Propos pour l'Eglise

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Jean-Louis Palierne
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Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02

Message par Jean-Louis Palierne »

Le modernisme est né de la conviction des peuples orthodoxes qu’ils avaient un retard à rattraper par rapport à l’Occident lorsqu’ils se sont émancipés de la domination islamique. Certains ont pensé servir l’Orthodoxie en utilisant des concepts, des méthodes, des terminologies “savantes” pour exposer et défendre l’Orthodoxie. Ils ont également tenté de remodeler les structures de l’Église orthodoxe.

Chaque nation accédant à l’indépendance reconquise considérait comme un devoir sacré de constituer une Église également indépendante. L’indépendance politique ayant été conquise sur l’Empire ottoman (qont le centre était à Istanbul) il fallait conquérir l’autocéphalie canonique sur le patriarcat de Constantinople en prenant le titre de patriarche pour entrer dans le cercle de la Pentarchie. Pour la plupart les Églises nationales ont mis du temps pour se reconnaître comme membres d’une communion et se faire mutuellement reconnaître dans la communion orthodoxe. L’indépendance nationale engendrait un esprit d’auto-suffisance.

Après avoir fabriqué une autocéphalie il fallait se doter de structures internes inspirées des bureucraties d’État alors naissantes. C’est ainsi que naquirent ces structures aberrantes où les métropoles se fondent en un unique patriarcat national, dont le Synode devient un Parlement, où les évêques font carrière à partir du grade (inventé au mépris des canons) “d’évêque auxiliaire” jusqu’au cercle étroit d’un synode restreint (anticanonique) souvent appelé “Saint Synode”, avec un patriarche chef de gouvernement et des départements ministériels spécialisés. Sans oublier l’enseignement d’une philosophie scolastique (initialement on l’enseignait en latin, pour faire comme les grands occidentaux), le serment exigé des prêtres (contre l’interdiction du Seigneur Lui-même) et le discrédit jeté sur le monachisme.

Ces mouvements étrangers à la Tradition patristique sont générateurs de débats et de divisions entre diverses recettes proposées pour la réforme de l’Église. Le fonctionnement de l’Église impériale de Russie réformée par Pierre le Grand a provoqué en Russie une réaction du dlergé paroissial marié (ce qu’on appelait “le clergé blanc” formé par les séminaires diocésains) contre l’encadrement formé par le “clergé noir” (les prêtres célibataires formés dans quatre académies qui fournissaient les évêques).

Après l’échec du Synode de Moscou en 1917, l’existence d’un exarchat russe en Europe occidentale a été perçue par certains comme une occasion de créer une réalisation expérimentale pour préparer l’Église de Russie, après la chute du régime athée (dont on ne prévoyait pas la longévité) à devenir compétitive avec l’Occident. Là aussi plusieurs recettes, plusieurs programmes se sont affrontés. Actuellement c’est ce qu’on pourrait appeler le “modernisme francophone” qui gouverne l’Archevêché de la rue Daru., cependant que le Patriarcat de Moscou tente de regrouper un front commun de tous les nostalgiques de la tradition russe pour réannexer l’Archevêché.

Pour nous, nous savons que la seule forme que peut prendre l’Église orthodoxe, la seule qui lui permette de mener une vie stable et féconde, est celle d’une métropole autonome de tradition orthodoxe comptant les divers diocèses territoriaux locaux (donc supra-ethniques) d’une province ecclésiastique. L’Orthodoxie n’est pas une question nationale.

Le modernisme est le produit naturel d’une errance canonique. Le modernisme francophone utilise l’appui qui lui apportent les spécialistes catholiques de l’œcuménisme pour imposer sur les médias une censure impitoyable et s’assurer ainsi le monopole de l’expression de l’Orthodoxie. Il s’agit cependant d’une usurpation.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
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