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Synaxaire du dimanche de saint Grégoire Palamas

Publié : dim. 28 févr. 2010 19:05
par Claude le Liseur
Synaxaire pour le dimanche de saint Grégoire Palamas, 2e dimanche du Grand Carême. Traduit du grec par l'archimandrite Denis Guillaume d'éternelle mémoire. Triode de Carême, 3e édition, Diaconie apostolique, Parme 1993, pp. 212-214.

Synaxaire

Ce même jour, deuxième Dimanche de Carême, nous faisons mémoire de notre Père parmi les Saints, Grégoire Palamas, archevêque de Thessalonique.


Le sublime théologien
de la lumière incréée,
dans la lumière sans déclin,
rejoint la Source de clarté.


Ce fils de la lumière divine et sans déclin, cet homme de Dieu en vérité, cet admirable serviteur et liturge des mystères divins venait de l'Asie et il eut pour parents des gens illustres et renommés, qui cherchèrent à former, par l'instruction et la vertu, non seulement l'homme extérieur et sensible, mais bien plus l'homme intérieur, celui qu'on ne voit pas. Comme il avait perdu son père dans sa tendre enfance, sa mère le fit croître et grandir, ainsi que ses frères et sœurs, dans l'instruction et la morale religieuses, autant que dans les saintes lettres, puis auprès de maîtres en philosophie elle leur fit pratiquer comme il faut la sagesse profane. Vu la promptitude de sa nature, comme il y appliquait un zèle approprié, il acquit en peu de temps toute science rationnelle, de sorte qu'à l'âge de vingt ans, comme il jugeait les choses terrestres plus trompeuses que les songes, il s'efforça de remonter vers la cause et la source de toute sagesse, c'est-à-dire vers Dieu, et de se consacrer tout entier à lui par une vie plus parfaite. Alors il révéla à sa mère son pieux dessein, le désir et l'amour enflammé qui l'entraînaient vers Dieu. Et il découvrit qu'elle éprouvait cela en elle-même depuis longtemps et qu'elle s'en réjouissait pour les mêmes raisons que lui. Aussitôt donc, la mère réunit ses enfants autour d'elle, et, disant: «Me voici, moi et les enfants que Dieu m'a donnés», elle sonda leurs pensées en ce qui concerne le bien et leur révéla le dessein du sublime Grégoire. Et lui, leur adressant des paroles d'exhortation, réussit, en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, à les persuader, à susciter en eux un désir semblable au sien et à leur faire suivre sa fuite du monde. Alors, il distribua ses biens aux pauvres, pour se conformer à l'Evangile, et de bon cœur abandonna les faveurs impériales, les honneurs et les tumultes du palais, pour suivre le Christ. Il établit sa mère et ses sœurs dans un couvent et, prenant avec lui ses frères, il gagna la sainte montagne de l'Athos. Cependant il suggéra à ses frères d'entrer dans des monastères différents, car il n'était pas possible de vivre la vie selon Dieu en restant unis les uns aux autres. Lui-même, il se soumit à la direction d'un homme admirable, du nom de Nicodème, qui vivait dans la quiétude pour Dieu seul et auprès duquel il apprit par la pratique, dans l'humilité de l'âme, toute règle et toute vertu. Après son départ vers le Seigneur, alors qu'il s'était assuré, au cours d'une secrète révélation, l'aide de la toute-sainte Mère de Dieu et, en tout, son invincible secours, il passa quelques années à la grande Laure; puis, avec un zèle accru et un esprit plus mûr, par amour de la quiétude, il quitta la Laure et embrassa la vie érémitique. Accroissant de plus en plus son désir et souhaitant vivre constamment avec Dieu, il s'adonna aux plus sévères macérations. Réprimant complètement ses sens par une prière assidue, élevant son esprit vers Dieu, consacrant son temps à l'oraison continue et à la divine méditation, et réglant sa vie de la meilleure façon, il remporta la victoire sur les démons, selon ses forces, avec l'aide de Dieu, purifia son âme par le flot de ses larmes et les stations de toute la nuit, devint un vase d'élection des charismes de l'Esprit saint, eut de nombreuses visions de Dieu. Et, chose admirable, lorsqu'il dut gagner Thessalonique, par suite des incursions musulmanes, puis établir sa skite à Berrée et, par nécessité, fréquenter l'une ou l'autre ville, même alors il ne sortit point de l'exactitude avec laquelle il menait son genre de vie.
Ayant donc en peu d'années purifié parfaitement et son corps et son âme, il reçut par vocation divine la grande grâce du sacerdoce; et c'est comme un incorporel ou, pour ainsi dire, comme étranger à lui-même qu'il célébrait les mystères, visant uniquement à toucher les âmes de ceux qui le voyaient; il était vraiment sublime, et quiconque vivait selon Dieu voyait en lui un porteur de l'Esprit. Même à ceux qui regardaient superficiellement, il apparaissait comme ayant pouvoir contre les démons, capable de sauver ceux qui étaient sujets à leurs leurres et tromperies, de faire porter des fruits à des arbres stériles, de prévoir l'avenir, et il était orné de bien d'autres charismes et fruits de l'Esprit divin. Car si le fait de pratiquer la vertu est en notre pouvoir, celui de rencontrer des épreuves ne nous est pas étranger: sans elles, il n'y a ni perfection, ni manifestation de la foi en Dieu (car c'est ensemble que le désir et la pratique du bien rendent parfait l'homme qui vit selon Dieu). Que ce grand saint ait rencontré de constantes et multiples épreuves, il faut l'admettre, et c'est ainsi qu'il nous paraît vraiment parfait. Ces choses-là, quel esprit pourrait les concevoir, quel récit pourrait relater les complots, inouïs jusqu'alors, ourdis par le terrible fauteur de litiges, les dénonciations et les calomnies des nouveaux adversaires de Dieu contre lui, les combats qu'il dut mener pour la vraie foi, durant ces vingt-trois ans où il subit de la part de ses ennemis toutes sortes de maux et d'afflictions? Car le tigre de l'Italie, le calabrais Barlaam, qui s'appuyait par trop sur la philosophie profane et, dans la vanité de ses propres pensées, s'imaginait tout savoir, déclencha une terrible querelle contre l'Eglise du Christ, contre notre foi véritable et contre ceux qui s'y tenaient fermement. Car il soutint de façon insensée que la grâce commune du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et la lumière du monde à venir, celle qui fait brlller les justes comme soleil et que le Christ a d'avance montrée en resplendissant sur la montagne du Thabor, enfin toute puissance et énergie de la tri-personnelle Divinité, et tout ce qui d'une manière quelconque diffère de la nature divine, sont chose créée; quant à ceux, qui, conformément à la vraie foi, retiennent incréée cette lumière toute-divine, ainsi que toute puissance et énergie émanant de Dieu, c'est en de longs discours et traités, prétendant que cela n'appartient à aucun nouvel attribut naturel de Dieu, qu'il les appelle dithéistes et polythéistes, comme l'on fait, en parlant de nous, les Juifs, ainsi que Sabellius et Arius. Pour cela donc, saint Grégoire, en illustre protecteur et champion de la foi, et comme celui qui avant tous combattait pour elle en première ligne, fut dénoncé et, envoyé par l'Eglise, il arriva à Constantinople. Alors le pieux empereur Andronic IV Paléologue réunit, en protecteur de la foi, le saint concile. Barlaam y assista, exposant ses opinions erronées et ses accusations contre les tenants de l'orthodoxie. Mais saint Grégoire, rempli de l'Esprit saint et revêtu de l'invincible puissance venue d'en haut, ferma cette bouche ouverte contre Dieu, la discrédita complètement et, par des traités et des discours enflammés, réduisit en cendres les broussailles de ses hérésies. Ne supportant pas le discrédit, cet adversaire de la piété s'enfuit chez les Latins, d'où il venait. Aussitôt après lui, Grégoire dénonçait au concile celui qu'il appelait «Polykindinos», c'est-à-dire «qui présente de multiples dangers» [jeu de mots sur Akindynos, dont le nom signifie «sans danger»], et passa au crible ses traités, par des discours les réfutant. Mais ceux qui avaient contracté leur maladie ne cessèrent pas si facilement de combattre l'Eglise du Christ. Le concile et l'empereur lui-même s'y opposèrent avec grande force: Grégoire, confirmé de préférence à tous par le suffrage divin, accéda au trône archiépiscopal en devenant pasteur de l'Eglise de Thessalonique. Pour la foi orthodoxe, il supporta avec courage et fermeté des combats encore plus nombreux que les précédents. Car les détestables successeurs d'Akindynos et de Barlaam, qui se montrèrent aussi nombreux qu'insupportables, leurs cruels agissements de bêtes féroces, leurs opinons et leurs écrits, ce ne fut pas une ou deux ou trois fois, mais mainte et mainte fois, non sous un seul empereur ou patriarche, mais sous trois sceptres successifs et sous autant de patriarcats, et au cours de synodes difficiles à énumérer que, par des discours et des écrits divinement inspirés, il les contra de multiples façons et finalement, selon son pouvoir, en triompha.
Après avoir guidé pendant treize ans son troupeau, en apôtre et de manière agréable à Dieu, et après en avoir amélioré les mœurs par ses discours, il se dirigea vers le bercail céleste; devenu, pour ainsi dire, le commun bienfaiteur de tous les orthodoxes vivants et morts, il quitta cette vie pour l'autre, vers l'an du Christ treize cent soixante, ayant vécu en tout soixante-trois ans. Son esprit, il le remit entre les mains de Dieu; son corps, il le laissa à son troupeau comme une relique sacrée, qui est conservée dans la sainte métropole de Salonique, pour y briller splendidement et y être glorifiée comme un héritage et un trésor de grand prix. Car il fait bénéficier de ses miracles les fidèles qui chaque jour s'en approchent et leur accorde la guérison de tout mal; et ce ne serait pas un bagatelle que d'en faire en détail le récit.

Par ses prières, ô notre Dieu, aie pitié de nous et sauve-nous. Amen.