le citer.
Jean-Louis Palierne
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Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Jean Louis, je commence un peu plus à comprendre votre pensée, même si je ne suis pas en accord sur tous les points.
D'accord aussi, le "vieux chant romain" mais aussi le chant aquitain et beaucoup de ce que l'on appelle très improprement "grégorien" (même méli-mélo que les "usages" chez Duchesne et on pourrait faire au Graduale triplex de Solesmes les mêmes reproches qu'au "rite des Gaules" mouture années 1930 et suivantes) ont une forme monodique avec des "teneurs" qui me semblent les soeurs jumelles de l'ison. J'aime bien ce que fait Pérez.
D'accord aussi sur le fait que les complexes vis à vis de l'occident ont fait courir quelques fameux risques à l'Eglise orthodoxe.
Mais quand vous dites :
Il existe un peu partout heureusement des petits groupes qui tentent de renouer avec la sainteté des traditions anciennes véritablement orthodoxes, et en particulier de très fervents monastères.
faut-il comprendre que, en soi, la tétraphonie est hérétique ?
Je ne défendrai pas plus l'ethnophylétisme gaulois que les autres. Quant à "l'académisme supposé 'savant'", je ne sais pas de quoi vous parlez exactement. S'il s'agit des travaux de recherche historique ou de la critique textuelle, je maintiens qu'ils ont au moins une utilité, celle de faire éclater les fantasmes sur le passé. Et puis, vous savez, la démarche scientifique est humble dans son principe: c'est toujours en définitive le réel qui a raison contre les élucubrations humaines. Un ami physicien me disait un jour que l'essentiel de son travail, c'était de jeter à la poubelle ses 10 dernières "idées géniales" avant de prendre son petit déjeuner...
Je me souviens avoir dit un jour à une amie roumaine que "la Tradition est vivante ou elle n'est pas". Peut-être ai-je tort, mais pour moi la lecture des Pères n'est pas un "retour à" mais une façon de plonger la main dans la malle au trésor toujours ouverte aujourd'hui comme hier. Et si de nouveaux "Pères" écrivaient aujourd'hui (je n'en sais rien, mais ce sont les générations à venir qui pourraient les nommer ainsi), c'est la même malle au trésor qui s'agrandirait. Je supporte mal l'idée que la Tradition serait achevée, figée dans une forme de chant ou une autre, que l'hymnographie serait verrouillée,etc.
Entendons nous, ce n'est pas une revendication et surtout pas perso. La seule fois où j'ai essayé de traduire une hymne de Venance Fortunat, je suis restée des mois devant la feuille blanche tant tout ce que j'écrivais me semblait inepte, incapable de rendre les nuances du texte, et j'ai fini par abandonner.
Mais considérer que seul le chant byzantin élaboré entre tel et tel siècles est "véritablement orthodoxe", j'y vois quelque chose du même type que la crispation sur le calendrier julien. Ou alors il faut justifier théologiquement ce choix et pas seulement par le fait que c'était la manière des Byzantins, ce qui sent aussi son ethnophylétisme temporel, si j'ose l'expression.
J'espère que nous aurons encore des saints, j'espère que nous aurons encore de saints hymnographes, j'espère que nous aurons encore de saints musiciens. Je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas y avoir des paroisses célébrant avec chantre et ison et d'autres en tétraphonie ou même en polyphonie, tout comme plusieurs langues selon les besoins, confessant la même foi orthodoxe dans la même Eglise locale.
Vous dites:
avant d’être une vérité notionnelle, savante, impressionnante, la vérité chrétienne est avant tout historique, traditionnelle.

C'est une autre façon de dire qu'elle est vivante, qu'elle est vie et don de vie.
Alors d'accord, il faut faire attention à ne pas sortir de la vie, à ne pas polluer la source ou à ne pas introduire de virus mais, d'un autre côté, à ne pas pétrifier le coeur qui bat. C'est vrai que le Christ lui-même nous a prévenus que la porte est étroite et cela s'applique aussi au domaine liturgique.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
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