La Mère de Dieu est-elle aussi la Mère des Baptisés ?
Publié : jeu. 29 avr. 2004 12:23
Nous lisons dans l’évangile selon saint Jean que Nicodème, qui était un Pharisien, dirigeant des Juifs, vint de nuit interroger Jésus parce qu’il croyait, déjà, qu’Il était un Docteur, et envoyé de Dieu. Au cours de leur entretien, il posa cette question : « Comment un homme peut-il naître, quand il est vieux ? Peut-il entrer une seconde fois dans le ventre de sa mère et renaître ? »
Cette question est une question sérieuse, pas une boutade ; Nicodème la pose avec ferveur – de même que Marie, l’épouse vierge de Joseph, avait demandé à l’Ange : « Comment cela se fera-t-il ? Puisque je ne connais point d’homme ? ».
Aussi voyons-nous Jésus répondre à Nicodème : « En vérité, en vérité je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu ». Le Verbe incarné n’élude pas la question de Nicodème, il la transcende et va de suite à l’essentiel. Ce faisant, il ne la contredit pas non plus.
Un peu plus tard, étant sur la croix et au point d’expirer, voyant près de Sa mère le disciple qu’il préférait, le Christ "dit à Sa mère : « Femme, voilà ton fils ». Ensuite, Il dit au disciple : « Voilà ta mère ». Et dès cette heure-là, le disciple la prit chez lui."
Le « dès cette heure-là » n’est certainement pas une clause de style, car c’est Jean lui-même qui rapporte cette ultime parole de son Maître bien-aimé, et chaque mot en est resté inoubliable pour lui, et plein de sens. Or nous ne pouvons douter qu’ils soient restés tous deux au pied de la croix jusqu’à Sa mort. Ce qui laisse entendre que c'est spirituellement que s'accomplit "dès cette heure-là" cette maternité-filiation voulue par Dieu.
L’interprétation que les chrétiens d’occident donnent de la Maternité universelle de la Mère de Dieu se fonde en grande partie sur ces deux passages de l’Évangile : en confiant Jean à Sa mère, c’est l’ensemble des chrétiens qu’Il lui désigne comme Ses fils, et en confiant Sa mère à Jean, c’est à l’Église toute entière qu’il confie le culte filial de celle qui n’était jusqu’à ce moment qu’une fille d’Israël, mère de Jésus.
Ce culte s’est développé au cours des siècles et a posé question à un grand nombre. Les Protestants l’ont récusé, les catholiques romains l’ont poussé jusqu’à une sorte d’hyperdulie, et la papauté romaine est même allée jusqu’au faux dogme d’une immaculée conception de Marie « depuis le premier instant de sa conception »…
Qu’en est-il dans la doctrine orthodoxe ? Les Pères ont-ils traité d’une maternité spirituelle de la Mère de Dieu qui s’étendrait sur tous ceux qui ont été Baptisés « dans l’eau et dans l’Esprit » ?
Je pose cette question car un étonnant saint breton (ou plus exactement vendéen) de l’époque louis-quatorzième, Louis-Marie Grignion de Montfort, a écrit un remarquable traité de la « Vraie Dévotion » à la Mère de Dieu, dont la thèse essentielle est que le Baptisé ne peut accéder au Royaume qu’en retournant (par sa vie spirituelle et de façon « mystique », cachée) dans le sein de Marie pour y être « formé » jusqu’à sa taille spirituelle parfaite – de même que l’humanité de Jésus l’a été corporellement.
J’ai toujours considéré cet enseignement comme compatible avec la Foi orthodoxe. Il y a du reste plusieurs icônes qui approchent de cette conception du rôle marial : Marie Source de Grâces, Marie Consolatrice des Affligés, etc.
Mais j’ai constaté jusqu’ici que l’essentiel de l’enseignement touchant les voies qui conduisent à la « sainteté », dans l’orthodoxie, semble concentré dans la notion de reconnaissance de notre état de pécheurs, et dans la pratique de la prière continuelle (ou prière du cœur, ou prière du Nom de Jésus) associée à la pratique de la pénitence quand elle n’est pas confondue avec elle.
J’aimerais donc savoir :
1° si ce n’est pas une simple trace chez moi de mon ancienne formation spirituelle kto ?
2° s’il existe une doctrine patristique orthodoxe comparable à cet enseignement de Louis-Marie Grignion de Montfort – qui n’a du reste été vraiment connu que plus d’un siècle après sa mort, quand son manuscrit a été découvert au milieu d’autres papiers dans une vieille malle qui lui avait appartenu?
Merci de tout cœur à qui pourrait m’éclairer sur ce point, qui est loin d’être pour moi secondaire.
Cette question est une question sérieuse, pas une boutade ; Nicodème la pose avec ferveur – de même que Marie, l’épouse vierge de Joseph, avait demandé à l’Ange : « Comment cela se fera-t-il ? Puisque je ne connais point d’homme ? ».
Aussi voyons-nous Jésus répondre à Nicodème : « En vérité, en vérité je te le dis : personne, à moins de naître de l’eau et de l’Esprit, ne peut entrer dans le royaume de Dieu ». Le Verbe incarné n’élude pas la question de Nicodème, il la transcende et va de suite à l’essentiel. Ce faisant, il ne la contredit pas non plus.
Un peu plus tard, étant sur la croix et au point d’expirer, voyant près de Sa mère le disciple qu’il préférait, le Christ "dit à Sa mère : « Femme, voilà ton fils ». Ensuite, Il dit au disciple : « Voilà ta mère ». Et dès cette heure-là, le disciple la prit chez lui."
Le « dès cette heure-là » n’est certainement pas une clause de style, car c’est Jean lui-même qui rapporte cette ultime parole de son Maître bien-aimé, et chaque mot en est resté inoubliable pour lui, et plein de sens. Or nous ne pouvons douter qu’ils soient restés tous deux au pied de la croix jusqu’à Sa mort. Ce qui laisse entendre que c'est spirituellement que s'accomplit "dès cette heure-là" cette maternité-filiation voulue par Dieu.
L’interprétation que les chrétiens d’occident donnent de la Maternité universelle de la Mère de Dieu se fonde en grande partie sur ces deux passages de l’Évangile : en confiant Jean à Sa mère, c’est l’ensemble des chrétiens qu’Il lui désigne comme Ses fils, et en confiant Sa mère à Jean, c’est à l’Église toute entière qu’il confie le culte filial de celle qui n’était jusqu’à ce moment qu’une fille d’Israël, mère de Jésus.
Ce culte s’est développé au cours des siècles et a posé question à un grand nombre. Les Protestants l’ont récusé, les catholiques romains l’ont poussé jusqu’à une sorte d’hyperdulie, et la papauté romaine est même allée jusqu’au faux dogme d’une immaculée conception de Marie « depuis le premier instant de sa conception »…
Qu’en est-il dans la doctrine orthodoxe ? Les Pères ont-ils traité d’une maternité spirituelle de la Mère de Dieu qui s’étendrait sur tous ceux qui ont été Baptisés « dans l’eau et dans l’Esprit » ?
Je pose cette question car un étonnant saint breton (ou plus exactement vendéen) de l’époque louis-quatorzième, Louis-Marie Grignion de Montfort, a écrit un remarquable traité de la « Vraie Dévotion » à la Mère de Dieu, dont la thèse essentielle est que le Baptisé ne peut accéder au Royaume qu’en retournant (par sa vie spirituelle et de façon « mystique », cachée) dans le sein de Marie pour y être « formé » jusqu’à sa taille spirituelle parfaite – de même que l’humanité de Jésus l’a été corporellement.
J’ai toujours considéré cet enseignement comme compatible avec la Foi orthodoxe. Il y a du reste plusieurs icônes qui approchent de cette conception du rôle marial : Marie Source de Grâces, Marie Consolatrice des Affligés, etc.
Mais j’ai constaté jusqu’ici que l’essentiel de l’enseignement touchant les voies qui conduisent à la « sainteté », dans l’orthodoxie, semble concentré dans la notion de reconnaissance de notre état de pécheurs, et dans la pratique de la prière continuelle (ou prière du cœur, ou prière du Nom de Jésus) associée à la pratique de la pénitence quand elle n’est pas confondue avec elle.
J’aimerais donc savoir :
1° si ce n’est pas une simple trace chez moi de mon ancienne formation spirituelle kto ?
2° s’il existe une doctrine patristique orthodoxe comparable à cet enseignement de Louis-Marie Grignion de Montfort – qui n’a du reste été vraiment connu que plus d’un siècle après sa mort, quand son manuscrit a été découvert au milieu d’autres papiers dans une vieille malle qui lui avait appartenu?
Merci de tout cœur à qui pourrait m’éclairer sur ce point, qui est loin d’être pour moi secondaire.