Concilia ratée de l'Eglise

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Antoine
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Inscription : mer. 18 juin 2003 22:05

Concilia ratée de l'Eglise

Message par Antoine »

Dans la "campagne "qu'a menée Jossif pour son éléction à l'épiscopat, la fondation de l'Eglise locale en France était présentée par le candidat comme sa grande priorité. Les deux autres concurrents ont été évincés essentiellement par les questions portant sur ce sujet.

Qu'en est-il aujourd'hui de ses promesses qui l'ont mené à l'épiscopat? Quelle conciliarité avec ses frères dans l'épiscopat pour mener à bien cette tâche à laquelle il s'était engagé.

Quelle est la conciliarité d'une assemblée dont les statuts prévoient que le président en soit systématiquement le métropolite de la métropole grecque rattachée à Constantinople? La conciliarité sous diktat c'est prévu par quel canon?

Où est la conciliarité dans la récupération par l'évêque Serbe de ce groupe d'ex-écofiens regroupés en "UACORO" ? Et s'il agit malgré lui, sur ordre de son patriarcat où est la conciliarité dans ce synode serbe?

Est-ce une façon conciliaire de régler le problème du phylétisme que cette proposition unilatérale du patriarcat de Moscou pour la création d'un diocèse russe en Europe occidentale?

S'il n'y a plus de conciliarité dans l'Eglise où est l'Eglise?
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

La conciliarité de l’Église est une conciliarité avant tout épiscopale. Tout évêque est indépendant dans son diocèse, où le choix des décisions dépend de son seul discernement.

Mais tout évêque doit appartenir à un synode provincial. Lorsqu’il y a vacance d’un siège, c’est à ce synode d’élire le successeur puis de désigner les trois évêques qui iront le consacrer. L’évêque doit participer activement aux réunions du synode, faire part des difficultés, débattre éventuellement d’une position commune. Les fidèles concernés par une décision de leur évêque peuvent faire appel au synode. Le synode peut éventuellement déposer un évêque.

Le synode est présidé par le métropolite, qui parle et agit au nom de tous et avec leur accord. Mais les membres du synode doivent demander l’assentiment de l’évêque.

Si un synode est seulement autonome, l’élection de son métropolite doit être confirmée par le synode supérieur ; si le métropolite est élu directement de plein droit, le synode est dit autocéphale. En général le métropolite prend alors le titre de “patriarche” ou au moins “d’archevêque”)

C’est cela la conciliarité (en slave “sobornost”). Le mot a été souvent employé depuis le XIXème siècle pour désigner une qualité de l’Église orthodoxe de vie commune dans le respect et l’amour mutuel, dans la concorde de le pensée et de l’expérience spirituelle, et on reprochait aux hiérarchies institutionnalisées parallèlement aux appareils étatiques des nouveaux États-Nations d’avoir adopté un style de vie administratif.

Mais on s’éloigna ainsi du sens primitif du mot “concile” (en grec “synodos”) qui ne désignait que les réunion épiscopales (sans exclure la consultation et la participation des laïcs, des moines et des prêtres dans les discussions. Mais il ne faut pas oublier que dans l’Église un laïc est un homme libre, et qu’il n’appartient qu’à une église diocésaine. Il peut se déplacer d’un diocèse à un autre, n’a à satisfaire qu’à des métanoias (pénitences) lorsqu’elle lui sont imposées à cause de ses péchés, n’a pas d’autre compte à rendre et peut s’exprimer librement. Il n’est pas astreint à une vie “communautaire”.

L’état canonique présent de l’Église est lamentable. Les synodes épiscopaux sont devenus des administrations ecclésiastiques où les évêques font carrière de diocèse en diocèse (chose interdite par les canons) appartiennent à des factions permanentes autour de leaders, comme dans la vie parlementaire. On nomme des évêques auxiliaires de fonctions purement liturgiques (encore anticanonique). Les décisions sont préparées par des commissions spécialisées assistées "d'experts". On crée des exarchats à l’extérieur des frontières canoniques (ce qui est encore anticanonique) pour encadrer les émigrés, et plusieurs exarchats d'ethnies différentes se superposent sur un même terrtoire. Etc.

En France la création d’une AEOF est complètement étrangère à la canonicité et à la conciliarité, et elle ne pourrait se comprendre que si elle représentait un pas en avant vers une restauration progressive de l’ordre canonique. Il n’en est rien et les relations entre les diocèses-membres de l’AEOF sont plus mauvaises qu’elles ne l’ont jamais été. En fait les diocèses-membres de l’AEOF se préoccupent surtout de ravir la clientèle du voisin (sauf la métropole grecque et celle d’Antioche, qui jouent plutôt la carte du repliement ethnique, ce qui est un comportement suicidaire).

Il y a cependant bien en France une demande locale, et des gens très ordinaires qui travaillent à la base à construire des paroisses et des monastères. Comme depuis sa fondation l’Institut saint Serge n’a travaillé qu’à la formation d’un clergé de haut niveau qu'on croyait destiné à la Russie post-communiste (qui n’en a pas voulu) on donne maintenant aux paroisses francophones un clergé hétéroclite formé en fehors de l’Église orthodoxe.

L’Archevêché de la rue Daru semble la seule structure actuellement disposée à accueillir cette demande locale, sans se préoccuper de ce qui se passe dans les diocèses ethniques et à l’AEOF (qu’il laisse aux modernistes pour les occuper). Mais la structure canonique actuelle de l’Archevêché n’est pas satisfaisant et lui posera un jour des problèmes.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Antoine
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Inscription : mer. 18 juin 2003 22:05

Message par Antoine »

En France la création d’une AEOF est complètement étrangère à la canonicité et à la conciliarité
Non seulement elle l'est textuellement mais elle l'est en pratique. Ou disons qu'elle n'aboutira à rien parcequ'elle est dans son existence même anti canonique et para ecclésiale. Une étiquette sans réalité conciliaire aucune, une présentation de l'Eglise réduite au rang d'une simple association. On est très loin de la pentecôte!

Le communiqué de l'AEOF du 8 juin 2004 déclarait:

- Parmi ces sujets[ceux étudiés par la commission théologique] figurent notamment les questions liées à l’avenir de l’Orthodoxie en France et en Occident, la formation théologique, sacerdotale et catéchétique, la préparation du futur Concile pan-orthodoxe, la dimension caritative et « humanitaire » de l’Eglise, le dialogue d’amour et de vérité avec les églises orthodoxes « orientales ». Cette séance de travail avec le responsable de la commission théologique s’insère dans le cadre de la réflexion engagée par l’AEOF avec ses propres commissions dans l’objectif d’accentuer et d’orienter les prochains travaux en vue de manifester encore davantage l’unité de l’Eglise orthodoxe en France, son expression et son témoignage.


Voilà un texte qui n'aura pour seule existence que celle d'avoir été écrit. En ratifiant des communiqués par lesquels elle ne se sent aucunement engagée l'AEOF nous prouve bien la facticité de sa constitution même.
Dernière modification par Antoine le jeu. 28 oct. 2004 12:18, modifié 1 fois.
Claude le Liseur
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Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

Message par Claude le Liseur »

Jean-Louis Palierne a écrit :En fait les diocèses-membres de l’AEOF se préoccupent surtout de ravir la clientèle du voisin (sauf la métropole grecque et celle d’Antioche, qui jouent plutôt la carte du repliement ethnique, ce qui est un comportement suicidaire).
D'accord en ce qui concerne la métropole d'Antioche, mais n'est-ce pas la métropole grecque qui a le plus de paroisses francophones? Le père Denis Guillaume le Traducteur, notre Mesrop Machtots à nous, n'est-il pas un prêtre de la métropole grecque? N'est-ce pas la métropole grecque qui est la plus insérée dans la réalité française? Par exemple, n'est-ce pas à peu près la seule juridiction où l'on a construit des églises en dur au cours des septante dernières années, ce qui est quand même le signe que l'on se considère autrement que comme des touristes de passage dans le pays?

Et les monastères francophones, ne sont-ils pas tous répartis entre la métropole grecque (Saint-Laurent-en-Royans, La Faurie, Saint-Nicolas-de-la-Dalmerie, Terrasson, Solan...), puis la métropole roumaine (Cantauque, La Malvialle, Saints-Elie-et-Elisée, Rosières partiellement...) le diocèse serbe (Lectoure, Gondoncourt) et enfin et le diocèse de Moscou (Saint-Silouane)? En particulier, je ne connais nul monastère francophone dans la juridiction de Daru... mais je constate que les forces vives du monachisme orthodoxe de langue française se trouvent bien sous la juridiction de la métropole grecque.
milano
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Inscription : jeu. 18 déc. 2003 14:47

Message par milano »

Une triple précision au fil de Lecteur Claude concernant le patriarcat d'Antioche :
- un monastère totalement francophone (Le Buisson Ardent, près de Carcassonne) dépend du Métropolite Gabriel
- une paroisse a été bâtie "en dur" près du Blanc-Mesnil ou, pour être précis, une église orthodoxe a remplacé une église catholique, ce qui a nécessité une énorme transformation architecturale.
- outre le monastère cité, il semble qu'une paroisse de cette métropole célèbre en français.
Jean-Serge
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Localisation : Ile de France

Ca existe

Message par Jean-Serge »

lecteur Claude a écrit : En particulier, je ne connais nul monastère francophone dans la juridiction de Daru...
Si le monastère de Bussy. Sans compter l'ITO Saint Serge qui est sous la même juridiction... Bon c'est vrai on va critiquer l'enseignement de Saint Serge mais à terme pour notre église locale il faudra bien un lieu de formation...
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
Monique
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Inscription : mer. 31 mars 2004 10:19

Message par Monique »

Il me semble que l’église locale en France a commencée depuis longtemps :
- quand des paroisses francophones sont nées
- quand des monastères francophones ont fleuris
- quand les évêques de l’ AEOF ont concélébré.

Et il y a sûrement plein d’autres signes que j’oublie.
C’est encore très fragile, et il y aura beaucoup de coups durs, de trahisons et d’incompréhension.
Il faut beaucoup prier et apprendre à aimer cette église francophone si diverse qu’elle ressemble à un patchwork, mais cette diversité est une richesse que les églises « ethniques » nous envieront dans quelques années.

JLP a écrit cette belle phrase :
« Ne perdons pas espoir : l’Esprit travaille beaucoup mieux que nous, et surtout beaucoup mieux que les juridictions ethniques.

Les nouvelles sont accablantes. On pourrait en citer d’autres. Mais lentement l’orthodoxie grandit chez nous, contre toute logique. »
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