Ecclésiole (rubrique reclassée)

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Modérateur : Auteurs

Claude le Liseur
Messages : 4352
Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13

Ecclésiole (rubrique reclassée)

Message par Claude le Liseur »

[...]
les "ecclésioles" , comme vous dites avec condescendance
Mais non. Il n'y a pas de condescendance à avoir tenté d'importer dans la terminologie orthodoxe un terme qui a trouvé sa place dans la sociologie luthérienne depuis trois siècles. Il ne faut pas être fermé à ce point. Si les luthériens ont un terme correct pour décrire des phénomènes qui existent aussi chez nous, je ne vois pas pourquoi ne pas faire l'essai d'importer ce terme.

[...]
Antoine
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Inscription : mer. 18 juin 2003 22:05

Message par Antoine »

XB!

[...]
La normativité de la foi reste le canon de St Vincent de Lérins (et non pas le fait d'être publié au Cerf ou chez DDB):« Dans l'Église elle-même, il faut veiller avec grand soin à ce que l'on tienne ce qui a été cru partout, toujours et par tous. »St Vincent développe dans le Commonitorium écrit environ trois ans après le concile d'Ephèse (431) ces concepts d «universalité, antiquité et unanimité».Cela n'empêche en rien des développements dans la connaissance théologique tant que l'on reste «dans le même dogme, même sens, et même pensée.»C'est en préservant cette unité dans et par l'Esprit Saint que se reconnaît la Vérité de l'Eglise. (Ceci est particulièrement clair pour le filioque par exemple)
[...]
Dernière modification par Antoine le ven. 23 mai 2008 7:40, modifié 2 fois.
Anne Geneviève
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Message par Anne Geneviève »

Pour revenir sur un détail de ce mauvais procès que fait ici François4 aux modérateurs du forum, le terme ecclésiole est certainement moins condescendant et représente moins une condamnation des hommes qui la composent que le terme secte. Ecclesia : l'assemblée ; ecclesiola, petite assemblée, conventicule. Ce terme souligne leur caractère schismatique, de construction "parallèle" et non canonique. Il ne signifie rien quant à la confession de foi déjà acquise lors des conciles oecuméniques.
Le problème actuel des ecclésioles, du moins dans ce que j'appellerai la mouvance philorthodoxe, tient à une maladie qui affecte aujourd'hui plus ou moins toutes les Eglises : l'ethnophylétisme, c'est à dire la confusion de l'identité culturelle ou nationale et de la localité de l'Eglise. Certaines ont adapté à un pays de mission le phylétisme ambiant (Eugraph Kovalevski), d'autres ont élevé au niveau du dogme des usages locaux ou le calendrier, sans oublier les incidences de la résistance à un pouvoir politique persécuteur (toutes les Eglises "hors-frontières"). Comme dans toute l'histoire de l'Eglise, un coup de barre trop à bâbord s'accompagne d'un coup de barre trop à tribord : à ce phylétisme s'oppose un universalisme qui trop embrasse - et donc mal étreint - jusqu'au relativisme dogmatique.
C'est face à de telles dérives opposées et complémentaires sur la question de la grâce divine et de la liberté humaine que Vincent de Lérins a rappelé, comme le fait aujourd'hui Antoine, la nécessité de prendre appui sur ce qui a été cru partout, toujours et par tous . Et cela ne signifie pas un enfermement passéiste. Au contraire, cela libère les forces pour aborder les problèmes inédits posés par l'époque où l'on vit.
Ce duo ethnophylétisme/relativisme reflète aux parvis de l'Eglise l'une des questions dramatiques de notre époque qui se traduit en politique par le duo nationalisme/mondialisme, en anthropologie par le duo identité-différence/unité de l'espèce humaine, etc. Pourtant, c'est peut-être déjà un combat d'arrière-garde par rapport aux questions beaucoup plus aiguës posées par les progrès de la génétique ou des sciences de l'information. Il serait temps de passer cette porte de la réaffirmation pratique, pas seulement dans un coin des manuels de théologie, de l'ecclésiologie fondamentale. Mais comment revenir à une saine pratique sans le rappel des principes et des canons à temps et à contretemps ?

J'ajoute qu'il existe une logique dans l'enchainement des questions théologiques et des formulations erronées que dut et doit affronter l'Eglise : d'abord la reconnaissance de la Sainte Trinité (Nicée 1) et donc de l'incarnation divine en Jésus Christ ; puis toutes les questions christologiques qui tournent autour de l'antinomie et de l'articulation des deux natures en Christ, qui forcent aussi à se demander ce qu'est l'homme ; la "querelle iconoclaste" pose à la fois la question des représentations, de la place du cosmos dans la liturgie, de la communion des saints, en filigrane la question du temps et de la présence, du visible et de l'invisible. Aujourd'hui, la question tourne autour de la nature de l'Eglise elle-même.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
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