Schismes et hérésies (1)

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tanios
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Message par tanios »

...
Dans la page consacrée aux saints d'Occident , il y a une référence historique au fait que c'est par le biais des carolingiens que la parti filioquiste s'est imposé progressivement en Europe de l'Ouest jusqu'à ce que la papauté suive. Puis il y a eu 1054 , puis Grégoire VII ...ensuite la scolastique avec Thomas d'Aquin , les conciles de l'église romaine qui ont entre autres décidé de l'usage de l'hostie , du célibat des prêtres , du purgatoire ...Il y a eu toutefois une tentative d'union avec Constantinople vers 1435 qui a échoué ( Marc d'Ephese y a joué un role majeur , mais comment a-t-il pu réussir alors que Byzance s'écroulait? ...)....Et puis il y a toute l'histoire du catholicisme depuis la renaissance à nos jours...
L'écart avec la tradition orthodoxe n'a fait que s'agrandir mais cela n'a pas du tout empêcher l'oecuménisme de se développer , mais sans résultats concrets me semble-t-il... Plutôt que de parler d'oecuménisme , ne faudrait-il pas que nos évêques utilisent le mot dialogue?
Tout ce débat est très passionnant et très enrichissant . Je serais curieux de savoir si parmi les orthodoxes impliqués dans la vie de leurs paroisses en Europe occidentale beaucoup ont des attitudes similaires ; à savoir un attachement à la Tradition de l'Eglise . Il me semble ( mais cela dépend aussi des tempéramments ) , que la première chose à faire c'est la transformation intérieure ( par l'ascèse et la prière ) l'action sociale ( le sacrement du frère ) en découle comme de source.
T.
Dans ce forum on émet des opinions qui ne sont pas toujours politiquement correctes ( et c'est tant mieux ) , mais je vois mal un responsable orthodoxe en Europe occidentale affirmer ouvertement que l'église de Rome est schismatique et hérétique. Il serait mis au ban des médias et plus encore. Par ex je n'ai jamais entendu parler du P. Popovic dans ces médias ( et pour cause...). Cf également la présentation faite du Primat de Grèce dans les médias.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

JLP : Je pensais que personne ne m’avait accusé jusqu’à présent de non-anti-filioquisme.

AS : Et nous avons déjà dit que la Trinité au nom de laquelle les catholiques romains baptisaient n'était pas la même et que derrière les même mots il y avait des contenus bien différents. Vous êtes apparemment d'accord avec ce point de vue mais très réservé sur la position qu'il y aurait à prendre vis à vis des latins.

JLP: Je ne suis pas apparemment d’accord avec ce point de vue, je suis réellement d’accord, et je trouve excellente la manière dont vous l’avez développé un peu plus haut.

Je ne suis pas très réservé à l’égard des latins. Les canons disent qu’il ne faut pas réitérer le Baptême sur quelqu’un qui est baptisé au nom du Père, et du Fils et du saint Esprit. Ils condamnent cette pratique, et l’Église russe, qui avait eu un moment d’excès (d’ailleurs compréhensible) en 1620 s’est empressée de corriger son erreur. Mais l’adjonction frauduleuse du Filioque dans le “Credo” des Latins est une faute grave qui comporte des conséquences pour toute leur théologie, et un déséquilibre général de toute la civilisation occidentale.

AS: Et vous ne tenez pas compte qu'aujourd'hui l'a-dogmatisme généralisé entraîne une telle confusion qu'il serait temps d'adopter l'acribie en lieu et place de l'économie.

JLP: L’acribie consiste à observer strictement les règles que le Seigneur a imposées à son Église. Pas d’en imaginer d’autres. Par contre il faut dénoncer l’a-dogmatisme généralisé qui se traduit, entre autres, par l’apparition du modernisme dans l’Église orthodoxe. Je viens de me rappeler aussi l’a-dogmatisme dans la traduction du Notre Père: le pain “essentiel”... “et ne nous laisse pas entrer dans l’épreuve”.

Il faut aussi dénoncer l’a-dogmatisme des auteurs et ne pas mélanger Meyendorff ou Clément avec Popovitch ou Florovsky.

Pour revenir au Baptême j’ai indiqué que la pratique de l’Église russe à l’égard des latins, pratique qu’elle a adoptée dès le XVIIIème si§cle, au début de sa période synodale, a causé un grand trouble.

AS: Vous vous retranchez toujours derrière le fait que c'est à l'évêque de décider et qu'on a rien à dire. Mais quand un évêque tombe lui-même dans l'a-dogmatisme que doit faire le peuple? Quand un évêque propage un faux enseignement que doit faire le peuple?

JLP: Je regrette, mais moi, simple personne privée, je ne peux que dénoncer à mes risques et périls, et avec le respect que je dois au caractère épiscopal. Je n’ai jamais ni pensé ni dit que je n’avais rien à dire. C’est au charisme épiscopal qu’il revient de discerner et de condamner une faute et de juger une personne, et s’il s’agit de juger un évêque cela revient à un synode d’évêques.

AS: Et quand vous écrivez que "Malheureusement en France, nous ne voyons aucun évêque qui prenne au sérieux son devoir de précher l'Orthodoxie, rien que l'Orthodoxie et toute l'Orthodoxie." Comment appelez vous ce que vous dénoncez là?
Que faites vous après cela? Que préconisez vous de faire? quelle intervention? quelle action? Quelle relation avec ces évêques?

JLP: Il y a trois choses (au moins) que je déplore: l’ethno-phylétisme, l’œcuménisme et le modernisme. Ce sont trois choses différentes. Ces trois mouvements ne sont pas nés en même temps et au même endroit, et sont souvent entrés en collision. Elles ne sont pas mues par le même dynamisme: le modernisme est si florissant que certains, comme Antoine, ne l’aperçoivent pas. L’œcuménisme est maintenant en retrait, et l’ethnophylétisme règne en maître, il est parfois anti-moderniste.

Quant à ce que je fais, je n’ai pas l’intention d’en parler sur ce Forum.

J(ajouterai que je regrette le ton polémique adopté pour cette discussion. Nous pouvons discuter fraternellement sans se croire en devoir d’adopter des procédures inquisitotiales et sommer son interlocuteur d’avouer ses position.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Je réponds maintenant à Tanios.

Je pense que le particularisme occidental au sein de l’Église remonte bien avant le complot des Carolingiens pour asservir l’Église. Oui il y a eu ce complot, et il a probablement marqué l’étape décisive, mais le processus est je crois très antérieur. Il y avait eu l’augustinisme et sa tentative d’interprêter la Trinité par des concepts relationnel et psychologiques (l’Esprit comme relation d’amour) et l’augustinisme a exercé une unfluence colossale sur l’esprit occidental en créant le primat de l’intériorité, de l’auto-biographie (les Confessions, qui sont peut-être le chef d’œvre littéraire de la langue latine, ont ouvert la voie à toute la littérature d’introspection) et du notionnel (il est plus important d’analyser ce que quelqu’un croit que les gestes qu’il pose et les paroles qu’il prononce, ce qui n’est pas du tout l’attitude patristique). D’où dans notre monde l’importance du procès d’intention.

Bien avant l’apparition des peuples barbares (dont les Francs n’étaient que l’arrière-garde), dès le IVème siécle, on voit la sève théologique latine s’épuiser: plus de participation aux débats théologiques, plus de référence ni à la Triadologie ni à la Christologie, mais seulement une admirable floraison d’ascètes (et une multiplication des vies d’ascètes), mais théologiquement muets, et ils n’ont pratiquement pas participé — après Ossius de Cordoue — aux débats conciliaires.

Avant même l’augustinisme, analysant la création du christianisme d’expression latine, Daniélou constatait que cette forme (alors provinciale) de christianisme avait emprunté ses concepts uniquement à la science juridique, alors que le christianisme d’expression grecque avait su faire des emprunts aussi à la philosophie, à la tragédie, à la technologie et à aux sciences, bref des emprunts très variés.

Y a-t-il dans tout cela un fil condicteur ? Je ne voudrais pas me lancer dans un domaine qui m’est tout à fait étranger — l’Histoire — (je n’en suis pas fier).

Tanios parle de l’attitude des médias.d’aujourd’hui. Il est bien évident que le club moderniste a tout verrouillé de ce côté. Mais il faut dire aussi que dans le domaine des médias, tout est aux mains de la classe intellectuelle et médiatique française (beaucoup plus que dans d’autres pays d’Europe occidentale). Très significatif est que, devant son désastre électoral, la majorité (en fait le Président) a fait un demi-tour complet au sujet de l’adhésion de la Turquie à l’Europe. En fait l’écrasante majorité du peuple “d’en-bas” est pour un revirement complet sur toutes les questions concernant les rapports avec l’Islam, et les politiques s’en apercevront bien avant la classe intellectuelle et médiatique.

Donc je crois que le “bouchon” peut sauter beaucoup plus rapidement qu’on le croie. Mais alors qui montrera une voie ?
Jean-Louis Palierne
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Thierry-VCO
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Message par Thierry-VCO »

Christ est ressuscité!

Voici un texte paru sur le site jour du Seigneur.
http://www.lejourduseigneur.com/jds/det ... &id_key=37
Exemple type des médias d'aujourd'hui .

Le millénaire d'une impossible réconciliation.

Juillet 2004 marque le millénaire de la rupture entre l'Eglise orthodoxe et l'Eglise de Rome, et aujourd'hui encore, il n'est pas très populaire dans les Balkans de dire que les orthodoxes et les catholiques sont issus de la même civilisation religieuse.

"Ici, personne n'a le courage de s'élever jusqu'au Christ et à son message, préférant s'en tenir aux divisions historiques et politiques." C'est le constat que fait le théologien laïc serbe orthodoxe Mirko Djordjevic qui plaide pour un véritable dialogue, qui ne va pas sans risques, et que rapporte le "Courrier des Balkans".

"Les historiens ont tout écrit, ils ont montré le visage et l'oeuvre de l'impérieux Keroularios, patriarche de Constantinople, et celui du légat pontifical. Dans les documents sur leur mutuelle excommunication domine un langage de haine et d'extrême exclusivisme. Toutefois, même pour les chercheurs les plus assidus, il manque l'essentiel : d'où vient cette tension remplie d'émotions et pourquoi cette division des gens et des saints qui ont accepté la première science planétaire, mondialistique, le message du Christ ?"

"Il n'y a pas de solution, disait le pape Pie XI, une solution ne pourrait arriver que par miracle". Le pape a utilisé une expression encore plus étrange : "Cela ne peut que se survoler." Personne encore ne s'est envolé si haut constyate Djordjevic.

... Le pape actuel ajoute : Il n'y aura pas d'avancée dans le rapprochement des orthodoxes et des catholiques, donc de l'Orient et de l'Occident, si " la purification de la mémoire historique " ne se fait pas. Il pense à la catharsis historique, ou mieux encore, à l'équivalent chrétien de cette notion, au repentir commun.

... " Ainsi revient-on toujours aux origines, comme si l'histoire s'était arrêtée, ne serait-ce que dans la conscience. Mais lorsqu'on fait un pas en avant, on en fait aussi sept en arrière. Parfois, quelqu'un se met à énumérer les péchés des orthodoxes et ces derniers les péchés des " Latins ".

..." Ce qui est oublié depuis longtemps remonte au premier plan et devient, souvent sans raison, une pierre d'achoppement. Ainsi, les catholiques sont dans l'erreur car ils se rasent la barbe, mangent de la viande la première semaine du jeûne, et le samedi des oeufs et des produits laitiers, ils ne se marient pas, ils ne respectent pas les icônes, ils sont donc des hérétiques."

" Celui qui connait l'histoire ecclésiastique reconnait ici la liste des " erreurs latines " dénoncées par Keroularios déjà en cette lointaine année 1054. Du point de vue dogmatique, reste la fameuse différence du Filioque, c'est-à-dire que le Saint Esprit procède aussi du Fils, comme l'apprennent les catholiques, à la différence des orthodoxes qui soutiennent que le Saint Esprit est glorifié " par " le Fils."

" Naturellement, les théologues les plus sérieux disent que cela non plus ne doit pas être un obstacle. Cette différence ne devrait pas être plus forte que l'amour. À leur tour, les catholiques font aux orthodoxes une liste de leurs " erreurs schismatiques ".

..."Personne n'a le courage de s'élever jusqu'au Christ et à son message. Même les gens bien intentionnés ne peuvent sortir du sillon du modèle historique. Le père Sava Janjic de Visoki Decani au Kosovo pense de la même façon : " Les tentatives pour surmonter les différences fondamentales entre l'orthodoxie et le catholicisme par l'oecuménisme politique, le piétisme ou par l'oubli n'arriveront jamais à une véritable unification des catholiques avec une Église, Une, Sainte Orthodoxe, Apostolique et Catholique ".

..." Un dignitaire de l'Église orthoxe serbe, l'évêque Artemije du Kosovo est du même avis. Il n'y a pas d'Europe unie, dit-il, et il en indique les raisons : la condition pour que les choses changent en Europe, c'est de renoncer aux erreurs que Rome a faites ces 950 dernières années. Monseigneur Artemije n'admet que la réunification de tous à l'Église orthodoxe. Fondé sur cette idée, l'unité n'a aucune chance d'exister."

" Heureusement, sur un espace oecuménique plus large, toute l'orthodoxie n'est pas de cet avis et pas seulement chez nous. Une sorte de scandale positif survient, comme par exemple lorsque l'évêque controversé de Backa, Irinej, a dernièrement discouru sur l'unité des Chrétiens d'Europe, sur l'orthodoxie et le catholicisme. L'évêque croit à l'unité, il n'insiste pas sur les différences et voit le monde de l'avenir différemment. Il a aussi courageusement abordé le problème du pape et de sa primauté, qui est une " place dangereuse ".

" Si un jour les orthodoxes et les catholiques se réconciliaient, alors, d'après l'évêque Irinej, " conformément à l'ancien ordre canonique, l'évêque de la ville de Rome serait le premier évêque de l'Univers chrétien ".

... "Le pape a demandé pardon aux orthodoxes pour tout le mal que les catholiques leur ont fait dans l'histoire. Il a même invité, ce qui était autrefois inimaginable, le patriache serbe à Rome. Le pardon sera-t-il également demandé du coté serbe, nous ne le savons pas encore. L'appel de Rome est peut-être un instant d'espoir et il ne faut pas le laisser passer. Il y aura toujours des différences, mais il est important qu'elles ne soient pas une pierre d'achoppement. Le meilleur juge sera celui qui aura la force de " survoler " l'histoire, de franchir ce mur qui ne s'élève tout de même pas jusqu'au ciel."

Mirko Djordjevic - Courrier des Balkans. 14 avril

Bien à vous
Thierry
Antoine
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Message par Antoine »

Jean-Louis,

- En ce qui concerne la forme du baptème,

Vous avez invoqué l’injonction de la Didache que vous avez citée à la rubrique "L'administration du baptême: par immersion ou par infusion?"
Je vous ai répondu qu’elle ne ratifiait en aucun cas le baptème par infusion pris comme tel isolément mais qu’il convenait de respecter la hiérarchie qu’elle énonçait sous peine d’invalidité.
Vous ne m’avez pas dit si vous étiez d’accord ou non avec cette analyse mais, tenant compte de votre rigueur en matière de théologie trinitaire, je pense que vous l’êtes.

- En ce qui concerne la réception des hétérodoxes dans l’Eglise,

vous avez écrit à la rubrique "L’insensibilité"

<<Tant qu'il n'y a pas d'altération du Symbole de la foi, nous n'avons pas le droit de proclamer qu'un scenario irréparable a commencé. Et l'Église n'emploie le mot d'hérésie que pour qualifier ceux qui ont altéré cette formule du Symbole. En fait ceux qui s'imaginent pouvoir inventer une autre révélation. Ceux-là, qu'elle appelle "hérétiques", elle les considère comme des païens, et lorsqu'ils s'imaginent pouvoir conférer un substitut de baptême à leur sauce, ce n'est qu'illusion, et l'Église s'oblige à les recevoir, lorsqu'ils demandent à entrer dans l'Orthodoxie par le Baptême, le seul et le vrai Baptême.>>

Je vous ai répondu que les latins commettaient au moins 3 altérations du symbole :
1)le filioque qui vient modifier la spiration de l'Esprit saint
2)l'immaculéé conception qui modifie l'humanité de Marie et l'incarnation du Christ
3)L'unicité de l'Eglise détruite par la papauté et ses faux dogmes

et que donc selon la règle à laquelle vous vous raccrochiez, vous étiez donc conforté à affirmer que pour les catholiques romains, L'Eglise orthodoxe les appelle << "hérétiques", elle les considère comme des païens, [...]et l'Église s'oblige à les recevoir, lorsqu'ils demandent à entrer dans l'Orthodoxie par le Baptême, le seul et le vrai Baptême.>>

Je pense que là encore vous ne pouvez qu’être d’accord avec cette analyse.

- En ce qui concerne la formule baptismale trinitaire,

vous ratifiez bien que la Trinité, au nom de laquelle les catholiques romains baptisaient, n'était pas la même et que derrière les même mots il y avait des contenus bien différents. Et vous m’écrivez :
<<Je ne suis pas apparemment d’accord avec ce point de vue, je suis réellement d’accord, et je trouve excellente la manière dont vous l’avez développé un peu plus haut.>>
Bien . D’autant plus que la lecture de Popovic et de Jevtitch ont renforcé mes connaissances et que si vous les avez traduits c’est bien parce que vous étiez en plein accord avec leur contenu et que vous avez estimé à raison qu’il fallait faire connaître ces positions conformes à la triadologie des Cappadociens aux Francophones.

Mais en revanche
vous vous retranchez derrière les canons sous prétexte qu’ils disent qu’il ne faut pas réitérer le Baptême sur quelqu’un qui est baptisé au nom du Père, et du Fils et du saint Esprit.
Alors là, je n'arrive pas à vous comprendre parce qu'il me semble que vous vous en tenez stricto sensu à un pur formalisme verbal vidé de tout sens.

Et si les juridictions en France s’en tiennent à ce formalisme qui a bon dos c’est pour mieux camoufler d’une part la pratique de l’ethno-philétisme et d’autre part pour ne pas avoir à proclamer que l’Eglise Orthodoxe est la seule Eglise du Christ et qu’en dehors d’elle il n’y a pas de sacrements valides.
Que l'Eglise Orthodoxe se mette à baptiser systématiquement tout hétérodoxe et ses actes suffiront à eux seuls à la proclamer l'Eglise. Elle n'aura pas besoin d'en rajouter. En revanche cela lui donnera l'occasion d'expliquer ses actes en dehors de commissions confidentielleset privées.

Au moment où ces canons sont écrits l’Eglise latine n’existe pas. Ensuite le Filioque aura mis plusieurs siècles pour se généraliser, et on peut encore accepter une pratique économique de la réception des hétérodoxes. Mais nous voyons très bien aujourd’hui l’accumulation des hérésies romaines depuis mille ans et le fossé dogmatique sans cesse grandissant qui sépare le catholicisme romain de la vraie Foi.

Le dogme de l’immaculée conception date du 8 décembre 1854.
Le dogme de l’infaillibilité date du 18 juillet 1870
Le dogme de l’assomption : 1er novembre 1950

Ce sont des hérésies non pas récentes mais ratifiées tout récemment par la papauté ; et la dernière qui faisait de Marie la co-rédemptrice du Christ n’est pas passée loin alors que nous étions en plein conciliabule œcuménique.

Il convient donc aujourd’hui d’interpréter les canons concernant la réception des latins en tenant compte de leurs hérésies supplémentaires, de leur destruction de leur liturgie par vatican II et de la fausse spiritualité qu’elle développe et de ne pas se retrancher derrière un formalisme figé qui n’aurait plus aucun sens.La Tradition de l'eglise est Vivante et sa formule baptismale n'est pas lettre morte.
et elle n'est pas non plus une formule magique dont les mots se suffiraient de par eux-mêmes dans l'exercice de leur puissance.

Il ne s’agit pas de ton polémique mais si je n’accordais aucune importance à ce que vous écrivez je ne m’engagerais pas dans ce dialogue et ne tiendrais pas compte de vos propos dans les choix qui sont les miens, car je me demande toujours:" Où est l'Eglise?"

Quant au modernisme ne sachant pas ce que vous y mettez , j’attendrai d’avoir des éléments plus ciblés. Je remarque beaucoup de choses que je considère comme des déviations et des tentatives à répétition de destruction de la foi, ne sachant sans doute pas que vous les rangez, vous, sous ce vocable de Modernisme. Et si j’écrivais quelque chose d’erroné et qui en plus rejoignait ce que vous appelez le modernisme , alors merci de me le signaler pour que je puisse me corriger et me remettre dans l’héritage des Pères. A contrario si vous sentez que oui vous vous êtes trompé sur un point, une utilisation trop rapide d’un concept, une position qui mérite d’être repensée, alors reconnaissez-le et nous aurons œuvré les uns pour les autres.
Monique
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Message par Monique »

Cher Jean-Louis
Christ est ressuscité!

Je ne cherche pas à être polémique mais seulement à exprimer ce que je crois, en ayant l'immense conscience d'une urgence. Les hérésies latentes et les compromissions peuvent tuer notre foi. Et le Christ s'est demandé s'il y aurait encore la foi sur terre lors de sa venue.

Par contre, malheureusement pour vous et heureusement pour moi, je ne suis toujours pas convaicue par vos affirmations.

Pouvez-vous nous faire part des canons sur lesquels vous vous appuyez pour affirmer ceci:
Les Pères ont adopté une terminologie et une catégorisation que nous n'avons pas le droit d'ignorer. La langue française (probablement à la suite des conceptions scolastiques) a modifié le sens de ces mots en parlanr d'hérésies dans le sens doctrinal, et de schismes au sens disciplinaires
Pour ma part j'ai trouvé des canons qui confirme ma position:

CANONS DU SYNODE PRIME- SECOND (861)
15. Du schisme des métropolitains d'avec leurs patriarches.
Les décisions prises à propos des prêtres et des évêques s'appliquent encore plus à propos des patriarches. C'est pourquoi, si un prêtre ou un évêque ou un métropolitain osait se séparer de la communion de son patriarche et ne commémorait pas son nom, comme cela fut établi et fixé, pendant la divine célébration des mystères, et si, avant qu'un synode d'évêques ne le cite à son tribunal et ne le condamne définitivement, il provoquait un schisme, celui-là le saint synode a décidé qu'il soit complètement dépouillé de toute dignité sacerdotale, dés qu'il sera convaincu d'avoir commis cette iniquité.
Ces décisions ont été prises et confirmées contre ceux qui sous le prétexte de quelqu'accusation se séparent des supérieurs hiérarchiques et provoquent des schismes et déchirent l'unité de l'Église. Car ceux qui pour la raison d'une hérésie condamnée par les saints synodes ou par les Pères, s'écartent de la communion de leur supérieur hiérarchique, à condition que celui-ci prêche publiquement l'hérésie et l'enseigne tête découverte du haut de l'ambon à l'église, ceux-là, non seulement ils ne seront pas sujets à la peine canonique, en se défendant de communier avec le prétendu évêque avant l'instruction de sa cause par un tribunal d'évêques, mais même ils auront les honneurs dus aux défenseurs de l'orthodoxie; car ils ne condamnèrent pas des évêques, mais des faux évêques et des faux docteurs et ils ne déchirèrent pas l'unité de l'Église par des schismes, mais au contraire ils s'efforcèrent de préserver l'Église de schismes et de divisions."

Il me semble que ces définitions entre schisme et hérésie faites par les Pères en 861, ne correspondent pas à vos définitions.
Monique
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Message par Monique »

J'ai encore trouvé un beau texte de Saint Basile:

PREMIERE LETTRE SUR LES CANONS
ADRESSÉE A AMPHILOQUE ÉVEQUE D'ICONIUM
de saint Basile évêque de Césarée en Cappadoce

"En effet, nos anciens décidèrent qu'est seul recevable ce baptême-là, qui ne contrevient aucunement aux articles de notre foi; d'où les noms d'hérésies, de schismes et de conventicules qu'ils ont donnés; d'hérésies, pour ceux qui ont rompu totalement avec l'Église et ont adopté une foi étrangère à la sienne; de schismes, pour ceux qui se sont mis en désaccord avec les autres pour des raisons d'administration ecclésiastique ou sur des questions faciles à régler; de conventicules, aux assemblées réunies entres prêtres ou faveur des évêques insoumis par des gens ignares"

Je ne pense pas qu'on puisse soupçonner Saint Basile d'avoir des conceptions scolastiques.
Monique
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Message par Monique »

En ce qui concerne la réception dans l'Eglise des schismatiques Saint Basile continu sa lettre ainsi:

"Quant aux cathares, ce sont, eux, des schismatiques, mais il a été décidé par les anciens, je veux dire par les synodes tenus sous Cyprien et sous notre prédécesseur Firmilien de les soumettre tous à la même sentence, cathares, encratites, hydroparastates et apotactites; car, leur séparation d'avec l'Église commença bien par un acte de schisme, mais ceux qui se sont révoltés contre l'Église n'ont plus eu en eux la grâce du saint Esprit, la rupture de la succession en a interrompu la transmission; en effet, les premiers partis avaient reçu leur ordination des pères et ils possédaient le don de l'Esprit par l'imposition des mains de ceux-ci, mais une fois la communion rompue, réduits à l'état laïc, ils n'avaient le pouvoir ni de baptiser ni d'ordonner, étant incapables de donner aux autres la grâce de l'Esprit saint, qu'ils avaient eux-mêmes perdue; c'est pourquoi il avait été statué de purifier à nouveau par le vrai baptême, celui de l'Église, ceux d'entre eux qui reviennent à l'Église vu que leur baptême leur avait été conféré par des laïcs ; cependant, comme certains dans le diocèse d'Asie ont décidé de reconnaître leur baptême sans faire de distinction, pour le bien d'un grand nombre, qu'il soit reconnu."

De tout ce que je viens de lire la règle des Pères serait de rebaptiser schismatiques et hérétiques, mais que l'économie a prévalue la règle.

Jean-Louis a écrit:
Ce que les canons nous imposent de reconnaître, ce n’est pas le Baptême catholique, c’est le Baptême traditionnel paradoxalement conservé par les catholiques
J'ai assisté à des baptêmes catholique ces dernières années, et ils ont perdu le Baptême traditionnel .
Monique
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Message par Monique »

Je continue ma réflexion sur ce sujet qui me tient à coeur:

Jean-Louis a écrit sur le fil « l’insensibilité » :
« Et ce sont les évêques, réunis dans des synodes épiscopaux, qui ont la charge de discerner la nature des fautes commises par certains groupes d'hommes et de choisir le type de comportement que l'Église devra adopter face à eux. Ce n'est pas la tâche des prêtres et des laïcs. Tant que les évêques ne se prononcent pas, je peux contester, râler, polémiquer, je n'ai pas le droit de condamner. »
Il n’est pas dans mon intention de condamner des personnes, mais des pensées, des idées, des comportements.
Je suis tout à fait d’accord que ce soit les évêques et les synodes qui décident du comportement à adopter vis à vis des personnes et des groupes de personnes, c’est le domaine de l’économie, du discernement et de la miséricorde.

Mais sur le plan des déviations dogmatiques nous devons tous être vigilants et appeler un chat un chat.
Les hérésies ne sont pas seulement des problèmes de canons au sens de lois ou décrets, ils concernent la vie même de l’Eglise.

J’ai grandi chez les catholiques romains, ma famille en fait partie, j’y ai des amis prêtres qui me sont très chers et je n’ai pas l’intention de les juger et de les condamner.
Mais j’ai remarqué chez ceux qui cherchent Dieu de tout leur cœur et en toute honnêteté, une faille à l’intérieur d’eux-mêmes qui rend leur discours très différent selon qu’ils parlent de spiritualité ou de dogmatisme, ou selon les situations.
Le prêtre qui m’a suivi depuis mes 10 ans, se demandait souvent ce que faisait l’Esprit-Saint pour leur donner un pape qui empêchait l’église de vivre l’Evangile ; et paradoxalement quand je lui ai annoncé que je quittais l’ église catholique romaine pour l’orthodoxie, il m’a fait tout un discours sur l’infaillibilité du pape.
Un autre prêtre qui m’a fait découvrir la prière du cœur avec le pèlerin russe, m’a confié qu’il était heureusement étonné de découvrir combien les fidèles catholiques avaient su garder la piété malgré le clergé.

Chez les catholiques romains les dogmes sont tellement contraire à la vie que les fidèles sont obligés de les mettre aux oubliettes pour pouvoir respirer, d’où l’adogmatisme de notre temps ; mais l’adogmatisme des catholiques romains est une réaction saine ; la théologie dogmatique romaine est un somnifère (dont on risque de ne pas se réveiller) pour un homme vivant, et les catholiques romains sont en grande majorité des hommes vivants à qui il est urgent de proposer la vrai foi.

Quand j’ai découvert l’orthodoxie j’ai étais émerveillée de voir que les dogmes n’étaient pas des parchemins poussiéreux et désuets, mais une source vivifiante qui concerne tous les aspects de ma vie, et cette découverte j’aimerai la transmettre à tous.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Antoine,

(1ère partie)

- En ce qui concerne la forme du baptème,

AS: Vous avez invoqué l’injonction de la Didache que vous avez citée à la rubrique "L'administration du baptême: par immersion ou par infusion?"
Je vous ai répondu qu’elle ne ratifiait en aucun cas le baptème par infusion pris comme tel isolément mais qu’il convenait de respecter la hiérarchie qu’elle énonçait sous peine d’invalidité.
Vous ne m’avez pas dit si vous étiez d’accord ou non avec cette analyse mais, tenant compte de votre rigueur en matière de théologie trinitaire, je pense que vous l’êtes.

JLP: Le Baptême par immersion consiste à immerger à moitié un homme (comme sur l’icône du Baptême du Seigneur dans le Jourdain) et à verser de l’eau sur la tête (donc aspersion). J’ai vu un Baptême “acribiste” où on baptisait un adulte qui plongeait trois fois dans la mer, pendant qu’un prêtre disait les paroles sacrées. C’était très vénérable et émouvant, mais ce n’était pas de l’acribie. Heureusement l’homme qu’on baptisait était jeune et sportif.

Comme beaucoup d’églises de l’Église primitive étaient très petites (c’étaient souvent ce que nous appellerions des chapelles de cimetières, à cause de la loi romaine sur les associations funéraires qui a longtemps servi de cadre légal à l’Église avant Constantin), on se contentait du baptistères-coquilles, et donc du Baptême par infusion. Lorsque l’Église devint une institution publique, elle put construire des piscines baptismale : octogonales, avec quelques marches d’entrée et d’autres de sortie, permettant commodément la demi-immersion d’une file parfois longue de candidats. Nous avons conservé de tels baptistères. Dans la quasi-totalité des églises de quasiment toute la Chrétienté on a continué tout au long des siècles à baptiser par aspersion. Dans certains pays les conditions naturelles font d’ailleurs que l’immersion est impraticable. Elle reste l’idéal, mais elle n’est pas du tout nécessaire. Dans les pays où on recommence à baptiser des adultes, et c’est le cas en France, on tente de revenir à l’immersion, ce qui est très souhaitable, mais pas au point de se prendre la tête.

- En ce qui concerne la réception des hétérodoxes dans l’Eglise,

AS: vous avez écrit à la rubrique "L’insensibilité"

<<Tant qu'il n'y a pas d'altération du Symbole de la foi, nous n'avons pas le droit de proclamer qu'un scenario irréparable a commencé. Et l'Église n'emploie le mot d'hérésie que pour qualifier ceux qui ont altéré cette formule du Symbole. En fait ceux qui s'imaginent pouvoir inventer une autre révélation. Ceux-là, qu'elle appelle "hérétiques", elle les considère comme des païens, et lorsqu'ils s'imaginent pouvoir conférer un substitut de baptême à leur sauce, ce n'est qu'illusion, et l'Église s'oblige à les recevoir, lorsqu'ils demandent à entrer dans l'Orthodoxie par le Baptême, le seul et le vrai Baptême.>>

Je vous ai répondu que les latins commettaient au moins 3 altérations du symbole :
1)le filioque qui vient modifier la spiration de l'Esprit saint
2)l'immaculéé conception qui modifie l'humanité de Marie et l'incarnation du Christ
3)L'unicité de l'Eglise détruite par la papauté et ses faux dogmes

et que donc selon la règle à laquelle vous vous raccrochiez, vous étiez donc conforté à affirmer que pour les catholiques romains, L'Eglise orthodoxe les appelle << "hérétiques", elle les considère comme des païens, [...]et l'Église s'oblige à les recevoir, lorsqu'ils demandent à entrer dans l'Orthodoxie par le Baptême, le seul et le vrai Baptême.>>

Je pense que là encore vous ne pouvez qu’être d’accord avec cette analyse.

JLP. Non. Ce n’est pas la définition que les canons donnent de l’hérésie. Lorsqu’ils s’agit du comportement que l’Église doit observer à l’égard des hétérodoxes, les canons distinguent entre les hérétiques et les schismatiques selon leur pratique du Baptême. Ceux qui ont modifié la formule trinitaire sont dénommés “hérétiques” et doivent être rebaptisés. Ceux qui ne l’ont pas modifiée doivent être considérés comme des “schismatiques” qui ont déjà baptisés (mais ne peuvent avoir véritablement la Chrismation). Or il est interdit formellement de réitérer le Baptême. On doit donc les recevoir dans l’Église, la seule, la vraie par le sceau du don du saint Esprit. Or il est très significatifs que dès l’origine des canons jusqu’aux derniers les Pères ont classé les ariens parmi les schismatiques, alors que leur enseignement prétendait détruire la Trinité consubstantielle (« Il fut un temps où le Verbe n’était pas »).

Par la suite, les Pères ont pu varier (légèrement) dans la répartition des divers groupes hétérodoxes, y apporter des corrections et des compléments, en fonction de l’environnement de l’histoire de l’Église (saint Basile critique la position qu’avait prise saint Cyprien à Carthage, et “parmi nous Firmilien” et blâme saint Denys d’Alexandrie d’avoir oublié un groupe dans la catégorie des hérétiques). Ils ont toujours gardé le principe de cette tri-partition, mais notre français moderne a un peu faussé le sens des mots “hérétique” et “schismatique”.

Les Pères ne recevaient donc pas par le Baptême ceux qu’ils considéraient comme des “hérétiques”, par exemple les ariens, contre lesquels il fallut fixer le Symbole de la foi. Par contre les Pères exigent que l’on reçoive comme des hérétiques, c’est-à-dire comme des étrangers à l’Église, comme des païens, les donatistes, qui se présentaient surtout comme des chrétiens plus purs, mais qui avaient oser modifier la formule trinitaire du Baptême.

Les Pères et toute la Tradition canonique de l’Église (et pour les Pères cette Tradition non-écrite remontait à la fondation même de l’Église) accordaient plus d’importance aux gestes que pose un homme et aux paroles qu’il prononce, qu’aux commentaires doctrinaux qu’ils en donnent (qu’ils ne négligeaient pas pour autant). Toute notre tradition occidentale, dont saint Augustin a fourni la base, intellectualise la foi (ou le contenu psychologique qu’elle appelle foi) et fait passer le fait en deuxième position.

Les élucubrations de l’Église catholique tentent de construire une contre-théologie (en vain d’ailleurs, car qui aujourd’hui croit réellement à ces constructions parmi ces fidèles. Ses théologiens eux-mêmes la désavouent). L’Église orthodoxe a construit une véritable civilisation spirituelle, un “vioma” dont la cohérence vigoureuse et féconde résiste même aux petitesses de ses hiérarques.

Cependant la gravité des falsifications catholiques romaines sur la foi trinitaire doit conduire l’Église orthodoxe à re-baptiser les catholiques qui demandent à entrer (en réalité à retourner) dans l’Orthodoxie, et en particulier l’adjonction frauduleuse du Filioque (par contre l’Immaculée Conception ou l’infaillibilité pontificale n’ont pas été ajoutées au “Credo”). Nous ne pouvons donc accepter la définition erronée que les langues occidentales donnent des mots “hérésie” et “schisme”. Ce n’est pas conforme à une observance acribique des canons que nous sommes tenus de garder.

- En ce qui concerne la formule baptismale trinitaire,

AS: vous ratifiez bien que la Trinité, au nom de laquelle les catholiques romains baptisaient, n'était pas la même et que derrière les même mots il y avait des contenus bien différents. Et vous m’écrivez :
<<Je ne suis pas apparemment d’accord avec ce point de vue, je suis réellement d’accord, et je trouve excellente la manière dont vous l’avez développé un peu plus haut.>>
Bien . D’autant plus que la lecture de Popovic et de Jevtitch ont renforcé mes connaissances et que si vous les avez traduits c’est bien parce que vous étiez en plein accord avec leur contenu et que vous avez estimé à raison qu’il fallait faire connaître ces positions conformes à la triadologie des Cappadociens aux Francophones.

JLP: Dont acte. Mais le Baptême n’a pas été modifié. Je maintiens que j’ai été baptisé (en 1930 !)

dans une église catholique et par un prêtre catholique, et les canons de l’Église (orthodoxe) m’interdisent d’accepter d’être re-baptisé.

(à suivre)
Jean-Louis Palierne
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Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

(2ème partie)

Mais en revanche
AS: vous vous retranchez derrière les canons sous prétexte qu’ils disent qu’il ne faut pas réitérer le Baptême sur quelqu’un qui est baptisé au nom du Père, et du Fils et du saint Esprit.
Alors là, je n'arrive pas à vous comprendre parce qu'il me semble que vous vous en tenez stricto sensu à un pur formalisme verbal vidé de tout sens.

JLP: L’acribie consiste à s’en tenir à ce qu’ont décidé les Pères. Il ne faut rien en retrancher, mais il faut également ne rien y ajouter. Ce n’est pas un formalisme purement verbal. Les décisions des Pères et des Conciles nous enseignent que l’usage de la formule trinitaire baptismale a une signification ontologique tellement forte, tellement lourde, qu’elle est supérieure aux explications verbales que l’on tente d’en donner. Tout chrétien s’efforce de comprendre, les Pères ont donné des commentaires autorisés, mais la formule trinitaire baptismale, accompagnant le geste juste, sont encore millefois plus fortes que les meilleurs commentaires.

Les groupes hétérodoxes qui ont continué à pratiquer le Baptême minimal correct se sont transmis la Grâce du Baptême, mais pas plus, et quelles soient leurs aberrations doctrinales. Mon raisonnement personnel pourrait hésiter à aboutir à cette conclusion (et en fait il a longtemps hésité jusqu’au jour où j’ai découvert le texte des canons que l’on nous cache), mais les Canons, issus de la Tradition non-écrite de l’Église, nous l’affirment.

Je répète que les canons qui nous sont transmis par l’Église ne contiennent généralement pas de développement théorique cherchant à justifier les commandements qu’ils nous donnent. C’est à nous de tenter d’expliciter la révélation qu’ils nous apportent.

On peut même se demander si l’Église catholique (on devrait dire “le groupement religieux s’attribuant le titre d’Église catholique”) n’a pas maintenu sciemment la pratique traditionnelle (celle-là et quelques autres en quelques endroits stratégiques) dans le seul but de verrouiller le piège qu’ils tendaient aux orthodoxes, beacoup plus que par conviction profonde. En tout cas je crois que certains l’ont fait consciemment. Mais la sagesse de la Tradition canonique orthodoxe est encore plus forte.

AS: Et si les juridictions en France s’en tiennent à ce formalisme qui a bon dos c’est pour mieux camoufler d’une part la pratique de l’ethno-philétisme et d’autre part pour ne pas avoir à proclamer que l’Eglise Orthodoxe est la seule Eglise du Christ et qu’en dehors d’elle il n’y a pas de sacrements valides.

Que l'Eglise Orthodoxe se mette à baptiser systématiquement tout hétérodoxe et ses actes suffiront à eux seuls à la proclamer l'Eglise. Elle n'aura pas besoin d'en rajouter. En revanche cela lui donnera l'occasion d'expliquer ses actes en dehors de commissions confidentielleset privées.

JLP: Il serait bien entendu tout à fait nécessaire que l’Église orthodoxe apprenne à rappeler et à ptouver là où et quand c’est nécessaire qu’elle se considère comme la seule et véritable Église, et que les fidèles des autres groupes sont au mieux des hommes en quête de la vérité. Vous avez raison de relier la passivité des filiales en Occident des Églises-mères des pays de tradition orthodoxe à la pratique anti-canonique de l’ethno-phylétisme.

À partir du jour où les Églises-Nations des États-Nations de tradition orthodoxe ont jugé nécessaire de considérer que ceux de leurs fidèles qui avaient émigré dans des pays de tradition non-orthodoxe (et même lorsque ces contrées avaient eu un passé orthodoxe canoniquement reconnu) continuaient à appartenir à l’Église de leur Nation d’origine, elles ont adopté un principe qui était en valeur en Occident depuis l’époque de la Réforme: la possibilité de co-existence sur un même territoire de plusieurs Églises chrétiennes se réclamant de “confessions” différentes. Cette co-existence ne fut admise qu’après que la Réforme eût constaté qu’elle n’était pas capable de réformer l’ensemble de l’Église catholique et que l’Église catholique eût constaté qu’elle n’était pas capable d’annihiler les communautés réformées.

Les orthodoxes ont réclamé l’application à leur profit de la même tolérance (et ils ont eu beaucoup de mal à l’obtenir, nous ne devons pas l’oublier), mais ils négligeaient ainsi le principe fondamental de l’organisation territoriale, et uniquement territoriale des diocèses orthodoxes. Bienrôt les émigrations orthodoxes se multiplièrent et on vit des Églises orthodoxes se superposer sur un même territoire, sans qu’aucune se préoccupe réellement d’annoncer la foi orthodoxe aux “indigènes” que nous sommes, et toutes ces Églises considèrent l’Église occidentale du pays comme un simple collègue.

On lira bientôt une étude (politiquement non-correcte) de l’archimandrite Grigorios Papathomas sur ce sujet.

Si l’Orthodoxie est aujourd’hui dans une position délicate en Occident pour proclamer son originalité irréductible et conférer le sceau du don de l’Esprit saint (la Chrismation) aux fidèles des groupes hétérodoxes de l’Occident qui demandent à boire à la vrair Source de vie, c’est avant tout parce que l’Église russe a tout d’abord été décapitée par les réformes de Pierre le Grand, lui imposant une structure étatique et administrative (avec ce qui s’appelait “le Saint Synode” remplaçant la structure métropolitaine et patriarcale) et qu’aussitôt après elle a adopté une pratique, en ce qui concerne la réception des catholiques-romains, traitant ceux-ci comme de simples “dissidents”, à l’égal des Églises anti-chalcédoniennes.

Cela dit, et en vertu du pouvoir discrétionnaire de l’évêque, ceux qui ont été reçu ainsi dans l’Orthodoxie ont bel et bien été reçus.

C’est ce qui permet aujourd’hui à l’Archevêché de la rue Daru de recevoir des catholiques par absolution et récitation du Symbole. (Certains fidèles difficiles demandent le Chrismation. On se déplace alors à l’Église grecque).

Mais le retour à l’acribie devrait être un retour à la pratique de la Chrismation des catholiques, sans prétendre vouloir les re-baptiser, ce qui ne serait pas canonique.

AS. Au moment où ces canons sont écrits l’Eglise latine n’existe pas. Ensuite le Filioque aura mis plusieurs siècles pour se généraliser, et on peut encore accepter une pratique économique de la réception des hétérodoxes. Mais nous voyons très bien aujourd’hui l’accumulation des hérésies romaines depuis mille ans et le fossé dogmatique sans cesse grandissant qui sépare le catholicisme romain de la vraie Foi.

Le dogme de l’immaculée conception date du 8 décembre 1854.
Le dogme de l’infaillibilité date du 18 juillet 1870
Le dogme de l’assomption : 1er novembre 1950

Ce sont des hérésies non pas récentes mais ratifiées tout récemment par la papauté ; et la dernière qui faisait de Marie la co-rédemptrice du Christ n’est pas passée loin alors que nous étions en plein conciliabule œcuménique.

Il convient donc aujourd’hui d’interpréter les canons concernant la réception des latins en tenant compte de leurs hérésies supplémentaires, de leur destruction de leur liturgie par vatican II et de la fausse spiritualité qu’elle développe et de ne pas se retrancher derrière un formalisme figé qui n’aurait plus aucun sens.La Tradition de l'eglise est Vivante et sa formule baptismale n'est pas lettre morte.
et elle n'est pas non plus une formule magique dont les mots se suffiraient de par eux-mêmes dans l'exercice de leur puissance.

JLP: Le papisme n’a réellement et complètement submergé les Églises des pays occidentaux que grâce à Napoléon, qui voyait en France deux Églises catholiques : celle des réfractaires, qui avaient refusé de prêter serment à la Constitution civile du clergé et vivaient dans la clandestinité, et celle des assermentés, qui l’acceptaient. Napoléon a utilisé la complicité du Pape (qu’il avait fait enlever à Rome et retenait prisonnier à Fontainebleau) pour créer une troisième Église, à sa botte, et lui imposer le respect de ses lois civiles à lui. C’est cette Église qui survit aujourd’hui sous le nom d’Église catholique. L’Église gallicane d’avant la Révolution n’était pas orthodoxe, et on doit le lui reprocher, mais elle n’était pas papiste, pas plus que l’Église gallicane. J’aimerais avoir des éclaircissements pour l’Espagne etc.

Depuis ce temps l’Église catholique n’a cessé d’empirer et de devenir de plus en plus pyramidale. Depuis une cinquantaine d’années elle s’est ralliée à l’a-dogmatisme et à l’interventionnisme social, c’est-à-dire au modernisme. C’est encore autre chose.

Mais l’Église orthodoxe, quand elle reçoit un chrétien hétérodoxe qui veut être reçu dans la vraie, l’unique Église, c’est-à-dire l’Église orthodoxe, doit avant tout déterminer quel Baptême il a reçu. Et s’il était catholique, il était certain jusqu’à une époque récente qu’il avait bien été baptisé, maus qu’il devait recevoir le sceau du don du saint Esprit, c’est-à-dire la Chrismation, qu’il n’a pas reçue, même s’il a été confirmé dans l’Église catholique. Qu’en est-il maintenant?

Irène-Monique: J’ai assisté à des baptêmes catholiques ces dernières années, et ils ont perdu le Baptême traditionnel.

JLP: Maintenant il faut s’efforcer de voir au cas par cas. Mais ces dernières années la hiérarchie catholique a resserré les boulons sur ce point. Si vraiment on ne sait pas ce qui s’est passé (les canons ont également prévu ce cas, il faut faire un “baptême conditionnel”, c’est-à-dire dire « si N. n’est pas baptisé... ». Dans les années post-Vatican II, il est avéré que certains prêtres catholiques (sans autorisation) baptisaient “au nom de la Puissance, de l’Amour et de la Sagesse”. Mais il est à peu près certain que cela a vite disparu.

En tout cas ce qu’il faut prendre en considération, ce n’est pas la prétendue “reconnaissance” du Baptême de tel ou tel groupement, mais la forme qui lui a été donnée. Et il ne faut pas croire que recevoir des hétérodoxes par la Chrismation revient à une telle “reconnaissance”. Comme je l’ai déjà dit, on peut donner deux interprétations de cette pratique canonique : soit que l’Église par le saint Chrême corrige l’imperfection du Baptême qui a été reçu et le complète par la Chrismation, soit que l’Église respecte le geste vide, mais correct, qui a été fait, et lui donne sa validité a posteriori. Cela ne doit nullement nous empêcher de dénoncer les dérives doctrinales et ecclésiologiques croissantes de l’Église catholique.

AS: Il ne s’agit pas de ton polémique mais si je n’accordais aucune importance à ce que vous écrivez je ne m’engagerais pas dans ce dialogue et ne tiendrais pas compte de vos propos dans les choix qui sont les miens, car je me demande toujours:" Où est l'Eglise?"

JLP: Il est fructueux de dialoguer.

Quant au modernisme

AS: ne sachant pas ce que vous y mettez , j’attendrai d’avoir des éléments plus ciblés. Je remarque beaucoup de choses que je considère comme des déviations et des tentatives à répétition de destruction de la foi, ne sachant sans doute pas que vous les rangez, vous, sous ce vocable de Modernisme. Et si j’écrivais quelque chose d’erroné et qui en plus rejoignait ce que vous appelez le modernisme , alors merci de me le signaler pour que je puisse me corriger et me remettre dans l’héritage des Pères. A contrario si vous sentez que oui vous vous êtes trompé sur un point, une utilisation trop rapide d’un concept, une position qui mérite d’être repensée, alors reconnaissez-le et nous aurons œuvré les uns pour les autres.

JLP: Le modernisme (tout au moins le modernisme orthodoxe, présent en Europe occidentale depuis l’arrivée des Russes chassés par les Bolcheviks dans les années 20) consiste à mettre systématiquement l’accent sur la présence de l’Église dans le monde pour témoigner d’un monde d’amour relationnel par des communautés ferventes. Il est marqué par un certain nombre de coups de pouce liturgiques qui cherchent systématiquement à souligner la dimension participative de la synaxe. Prétendant s’orienter vers l’Église locale (ce qui n’est pas vrai) il propose une Église démocratique. Ses promoteurs avaient cru pouvoir utiliser le paravent de la francophonie pour prendre leurs distances avec la hiérarchie (pensant n’attirer qu’une élite savante et non-catholique), mais ils n’avaient pas prévu l’apparition d’une demande importante parmi les chrétiens d’Occident désemparés par l’évolution de leurs Églises, et qui cherchent précisément à fuir le modernisme politiquement correct.
Jean-Louis Palierne
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Monique
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Message par Monique »

JLP:
. Mon raisonnement personnel pourrait hésiter à aboutir à cette conclusion (et en fait il a longtemps hésité jusqu’au jour où j’ai découvert le texte des canons que l’on nous cache), mais les Canons, issus de la Tradition non-écrite de l’Église, nous l’affirment.
IM: quel est ce canon caché, pourquoi ne l'éditez-vous pas?
Antoine
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Message par Antoine »

Jean-Louis, merci d'avoir pris beaucoup de temps sur votre matinée pour nous répondre
Antoine.
Jean-Louis Palierne
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Message par Jean-Louis Palierne »

Irène-Monique, quand je parle ces "canons cachés", je parle de la collection des textes qu'on appelle Les canons sacrés de l'Église orthodoxe. C'est un livre qui devrait être largement diffusé dans l'Église orthodoxe, mais que les orthodoxes francophones n'ont jamais voulu traduire parce que ce livre est la bête noire des orthodoxes modernistes. Il devrait cependant être entouré du même respect que les livres liturgiques.

Au moment du concile catholique "Vatican II", une traduction française en a été diffusée auprès des évêques qui y participaient. C'est ce qu'on appelle l'édition "Joannou". Elle donnait côte à côte le texte grec, en général le texte latin (dans l'Église orthodoxe antique ces deux langues étaient utilisées pour que les canons soient reconnus par l'autorité civile) plus une traduction française. L'édition du texte latin et grec est très bonne. La traduction française est très inégale, elle contient de purs contre-sens et des interprétations catholiques erronées. On trouve cette traduction sur Internet sur le site du moins VCO du père Cassien. En fait il semble que cette édition est composé d'un travail sérieux d'édition scientifique du texte, complété par des traductions hâtives et inégales commandées précipitamment à des auteurs divers. J'espère qu'une traduction française pourra rapidement voir le jour.

Il existe aussi un livre intitulé en grec "le Pédalion" qui est en quelque sorte un recueil des canons commenté par divers auteurs ancienc et moins anciens. Il est traduit en anglais.

Dieu voulant, j'espère qu'une traduction française des canons pourra prochainement voir le jour. Mais vous comprendrez qu'il s'agit là d'un énorme travail...

En ce qui concerne les canons sur la réception des hétérodoxes, je me permets de reprecdre ici ce que j'avais déjà écrit, il y a quelque temps dans un autre fil, et qui vous a peut-être échappé :

======

Un certain nombre de canons concernent le mode de réception des hérétiques dans l’Église orthodoxe. Le premier d’entre eux est le Canon 46 des Canons apostoliques : « Nous voulons que soit déposé l'évêque, ou le presbytre, ou le diacre, qui ont accepté le Baptême ou le sacrifice des hérétiques, Car quel accord y a-t-il entre le Christ et Béliar, et que partage lefidèle avec l'infidèle ? », ce canon cite la 2nde épître aux Corinthiens 6:15. Le deuxième texte est celui de la Lettre synodique du synode provincial de Carthage de 255, généralement cité sous le nom de canon de saint Cyprien :
[…] C’est pourquoi il faut baptiser et renouveler celui qui arrive à l’Église à l’état brut, afin qu’à l’intérieur il soit sanctifié par les saints, puisqu’il est écrit : Soyez saints, car moi je suis saint, dit le Seigneur . Que celui donc qui a été entraîné vers l’erreur et baigné à l’extérieur puisse se dépouiller par le vrai Baptême, celui de l’Église, de ce sacrilège même dans lequel il était tombé lorsqu’en venant vers Dieu il cherchait un presbytre.
C’est ce canon qui est généralement cité par les orthodoxes qui pensent que les hérétiques (ici ils pensent en général d’abord aux catholiques) devraient être accueillis par le Baptême, et qu’on ne doit même pas parler de re-baptême. Certains de ceux qui veulent citer ce canon utilisent parfois une autre phrase: « L’eau des hérétiques n’est que de l’eau » qui se trouve ailleurs dans les œuvres de saint Cyprien, pas dans la Lettre synodique, mais va bien dans le même sens.

Cependant nombre d’autres canons, postérieurs au Concile de Carthage, parlent de la manière dont l’Église orthodoxe doit recevoir les hérétiques qui retournent en son sein, ou bien de la réception des fidèles qui ont été baptisés par leurs communautés, en faisant une tripartition dans l’éventail très diversifiés de ces groupes. Ces canons distinguent entre les hérétiques, les schismatiques, et d’autres groupes auxquels on donne le nom de parasynagogues ou encore de conventicules. En fait ils forment la quasi-totalité des canons que l’Église orthodoxe a consacrés à cette question.

Avant d’en citer certains, je voudrais faire une remarque. On pourrait considérer que le canon 46 des Canons Apostoliques et le canon de saint Cyprien ne concernent que la première branche de cette tri-partition, celle précisément des “hérétiques”, comme les nomme saint Cyprien, cependant que tous les autres canons du Corpus canonum envisageraient l’ensemble des groupes hétérodoxes des trois catégories. Dans ce cas il n’y aurait pas de difficulté à concilier entre eux les canons concernant la réception des hérétiques.

Cependant le canon 1 de saint Basile, et nous savons de quelle autorité saint Basile a été investi par l’Église dans le domaine canonique, ne craint pas d’évoquer la difficulté causée par le canon de Cyprien, car Cyprien l’applique même à ceux qui ne sont “que” des schismatiques. Ce canon 1 est le premier de ceux que saint Basile a formulés dans la première de ses trois célèbres Lettres canoniques adressées à son ami saint Amphiloque d’Iconium (elle a été écrite vraisemblablement vers 374). Dans l’exposé de ce canon il expose les motifs qui lui font rejeter la position de Cyprien :
Les cathares font eux aussi partie de ceux qui se sont séparés [donc des schismatiques]. Il a cependant été décidé par nos Pères, c’est-à-dire par Cyprien et chez nous [en Cappadoce] par Firmilien, de les soumettre, tant cathares qu’encratites et hydroparastates, à cette même sentence [c’est-à-dire de leur imposer le vrai Baptême] parce que leur séparation avait pris naissance à propos d’un schisme, et que [c’est l’argumentation de Cyprien] la grâce du saint Esprit ne repose plus sur ceux qui se sont séparés de l’Église en sorte que la continuité a été interrompue et que la transmission fait donc défaut. Ceux qui ont été les premiers à se séparer de nos Pères portaient l’imposition des mains, et par cette imposition des mains, ils avaient possédé le don de l’Esprit. Mais redevenus laïcs du fait de leur séparation, ils n’avaient plus le pouvoir, ni de baptiser, ni d’imposer les mains, car ils en avaient déchu. C’est pourquoi ces Pères [Cyprien et Firmilien] ont décidé de purifier par le vrai Baptême, celui qui est donné par l’Église, ceux qui ont été baptisés par eux lorsqu’ils viennent se joindre à l’Église.

Mais [maintenant Basile expose sa position] puisque les Églises d’Asie ont décidé de recevoir globalement leur baptême [celui des cathares] pour des raisons d’économie, que ce Baptême soit reçu.
C’est bien ce qu’il avait exposé d’entrée en commençant ainsi sa lettre :
Puisque l’on a déjà évoqué le cas des cathares, tu as bien raison de rappeler qu’il convient de suivre l’usage de chaque contrée, étant donné que ceux qui ont alors pris une décision en ce qui les concerne ont statué différemment sur leur Baptême […]. Lorsque les Anciens jugèrent en effet qu’il faut recevoir le Baptême, il s’agissait bien du Baptême qui ne s’écarte en rien de la foi. De là vient qu’ils parlaient pour certains “d’hérésies”, pour d’autres de “schismes” ou encore de “para-synagogues”. [saint Basile souligne ici que la Tradition qu’il a reçue de nos Pères dans la foi, ne coïncide pas avec la position de Cyprien. Il faudrait ici rappeler toute l’extrême importance que Basile accorde à la Tradition non-écrite dans la transmission de la Révélation].

Pour les hérétiques, il s’agit de ceux qui se sont complètement séparés et sont devenus comme des étrangers ; les schismes concernent ceux qui se sont séparés des autres pour des raisons de vie ecclésiale ou pour des causes que l’on pourrait éventuellement régler ; les parasynagogues sont des partis regroupant des gens sans instruction autour de presbytres ou d’évêques insoumis. Par exemple si quelqu’un, convaincu de faute, s’obstine à exercer ses fonctions tout en refusant de se soumettre à la règle et revendique de pouvoir présider et d’exercer son service, et si quelques personnes délaissaient l’Église catholique pour se joindre à lui, on aurait là une “parasynagogue”. Un schisme serait par exemple un désaccord au sujet de la pénitence qu’il convient d’imposer à ceux qui ont quitté l’Église. Les hérésies sont par exemple celle des manichéens, des valentiniens, des marcionites ou justement celle des pépuziens, car la différence qui sépare ces groupes de l’Église porte directement sur la foi en Dieu elle-même.

Dès le début nos Pères ont décidé de rejeter complètement le baptême des hérétiques, mais d’accepter le baptême de ceux qui ont fait schisme, parce qu’ils sont encore de l’Église. Quant à ceux qui sont dans les parasynagogues, lorsqu’ils se sont amendés par une juste pénitence et par un sérieux repentir, il est décidé de les réunir de nouveau à l’Église, si bien qu’il arrive fréquemment que des personnages qui ont un certain rang dans le clergé mais se sont joints aux insoumis, dès lors qu’ils se sont repentis de leur faute, soient réadmis dans leur rang.
Le critère décisif qui sépare l’hérésie du schisme réside donc dans la foi en Dieu elle-même, telle qu’elle est exprimée dans la règle de foi, c’est-à-dire la formule trinitaire du Baptême (dont le “Symbole de la foi” est le développement). S’il y a modification de la formule baptismale (on peut penser que c’était par exemple le cas de ces prêtres catholiques qui dans les années de l’après-Vatican II baptisaient “au nom de la Puissance, de l’Amour et de la Sagesse”), on montre qu’on s’est écarté de la foi trinitaire, et donc qu'on est devenu étrangers à l’Église et à la Tradition qui lui a été remise par nos saints Pères. Un tel Baptême n’a aucune valeur, il est nul et non avenu. Mais il faut bien croire, si l'on suit saint Basile, que les schismatiques, soit ne sont pas tout à fait sortis de l’Église, soit que leur geste baptismal imparfait doit être respecté et complété par la chrismation.

Tous les canons qui ont été édictés depuis lors ont repris cette tri-partition des groupes hétérodoxes, et écarté le maximalisme préconisé par saint Cyprien. C’est pourquoi le canon 2 du Quinisexte Concile de 691, faisant l’énumération des collections canoniques apostoliques, conciliaires et patristiques qui s'imposent à l’Église (qui comprennent une demi-douzaine de canons exposant la tri-partition des hétérodoxes), leur ajoute :
de plus le canon édicté par Cyprien, qui était archevêque du pays de l’Afrique, et par le synode qui l’entourait, canon qui n’a eu de force que pour les lieux de ces sièges, selon la tradition qui leur a été transmise.
et nous allons voir que le concile provincial d'Afrique de 419 l'a déjà omis.

Dès 325 le 1er Concile œcuménique de Nicée I parle dans son canon 8 d’une reconnaissance des schismatiques par l’Église orthodoxe (avec leurs évêques) dans le cas des “cathares” :
Le grand et saint Concile a estimé que si jamais ceux qui se donnent le nom de “cathares” [purs] désirent se joindre en groupe à l’Église catholique, on doit les toucher de la main [chirothésie ; il s’agit donc de la procédure de réconciliation des pécheurs repentants avec l’Église] et ils pourront rester dans le clergé. Mais ils doivent préalablement déclarer par écrit qu’ils acceptent les dogmes de l’Église catholique et qu’ils promettent de les suivre, c’est-à-dire que pour observer les décisions de l’Église catholique et apostolique ils devront accepter de communier avec les remariés ainsi qu’avec ceux qui ont failli lors des persécutions et auxquels une durée a été déterminée et un délai fixé [ce sont là les points sur lesquels les “cathares” reprochaient à l’Église son laxisme].
150 ans après saint Cyprien, en 419, le concile provincial de Carthage réuni cette fois sous la présidence de l’évêque Aurélien, rappelle dans son canon 57 que c’est dans l’unique Église (qu'il appelle "catholique" et qui garde la foi "orthodoxe") que l’on peut recevoir tous les Mystères du salut.
Pour ceux qui persistent dans l’hérésie, ces Mystères ne peuvent procurer qu’un plus grand châtiment de condamnation, car ce qui eût été pour eux l’horizon le plus lumineux à rechercher pour la vie éternelle s’ils étaient restés dans la vérité, est devenu pour ceux qui sont dans l’erreur un horizon d’obscurité et d’encore plus grande condamnation. Mais certains d’entre eux ont cherché à échapper à ce sort, et parce qu’ils avaient su reconnaître les voies très droites de l’Église catholique notre Mère [rappelons que pour l’Église ancienne, l’unique Église de foi orthodoxe est appelée “Église catholique”], ils ont cru que ces Mystères sacrés seraient pour eux un remède de vérité et ils les ont reçus.
Il est cependant interdit de réitérer le Baptême donné par les donatistes. Le concile de Carthage ne pense même plus à rappeler la position de Cyprien, et promulgue toute une série de décisions visant à favoriser habilement le retour des donatistes et de leurs évêques dans l’Église catholique, c’est-à-dire orthodoxe.

Le synode de Carthage reproche même aux Églises d’Italie, et à un récent synode, d’avoir refusé de recevoir les clercs donatistes en leur conservant leurs titres et leurs fonctions, même lorsque cela ne gêne pas les évêques locaux de l’Église catholique (orthodoxe). Le synode de Carthage craint que les obstacles posés au retour des donatistes par la rigueur des décisions italiennes ne fassent obstacle à leur retour à l’unité de l’Église.
Il en résulte que, tant dans les campagnes que dans les villes, là où ils se trouvent les seuls à avoir été ordonnés, ceux qui font partie du clergé [donatiste]pourront rester dans cet état ; Mais si certains se présentent là où il y a un évêque ou un presbytre de l’Église catholique, il est évident que l’évêque de l’Église conservera la dignité épiscopale tandis que celui qui est appelé “évêque” parmi ceux qui se disent “cathares” n’aura plus que la dignité presbytérale, à moins que l’évêque ne juge bon de le laisser jouir de l’honorariat de ce titre ; mais si cela ne convient pas à l’évêque, qu’il lui ménage une place de chorévêque ou de presbytre afin que l’on puisse bien voir qu’il fait complètement partie du clergé, mais afin aussi qu’il n’y ait point deux évêques dans une même ville.
D’autres conciles développent la même tripartition. Voici par exemple le texte du canon 7 du IIème Concile œcuménique de Constantinople de 391 :
Ceux qui reviennent de l’hérésie à l’Orthodoxie et à l’héritage des sauvés doivent être reçus selon la procédure requise selon l’usage. Les ariens et les macédoniens, les sabbatiens et les novatiens qui se qualifient de cathares, les aristeriens de même que les tétradites et les apollinaristes ne doivent être admis que sur présentation de déclarations anathématisant par écrit toute hérésie qui ne pense pas ainsi que pense la sainte Église de Dieu, catholique et apostolique ; ils doivent tout d’abord recevoir le sceau, c’est-à-dire être oints du saint Chrême sur le front, sur les yeux et sur les narines, sur la bouche et sur les oreilles ; et lorsque nous les oignons nous disons : Sceau du don du saint Esprit.

Quant aux eunomiens, ceux qui ne baptisent qu’avec une seule immersion, aux montanistes, à ceux que l’on appelle ici les phrygiens et aux sabelliens qui enseignent la doctrine du Père-Fils et commettent d’autres choses abominables (et il en existe ici un certain nombre, surtout parmi ceux qui viennent du pays des Galates), tous ceux qui veulent passer à l’Orthodoxie, nous ne les recevons qu’en tant que païens, et le premier jour nous faisons d’eux des chrétiens, le second jour nous les faisons catéchumènes, le troisième jour nous les exorcisons en leur soufflant trois fois sur le visage et sur les oreilles, et ensuite nous les instruisons en les laissant venir à l’Église durant une année pour entendre les Écritures et après cela nous les baptisons.
Le Quinisexte Concile œcuménique de 691 modifie et complète dans son canon 95 le texte que nous venons de citer, récapitulant ainsi ainsi la procédure de réconciliation des hétérodoxes :
Ceux qui reviennent du parti des hérétiques à l’Orthodoxie et à l’assemblée des rachetés, nous les recevons conformément au rite et à l’usage qui suivent : Les ariens, les macédoniens, les novatiens qui se disent “purs”, les aristeriens, les quatordécimans ou tétradites et les apollinaristes, nous les recevons en leur faisant signer un libelle d’abjuration et anathématiser toute hérésie qui ne pense pas comme la sainte Église de Dieu, catholique et apostolique, nous les signons, c’est-à-dire que nous les oignons d’abord du saint chrême au front, aux yeux, aux narines, à la bouche et aux oreilles tout en disant ; Sceau du don du saint Esprit.

En ce qui concerne les sectateurs de Paul de Samosate qui décident de retourner dans l’Église catholique, il a été décidé qu’il est absolument nécessaire de les rebaptiser. Quant aux eunomiens qui sont baptisés par une unique immersion, et aux montanistes, qu’on nomme aussi Phrygiens, aux sabelliens, qui admettent l’identité du Père et du Fils et accomplissent aussi d’autres rites abominables et à tous les autres hérétiques, et ils sont fort nombreux, surtout ceux qui viennent du pays des Galates, tous ceux parmi eux qui veulent revenir dans l’Orthodoxie, nous devons les recevoir comme des païens. Le premier jour nous les signons du signe de la Croix, le second nous les admettons parmi les catéchumènes, le troisième jour nous les exorcisons en leur soufflant par trois fois sur le visage et sur les oreilles, et alors nous les instruisons et nous les admettons à assister dans l’église durant une année pour écouter la lecture des saintes Écritures, puis nous les baptisons. De même nous rebaptisons les manichéens et les marcionites et ceux qui viennent de semblables hérésies, les recevant comme des païens.

Tandis que les nestoriens et les eutychiens et les sévériens et ceux de semblables hérésies doivent présenter une déclaration écrite d’abjuration et anathématiser leur hérésie et Nestorius, et Eutychès, et Dioscore, et Sévère et les autres hérésiarques et leurs sectateurs et toutes les hérésies que nous avons citées, et alors seulement ils seront admis à la sainte communion.
On notera que ce dernier paragraphe vise essentiellement ceux que l’on appelle maintenant “les anti-chalcédoniens”.

Il y a deux interprétations théoriques possibles à l’attitude des canons de l’Église concernant la réconciliation des schismatiques : soit que l’Église estime que les groupes schismatiques, puisqu’ils continuent de pratiquer le Baptême au nom du Père, et du Fils et du saint Esprit, n’ont pas totalement rompu avec l’Église et que, puisque le Baptême peut être donné, en cas de nécessité, par quelqu’un qui n’a pas reçu la grâce du sacerdoce, les schismatiques n’ont pas pu rompre la transmission du Baptême; soit que leur Baptême est nul et non avenu, mais que l’Église doit respecter la forme sacrée de ce geste accompli sans valeur par les hérétiques, et lui conférer la validité dont il était dépourvu, par l’onction du saint Chrême faite sur le schismatique lorsqu’il est reçu dans l’unique Église, car la Grâce que confèrent les saints Mystères, et celui-ci parmi d’autres, n’est pas une énergie unifonctionnelle. La Chrismation est alors l’activation d’un Baptême ineffectif.

Les canons ne comportent pas d’analyse doctrinale. Ce n’est pas leur objet. Ils se contentent de rappeler ce qu’était la Tradition transmise à l’unique Église par les Apôtres. Ils ne nous permettent donc pas de trancher entre deux interprétations possibles, ils se contentent d’affirmer que c’est bien là la pratique inspirée qui s’impose à l’Église orthodoxe.

Aucun canon bien entendu, ne mentionne le catholicisme et le sort qui doit être réservé aux catholiques lorsqu’ils demandent à être reçus dans l’Église orthodoxes. Les canons inclus dans le Corpus canonum de l’Église orthodoxe sont antérieurs à 1054. Le problème est donc de savoir dans quelle catégorie il faut classer l’Église catholique. L’adjonction du Filioque dans le Symbole de la foi, dont il a été longuement question dans un autre fil, doit-elle conduire à classer le catholicisme parmi les hérésies? Cependant il est certain que l’Église catholique n’a pas modifié la règle de foi que représente la formule batismale : Au nom du Père, et du Fils et du saint Esprit. Les prêtres catholiques qui avaient tenté à une certaine époque de la modifier ont vite été rappelés à l’ordre.

Il est certain que l’adjonction du Filioque a constitué le verrouillage, le point de rupture définitif entre le catholicisme et l’Orthodoxie. Je crois d’ailleurs qu’il n’a été que l’étape décisive, irréversible dans une évolution beaucoup plus ancienne qui l’avait préparée, et que par la suite l’orgueil occidental, dont la force et la violence avaient été décuplées par cet égarement de la foi, a multiplié ses méfaits, engendrant un monde “nouveau” qui court maintenant à la folie auto-destructrice.

Mais je crois aussi qu’on ne doit pas prendre à la lettre la fausse cohérence systématique du catholicisme. La transmission, fût-elle formelle, de la formule trinitaire baptismale doit être considérée comme suffisante pour que nous considérions les catholiques comme "schismatiques". Les hérétiques seraient je crois les mormons, témoins de Jéhovah, salutistes, quakers, unitariens, New Age, etc, etc... et tous ceux qui ne pensent même pas à se référer même formellement à la foi trinitaire.

Mais aussi longtemps que la formule baptismale du catholicisme restera inchangée, nous devons ne considérer l’adjonction du Filioque qu’au niveau du commentaire, pêle-mêle avec les nombreuses affabulations et aberrations spirituelles et les élucubrations théologiques dont le catholicisme se rend coupable.[/i]

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J'ajouterai deux nouveaux commentaires : d'abord qu'on ne peut pas considérer que le monde spirituel se divise purement et simplement en orthodoxes et en païens. Il faut bien admettre qu'il existe diverses catégories de chrétiens non-orthodoxes. On doit donc adopter diverses pratiques à l'égard de diverses pratiques.

La deuxième remarque est que l'Église catholique n'a pas seulement créé un schisme, et adopté une hérésie, tout en continuant à transmettre le Baptême correct, elle a, par-dessus le marché pollué les sources de la vie spirituelle en créant un type d'homme nouveau, qui se veut a-spirituel, mais qui n'est en réalité qu'un auto-muyilé.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
Claude le Liseur
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Message par Claude le Liseur »

Thierry-VCO a écrit :Christ est ressuscité!

Voici un texte paru sur le site jour du Seigneur.
http://www.lejourduseigneur.com/jds/det ... &id_key=37
Exemple type des médias d'aujourd'hui .

Le millénaire d'une impossible réconciliation.

Juillet 2004 marque le millénaire de la rupture entre l'Eglise orthodoxe et l'Eglise de Rome, et aujourd'hui encore, il n'est pas très populaire dans les Balkans de dire que les orthodoxes et les catholiques sont issus de la même civilisation religieuse.

"Ici, personne n'a le courage de s'élever jusqu'au Christ et à son message, préférant s'en tenir aux divisions historiques et politiques." C'est le constat que fait le théologien laïc serbe orthodoxe Mirko Djordjevic qui plaide pour un véritable dialogue, qui ne va pas sans risques, et que rapporte le "Courrier des Balkans". (...)

L'inepte "théologien laïc" Mirko Djordejevic et le propagandiste anti-serbe Jean-Arnault Dérens . On ne voit jamais l'un sans l'autre.

Le Temps, "quotidien suisse édité à Genève", avait publié le 9 janvier 2001, en page 9, un article du "bouffeur de Serbes" Jean-Arnault Dérens, "Aux racines du nationalisme serbe", où ce journaliste indépendant (ou plutôt agent d'influence?) citait déjà son grand copain Mirko Djordjevic le "théologien laïc", qu'il qualifiait au passage de "rare figure de croyant libre et critique en terre orthodoxe" (= "ne représente que lui-même"). Dans le texte, Djordjevic le grand théologien, confondait les termes d'économie et symphonie, et Dérens nous expliquait que le phylétisme (dont nous savons tous qu'il a été condamné au concile de Constantinople en 1872) était un enseignement de l'Eglise orthodoxe! Le même journal a publié, dans son courrier des lecteurs du numéro du 3 février 2001, en page 24, ma réfutation du texte de Dérens et Djordjevic sous le titre "Orthodoxie et hérésie".

70% des Serbes, 75% des Monténégrins ne sont pas baptisés. Le taux de pratique de ceux qui sont baptisés est inférieur à 5%. La Serbie-Monténégro est considérée comme le pays le plus sécularisé du monde après la Bulgarie. (L'Albanie, autrefois numéro 1 de ce triste palmarès, a connu un renouveau religieux, merci Mgr Anastase Yannoulatos!) C'est naturellement la chose la plus nécessaire dans cette situation d'avoir Mirko Djordjevic pour travailler au rapprochement avec le Vatican. Pour demander au Vatican la recette magique qui lui a permis d'avoir en France ou en Argentine pratiquement le même degré de sécularisation qu'en Serbie, mais sans passer par la case "communisme"?

Mirko Djordjevic a sans doute, dans son génie théologique, estimé qu'il était plus urgent de faire de l'oecuménisme sur le dos de ses compatriotes dans le journal virtuel de Dérens que de s'occuper des basses et rebutantes tâches de catéchèse et de mission.
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