Les saintes espèces

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Antoine
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Message par Antoine »

auteur : Antoine

XB!

De Saint Jean Chrysostome, qu'il est d'accord avec le post 11 de Catherine:

Homélie 46 sur St jean :

Sortons donc de cette table, mes frères, comme des lions remplis d'ardeur et de
feu, terribles au démon, pleins du souvenir de notre chef, et de cet ardent
amour dont il nous a donné de si vives marques. Souvent les parents confient à
des nourrices leurs enfants; moi, au contraire, je les nourris de ma chair, je
me donne moi-même à manger. Je veux tous vous ennoblir et vous donner à tous
l'espérance des biens à venir. Celui qui s'est livré pour vous dans ce monde
vous fera dans l'autre beaucoup plus de bien encore. J'ai voulu être votre frère
pour l'amour de vous; j'ai pris votre chair et votre sang, afin que l'un et
l'autre fût commun entre nous; je vous rends cette chair et ce sang, par
lesquels je suis devenu de même nature que vous. Ce sang forme en nous une
brillante et royale image; il produit une incroyable beauté, il ne laisse pas la
noblesse de l'âme se flétrir, lorsqu'il l'arrose souvent et la nourrit. Les
aliments ne se tournent pas d'abord en sang, mais auparavant ils se
convertissent en quelque chose d'autre. Mais ce sang se répand dans l'âme
aussitôt qu'on l'a bu, il l'arrose et la nourrit. Ce sang, quand on le reçoit
dignement, met en fuite les démons; il appelle et fait venir à nous les anges,
et même le Seigneur des anges. Car, aussitôt que les démons voient le sang du
Seigneur, ils fuient, mais les anges accourent. Ce sang, par son effusion, a
lavé et purifié tout le monde.
Saint Paul, dans son Epître aux Hébreux, dit sur ce sang des choses qui sont
pleines d'une admirable sagesse. C'est ce sang qui a purifié l'intérieur du
temple et le Saint des saints (1) Que si le symbole de ce sang, dans le temple
des Hébreux et dans la ville capitale de l'Egypte, jeté par aspersion sur les
linteaux des portes, a eu tant de puissance et de vertu, la vérité en a une plus
grande et plus efficace. C'est ce sang qui a consacré l'autel d'or; le grand
prêtre n'osait entrer dans le sanctuaire sans en avoir auparavant été arrosé.
C'est avec ce sang que se faisait la consécration des prêtres; ce sang figuratif
lavait les péchés; si donc la figure a eu tant de vertu et de puissance, si la
mort a eu tant de frayeur de l'ombre, combien, je vous prie, craindra-t-elle la
vérité? Ce sang est la sanctification et le salut de l'âme. C'est lui qui la
lave, la purifie, l'orne, l'enflamme; c'est lui qui rend notre intelligence plus
brillante que le feu, notre âme plus resplendissante que l'or. C'est ce sang qui,
une fois répandu, a ouvert le ciel.

Notes
Hébreux, 9.
Antoine
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Message par Antoine »

Date : 01.06 20h58
auteur : Antoine


Le sang du Christ: un autre parallèle extrait de la même homélie
de St Jean Chrysostome:


Les mystères que Jésus-Christ a confiés à son Eglise sont véritablement
terribles; l'autel, sur lequel est immolée cette divine victime, est
véritablement redoutable. Du Paradis sortait une source qui se partageait de
tous côtés en des fleuves d'eau sensible; de cette table rejaillit une source
qui répand des fleuves d'eau spirituelle. Ce ne sont pas des saules stériles qui
s'élèvent autour de cette fontaine, mais des arbres dont la hauteur atteint
jusqu'au ciel, qui portent toujours du fruit dans la saison, qui jamais ne se
flétrissent.
Antoine
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Message par Antoine »

Date : 01.06 21h02
auteur : Antoine


Sur le Pain une relation que j'aime beaucoup avec le baptème.


Augustin d'Hippone extrait de :
Sermon 227 : Aux néophytes sur les saints mystères.

Ce pain que vous voyez sur l'autel, une fois sanctifié par la parole de Dieu,
est le corps du Christ. Cette coupe, ou plutôt le breuvage qu'elle contient, une
fois sanctifiée par la parole de Dieu, est le sang du Christ. Notre Seigneur
Jésus-Christ a voulu nous confier là son corps et son sang, qu'il a répandus
pour nous, en rémission des péchés. Si vous l'avez bien reçu, vous êtes vous-
mêmes ce que vous avez reçu. L'Apôtre ne dit-il pas : Si nombreux que nous
soyons, nous sommes un seul pain, un seul corps (1)? Ainsi définit-il le
sacrement de la table de notre Seigneur Si nombreux que nous soyons, nous sommes
un seul pain, un seul corps. Ce pain nous apprend combien nous devons aimer
notre unité!
Le pain en effet est-il formé d'un grain unique? N'est-il pas plutôt composé
d'une multitude de grains de froment? Mais avant de devenir du pain, ils étaient
séparés. L'eau les a mêlés; ils avaient d'abord été broyés. Car si le froment
n'est moulu, si l'eau ne l'arrose, jamais il ne prend cette forme qui est celle
du pain.
C'est ainsi que vous-mêmes étiez, hier, comme broyés dans l'humiliation du jeûne
et les mystères de l'exorcisme. Le baptême est venu : l'eau vous a arrosés, afin
de vous donner la forme du pain. Mais il n'est pas de pain sans feu. Que marque
ici le feu? L'onction. L'huile qui nourrit notre feu est le symbole de l'Esprit-
Saint

1) 1 Corinthiens,10,17.
Dernière modification par Antoine le dim. 25 sept. 2005 21:28, modifié 1 fois.
Antoine
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Message par Antoine »

Date : 07.06 00h21
auteur : Catherine


Oui, tout cela est très beau, merci Antoine.
Quant à moi, j'ai posé la question concernant le pourquoi des deux
espèces à un prêtre orthodoxe d'une grande simplicité et qui ne parle et
ne vit que par la foi.
Il m'a regardé avec un certain étonnement comme quelqu'un qui ne
comprend pas comment on peut se poser une telle question.
J'ai commencé à lui expliquer, mais il m'a interrompue en disant : " Le
Christ a dit : "Mangez mon Corps" et "Buvez mon Sang", non ? Si après
les kto n'ont rien compris, c'est leur affaire. L'Église suit le Christ. "

Personnellement, tout ce que je peux vous en dire, c'est que manger le
Corps et boire le Sang du Christ, cela donne des forces à l'âme et au
corps.
Antoine
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Message par Antoine »

Date : 07.06 08h53
auteur : Antoine


XB!
Ce n'est pas parce qu'une parole est dite par le Christ que l'on doit
s'interdire de comprendre cette parole. Au contraire! C'est parce qu'elle est du
Christ qu'elle demande à être assimilée, méditée, priée. Un commandement du
Christ n'est pas un ordre militaire qu'il convient d'exécuter. Il est un appel
d'Amour qui demande une réponse d'Amour dans la communion spirituelle.
L' obéissance du Fils à son Père jusqu'à la croix , l'obéissance de l'Eglise au Christ, cette "soumission" (pour reprendre la terminologie paulinienne
développée par G. de Nysse cf rubrique "apocatastase" de notre forum) perichorétique ne sont pas le fait d'une hiérarchie disciplinaire.
Quant aux Catholiques romains je ne comprends pas non plus: la réponse
laisserait supposer qu'ils ne ne communient qu'à une seule espèce,or ils ne communient à rien...
Je ne me sens donc certainement pas concerné par cette réponse qui évacue toute pensée théologique au profit d'un sectarisme simpliste.
Antoine
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Message par Antoine »

Date : 07.06 09h32
Ecrire à l'auteur : Catherine

Antoine, Mon post ne contredisait en rien le vôtre, et si j'ai raconté ette
histoire, c'était pour rire de moi-même qui avais pensé à tout sauf au
commandement à observer. Avouons que c'est quand-même l'essentiel.
- Un commandement du Christ n'est pas un ordre militaire qu'il convient
d'exécuter. Il est un appel d'Amour qui demande une réponse d'Amour
dans la communion spirituelle. L' obéissance du Fils à son Père jusqu'à
la croix , l'obéissance de l'Eglise au Christ, cette "soumission" (pour
reprendre la terminologie paulinienne développée par G. de Nysse)
perichorétique ne sont pas le fait d'une hiérarchie disciplinaire.
• Qui dit le contraire ?
Quant aux Catholiques romains je ne comprends pas non plus: la
réponse laisserait supposer qu'ils ne ne communient qu'à une seule
espèce, or ils ne communient à rien...
• La réponse concerne uniquement leurs interrogations théoriques et non
leur pratiques.
Je ne me sens donc certainement pas concerné par cette réponse qui
évacue toute pensée théologique au profit d'un sectarisme simpliste.
• Vous n'êtes pas concerné et une réponse simple n'implique pas
l'absence de pensée théologique. Elle signifie simplement que la
question a été résolue par la Tradition patristique et vous en avez bien
cité les beaux exemples. Elle signifie que nos opinions doivent se
conformer à la Tradition, c'est tout, je pense. C'est cela, l'obéissance à la
foi. Il ne s'agit pas d'un ordre militaire, ni d'une hiérarchie disciplinaire,
je
ne comprends même pas d'où vous sortez ces catégories.
Notre liberté reste toujours intacte : c'est d'ailleurs l'obéissance qui
l'engendre.
Antoine
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Message par Antoine »

Date : 07.06 09h48
auteur : Antoine


XB!
Katherine,
C'était juste une clarification ; merci de la votre.
Antoine
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Message par Antoine »

En réponse à François-Athanase qui déclarait
"Sur le plan sanitaire , je crois que le partage d'un même calice ou la délivrance du pain consacré avec une cuiller dans la bouche du "fidèle" sont des pratiques dangereuses ".
voici un passage édifiant du récit de la vie de Saint Jean Maximovitch extrait du livre sur les fols en Christ dont Lecteur Claude avait fourni les références à la rubrique "Fols en Christ".

<<Un jour, une de ses paroissiennes fut mordue par un chien enragé. Elle refusa les soins appropriés et eut la rage elle-même. Alors qu’elle était à l’article de la mort, il vint la voir pour la communier. Ayant reçu les Saints Dons, elle les rejeta. Saint Jean les consomma aussitôt, au grand désarroi de ceux qui étaient avec lui et qui savaient que la rage était une maladie terriblement contagieuse. Mais lui, placide et ferme, répondit simplement : «Rien ne m‘arrivera, ce sont les Saints Dons» ! Et il avait raison, le Corps très saint et le Sang très précieux du Christ le vivifièrent chaque jour de sa vie.>>
eliazar
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Message par eliazar »

Le 30 juin 2003, Antoine &crivait à propos de la communion sous les deux espèces - et de la peur de la contagion que sa forme orthodoxe donnait à françois-Athanase Gâcogne de... etc... :

"Les cathéchèses de St cyrille expliquent comment il faut disposer les mains pour recevoir le corps du Christ et le canon 101 du concile in Trullo édicte qu'il faut recevoir le pain dans la main .
L'usage de la cuiller remonte à St Jean Chrysostome lui-même, qui prit cette décision afin d' éviter que l'on se serve de l'Eucharistie à des fins de magie; (ce qu'une fidèle avait fait). "

Eh! bien, cette simple fidèle magicienne a été bien dépassée depuis; l'Agence Française de Presse communiquait en juillet 2003 l'histoire (invraisemblable pour les journalistes...) d'un prêtre kto qui serait (en ce moment et en France, semble-t-il) prêtre de paroisse dans la journée et magicien le soir.

Cela a beau ne pas être si nouveau que cela, ce n'en est pas moins désolant pour autant. Cela me fait souvenir d'une époque (les années 50-60) où les amateurs de messes noires se procuraient auprès d'un prêtre parisien, desservant d'une église célèbre du Quartier Latin, des hosties consacrées en vue de leurs célébrations blasphématoires.

Heureusement qu'elles n'étaient consacrées qu'à la mode romaine, c'est à dire par la seule vertu du prêtre consécrateur. Mais cela ne changeait rien à l'intention sacrilège. Et aucun Jean Chrysostome "romain" n'a viré ce prêtre avant sa retraite, que l'on sache...

Éliazar
christianc
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Message par christianc »

Euh ?? est ce une question d'hygiène ou de prophylaxie??

A lire certaines interventions je penserais que les "controôes vétérinaires " vont faire fermer les églises pour "aliments hors normes"..

Les églises protestantes n'ont pas voulu séparer les fidèles de la comunion sous les deux espèces (l'intention du Christ)..

Moyennant quoi - le pain - levé - circule- coupé en morceaux..

La coupe :
- soit unique remplie de vin
- soit unique remplie de jus de raisin (a cause des pbm alcooliques)
- soit des petits verres individuels remplis de jus de raisin..

Circule et le débat est "Mais quelle est la prophylaxie de la Coupe".. Et c'est la coupe qui est le problème et non la cuillère..

Je ne sais pas tout .. Mais je crois que comme le disent beaucoup ici "Christ est Ressuscité"..
Anne Geneviève
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Pain et vin

Message par Anne Geneviève »

Dans ma petite exploration des anciens fils laissés en suspens, j'ai eu envie de faire remonter celui-ci. J’ignore si la question posée (pourquoi les deux espèces et pourquoi celles là) a encore une actualité pour quelqu’un puisque Catherine qui avait posé la question semble avoir déserté le forum, mais le pain et le vin ne sont pas n’importe quels aliments. Le pain et le vin sont des aliments transformés et tous deux de la même façon : grâce à un ferment. Ils n’existent pas dans la nature comme la salade ou le poulet. Il faut toute une préparation longue et complexe. Mais, en plus, leurs « matières premières » ont du être transformées par l’agriculture : ni le blé sauvage ni les grains de la vigne sauvage ne sont digestes. Il a fallu des années de culture pour les rendre mangeables, au moins un siècle et sans doute plus si l’on en croit l’archéologie. Alors, première énigme : comment nos ancêtres du néolithique ont-ils eu la patience de cultiver cette graminée indigeste et cette liane aux fruits acides durant plusieurs générations sans pouvoir les consommer ? On a émis des tas d’hypothèses, il faut avouer qu’aucune n’est très satisfaisante. Mais soupesons la foi que cette agriculture a exigé, durant des générations, avant d’obtenir une farine comestible et un jus buvable. Après quoi, il a fallu inventer le levain et la cuisson du pain, la vinification du raisin, et je peux vous affirmer pour avoir vu faire mon grand-père qui fut boulanger une partie de sa vie et vigneron ensuite que ce sont des opérations complexes, délicates, qu’on a toutes les chances de rater.
Mieux encore : la « révolution néolithique », c’est-à-dire la culture des céréales date d’environ –7000 ; l’invention de la céramique qui permet de cuire la farine comme une bouillie et de fabriquer des fours n’est attestée que vers –5000. Donc pendant deux millénaires, on a panifié et vinifié en se servant d’outres en peau de chèvre ou de seaux en bois creusé et cuit le pain je ne sais trop comment, peut-être dans des fours de pierre sèche ou de plâtre, peut-être enveloppé de feuilles dans une boule d’argile dans les fosses à feu.
Pour faire le pain et le vin, il a fallu toute cette histoire, toute cette foi, toute cette espérance, toute cette intelligence, tout ce cœur, tout ce courage au travail, tout ce goût de la belle ouvrage. Il me semble qu’au travers du choix de ces aliments d’abord pour les bénédictions du shabbat qu’a rappelées Antoine puis pour l’eucharistie, c’est aussi l’effort de l’homme qui était reconnu et assumé par Dieu. Je le dis peut-être maladroitement, mais c’était sans doute perçu de manière beaucoup plus immédiate par nos ancêtres quand le pain et le vin se faisaient à la maison.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
Antoine
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Message par Antoine »

Anne Geneviève a écrit :Mais soupesons la foi que cette agriculture a exigée
Le verset de Genèse 2,5 exprime que Dieu attendait l’homme comme finalité à l’acte de faire pleuvoir. «Lorsque l'Éternel Dieu fit une terre et des cieux, aucun arbuste des champs n'était encore sur la terre, et aucune herbe des champs ne germait encore: car l'Éternel Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre, et il n'y avait point d'homme pour cultiver le sol.»
Le verset 2,15 accentue encore cette synergie:«L'Éternel Dieu prit l'homme, et le plaça dans le jardin d'Éden pour qu’il le cultive et le garde. » Le travail est présent dès l’origine. Le travail humain s’origine dans le travail divin.
Le récit de la genèse est un récit eucharistique.
Le terme Paradeisos employé pour jardin désigne un parc réservé aux rois alors que kepos serait plutôt un jardin style potager et floral. Il s’agit bien d’un travail dans et sur la royauté tout comme dans l’Eucharistie. Cultiver et garder le jardin d’Eden, c’était conserver et se nourrir de l’arbre de Vie «au milieu du jardin», centre et source de tous les désirs humains. Effectivement, cette «agriculture exigeait la foi ».

Par l’Eucharistie le Christ nous rend plus encore que cette royauté perdue, il nous associe à la vie trinitaire :«Tout ce qui est à moi est à toi et tout ce qui est à toi est à moi». Jn 17,10. La finalité de la création s’actualise dans l’Eucharistie: «Comme toi, Père , tu es en moi et moi en toi, Qu’ils soient en nous eux aussi […]Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée pour qu’ils soient un comme nous sommes un». Jn 17, 21-22

«Soupesons la foi que cette agriculture exige»écrit Anne Géneviève, car le Christ nous dit dans la prière sacerdotale: «Je prie pour ceux qui croiront en moi». Jn 17,20
eliazar
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Les Saintes Espèces

Message par eliazar »

Deux ans après le début de ce fil sur le Pain et le Vin - c'est-à-dire : les Saintes Espèces - Anne Geneviève vient d'écrire ceci :
« J’ignore si la question posée (pourquoi les deux espèces et pourquoi celles là) a encore une actualité pour quelqu’un puisque Catherine qui avait posé la question semble avoir déserté le forum, mais le pain et le vin ne sont pas n’importe quels aliments. »
Il se trouve qu’en effet, et comme à point nommé (mais ce n’est pas la première fois que sur ce même Forum je constate l’apparition d’une question, d’un sujet, juste au moment où cela devenait nécessaire qu’il soit abordé, et traité « au fond »), je suis confronté en ce moment même à un questionnement de ce type. Encore plus délicat que celui somme toute très primaire des risques de contagion et autres niaiseries.

On m’a demandé tout récemment (et j’avais l’intention de porter cela sur le Forum quand Anne Geneviève m’a tendu la perche en ravivant cet ancien fil auquel je ne pensais plus) :

- Mais comment, vous autres chrétiens, pouvez-vous « manger la chair » et « boire le sang » de votre Christ Jésus. Si vous y croyez vraiment, sincèrement, alors vous ne pouvez pas faire çà ! C’est de l’anthropophagie ! C’est du cannibalisme !

Et je me sens un peu comme ce prêtre dont parlait Katherine au cours de l’été 2003 : si Celui qui nous a créés à Son image et à Sa ressemblance nous ordonne Lui-même de le faire, qui d’entre Ses Baptisés aura seulement l’idée de refuser de Lui obéir, sachant au fond de nous que s’Il commande une chose aussi in-croyable, in-admissible, Il est également le Seul à savoir la raison profonde d’un tel ordre.

Et que l’Amour ne pose pas de questions. Il se précipite vers l’Aimé.

Mais en même temps je sens parfaitement ce qu’une telle réponse peut avoir de rédhibitoire pour un non-croyant. Alors, le problème demeure entier : Que répondre ?
< Demeurons dans la Joie. Prions sans cesse. Rendons grâce en tout... N'éteignons pas l'Esprit ! >
Sylvie
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Message par Sylvie »

Peut-être une piste de réflexion. Lorsque nous mangeons, notre corps assimile la nourriture tandis que lorsque nous communions, nous devenons ce que nous mangeons.

amicalement

Sylvie
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Antoine parle de paradeisos, terme grec, alors que le terme hébreu originel est eden. Cette traduction, qui doit dater de la Septante, aiguise ma réflexion car:
Eden, en chaldéen (et l'hébreu de la genèse est du pur chaldéen, bien archaïque), signifie la steppe par opposition au désert : là où pousse l'herbe et où l'on peut cultiver tant le blé que les légumineuses ou même les fleurs. C'est l'espace de la végétation spontanée, l'espace de la vie par opposition à l'aridité mortifère du désert.
Paradeisos, du grec importé du pardesh persan, c'est le jardin royal, sorte de tapis de fleurs et d'arbustes qui nécessite une horde de jardiniers; mais c'est aussi le luxe suprême dans un pays aux plateaux largement désertiques, en tout cas arides et durs à cultiver.
Qu'y a-t-il de commun? Pourquoi traduire la steppe par le jardin du roi? Il me semble que le fil d'or qui court derrière cette traduction, c'est l'idée de la profusion de vie, de l'eau vive, et de la joie de vivre là, dans la surabondance de vie.
Ce qui donne au travail de l'homme placé comme jardinier un tout autre sens que la condamnation aux galères ! C'est une oeuvre de co-création dont la fécondité est assurée.
Et n'oublions pas, en rapprochant les deux textes de la création, Genèse 1 et Genèse 2, que l'homme est à la fois le jardinier et le roi placé là par Dieu...

L'objection d'anthropophagie. D'abord elle n'est pas neuve. Elle existe depuis les débuts du christianisme. Il n'y a qu'une façon de la désamorcer, c'est de rappeler que le Christ est à la fois homme et Dieu et que, dans la mesure où le corps et le sang eucharistiques sont pain et vin, il s'agit aussi et surtout d'une "théophagie", laquelle échappe à nos catégories habituelles de jugement. Si le Christ était seulement homme, le reproche porterait, même s'il s'agissait d'un cannibalisme symbolique. Mais que signifie manger Dieu? Demandez le à votre contradicteur. Je suis persuadée que sa première réaction sera : "euh..."
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
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