Antoine Courban a écrit :A ma connaissance le Fils se donne, se dévaste, se distribue, "est brisé sans être morcelé".
La citation exacte n’a pas le même sens en Français que ce que vous énoncez. Permettez moi donc tout d’abord de la rectifier car s'il existe une perfection en ce bas monde c'est bien dans la formulation ci-après. Au moment de la communion du (des)célébrant(s), le prêtre prononce
«l’Agneau de Dieu est fractionné et partagé ; il est fractionné mais non divisé ; Il est toujours nourriture et ne s’épuise jamais, mais sanctifie ceux qui y communient. Nous verrons plus loin avec le texte de Cabasillas que cela concerne aussi l'indivisibilité de l'Eglise.
Le Fils, quand il demeurait en Palestine n'a exclu personne.
Je ne vois pas le rapport. Il ne s’agit pas « d’exclure » ou bien dans ce cas expliquez moi pourquoi vous
excluez de la communion ceux qui ne sont pas orthodoxes.
C'est à l'hétérodoxe samaritaine qu'il fit la plus éclatante des révélations.
La Samaritaine était -elle hétérodoxe.?
On peut revenir sur ce passage de l’Evangile si vous le désirez et le traiter dans une rubrique nouvelle. Ce passage est très important et il n’a pas la signification que vous semblez lui attribuer.
Je ne vois pas le rapport entre l’andidoron et le fait que le Christ allait vers les publicains, les pécheurs, les aveugles, samaritains et autres. Cette relation que vous faite me semble arbitraire. En revanche on ne peut passer sous silence « va et ne pèche plus » ni les « va, ta foi t’as sauvé ». Y a-t-il une exclusion sous jacente derrière ces paroles ? Qui exclue qui ? Il y a aussi les insultes proférées par Jésus . Quelques exemples :
Dans Matthieu
3,7 « engeance de vipère »
12,39 et 16,4 « génération mauvaise et adultère »
15,16 « êtes vous encore vous aussi sans intelligence ? »
16,12 « méfiez vous du levain des pharisiens et des sadducéens »
Evangile de Jésus-Christ selon saint Luc 4,24-30.
Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète n'est bien accueilli dans son pays. En toute vérité, je vous le déclare : Au temps du prophète Élie, lorsque la sécheresse et la famine ont sévi pendant trois ans et demi, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie n'a été envoyé vers aucune d'entre elles, mais bien à une veuve étrangère, de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; pourtant aucun d'eux n'a été purifié, mais bien Naaman, un Syrien. » A ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu'à un escarpement de la colline où la ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d'eux, allait son chemin.
Diriez-vous que par ces paroles le Christ exclue?
Qui exclue qui? C'est là la question. Celui qui ne donne pas l'antidoron ou celui qui ne fait rien sur le plan de la foi pour le recevoir?
Le Fils est eucharistie. Si l'assemblée liturgique est consubstantielle au Fils dans son unité hypostatique, ne peut on pas imaginer un seul instant que le caractère eucharistique du Fils soit également celui de l'assemblée liturgique?
Oui bien sûr. Voici un texte de Nicolas Cabasilas extrait de son « Explication de la divine liturgie. (Collection Sources Chrétiennes ; Volume 4 bis , publié au Cerf, p 231-233 de l’édition de 1967)
Chapitre XXXVIII
De quelle manière les saints mystères
signifient-ils l'Église?
1. L'Église est signifiée dans les saints mystères, non pas comme en des symboles, mais bien comme dans le cœur sont signifiés les membres, comme en la racine d'un arbre ses branches et, selon l'expression du Seigneur, comme en la vigne les sarments. Car il n'y a pas seulement ici communauté de nom ou similitude d'analogie, mais identité de réalité.
2. En effet, les saints mystères sont le corps et le sang du Christ, qui pour l'Église du Christ sont véritable nourriture et véritable breuvage. En y participant, ce n'est pas elle qui les transforme au corps humain, comme nous faisons pour les aliments ordinaires, mais c'est elle-même qui est transformée en eux, les éléments supérieurs ayant la suprématie. Étant donné que le fer, mis en contact avec le feu, devient feu lui-même et ne fait pas devenir fer le feu, de même que le fer incandescent ne parait pas à nos regards du fer mais simplement du feu, les propriétés du fer ayant complètement disparu sous l'action du feu : de même, si l'on pouvait voir l'Église du Christ en tant qu'elle lui est unie et qu'elle participe à son corps charnel, on ne verrait rien d'autre que le corps du Sauveur. C'est pour cette raison que Paul écrit : «Vous êtes le corps du Christ et ses membres, chacun pour sa part.» S'il l'a appelé Tête, et nous corps, ce n'est pas pour montrer la sollicitude du Christ à notre égard, ni son rôle d'éducateur et de censeur ainsi que notre sujétion à son endroit, tout comme nous disons par hyperbole de certaines personnes qu'elles sont les membres de leurs parents ou de leurs amis. Non : il a voulu signifier cela même qu'il disait, à savoir que, les fidèles vivant dès maintenant, par ce sang, la vie dans le Christ, dépendant réellement de cette Tête, et étant revêtus de ce Corps, il n'est donc pas hors de propos de voir là l'Église signifiée par les divins mystères.
Cet antidoron, qui n'est pas le Corps du Sauveur mais un objet bénit de ce monde, quand il est distribué à tout homme n'annonce-t-il pas le salut offert à tout homme sans exclusion?
Je ne crois pas que ce soit sa fonction. L’antidoron est déjà sans la plénitude des saints dons toutefois, une participation inachevée à l’eucharistie pour les croyants qui n’ont pas communié.
Le fait de donner, avec amour, l'antidoron aux hérétiques, aux hétérodoxes, aux uniates, aux renégats, aux apostats, aux damnés, à tout homme, porterait-il atteinte à la globalité holistique de cette unité hypostatique devenue ainsi une totalité insécable? Où est donc la mission chrétienne de sanctifier le monde?
Cela ne porte pas atteinte à l’assemblée , cela porte atteinte au sens, à la cohérence interne du déroulement de la liturgie où chaque chose a sa place dans le temps et l’espace. Il ne faut pas inventer aux symboles des significations qu’ils n’ont pas sous prétexte de charité.
Je ne pense pas non plus que cette mission dont vous parlez se fasse par le don de l’antidoron aux hétérodoxes.
Rappelons que les non-orthodoxes ne sont censés assister qu’à la liturgie des catéchumènes et se retirer ensuite. Si cela était respecté le problème du don de l’antidoron ne se poserait pas. Il ne me semble pas que la distribution de l’antidoron puisse être placée au moment du renvoi des catéchumènes sur quadruple injonction du diacre. Pourtant si ce que vous dîtes est la bonne explication ne serait pas à cet endroit que nous en aurions la plus belle illustration ? Chaque catéchumène sortirait en prenant l’antidoron donné avec amour , couronnant alors la liturgie de la parole. On aurait ainsi tout ce que vous dîtes : don, mission, non exclusion , salut offert etc…
Rappelons aussi que pour un partage avec tous il existe les agapes fraternelles. Ces agapes sont d’ailleurs bénies par le prêtre car elles sont offertes en Eglise.
Le Fils n'a pas hésité un instant à s'humilier et à prendre, par amour pour nous, la figure de l'esclave. Ne pouvons nous pas, par amour pour notre prochain hérétique, damné, apostat , hétérodoxe etc..., condescendre à partager avec lui, non le Pain de Vie mais un pain bénit?
Pourquoi restreignez vous alors ce partage à l’antidoron? Pourquoi n’allez-vous pas plus loin et ne proposez vous pas que l’on donne la communion à tout le monde ? N'y-a-t-il pas là
"exclusion" manifeste?
Ce bout de pain bénit ne peut il pas être tout simplement une carte d'invitation offerte, avec le sourire et la chaleur du cœur, à partager le festin du Seigneur?
Non. Il y a la liturgie des catéchumènes pour cela avec lectures et prières de l'assemblée, les agapes , toutes les activités annexes de la paroisse , la vie chrétienne de tous les jours.
Nous avons reçu une seul commandement :"Aimez vous les uns les autres comme je vous ai aimés". Je ne pense pas que ce partage d'amour concerne seulement les purs dans le dogme.
Nous n’avons pas reçu qu’un seul commandement même si celui ci est le plus grand et les englobe tous..
Vous avez une vision curieuse de la liturgie : il ne s’agit pas de « purs dans le dogme » mais de pêcheurs qui se repentent
et qui confessent la même foi en Christ. C’est le « va, ta foi t’a sauvé » ou plutôt «celui qui mange mon corps et boit mon sang aura la vie éternelle » Encore faut-il savoir ce que l’on fait dignement en toute indignité.
Donner l'antidoron aux hétérodoxes est la preuve la plus éclatante qu'un orthodoxe est justement celui qui est capable du plus grand amour envers l'hétérodoxe.
S’il suffisait de cela pour le prouver, il y a longtemps qu’il n’y aurait plus d’hétérodoxes en ce monde!
A Antioche, une telle question nous laisse songeurs et heurte la sensibilité de n'importe quel croyant.
Il n’y a rien de choquant à s’interroger sur ce qu’est l’antidoron, sa signification symbolique et son usage juste dans l’Eglise.
C'est qui "nous"? Tout Antioche?
Nous passons notre temps à échanger des antidoron avec quiconque sans poser la question de la pureté dogmatique de sa foi ou de son appartenance à telle ou telle juridiction.
Avez vous la même attitude vis à vis des saintes espèces? Pourquoi les réserveriez vous aux "
purs dans le dogme" Pourquoi chaque homme n'aurait-il pas automatiquement accès à cette plénitude?