Cadeau d'adieux de Makcim: un hommage au Père Élie Schmaïn
Publié : sam. 10 déc. 2005 23:53
(Message de Makcim, tiré de la rubrique "l'enfer non définitif" et reclassé par mes soins sous ce nouveau titre de rubrique.
Antoine)
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Chers frères et soeurs,
Père Élie Schmaïn a été mon prêtre - bien aimé - jusqu’à ce qu’il désire et se décide à rejoindre la Russie. C’était un homme d’une grande sensibilité, un poète et un musicien. Il avait une immense culture et émaillait volontiers ses homélies, toujours de manière particulièrement surprenante et éclairante, de citations de grands auteurs comme Shakespeare,voire de grands écrivains français autant qu’il citait les Saints Pères, tout en parlant de notre vie quotidienne. J’ai transcrit avec dévotion chaque dimanche pendant des années les traductions de ses homélies pour notre bulletin paroissial que peu lisaient trouvant toujours cela bien assez long à entendre pour ne pas désirer énormément les lire ensuite. Père Élie était d’origine juive, il avait été au goulag (dont plus personne ne parle bizarrement) et il était déjà passé avec sa famille par de nombreuses et terribles tribulations sans jamais perdre une foi qui demeurait inébranlable comme le roc, ardente et rayonnante. Son cheminement était atypique ainsi que sa personnalité, il avait suffisamment « vécu » pour ne jamais céder au moindre académisme et ses discours naissaient spontanément toujours d’une nécessité intérieure qui n’avait que peu à voir avec les discours convenus de la langue de bois ecclésiastique. J’aimais cela, et ses injonctions lors de la confession étaient toujours judicieuses et ses conseils précieux, témoignant d’une connaissance profonde de l’âme et de la vie des hommes. J’appréciais aussi sa manière informelle de prêcher lors des agapes qui suivaient la liturgie. C’était pour moi un grand bonheur. Puisse-t-il vivre encore, - je n'ai plus de nouvelles - je sais que la maladie lui avait fait quitter le service de l'autel il y a quelques temps déjà. Puisse Dieu le soutenir dans ses vieux jours que je lui souhaite remplis de paix et d'amour !
Un jour Père Élie, dans une conversation privée, chez lui, entre deux harengs de carême m’a cité le psaume 39 et m’a dit quelque chose comme :
« Maxime, nous ne sommes pas nés Orthodoxes , mais un jour, nous sommes venus, de nous-mêmes, au devant du Seigneur en disant :
« Me voici, je viens ;
C’est de moi qu’il est écrit en tête du livre ;
J’ai voulu accomplir ta volonté, ô mon Dieu,
Et ta loi est au milieu de mon cœur. »
Voilà pourquoi nous accordons toute son importance à ce que les autres négligent. Et voilà pourquoi nous mettons tant d’énergie à chercher la Vérité. Voilà pourquoi nous aimons tant l’Orthodoxie.»
Je voudrais simplement dire ceci :
Pour nous qui ne sommes pas nés Orthodoxes, l’Orthodoxie n’est pas une étiquette raciale, ethnique, la culture d’un groupe, une tradition familiale, nationale ou toute cette sorte de choses... Non ! L’Orthodoxie est une authentique, nécessaire et vitale réponse à notre quête spirituelle remplie de tribulations voire d’errances pour certains. Nous ne sommes pas venus pour faire de la diplomatie et nous réconcilier avec nos ennemis de jadis et naguère ou pour faire notre devoir de chrétiens charitables, tolérants ou diplomates comme l’on voudra, parce que dans le passé nos pères n'auraient guère fait preuve de charité chrétienne envers leurs frères...
Nous sommes venus à l’Orthodoxie seulement – excusez du peu ! - pour venir à la rencontre de Dieu en Personne (sic) afin qu’Il vive en nous à chaque instant de notre vie de tous les jours et nous habite au point que nulle philosophie, morale, idéologie ou système conceptuel ne se substitue à ce que seul l’Esprit Saint, peu enclin à un quelconque conformisme, peut nous inciter à penser, dire, et faire quand nous y sommes disposés par les médecines transmises fidèlement par la Tradition et par la faiblesse bénie qui nous procure l’humilité pour que la grâce fasse le reste.
Je n’écrirai guère désormais – bien que je n’aie pas énormément écrit dans ce forum – parce que j’ai trop de travail chaque soir et que je pense en outre surtout que l’histoire de l’Eglise peut aisément se passer de mes écrits ainsi que le forum. Merci à vous tous et bon courage ! Que la Toute Sainte veille sur vous tous même sur ceux qui m’irritent en ce lieu virtuel en voulant donner des leçons à ces donneurs de leçons. C’est étrange mais il n’y a qu’en elle – Bénie soit-elle ! - que je parviens à aimer réellement mes ennemis et donc que je peux sincèrement et sans aucune difficulté leur souhaiter tout le bien possible en les lui confiant ! Gloire à Dieu dont le Royaume est au-dedans de nous et pas seulement parmi nous.
Antoine)
------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Chers frères et soeurs,
Père Élie Schmaïn a été mon prêtre - bien aimé - jusqu’à ce qu’il désire et se décide à rejoindre la Russie. C’était un homme d’une grande sensibilité, un poète et un musicien. Il avait une immense culture et émaillait volontiers ses homélies, toujours de manière particulièrement surprenante et éclairante, de citations de grands auteurs comme Shakespeare,voire de grands écrivains français autant qu’il citait les Saints Pères, tout en parlant de notre vie quotidienne. J’ai transcrit avec dévotion chaque dimanche pendant des années les traductions de ses homélies pour notre bulletin paroissial que peu lisaient trouvant toujours cela bien assez long à entendre pour ne pas désirer énormément les lire ensuite. Père Élie était d’origine juive, il avait été au goulag (dont plus personne ne parle bizarrement) et il était déjà passé avec sa famille par de nombreuses et terribles tribulations sans jamais perdre une foi qui demeurait inébranlable comme le roc, ardente et rayonnante. Son cheminement était atypique ainsi que sa personnalité, il avait suffisamment « vécu » pour ne jamais céder au moindre académisme et ses discours naissaient spontanément toujours d’une nécessité intérieure qui n’avait que peu à voir avec les discours convenus de la langue de bois ecclésiastique. J’aimais cela, et ses injonctions lors de la confession étaient toujours judicieuses et ses conseils précieux, témoignant d’une connaissance profonde de l’âme et de la vie des hommes. J’appréciais aussi sa manière informelle de prêcher lors des agapes qui suivaient la liturgie. C’était pour moi un grand bonheur. Puisse-t-il vivre encore, - je n'ai plus de nouvelles - je sais que la maladie lui avait fait quitter le service de l'autel il y a quelques temps déjà. Puisse Dieu le soutenir dans ses vieux jours que je lui souhaite remplis de paix et d'amour !
Un jour Père Élie, dans une conversation privée, chez lui, entre deux harengs de carême m’a cité le psaume 39 et m’a dit quelque chose comme :
« Maxime, nous ne sommes pas nés Orthodoxes , mais un jour, nous sommes venus, de nous-mêmes, au devant du Seigneur en disant :
« Me voici, je viens ;
C’est de moi qu’il est écrit en tête du livre ;
J’ai voulu accomplir ta volonté, ô mon Dieu,
Et ta loi est au milieu de mon cœur. »
Voilà pourquoi nous accordons toute son importance à ce que les autres négligent. Et voilà pourquoi nous mettons tant d’énergie à chercher la Vérité. Voilà pourquoi nous aimons tant l’Orthodoxie.»
Je voudrais simplement dire ceci :
Pour nous qui ne sommes pas nés Orthodoxes, l’Orthodoxie n’est pas une étiquette raciale, ethnique, la culture d’un groupe, une tradition familiale, nationale ou toute cette sorte de choses... Non ! L’Orthodoxie est une authentique, nécessaire et vitale réponse à notre quête spirituelle remplie de tribulations voire d’errances pour certains. Nous ne sommes pas venus pour faire de la diplomatie et nous réconcilier avec nos ennemis de jadis et naguère ou pour faire notre devoir de chrétiens charitables, tolérants ou diplomates comme l’on voudra, parce que dans le passé nos pères n'auraient guère fait preuve de charité chrétienne envers leurs frères...
Nous sommes venus à l’Orthodoxie seulement – excusez du peu ! - pour venir à la rencontre de Dieu en Personne (sic) afin qu’Il vive en nous à chaque instant de notre vie de tous les jours et nous habite au point que nulle philosophie, morale, idéologie ou système conceptuel ne se substitue à ce que seul l’Esprit Saint, peu enclin à un quelconque conformisme, peut nous inciter à penser, dire, et faire quand nous y sommes disposés par les médecines transmises fidèlement par la Tradition et par la faiblesse bénie qui nous procure l’humilité pour que la grâce fasse le reste.
Je n’écrirai guère désormais – bien que je n’aie pas énormément écrit dans ce forum – parce que j’ai trop de travail chaque soir et que je pense en outre surtout que l’histoire de l’Eglise peut aisément se passer de mes écrits ainsi que le forum. Merci à vous tous et bon courage ! Que la Toute Sainte veille sur vous tous même sur ceux qui m’irritent en ce lieu virtuel en voulant donner des leçons à ces donneurs de leçons. C’est étrange mais il n’y a qu’en elle – Bénie soit-elle ! - que je parviens à aimer réellement mes ennemis et donc que je peux sincèrement et sans aucune difficulté leur souhaiter tout le bien possible en les lui confiant ! Gloire à Dieu dont le Royaume est au-dedans de nous et pas seulement parmi nous.