Date : 27.05 15h40
XB!
Katherine,
L'interrogation portait sur le pourquoi des deux espèces choisies par le
Christ lors de la scène, sachant que dans le corps il y a le sang.
La réponse d'Olivier Bindiu, parue dans orthodoxie n°57 à laquelle vous
renvoyez affirme des choses surprenantes.
A savoir:
que le Corps est "l'Esprit, la Force, la Sagesse infinie", et que le Sang est
la Volonté, l' Amour, l'origine du mouvement universel qui, seul peut
régénérer l'humanité.
Je ne sais d'où sortent ces catégories et ce qui permet de les assimiler à
l'un des deux éléments plutôt qu'à l'autre. Je ne vois pas.
De plus,affirmer que cette signification est "selon la relation de l'évangile" me laisse très perplexe.Je ne trouve pas à quel texte cela se réfère.
Ce rituel juif du pain et du vin n'est pas une invention du Christ. Il n'a fait
qu'utiliser un rite déjà existant et pratiqué communément de son temps.
En voici les prières:
Avant de se mettre à table, on se lave les mains et l'on dit :
« Sois loué [Béni sois-Tu], Éternel, notre Dieu, Roi de l'Univers, qui nous
as sanctifiés par Tes commandements et nous a prescrit de nous laver les mains. »
Chaque assistant mange un morceau de pain après avoir dit :
« Sois loué [Béni sois-Tu], Éternel, notre Dieu, Roi de l'Univers, qui fais
sortir le pain de la terre. »
Avant de boire le vin, on dit :
« Sois loué [Béni sois-Tu], Éternel, notre Dieu, Roi de l'Univers créateur du fruit de la vigne. »
Notons au passage que les disciples d'Emmaüs reconnaissent Jésus à la
fraction du pain, ce qui laisse penser qu'ils l'avaient vu faire plus d'une fois et qu'à ce geste il était reconnaissable entre tous.
Jésus avait une façon bien particulière de procéder qui consistait à rompre le pain et à en donner un morceau à chacun ainsi qu'à faire boire chacun à la même coupe lors des prières de bénédiction du début de repas , ce qui n'était pas la façon habituelle de procéder. (chacun prenait son pain et sa coupe individuellement. On voit déjà qu'il familiarise ses disciple à cette notion de restauration d'une humanité hypostatique en troquant la "fragmentation" pour du "partage".)
Pour en revenir à l'eucharistie je pense que le Christ abolit la prescription
alimentaire du Lévitique, qui séparait le corps et le sang, car on ne
mélange pas cadavre et vie chez les juifs. Il marque par là même que le corps qu'il donne n'est pas un cadavre nourricier mais un corps résurrectionnel de vie au même titre que le sang qui en est la pureté qui lave; et il n'y a donc pas lieu de séparer les deux matières contrairement aux lois alimentaires en vigueur.
Le sang est impur depuis la chute. Il est un sang pour la mort. C'est pour
cette raison que les femmes ne sont pas admise dans le sanctuaire ou que le prêtre n'officie pas lorsqu'il s'est coupé. Et les prières du 40ème jour au retour de couches sont significatives ainsi que le "dans l'iniquité ma mère m'a conçu" du ps 50. Ce qui est visé ici ce n'est pas la sexualité, mais le fait que depuis la chute la femme qui enfante ne donne que la mort. C'est en effet le baptème qui donne la vie.
Et ce n'est pas l'aspect menstruel du sang avec dépréciation de l'union
charnelle qui est dénoncé mais le sang en tant que tel qui bien que preuve de la vie terrestre est devenu signe de la mort spirituelle.
Dans l'eucharistie le sacrifice du corps est significatif de la résurrection du corps (et non seulement de l'âme)et celui du sang significatif de la Vie éternelle définitivement donnée et qui coule dans ce corps résurrectionnel.
L'abolition de "la" mort et non de "cette" mort et ledon "définitif"(nouvelle
alliance) de la Vie éternelle sont deux choses différentes sous deux
éléments différents et inséparables qui nous sont conférées en même temps dans l'Eucharistie.
En espérant que d'autres donneront leur approche sur le pourquoi de deux éléments dans ce mystère, merci de votre réponse.
Antoine
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Pour le lecteur, voici le texte du Père Olivian Bindiu paru dans orthodoxie
n° 57 à l'adresse suivante:
http://membres.lycos.fr/orthodoxievco/bul.htm)
Ce sacrement de la Communion représente le seul tribut que l'être humain peut apporter au Créateur pour le plus grand de tous les bienfaits et le merveille le plus sublime.
La réalité et l'importance de la Communion se basent, comme celles du
baptême, sur des consonances admirables entre les deux mondes (divin et terrestre) et sur de profonds symboles. La nutrition du corps nous découvre symboliquement celle de l'âme.
Le pain et le vin sont des symboles des corps fluides et solides qui
communiquent dans la composition humaine avec la forme et le
mouvement. L'un est le résultat de l'ossification et de la formation de la chair et l'autre se matérialise par la circulation du sang. Dans le monde physique il y a la forme et le mouvement, dans le monde moral il y a l'intelligence et la volonté.
C'est ainsi que l'alimentation intérieure, produite par l'Eucharistie alimente les principes les plus salutaires de l'âme et donne à la volonté une impulsion nécessaire.
Le choix des deux substances, du pain et du vin, qui deviennent Corps et
Sang du Sauveur, n'est ni indifférente, ni arbitraire du point de vue métaphysique.
Le Fils de Dieu se donne entièrement à l'homme afin de transformer l'être humain entier, en nous découvrant la vérité sublime que l'âme de l'homme ne peut pas avoir une autre nourriture, qui lui donne la vie même, que son Dieu et seulement par l'union constante avec son principe vital il peut renouveler toutes ses forces (physiques et psychiques).
"Ceci est mon Corps Š" selon la relation de l'évangile, signifie, autrement dit, c'est mon Esprit, ma Force, ma Sagesse infinie, faites compris par l'homme en déclin;
"ceci est mon Sang Š": c'est ma Volonté, mon Amour, l'origine du mouvement universel qui, seul peut régénérer l'humanité.
Dieu est omniprésent, par son Pouvoir infini et par sa Sagesse illimitée,
mais son omniprésence et omnipotence sont évidentes dans le sacrement de la Communion.
Ce sacrement est la manifestation plénière de l'amour chrétien. Un aspect secondaire, mais importante en ce qui concerne la Communion, est la nécessité de recevoir ce sacrement sous les deux espèces, comme l'a fait toujours l'Église orthodoxe. En le limitant à un seul aspect, on détruit le sens typique de la nutrition corporelle, qui caractérise l'action régénératrice de Dieu sur l'intelligence et la volonté humains, c'est-à-dire sur l'homme passif et actif.
La Communion, symbole de l'union, de la reconnaissance et de l'amour
chrétien, est l'offrande de tous les dons terrestres. C'est étrange que l'Église latine s'est permis altérer arbitrairement ces hauts mystères en refusant la coupe de l'amour, de la fraternité et de la paix à tous les laïcs sans leur permettre d'apaiser leur soif de justice et de vérité. Les latins se posent eux-aussi cette question, sans pouvoir y répondre. Mais dans l'évangile, c'est bien écrit:
"Ceci est mon Sang qui est versé pour vous. Buvez-en-tous Š"
Jésus Christ souffre, se sacrifie et scelle avec son Sang l'union du
Créateur avec sa créature. Ce sont des dons non seulement pour les prêtres, mais aussi pour tous les croyants.
Une autre différence existe encore. L'Église orthodoxe, utilisant le pain levé , diffère de l'Église latine qui se sert de l'azyme ( pain non-levé ). Le rituel orthodoxe est basé sur le sens du mot grec "arthos". La pratique latine a ses origines dans l'usage judaïque, car les Juifs ne mangent point du pain non levé.
Mais la différence n'est pas un point essentielle. Il s'agit d'une part, de
l'absence du levain qui est plus conforme à l'usage hébraïque, et d' autre
part, de l'utilisation du pain levé, commun, symbole du Christ - la nouvelle Pâque.
De même que le prêtre verse de l'eau chaude, dans le calice, juste avant la communion, afin de symboliser la chaleur de l'Esprit saint, de même le pain doit être signe de vie, la Vie du Christ, ce que l'azyme ne peut symboliser.