Père Schmemann et le pseudo rite occidental
Publié : mer. 05 juil. 2006 12:09
L'ECOF sur son site, ainsi que d'autres se plaisent à prêter au père Schmemann un rôle de soutient dudit rite occidental. Il apparait utile de rappeler la pensée de ce père sur le sujet, en remontant ces textes extraits du fil "du pseudo rite occidental":
Après, on peut toujours imaginer ce que l'on veut...
Voici une traduction d'un texte du Père Alexandre Schmemann sur les rites occidentaux.
Moi je me demande ce que valent au fond ces conversions à l'Orthodoxie faites sur un malentendu de départ, où l'on accepte les dogmes, mais par leur incarnation dans une réalité liturgique et pratiques, substituant à l'immémoriale tradition des Pères, des liturgies "restaurées", modifiées, des usages nouveaux, ou venant d'un monde hérétique.
Notes sur le rite occidental.
Père Alexandre Schmemann.
La question des rites n’est précisément pas, n’a jamais été et ne sera jamais une simple question de rite en soi, mais est et sera toujours une question de foi, en sa plénitude et son intégrité.
La liturgie incarne et exprime la foi, ou pour mieux dire, l’expérience de l’Eglise, et est la manifestation et l’expression de cette expérience.
Lorsque les rites, détachés de leurs natures et fonctions, commencent à être étudiés en vue d’être acceptés, rejetés, de ce qui est semblable, dissemblable, le débat qui les visent devient alors vide de sens.
Pour beaucoup de gens, les rites occidentaux et orientaux sont deux blocs entièrement différents rejetant comme une hybridation impure tout contact et influence mutuelle.
Cela est faux. Premièrement, le culte chrétien a connu d’incessantes hybridations (ne retenons pas la connotation péjorative ou négative de ce terme) au long de son histoire.
Avant leur séparation, l’orient et l’occident s’influencèrent mutuellement pendant des siècles.
Il n’est pas exagéré de dire que l’anaphore de saint Jean Chrysostome est infiniment plus proche de l’anaphore romaine de la même époque que le « service de communion » du Livre des Prières Communes ne l’est, par exemple, de la Messe Tridentine.
Qu’est-ce qui rend un rite occidental orthodoxe ?
Pour beaucoup de partisans dudit rite, la réponse se résume à quelques ajouts et suppressions, par exemple rayer le filioque et renforcer l’épiclèse.
Mais cette réponse implique, d’une part, qu’il existe une réalité unifiée et homogène identifiable comme « le » rite occidental, et d’autre part qu’excepté deux ou trois éléments hérétiques ou oublis, le rite est ipso facto orthodoxe.
Ces deux présuppositions sont fausses.
En fait, nul besoin d’être un expert en l’histoire occidentale pour se rendre compte que le développement de l’Occident s’est formé d’une manière inconnue à l’Orient, par plusieurs théologies différentes, la succession desquelles et les querelles des unes avec les autres, constituant l’histoire religieuse occidentale.
La Scholastique, le Réforme, la Contre-Réforme, etc…toutes résultent de métamorphoses radicales de la liturgie et ont un impact décisif sur le culte.
Ainsi on doit parler aujourd’hui non plus du rite occidental, mais des rites occidentaux, profondément sinon radicalement différents les uns des autres, tous reflétant d’une façon ou d’une autre, la tragédie théologique occidentale et la division.
Ce qui ne veut pas dire que tous ces rites sont hérétiques et simplement condamnables. Cela signifie que d’un point de vue orthodoxe, leur évaluation en termes de suppressions et d’ajouts est pour le moins inadéquate.
(…)
Ma conviction profonde est que la tradition liturgique orientale est la seule aujourd’hui, malgré toutes les vicissitudes de l’histoire, a avoir préservé la plénitude de la lex orandi de l’Eglise, et constitue donc le critère de toutes les comparaisons liturgiques.
Une dernière question: est-il correct de définir notre rite comme "oriental" et plus comme "étranger à ce que les chrétiens occidentaux connaissent" ?
Je voudrai introduire une précision quant au terme "oriental". Aucun doute que dans notre vie liturgique il y a beaucoup d'attitudes orientales, des éléments orientaux. Aucun doute non plus que ces orientalismes sont pour beaucoup d'orthodoxes "l'élément essentiel".
Mais nous savons que ce n’est pas essentiel, et que ces « orientalismes » seront éliminés progressivement et spontanément dans le processus d’adaptation de notre culte au mode de vie américain.
Mais dés lors ce qui reste et peut être dénommé « oriental » n’est autre que le contenu biblique et patristique de notre liturgie.
Elle est essentiellement et structurellement biblique et patristique, et cela est oriental dans la même mesure que la Bible, les Pères, ou mieux la chrétienté toute entière peut être dénommée « orientale » !
N’avons-nous pas prêché à temps et contre temps dans nos rencontres avec nos frères occidentaux que cet Orient précisément constituait l’héritage catholique commun de l’Eglise et nous restituait un langage que nous avions perdu ou défiguré ?
La liturgie de saint Jean Chrysostome ou le Canon pascal de saint Jean Damascène sont, je le crois, beaucoup plus proches du langage catholique commun de l’Eglise que tout autre élément de quelque tradition chrétienne que ce soit.
Et je ne trouve aucun mot ou phrase dans ces offices qui seront « étrangers » pour un chrétien occidental, et serait incapable d’exprimer sa foi ou son expérience, si ce dernier est authentiquement orthodoxe.
Père Alexandre Schmemann, 1920-1983.
Après, on peut toujours imaginer ce que l'on veut...
Voici une traduction d'un texte du Père Alexandre Schmemann sur les rites occidentaux.
Moi je me demande ce que valent au fond ces conversions à l'Orthodoxie faites sur un malentendu de départ, où l'on accepte les dogmes, mais par leur incarnation dans une réalité liturgique et pratiques, substituant à l'immémoriale tradition des Pères, des liturgies "restaurées", modifiées, des usages nouveaux, ou venant d'un monde hérétique.
Notes sur le rite occidental.
Père Alexandre Schmemann.
La question des rites n’est précisément pas, n’a jamais été et ne sera jamais une simple question de rite en soi, mais est et sera toujours une question de foi, en sa plénitude et son intégrité.
La liturgie incarne et exprime la foi, ou pour mieux dire, l’expérience de l’Eglise, et est la manifestation et l’expression de cette expérience.
Lorsque les rites, détachés de leurs natures et fonctions, commencent à être étudiés en vue d’être acceptés, rejetés, de ce qui est semblable, dissemblable, le débat qui les visent devient alors vide de sens.
Pour beaucoup de gens, les rites occidentaux et orientaux sont deux blocs entièrement différents rejetant comme une hybridation impure tout contact et influence mutuelle.
Cela est faux. Premièrement, le culte chrétien a connu d’incessantes hybridations (ne retenons pas la connotation péjorative ou négative de ce terme) au long de son histoire.
Avant leur séparation, l’orient et l’occident s’influencèrent mutuellement pendant des siècles.
Il n’est pas exagéré de dire que l’anaphore de saint Jean Chrysostome est infiniment plus proche de l’anaphore romaine de la même époque que le « service de communion » du Livre des Prières Communes ne l’est, par exemple, de la Messe Tridentine.
Qu’est-ce qui rend un rite occidental orthodoxe ?
Pour beaucoup de partisans dudit rite, la réponse se résume à quelques ajouts et suppressions, par exemple rayer le filioque et renforcer l’épiclèse.
Mais cette réponse implique, d’une part, qu’il existe une réalité unifiée et homogène identifiable comme « le » rite occidental, et d’autre part qu’excepté deux ou trois éléments hérétiques ou oublis, le rite est ipso facto orthodoxe.
Ces deux présuppositions sont fausses.
En fait, nul besoin d’être un expert en l’histoire occidentale pour se rendre compte que le développement de l’Occident s’est formé d’une manière inconnue à l’Orient, par plusieurs théologies différentes, la succession desquelles et les querelles des unes avec les autres, constituant l’histoire religieuse occidentale.
La Scholastique, le Réforme, la Contre-Réforme, etc…toutes résultent de métamorphoses radicales de la liturgie et ont un impact décisif sur le culte.
Ainsi on doit parler aujourd’hui non plus du rite occidental, mais des rites occidentaux, profondément sinon radicalement différents les uns des autres, tous reflétant d’une façon ou d’une autre, la tragédie théologique occidentale et la division.
Ce qui ne veut pas dire que tous ces rites sont hérétiques et simplement condamnables. Cela signifie que d’un point de vue orthodoxe, leur évaluation en termes de suppressions et d’ajouts est pour le moins inadéquate.
(…)
Ma conviction profonde est que la tradition liturgique orientale est la seule aujourd’hui, malgré toutes les vicissitudes de l’histoire, a avoir préservé la plénitude de la lex orandi de l’Eglise, et constitue donc le critère de toutes les comparaisons liturgiques.
Une dernière question: est-il correct de définir notre rite comme "oriental" et plus comme "étranger à ce que les chrétiens occidentaux connaissent" ?
Je voudrai introduire une précision quant au terme "oriental". Aucun doute que dans notre vie liturgique il y a beaucoup d'attitudes orientales, des éléments orientaux. Aucun doute non plus que ces orientalismes sont pour beaucoup d'orthodoxes "l'élément essentiel".
Mais nous savons que ce n’est pas essentiel, et que ces « orientalismes » seront éliminés progressivement et spontanément dans le processus d’adaptation de notre culte au mode de vie américain.
Mais dés lors ce qui reste et peut être dénommé « oriental » n’est autre que le contenu biblique et patristique de notre liturgie.
Elle est essentiellement et structurellement biblique et patristique, et cela est oriental dans la même mesure que la Bible, les Pères, ou mieux la chrétienté toute entière peut être dénommée « orientale » !
N’avons-nous pas prêché à temps et contre temps dans nos rencontres avec nos frères occidentaux que cet Orient précisément constituait l’héritage catholique commun de l’Eglise et nous restituait un langage que nous avions perdu ou défiguré ?
La liturgie de saint Jean Chrysostome ou le Canon pascal de saint Jean Damascène sont, je le crois, beaucoup plus proches du langage catholique commun de l’Eglise que tout autre élément de quelque tradition chrétienne que ce soit.
Et je ne trouve aucun mot ou phrase dans ces offices qui seront « étrangers » pour un chrétien occidental, et serait incapable d’exprimer sa foi ou son expérience, si ce dernier est authentiquement orthodoxe.
Père Alexandre Schmemann, 1920-1983.