Raphael a écrit :Ceci dit, il me semble que le seul fait que le Bouddha ait vécu 500 ans avant l'Incarnation du Verbe, rend difficile l'hypothèse affirmant qu'il s'agit de St Josaphat, un saint chrétien...
Non ?
Pas vraiment, en ce sens que Abraham, Moïse, Elie, Socrate, Platon, Aristote sont aussi considérés comme des saints - avec offices liturgiques pour les patriarches et les prophètes de l'Ancien Testament, et représentations iconographiques pour les sages de l'Antiquité. Ce sont, à des titres divers, des précurseurs de la venue du Verbe parmi les hommes. Ce serait plus problématique si le Bouddha avait vécu après l'Incarnation.
Le cas de Gautama Sakyamuni / saint Josaphat est un peu différent parce que sa réception dans le monde chrétien s'est faite d'une manière plus confuse quant à sa chronologie : les iconographes qui, au XVe ou au XVIe siècles, peignaient des fresques représentant Platon ou Cicéron, savaient à peu près dans quel passé les situer, ce qui n'était pas le cas de saint Josaphat.
A mon avis, contrairement à l'auteur de l'article que vous citez, je pense que la réception de la figure du Bouddha dans le christianisme s'est faite par les chrétiens de saint Thomas, dans les actuels Etats indiens du Kerala et du Tamil Nadu (anciennes côte de Malabar et côte de Coromandel). Aujourd'hui, le bouddhisme a pour ainsi dire disparu de ces régions - où le christianisme, en revanche, est resté bien présent (environ 20% de chrétiens au Kerala et 6% au Tamil Nadu, contre moins de 2,5% en moyenne indienne). Toutefois, au Ier siècle, le bouddhisme était encore important dans toute l'Inde. Il n'est pas impossible que les premiers chrétiens de l'Inde aient été frappés par les similitudes (au moins extérieures) du bouddhisme avec leur religion (ascétisme, monachisme, compassion), ou que des noyaux bouddhistes aient fourni les premiers convertis en Inde, comme des noyaux judaïsants ont fourni les premiers convertis en Europe, de telle sorte que le Bouddha leur soit apparu comme l'équivalent d'un prophète vétéro-testamentaire, avant que l'identité de saint Josaphat ne devienne de plus en plus brumeuse au fur et à mesure que l'on s'éloignait de l'Inde. Ce n'est qu'une hypothèse.