Un très important rappel à l'ordre du Vatican

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Claude le Liseur
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Un très important rappel à l'ordre du Vatican

Message par Claude le Liseur »

Aujourd'hui, 10 juillet 2007, la Congrégation pour la doctrine de la foi du Vatican (l'ex-Saint Office) vient de publier une très importante déclaration qui remet les pendules à l'heure en matière d'oecuménisme. En voici la traduction française que je reproduis ci-dessous en italiques:



CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI

RÉPONSES À DES QUESTIONS CONCERNANT CERTAINS ASPECTS



Introduction

Avec la Constitution Dogmatique Lumen gentium et les Décrets sur l’œcuménisme (Unitatis redintegratio) et les Églises orientales catholiques (Orientalium Ecclesiarum), le Concile Vatican II a contribué de manière décisive au renouveau de l’ecclésiologie catholique. Les Souverains Pontifes ont eux aussi voulu offrir sur ce point des approfondissements et surtout des orientations pratiques : Paul VI avec l’Encyclique Ecclesiam suam (1964) et Jean-Paul II avec l’Encyclique Ut unum sint (1995).

Les recherches ultérieures des théologiens, pour toujours mieux élucider les divers aspects de l’ecclésiologie, ont permis l’essor d’une ample littérature sur ce sujet. Il s’agit là de thèmes certainement féconds, mais qui ont aussi exigé des précisions et des explications, notamment dans la Déclaration Mysterium Ecclesiae (1973), la Lettre aux Évêques de l’Église Catholique Communionis notio (1992) et la Déclaration Dominus Iesus (2000), toutes publiées par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.

La richesse de la thématique et la nouveauté de nombreuses thèses ne cessent de provoquer la réflexion théologique ; elles donnent lieu à des études parfois non exemptes d’erreurs et d’ambiguïtés qui ont été attentivement examinées par la Congrégation. À la lumière de l’ensemble de la doctrine catholique sur l’Église, la Congrégation se propose de préciser ici la signification authentique de certaines expressions ecclésiologiques du Magistère, pour que le débat théologique ne soit pas faussé par des confusions ou des malentendus.

QUESTIONS

Première question : Le Concile Œcuménique Vatican II a-t-il changé la doctrine antérieure sur l’Église ?

Réponse. Le Concile n’a pas voulu changer et n’a de fait pas changé la doctrine en question, mais a bien plutôt entendu la développer, la formuler de manière plus adéquate et en approfondir l’intelligence.

Jean XXIII l’avait très clairement affirmé au début du Concile 1. Paul VI le confirma ensuite 2 ; il s’exprimait ainsi en promulguant la Constitution Lumen gentium : " Le meilleur commentaire que l’on puisse en faire, semble-t-il, est de dire que vraiment cette promulgation ne change en rien la doctrine traditionnelle. Ce que veut le Christ, nous le voulons aussi. Ce qui était, demeure. Ce que l’Église a enseigné pendant des siècles, nous l’enseignons également. Ce qui était jusqu’ici simplement vécu se trouve maintenant exprimé ; ce qui était incertain est éclairci ; ce qui était médité, discuté et en partie controversé, parvient aujourd’hui à une formulation sereine 3. " À plusieurs reprises, les Évêques ont manifesté et adopté le même point de vue 4.

Seconde question. Comment doit être comprise l’affirmation selon laquelle l’Église du Christ subsiste dans l’Église Catholique ?

Réponse. Le Christ " a établi sur la terre " une Église unique et l’institua comme " assemblée visible et communauté spirituelle 5 " : depuis son origine, elle n’a cessé d’exister au cours de l’histoire et toujours elle existera, et c’est en elle seule que demeurent à jamais tous les éléments institués par le Christ lui-même 6. " C’est là l’unique Église du Christ, que nous confessons dans le symbole une, sainte, catholique et apostolique […]. Cette Église, constituée et organisée en ce monde comme une société, subsiste dans l’Église catholique gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques en communion avec lui 7. "

Dans le numéro 8 de la Constitution Dogmatique Lumen gentium, ‘subsister’ signifie la perpétuelle continuité historique et la permanence de tous les éléments institués par le Christ dans l’Église catholique 8, dans laquelle on trouve concrètement l’Église du Christ sur cette terre.

Selon la doctrine catholique, s’il est correct d’affirmer que l’Église du Christ est présente et agissante dans les Églises et les Communautés ecclésiales qui ne sont pas encore en pleine communion avec l’Église catholique, grâce aux éléments de sanctification et de vérité qu’on y trouve 9, le verbe ‘subsister’ ne peut être exclusivement attribué qu’à la seule Église catholique, étant donné qu’il se réfère à la note d’unité professée dans les symboles de la foi (‘Je crois en l’Église, une’) ; et cette Église une ‘subsiste’ dans l’Église catholique 10.

Troisième question. Pourquoi utilise-t-on l’expression ‘subsiste dans’, et non pas tout simplement le verbe ‘est’ ?

Réponse. L’usage de cette expression, qui indique la pleine identité de l’Église du Christ avec l’Église catholique, ne change en rien la doctrine sur l’Église, mais a pour raison d’être de signifier plus clairement qu’en dehors de ses structures, on trouve " de nombreux éléments de sanctification et de vérité ", " qui, appartenant proprement par don de Dieu à l’Église du Christ, appellent par eux-mêmes l’unité catholique 11. "

" En conséquence, ces Églises et Communautés séparées, bien que nous les croyions victimes de déficiences, ne sont nullement dépourvues de signification et de valeur dans le mystère du salut. L’Esprit du Christ, en effet, ne refuse pas de se servir d’elles comme de moyens de salut dont la force dérive de la plénitude de grâce et de vérité qui a été confiée à l’Église catholique 12. "

Quatrième question. Pourquoi le Concile Œcuménique Vatican II attribue-t-il le nom " d’Église " aux Églises orientales séparées de la pleine communion avec l’Église catholique ?

Réponse. Le Concile a voulu assumer l’usage traditionnel de ce nom. " Puisque ces Églises, bien que séparées, ont de vrais sacrements, surtout en vertu de la succession apostolique : le Sacerdoce et l’Eucharistie, qui les unissent intimement à nous 13 ", elles méritent le titre d’" Églises particulières et locales 14 ", et sont appelées Églises sœurs des Églises particulières catholiques 15.

" Ainsi donc, par la célébration de l’Eucharistie du Seigneur en chaque Église particulière, l’Église de Dieu s’édifie et grandit 16. " Cependant, étant donné que la communion avec l’Église catholique, dont le Chef visible est l’Évêque de Rome et Successeur de Pierre, n’est pas un complément extérieur à l’Église particulière, mais un de ses principes constitutifs internes, la condition d’Église particulière dont jouissent ces vénérables Communautés chrétiennes souffre d’une déficience 17.

Par ailleurs, la plénitude de la catholicité propre à l’Église, gouvernée par le Successeur de Pierre et les Évêques en communion avec lui, est entravée dans sa pleine réalisation historique par la division des chrétiens 18.

Cinquième question. Pourquoi les textes du Concile et du Magistère postérieur n’attribuent-ils pas le titre " d’Église " aux Communautés chrétiennes nées de la Réforme du XVIe siècle ?

Réponse. Parce que, selon la doctrine catholique, ces Communautés n’ont pas la succession apostolique dans le sacrement de l’ordre. Il leur manque dès lors un élément essentiel constitutif de l’Église. Ces Communautés ecclésiales, qui n’ont pas conservé l’authentique et intégrale réalité du Mystère eucharistique 19, surtout par la suite de l’absence de sacerdoce ministériel, ne peuvent être appelées " Églises " au sens propre 20 selon la doctrine catholique.

Au cours d’une audience accordée au soussigné Cardinal Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Sa Sainteté le Pape Benoît XVI a ratifié et confirmé ces Réponses adoptées par la session ordinaire de cette Congrégation, et en a ordonné la publication.

Rome, au siège de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 29 juin 2007, en la solennité des saints Pierre et Paul, Apôtres.

William Cardinal Levada
Préfet

+ Angelo Amato, S.D.B.
Archevêque titulaire de Sila
Secrétaire

_______________________

1 JEAN XXIII, Discours (11 octobre 1962) : " Le Concile [...] veut transmettre dans son intégrité, sans l’affaiblir ni l’altérer, la doctrine catholique. [...] Ce qui est nécessaire aujourd’hui, c’est l’adhésion de tous, dans un amour renouvelé, dans la paix et la sérénité, à toute la doctrine chrétienne. [...] Il faut que, répondant au vif désir de tous ceux qui sont sincèrement attachés à tout ce qui est chrétien, catholique et apostolique, cette doctrine soit plus largement et hautement connue, que les âmes soient plus profondément imprégnées d’elle, transformées par elle. Il faut que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être respectée fidèlement, soit approfondie et présentée de la façon qui répond aux exigences de notre époque. En effet, autre est le dépôt lui-même de la foi, c’est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérable doctrine, et autre est la forme sous laquelle ces vérités sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même portée " : AAS 54 [1962] 791-792 ; La Documentation Catholique 59 [1962] 1382-1383.

2 Cf. PAUL VI, Discours (29 septembre 1963) : AAS 55 [1963] 847-852.

3 PAUL VI, Discours (21 novembre 1964) : AAS 56 [1964] 1009-1010 ; La Documentation Catholique 61 [1964] 1539.

4 Le Concile a voulu exprimer l’identité de l’Église du Christ avec l’Église Catholique. C’est ce qu’on retrouve dans les discussions concernant le Décret Unitatis redintegratio. Le schéma du Décret fut proposé en session plénière le 23 septembre 1964 avec une Relatio (Act Syn III/II 296-344). Aux modi envoyés par les évêques dans les mois suivants, le Secrétariat pour l’Unité des Chrétiens répondit le 10 novembre 1964 (Act Syn III/VII 11-49). De l’Expensio modorum on citera ici quatre textes concernant la première réponse du présent document.

A) [in Nr. 1 (Prooemium) Schema Decreti : Act Syn III/II 296, 3-6]

"Pag. 5, lin. 3-6: Videtur etiam Ecclesiam catholicam inter illas Communiones comprehendi, quod falsum esset.

R(espondetur): Hic tantum factum, prout ab omnibus conspicitur, describendum est. Postea clare affirmatur solam Ecclesiam catholicam esse veram Ecclesiam Christi" (Act Syn III/VII 12).

B) [in Caput I in genere: Act Syn III/II 297-301]

"4 – Expressius dicatur unam solam esse veram Ecclesiam Christi; hanc esse Catholicam Apostolicam Romanam; omnes debere inquirere, ut eam cognoscant et ingrediantur ad salutem obtinendam...

R(espondetur): In toto textu sufficienter effertur, quod postulatur. Ex altera parte non est tacendum etiam in aliis communitatibus christianis inveniri veritates revelatas et elementa ecclesialia" (Act Syn III/VII 15). Cf. aussi ibidem n. 5.

C) [in Caput I in genere: Act Syn III/II 296s]

"5 – Clarius dicendum esset veram Ecclesiam esse solam Ecclesiam catholicam romanam...

R(espondetur): Textus supponit doctrinam in constitutione ‘De Ecclesia’ expositam, ut pag. 5, lin. 24-25 affirmatur" (Act Syn III/VII 15). La commission qui devait évaluer les amendements au Décret Unitatis redintegratio, exprime donc clairement l’identité de l’Église du Christ avec l’Église catholique, ainsi que son unicité, considérant que cette doctrine est fondée sur la Constitution Lumen gentium.

D) [in Nr. 2 Schema Decreti: Act Syn III/II 297s]

"Pag. 6, lin. 1-24: Clarius exprimatur unicitas Ecclesiae. Non sufficit inculcare, ut in textu fit, unitatem Ecclesiae.

R(espondetur): a) Ex toto textu clare apparet identificatio Ecclesiae Christi cum Ecclesia catholica, quamvis, ut oportet, efferantur elementa ecclesialia aliarum communitatum".

Pag. 7, lin. 5: "Ecclesia a successoribus Apostolorum cum Petri successore capite gubernata (cf. novum textum ad pag. 6, lin. 33-34) explicite dicitur ‘unicus Dei grex’ et lin. 13 ‘una et unica Dei Ecclesia’" (Act Syn III/VII).

Ces deux expressions se trouvent dans le Décr. Unitatis redintegratio, nn. 2.5 et 3.1.

5 Cf. CONCILE ŒCUMÉNIQUE VATICAN II, Const. Dogm. Lumen gentium, n. 8.1.

6 Cf. CONCILE ŒCUMÉNIQUE VATICAN II, DÉCR. UNITATIS REDINTEGRATIO, NN. 3.2 ; 3.4 ; 3.5 ; 4.6.

7 CONCILE ŒCUMÉNIQUE VATICAN II, Const. Dogm. Lumen gentium, n. 8.2.

8 Cf. CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Décl. Mysterium Ecclesiae, n. 1.1 : AAS 65 [1973] 397 ; Décl. Dominus Iesus, n. 16.3 : AAS 92 [2000-II] 757-758 ; À propos du livre ‘Église: charisme et pouvoir’ du P. Leonardo Boff : AAS 77 [1985] 758-759.

9 Cf. JEAN-PAUL II, Encycl. Ut unum sint, n. 11.3 : AAS 87 [1995-II] 928.

10 Cf. CONCILE ŒCUMÉNIQUE VATICAN II, Const. Dogm. Lumen Gentium, n. 8.2.

11 CONCILE ŒCUMÉNIQUE VATICAN II, Const. Dogm. Lumen Gentium, n. 8.2.

12 CONCILE ŒCUMÉNIQUE VATICAN II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 3.4.

13 CONCILE ŒCUMÉNIQUE VATICAN II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 15.3 ; CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Lettre Communionis notio, n. 17.2 : AAS 85 [1993-II] 848.

14 CONCILE ŒCUMÉNIQUE VATICAN II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 14.1.

15 Cf. CONCILE ŒCUMÉNIQUE VATICAN II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 14.1 ; JEAN-PAUL II, Encycl. Ut unum sint, nn. 56s : AAS 87 [1995-II] 954s.

16 CONCILE ŒCUMÉNIQUE VATICAN II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 15.1.

17 Cf. CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Lettre Communionis notio, n. 17.3 : AAS 85 [1993-II] 849.

18 Cf. Ibidem.

19 Cf. CONCILE ŒCUMÉNIQUE VATICAN II, Décr. Unitatis redintegratio, n. 22.3.

20 Cf. CONGRÉGATION POUR LA DOCTRINE DE LA FOI, Décl. Dominus Iesus, n. 17.2 : AAS 92 [2000-II] 758.

[01035-03.01] [Texte original: Latin]



Ce rappel du Vatican, qui souligne que le but de l'oecuménisme est l'union des Eglises chrétiennes autour de la Papauté, contraste heureusement avec les discours de plus en plus équivoques et fallacieux des porte-parole "autorisés" (par eux-mêmes) de l'Orthodoxie en Europe occidentale quant à ces questions. Il y a fort à parier qu'entre celui qui s'assume tel qu'il est et celui qui est obsédé à l'idée de ne pas faire de vagues, beaucoup de gens feront vite leur choix et que le contraste entre ces deux attitudes accélèrera le mouvement de passage à l'Eglise catholique romaine de francophones convertis à l'Orthodoxie et épuisés par les années de persécution subies de la part de certains éléments phylétistes du clergé ainsi que par le vide du discours ecclésiastique officiel. Car le syncrétisme adogmatique qui ressort de plus en plus du discours orthodoxe officiel en Europe occidental n'est qu'une manifestation parmi d'autres d'une haine de soi-même qui se manifeste aussi par l'hostilité à l'égard des pays d'accueil, la haine à l'encontre des convertis, la démolition progressive de la liturgie et de l'administration des saints mystères (tel prêtre décidant de faire intervenir une chorale protestante dans le cadre d'une célébration de la divine Liturgie, tel autre décidant d'administrer le baptême suivi de la communion, mais sans chrismation, sans que ces dérives suscitent la moindre réaction de la part de l'autorité épiscopale), la négation de la tradition hésychaste, etc., etc.


D'un point de vue orthodoxe, ou simplement chrétien, ou encore plus simplement logique, on ne peut certes qu'être frappé par une déficience visible dans la prise de position du Vatican à l'égard de l'Eglise orthodoxe et des Eglises vieilles-orientales ("nestorienne" et "monophysites") regroupées sous le terme d' "Églises orientales séparées de la pleine communion avec l’Église catholique" dans la quatrième question de la déclaration ci-dessus. En effet, si le Vatican reconnaît que notre eucharistie et notre sacerdoce sont valides, je ne vois pas ce que la communion avec le pape de Rome ou sa reconnaissance pourraient nous apporter de plus - même en me plaçant dans la logique vaticane. Si j'ai le Corps et le Sang du Christ, que peut m'apporter de plus un homme?

On notera en outre que l'affirmation selon laquelle "la communion avec l’Église catholique, dont le Chef visible est l’Évêque de Rome et Successeur de Pierre, n’est pas un complément extérieur à l’Église particulière, mais un de ses principes constitutifs internes" ne trouve bien sûr aucun fondement dans la Tradition écrite ou non écrite, bref, dans le dépôt reçu de Notre Seigneur Jésus-Christ et conservé fidèlement jusqu'à ce jour dans l'Eglise orthodoxe, mais comme cette affirmation est la raison d'être de l'Eglise catholique romaine, il est bien normal de la retrouver telle quelle. Il est toutefois de notre devoir de rappeler cum grano salis qu'il s'agit d'une affirmation gratuite.

Enfin, il est significatif que ce document ne mentionne comme pierre d'achoppement entre la Papauté et l'Eglise orthodoxe que la question papale, qui n'est bien sûr qu'un point relativement secondaire par rapport à des questions fondamentales comme le Filioque, les conceptions différentes de la vie spirituelle et même de la prière, la grâce créée, les énergies divines, la déification, le purgatoire, l'eschatologie, etc., etc. En toute bonne foi, je ne peux plus mentionner les divergences dans l'administration des saints mystères, puisque j'ai pu constater qu' il était maintenant possible qu'un prêtre décidât de son propre chef de rompre le lien entre le baptême et le sceau de l'Esprit-Saint - ce qui revient à dire qu'il pourrait à terme ne plus avoir de pratique orthodoxe en la matière, avec toutes les conséquences que cela entraînera.
Toutefois, le silence de la Congrégation pour la doctrine de la foi sur les points de divergence autres que la question papale, points de divergence qui font que nous sommes tout de même en présence de deux spiritualités incompatibles, est en ligne avec les déclarations antérieures de Benoît XVI, à l'époque où il était encore le cardinal Ratzinger, et qui faisait de la soumission au Vatican, sans adoption des "dogmes du deuxième millénaire", la seule condition de la "réunion" des orthodoxes. Il est possible aussi que de telles omissions arrangent certains de ses interlocuteurs orthodoxes beaucoup plus préoccupés de diplomatie et de géopolitique que de vie religieuse.

Sous les réserves que je viens de faire et que je devais faire, je pense que nous devons saluer ce texte pour sa grande franchise. Nous savons bien sûr que l'indication que le but de l'oecuménisme est la réunion des chrétiens autour du Pape ne suscitera aucun retour en arrière de la part des orthodoxes oecuménistes qui continueront à nier l'évidence pourtant rappelée par le cardinal Levada. Nous pouvons aussi prévoir que l'affirmation par le Vatican qu'il constitue la seule véritable Eglise ne suscitera aucun rappel de la part des orthodoxes que c'est l'Eglise orthodoxe voulue et fondée par le Christ qui constitue l'Eglise une, sainte, catholique-conciliaire et apostolique du Credo. C'est dommage, car, contrairement aux prétentions du Vatican, les nôtres peuvent être étayées par n'importe quelle analyse objective et dépassionnée de la situation, et en particulier de l'Histoire ecclésiastique, ne serait-ce que par l'étude de la question "qui s'est séparé de qui?". C'est d'ailleurs cette simple analyse dépassionnée du problème de la division et de la réunion des chrétiens qui avait conduit l'abbé Guettée à entrer dans le sein de l'Eglise orthodoxe en 1861. Il est malheureux qu'une démarche comme celle de l'archiprêtre Wladimir Guettée serait aujourd'hui incompréhensible pour la grande majorité des "autorités" de l'Eglise orthodoxe en Europe occidentale.

De toute façon, c'est ici le lieu de rappeler que les monastères de la sainte Montagne de l'Athos ont déjà répondu d'avance, dans le cadre de leur Déclaration du 30 décembre 2006, à la déclaration vaticane du 10 juillet 2007.

Rappelons les deux passages topiques de la Déclaration du 30 décembre 2006 (cf. viewtopic.php?t=2149 ).

En premier lieu celui-ci:
Σκόπιμον είναι η Ορθοδοξία να μη χρεώνεται αμαρτίες αλλότριες και επιπλέον να μη δίδεται η εντύπωσις στους εξ αντιδράσεως προς τις εκτροπές του Δυτικού Χριστιανισμού αποχριστιανισθέντες Ευρωπαίους ότι η Ορθοδοξία ταυτίζεται με αυτόν, αποτυγχάνοντας να μαρτυρείται ως η μόνη αυθεντική Πίστις στον Χριστό και ως η ελπίδα των λαών της Ευρώπης.
qui fut ainsi traduit par notre frère Jean-Louis Palierne:
Il faut souhaiter que l’Orthodoxie ne se charge pas des péchés d’autrui et plus encore qu’elle ne donne pas aux Européens qui ont abandonné le christianisme par réaction aux errances du christianisme occidental, l’impression que l’Orthodoxie lui est identique en oubliant de témoigner qu’elle est la seule Foi authentique en Christ et l’espoir des peuples de l’Europe.
En second lieu celui-ci:
Υπό την έννοια αυτή οι φιλόφρονες εκδηλώσεις, όπως αυτές των επισκέψεων του Πάπα στο Φανάρι και του Αρχιεπισκόπου Αθηνών στο Βατικανό, χωρίς την προϋπόθεσι της ενότητος στην Πίστι, επιτυγχάνουν αφ’ ενός μεν να δημιουργήσουν ψευδείς εντυπώσεις ενότητος και να απομακρύνουν τον ετερόδοξο κόσμο από του να προσβλέπη στην Ορθο­δοξία ως προς την αληθινή Εκκλησία, και αφ’ ετέρου να αμβλύνουν το δογματικό αισθητή­ριο πολλών Ορθοδόξων· επί πλέον δε να εξωθήσουν μερικούς από τους πιστούς και ευλα­βείς Ορθοδόξους, που ανησυχούν για όσα ακαίρως και παρά τους Ιερούς Κανόνες γίνον­ται, σε αποκοπή τους από το σώμα της Εκκλησίας και την δημιουργία νέων σχισμάτων.
qui fut ainsi traduit par M. Palierne:
Si nous les comprenons dans cette perspective, les manifestations de courtoisie telles que la visite du Pape au Phanar et celle de l’Archevêque d’Athènes au Vatican, ignorant les exigences d’une unité dans la foi, ne peuvent aboutir d’une part qu' à créer des impressions trompeuses d’unité et à qu'à éloigner le monde catholique de la tentation de considérer l’Orthodoxie comme l’Église véritable, et d’autre part qu' à émousser la sensibilité dogmatique de nombreux orthodoxes ; pis encore qu'à écarter de l’Orthodoxie certains fidèles pieux, qui s’inquiètent de voir combien tout ceci se trouve à l’opposé de ce que prescrivent les saints Canons, qu'à les inciter à se séparer du corps de l’Église et qu' à favoriser l’apparition possible de nouveaux schismes.


Deux passages qui rappellent de manière éloquente que l'Orthodoxie est l'Eglise fondée par le Christ et qu'en elle repose le seul espoir de réunion des chrétiens, et deux passages qui me semblent représenter la réponse à la déclaration vaticane de ce jour. Il sera sans doute inutile d'espérer une autre réponse de la part de nos hiérarchies engagées dans leur diplomatie.

M'attendant aux diverses menaces que ne manqueront pas de provoquer les libres propos que je me suis permis d'écrire ici, je préviens d'avance, et en toute charité, ceux qui regrettent que l'Orthodoxie n'ait pas connu l'Inquisition et qui se donnent tant de peine à mettre en place une sorte d'Inquisition médiatique et verbale sanctionnant les infractions à la langue de coton d'un discours ecclésial convenu et sans racines spirituelles, que je suis adulte, indépendant, jouissant de la liberté des enfants de Dieu et que j'ai passé depuis longtemps l'âge de me prosterner devant telle ou telle tyrannie ecclésiastique, qu'elle soit à Rome ou ailleurs. Je ne crois pas être le seul dans cette situation sur le présent forum.


Ceci étant rappelé, nous devons être reconnaissants à la Congrégation vaticane pour la doctrine de la foi d'avoir rappelé ces quelques évidences. Nous avons eu trop souvent sur ce forum la visite de romano-catholiques venus faire du prosélytisme mielleux en se basant sur la théorie de la bipulmonarité ou sur quelque autre faribole syncrétiste. Nous avons eu de nombreuses visites - surtout sur l'ancien forum - de personnes qui n'avaient rejoint l'Eglise orthodoxe que parce qu'elle leur semblait encore plus moderniste que l'Eglise catholique romaine reprise en main par Jean-Paul II et qui voulaient en quelque sorte trouver une justification à leur choix de s'asseoir entre deux chaises. Chacun de nos rappels de la tradition orthodoxe dans ce domaine, et de la conscience qu'a l'Orthodoxie d'être l'Eglise voulue et fondée par le Christ, ne serait-ce que nos citations de la déclaration sur l'oecuménisme des évêques du patriarcat de Moscou (2000), nous a valus des bordées d'injures et l'habituelle variante religieuse de la reductio ad hitlerum, degré zéro de la controverse, qu'est l'accusation d'intégrisme. Je ne m'étalerais même pas sur le cas extraordinaire que fut l'écumeur des forums, alors simple catéchumène de l'Eglise romaine, qui se gaussait de nous sur le forum catholique traditionaliste en disant que nous ne représentions que nous-mêmes, mais qui n'était pas gêné par le fait que nous avions dû trois fois l'exclure de notre forum sous divers pseudonymes. Il est pour le moins inconséquent de se moquer d'un cercle de gens dans lequel on entre pourtant par la fenêtre chaque fois que l'on en est chassé par la porte. (Il est vrai que ce grand apologète du cardinal Stepinac porte maintenant l'inconséquence jusqu'à poster sur tel autre forum ses messages à la gloire de l'Eglise romaine "seule Eglise authentique" en illustrant son "avatar" d'une icône de saint Sylvain de l'Athos, c'est-à-dire un de nos saints récemment canonisés: c'est montrer à quel point, pour ces gens-là, l'Orthodoxie n'est, au mieux, qu'un exotisme esthétisant, au pire, qu'un supplétif dans leur petite guerre contre le protestantisme.)

De même qu'il est complètement inconséquent de reprocher aux autres d'être fermes dans leurs convictions quand on appartient soi-même à une Eglise qui vient de réaffirmer qu'elle se considère comme la seule véritable Eglise.

Et après tout, pour reprendre une belle formule de notre frère Bernard Le Caro, il y eut un temps où les catholiques romains et les orthodoxes préféraient être séparés dans la vérité qu'unis dans l'erreur. Et, de fait, une telle "unité" paradoxale vaut mieux que l'union sans Dieu ou contre Dieu que l'on nous prépare. Il est possible que le rappel à l'ordre de la Congrégation pour la doctrine de la foi du 10 juillet 2007 marque le retour à cette "unité" paradoxale et à la primauté de la recherche de la vérité sur l'exaltation de l'erreur.

Au confusionnisme entretenu par certains de nos visiteurs, nous pourrons désormais opposer ces fortes paroles de la Congrégation vaticane pour la doctrine de la foi.

J'espère ainsi qu'ils oseront se regarder dans un miroir, et qu'ils n'auront plus l'effronterie de nous traiter de fanatiques ou d'intégristes parce que nous tenons, à propos de notre Eglise, le même discours qu'eux à propos de la leur.

La seule différence étant que nous, nous pouvons prouver ce que nous affirmons.

Différence qui, je l'espère, ne devrait pas suffire à faire de nous des fanatiques...
Glicherie
Messages : 365
Inscription : ven. 18 juin 2004 14:41

Message par Glicherie »

La déclaration du Vatican du 10 juillet dernier que seule L'Eglise catholique réponde aux objectifs du christianisme, ne nuit pas au dialogue interconfessionel, considère Mgr Cyrille de Smolensk, président du Département des relations extérieurs du Patriarcat de Moscou (DREPM).
"Pour qu'il y ait un dialogue théologique sincère, il faut avoir l'idée claire quels sont les principes auxquels tient l'autre partie. Cela aide à juger le degré de nos différences" a dit le métropolite commentant le document doctrinal Subsistit in, publie le 10 juillet par la Congrégation pour la doctrine de la foi.


On aimerai également que l'Orthodoxie pour sa part se réfère explicitement à l'épitre de la Sainte Montagne, ou bien qu'un hierarque affirme clairement que nous croyons fermement pour notre part, que seule l'Eglise Orthodoxe est l'Eglise du Christ.
Qui plus est, nous n'accordons aucune réalité aux "sacrements" accomplis par Rome, ne partageant pas son interprétation de la succession apostolique.

J'ai lu dans les écrits du Père Archimandrite Grigorios (Papathomas) que l'Eglise Orthodoxe ne considérait pas Rome comme un schisme, mais s'en tenait à une rupture de la communion.
De là, l'explication du fait qu'aucun Patriarcat Orthodoxe de Rome n'a été ni ne sera établi, l'Eglise Orthodoxe attendant le rétablissement de cette communion.

Partagez vous, membres du forum, cette analyse ???

Doit elle être appliquée à "l'Eglise locale en France", impossible puisque sur territoire romain ?
Je suis perplexe face à cela.
Monique
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Inscription : mer. 31 mars 2004 10:19

Message par Monique »

« J'ai lu dans les écrits du Père Archimandrite Grigorios (Papathomas) que l'Eglise Orthodoxe ne considérait pas Rome comme un schisme, mais s'en tenait à une rupture de la communion. »
Tout dépend de ce qu’on appelle l’Eglise orthodoxe.

Si l’Eglise orthodoxe se réduit à quelques hiérarque séduits par la romanité la phrase est vrai.
Mais heureusement l’Eglise orthodoxe est bien autre chose.

Par contre cette pensée qui réduit la différence entre catholiques et orthdoxes à une simple rupture de communion (comme cela arrive parfois entre 2 églises othodoxe) est extrêmement destructrice pour l’église orthodoxe en occident, car elle nie aux catholiques la possibilité de se tourner vers l’orthodoxie, et donc de trouver la vraie foi.
On l’a vu dans d’autres phrases d’Olivier Clément.
Et elle détourne les orthodoxes immigrés de leur devoir de témoigner de leur foi auprès des occidentaux parmi lesquels ils vivent.

Ces hiérarques œcuméniques enterrent le talent de l’orthodoxie au lieu de le faire fructifier. Ils auront à en rendre compte au Seigneur.

Je suis très contente de la déclaration de B.16 car elle empêchera pas mal de confusion.
Glicherie
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Message par Glicherie »

Commentaire pris sur le blog www.nectaire.net de M.Larchet sur la position papiste actuelle concernant l'oecumenisme:

Cette démarche méthodique du Vatican sous l’égide du cardinal Ratzinger devenu le pape Benoît XVI, qui s’accompagne de la réhabilitation des traditionnalistes (lesquels considèrent l’Église orthodoxe comme purement et simplement schismatique) et du rite ancien de la messe (plus éloigné de la Liturgie orthodoxe que le rite actuel, en raison notamment de l’absence d’épiclèse) constitue une gigantesque régression de l’Église catholique aux positions qui étaient les siennes à la fin du XIXe siècle, et une négation de tout le travail œcuménique entrepris depuis les années vingt du siècle dernier. Les orthodoxes qui n’en étaient pas encore convaincus s’aperçoivent que non seulement l’œcuménisme officiel n’a pas donné lieu à la moindre concession de la part l’Église de Rome sur les plans dogmatique et ecclésiologique (l’Église de Rome utilisant l’œcuménisme dans le cadre d’une stratégie visant seulement à obtenir, par un travail de longue haleine sur les mentalités, le ralliement des « Églises séparées » et leur retour dans le giron de « l’unique Église » qu’elle prétend être), mais encore que son seul effet tangible désormais est d’avoir introduit dans l’Église orthodoxe de nombreuses divisions (dont la plus importante est le schisme des Paléocalendaristes, maintenant étendu à toutes les Églises) et d’incessantes tensions internes qui ont été et restent pour elle extrêmement préjudiciables.
Dans ce contexte de régression de l’Église catholique à ses positions de la fin du XIXe siècle, les critiques approfondies qui lui ont été adressées à cette époque par le Père Vladimir Guéttée (un savant prêtre catholique converti à l’Orthodoxie) retrouvent toute leur actualité. Deux de ses ouvrages fondamentaux La papauté hérétique et La papauté schismatique, où il analyse toutes les innovations et déviations progressives de l’Église catholique romaine par rapport à la foi des origines dans le domaine du dogme et de l’ecclésiologie, ont été récemment rééditées par le monastère de Lavardac mais sont actuellement épuisés et en attente d’une réimpression. La volumineuse anthologie de ces deux ouvrages et de d’autres opuscules du même auteur, publiée aux éditions L’Âge d’Homme sous le titre De la papauté, est quant à elle toujours disponible.

Jean-Claude Larchet
Pascal-Yannick
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Message par Pascal-Yannick »

Sur Amazone.fr De la papauté est disponible en 1à 3 semaines de delais connaitriez-vous une librairie parisienne dans laquelle je pourrai l'avoir dans la journée?
Et la Vérité vous rendra libre
Antoine
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Message par Antoine »

L'Age d'Homme
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01 55 42 79 79
(Petite rue à droite de l'Eglise St Sulpice quand on la regarde de face.)
Pascal-Yannick
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Message par Pascal-Yannick »

Merci pour cette précieuse information qui m'a été utile.
Et la Vérité vous rendra libre
Glicherie
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Message par Glicherie »

Personnellement, je n'ai vu de l'oecuménisme dans ma vie ecclésiale à présent que la chose suivante: nous sommes aimables et polis avec les ktos, avons des relations amicales "protocolaires", et en échange ils nous prêtent des églises, des salles paroissiales, nous laissent l'accès libre aux reliques pour les pélerinages.
Cela, je n'y vois pas d'inconvénient. On n'est pas obligé de se taper dessus...
Je précise que cela est dans la région parisienne, non dans le milieu parisien proprement dit où visiblement certains vivent plus mal un oecuménisme étendu à des célébrations, etc...
D'un point de vue canonique, il me semble difficile de concilier le fait que nous avons des divergences au niveau de la foi (filioque, ...) et qu'il n'y ai qu"une rupture de communion...une foi divergente implique l'hérésie et donc le schisme, non ?
Pascal-Yannick
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Message par Pascal-Yannick »

Glicherie a écrit :Personnellement, je n'ai vu de l'oecuménisme dans ma vie ecclésiale à présent que la chose suivante: nous sommes aimables et polis avec les ktos, avons des relations amicales "protocolaires", et en échange ils nous prêtent des églises, des salles paroissiales, nous laissent l'accès libre aux reliques pour les pélerinages.Cela, je n'y vois pas d'inconvénient. On n'est pas obligé de se taper dessus...
Je précise que cela est dans la région parisienne, non dans le milieu parisien proprement dit où visiblement certains vivent plus mal un oecuménisme étendu à des célébrations, etc...
D'un point de vue canonique, il me semble difficile de concilier le fait que nous avons des divergences au niveau de la foi (filioque, ...) et qu'il n'y ai qu"une rupture de communion...une foi divergente implique l'hérésie et donc le schisme, non ?
Est-il possible de prier dans la parroisse des hérétiques?
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Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Ma propre paroisse dispose d'un lieu de culte prêté par les cathos. Ce n'est pas toujours simple de l'habiter et pourtant c'est un lieu assez sobre. Notre évêque est très content que nous disposions d'une "véritable église". Pour ma part, je me sentais mieux dans le préfabriqué d'antan qui n'avait servi, auparavant, qu'à des activités profanes.
Par contre, dans la chapelle prêtée au père Noël, c'est plus respirable, peut-être parce que totalement nu alors que nous devons supporter un "Christ en fil de fer", piètre imitation torturée de Giacometti, et quatre vitraux sulpiciens.
Je ne crois pas qu'il y ait de généralisation possible. Je me souviens de chapelles de montagne, tout ce qu'il y a de plus catho, où l'on sent prier les pierres. On nous en donnerait une que je crierais de joie !
Sauf que ce serait un peu loin pour la liturgie du dimanche...

Mais si votre remarque, Pascal-Yannick, ne concerne pas les lieux mais les offices et messes cathos, la réponse est contenue dans la question, non ?

Cela posé, je préfère aussi pouvoir prendre le café avec un catho sans scrupules de conscience ni pour l'un ni pour l'autre plutôt que de revoir les violences d'antan. Je ne crois pas que le bûcher (plutôt catho), les épées et les piques (plutôt byzantin) ou les pioches et les barres à mines (des moines de Palestine au VIe siècle) fassent partie des préceptes de l'Evangile. Corrigez moi si je me trompe...
Etre ferme sur la Vérité ne veut pas dire assommer l'autre à coups de gourdin.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
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Message par Monique »

A Besançon , au début de notre formation, nous avons été accueillis par des sœurs catholiques qui pouvaient nous prêter leur chapelle certains jours, mais ça ne pouvait être que provisoire ; nous n’y sommes resté moins de trois mois car nous ne pouvions pas célébrer la Semaine sainte. Et puis, installer tout le matériel à chaque célébration est une astreinte difficile à vivre à long terme. Personnellement j’avais du mal à « habiter » ce lieu, et de savoir qu’un jour c’était une célébration catholique, et un autre une célébration orthodoxe, cela me troublait.

Nous sommes séparés, nous ne sommes pas en communion, et nous n’avons pas la même foi sur des points qui sont très importants, et nier cette séparation ne mène nul part, ou plutôt mène à l’illusion. Et l’illusion est terrible car elle nous fait croire que nous avons atteint notre but, alors qu’il n’en est rien. Et en plus, comme on croit être arrivé, on ne cherche même plus à trouver le vrai chemin.
Et « pouvoir prendre le café avec un catho sans scrupules de conscience ni pour l'un ni pour l'autre » ne peut se faire que si chacun est respecté dans sa différence, donc en acceptant d’être séparé.
Donc merci à Benoit 16 pour sa déclaration!


Maintenant une paroisse catholique nous loue une salle nue que nous aménageons petit à petit ; nous sommes en train de préparer une petite iconostase.

Nos relations avec les catholiques sont chaleureuses et fraternelles, et l’œcuménisme consiste surtout à apprendre à se connaître.
Nous n'avons encore sorti ni pique ni bucher
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Chère Monique

Bien d'accord: le dépassement de la violence dans les relations ne peut se faire que dans le respect des différences. Ce qui suppose déjà de les connaître !
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Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Glicherie a écrit :Personnellement, je n'ai vu de l'oecuménisme dans ma vie ecclésiale à présent que la chose suivante: nous sommes aimables et polis avec les ktos, avons des relations amicales "protocolaires", et en échange ils nous prêtent des églises, des salles paroissiales, nous laissent l'accès libre aux reliques pour les pélerinages.
Cela, je n'y vois pas d'inconvénient. On n'est pas obligé de se taper dessus...
Je précise que cela est dans la région parisienne, non dans le milieu parisien proprement dit où visiblement certains vivent plus mal un oecuménisme étendu à des célébrations, etc...
Certes, je comprends votre point de vue, mais j'aimerais quand même, cum grano salis, vous soumettre quelques réflexions complémentaires.

* En ce qui concerne les lieux de culte prêtés par les catholiques romains: Cela justifie-t-il pour autant la présence de personnes chargées de vérifier que les prédications dans la paroisse orthodoxe ne contiennent aucune divergence par rapport à l'enseignement du Vatican, comme je l'ai vu dans au moins une paroisse, les déviations en matière de doctrine, d'administration des sacrements et de morale, les célébrations « orthodoxes » avec chorale protestante in corpore au nom de la préservation de l'unité nationale parmi les émigrés, les « groupes de prière de Jésus » avec des moniales calvinistes, étant précisé au passage que rien de ce que je décris ne s’est déroulé à Paris?
En outre, pourquoi ne pas pousser le raisonnement plus loin? La solution la plus appropriée serait que les diocèses en question se fissent uniates. En devenant uniates, ils obtiendraient que les églises leur soient données, et non plus prêtées, et puisque les questions religieuses n'ont plus aucune importance dans cette atmosphère, le but de préservation du folklore national serait tout aussi bien atteint en étant uniates qu'orthodoxes (conservation des rites , - certes vidés de leur contenu et de leur validité, mais bon, on n'est pas là pour se préoccuper de questions spirituelles - , conservation de la langue d'origine). Je me souviens encore de ce prêtre qui m'expliquait que, dans sa paroisse, on ne devait parler que de sujets en rapport avec son pays d'origine (soit dit en passant, ce pays n'était pas la Palestine et le Christ n'y avait jamais mis les pieds; on peut dès lors légitimement se demander ce que l'étiquette « chrétienne » vient encore faire là-dedans). Il me semble qu'un objectif aussi élevé peut être atteint aussi bien en se faisant uniate qu'en demeurant orthodoxe... surtout si c'est pour n'être orthodoxe que de nom.

* En ce qui concerne la question des lieux de culte en général, il faut quand même remarquer que, dans le cas particulier de la France, et à l'exception des trois départements libérés en 1918 pour lesquels le Concordat de 1801 reste en vigueur jusqu'à ce jour, les édifices catholiques, calvinistes, luthériens et juifs construits avant 1905 sont propriété de l'Etat, des départements ou des communes, et seulement « affectés » au culte catholique, réformé, luthérien ou israélite. Il n'est donc pas nécessaire de multiplier les courbettes - courbettes qui vont jusqu'à mettre en péril le dépôt de la foi apostolique - pour obtenir le prêt de lieux de culte par des gens qui n'en sont même pas les propriétaires. Je vous rappelle par exemple qu'à Godoncourt (Vosges), le monastère orthodoxe a été installé à l'appel de la municipalité du village qui n'a, à ma connaissance, demandé l'avis de personne pour attribuer aux orthodoxes des bâtiments et une église dont les romano-catholiques n'avaient pas l'usage. (Cette anecdote devrait permettre de relativiser les divagations que nous avions pu lire sur le présent forum à propos d'une prétendue intolérance à l'égard des orthodoxes en France.) Jusqu'à nouvel ordre, la France est un pays laïc, l'Etat, les départements et les communes n'ont d'ordre à recevoir de personne et le temps des « saints triomphes du MRP » (Hervé Bazin) est terminé et ne reviendra jamais.

*Toujours sur la question des lieux de culte, il est intéressant de voir qu'en Amérique du Nord, toutes les communautés orthodoxes (albanaises, anglo-saxonnes, arabes, grecques, roumaines, russes, serbes et ukrainiennes) construisent des églises. En Europe occidentale, ce n'est guère le cas que des communautés grecques. La plupart des églises russes, par exemple, ont été construites avant 1914, souvent par le gouvernement impérial (par exemple comme églises d'ambassades dans des capitales étrangères). L'écrasante majorité des communautés orthodoxes en Europe occidentale ne construit aucun lieu de culte et semble avoir limité ses ambitions à obtenir des locaux prêtés par d'autres communautés religieuses – locaux en général inappropriés pour le culte orthodoxe. Le cas de la Suisse est à cet égard très significatif. Ce pays compte une des plus fortes proportions d'orthodoxes en Europe occidentale: 1,8% de la population totale au recensement de 2000 (la France se situe aux alentours de 0,15%, l'Allemagne de 1,2%, l'Italie de 1,5%), soit 131'851 personnes (contre à peu près 100'000 en France, un million en Allemagne, près d'un million en Italie). On estime que, sur ces orthodoxes déclarés, le nombre des Grecs ne doit guère dépasser les 8'000. (La proportion serait beaucoup plus forte si on avait une estimation du nombre de pratiquants, les communautés grecques, et aussi les communautés roumaines, ayant été moins touchées par la déchristianisation que d'autres). Or, cette population relativement importante de 131'851 personnes - c'est à dire probablement 150'000 aujourd'hui - ne dispose, comme édifices de culte, que de 9 églises au total. 3 de ces églises ont été construites avant 1918, à l'époque où les communautés étaient beaucoup plus petites qu'aujourd'hui, mais autrement ferventes. Sur les 4 églises construites depuis 1970, la moitié l'a été par la communauté grecque qui n'est censés représenter que 8% de l'effectif. La grande majorité des paroisses s'enracine dans le provisoire et dans l'utilisation de locaux inadaptés.
Ce n'est pas que les orthodoxes d'Europe occidentale soient moins fervents que ceux des Etats-Unis ou que les communautés grecques d'Europe occidentale soient plus pieuses que les communautés arabes, roumaines, russes ou serbes. L'explication de ces attitudes différentes en matière de construction d'églises réside dans des facteurs extérieurs à la vie religieuse proprement dite qui me paraissent être au nombre de deux:
- La différence de mentalité de plus en plus marquée entre le monde anglo-saxon et le monde européen. Dans une prédication très intéressante qu'il avait prononcée le 15 septembre 2001, Mgr Joseph (Pop), métropolite roumain pour l'Europe occidentale et méridionale, faisait remarquer que, dans la mentalité contemporaine, on a l'habitude de voir le pain arriver tout cuit et on n'oublie complètement qu'il a fallu le travail du boulanger pour obtenir ce pain. Cette remarque savoureuse décrit hélas très bien la mentalité dominante dans nos pays. Dieu sait que je ne suis pas un ami du monde anglo-saxon. Mais je suis bien forcé de constater que les orthodoxes qui émigrent dans le monde anglo-saxon se retrouvent dans un environnement où l'on a l'habitude de se prendre en main, de retrousser ses manches et de prendre des décisions, tandis que les orthodoxes immergés en Europe continentale se retrouvent - en Espagne, en Suisse et au Luxembourg moins qu'ailleurs, mais aussi en Espagne, en Suisse et aux Luxembourg - dans un environnement marqué par la démission, le pessimisme et le fatalisme, où l'on attend désormais tout de l'Etat. Ce n'est pas ici le lieu d'épiloguer sur la cause de ces divergences entre le monde anglo-saxon et le monde européen. Elles tiennent en partie au caractère actif, optimiste et engagé que l'imprégnation protestante a donné au monde anglo-saxon, et en partie à la succession des catastrophes qui se sont abattues sur le continent - la Révolution française, les deux guerres mondiales, le marxisme, le choc de la décolonisation, le déclin des classes sociales qui étaient les plus porteuses des valeurs de travail et de responsabilité (ouvriers, paysans, bourgeoisie d’affaires), l'épuisement du destin, le déclin des énergies dont Raymond Aron faisait remarquer qu'il était proportionnel au déclin des convictions religieuses, et pour finir, l'esprit de Mai 68, « prodromes de l'Antéchrist » (Nikita Struve), « "révolution" de privilégiés qui liquida la vieille France populaire » (Pierre Bonnaud, De l'Auvergne, Créer, Nonette 2003, p. 249 - la remarque du professeur Bonnaud sur la destruction de la culture populaire par l'esprit soixante-huitard est valable à des degrés divers pour tous les pays limitrophes de la France - que l'on se souvienne du maggio rampante italien). Il est à cet égard significatif qu'au moment des dernières élections présidentielles françaises, un prêtre orthodoxe n'ait pas hésité à se servir du site Internet de sa paroisse pour appeler, au nom de l' « accueil de l'autre », à voter contre le candidat gaulliste. Dans le même temps, ce digne représentant de notre clergé ne faisait aucune réserve à l'égard de la candidate communiste (se réclamant de l'idéologie qui a essayé de rayer l'Eglise orthodoxe de la surface de la terre - il serait peut-être bon de rappeler à ce prêtre la pastorale des évêques de Transylvanie contre le communisme de Pâques 1936, signée par le métropolite Nicolas de Sibiu et les évêques André d’Arad, Nicolas d’Oradea, Basile de Caransebeş et Nicolas de Cluj-Napoca, laquelle constitue une des plus intéressantes analyses du communisme en tant qu'hérésie radicale - cf. Miron Erdei, Propovăduirea in Biserica Ortodoxă Română din Transilvania in prima jumătate a secolului al XX-lea, Cogito Oradea, Oradea 2001, p. 91) ni à l'égard d'une candidate qui ne cessait de se réclamer de l'esprit de Mai 68, c'est-à-dire, ni plus ni moins, de la liquidation de toutes les communautés naturelles (famille, village, quartier, syndicats, nation). Cela ne fait que montrer la soumission volontaire d'un certain clergé à ce que M. Renaud Camus a appelé avec tant de pertinence « le communisme du XXIe siècle » (Renaud Camus, Le communisme du XXIe siècle, Editions Xénia, Vevey 2007).
On constate ainsi que, malgré les références incantatoires à la liberté, à la démocratie, aux « racines chrétiennes », etc., etc., les pays anglo-saxons et les pays d'Europe continentale finissent par ne plus rien avoir en commun, le fatalisme et le taedium vitae devenant l'essence du caractère européen. Il n'est pas étonnant que les communautés orthodoxes se calquent sur le modèle des sociétés d'accueil. C’est ainsi qu’on verra le diocèse fondé par une ethnie en Amérique du Nord ou en Australie construire des églises – et parfois de fort belles églises qui peuvent rivaliser avec les plus beaux monuments du pays d’origine - , se doter d’imprimeries, de librairies, de services sociaux, d’universités – je parle bien d’universités et pas seulement de facultés de théologie – et de stations de radio, tandis que le diocèse de la même ethnie en Europe occidentale s’estimera très satisfait de célébrer dans des appartements ou dans des églises prêtées par les hétérodoxes et pas du tout adaptées aux exigences du culte orthodoxe, et n’aura pas la moindre intention de créer quoi que ce soit. J’aimerais trouver en Europe le moindre équivalent de la cathédrale russe hors frontières de San Francisco (Californie) ou du Hellenic College de Brookline (Massachusetts).
Sait-on qu’en Amérique du Nord, certains diocèses orthodoxes, par exemple le diocèse roumanophone de l’Eglise orthodoxe en Amérique (OCA), ont même créé, pour renforcer les liens entre leurs fidèles, des credit unions, c’est-à-dire des coopératives de crédit mutuel (cf. Claude Laporte, La titrisation d’actifs en Suisse. Asset-Backed Securitisation, Schulthess / LGDJ / Bruylant, Genève / Zurich / Bâle / Paris / Bruxelles 2005, pp. 14 et 19, et en particulier note 29 p. 14). On n’imagine évidemment pas le moindre diocèse orthodoxe en Europe occidentale prendre la moindre initiative de ce type qui pourrait en effet avoir une influence effective, et pas seulement verbale, sur la vie de ses fidèles. On objectera naturellement que les Etats-Unis sont le paradis des coopératives de crédit mutuel, lesquelles étaient, fin 1999, au nombre de 10'841 dans ce pays, avec 407 milliards de dollars d’actifs (cf. William Lovett, Banking And Financial Institutions Law In A Nutshell, West, Saint-Paul 2001, p. 240). Ce serait tragiquement oublier que le mouvement de crédit mutuel n’est aux Etats-Unis qu’une importation tardive, une copie du système québécois des Caisses populaires Desjardins fondées en 1900, elles-mêmes inspirées des caisses Raiffeisen fondées en Prusse en 1853 (cf. Jean Rivoire, Histoire de la banque, 2e édition, Presses universitaires de France, Paris 1992, pp. 80 s. ; Jean Provencher, Chronologie du Québec. 1534-2000, Boréal, Montréal 2000, p. 192), l’une des premières caisses de ce type aux Etats-Unis ayant été fondée au Massachusetts par des immigrants francophones. Ce n’est pas la faute des Anglo-Saxons si le mouvement du crédit mutuel a prospéré aux Etats-Unis et au Québec alors qu’en Europe il ne survit guère qu’en Suisse et en Allemagne, mais cela est plus révélateur que l’on pourrait le penser : l’étiolement du crédit mutuel en Europe en dit long sur le changement de la conception des rapports à la communauté et de l’attitude face au destin.

- Deuxième facteur non religieux qui explique cette situation, l’attitude différenciée des communautés orthodoxes face à leur situation en émigration. L’émigration vers l’Amérique du Nord ou l’Australie est perçue comme une émigration définitive, un voyage sans retour, qui aboutira à une insertion complète dans la société d’accueil. On comprend, que, dans cette situation, les diocèses orthodoxes des pays neufs aient en général pris conscience que le combat pour la préservation de l’identité ethnique était perdu d’avance, et qu’il fallait dissocier préservation de l’identité ethnique et préservation de l’identité religieuse. Dans ce contexte, certaines Eglises locales, comme le patriarcat d’Antioche à travers la création d’une métropole autonome en Amérique du Nord et le patriarcat de Moscou à travers l’aide qu’il a apportée à l’Eglise orthodoxe en Amérique, se sont engagées franchement dans la construction d’une Orthodoxie anglophone (avec, dans le cas de l’OCA, des prolongements francophones au Québec, et hispanophones au Mexique) parfaitement intégrée dans la réalité nord-américaine. Des attitudes plus crispées existent aussi là-bas, mais les étranges pratiques totalement acceptées dans l’Orthodoxie d’Europe occidentale (par exemple, purger une paroisse de ses éléments autochtones, ou interdire les références à des saints orthodoxes qui n’ont pas vécu dans le pays d’origine du prêtre de la communauté) ne font pas partie de la Weltanschauung dominante de l’Orthodoxie américaine.
En revanche, l’émigration vers l’Europe occidentale est perçue comme une émigration temporaire, destinée à durer quelques années avant l’inévitable retour vers le pays d’origine. Dans ce contexte, les diocèses orthodoxes se perçoivent majoritairement comme des aumôneries de travailleurs migrants temporaires ; la préservation de l’identité ethnique – voire, dans certains cas, la construction d’une barrière pour empêcher le contact avec la société d’accueil – devient primordiale ; dans certains cas – et cela est parfois dit ouvertement - , c’est même le seul but, le cadre paroissial n’étant considéré par le prêtre lui-même que comme l’habillage folklorique d’une association d’originaires. Il ne s’agit pas seulement de refuser les célébrations liturgiques dans la langue du pays d’accueil, mais aussi d’empêcher toute transmission de la foi orthodoxe à des personnes étrangères à la communauté ethnique, le clergé y voyant un risque de contamination de ses fidèles puisque la présence de convertis, ou même de personnes originaires d’un autre pays à majorité orthodoxe, pourrait faire passer le souci de la vie religieuse avant la loyauté ethnique. On n’hésitera pas à purger la communauté d’éléments extérieurs ayant acquis une parfaite connaissance de la langue en usage dans la communauté, car seuls comptent les liens du sang. (Il ne faut pas confondre le phylétisme, qui est un tribalisme basé sur le mythe du sang, avec le nationalisme, qui est basé sur le sentiment d’appartenance à une nation qui peut elle-même être multilingue ou multiethnique ; or les porte-parole « autorisés » de l’Orthodoxie en Europe occidentale, prenant une fois de plus les francophones pour des jobards incapables d’ouvrir un dictionnaire grec-français, excellent à faire la confusion volontaire entre phylétisme et nationalisme lorsqu’ils espèrent en retirer un avantage politique immédiat ou l’onction médiatique qui a dès longtemps remplacé pour eux l’effusion du Saint-Esprit.) Dans tous les exemples consternants que je décris, je n’exagère rien, et j’ai en tête des faits précis qui sont parvenus à ma connaissance.
Il est vrai aussi que la question linguistique joue un rôle. Le clergé orthodoxe envoyé en Europe occidentale sait que, du moins dans les grandes villes (mais il n’a pas l’intention de desservir des villages, de toute façon…), il arrivera toujours à se faire comprendre de l’autochtone, dans les situations simples de la vie courante, en maniant un peu d’anglais d’aéroport, ce qui le dispense d’apprendre le français, ou l’allemand, ou l’italien, ou le castillan, et lui permet d’éviter toute « contamination » par la population autochtone. C’est ainsi que l’on arrive à ces personnages assez pittoresques de prêtres installés depuis vingt ou trente ans en pays francophone, ayant parfois acquis la nationalité du pays d’accueil, et incapables de tenir une conversation en français. Il est vrai qu’ils ont souvent su se tenir à l’écart de toutes les situations qui impliquaient un contact avec les autochtones et leur langue, telles que la vie professionnelle, la lecture des journaux du pays, etc., toute leur action étant tendue par la volonté d’éviter la contamination. En revanche, en pays anglo-saxon, le superbe autisme linguistique de l’autochtone prive le clergé de tout échappatoire : il est bien forcé de communiquer avec l’autochtone dans la langue du pays, puisque c’est l’anglais, et que c’est la seule langue comprise. (Essayez de vous débrouiller avec une langue étrangère en pays anglo-saxon, même avec les « intellectuels ». On est loin de ces tenanciers de bistrot du Haut-Valais qui parlent walser, schwytzertütsch, allemand, français, italien et anglais !)
Or, ce calcul n’est pas simplement impie, il est en plus faux. Les distances géographiques ne changent rien à l’affaire. La seule différence – et encore ! – est qu’un immigré en Europe occidentale originaire d’Europe centrale ou orientale peut rentrer plus facilement passer les vacances dans son pays d’origine qu’un immigré aux Etats-Unis ou en Australie. Celui qui a construit sa vie dans un pays a en réalité peu d’enclin à le quitter pour retourner dans son pays d’origine, que celui-ci soit situé à 1'800 kilomètres ou à 10'000 kilomètres. Il faut être ignorant au dernier degré pour ne pas se rendre compte que la France a un président de la République d’origine hongroise, que la Suisse a eu une présidente du Conseil national d’origine hongroise, que le Royaume-Uni eut un ministre de la Défense d’origine espagnole ou la Belgique un vice-Premier ministre fédéral d’origine italienne, sans que ces personnages ou leur famille semblent jamais avoir marqué un grand désir de retourner dans leur pays d’origine pourtant si proche géographiquement. Le fait qu’une grande partie du clergé orthodoxe se soit donné comme but de faire obstacle à l’intégration de ses ouailles dans la société d’accueil, et ce, en plus, sur fond de discours adogmatique et syncrétique, a surtout comme effet que le choix est vite fait entre fréquentation de la paroisse et vie « réelle ». Le calcul est faux ; il est encore plus faux quand il est maintenu après soixante ou quatre-vingts ans de démonstration de sa fausseté ; et le pire est qu’il est de plus en plus faux. Tel prêtre orthodoxe m’expliquait que son ministère ne concernait que les immigrés de première génération et qu’il trouvait naturel que les enfants de ses paroissiens adoptassent une autre religion plus en phase avec le pays d’accueil ; il ne voyait pas que les nouveaux immigrants eux-mêmes cessaient de fréquenter sa paroisse, non parce qu’ils désiraient adopter le catholicisme ou le protestantisme recommandés par leur prêtre, mais parce qu’ils estimaient qu’ils pouvaient satisfaire leur soif de vie spirituelle en retournant pendant les vacances dans une paroisse du pays d’origine et en lisant des acathistes à la maison le reste du temps – voire, horresco referens, en fréquentant des communautés francophones – plutôt qu’en participant aux activités folkloriques du club ethnique déguisé en paroisse.
C’est sur ce point, et uniquement sur ce point, que la remarque que je faisais à propos de la plus grande propension des communautés grecques à se doter d’églises dignes de ce nom prend toute son importance. En effet, si les communautés grecques en Europe occidentale ne font pas preuve d’un dynamisme missionnaire supérieur aux autres communautés orthodoxes, elles s’en distinguent toutefois, d’une manière générale, par une vision plus réaliste de leur situation de communautés transplantées. L’installation en Europe occidentale étant perçue comme un fait durable ou définitif, on ne peut se contenter du provisoire éternel. Même si la confusion entre préservation de l’identité ethnique et préservation de l’identité religieuse est aussi très présente dans ce milieu, on s’y perçoit moins comme des voyageurs de passage et l’on est suffisamment prêt à s’investir dans le pays d’accueil pour tout simplement y construire des édifices en dur. Cela semble peu, mais c’est un seuil psychologique que n’ont pas encore franchi d’autres communautés.
Il est vrai que les communautés grecques ont une longue tradition de présence en Europe occidentale ; la paroisse orthodoxe de langue grecque de Venise fonctionne depuis le XVe siècle. Je pense toutefois qu’il serait dans l’intérêt d’autres communautés orthodoxes, dont la présence en Europe occidentale ne remonte, elle, guère plus haut que le milieu du XIXe siècle, de ne pas attendre 400 ans avant de se rendre compte du caractère définitif de cette transplantation pour un grand nombre de leurs ressortissants. Je ne le dis même pas dans la perspective d’une Orthodoxie recentrée sur un message spirituel ou qui serait capable de transmettre le dépôt de la foi aux pays d’accueil. Je le dis même en me situant dans la perspective phylétiste de ces paroisses qui se chargent d’empêcher la « contamination » de leurs ouailles par la culture du pays d’accueil. En effet, là encore, la comparaison avec l’Orthodoxie en Amérique du Nord est accablante. L’Orthodoxie en Amérique du Nord se veut plus universaliste, plus missionnaire aussi, mais elle est dotée d’institutions scolaires, culturelles, sociales, et tout simplement de bâtiments. L’Orthodoxie dominante en Europe occidentale se veut exclusive, communautariste, fermée à la société qui l’environne, mais elle ne se dote d’aucun des moyens qui permettraient de réaliser ce projet phylétiste communautariste. Comment comprendre la logique d’institutions qui veulent préserver leur communauté de toute imprégnation par la langue ou la culture du pays d’accueil, mais qui sont incapables de fournir à ladite communauté ne serait-ce qu’une église dans le style architectural du pays d’origine ? Comment peut-on se vouloir le fer de lance de la préservation de l’ethnie X ou Y immigrée en France, ou en Allemagne, ou en Italie, si l’on n'offre à la communauté d’origine X ou Y que des églises postmodernes prêtées par les catholiques ou les protestants et qui n’évoquent en rien la culture à laquelle l’ethnie X ou Y était habituée dans son pays d’origine ? Il me semble pourtant que le paysage architectural est un élément de la culture, d’autant plus marqué dans le cas de l’Eglise orthodoxe où l’on sait bien qu’il existe un style d’architecture sacrée propre à chaque pays. Je dois dire que je n’arrive pas à comprendre cette contradiction d’un projet communautariste qui, faute d’avoir les moyens de ses ambitions, se résorbe toujours dans l’utilisation de symboles qui n’ont rien à voir avec la communauté supposée être la porteuse du projet phylétiste.
Devant tant de contradictions, de double langage, de combinaisons peu honnêtes, de calculs qui se veulent rusés et tombent toujours à côté de la plaque, es schwindelt mir (« la tête me tourne »), et la lassitude commence à en gagner plus d’un. Toujours la même chose depuis le temps d’Overbeck.
Je l'ai déjà raconté sur le présent forum: là où je me suis rendu compte avec le plus de vigueur de la vacuité du projet communautariste des orthodoxes phylétistes, c'est lorsque j'ai été chargé de la défense d'office de plusieurs délinquants - certains emprisonnés pour des faits graves - parce que j'étais l'un des rares à parler leur langue. Tous ces clients de nominations d'office étaient de confession orthodoxe. Je me suis en fait retrouvé en train de faire l'assistant social parce que ces détenus ne recevaient aucune visite en prison, alors que je connaissais l'existence de pas moins de sept prêtres orthodoxes de leur nationalité en résidence dans un rayon de vingt kilomètres autour de la prison. Aucun ne rendait visite à un compatriote en prison. Je reste abasourdi de ce projet communautariste qui, s'il est inexorable dans sa volonté de chasser des paroisses les orthodoxes d'autres nationalités, n'apporte aucun secours à ses ouailles dès lors que celles-ci rencontrent la moindre difficulté. Projet communautariste pour projet communautariste, et puisque tout ceci n'a rien à voir avec la vie spirituelle, qui n'entre de toute façon pas dans le champ des préoccupations de ces paroisses-là, pensez-vous vraiment qu'un détenu juif ou musulman ne recevrait jamais la visite en prison d'un rabbin ou d'un imam ? Constatation qui n'empêchait pas les prêtres auxquels je pense, à la fois xénophobes rabiques et incapables de la moindre charité envers leurs compatriotes en difficulté, de donner en toutes circonstances des leçons de morale.

*Enfin, sur la vénération des reliques, il y aurait beaucoup à dire. Je sais que le moi est haïssable, mais j’ai vécu dans ce registre deux expériences dont la comparaison est instructive. La première se situe en septembre 2005, à Nancy (Meurthe-et-Moselle), région de tradition de droite (Maurice Barrès, Louis Marin), municipalité détenue depuis des décennies par un radical de droite. Me trouvant dans la cathédrale catholique de la ville, je demande à pouvoir vénérer les reliques de saint Sigisbert, roi d’Austrasie, dont je savais qu’elles se trouvaient là. (Pourquoi à Nancy, et pas à Metz, ce qui aurait été plus logique ?) Cela me fut radicalement interdit par le sacristain, qui m’expliqua avec beaucoup de virulence que c’était une superstition que d’embrasser les reliques. (Comme j’aime ces esprits forts !) La deuxième se situe en mai 2007, à Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne), alors que je m’étais octroyé un ouiqende prolongé dans le cadre de cette interminable transaction dont le bouclage mit des semaines et des semaines à venir. Là, j’étais en pays rouge, tradition socialiste affirmée, parti communiste qui faisait encore 20% des suffrages exprimés il y a un peu plus de vingt ans, Georges Gingouin & Cie, anticléricalisme enraciné. Et là, quelle ne fut pas ma surprise de constater que tout était organisé, et bien organisé, pour que les fidèles pussent vénérer le sarcophage de saint Léonard le Libérateur : pas de grille, cierges à disposition, images pieuses à disposition. Je pus constater que les visiteurs vénéraient le sarcophage en suivant des traditions que j’avais observées dans de vieilles terres orthodoxes comme la Moldavie, mais que je n’avais jamais vues nulle part ailleurs en Europe occidentale.
Vous ne pourrez pas m’ôter de la tête l’idée que c’est tout simplement qu’en Limousin, l’anticléricalisme était si puissant que le clergé catho n’avait pas été en mesure d’y faire obstacle au culte traditionnel des reliques lors du virage moderniste du début des années 1970, tandis que l’expérience que j’avais eue à Nancy me montrait fâcheusement que la tradition de droite avait permis au clergé d’organiser à loisir la démolition de la religion populaire. Autrement dit, et de manière paradoxale, la religion populaire avait pu être sauvée par le pouvoir des politiciens antireligieux, mais porteurs d'un minimum de respect envers les saints fondateurs de leur communauté.
Ceci pour vous dire qu’à mon avis, on ne doit pas accepter n’importe quelle humiliation pour pouvoir vénérer des reliques. S’ils y accordent aussi peu d’importance, qu’ils n’en fassent pas un instrument de négociation pour obtenir de nouveaux abaissements de la part des orthodoxes ! Surtout quand ces reliques se trouvent dans des lieux de culte dont je rappelle qu’ils sont propriété publique.

Ma conclusion est que je ne vois rien, dans tout cela, qui justifie que l’Eglise orthodoxe adopte en face de la Papauté et de ses représentants locaux cette attitude décrite par le Psalmiste : « comme les yeux de la servante sont fixés sur la main de sa maîtresse » (Ps 122, 2) ? Toutes ces compromissions pour obtenir des locaux même pas adaptés au culte orthodoxe, là où la plus petite communauté orthodoxe perdue aux Etats-Unis ou en Australie se ferait un devoir de construire sa propre chapelle, dans l’indépendance et dans le respect de l’art sacré qui a été prévu par et pour la digne célébration du culte divin – car, η Ορθοδοξία, n’est-ce pas par définition, et avant tout, la « juste glorification » ?
Nectari
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Message par Nectari »

“A l’inverse de la papué, l’eucumenisne ne cherche pas à confisquer, usurper ou remplacer le critère unique de la Verité, mais à la relativider, à l’émousser, à l’afaibli au point de ke réduire à une collection d’opinions humaines. L’oecuménisme est donc, pour le Père Justin, la denirère hérésie, celle qui récapitule toutes les autres, parce qu’en elle, toutes ont leur place. Il est la panhérésie, parce qu’il vient après tous les écheques de l’humanisme dans sa quête d’un critère autre que le Dieu-Homme ».

Introduction. Le Père Justin Popovic ou l’expérience vivante de la Tradition.

« Les ascètes sont les seuls missionaires de l’Orthodoxie- L’ascétisme est la seule ècole missionnaire de l Orthodoxie. L’Orthodoxie est ascèse et vie, car est seulement par l’ascèce et par la vie qu’elle proclame et réalise sa mission. Le developpement de l’ascétisme personnel et ecclésiastique ets ce qui importe le plus à la mission interne de notre Eglise au sein de notre peuple. La paroisse doite être un centre ascétique. Mais cela ne peut être réalisé que par un pêtre-ascète. La prière et le jeûne, la vie ecclésiastique de la paroisse, la vie liturgique –tels sont les principaaux moyens de l’Orthodoxie, Pr lesqueles renaît son action sur les hommes. Il faut que renaisse la paroisse, la commmunauté paroissiale, mais dans l’amour su christ et dans l’amour du frère, pour servir humblement le Christ et tous les hommes avec doucer et humilité, dans le sacrifice et le renoncement. Et il est nécessaire que ce ce service soit nourri par la prière et la vie liturgique. C’est cela qui est fonamental, indiscutable. Mais cela suppose une condition préalable : que nos grands-prêtes (évêques), nos prêtres et nos moines deviennnent des ascètes, t pour cela : prions le Seigneur ! »

La misssion intérieure de notre Eglise.

Le mystère du mal n’esta pas moins grand qu le mystère du bien. Le premier est souvent plus attrayant que le seond. Et l’homme aime le mystérieux dans toutes ses fiormes…
L’idée fondamentale d’Arius est que le Christ n’est pas Dieu…
L’arianisme n’a pas encoe été enterré, il est aujourd’hui plus à la mode qt plus fifussé que jamais. Il est répandu comme l’âme dans le corps de l’europe contemporaine. Si vous considérez la culture de l’Europe, vous verrez, caché au fond, l’arianisme : tout s’y limite à l’homme, et à lui seul, et on à reduit le Dieu-Homme, le Christ, aux limites de l’homme…
Le relativisme contemporain de l’europe est un héritage de l’arianisme. Le relativisme dans la métaphysique e engnedré son semblable dans l’éthique. Il n’y a rien d’absolu, ni rien qui soit audessus de l’homme et du monde, ni dans ce monde ni dans l’homme, ai autour du monde, ni autour de l’homme.

De l’arianisme d’Arius au néo-arianisme européen.

Tous les humanismes européens, du plus primitif au plus subtil, du fétichisme au papisme, sont fondés sur la foi en l’homme, tel qu’il est dans sa situation empirique et dans son historicité psychophysique. En realité toute substance de chaque humanisme, c’est l’homme…


La franchise est la langue de la verité. La dogme du Xxème siècle sur l’infaibillité du Pape n’est rien d’autre que la renaissance de la idolatrie et du polythéisme, la renaissance du système idolâtrique de valeurs et de critères. C’est horrible à dire, mais cela doit être dit : par l’infaillibité du pape, ce qui est érigé en dogme, c’est l’humanisme idolàtrique, et primièrement grec. Ce qui est érigé en dogme, c’esta la valeur universelle, le critère universel de la culture grecque, de la civilistaions grecque, de la poésie, de la philophosiphie, de l’art, de la politique, de la science : « Lhomme mesure de tout ». Et qu’est-ce que tout cela ? Une introduction au dogme de l’idolâtrie. C’est de cette manière qu’on est arrivé au dogme de l’autarcie (autosuffisance) de l’homme europées, dont tous les humanismes auropéens ont la nostalgie deouis des siècles.

Par le dogme de l’infaillibilité, en s’appropriant pour lui, c’est à dir pour l’homme, toute la puissance et tous les jugements qui appartiennent seulement au Dieu-Homme, le Pape s’est autoproclamé en réalité Eglise dans l’Eglise paiste, et il est devenu en son sein tout en tous, Une espèce de tout Puissant. C’est pourquoi le dogme sur l’infaillibilité su Pape constitue le dogme centarl (svedogmat) du papisme. Et le Pape ne peut le dénoncer d’aucune manière, tant qu¡il est le Pape du papisme humaniste.

Remarques sur l’ «infaillibilité » de l’homme européen.

Père Justin Popovitch. L’homme et le Dieu-Homme. Traduit du serbe par Jean-Louis palierne. Lausanne. L’àge d’homme. 1989.

nectari
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Tout ça c'est très beau, mais comment le Vatican arrive-t-il à faire le grand écart de concilier des déclarations solennelles comme celle du 10 juillet 2007:
Cardinal William Levada a écrit :Cinquième question. Pourquoi les textes du Concile et du Magistère postérieur n’attribuent-ils pas le titre " d’Église " aux Communautés chrétiennes nées de la Réforme du XVIe siècle ?

Réponse. Parce que, selon la doctrine catholique, ces Communautés n’ont pas la succession apostolique dans le sacrement de l’ordre. Il leur manque dès lors un élément essentiel constitutif de l’Église. Ces Communautés ecclésiales, qui n’ont pas conservé l’authentique et intégrale réalité du Mystère eucharistique 19, surtout par la suite de l’absence de sacerdoce ministériel, ne peuvent être appelées " Églises " au sens propre 20 selon la doctrine catholique.
avec la réalité liturgique dont je fus personnellement le témoin le 26 septembre 2009, d'une messe catholique romaine où l'eucharistie était co-consacrée par un pasteur protestant et où les prières dites par le prêtre romain affirmaient expressément que l' "Église" comprenait toutes les confessions (cf. viewtopic.php?t=2397 )?

Est-ce à dire que la doctrine a changé entre 2007 et 2009?

Ou que la déclaration du Vatican publiée le 10 juillet 2007 n'était que de la poudre aux yeux, ou plus précisément du miel destiné à attraper les catholiques traditionalistes dits "intégristes"?
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