ORIENTALISME ?
Publié : jeu. 16 sept. 2004 22:59
J’entends ou lis souvent des meilleurs défenseurs de l’Orthodoxie des origines de notre Occident qu’ils n’ont surtout jamais eu, au grand jamais, le moindre goût pour un quelconque Orient et que leur cheminement jusqu’à l’Orthodoxie était plutôt de l’ordre d’une nostalgie des origines et qu’ils se sentaient enfin revenir « à la maison ».
Cette déclaration insistante et récurrente vise à juste titre évidemment d’abord à se débarrasser de tout soupçon d’exotisme de pacotille, puis à rappeler la légitimité d’un (ré)engagement dans l’Orthodoxie aussi étrange ou étrangère semble-t-elle aux petites mémoires et enfin à asseoir solidement une saine et juste ecclésiologie dégagée de la théorie folklorisante des deux poumons. Bien ! Tout cela est fort bon et je le partage.
Il n’empêche que quelquefois un soupçon me vient dont j’ai envie de vous faire part…
Voilà, nous passons pas mal de temps à scruter, analyser et dénoncer pêle-mêle dans ce qu’il est convenu d’appeler par commodité l’Eglise catholique :
Les erreurs de traduction des latins et leurs conséquences néfastes pour la vie spirituelle, les abus de pouvoir césaro-papistes et l’oubli non seulement de l’ecclésiologie orthodoxe mais de la séparation instituée par NSJC du temporel et de qui est à Dieu , les fâcheuses tendances mystiques doloristes et l’esprit moraliste juridique de leur conception du salut et de leur pastorale naguère « de droite » (pile) et aujourd’hui « de gauche » (face), les spécialisations monastiques compartimentées et quelquefois rivales, le peu de sacré de leurs liturgies etc. bref, l’éloignement des origines en tout domaine…
J’arrête là pour ne pas lasser mes frères et sœurs qui ne connaissent que trop tout cela, la liste étant fort longue…mais et c’est là que je voudrais en venir :
Et si nous nous trompions en cherchant l’origine de tous les maux dont souffre l’Occident déchristianisé dans cette Eglise fourvoyée et contaminée par l’hérésie ?
Et si cette Eglise romaine en perdition (du moins surtout en Europe) n’était que la version inéluctablement occidentale de l’Eglise ?
Et si donc tout ce que nous critiquons à juste titre des effets mauvais de conceptions et de concepts erronés n’étaient avant tout que production de l’ « esprit » occidental ?
Et si l’Eglise Romaine (dont le Protestantisme ne semble être que l’aboutissement logique) dans son évolution et son errance jusqu’à sa perdition n’était que le reflet d’une culture particulière ?
Et si nous inversions la perspective ?
Alors peut-être bien que nous aurions à réévaluer ces idées d’Orient et d’Occident…
Loin de moi l’idée de vouloir oublier notre patrimoine antique ou de dénigrer les valeurs de notre Occident depuis trop longtemps vilipendé par ces modernes confréries en tous genres de flagellants encagoulés jusqu’à l’aveuglement par leur mauvaise foi qui n’a d’égal que leur inculture et qui sévissent sans répit dans des médias politiquement corrects mais parfaitement stupides!
Oui notre Occident a ses qualités uniques et nous pouvons en être fiers.
Il n’empêche qu’il a aussi ses travers et quelquefois j’ai bien peur que tous les défauts dont nous sommes les premiers à pâtir avant quiconque, et que nous attribuons à l’Eglise Romaine ne soient que ceux de notre culture.
J’ai bien peur que ce soit cet esprit occidental qui ait déformé et défiguré cette église des origines.
Ce fameux modernisme si bien cerné et dénoncé par Jean Louis n’est-il pas constamment à l’œuvre en tout temps, à toute occasion et en tous lieux ? Allez voir du côté de ce qui se passe chez les Bouddhistes, vous verrez qu’il n’y a pas de « bande des quatre » mais que le même esprit occidentaliste et moderniste a tendance à vouloir s’y immiscer et y régner au grand dam et à l’inquiétude de ceux qui veulent préserver la substance et l’authenticité de l’enseignement de leur tradition. Ce sont les mêmes questions qu’ils se posent : Qu’est-ce qui doit être occidentalisé ? Qu’est-ce qui doit être préservé ?
L’esprit occidental est fort, efficace et sûr de lui malgré les apparences et particulièrement depuis qu’il se fonde, sans le moindre questionnement, sur le rationalisme, sur l’efficacité, la rentabilité, l’utilitarisme et sur des droits de l’homme et sur une démocratie égalitariste mis à toutes les sauces. Il a pénétré dans le monde entier, toutes les cultures, et tout ce qu’il touche est forcément soumis inéluctablement (ou presque) à l’influence du même moule…
voilà entre autres pourquoi par exemple il est bien sûr nécessaire de faire plus que de garder le contact avec les églises dites ethniques d’origine et pourquoi il ne faut pas être pressé de franciser à tout prix… Parce que, quoi qu’on dise, l’Eglise qui était et que nous voulons à nouveau nôtre a tout de même de nos jours un caractère oriental dont nous avons besoin (comment le nier quand on voit tellement de gens attirés par les voies de sagesse yogiques et bouddhiques ?) par un rapport au sacré réel (dans la vie quotidienne, dans la poésie, dans l’art, dans les rituels…) que nous avons perdu, par un rapport équilibré de l’esprit et du corps qui nous est devenu étranger (et il n’y a ni croissance ni élévation sans racines mais propension aux fantasmes et à l’erreur spirituelle).
Voilà pourquoi c’est aussi à mon humble avis une perte de temps de « dialoguer » avec les Catholiques, les Protestants ou je ne sais qui d’autre dont nous ne connaissons que trop l’esprit puisque c’est celui dont nous sommes déjà imprégnés et avec lequel nous n’avons que trop à faire en nous-même pour nous en déprendre.
Voilà pourquoi l’œcuménisme diplomatique est une voie de perdition qui ne peut que perdre l’Orthodoxie dans les filets du chasseur occidental réduisant tout au même, abolissant toutes les différences de tout ce qui lui est ou est devenu étranger ; c’est ce qu’il a fait pour toutes les cultures. Et c’est ainsi que des icônes se retrouvent au musée ou en décoration sur les murs comme les masques africains qui sont, à l’origine et dans leur usage légitime, les unes comme les autres, des objets de culte servant au rituel avant d’être des œuvres d’art « premier » ou « second »…
Bref je fatigue un peu excusez-moi … A vous donc maintenant si ça vous chante ! Et puis j’ai encore quelques réponses à écrire sur différents fils, j’y pense, bien que n’ayant pas beaucoup de temps. Comment faîtes-vous ?
Fraternellement.
Cette déclaration insistante et récurrente vise à juste titre évidemment d’abord à se débarrasser de tout soupçon d’exotisme de pacotille, puis à rappeler la légitimité d’un (ré)engagement dans l’Orthodoxie aussi étrange ou étrangère semble-t-elle aux petites mémoires et enfin à asseoir solidement une saine et juste ecclésiologie dégagée de la théorie folklorisante des deux poumons. Bien ! Tout cela est fort bon et je le partage.
Il n’empêche que quelquefois un soupçon me vient dont j’ai envie de vous faire part…
Voilà, nous passons pas mal de temps à scruter, analyser et dénoncer pêle-mêle dans ce qu’il est convenu d’appeler par commodité l’Eglise catholique :
Les erreurs de traduction des latins et leurs conséquences néfastes pour la vie spirituelle, les abus de pouvoir césaro-papistes et l’oubli non seulement de l’ecclésiologie orthodoxe mais de la séparation instituée par NSJC du temporel et de qui est à Dieu , les fâcheuses tendances mystiques doloristes et l’esprit moraliste juridique de leur conception du salut et de leur pastorale naguère « de droite » (pile) et aujourd’hui « de gauche » (face), les spécialisations monastiques compartimentées et quelquefois rivales, le peu de sacré de leurs liturgies etc. bref, l’éloignement des origines en tout domaine…
J’arrête là pour ne pas lasser mes frères et sœurs qui ne connaissent que trop tout cela, la liste étant fort longue…mais et c’est là que je voudrais en venir :
Et si nous nous trompions en cherchant l’origine de tous les maux dont souffre l’Occident déchristianisé dans cette Eglise fourvoyée et contaminée par l’hérésie ?
Et si cette Eglise romaine en perdition (du moins surtout en Europe) n’était que la version inéluctablement occidentale de l’Eglise ?
Et si donc tout ce que nous critiquons à juste titre des effets mauvais de conceptions et de concepts erronés n’étaient avant tout que production de l’ « esprit » occidental ?
Et si l’Eglise Romaine (dont le Protestantisme ne semble être que l’aboutissement logique) dans son évolution et son errance jusqu’à sa perdition n’était que le reflet d’une culture particulière ?
Et si nous inversions la perspective ?
Alors peut-être bien que nous aurions à réévaluer ces idées d’Orient et d’Occident…
Loin de moi l’idée de vouloir oublier notre patrimoine antique ou de dénigrer les valeurs de notre Occident depuis trop longtemps vilipendé par ces modernes confréries en tous genres de flagellants encagoulés jusqu’à l’aveuglement par leur mauvaise foi qui n’a d’égal que leur inculture et qui sévissent sans répit dans des médias politiquement corrects mais parfaitement stupides!
Oui notre Occident a ses qualités uniques et nous pouvons en être fiers.
Il n’empêche qu’il a aussi ses travers et quelquefois j’ai bien peur que tous les défauts dont nous sommes les premiers à pâtir avant quiconque, et que nous attribuons à l’Eglise Romaine ne soient que ceux de notre culture.
J’ai bien peur que ce soit cet esprit occidental qui ait déformé et défiguré cette église des origines.
Ce fameux modernisme si bien cerné et dénoncé par Jean Louis n’est-il pas constamment à l’œuvre en tout temps, à toute occasion et en tous lieux ? Allez voir du côté de ce qui se passe chez les Bouddhistes, vous verrez qu’il n’y a pas de « bande des quatre » mais que le même esprit occidentaliste et moderniste a tendance à vouloir s’y immiscer et y régner au grand dam et à l’inquiétude de ceux qui veulent préserver la substance et l’authenticité de l’enseignement de leur tradition. Ce sont les mêmes questions qu’ils se posent : Qu’est-ce qui doit être occidentalisé ? Qu’est-ce qui doit être préservé ?
L’esprit occidental est fort, efficace et sûr de lui malgré les apparences et particulièrement depuis qu’il se fonde, sans le moindre questionnement, sur le rationalisme, sur l’efficacité, la rentabilité, l’utilitarisme et sur des droits de l’homme et sur une démocratie égalitariste mis à toutes les sauces. Il a pénétré dans le monde entier, toutes les cultures, et tout ce qu’il touche est forcément soumis inéluctablement (ou presque) à l’influence du même moule…
voilà entre autres pourquoi par exemple il est bien sûr nécessaire de faire plus que de garder le contact avec les églises dites ethniques d’origine et pourquoi il ne faut pas être pressé de franciser à tout prix… Parce que, quoi qu’on dise, l’Eglise qui était et que nous voulons à nouveau nôtre a tout de même de nos jours un caractère oriental dont nous avons besoin (comment le nier quand on voit tellement de gens attirés par les voies de sagesse yogiques et bouddhiques ?) par un rapport au sacré réel (dans la vie quotidienne, dans la poésie, dans l’art, dans les rituels…) que nous avons perdu, par un rapport équilibré de l’esprit et du corps qui nous est devenu étranger (et il n’y a ni croissance ni élévation sans racines mais propension aux fantasmes et à l’erreur spirituelle).
Voilà pourquoi c’est aussi à mon humble avis une perte de temps de « dialoguer » avec les Catholiques, les Protestants ou je ne sais qui d’autre dont nous ne connaissons que trop l’esprit puisque c’est celui dont nous sommes déjà imprégnés et avec lequel nous n’avons que trop à faire en nous-même pour nous en déprendre.
Voilà pourquoi l’œcuménisme diplomatique est une voie de perdition qui ne peut que perdre l’Orthodoxie dans les filets du chasseur occidental réduisant tout au même, abolissant toutes les différences de tout ce qui lui est ou est devenu étranger ; c’est ce qu’il a fait pour toutes les cultures. Et c’est ainsi que des icônes se retrouvent au musée ou en décoration sur les murs comme les masques africains qui sont, à l’origine et dans leur usage légitime, les unes comme les autres, des objets de culte servant au rituel avant d’être des œuvres d’art « premier » ou « second »…
Bref je fatigue un peu excusez-moi … A vous donc maintenant si ça vous chante ! Et puis j’ai encore quelques réponses à écrire sur différents fils, j’y pense, bien que n’ayant pas beaucoup de temps. Comment faîtes-vous ?
Fraternellement.