Amour

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Catherine
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Amour

Message par Catherine »

L’Humanité de notre Dieu, manifestée mystérieusement dès l’Ancien Testament et révélée en Christ, réside pour moi en cet Amour infini et pour ainsi dire “passionné” qu'Il éprouve pour l’homme qu’Il a créé à son image et à sa ressemblance. Et lorsqu’on découvre cet Amour par expérience, on devient incapable de ne pas y répondre. Comme dit saint Jean :
Pour nous, nous L'aimons, parce qu'Il nous a aimés le premier.” (1Jn 4,19)
Éliazar a écrit un jour, avec raison, en faveur de l’exégèse des saintes Écritures manifestant notre curiosité “amoureuse” de Dieu : “Mais allez donc dire à l'amoureux de cesser de rêver à l'être aimé ! Et de se demander comment Il est, ce qu'Il pense, ce qu'Il fait, où Il est ... et s'Il l'aime ou au contraire s'Il va le rejeter, etc. etc."
La différence est que si le silence ou un message quelque peu sévère ou énigmatique de l’être aimé humain (qu’il soit ami ou amoureux) peut nous faire souffrir atrocement à cause de l’incertitude que nous avons concernant son affection ou sa fidélité, tel n’est pas le cas pour l’Amour divin. On sait, même si Dieu se tait ou que l’on ne comprenne pas un passage de l’Écriture sainte, que le Bien-Aimé divin nous aime toujours et ne nous rejette jamais.
Quelqu’un a parlé de l’Amour fou de Dieu pour l’homme et c’est bien de cela qu’il s’agit.
Saint Jean Climaque dit même que certains moines, qui, avant leur entrée au monastère, ont connu un amour charnel très passionné, non seulement comprennent souvent mieux l’Amour que Dieu a pour nous, mais deviennent aussi plus aptes à Lui rendre cet amour.
Nous voyons l’Amour fou de Dieu dans la Longanimité avec laquelle Il nous supporte malgré nos péchés.
(Je connais quelqu’un qui ouvre la radio tous les matins pour savoir “si cet horrible Bush est toujours en vie” et s’étonne de la Patience divine. Quant à moi, je m’étonne d’être encore en vie moi-même, je m’émerveille de sa Patience envers la pécheresse que je suis… ).
Cet Amour qui ne peut se renier est quelque chose de si émouvant que lorsque nous le découvrons pleinement dans la réalité, il ne peut que nous inciter au repentir.
Quand on considère les péchés de l’humanité depuis la chute de nos premiers ancêtres, on se demande comment Dieu supporte tout cela. Comment Dieu me supporte-t-Il avec tous mes péchés ?
D’accord, il y a eu le déluge pour faire périr une humanité pécheresse. Mais sa Promesse de ne plus nous détruire est venue après, avec son Alliance symbolisée par l’arc-en-ciel.
Et depuis, nous sommes certains qu’Il ne nous rejettera plus, malgré nos péchés. Cet Amour-là — contrairement à l’amour humain si changeant, si capable de se transformer en haine — est stable, inébranlable, immuable. Il est prouvé par le Dieu fait Homme qui est mort pour nos péchés. Comme le dit saint Paul :
“À peine mourrait-on pour un juste; quelqu'un peut-être mourrait pour un homme de bien. Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous.” (Rm 5,7)
Quand, dans notre vie personnelle, nous expérimentons la constance de cet Amour, que nos péchés défient pourtant jour après jour, nous ne pouvons que nous écrier avec le prophète Jérémie : “Oh, que ta Fidélité est grande !” (Lm 3,23)
Dans une relation humaine amicale ou amoureuse, il y a toujours des risques de rupture du fait de blessures réciproques ou de manque d’espoir.
Il est impossible d’épuiser l’Amour, la Miséricorde de Dieu. Avant même que nous demandions pardon, au moindre signe de repentir, à la première larme, Il est prêt à pardonner le pire des péchés.
[Le fils prodigue] se leva, et alla vers son père.
Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion, il courut se jeter à son cou et l'embrassa. (Lc 15,20)
Ce “comme il était encore loin” montre que Dieu voit notre intention de repentir bien avant que nous l’exprimions et l’accueille favorablement.
st. Ambroise de Milan dit :
Dans l'évangile je ne trouve pas ce que Pierre a dit : je trouve qu'il a pleuré. Je lis qu'il a pleuré, je ne lis pas qu'il ait fait des excuses. Les pleurs ménagent le pardon sans aller contre la honte. Les larmes ne demandent pas le pardon et l'obtiennent. (Sur Luc 10)
Et ce jusqu'à soixante-dix fois sept fois, et même plus.
Pourquoi une telle longanimité ? La réponse est dans sa Volonté de nous sauver : “Le Christ vient au monde pour relever son image déchue” — dit un cathisme de Noël. Il fait tout dans ce but. Et Il parle à tout le monde. (Pourtant tout le monde n’entend pas sa Voix. C’est un “murmure doux et léger”; comment l’entendre dans le vacarme du monde ?)
Nous les humains aurions déjà laissé tomber depuis longtemps nos amis et connaissances qui se comporteraient de façon aussi inattentive, ingrate et irrespectueuse envers nous que nous pouvons nous comporter envers Dieu.
Pour suggérer l’idée de cet Amour fou de Dieu, l’Écriture sainte Le dépeint parfois comme un homme qui hésiterait à continuer une relation avec quelqu’un qui l’a blessé. Elle présente ce Dieu éternellement bon et tout-puissant comme un homme dont la bonne volonté serait parfois ébranlée par l’ingratitude des siens.
Ces hésitations, luttes intérieures, tourments et délibérations si humaines et si poignantes de Dieu sont décrits pour nous faire prendre conscience à la fois de la gravité de nos péchés et de leur petitesse en face de sa Bonté qui l’emporte toujours.
Un exemple qui me touche beaucoup :
Mon peuple est enclin à s'éloigner de moi; on les rappelle vers le Très-Haut, mais aucun d'eux ne L'exalte. Que ferai-je de toi, Ephraïm? Dois-je te livrer, Israël? Te traiterai-je comme Adma? Te rendrai-je semblable à Tseboïm? Mon cœur s'agite au-dedans de Moi, toutes mes compassions sont émues. Je n'agirai pas selon mon ardente colère, Je renonce à détruire Ephraïm; car je suis Dieu, et non pas un homme, Je suis le Saint au milieu de toi; Je ne viendrai pas avec colère. Ils suivront l'Éternel, qui rugira comme un lion, car Il rugira, et les enfants accourront de la mer. Ils accourront de l'Égypte, comme un oiseau, et du pays d'Assyrie, comme une colombe. Et Je les ferai habiter dans leurs maisons, dit l'Éternel. (Osée 11,7-11)
Un autre exemple, faisant partie de la tradition de l’Église celui-ci, est l’histoire d’un moine qui prie pour un autre moine ayant commis un péché grave. Le Christ lui apparaît à plusieurs reprises en lui disant : “Ne prie pas pour lui, Je l’ai rejeté.” Le moine continue sa prière pour l’autre, malgré l’injonction ferme du Christ, qui finit par “fléchir”, en lui disant : “Tu t’es assimilé à mon Amour”.
Je ne me souviens pas où j’ai lu cette histoire. Si quelqu’un l’a, qu’il (ou elle) me l’indique ou me donne le texte. S.V.P.
“Comme un Père a compassion de ses enfants” (ps 120) faibles, vulnérables, Dieu vient à notre secours en souriant de notre chute, (parfois grave, mais toujours insignifiante par rapport à sa Miséricorde), dès que nous voulons vraiment nous en relever, et c’est ainsi que nos confesseurs nous reçoivent, en souriant aussi, lorsqu’ils voient notre repentir :
Un frère demanda à abba Macaire : « Mon père, je suis tombé dans une faute. » Abba Macaire lui dit : « Il est écrit, mon fils : “ Je ne désire pas la mort du pécheur, mais sa conversion et sa vie ”. (Ez 33,11). Convertis-toi donc, mon fils ; tu verras un Homme plein de douceur, notre Seigneur Jésus Christ, le visage rempli de joie à ton sujet, comme une nourrice dont le visage est plein de joie à l'égard de son fils, s'il lève les mains et son visage vers elle; même s'il est rempli de tout immondice, elle n'est pas retenue par la puanteur ni les excréments, mais elle a pitié de lui, elle le presse sur sa poitrine, le visage plein de joie, et toute chose qui est arrivée est douce pour elle. Si donc cette créature est pitoyable pour son enfant, à combien plus forte raison l'amour du Créateur, notre Seigneur Jésus Christ, pour nous ? »
Mihaela a bien raison de souligner l’importance du repentir. Toute la vie d’un chrétien consiste en cela. Et
il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance. (Lu 15,7)

Ce n’est pas pour rien que nous récitons le ps 50 à tous les offices :
Aie pitié de moi, ô Dieu; selon ta grande Miséricorde,
Et dans ton immense Compassion efface mon péché.
Cependant, le repentir ne doit jamais être un prétexte pour ne pas confesser la foi orthodoxe dans sa pureté, surtout quand elle est en danger, ni pour ne pas se soucier de la sauvegarde de cette pureté, tout souillés que nous sommes de nos péchés, car "nous portons ce trésor dans des vases d'argile".
Comme le dit Saint Cyrille le Philéote :
Même si quelqu’un n’est pas maître et n’a aucune chaire d’enseignement qui lui soit confiée, mais a simplement reçu la parole du Christ et se trouve placé dans les rangs des disciples, il doit montrer du zèle pour Dieu, payer sa dette envers un bienfaiteur, en parlant avec franchise en faveur de la vérité et en luttant contre l’impiété.
K.
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