Chrismation

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Jean-Louis Palierne
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Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02

Message par Jean-Louis Palierne »

Il est bien compréhensible que lors de vos premiers contacts avec l’Orthodoxie vous soyez surpris par le mode pensé”e, d’écriture et de raisonnement qu’a généré l’Orthodoxie. Pour ma part je ne crois pas du tout qu’on puisse parker à ce propos d’une différence Orient/Occident. En effet l’Orthodoxie a parfaitement su accepter, utiliser et faire fructifier l’héritage de la pensée antique gréco-romaine. On peut sans exagération dire que Le Créateur, l’Esprit qui souffle dans l’Histoire autant qu’en chaque âme humaine, en a ainsi disposé qu’il a placé cette culture gréco-romaine dans le berceau de l’Église.

Certes il a fallu que l’Église rejette la dimension rationnelle de cet héritage, et sache discerner l’antinomie entre l’Être-en-soi et la Trinité des Personnes divines, entre l’immortalité de l’âme et la résurrection des corps, etc. La philosophie a longtemps été une tentation (providentielle) qui a poussé la pensée chrétienne à approfondir l’impensable réalisme de la Révélation, et en particulier à distinguer entre personne et substance. Mais l’Église a toujours hautement estimé la qualité de pensée, d’argumentation et d’exposition que lui avaient apportées sans le savoir la culture antique gréco-romaine. Or on ne peut qualifier cet apport d’”oriental”. Bien au contraire il est un élément fondamental de la culture classique occidentale.

Si parfois l’Orthodoxie nous étonne, c’est parce que les peuples alors fraichement soumis de l’Occident européen ont poussé à l’excès quelques défauts latents de la culture latine et ont construit une synthèse qui se voulait originale, mais qui ne fut en réalité qu’un “Catoblepas”, ue sorte de poupée-robot, une création de Frankestein, un golem vite échappé des mains de l’artisan, s’autonimisant dans une vie propre parasitaire, et c’est la naissance du monstre occidental. Orient et Occident ne sont pas deux constituants de base de la nature humaine, deux alternatives ontologiques pour la naissance de l’intelligence, deux directions divergentes pour la création de la culture. C’est l’Occident qui est une aberration, un enfant vagabond qui a échappé à sa mère, coupé ses racines et malfotmé son esprit. inventé une fausse rationalité.

Dur et long est le chemin que nous devons accomplir pour retourner aux sources du Vrai, du Bien et du Beau. Si vous voulez avoir un petit aoerçu sur la vigueur étonnante de cette pensée orthodoxe, regardez tout simplement le livre de Hiérothéos Vlachos “La vie après la Mort”, que j’ai trduit à l’Âge d’homme. Apparemment c’est un sujet marginal pour la pensée chrétienne (bien qu’en fait il nous concerne tous), mais prenant cette question comme fil d’Ariane, il vous permettra de saisir aisément les différences, plus qu’en prenant de front les grands principes méthodologiques. Peut-être le chapitre initial, un peu trop philosophique vous paraîtra trop platement familier. Mais verrez après se déployer toute l’inestimable richesse de l’enseignement de nos Pères dans la foi.

Et pour finir vous pourrez découvrir comment quelques erreurs et falsifications doctrinales introduites par l’Église catholique pour renforcer son pouvoir (et gonfler ses finances) ont pu empoisonner la mentalité occidentale comme un poison qui se répand dans tout l’organisme. En vérité c’est bien cela : l’Église romaine a empoisonné les sources mêmes de la spiritualité et il ne faut pas chercher plus loin les causes de la crise de l’Occident.
Jean-Louis Palierne
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Silouane
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Message par Silouane »

Je me demande si pour un occidental, même s'il lit les Pères, le plus difficile n'est pas l'humilité d'accepter leur enseignement en entier et avec crainte, sans chercher à le manipuler ou le réinterpréter (hineininterpretieren) à sa guise. On est tellement habitués à une religion fabriquée de mains d'hommes (que ce soit le pape ou chacun pour soi, actuellement)... Même l'Evangile, en Occident, on en fait n'importe quoi. J'entendais un jour un prêtre (catholique) dire qu' "il faut laisser Dieu être Dieu". Mais nous, au contraire, on a fait de lui un tyran, puis une idée morte, manipulable à notre guise par cet égo qui depuis se gonfle encore plus d'orgueil faute de "crainte" de Dieu (dans le bon sens). On a perdu cette sensibilité de la conscience à la Vérité, habitué à la soumettre à une autorité extérieure, humaine, puis à notre seul propre sens et à l'esprit du temps. Ce n'est sans doute pas une structure mentale particulière qui est indispensable pour comprendre (et adhérer à) l'Orthodoxie, mais plutôt cette crainte, ce sens de la Vérité, cette humilté qui ne font plus partie de notre nature déchue... et de notre société, non?
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Magnifiquement dit ! Mais il faut ajouter que Dieu selivre à nous. Il s’est épuisé de Lui-même (c’est aini que je traduis ce que les Pères appellent la “kénose” pour venir chercher dans le boue de nos passion la drachme perdue et son image souillée, il est parti à la recherche dans la montagne, dans les déserts de l’histoire humaine, pour ramener la brebis perdue, il s’est fait le Bon Samaritain (c’est-à-dire un marginal suspect pour les Juifs d’alors) pour soigner l’homme laissé à demi-mort par les brigands et le confier à l’auberge qui est l’Église.

Mais tout cela il l’a fait par des événements singuliers, des rencontres personnelles, comme la visite qu’il fit à Abraham à Mambré. Pas par des idées générales qui prétendent démontrer ce qui doit être dons tenu pour certain. Ce serait là l’ambition de la théologie scolastique. Dieu nous a donné l’intelligence humaine, non pas pour que nous découvrions la vérité au bout de notre propre recherche, mais pour que nous explicitions ce que Dieu nous révèle. Et il nous l’a révélé sans un événement, non pas dans une institution ou dans une loi générale.

Les Pères ont explicité le donné de la Révélation au cours de toute une série de débats et de combats menés pour défendre ce donné vérotable contre de fausses interprétations nées de l’orgueil jumain.

Pour faire la connaissance de l’histoire de ces débats, on n’a pas fait mieux qu’un historien janséniste français nommé Le Nain de Tillemont qui écrivit au début du XVIIIème siècle des Mémoires pour servir à l’étude de l’histoire ecclé siastique des cinq premiers siècles. Si vous pouvez accéder à une ancienne bibliothèque universitaire, plongez-y vous. On n’a pas fait mieux depuis (sauf pour les 150 premières années, où une série de travaux récents a renouvelé la question et il faudrait continuer cette étude par une suite de la pensée byzantine).

L’humilité ne fait certes pas partie de la culture de notre époque, mais ce n’est plus à cause de l’orgueil de la modernité. Cet orgueil a échoué. Nous en arrivons à une situation que nous qualifions parfois de post-moderne, qui est toujours fondée sur l’illusion fondamentale de “l’époque des Lumières” : L’homme est bon de naissance. Seule les méfaits d’une éducation étroite et bornée par les préjugés religieux peuvent altérer cette bonté naturelle. Mais si l’homme s’émancipe de ces préjugés, il retrouve sa liberté, il “s’exprime” il crée des œuvres nouvelle, une société universelle faisant table rase du passé. D’où la guerre contre les “communautarismes”. Le communautarisme c’est toujours les autres. La religion ne peut être l’objet d’une tolérance apitoyée et amusée.
Jean-Louis Palierne
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