Il est délicat de répondre à un tel message lorsqu'on n'est qu'un homme, mais la réponse de Sylvie m'encourage à parler de ce que je connais d'expérience.
Lors de mon premier mariage, mon épouse a eu ce genre de problèmes. J'étais très jeune, j'accordais une importance très exagérée au fait d'avoir des enfants, de prolonger les générations de ma famille, de transmettre notre nom, de sanctifier en quelque sorte notre union par l'enfantement, etc. J'ai demandé de l'aide à un membre de ma famille, médecin. Il a prescrit certaines piqûres pour arrêter le début de fausse couche, puis le reste comme Sylvie vient de le relater. Nous n'étions pas croyants, ni l'un ni l'autre, et ne prêtions donc aucune espèce d'attention à ce que pouvait être la volonté de Dieu dans un cas comme le nôtre; seule comptait notre volonté humaine, notre amour humain - et les techniques humaines qui pouvaient nous aider.
Le résultat a été catastrophique pour la santé de ma femme, qui a accouché de deux jumelles prématurées dont l'une est morte à la naissance et l'autre a eu de graves troubles cérébraux; elle a survécu mais...
Lorsque j'ai été converti, j'ai naturellement repensé tout ce problème et c''est pourquoi, tout en rappelant que je ne suis en rien qualifié pour donner le moindre avis, je crois pouvoir faire au moins part de cette réflexion.
Nous ne savons pas ce que nous faisons. Dieu seul sait. Je ne le dis pas ici par une sorte de fatalisme dévot : notre volonté n'est pas la Sienne. Nous voulons, comme disaient les Rois de France - et après nous le déluge, parfois. Combien de fois n'avons-nous pas demandé des choses qui enréalité étaient mauvaises pour nous ?
Il y a des enfants qui n'auraient pas dû naître, et Dieu seul sait s'il est bon qu'Il intervienne pour changer le cours des choses, pour modifier au coup par coup les effets biologiques de la Nature qu'Il a créée.
Même un non-croyant peut comprendre que le corps, souvent, se défende avec une prescience que notre mental n'a pas atteinte, ou même qu'il a étouffée. Il peut y avoir une sorte de délire démiurgique à vouloir à tout prix faire cet enfant que notre corps refuse de "nous donner". Je parle , encore une fois, uniquement de moi - et loin de moi de juger dans le cas de ce que je ne vis pas moi-même (j'ai déjà assez de mal à comprendre ce que je vis !).
Il y a dans l'Ecriture le cas d'Anne la stérile, la mère de Samuel : c'est à Dieu seul qu'elle s'adressait, et dans une prière muette. Elle souffrait et se contentait d'épancher sa douleur devant Dieu; Dieu est intervenu par le truchement d'Eli, et Son intervention a été sanctifiante. Il nous est bon de lire et relire ce merveilleux enseignement dans les 3 premiers chapitres du Premier Livre de Samuel.
Il y a aussi Elizabeth, qui fut ensuite la mère du Précurseur et Baptiste Jean. Pour elle aussi, ce fut un ange qui fut envoyé pour signaler l'intervention divine. C'est au premier chapitre de l'Évangile de Luc.
Nadège a eu l'humilité d'écrire:
" Mon mari et moi sommes convertis à l'orthodoxie depuis peu et nous n'avons d'ailleurs pas une grande culture religieuse."
Et elle ajoute plus loin:
"...les familles orthodoxes qui nous entourent ne connaissent pas ce problème et que ce sont souvent des familles nombreuses.
Auriez-vous des lectures simples et en français si possible pour nous faire avancer sur notre douloureux chemin ? "
Il va de soi qu'il n'y a pas de lecture plus simple (et plus éclairante) que celle de la Parçle de Dieu : c'est la raison pour laquelle j'ai signalé le Livre de Samuel et l'Évangile de Luc.
Mais il y a aussi, pour aider notre faiblesse, ou notre désarroi, l'Église que Dieu a voulue justement pour aider les Siens à traverser leurs épreuves terrestres jusqu'au but final qu'Il nous a offert, et dont notre Baptême constitue les prémisses. Pourquoi, Nadège, ne vous adresseriez-vous pas aussi et avant tout à votre prêtre, ou mieux : à votre Évêque ? Il priera pour vous comme Eli le fit pour Anne. Votre Évêque a les grâces qui vous sont nécessaires.
Encore une fois je ne dis pas cela pour vous décourager de prier. Mais l'un ne va pas sans l'autre et si vous êtes dans l'Église, c''est à votre Évêque en tout premier (ou à son prêtre local s'il est trop éloigné) que vous devez porter filialement votre problème. C'est ma conviction profonde.