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Doit-on donner l'antidoron aux hétérodoxes ?

Publié : mar. 07 juin 2005 11:52
par Glicherie
Je viens de lire l'encyclique du locum tenens du diocèse de l'Attique.

Un point m'amène à poser la question suivante, à laquelle il semble répondre par la négative:


Doit-on donner l'antidoron aux hétérodoxes présents à la Divine Liturgie et qui le réclame ?

Merci de vos lumières.

Publié : mar. 07 juin 2005 12:11
par hilaire
bonjour glicherie,

je vais me risquer à une réponse: j'aurais tendance à penser que dans la mesure où l'Antidoron représente les fractions de pain qui n'ont pas été consacrés, et mystiquement changés en corps de Notre Seigneur, ils peuvent être partagés, avec des hétérodoxes... Le pain a été béni par le prêtre mais pas consacré.

mais je n'ai pas la prétention d'être infaillible sur le sujet.

Publié : mar. 07 juin 2005 15:20
par Antoine
L'assemblée liturgique est une assemblée eucharistique. Elle forme une entité ecclésiale qui s'adresse liturgiquement à la Trinité.L'assemblée est consubstantielle au Fils. L'assemblée réalise son unité organique, hypostatique. Tout élémént qui lui est étranger ne saurait participer de cette unité. Les hétérodoxes doivent pour entrer dans cette communion ecclésiale recevoir le baptême de l'Eglise qui seul abolit le processus d'individuation consécutif à la chute.
De plus, l'anti-doron est du pain béni. Il est sanctifié et participe du mystère eucharistique . Il n'a certes pas subi la transformation en corps et sang mais il a été élévé lors de la proscomédie à une nature préparatoire à la réalisation des saintes espèces. Il est déjà en cela une offrande. Il a une nature "épiclésiable"
Au nom de quoi les hétérodoxes devraient-ils être autorisés à le consommer? Ne s'agit-il pas là d'un simple sentimentalisme superflu. Et pourquoi des hétérodoxes pourraient-ils le désirer sans désirer participer à cette communion ecclésiale qu'est l'Eglise. Qu'elle est la signification de ce désir? Aucun sens. Ou on est uni à l'Eglise ou on ne l'est pas. Pas d'infantilisme. La participation aux mystères de l'Eglise est un choix qu'il faut savoir faire ou ne pas faire avec les conséquences qu'il comporte. Tout dans l'office liturgique a un sens qui mène au-delà du sens, un méta- sens. Ce qui n'en a pas doit être exclu. Le symbole est la manifestation visible d'une réalisation invisible. Si'l'on n'adhère pas à cette réalisation de l'invisible aucun intérêt de s'en approprier la manifestation sensible. Le cops ecclésial est un corps mystique.


Ci dessous quelques éléments sur l'antidoron extraits du livre de Henryk Paprochi publié au cerf: "le mystère de l'Eucharistie".

P337-338

Dans les Balkans et dans les Églises de tradition liturgique grecque, il y a en outre un « rite de bénédiction de l'antidoron ». Le prêtre prend des deux mains le plateau de l'antidoron (eulogia) et fait avec lui le signe de la croix sur les saints dons en disant : « Grand est le nom de la Sainte Trinité. Très Sainte Mère de Dieu, viens à notre secours. Par ses prières, Christ notre Dieu, et par les prières de notre saint père Jean Chrysostome [ou : Basile le Grand], aie pitié de nous et sauve-nous. Amen » .
Le « rite de bénédiction de l'antidoron » - en faisant avec lui le signe de la croix sur les dons — est directement lié à celui de l'élévation de la panhagia. Saint Syméon de Thessalonique (xv° s.) dans son Entretien sur les saints sacrements et rites de l'Église, parle de l'élévation du pain pendant la sainte Liturgie : « Bien des prêtres ont adopté l'usage d'élever le pain pour rendre hommage à la Mère de Dieu, en particulier lorsqu'on accomplit le Sacrifice de Son Fils [.. J. L'élévation a lieu lorsque, selon le rite de la Divine Liturgie, c'est le moment de faire mémoire d'Elle, c'est-à-dire lorsque nous L'invoquons et surtout nous L'appelons comme notre plus sûr espoir et notre protectrice dans tous nos besoins et toutes nos afflictions ». (On trouve également cette tradition dans l'Horologion grec, dans le chapitre : « Sur l'élévation de la panhagia, quand et dans quel but elle fut instituée »). II faut remarquer la similitude entre ce rite et le rituel du repas chez les juifs et les premiers chrétiens, car c'est une tradition de l'agape pascale des premiers chrétiens.

P374

Selon les rubriques de la liturgie, pendant que l'on chante le psaume 33, et en pratique après l'apolysis, le prêtre distribue aux fidèles l'antidoron, et dans les Balkans il dit à chaque fidèle : « Que la bénédiction du Seigneur et Sa miséricorde descendent sur toi »
Le terme d'antidoron ne se rencontre que dans le rite byzantin (du grec « anti », à la place de, et de « doron », don) ; dans les autres rites, le pain bénit porte le nom d'eulogie, pain de bénédiction, fragment. L'antidoron est connu dans tous les rites depuis les premiers siècles du christianisme. Les Constitutions apostoliques de Syrie (v° siècle) indiquent de partager ainsi les eulogies : quatre dixièmes pour l'évêque, trois dixièmes pour les prêtres, deux dixièmes pour les diacres, un dixième pour les clercs mineurs et rien pour les fidèles. Le 8° canon de Théophile (Égypte, or siècle), indique de distribuer l'eulogie au clergé et aux fidèles, mais pas aux catéchumènes. Le 32° canon du synode de Laodicée (vers 363) interdit de recevoir l'eulogie des hérétiques, mais peut-être s'agit-il de l'Eucharistie. Les manuscrits de la Liturgie de saint Jean Chrysostome du XIIIème siècle placent la distribution de l'antidoron pendant le chant du psaume et avant la prière devant l'ambon. C'est ordinairement ce qui reste de la prosphore sur laquelle on a prélevé l'Agneau. La pratique de distribuer l'antidoron apparut quand disparaissait l'usage antique où tous les membres de la communauté communiaient. On trouve la première mention historique de l'antidoron en Occident au vr siècle (le le canon du synode d'Orléans de 511 fait mention des dons déposés sur l'autel et les répartit à raison d'une moitié pour l'évêque et d'une moitié pour le clergé) et en Orient pas avant le Xème siècle (ils sont mentionnés dans la réponse de Nicolas Il Grammatikos vers 1105, dans la Protheoria de Théodore d'Andida ; enfin le canon 18 du patriarche Nicéphore au XIIème siècle donne pour la première fois le terme d'antidoron)'.

L'action de grâces privée récitée après l'apolysis et la distribution de l'antidoron sont rarissimes dans les manuscrits". Elle se termine par le kontakion de la sixième ode du petit canon en l'honneur de la Mère de Dieu, dont l'auteur est Théophane l'Hymnographe (Ix' siècle) et une apolysis propre appelée « petite » (« Par les prières de Tes saints, Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de nous »).
Ce passage est plus développé dans la liturgie syrienne où, après l'ablution finale et la consommation des dons, on trouve la prière du congé donné à l'autel :
- Demeure en paix, saint autel du Seigneur. Je ne sais pas si désormais je reviendrai ou non vers toi. Que le Seigneur me permette de te contempler dans l'assemblée des premiers-nés qui sont au ciel, j'ai foi en cette alliance.
Demeure en paix, saint autel de supplication. Que les saints Corps et Sang offerts que j'ai reçus de Toi me valent le pardon de mes fautes, la rémission de mes péchés et l'assurance devant le redoutable Tribunal de Notre Seigneur et Dieu, à jamais.
Demeure en paix, saint autel, table de vie, et supplie pour moi Notre Seigneur Jésus-Christ afin que je ne cesse pas de penser à Toi, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.

Observations

Publié : mar. 07 juin 2005 17:07
par Jean-Serge
Je ne prétends pas répondre à la question : "faut-il donner les antidorons aux hétérodoxes". Une précision toutefois nos amis hétérodoxes n'ont rien à réclamer, sinon bientôt ils voudront communier. Je me suis posé cette question et ai observé les différences suivantes.

1° Dans son livre L'orthodoxie, église des 7 conciles l'évêque Kallistos de Dioklea déclare que les autres chrétiens sont invités à consommer les antidorons en signe d'amour fraternel

2° Un prêtre de l'exarchat russe m'a dit que les antidorons étaient consommables par tous y compris les non baptisés. Et effectivement, dans cette paroisse, étant catéchumène je les consommais si on me les offrait mais n'en prenais pas directement moi-même trouvant cela déplacé

3° Quand j'ai changé de paroisses (toujours en tant que catéchumène), le prêtre qui me suivait me faisait sortir pour la liturgie des fidèles (ce renvoi des catéchumènes a du bon) et donc je ne consommais pas les antidorons. Par ailleurs je me suis dit que si jadis, seuls les fidèles assistaient à la liturgie dit "des fidèles" justement, eux seuls pouvaient avoir accès aux antidorons...

4° J'ai également relevé sur des sites internet que les vieux calendéristes et les russes hors frontières semblent réserver les antidorons aux fidèles. Il leur arrive de préparer 2 plats, l'un avec des antidorons, l'autre avec du pain béni tout court sans que ce soient des antidorons...pour les hétérodoxes

Je n'ai pas d'idée à ce sujet... Donner à un antidoron à un catéchumène ne me choque pas (même si je n'y suis pas favorable). En revanche, le donner à quelqu'un qui n'en connaît pas le sens ou ne le pénètre pas est plus dérangeant.

J'avais posé cette question sur un forum américain et les réponses sont parties dans tous les sens : j'avais utilisé le terme "hétérodoxe" dans ma question et quelqu'un a supposé que cela laissait entendre que j'appartenais à un courant un rien ultra. De ce fait le débat s'est acheminé sur la façon d'appeler les non-orthodoxes avant que quelqu'un ne tranche: "il y a des sujets plus graves que les antidorons dans l'Eglise"

Toujours sur les antidorons, faut-il être à jeûn pour les manger après la Divine liturgie même si on ne communie pas. Saint Jean de Shangaï veillait particulièrement à ce que les fidèles soient à jeûn pour consommer les antidorons.

Connaissez-vous la pratique consistant à apporter des antidorons chez soi pour la semaine et à les consommer après les prières du matin à jeûn?

Publié : mar. 07 juin 2005 18:25
par Jean-Louis Palierne
L'antidoron est en principe une bénédiction donnée comme une sorte de participation à la communion. Antidoron veut dire "à la place du don" (les saints Dons par lesquels le Seigneur se distribue). Les fidèles qui ont communié devraient abstenir de les consommer après la Communion, car après la Communion nous n'avons besoin de rien de plus et ce qui est distribué immédiatement après la Communion n'est qu'une nécessité "technique" de précaution. Sur le mont Athod on ne doit pas prendre les "eulogies" (terme généralement employé pour l'antidoron) après la Communion. Mais il est courant d'en apporter par exemple à un moine que l'on va visiter, en signe de communion entre différentes communautés. Et l'Église peut très bien donner sa bénédiction à tout homme qui vit avec crainte de Dieu, en recherche de la vérité.

ANTIDORON

Publié : jeu. 16 juin 2005 1:55
par eliazar
Désolé de jouer les trouble-fête, mais si je partage totalement ce qui a été dit (notamment par Antoine et par Jean-Louis) du respect à apporter aux antidoron, en ce qui concerne le fait d'en offrir à des personnes non encore membres de l'Église, ou ouvertement hétérodoxes, j'ai vu bien souvent des cas où le prêtre lui-même les donnait...

J'ai vu bien pis : un archimandrite francophone, dépendant d'une grande Église slave, autorisant une vieille dame de ses paroissiennes à en rapporter à son chien (qui était également autorisé à s'asseoir sur une chaise pendant la Liturgie, à côté de sa maîtresse) et à lui en donner un morceau "pour qu'il ne se sente pas privé injustement de ce que je mange devant lui" (m'a expliqué cette dame, en ajoutant : Il n'en a pas l'habitude, et il ne comprendrait pas...").

Je crois vraiment que la catéchèse élémentaire des adultes est ce qui manque le plus, en ce moment, dans l'orthodoxie pratiquée en France.

Fautil donner l'antidoron aux hétérodoxes????

Publié : ven. 17 juin 2005 17:42
par Antoine Courban
Bonjour

C'est la première fois que j'interviens sur votre forum.
Je suis d'accord avec l'idée que l'assemblée liturgique réalise son unité hypostatique et devient , de ce fait, consubstantielle au Fils. A ma connaissance le Fils se donne, se dévaste, se distribue, "est brisé sans être morcelé". Le Fils, quand il demeurait en Palestine n'a exclu personne. C'est à l'hétérodoxe samaritaine qu'il fit la plus éclatante des révélations. Il est vrai que c'est à ses apôtres qu'il distribua Son corps et Son sang.

Le Fils est eucharistie. Si l'assemblée liturgique est consubstantielle au Fils dans son unité hypostatique, ne peut on pas imaginer un seul instant que le caractère eucharistique du Fils soit également celui de l'assemblée liturgique? Cet antidoron, qui n'est pas le Corps du Sauveur mais un objet bénit de ce monde, quand il est distribué à tout homme n'annonce-t-il pas le salut offert à tout homme sans exclusion?

Le fait de donner, avec amour, l'antidoron aux hérétiques, aux hétérodoxes, aux uniates, aux renégats, aux apostats, aux damnés, à tout homme, porterait-il atteinte à la globalité holistique de cette unité hypostatique devenue aninsi une totalité insécable? Où est donc la mission chrétienne de sanctifier le monde?

Le Fils n'a pas hésité un instant à s'humilier et à prendre, par amour pour nous, la figure de l'esclave. Ne pouvons nous pas, par amour pour notre prochain hérétique, damné, apostat , hétérodoxe etc..., condescendre à partager avec lui, non le Pain de Vie mais un pain bénit? Ce bout de pain bénit ne peut il pas être tout simplement une carte d'invitation offerte, avec le sourire et la chaleur du coeur, à partager le festin du Seigneur?

Nous avons reçu une seul commandement :"Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés". Je ne pense pas que ce partage d'amour concerne seulement les purs dans le dogme. Donner l'antidoron aux hétérodoxes est la preuve la plus éclatante qu'un orthodoxe est justement celui qui est capable du plus grand amour envers l'hétérodoxe.

A Antioche, une telle question nous laisse songeurs et heurte la sensibilité de n'importe quel croyant. Nous passons notre temps à échanger des antidoron avec quiconque sans poser la question de la pureté dogmatique de sa foi ou de son appartenance à telle ou telle juridiction.



Fraternellement. In Christo.

Re: Fautil donner l'antidoron aux hétérodoxes????

Publié : ven. 17 juin 2005 18:00
par Jean-Serge
Antoine Courban a écrit : A Antioche, une telle question nous laisse songeurs et heurte la sensibilité de n'importe quel croyant. Nous passons notre temps à échanger des antidoron avec quiconque sans poser la question de la pureté dogmatique de sa foi ou de son appartenance à telle ou telle juridiction.

Fraternellement. In Christo.
Merci pour ce témoignage Antoine. En guise de bémol, je puis vous signaler que certaines choses qui se passent à Antioche heurtent la sensibilité des croyants orthodoxes (au delà de la question des antidorons).

Publié : ven. 17 juin 2005 21:08
par Jean-Louis Palierne
Antoine Courban a écrit :
A Antioche, une telle question nous laisse songeurs et heurte la sensibilité de n'importe quel croyant. Nous passons notre temps à échanger des antidoron avec quiconque sans poser la question de la pureté dogmatique de sa foi ou de son appartenance à telle ou telle juridiction.
Je suis entièrement d'accord. Quand je parle du respect dû à l'antidoron, je ne pensais pas du tout à une mise à part aussi rigoureuse que lorsqu'il s'agit des saints Dons. L'antidoron n'est pas les saints Dons. Mais c'est bien une bénédiction de l'Église. L'Église refuserait-elle de bénir un visiteur respectueux ? un bienfaiteur extérieur ? un malade venu du dehors demander sa guérison ? Non bien sûr !

Mais comprenez que nous ne soyons pas d'accord pour négliger toute différence et mettre indistinctement tout le monde sur le même plan.

Publié : ven. 17 juin 2005 21:45
par Antoine
Antoine Courban a écrit :A ma connaissance le Fils se donne, se dévaste, se distribue, "est brisé sans être morcelé".
La citation exacte n’a pas le même sens en Français que ce que vous énoncez. Permettez moi donc tout d’abord de la rectifier car s'il existe une perfection en ce bas monde c'est bien dans la formulation ci-après. Au moment de la communion du (des)célébrant(s), le prêtre prononce «l’Agneau de Dieu est fractionné et partagé ; il est fractionné mais non divisé ; Il est toujours nourriture et ne s’épuise jamais, mais sanctifie ceux qui y communient. Nous verrons plus loin avec le texte de Cabasillas que cela concerne aussi l'indivisibilité de l'Eglise.

Le Fils, quand il demeurait en Palestine n'a exclu personne.
Je ne vois pas le rapport. Il ne s’agit pas « d’exclure » ou bien dans ce cas expliquez moi pourquoi vous excluez de la communion ceux qui ne sont pas orthodoxes.

C'est à l'hétérodoxe samaritaine qu'il fit la plus éclatante des révélations.
La Samaritaine était -elle hétérodoxe.?
On peut revenir sur ce passage de l’Evangile si vous le désirez et le traiter dans une rubrique nouvelle. Ce passage est très important et il n’a pas la signification que vous semblez lui attribuer.
Je ne vois pas le rapport entre l’andidoron et le fait que le Christ allait vers les publicains, les pécheurs, les aveugles, samaritains et autres. Cette relation que vous faite me semble arbitraire. En revanche on ne peut passer sous silence « va et ne pèche plus » ni les « va, ta foi t’as sauvé ». Y a-t-il une exclusion sous jacente derrière ces paroles ? Qui exclue qui ? Il y a aussi les insultes proférées par Jésus . Quelques exemples :

Dans Matthieu
3,7 « engeance de vipère »
12,39 et 16,4 « génération mauvaise et adultère »
15,16 « êtes vous encore vous aussi sans intelligence ? »
16,12 « méfiez vous du levain des pharisiens et des sadducéens »

Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc 4,24-30.

Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète n'est bien accueilli dans son pays. En toute vérité, je vous le déclare : Au temps du prophète Élie, lorsque la sécheresse et la famine ont sévi pendant trois ans et demi, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie n'a été envoyé vers aucune d'entre elles, mais bien à une veuve étrangère, de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; pourtant aucun d'eux n'a été purifié, mais bien Naaman, un Syrien. » A ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu'à un escarpement de la colline où la ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d'eux, allait son chemin.

Diriez-vous que par ces paroles le Christ exclue?
Qui exclue qui? C'est là la question. Celui qui ne donne pas l'antidoron ou celui qui ne fait rien sur le plan de la foi pour le recevoir?

Le Fils est eucharistie. Si l'assemblée liturgique est consubstantielle au Fils dans son unité hypostatique, ne peut on pas imaginer un seul instant que le caractère eucharistique du Fils soit également celui de l'assemblée liturgique?
Oui bien sûr. Voici un texte de Nicolas Cabasilas extrait de son « Explication de la divine liturgie. (Collection Sources Chrétiennes ; Volume 4 bis , publié au Cerf, p 231-233 de l’édition de 1967)

Chapitre XXXVIII
De quelle manière les saints mystères
signifient-ils l'Église?


1. L'Église est signifiée dans les saints mystères, non pas comme en des symboles, mais bien comme dans le cœur sont signifiés les membres, comme en la racine d'un arbre ses branches et, selon l'expression du Seigneur, comme en la vigne les sarments. Car il n'y a pas seulement ici communauté de nom ou similitude d'analogie, mais identité de réalité.

2. En effet, les saints mystères sont le corps et le sang du Christ, qui pour l'Église du Christ sont véritable nourriture et véritable breuvage. En y participant, ce n'est pas elle qui les transforme au corps humain, comme nous faisons pour les aliments ordinaires, mais c'est elle-même qui est transformée en eux, les éléments supérieurs ayant la suprématie. Étant donné que le fer, mis en contact avec le feu, devient feu lui-même et ne fait pas devenir fer le feu, de même que le fer incandescent ne parait pas à nos regards du fer mais simplement du feu, les propriétés du fer ayant complètement disparu sous l'action du feu : de même, si l'on pouvait voir l'Église du Christ en tant qu'elle lui est unie et qu'elle participe à son corps charnel, on ne verrait rien d'autre que le corps du Sauveur. C'est pour cette raison que Paul écrit : «Vous êtes le corps du Christ et ses membres, chacun pour sa part.» S'il l'a appelé Tête, et nous corps, ce n'est pas pour montrer la sollicitude du Christ à notre égard, ni son rôle d'éducateur et de censeur ainsi que notre sujétion à son endroit, tout comme nous disons par hyperbole de certaines personnes qu'elles sont les membres de leurs parents ou de leurs amis. Non : il a voulu signifier cela même qu'il disait, à savoir que, les fidèles vivant dès maintenant, par ce sang, la vie dans le Christ, dépendant réellement de cette Tête, et étant revêtus de ce Corps, il n'est donc pas hors de propos de voir là l'Église signifiée par les divins mystères.


Cet antidoron, qui n'est pas le Corps du Sauveur mais un objet bénit de ce monde, quand il est distribué à tout homme n'annonce-t-il pas le salut offert à tout homme sans exclusion?
Je ne crois pas que ce soit sa fonction. L’antidoron est déjà sans la plénitude des saints dons toutefois, une participation inachevée à l’eucharistie pour les croyants qui n’ont pas communié.

Le fait de donner, avec amour, l'antidoron aux hérétiques, aux hétérodoxes, aux uniates, aux renégats, aux apostats, aux damnés, à tout homme, porterait-il atteinte à la globalité holistique de cette unité hypostatique devenue ainsi une totalité insécable? Où est donc la mission chrétienne de sanctifier le monde?
Cela ne porte pas atteinte à l’assemblée , cela porte atteinte au sens, à la cohérence interne du déroulement de la liturgie où chaque chose a sa place dans le temps et l’espace. Il ne faut pas inventer aux symboles des significations qu’ils n’ont pas sous prétexte de charité.
Je ne pense pas non plus que cette mission dont vous parlez se fasse par le don de l’antidoron aux hétérodoxes. Rappelons que les non-orthodoxes ne sont censés assister qu’à la liturgie des catéchumènes et se retirer ensuite. Si cela était respecté le problème du don de l’antidoron ne se poserait pas. Il ne me semble pas que la distribution de l’antidoron puisse être placée au moment du renvoi des catéchumènes sur quadruple injonction du diacre. Pourtant si ce que vous dîtes est la bonne explication ne serait pas à cet endroit que nous en aurions la plus belle illustration ? Chaque catéchumène sortirait en prenant l’antidoron donné avec amour , couronnant alors la liturgie de la parole. On aurait ainsi tout ce que vous dîtes : don, mission, non exclusion , salut offert etc…
Rappelons aussi que pour un partage avec tous il existe les agapes fraternelles. Ces agapes sont d’ailleurs bénies par le prêtre car elles sont offertes en Eglise.
Le Fils n'a pas hésité un instant à s'humilier et à prendre, par amour pour nous, la figure de l'esclave. Ne pouvons nous pas, par amour pour notre prochain hérétique, damné, apostat , hétérodoxe etc..., condescendre à partager avec lui, non le Pain de Vie mais un pain bénit?
Pourquoi restreignez vous alors ce partage à l’antidoron? Pourquoi n’allez-vous pas plus loin et ne proposez vous pas que l’on donne la communion à tout le monde ? N'y-a-t-il pas là "exclusion" manifeste?

Ce bout de pain bénit ne peut il pas être tout simplement une carte d'invitation offerte, avec le sourire et la chaleur du cœur, à partager le festin du Seigneur?
Non. Il y a la liturgie des catéchumènes pour cela avec lectures et prières de l'assemblée, les agapes , toutes les activités annexes de la paroisse , la vie chrétienne de tous les jours.
Nous avons reçu une seul commandement :"Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés". Je ne pense pas que ce partage d'amour concerne seulement les purs dans le dogme.
Nous n’avons pas reçu qu’un seul commandement même si celui ci est le plus grand et les englobe tous..
Vous avez une vision curieuse de la liturgie : il ne s’agit pas de « purs dans le dogme » mais de pêcheurs qui se repentent et qui confessent la même foi en Christ. C’est le « va, ta foi t’a sauvé » ou plutôt «celui qui mange mon corps et boit mon sang aura la vie éternelle » Encore faut-il savoir ce que l’on fait dignement en toute indignité.
Donner l'antidoron aux hétérodoxes est la preuve la plus éclatante qu'un orthodoxe est justement celui qui est capable du plus grand amour envers l'hétérodoxe.
S’il suffisait de cela pour le prouver, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’hétérodoxes en ce monde!
A Antioche, une telle question nous laisse songeurs et heurte la sensibilité de n'importe quel croyant.
Il n’y a rien de choquant à s’interroger sur ce qu’est l’antidoron, sa signification symbolique et son usage juste dans l’Eglise.
C'est qui "nous"? Tout Antioche?
Nous passons notre temps à échanger des antidoron avec quiconque sans poser la question de la pureté dogmatique de sa foi ou de son appartenance à telle ou telle juridiction.
Avez vous la même attitude vis à vis des saintes espèces? Pourquoi les réserveriez vous aux " purs dans le dogme" Pourquoi chaque homme n'aurait-il pas automatiquement accès à cette plénitude?

Faut-il donner l'antidoron aux hétérodoxes?

Publié : dim. 19 juin 2005 6:33
par Antoine Courban
Bonjour

Après avoir lu attentivement les interventions des uns et des autres, pleines d’érudition et de profondeur, je réalise à quel point ma réaction est superficielle. Comment aurais-je pu oublier l’unité hypostatique que réalise l’Ecclesia-corps ? Je m’incline donc face aux arguments convaincants et reconnais qu’il est inopportun de distribuer l’antidoron, qui participe de cette unité hypostatique de l’Ecclesia orthodoxe, aux hétérodoxes. Je pense donc que cette mesure de prudence s’impose au même titre que s’impose l’interdiction de l’hospitalité eucharistique à l’égard des hérétiques. Dans une sorte de superficialité simplificatrice, j’avais pensé que l’antidoron, simple et innocent objet bénit, était radicalement différent du pain consacré de l’eucharistie. J’avais oublié la très pertinente « unité hypostatique » du corps ecclésial dans tous les aspects de sa vie liturgique.

Partant de là, je soumets dans une rubrique indépendante un problème auquel il m’est difficile de donner une réponse.

Antoine d'Antioche

Publié : dim. 19 juin 2005 7:10
par Antoine
L'amour de Dieu n'est pas un sentiment.


Vêpres de pentecôte
Seconde prière à genoux

Seigneur Jésus Christ notre Dieu qui aux hommes as donné la paix, tu accompagnes encore notre vie et toujours tu accordes aux croyants le don du très-saint Esprit en vue de l’héritage qui ne nous sera pas enlevé.

Sainte fête de pentecôte à tous.