Sujet : Etienne de Hongrie
Date : 21.01 21h41       
24.12 19h03 Auteur: lecteur Claude 
Une question à Catherine. 
Voici deux ans, le 22 août 2000, le patriarche de Constantinople, Sa Sainteté 
Barthélémy Ier, est allé à Budapest pour procéder à la canonisation solennelle 
du roi Etienne de Hongrie, déjà considéré comme saint par les papistes. 
A l'époque, j'avais été enchanté que le Patriarche oecuménique se préoccupe 
enfin de la reconnaissance de la sainteté de saints occidentaux d'avant le 
schisme. A ma connaissance, seul de tous les hiérarques orthodoxes de notre 
temps, saint Jean Maximovitch s'était consacré à ce problème et avait obtenu une 
décision de principe d'une conférence d'évêques russes hors frontières en faveur 
de la reconnaissance de la sainteté de vingt saints occidentaux d'avant le 
schisme (Genève, 17 septembre 1952). 
Mais,depuis, je me pose des questions. J'ai trouvé sur Internet une 
page(wysiwg://http://orthodox.true...es/orthodox/ecumenism/NewSaint.htm) où des 
vieux-calendaristes attaquaient la décision de Constantinople en disant que le 
roi Etienne avait amené la Hongrie non pas au christianisme, mais bel et bien au 
papisme. 
Dans son livre "Istoria Bisericii Ortodoxe Române", tome I, Bucarest 1992, p. 
218, le Père Mircea Pacurariu, professeur à la Faculté de Théologie de Sibiu, se 
montre aussi très critique à l'égard du roi Etienne. Après avoir parlé des 
débuts du christianisme chez les Magyars et de la fondation d'une "métropole de 
Turquie" (lire: "de Hongrie") par le Patriarcat de Constantinople en 948-949, il 
écrit: 
"Regele Stefan "cel Sfînt" (997-1038), casatorit cu principesa catolica bavareza 
Ghizela, a fost un mare sprijnitor al ritului latin în Ungaria. Dupa traditie, 
el a înfiintat în Ungaria doua arhiepiscopii, una la Esztergom (Strigonium), a 
doua la Calocea, precum si opt episcopii (Veszprém, Pécs, Vacz, Eger, Györ etc.) 
si cinci abatii (mînastiri), toate de rit latin. 
Prin orienterea principelui Geysa spre imperiul romano-german de Apus si prin 
înlocuirea Ortodoxiei cu catolicismul în timpul lui Stefan cel Sfînt, s-a pus 
temelia unui stat ungar catolic, sustinut cu putere de Scaunul papal. Cu toate 
acestea, a continuat sa dainuiasca un timp si crestinismul de rit rasaritean." 
Je traduis: 
"Le roi Etienne "le Saint" (997-1038), marié avec la princesse catholique 
bavaroise Gisèle, fut un grand protecteur du rite latin en Hongrie. D'après la 
tradition, il a fondé en Hongrie deux archevêchés (...), ainsi que huit évêchés 
(...) et cinq abbayes (monastères), tous de rite latin. 
L'orientation du prince Géza vers l'Empire romain germanique d'Occident et le 
remplacement de l'Orthodoxie par le catholicisme au temps d'Etienne le Saint ont 
jeté les bases d'un Etat hongrois catholique, soutenu par la puissance du Siège 
papal. Malgré tout, le christianisme de rite oriental a continué à se maintenir 
pendant un certain temps." 
Ce serait effarant que le Patriarche oecuménique ait canonisé un roi qui, à en 
croire le Père Pacurariu, aurait en fait été le destructeur de l'Orthodoxie chez 
les Magyars. Catherine, puisque vous avez la rare particularité d'être à la fois 
Hongroise et orthodoxe, et que je pense que vous avez dû réfléchir à l'histoire 
de votre pays, pourriez-vous me dire quelle est votre opinion sur la question? 
Etienne de Hongrie, destructeur de l'Eglise orthodoxe magyare ou au contraire 
saint deux fois couronné? 
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25.12 02h28 Auteur: Catherine 
Cher lecteur Claude, 
C'est en effet une question assez épineuse pour moi et obscure même pour les 
historiens, vu la rareté des documents de l'époque. Le roi Étienne 1er de 
Hongrie était orthodoxe et est mort avant le schisme (en 1038), c'est certain. 
Le premier évêque de Hongrie, Hiérothée, était venu de Constantinople, pour 
évangéliser le pays. Étienne devait faire face à des révoltes païennes. C'était 
un homme d'état très énergique et un fin diplomate. Pour des raisons purement 
politiques, il a fait alliance avec l'Occident en épousant la princesse 
bavaroise, Gisèle, et cette alliance l'orientait vers Rome. Mais à cette époque, 
le schisme ne devait pas encore faire sentir ses effets partout, et surtout pas 
dans un pays qui n'avait pas encore pleinement acquis sa conscience orthodoxe. 
Il est certain qu'il y avait des monastères de rite latin pendant son règne, à 
côté de nombreux monastères de rite grec (je crois qu'il y a peut-être une 
erreur dans l'article du père roumain que vous citez). 
Je pense que son ouverture vers Rome devait entraîner une influence croissante 
du christianisme occidental par la suite, mais l'orthodoxie était restée 
répandue dans toute la Hongrie pendant longtemps encore après son règne. On sait 
que pendant le règne de ses successeurs on suivait encore les canons d'Orient 
pour le mariage des prêtres et le carême par exemple. Lui-même n'avait jamais 
rompu ses liens avec Constantinople, la Bulgarie et la Russie de Kiev. Témoins 
saint Moïse le Hongrois, saint vénéré depuis le 11e s. par l'Église Russe, les 
mariages de princesses hongroises (dont une, du nom d'Irène, est vénérée comme 
sainte par l'Église) avec des empereurs de Constantinople et d'un roi de Hongrie 
avec une princesse byzantine jusqu'à la fin du XIIe s. Il est donc faux de dire 
que c'est Étienne qui a détruit l'Église orthodoxe de Hongrie. Il existe une 
lettre du pape Innocent III, datée de 1204 et adressée au roi de Hongrie, Émeric 
Ier, lui reprochant l'existence d'un seul monastère latin (!) dans son royaume, 
à côté de nombreux monastères grecs. C'est l'invasion mongole (1241) qui a été 
le premier coup fatal pour l'orthodoxie hongroise : pour repeupler les 
territoires dévastés par les Mongols, le pape a envoyé des colons italiens et 
allemands. Puis, au XIVe s., avec la mort du dernier roi de la dynastie 
hongroise, le pape a imposé à la Hongrie le roi Louis le Grand de la branche 
napolitaine de la maison d'Anjou, qui a fini par éradiquer définitivement 
l'orthodoxie hongroise. 
Vou pouvez trouver sa biographie un peu romancée dans 
http://perso.club-internet.fr/orthodoxi ... #...tienne 
En ce qui me concerne, je ne vois pas pourquoi Étienne serait le destructeur de 
l'orthodoxie. Quant à sa sainteté... on vénère encore aujourd'hui sa droite 
incorrompue. La seule chose qui me dérange dans cette affaire, c'est la cruauté 
avec laquelle il avait réprimé les révoltes païennes. Je ne m'imagine pas un 
saint roi faisant ce qu'il faisait. Mais c'était peut-être l'époque...
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25.12 17h39 Auteur: lecteur Claude 
Chère Catherine, 
Merci beaucoup pour vos précisions, qui me semblent donner raison au Synode de 
Constantinople plutôt qu'au Père Pacurariu. 
J'aimerais encore abuser de votre temps en vous demandant s'il y a eu en Hongrie 
un mouvement de renaissance de l'Orthodoxie autochtone semblable à celui qu'ont 
connu les pays tchèques depuis la chute de la maison Habsbourg en 1918. J'ai en 
effet lu quelque part sur Internet qu'il existerait en Hongrie, aux côtés du 
diocèse serbe et du diocèse roumain, un diocèse orthodoxe hongrois qui serait 
dans la juridiction de Moscou, mais ces sources ne me paraissaient pas très 
fiables. 
Cela m'intéresse d'autant plus que j'ai voyagé en Transylvanie et qu'il me 
semble bien qu'il n'y a pratiquement pas le moindre orthodoxe parmi la minorité 
magyare qui vit là bas, tant les choses fonctionnent selon les équations 
Roumain=orthodoxe ou uniate, Magyar= latin, calviniste ou unitarien et 
Allemand=latin ou luthérien. (Même si beaucoup de Roumains cultivés ont conservé 
le souvenir que les Magyars de Transylvanie étaient orthodoxes dans un passé 
lointain.) 
Je voudrais donc savoir si les choses sont un peu différentes en Hongrie. 
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26.12 12h55 Auteur: Catherine 
Cher lecteur Claude, 
Comme je l'ai dit, l'orthodoxie hongroise a été pratiquement éradiquée au XIVe s.
sans laisser d'autres traces chez les autochtones que quelques coutumes de 
piété populaire qui ont survécu dans et malgré le catholicisme romain. 
Cependant, comme la recommandation de Saint Étienne 1er, dans son testament au 
prince héritier : "Accueille tous les étrangers comme tes frères , et n'hésite 
pas à les laisser s'établir dans ton royaume, car un pays où on ne parle qu'une 
langue est un pays pauvre." a été prise au sérieux tout au long de l'histoire 
hongroise, on y a toujours bien reçu tous les étrangers (voyageurs ou réfugiés) 
de tous pays. 
C'est ainsi que des orthodoxes (serbes, grecques et roumaines), fuyant les Turcs 
ou d'autres désastres de leur pays ont trouvé refuge en Hongrie et s'y sont 
établis depuis des siècles. 
Parmi ces ethnies, les Grecs étaient les premiers qui, tout en tenant à leur foi 
orthodoxe, se sont assimilés très vite aux Hongrois. (Une des raisons en était 
que, contrairement aux Serbes et aux Roumains, qui pouvaient préserver leur 
identité nationale par leur nombre relativement important et leur regroupement 
dans les régions limitrophes de leurs pays d'origine respectifs, les Grecs 
étaient moins nombreux, loin de leur patrie et dispersés dans le pays.) Dès la 
fin du XVIIIe s., voyant que leurs enfants ne parlaient pratiquement plus le 
grec, ils ont traduit les livres sacrés de l'orthodoxie en hongrois et leurs 
descendants, restés orthodoxes, se sont magyarisés complètement. Aujourd'hui, 
tout en sachant que leurs ancêtres lointains étaient grecs, ils se considèrent 
comme des Hongrois orthodoxes. Leur appartenance juridictionnelle a été 
longtemps objet de litige; ils ont fini par pouvoir être placés, en 1950, sous 
la juridiction du patriarcat de Moscou. La diaspora grecque et la russe aussi 
font partie de ce diocèse hongrois. Voilà, grosso modo, ce que j'en sais. Je 
pense que les informations que vous avez trouvées sur Internet, devait concerner 
ce diocèse-là. 
J'avais quelques contacts avec eux dans les années 70, ainsi qu'avec les 
orthodoxes serbes de Budapest. Ces derniers, qui lient très étroitement leur foi 
orthodoxe à leur nationalité, ont tendance à ne pas considérer ces Hongrois 
comme orthodoxes. Quant à moi, je ne sais pas ce qui les différencie, à part la 
langue liturgique employée. 
Vous avez de la chance d'avoir voyagé en Transylvanie. J'espère que le Seigneur 
me permettra aussi d'y faire un tour avant que je parte de ce monde. 
Je ne connais pas très bien l'histoire de l'orthodoxie dans les pays comme la 
République Tchèque, - pouvez-vous nous en parler en grandes lignes ? - mais 
j'étais très heureuse de rencontrer cet été deux jeunes filles tchèques 
catéchumènes dans deux de nos monastères en Grèce. 
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26.12 19h16 Auteur: lecteur Claude 
Chère Catherine, 
Merci beaucoup pour vos renseignements. Le choix de la diaspora grecque en 
Hongrie(perdre la langue, mais sauver la foi) a été d'une grandeur admirable. 
En ce qui concerne l'Orthodoxie en Bohême et en Moravie (les deux pays tchèques),
je vais vous résumer les grandes lignes. 
Le peuple tchèque a toujours gardé au fond de lui-même un mauvais souvenir de la 
façon dont on l'a converti au catholicisme romain au XIIème siècle, car cela 
s'était accompagné d'un processus de germanisation et de dénationalisation. Pour 
cette raison, les Tchèques ont toujours été une nation ennemie aux yeux du 
Vatican: d'où les guerres hussites et la guerre de Trente Ans, dont le point de 
départ en 1618 était la révolte des protestants tchèques contre les Habsbourg 
papistes. En 1451, un émissaire des Hussites était venu à Constantinople où il 
s'était converti à l'Orthodoxie et avait essayé de négocier une union de 
l'Eglise hussite avec le Patriarcat oecuménique. Mais 1451 n'était pas une date 
très propice (un peu proche du 26 mai 1453...) et nos amis turcs ne facilitaient 
pas beaucoup les communications. (Cf. Steven RUNCIMAN, The Great Church under 
Captivity, Cambrige 1999, p. 238). 
Après l'indépendance de 1918, il y a eu en Bohême-Moravie (mais pas du tout en 
Slovaquie) un fort processus de réaction et de rejet contre le papisme et tout 
ce qui l'avait accompagné. D'où développement d'une Eglise dite "hussite" (mais 
plus grand'chose à voir avec Jan Hus),d'une "Eglise nationale tchèque", du 
protestantisme et surtout d'un processus de laïcisation qui faisait des pays 
tchèques une exception dans une Europe centrale encore très religieuse (mais il 
est vrai que la franc-maçonnerie était toute-puissante en Tchécoslovaquie dans 
la période 1918-1938). Un petit groupe de Tchèques a cependant décidé de 
rejoindre l'Eglise de leurs pères sous la direction d'un ancien prêtre uniate et 
docteur en théologie devenu un des dirigeants de l'"Eglise nationale tchèque", 
Matthieu Pavlik (1879-1942), qui fut sacré premier évêque de l'Eglise orthodoxe 
tchécoslovaque sous le nom de Gorazd par les évêques serbes, à l'époque très 
missionnaires (1921). Le développement de cette Eglise autochtone a été freiné 
par les divisions internes des émigrés russes, fort nombreux en Tchécoslovaquie, 
et par les menées du Patriarcat oecuménique qui avait consacré un évêque rival à 
Prague. Mgr Gorazd parvint cependant à construire onze églises, à traduire les 
textes liturgiques en tchèque, à obtenir de Belgrade un statut d'autonomie 
(1929) et à faire former un clergé valable dans les séminaires de Serbie. 
L'oeuvre considérable de l'évêque Gorazd a été anéantie en 1942. Les résistants 
tchèques du commando envoyé par Londres pour assassiner Reinhard Heydrich, le 
gouverneur du Reichsprotektorat de Bohême-Moravie, se sont cachés plusieurs 
jours dans la crypte de la cathédrale de Mgr Gorazd. Les représailles des nazis 
après la liquidation du commando ont été terribles: Mgr Gorazd a été fusillé le 
4 septembre 1942 avec l'archiprêtre Tchikl et le prêtre Petrochek, son Eglise 
anéantie au point de vue légal, ses églises fermées et son clergé déporté en 
camp de concentration. Le saint nouveau-hiéromartyr Gorazd a été canonisé en 
1987; on le fête le 28 août ou le 4 septembre selon les Eglises. (Sur saint 
Gorazd, cf. Synaxaire en langue française, tome VI, Thessalonique 1996, pp. 82 s.
et Jean BESSE, Un précurseur:Wladimir Guettée, Lavardac 1992, pp. 19-21.) 
Après 1945, l'Eglise orthodoxe tchécoslovaque a pu se reconstituer, mais dans un 
climat détestable de panslavisme, de communisation du pays et de revanche sur 
les Allemands et sur les cathos (n'oublions pas que le dictateur de la Slovaquie 
hitlérienne avait été le prélat catholique Tiso). En janvier 1946, le synode 
serbe a été plus ou moins contraint d'abandonner sa juridiction sur l'Eglise 
orthodoxe tchécoslovaque au Patriarcat de Moscou, et l'Eglise tchèque qu'avait 
voulue Mgr Gorazd s'est un temps transformée en une Eglise coloniale russe (il 
est vrai qu'il y avait dans ces années 1945-48 qui ont précédé la communisation 
de la Tchécoslovaquie un fort engouement pour tout ce qui était russe). En avril 
1950, l'Eglise uniate, qui avait de nombreux fidèles en Slovaquie, a été 
rattachée de force à l'Eglise orthodoxe tchécoslovaque à qui Moscou a accordé 
l'autocéphalie en novembre 1951. (Cf. Patriarcat de Moscou, L'Eglise orthodoxe 
russe, Moscou 1958, pp. 179-182.) Evidemment, dès le rétablissement de leur 
Eglise, les uniates ont quitté en masse l'Orthodoxie et ils persécutent 
maintenant les orthodoxes de Slovaquie. 
L'Eglise orthodoxe de Tchéquie et Slovaquie subsiste toujours, avec une 
autocéphalie reconnue par le plérôme de l'Orthodoxie et trois évêques, mais ce 
n'est plus que l'ombre de ce qu'avait voulu saint Gorazd. Les fidèles sont 
estimés à environ 160'000: 60'000 (pour la plupart d'anciens uniates) en 
Slovaquie (en face de 250'000 uniates) et 100'000 en Tchéquie, dont seulement 
20'000 Tchèques - résultat des efforts missionnaires de la période 1921-1942 - 
et près de 80'000 immigrés, pour la plupart des Ukrainiens, arrivés depuis 1990. 
(Le gouvernement tchèque favorise l'immigration en provenance d'autres pays 
slaves pour compenser la dénatalité de sa population.) Quand on sait que 800'000 
Tchèques avaient rompu avec le Vatican en 1918-19, on voit que le résultat 
numérique est décevant. A mon avis, l'Eglise ressuscitée avec tant de soin par 
saint Gorazd a souffert de trois malheurs majeurs dans son histoire: la 
persécution par les nazis en 1942, l'assimilation aux intérêts soviétiques en 
1945-51 et l'interdiction du travail missionnaire sous le régime communiste en 
1948-89. 
Néanmoins, l'existence d'un noyau orthodoxe tchèque et slovaque autochtone de 
80'000 personnes représente bel et bien une résurgence significative de 
l'Orthodoxie dans un pays dans lequel elle avait été totalement détruite au 
Moyen Âge. Alors, pourquoi pas la Hongrie, un jour? 
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03.01 19h59 Auteur: lecteur Claude 
Puisqu'il a beaucoup été question de l'Orthodoxie en Hongrie sur ce forum ces 
dernières semaines, je me permets de signaler dans le numéro 118 de la revue Foi 
transmise et sainte Tradition, qui vient de paraître, pages 8 s., un article 
fort intéressant de notre frère Jean Besse sur feu Mgr Daniel (Krstic) de Buda 
(1927-2002), ancien élève de l'Institut Saint-Serge, qui était l'évêque de la 
communauté serbe de Hongrie, évoquée sur ce forum par Catherine, avec des 
paroisses à Budapest, Mohacs, Szeged, Szekesfehervar, Hercegszanto et Rackeve et 
une cathédrale à Szentendre. 
Si le nom de Mohacs est tristement connu de tous les Européens depuis la 
sanglante victoire des Turcs sur le roi Louis de Hongrie en 1526, peut-être que 
les autres localités que je viens de mentionner évoquent des souvenirs joyeux 
pour certains participants de ce forum... 
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11.01 01h27 Auteur: Catherine 
Cher lecteur Claude, croyez-vous vraiment qu'il existe d'autres Européens à part 
vous, à qui le nom "Mohács" dit quelque chose ? 
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11.01 13h40 Auteur: Jean-Louis Palierne 
Claude et Catherine 
J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt ce dialogue sur la Hongrie (et j'ai archivé 
cette discussion, que j'ai communiquée à un ami orthodoxe fort connaisseur). La 
façon dont l'Europe de l'Est a été prise en tenailles entre la conquête ottomane,
l'assaut papiste, et plus tard le communisme (et on pourrait allonger la liste) 
montre bien que les puissances de ce monde s'acharnent sur l'Orthodoxie, mais 
qu'elles ne sont pas capables d'en effacer totalement les traces et le souvenir. 
Il me semble qu'il y a un peu partout dans ces pays, à un degré certes variable, 
un début de renaissance de l'Orthodoxie. 
Merci de nous avoir apporté toutes ces informations, ainsi que sur la Bohême. 
Quand nous parlerez-vous de l'Orthodoxie en Pologne, également trop méconnue? 
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11.01 14h44 Auteur: lecteur Claude 
Cher Jean-Louis, 
Du peu que je sais, il n'y a eu aucune renaissance de l'Orthodoxie en Pologne. 
Les 500'000-600'000 orthodoxes estimés en Pologne sont, à ma connaissance, des 
membres des minorités ethniques biélorusse et ukrainienne qui étaient 
concentrées le long de la frontière soviétique et dont une partie a été déportée 
par le gouvernement polonais dans les territoires allemands occupés en 1945 et 
où il fallait bien remplacer la population allemande expulsée. C'est cette 
translation de populations vers l'Ouest qui explique que l'Eglise orthodoxe de 
Pologne ait aujourd'hui des paroisses dans la région de Breslau (pardon Wroclaw).
Mais ça reste une Eglise ukrainienne et biélorusse en terre polonaise. Pour 
donner un exemple: l'usage liturgique du biélorusse et du polonais fut autorisé 
le 3 septembre 1924, mais, là encore à ma connaissance, seule la paroisse de 
Wroclaw a fait usage de cette faculté et célèbre en polonais. Toutes les autres 
paroisses célèbrent en slavon. (Source: Paprocki, Le mystère de l'eucharistie, 
Le Cerf, Paris 1993, p. 68.) Je n'ai jamais entendu parler de conversions 
d'hétérodoxes à l'Orthodoxie en Pologne. Rien à voir avec le cas tchèque, donc. 
De tous les pays communistes, la Pologne était celui où la persécution 
religieuse était la moins marquée et l'Eglise orthodoxe de Pologne s'en est 
mieux sorti que beaucoup d'Eglises soeurs des autres pays du bloc. 
Par exemple, en 1980, on comptait un clergé de 290 personnes pour 460'000 
fidèles orthodoxes recensés, c'est-à-dire un encadrement ecclésiastique très 
satisfaisant comparé à ce qu'endurait l'Eglise en Union soviétique. (Source: 
Kloczowski, Histoire religieuse de la Pologne, Le Centurion, Paris 1987, p. 503.) 
De l'Eglise de Pologne dépendraient une paroisse germanophone à Hambourg 
(source: Thöle, Orthodoxe Kirchen in Deutschland, Vandenhoeck & Ruprecht, 
Gottingue 1997, pp. 55-57) et deux paroisses lusophones au Portugal. 
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11.01 18h53 Auteur: Jean-Louis Palierne 
Merci pour ces précisions. Vous disposez d'une documentation manifestement très 
étendue. En ce qui concerne la Pologne il me semble cependant qu'il y a une 
minorité polonaise orthodoxe d'origine très ancienne dans le Sud-Ouest, et par 
ailleurs j'avais lu quelque part (mais je suis incapable de préciser où) que peu 
à peu les immigrations diverses (il faudrait sans doute ajouter une orthodoxie 
d'origine grand-russe à Varsovie) commencent à fusionner et à former une Église 
relativement polonaise. Est-ce que je me trompe? 
En ce qui concerne les "orthodoxes" portugais c'étaient je crois des 
fantaisistes pas du tout recommandables qui avaient abusés de l'hospitalité de 
l'Église de Pologne, mais qui n'en font plus partie.
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11.01 19h01 Auteur: lecteur Claude 
Justement, ces deux paroisses représentent tout ce que l'Eglise de Pologne a 
voulu garder parmi les orthodoxes portugais. 
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11.01 19h12 Auteur: Jean-Louis Palierne 
Merci. Donc il en reste. Décidément vous savez tout. Je vous pose donc une autre 
question, concernant encore le Portugal: savez-vous ce qu'est cette communauté 
de moniales portugaises que le diocèse serbe de France a accueillies? 
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12.01 00h10 Auteur: lecteur Claude 
Ce sont des moniales qui ont refusé de suivre l'Eglise du Portugal dans son 
aventure sans issue et se sont placées sous la protection du patriarcat de 
Belgrade. Je pense que la situation confuse de l'Orthodoxie portugaise rendait 
impossible la poursuite d'une vie monastique sereine au Portugal; autrement, je 
m'expliquerais mal leur décision d'exiler leur communauté en France fin 2000 
(d'autant plus qu'elles ont fait de grands efforts pour apprendre le français et 
qu'elles se trouvent maintenant dans une région au climat rigoureux). 
Au départ, si mes souvenirs sont bons, les moniales devaient s'installer à 
Astugue dans les Hautes-Pyrénées, mais le froid a rendu l'exécution de ce projet 
impossible. Il y a eu une période de 18 mois où les moines de Lavardac se sont 
repliés à Lectoure et ont laissé leur maison d'origine à la communauté de 
moniales portugaises en attendant qu'on puisse leur trouver un toit qui soit 
vraiment à elles. On a trouvé à Gondoncourt dans les Vosges un ancien couvent de 
religieuses romano-catholiques abandonné depuis les années 1960-70 et les 
moniales orthodoxes portugaises ont pu y établir leur communauté dans la 
juridiction du diocèse serbe d'Europe occidentale (au printemps 2002 je crois). 
La rumeur avait couru que, lors de la crise de l'Eglise orthodoxe du Portugal, 
le patriarcat serbe avait aussi accordé sa protection à deux ou trois paroisses 
du diocèse de cette Eglise au Brésil, mais je ne sais si cette rumeur correspond 
à la réalité. 
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12.01 15h58 Auteur: Jean-Louis Palierne 
Encore merci pour ces nouvelles précisions. Oui effectivement elles sont 
installées dans les Vosges. Je ne sais ce qu'est devenu le domaine de Lavardac. 
Je n'ai jamais entendu parler de cette histoire du Brésil.
			
			
									
						
										
						Etienne de Hongrie (Bohême, Moravie, Pologne, Portugal)
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