Hérétique, bien sûr que non, mais elle témoigne d’une mauvaise compréhension de la sobriété liturgique et de l’unité du peuple royal. Cette forme a été léguée par les Pères.faut-il comprendre que, en soi, la tétraphonie est hérétique ?
Je vois bien que vous n’en avez pas encore pris conscience. Un jour que j’entendais commenter dans un petit groupe la parable du Bon Samaritain, le professeur de théologie analysait les termes, leur fréquence, leur signification, siruait le contexte historique de la parabole, analysait la formation des courants d’udées dans l’Église primitive etc. Finalement il faut agir pour le bien de son prochain, y compris se soucier de sa santé. . Et les congrégations “actives” de l’Occident nous ont montré la voie. Un fidèle lève la main : « Mais je croyais que la parabole du Bon Samaritain signifiait que le Verbe de Dieu descend du ciel sur la terre (de Jérusalem à Jéricho) pour sauver l’homme déchu, et d’ailleurs il conclut que c’est le Bon Samaritain qui est le prochain de l’homme, et non l’inverse » À quoi le théologien répond : Mais si on écoute les Pères, on peut dire n’importe quoi ! Il faut analyser le texte/ »Quant à "l'académisme supposé 'savant'", je ne sais pas de quoi vous parlez exactement.
Il croyait œuvrer ainsi à la mise à niveau de la théologie orthodoxe, en retard sur les travaux occidentaux. Mais ce n’est pas ainsi que travaillaient les Pères. Ils lisaient l’Écriture dans la prière, dans la sainteté. et voyaient en toute l’Écriture la typologie de l’Histoire du salut de l’homme procuré par le Dieu-homme.
Jamais aucun des Pères n’a prétendu faire une œuvre créatrice. Ils explicitaient la Conscience de l’Église et le dépôt de la foi. Au contraire quand ils dénonçaient un hérétique, ils lui reprochaient d’innover par rapport à la Tradition.Peut-être ai-je tort, mais pour moi la lecture des Pères n'est pas un "retour à" mais une façon de plonger la main dans la malle au trésor toujours ouverte aujourd'hui comme hier.
La Tradition des Pères est une malle toujours ouverte, mais c’est la malle qui contient la formulation, toujours incomplète, toujours à perfectionner, de la foi qui a été remise initialement à l’Église par son Fondateur.
Si j’ai tenu à traduire la Dogmatique du Père Justin, c’est parce que je considère qu’il est le Père de l’Église pour aujourd’hui. Il a repris l’ensemble de plus pure Tradition patristique autour de notions comme : le Dieu-homme, le verbéité de toute créature. Il nous a rappelé que Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu en des termes accessibles à l’homme contemporain, à ses drames, à ses angoisses, à ses attentes, il a dénoncé la tentation de l’hominisme, de l’homme-Dieu et rejeté tous ceux qui cherchent à empoisonner les sources/b] de la vie spirituelle. Mais jamais, au grand jamais il n’a prétendu apporter une solution originale à des questions nouvelles. C’est bien pourquoi les modernistes cherchent à étouffer le rayonnement de son œuvre.Et si de nouveaux "Pères" écrivaient aujourd'hui (je n'en sais rien, mais ce sont les générations à venir qui pourraient les nommer ainsi), c'est la même malle au trésor qui s'agrandirait.
C’est dans la même perspective aussi que j’ai tenu à traduire l’œuvre de théologiens contemporains comme Georges Florovsky ou Jean Zizioulas, que les modernistes s’efforcent eux aussi à tenir dans l’ombre.
Et si de nouveaux "Pères" écrivaient aujourd'hui (je n'en sais rien, mais ce sont les générations à venir qui pourraient les nommer ainsi), c'est la même malle au trésor qui s'agrandirait.
La Tradition n’est pas verrouillée, mais la plus grande expérience spirituelle est de prendre conscience de la radicale différence de la Révélation que le Verbe et Fils Unique de Dieu a apportée sur la terre, révélation qui est toujours vivante dans l’Église orthodoxe. C’est cette expérience spirituelle qui apporte la véritable libération de l’homme.
Les moines de l’Athos qui ont composé un office à la mémoire du père Justin ont fait œuvre créatrice : ils ont créé un nouveau morceau d’hymnographie. Il y a encore de saints hymnographes, il y a encore de saints iconographes, il y a encore de saints théologiens, mais ce ne sont pas de grands artistes créateurs, de grands savants érudits : le monde ignore leur existence.
Le chant byzantin est véritablement orthodoxe, l’iconographie byzantine est véritablement orthodoxe, la théologie des Pères de l’Église est véritablement orthodoxe. Notre tâche est de construire notre liberté en retrouvant leur fécondité, en retrouvant la célébration liturgique, en retrouvant la pensée patristique qui ont été si altérées de nos jours. Alors quelqu’un pourra réexpliciter cet héritage fabuleux. C’est ainsi que « la Tradition est vivante, et elles est. » Notre Forum ne s’efforce que d’y apporter une modeste contribution.
Connaissez-vous le tropaire de la moniale Cassienne, chanté le mercredi saint au soir ? C’est peut-être le plus prodigieux chef d’œuvre de l’hymnographie byzantine, mais ce n’est pas seulement un chef d’œuvre poétique, c’est une vision prophétique qui télescope différentes étapes de l’Histoire du salut dans anthropologie multi-dimensionnelle. Mais c’est une œuvre du byzantinisme tardif, qui a dû être considérée comme suspecte aux yeux de ses contemporains (il existe d’ailleues d’autres tropaires de Cassienne dans l’hymnographie byzantine, toute une œuvre poétique). Ça c’est créatif, mais c’est en même temps parfaitement traditionnel. Et surtout c’est d’une extraordinaire profondeur spirituelle, un joyau de sainteté.
La crispation sur le calendrier julien, qui n’a aucun fondement dans la Tradition, est un bel exemple de ce qu’il ne faut pas faire, mais c’est également le cas pour la théologie qui se prétendrait (comme dans l’exemple que j’ai cité plus haut) fondée « sur la recherche scientifique ou la critique textuelle. » Ce ne sont pas là les sources de la théologie. C’est cela qui empoisonne les sources de la vie spirituelle.