L'âme des défunts

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Invité

L'âme des défunts

Message par Invité »

Selon l'enseignement de l'Église orthodoxe, qu'arrive-t-il à l'âme au décès d'une personne ?

Je ne cherche aucune comparaison avec ce que croient les autres religions. Je désire uniquement connaître l'enseignement de votre Église.

Antan
Jean-Serge
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Conseil de lecture

Message par Jean-Serge »

De Hiérothéos Vlachos traduit par Jean-Louis Palierne, aux Editions l'Age d'Homme et en vente sur amazon, LA VIE APRES LA MORT.

L'intérêt de ce livre est qu'en revenant sur le Concile de Ferrare Florence, l'auteur revient sur la question du Purgatoire auquel les orthodoxes ne croient pas et explique pourquoi. Plutôt que de dire des bêtises, je vous renvoie pour ma part à ce livre qui s'inspire de nombreux extraits des Pères de l'Eglise. Je ne doute pas que quelqu'un en fera un petit résumé qui répondra à votre question.

Cela dit est-il important de savoir ce qui arrive à l'âme étant donné qu'on ressuscite de toute façon? Ne se préoccupe-t-on pas excessivement du sort de l'âme car on oublie la résurrection?
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Pour les Pères, l’homme est un être complexe. L’âme est l’âme de ce corps, et le corps est le corps de cette âme. Comme toutes les créatures, ils devraient avoir une fin, mais en imprimant son image sur chaque être humain lors de sa conception, Dieu lui accorde l’immortalité, et l’appelle à transformer cette image de Dieu en une ressemblance désirée.

En raison de la chute de nos Premiers Ancêtres la nature humaine ne peut hériter, au fil des générations successives, que d’une nature corrompue. Dieu accorde donc à chaqsue homme la possibilité de désirer sa déification au cours d’une vie mortelle, supportable parce qu’éphémère. La mort provisoire est donc une concession de Dieu à notre nature déchue. Elle consiste en une séparation de l’âme et du corps. Privé de ce principe qui l’animait, le corps se dissout dans les éléments de la terre, mais l’âme possède toujours l’identité de la personne totale. Au jour final du jugement l’âme pourra régénérer le corps et vivra avec lui la vie du Royaume.

Lors de la mort provisoire l’âme est séparée de son corps. Elle reste près de lui quelques heures et le voit puis entreprend sa migration vers les demeures des défunts. Sur ce chemin les démons viennent exiger d’elle tout ce qu’ils croient leur appartenir, c’est-à-dire toutes les passions dont elle n’aura pas su se dépouiller. Mais les prières de toute l’Église et la ptotection des saints anges lui permettront de surmonter cette épreuve -- si elle n’a pas cédé définitivement durant sa vie à Satan.. Les âmes des saints conservent une certaine présence en ce monde qui se manifeste en particulier par leurs reliques. L’Église conserve ces reliques comme l’un de ses biens matériels les plus sacrés.

Je me permets de renvoyer au livre que j'ai traduit de l'évêque Hiérothéos Vlachos : "La vie de l'âme après la mort" (à l'Âge d'homme)
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Invité

Message par Invité »

Je vous remercie [b]Jean-Serge[/b]pour le livre que vous me suggérez et que je me procurerai dès ma prochaine visite chez le libraire, et vous [b]Jean-Louis Palierne[/b] pour le résumé de doctrine que vous avez rédigé pour moi.

Pourquoi je pose cette question ? Je vous explique. - Il y a quatre ans, j'ai connu un vieillard. Depuis six mois, mon épouse et moi sommes venus demeurer avec lui pour l'aider. À l'âge de 85 ans, après une vie où le matériel avait pris le dessus sur le spirituel, le Seigneur a touché son coeur et il est revenu aux Sacrements, à la Prière et à la lecture de la Parole de Dieu. Comme je connais depuis longtemps la Prière du coeur, je la lui ai enseignée et il l'a adoptée. Parvenu maintenant à l'âge de 91 ans, la sainte Prière ne le quittait jamais. Rapidement sa santé a faibli et en dix jours il nous a quitté. À l'hôpital, toujours la Prière de Jésus le poursuivait. J'avais souvent parlé avec lui des fins dernières, et surtout de ce qui suivait, la rencontre du Seigneur et la déification. Cette pensée le ravissait. Combien il était abandonné à la Volonté de Dieu, combien il avait hâte de «rencontrer Dieu pour devenir semblable à Lui, pour être déifié», telles étaient ses propres paroles. Les funérailles ont eu lieu hier matin, jeudi.

Depuis quinze ans que je m'instruis sur la théologie orthodoxe, et surtout sur la Prière du coeur et toute la spiritualité qui l'entoure. La Prière du coeur est devenue mon "mode de vie" ! Les mots «déification, vigilance, attention, ascédie, modération, prière perpétuelle, souffle, transfiguration, icône, etc.» sont les mots de ma conversation quotidienne lorsque nous causons mon épouse et moi. J'ai plusieurs, plusieurs excellents bouquins ! C'est dire que je connais de la théologie orthodoxe les grandes lignes principales. Mais sur certains points, comme celui de ce fil, je n'ai jamais lu particulièrement. Puisque je sais que le sujet du Purgatoire n'est pas le bienvenu - je l'ai appris dernièrement, mais je l'ignorais vraiment -, j'ai posé "très prudemment" ma question ! car je voulais absolument savoir comment... Mais sans soulever d'animosité, car certains ont une marmite dont le fond est mince et sensible à la chaleur ! J'avais d'abord formulé ma question comme ceci : «Est-ce que pour vous, après le jugement, l'âme est immédiatement déifiée ou immédiatement damnée ?» Je comprends maintenant, avec votre brève et claire explication, que pour vous l'âme entreprend ensuite un autre moment de cheminement pendant lequel elle se purifie. Vous avez répondu à ma question et j'accueille l'information sans discuter car tel n'est pas le but de ma question, ni d'ailleurs le procédé de ce forum. Le volume de l'évêque Hiérothéos Vlachos continuera de m'instruire.

Mes propos m'attireront peut-être quelques commentaires malins, mais la sainte Prière a fait - et continue d'opérer - quand même, chez un catholique, des merveilles, et pour mon ami également qui est mort si saintement... grâce à la Prière du coeur et à l'Hymne acathiste à la Vierge Marie. Le Seigneur regarde au coeur. Je répands la Prière du coeur et la spiritualité qui l'accompagne dans la Petite Philocalie de la Prière du coeur et mieux encore dans la Grande Philocalie (11 volumes). Les Pères sont mes guides, car ici je n'ai trouvé aucun moine orthodoxe pour m'enseigner la Prière du coeur ! L'Esprit Saint sait m'éclairer et me guide. Dieu merci !

Vous comprenez mieux maintenant pourquoi cette question me tournait dans la tête. Et puisque j'ai manqué un peu de modération dans l'écriture ! également le sentiment qui m'anime comme lecteur assidu de tout ce qui s'écrit sur le forum.

Encore une fois, Merci à vous deux !

Antan
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Une petite rectification, car vous dites :
J'avais d'abord formulé ma question comme ceci : «Est-ce que pour vous, après le jugement, l'âme est immédiatement déifiée ou immédiatement damnée ?» Je comprends maintenant, avec votre brève et claire explication, que pour vous l'âme entreprend ensuite un autre moment de cheminement pendant lequel elle se purifie.
Oui, mais l’âme entreprend un cheminement pendant lequel elle est purifiée en fonctions de la direction qu’elle aurait voulu prendre, de ce qu’elle a su accepter et de ce qu’elle a su refuser, de ce qu’elle a dû subir et de ce qu’elle a, un jour ou l’autre, entrevu. Surtout il nous faut bien comprendre que nous sommes capables d’entreprendre, dans un certaine mesure, de modifier notre composé humain, en travaillant à l’enrichir par nos prières (les livres orthodoxes nous en présentent mille fois plus que ce que nous pourrions désirer connaître).

Inversement tout ce dont elle n’aura pas su se purifier viendra faire obstacle à son ascencio spirituelle, comme ce serait le cas de quelqu’un qui entreprendrait l’ascension de quelques sommets alpins sans pouvoir se débarrasser de quelques chichis très in, se quelques gadgets “hi-tech” ou de quelques revues porno. C’est alors que Satan viendra assaillir le malheureux migrant, et lui et ses sbires, les migrants représenteront pour le malheureux encore englué dans ses passions un redoutable obstacle.

Mais sachez aussi qu’au cours de cette migration, l’âme n’est pas seule. De même qu’elle peut entretenir encore des contacts coupables avec le monde des passions humaines, elle est aussi accompagnées par les prières que l’Église ne cesse de présenter pour les agonisants, pour les mourants, par les prières que ne cessent d’offrir pour lui ceux qui ont déjà gagné le ciel, les saints, elle bénéficiera aussi de l’assistance de nos alliés les forces incorporelles, et en particulier de nos Anges gardiens. Enfin elle sera guidée et soutenue par la présence de la Toute-Pure Déipare (Théotokos si vous préférez).

Je saisis cette occasion pour vous suppliez de comprendre que la meilleure manière de profiter de la plénitude de la Grâce est d’entrer par un acte personnel et définitif dans l’Église orthodoxe. Je comprends très bien que dans un premier temps on veuille mouiller le bout du pied avant de mettre toute la jambe puis le reste, car nous autres intellectuels modernes nous sommes des êtrtes complexes. Mais survient un jour où il faut faire le pas, afin de ne pas nourrir une autre nouvelle passion : celle du dilettante sceptique, qui sait beaucoup de choses, mais n’en approfondit aucune.

Car pour celui qui “fait le pas”, ce n’est plus seulement la parole écrite qui est une nourriture, c’est la Grâce elle-même de Dieu qui se fait personnellement présente. Et n’oublions pas que les reliques des saints (c’est-à-dire la présence personnelle, corporelle et continue de ces saints dans le monde de notre vie quotidienne) sont pour nous un trésor, provoquant miracles et guérisons.
Jean-Louis Palierne
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Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Antan a posé une question essentielle avec ce sujet, la plus importante au fond, et Jean-Louis Palierne y a excellement répondu, même si on pourrait en parler encore longtemps.

Comme JLP a abordé au passage le sujet des reliques, je voudrais au passage en rappeler que la justification théologique du culte des reliques se trouve dans l'enseignement de saint Grégoire Palamas, celui qui a le mieux exposé la doctrine de l'Eglise sur la déification de l'être humain.

Le professeur Mantzaridis résume ainsi l'explication que saint Grégoire Palamas donne au culte des reliques dans son Décalogue:

"La vénération des reliques des saints est établie sur leur relation avec la grâce déifiante qui, étant unie à l'homme tout entier, n'est pas séparée de son corps après sa mort, mais subsiste en lui, de même que la divinité du Christ n'a pas été séparée de son corps vivifiant au moment de sa mort sur la Croix, mais est restée unie à Lui."

(Georges Mantzaridis, La doctrine de saint Grégoire Palamas sur la déification de l'être humain, traduction de M.-J. Monsaingeon, L'Âge d'Homme, Lausanne 1990, p. 97.)

Je crois que ces quelques lignes sont très utiles pour comprendre pourquoi l'Eglise attache une telle importance aux reliques des saints, et je me permets au passage de recommander la lecture du livre de Mantzaridis, publié en annexe à De la déification de l'être humain de saint Grégoire Palamas traduit par M.-J. Monsaingeon et J. Paramelle.
Jean-Serge
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Relique suite : justification biblique

Message par Jean-Serge »

La justification biblique se trouve en autre dans l'Ancien Testament où l'on voit un homme mort jeté dans la fosse ressusciter au contact des os du prophète Elisee (dans le livre des Chroniques je crois)
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Merci beaucoup, Jean-Serge, de nous avoir signalé ce passage de l'Ancien Testament que je ne connaissais pas.

Il s'agit de II Rois XIII:21, que je reproduis ici dans la traduction des moines de Maredsous:

"Or des gens qui allaient enterrer un homme, apercevant une de ces bandes (de brigands, NdL) , jetèrent le cadavre dans le tombeau d'Elisée, et s'enfuirent. Et le mort, au contact des ossements d'Elisée, reprit vie et se dressa sur ses pieds."
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