Mémoire de Saint Sébastien le 18 décembre
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Pardonnez moi de répondre en retard une fois de plus.
Incise pour Antoine : je crois que je supporte de moins en moins cette façon d’écrire « Franks » avec un k pour bien insister sur leur appartenance à l’ensemble linguistique et culturel germanique. Je sais bien que vous n’êtes pas le seul et que cela vient de Romanides, mais c’est un peu lourd, à force, et c'est ce qui m'avait fait penser à du "phylétisme à rebours".
Je voudrais revenir sur la spécificité de l'hérésie romaine.
Charlemagne : nous sommes bien d’accord, c’est la période clef, encore qu’à mon sens, il faut remonter à l’usurpation de fait de son ancêtre Pépin de Herstal, duc d’Austrasie autoproclamé. L’assassinat de Dagobert II et la rupture avec l’Irlande qui va s’ensuivre sont des indices déjà que quelque chose rampe. On ne rompt pas avec une terre orthodoxe comme l'Irlande sans une idée derrière la tête.
Je ne suis pas sûre du tout, par contre, que Charlemagne n’ait obéi qu’à des préoccupations politiques et n’ait pas fait de choix dogmatique. Le mépris pour les « Franks » chez Romanides, Béziat ou d'autres s’accompagne souvent d’un portrait du grand Charles en barbare ignorant, illettré et dictatorial. Cette caricature n’a aucun sens pour un historien qui étudie les documents d’époque, je suis désolée ; mais si je vois un roi intelligent capable de s’entourer des plus grands intellectuels de son temps et d’entreprendre avec eux, outre la conquête d’une bonne partie des pays germaniques, une réforme en profondeur de l’ordre social, alors je ne peux pas le dédouaner de ses choix dogmatiques. Le projet de Charlemagne n’est pas une simple avidité de pouvoir, c’est une idéologie totalitaire augustinienne et iconoclaste qui s’est imposée par la répression brutale d’un début de guerre civile et qui a profondément remodelé la société, les institutions, le droit, sans parler de la liturgie et du monachisme. Le concile de Francfort préfigure quant aux icônes la position « neutraliste » de l’empereur de Byzance Michel d’Amorium en 820. Il faut se remettre dans le contexte d’époque : la régence d’Irène (780-802) et le concile de Nicée II de 786 sont une embellie entre deux orages, deux vagues de persécution iconoclaste initiées par les empereurs byzantins. Byzance est officiellement iconoclaste de 726 à 780, de 802 à 820 (neutraliste), de 837 à 842, jusqu'à la régence de Théodora. Bénissons Dieu de l’orthodoxie de Théodora, qui a sauvé l’Eglise et lui a permis de vivre autrement que dans la clandestinité. C’était de justesse !
Juste une incise encore sur Karl der Grosse : sa réforme n’est pas féodale. Le féodalisme va surgir lors de l’effondrement du modèle carolingien après Charles le Chauve, un peu à la façon dont les mafias et les oligarques ont surgi en Russie lors de l’effondrement du communisme. C’est devant cet éparpillement des principautés féodales, leurs guerres incessantes et la perte des privilèges ecclésiaux carolingiens que Cluny va lancer son propre programme de réformes, reprenant l’idéologie augustinienne mais transférant l’imperium sur la papauté.
L’hérésie kto est-elle aussi polymorphe que ça ? Je me le demande de plus en plus. J’ai plutôt l’impression d’un « programme » au sens informatique qui se déroule, entraînant une conséquence après l’autre. Il y a une logique dans tout ça, une logique humaine, trop humaine comme aurait dit Nietzsche, mais pas une incohérence ni une plasticité protoplasmique. Aujourd’hui, cette idéologie est à bout de souffle. Même si B16 la défend avec toute son érudition, il n’est pas suivi par ses troupes et, dans le peuple, c’est la croyance à la carte, la pétaudière liturgique et une soif spirituelle aussi puissante qu’aveugle.
Mais il est vrai que cette hérésie s’est greffée sur ce que Jean Louis Palierne appelle « un arbre toujours vivant », dans la mesure même où il y eut, tant à l’époque carolingienne qu’à l’époque clunisienne, usurpation dans l’Eglise et pas constitution d’une hiérarchie parallèle. C’est sans doute la grande différence avec l’arianisme ou les autres hérésies schismatiques dès le départ parceque repérées immédiatement. Mais c’est aussi ce qui a bien failli arriver à Byzance pendant un gros siècle d’iconoclasme impérial, puisque l’empereur démettait les évêques qui lui déplaisaient à commencer par le patriarche de Constantinople et les remplaçait par des hérétiques (au moins de fait : des serviles), fermait les monastères, réprimait dans le sang toute opinion contraire.
Le schisme n’est venu que lorsque l’Eglise, à Byzance, fut assez ré-affermie pour pouvoir dénoncer l’évolution romaine.
Incise pour Antoine : je crois que je supporte de moins en moins cette façon d’écrire « Franks » avec un k pour bien insister sur leur appartenance à l’ensemble linguistique et culturel germanique. Je sais bien que vous n’êtes pas le seul et que cela vient de Romanides, mais c’est un peu lourd, à force, et c'est ce qui m'avait fait penser à du "phylétisme à rebours".
Je voudrais revenir sur la spécificité de l'hérésie romaine.
Charlemagne : nous sommes bien d’accord, c’est la période clef, encore qu’à mon sens, il faut remonter à l’usurpation de fait de son ancêtre Pépin de Herstal, duc d’Austrasie autoproclamé. L’assassinat de Dagobert II et la rupture avec l’Irlande qui va s’ensuivre sont des indices déjà que quelque chose rampe. On ne rompt pas avec une terre orthodoxe comme l'Irlande sans une idée derrière la tête.
Je ne suis pas sûre du tout, par contre, que Charlemagne n’ait obéi qu’à des préoccupations politiques et n’ait pas fait de choix dogmatique. Le mépris pour les « Franks » chez Romanides, Béziat ou d'autres s’accompagne souvent d’un portrait du grand Charles en barbare ignorant, illettré et dictatorial. Cette caricature n’a aucun sens pour un historien qui étudie les documents d’époque, je suis désolée ; mais si je vois un roi intelligent capable de s’entourer des plus grands intellectuels de son temps et d’entreprendre avec eux, outre la conquête d’une bonne partie des pays germaniques, une réforme en profondeur de l’ordre social, alors je ne peux pas le dédouaner de ses choix dogmatiques. Le projet de Charlemagne n’est pas une simple avidité de pouvoir, c’est une idéologie totalitaire augustinienne et iconoclaste qui s’est imposée par la répression brutale d’un début de guerre civile et qui a profondément remodelé la société, les institutions, le droit, sans parler de la liturgie et du monachisme. Le concile de Francfort préfigure quant aux icônes la position « neutraliste » de l’empereur de Byzance Michel d’Amorium en 820. Il faut se remettre dans le contexte d’époque : la régence d’Irène (780-802) et le concile de Nicée II de 786 sont une embellie entre deux orages, deux vagues de persécution iconoclaste initiées par les empereurs byzantins. Byzance est officiellement iconoclaste de 726 à 780, de 802 à 820 (neutraliste), de 837 à 842, jusqu'à la régence de Théodora. Bénissons Dieu de l’orthodoxie de Théodora, qui a sauvé l’Eglise et lui a permis de vivre autrement que dans la clandestinité. C’était de justesse !
Juste une incise encore sur Karl der Grosse : sa réforme n’est pas féodale. Le féodalisme va surgir lors de l’effondrement du modèle carolingien après Charles le Chauve, un peu à la façon dont les mafias et les oligarques ont surgi en Russie lors de l’effondrement du communisme. C’est devant cet éparpillement des principautés féodales, leurs guerres incessantes et la perte des privilèges ecclésiaux carolingiens que Cluny va lancer son propre programme de réformes, reprenant l’idéologie augustinienne mais transférant l’imperium sur la papauté.
L’hérésie kto est-elle aussi polymorphe que ça ? Je me le demande de plus en plus. J’ai plutôt l’impression d’un « programme » au sens informatique qui se déroule, entraînant une conséquence après l’autre. Il y a une logique dans tout ça, une logique humaine, trop humaine comme aurait dit Nietzsche, mais pas une incohérence ni une plasticité protoplasmique. Aujourd’hui, cette idéologie est à bout de souffle. Même si B16 la défend avec toute son érudition, il n’est pas suivi par ses troupes et, dans le peuple, c’est la croyance à la carte, la pétaudière liturgique et une soif spirituelle aussi puissante qu’aveugle.
Mais il est vrai que cette hérésie s’est greffée sur ce que Jean Louis Palierne appelle « un arbre toujours vivant », dans la mesure même où il y eut, tant à l’époque carolingienne qu’à l’époque clunisienne, usurpation dans l’Eglise et pas constitution d’une hiérarchie parallèle. C’est sans doute la grande différence avec l’arianisme ou les autres hérésies schismatiques dès le départ parceque repérées immédiatement. Mais c’est aussi ce qui a bien failli arriver à Byzance pendant un gros siècle d’iconoclasme impérial, puisque l’empereur démettait les évêques qui lui déplaisaient à commencer par le patriarche de Constantinople et les remplaçait par des hérétiques (au moins de fait : des serviles), fermait les monastères, réprimait dans le sang toute opinion contraire.
Le schisme n’est venu que lorsque l’Eglise, à Byzance, fut assez ré-affermie pour pouvoir dénoncer l’évolution romaine.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."
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- Inscription : mer. 18 juin 2003 15:13
Je n'ai pas votre grande érudition et je n'ai pas non plus sous la main un recueil des écrits du prince des canonistes.Jean-Louis Palierne a écrit :En ce qui concerne Balsamon : Moi je regarde le Pèdalion, c’est-à-dire les canons + un folrilèges de citations de canonistes (Balsamon Zonaras et quelques autres) et je ne vois pas cela, la position du Pèdalion n’est pas orientée en ce sens, et pas non plus le traité de Nicodème Milash. Mais je n’ai peut-être pas tout trouvé? Je pose donc la question.
Toutefois, le patriarche Théodore Balsamon prescrivait le baptême comme mode de réception des catholiques romains qui n'avait eu qu'une seule immersion au lieu de la triple immersion; cette pratique d'une seule immersion commençait à se répandre, mais elle n'avait pas triomphé chez tous les fidèles de la Papauté et c'est pour cela que Balsamon ne dit pas qu'il faut tous les recevoir par le baptême; voici le passage pertinent:
πάντες οι εις μίαν βαπτιζόμενοι κατάδυσιν πάλιν βαπτίζονται
Ma traduction:
"Tous ceux qui ont été immergés une seule fois, il faut les baptiser de nouveau."
Vous me répondrez sans doute que Théodore Balsamon n'est pas parole d'Evangile, mais je le cite quand même pour information.
Il est cité dans le livre du protopresbytre professeur Georges Metallinos (page 80 de l'édition grecque, page 83 de la traduction anglaise).
Dernière modification par Claude le Liseur le ven. 23 juin 2006 15:04, modifié 1 fois.
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- Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02
C’est probablement vrai et il faudrait s’en souvenir pour la simple/triple immersion. Mais je ne pense pas que la simple immersion se soit vraiment répandue chez les catholiques d’avant Vatican II. Je me souviens que les catholiques enseignaient jadis la nécessité de la triple immersion.
L’Église catholique romaine a très longtemps veillé à ce que sur quelques points-clé, comme le Baptême, ou l’ordination épiscopale, elle ne s’écartât pas de quelques pratiques traditionnelles, or ces quelques points; qui subsistaient comme des blocs erratiques dans la cohérence catholique, allaient au-delà de ce que sa scolastique pouvvait justifier. La doctrine scolastique sur le Baptême ne justifiait pas la triple immersion, mais on la conservait. La scolastique cathoiique sur l’épiscopat ne justifiait pas la nécessaire participation de trois évêques, 1 consécrateur et deux co-consécrateurs, mais on les conservait.
C’était un aveu que l’Église avait existé avant d’être justifiée en totalité par le catholicisme conceptuel.
Mais pour l'Église catholique on ne peut se contenter ni de citer leurs textes officiels, ni de généraliser certaines aberrations.
Par contre pour l’Église orthodoxe, l’opinion de canonistes éminents tels que Zonaras, Balsamon ou Blastarès ou d’autres, est bien plus importante que les raisonnements scolastiques. Ils sont cités immédiatement après les Pères dans le Pèdalion.
Je saisis l’occasion pour revenir sur ce que j’ai dit sur les différents groupes para-orthodoxes occidentaux. Je crois que j’ai parlé trop vite. Pour distinguer entre les hétérodoxes du deuxième rite (“schismatiques”) et ceux du troisième rite (“parasynagogues”) le Baptême ne suffit plus à fournir l’élément discrimant. C’est là que le discernement pastoral, qui est le fruit du charisme épiscopal, doit intervenir.
Je crois qu’en ce qui concerne les groupes qui se trouve autour de l’Église orthodoxe en Occident, ce discernement peut parfaitement s’appliquer. C’est tout le sens des décisions prises par l’Église de Serbie au sujet de l’ex-UACORO. C’est-à-dire que l’élément discriminant dans ce cas est l’attitude des hétérodoxes à l’égard du Baptême orthodoxe : s’ils veulent rebaptiser les Orthodoxes, on ne peut plus les reconnaître, le jour où ils veulent retourner dans l’Église, que comme des schismatiques. Mais si ce n’était pas leur attitude, la position serbe sur l’UACORO se justifie pleinement et fournit un précédent.
Quant à la reine orthodoxe de la très-catholique Espagne, j'ai m'impression qu'elle travaille très bien dans la discrétion. Il paraît qu'on a vu récemment à Madrid le baptême d'un enfant de la famille royale grecque en exil baptisé dans l'Église orthodoxe avec comme parrain et marraine un fils du prince de Galles (qui a renoué les contacts avec l'origine orthodoxe de son père), et une fille de la reine d'Espagne, une infante. Affaire à suivre ?
La souplesse orthodoxe peut être parfois très utile.
L’Église catholique romaine a très longtemps veillé à ce que sur quelques points-clé, comme le Baptême, ou l’ordination épiscopale, elle ne s’écartât pas de quelques pratiques traditionnelles, or ces quelques points; qui subsistaient comme des blocs erratiques dans la cohérence catholique, allaient au-delà de ce que sa scolastique pouvvait justifier. La doctrine scolastique sur le Baptême ne justifiait pas la triple immersion, mais on la conservait. La scolastique cathoiique sur l’épiscopat ne justifiait pas la nécessaire participation de trois évêques, 1 consécrateur et deux co-consécrateurs, mais on les conservait.
C’était un aveu que l’Église avait existé avant d’être justifiée en totalité par le catholicisme conceptuel.
Mais pour l'Église catholique on ne peut se contenter ni de citer leurs textes officiels, ni de généraliser certaines aberrations.
Par contre pour l’Église orthodoxe, l’opinion de canonistes éminents tels que Zonaras, Balsamon ou Blastarès ou d’autres, est bien plus importante que les raisonnements scolastiques. Ils sont cités immédiatement après les Pères dans le Pèdalion.
Je saisis l’occasion pour revenir sur ce que j’ai dit sur les différents groupes para-orthodoxes occidentaux. Je crois que j’ai parlé trop vite. Pour distinguer entre les hétérodoxes du deuxième rite (“schismatiques”) et ceux du troisième rite (“parasynagogues”) le Baptême ne suffit plus à fournir l’élément discrimant. C’est là que le discernement pastoral, qui est le fruit du charisme épiscopal, doit intervenir.
Je crois qu’en ce qui concerne les groupes qui se trouve autour de l’Église orthodoxe en Occident, ce discernement peut parfaitement s’appliquer. C’est tout le sens des décisions prises par l’Église de Serbie au sujet de l’ex-UACORO. C’est-à-dire que l’élément discriminant dans ce cas est l’attitude des hétérodoxes à l’égard du Baptême orthodoxe : s’ils veulent rebaptiser les Orthodoxes, on ne peut plus les reconnaître, le jour où ils veulent retourner dans l’Église, que comme des schismatiques. Mais si ce n’était pas leur attitude, la position serbe sur l’UACORO se justifie pleinement et fournit un précédent.
Quant à la reine orthodoxe de la très-catholique Espagne, j'ai m'impression qu'elle travaille très bien dans la discrétion. Il paraît qu'on a vu récemment à Madrid le baptême d'un enfant de la famille royale grecque en exil baptisé dans l'Église orthodoxe avec comme parrain et marraine un fils du prince de Galles (qui a renoué les contacts avec l'origine orthodoxe de son père), et une fille de la reine d'Espagne, une infante. Affaire à suivre ?
La souplesse orthodoxe peut être parfois très utile.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
paliernejl@wanadoo.fr
Quelle mémoire Jean-Louis! Mais il y a combien de temps que nous n'avez pas assisté à un office kto? (Mariage, baptème, communion solennelle, confirmation, messe du dimanche,ou pire: messe des jeunes, messe en semaine.)[...] chez les catholiques d’avant Vatican II. Je me souviens que les catholiques enseignaient jadis la nécessité de la triple immersion.
Parmi les catéchumènes qui se présentent aujourd'hui pour une conversion, combien sont nés avant Vatican II?
C'est à cela que servent les canons et non pas à une application légaliste juridique et jurisprudentielle à la romaine. La romaine finit toujours en salade...C’est là que le discernement pastoral, qui est le fruit du charisme épiscopal, doit intervenir.
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- Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02
Antoine a écrit en me citant :
C'est l'importance que nous accordons aux règles transmise par la Tradition fondatrice de lÉglise qui nous amène à nous interroger sur la procédure qui doit être appliquée pour la réception des orthodoxes. On ne peut pas invoquer la rigueur canonique pour proposer un anabaptisme généralisé et crier au légalisme quand on étudie le véritable contenu du droit.
Nous en parlions parce que Claude avait posé le problème de l'unique aspersion qui a existé parfois chez eux avant Vatican II, et que Balsamon prend soin de distinguer cette pratique du cas général des catholiques. C'est du bon travail de jurisconsulte. Mais tout cela concerne une période très antérieure à Vatican II.
J'avais écrit auparavant :
Par contre je crois que depuis Vatican II ils n'ont pas su maintenir la continuité du rite d'ordination épiscopale qui avant Vatican II remontait à une origine très antique et avait résisté à la normalisation scolastique. Mais de cela je n'ai entendu parler que par ce qu'en disent certains catholiques intégristes.
Tout droit sérieux, comme le droit canon, doit comprendre des règles (et d'ailleurs une hiérarchie des règles) des commentaires de jurisconsultes, et des décisions particulières. De plus les canons de l'Église mettent une large marge de décision à la disposition du discernement des évêques, qui ont à jouer un rôle non seulement de juge, mais aussi de pédagogue et de thérapeute.C'est à cela que servent les canons et non pas à une application légaliste juridique et jurisprudentielle à la romaine. La romaine finit toujours en salade...C’est là que le discernement pastoral, qui est le fruit du charisme épiscopal, doit intervenir.
C'est l'importance que nous accordons aux règles transmise par la Tradition fondatrice de lÉglise qui nous amène à nous interroger sur la procédure qui doit être appliquée pour la réception des orthodoxes. On ne peut pas invoquer la rigueur canonique pour proposer un anabaptisme généralisé et crier au légalisme quand on étudie le véritable contenu du droit.
Nous en parlions parce que Claude avait posé le problème de l'unique aspersion qui a existé parfois chez eux avant Vatican II, et que Balsamon prend soin de distinguer cette pratique du cas général des catholiques. C'est du bon travail de jurisconsulte. Mais tout cela concerne une période très antérieure à Vatican II.
J'avais écrit auparavant :
Effectivement depuis un bon demi-siècle je ne vois plus ce qui se passe chez eux, mais j'en entends souvent parler et je crois avoir dit ici à maintes reprises ce que je pense de leur dérive, qui se transforme maintenant en une dégringolade accélérée. Concernant la forme du Baptême, il y a eu dans la période qui a suivi immédiatement Vatican II des aberrations, mais la hiérarchie a redressé la barre et a imposé à nouveau le minimum. Ce n'est probablement pas le fruit du hasard.Jean-Louis il y a combien de temps que nous n'avez pas assisté à un office kto? (Mariage, baptème, communion solennelle, confirmation, messe du dimanche, messe en semaine.)[...] chez les catholiques d’avant Vatican II. Je me souviens que les catholiques enseignaient jadis la nécessité de la triple immersion.
Parmi les catéchumènes qui se présentent aujourd'hui pour une conversion, combien sont nés avant Vatican II?
Par contre je crois que depuis Vatican II ils n'ont pas su maintenir la continuité du rite d'ordination épiscopale qui avant Vatican II remontait à une origine très antique et avait résisté à la normalisation scolastique. Mais de cela je n'ai entendu parler que par ce qu'en disent certains catholiques intégristes.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
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Pourriez vous illustrer cette "marge" avec d'autres canons et nous communiquer votre approche de l'Eglise au travers de ces canons comme expression de la Tradition.Jean-Louis Plaierne a écrit :De plus les canons de l'Église mettent une large marge de décision à la disposition du discernement des évêques, qui ont à jouer un rôle non seulement de juge, mais aussi de pédagogue et de thérapeute.
Vous avez toujours insisté sur les charismes des évêques, leur place centrale. Face au modernisme vous avez toujours rappelé que « Là où est l'évêque, là est l'Eglise. » C'est une notion importante, que vous devriez encore largement développer sur le forum avec celle qui est inséparable de sa vie "mystérique": l'Eglise corps du Christ .
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- Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02
L'ordre sacré et les limites de l'Église, ses pouvoirs et ses rites
En s'incarnant en ce monde déchu, le Fils unique et Verbe de Dieu venait pour retrouver la brebis perdue, parce qu'il avait formé le dessein, dans son immense compassion et magnanimité, de sauver l'homme que les brigands avaient laissé à demi-mort et de restaurer son image déchue, souillée par la boue de nos passions. Le Dieu-homme a alors voulu que l'homme Lui réservât un lieu sacré, un sanctuaire. Ce fut le sein de la Vierge Marie, dont il a fait la Déipare [la Théotokos, la Mère de Dieu] et de laquelle il a tissé sa chair. car c'est elle qui a récapitulé les figures de l'Ancien Testament telles que l'Arche d'Alliance, la Tente du Témoignage ou le Temple. Et depuis lors le Seigneur, le Dieu-homme, en échange de l'économie de sa compassion, attend des hommes qu'ils fassent preuve d'une synergie qui doit aller jusqu'à l'édification d'une institution humaine, l'Église, dotée d'un ordre sacré et de limites précises, où les fidèles se réunissent pour la célébration de la sainte Eucharistie, anticipation du Royaume du Christ, et où fleurissent aussi les reliques des saints martyrs, les saints ascètes et les icônes sacrées, et comportant l'érection d'autels et l'aménagement d'espaces sacrés.
L'Église est le Sanctuaire de la bienveillance divine offerte à tous les hommes, et elle comporte en elle l'Autel sacré de Celui qui offre et est offert. Cet autel est un une pierre tirée des éléments de la terre, taillée par la main de l'homme, et consacrée par les prières de l'Église. C'est autour de l'autel unique où célèbre l'unique évêque que la communauté unique célèbre sa communion avec la foi transmise par les Pères. La communion et les charismes qui sont la caractéristique de l'Église, prouvant la vie qui sourd en elle, supposent que l'homme commence par prendre une attitude de distanciation, d'humilité et de repentir que l'on peut constater par exemple dans la réaction de Pierre lorsque Jésus lui avait fait pêcher beaucoup de poissons : Retire-Toi de moi, Seigneur, car je suis un pécheur !
Mais l'effroi qu'éprouvaient les hommes en présence du sacré doit maintenant le céder à l'appel que la bienveillance divine adresse en permanence aux hommes. Ce renversement des valeurs antiques qu'avait connues l'humanité païenne, lorsque “la Divinité” semblait multiple, lorsque les sacrifices étaient sanglants, lorsque les lieux sacrés étaient inaccessibles, ce renversement radical est bien celui qu'avaient annoncé les Anges lorsqu'ils virent la Nativité dans la chair du Fils unique de Dieu : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre, bienveillance aux hommes. Le sacré est maintenant accessible aux hommes qui s'approchent avec foi et crainte de Dieu.
C'est pour rendre cet accès plus facile que l'Église, sous l'inspiration de l'Esprit, a pris spontanément l'habitude - sans que les canons l'aient jamais sanctionnée - d'entourer le sanctuaire d'une cloison d'icônes tournées vers le peuple, marquant bien ainsi la nouveauté qu'apporte le culte chrétien par rapport aux cultes païens : depuis l'Incarnation du Verbe, le sacré désormais va vers les hommes. Et les icônes ne sont pas seulement les icônes du Christ et de sa Mère, ce sont aussi des icônes de saints, de même que dans l'autel sont scellées des reliques. Les icônes, les reliques et les ascètes apportent la médiation entre le Dieu tri-unique et les hommes.
Et la présence de Dieu parmi les hommes se manifeste maintenant par l'exercice des charismes dans l'ordre sacré de l'Église. Comme il en est de tout être vivant, les membres de l'Église ne forment pas un ensemble indifférencié, Leur place dans l'Église est différenciée par les charismes du service de l'Autel et du service de l'Église. Le service de l'autel est assuré par l'évêque, et ce service est démultiplié par le service des prêtres. Le service de l'Église est le charisme des diacres, cependant que le charisme du peuple royal porte le témoignage de la résurrection du Christ. Au nom de toute l'Église, les moines assument la tâche difficile de tenter par leurs exploits ascétiques d'anticiper dans leurs personnes le Jour du Second avènement. Les rapports entre ces différents charismes constituent un ordre sacré qui est défini par les canons déterminant les limites de l'Église.
Si l'Église se refuse à utiliser des moyens de contrainte, de domination, analogues à ceux qu'utilise le pouvoir civil (à qui le pouvoir a été donné par Dieu), elle sait aussi que des pouvoirs lui ont été confiés : le pouvoir de lier et de délier et le pouvoir d'ordination. Il est du devoir des évêques d'en faire usage pour guider le troupeau qui leur a été confié. Ce pouvoir est laissé à leur charisme de discernement (diacrisis). Pour répandre la Parole de Dieu (la Loi des Béatitudes), pour enseigner aux fidèles la totalité de la Tradition transmise à l'Église par la Tradition de nos Pères dans la foi, pour guider son troupeau dans la voie de la croissance spirituelle, pour promouvoir les fidèles dans les charismes du service de l'Église, le rôle du charisme épiscopal est essentiel.
Un autre pouvoir a été confié à l'Église, celui de prendre des canons dont la portée s'étend à l'Église, telle qu'elle est répandue sur toute la surface de la terre. La très grande majorité des règles qui régissent l'Église provient de la Tradition de nos Pères dans la foi, et donc des Apôtres, qui l'avaient reçue du Seigneur Lui-même. C'est donc Lui le Fondateur de l'Église. Les canons de l'Église en effet sont dans leur très grande majorité issus de la Tradition non-écrite, mais il est arrivé que l'Église, en Concile œcuménique et sous l'inspiration de l'Esprit saint, leur apporte des modifications.
La plus notable est celle qui concerne le choix des évêques : à l'origine l'Église choisissait des hommes aussi bien célibataires que mariés ; sous l'inspiration de l'Esprit le Quinisexte Concile œcuménique a décidé (officialisant d'ailleurs une pratique qui était en cours de généralisation) de ne plus les choisir que parmi les moines. Ainsi se poursuit l'Histoire de la Révélation trinitaire, de plus en plus précise. Telle est l'inspiration que l'Esprit saint, qui est en l'Église, qu'il l'a parfois conduite à compléter sa forme originelle pour mieux expliciter la Révélation divine. Ce fut le cas pour le recrutement de l'épiscopat et pour l'institutionnalisation du monachisme, ce fut aussi le cas pour le développement du Typikon, de l'hymnographie et de l'iconographie.
Toutes ces structures canoniques forment ainsi l'Église en une institution humaine qui en tant que telle a des ordres et des limites. l'Église met en permanence à notre disposition la Grâce divine à profusion. Mais elle n'oublie jamais de construire une maison digne de Dieu et d'inviter les membres de la commu-nauté à respecter des règles de comportement tout aussi précises que les rites qu'elle impose aux actes liturgiques. L'Esprit est présent partout, mais lorsque les hommes comprennent qu'ils sont appelés à entrer dans l'Église, ils doivent accepter que cette communion et ces charismes comportent de respecter un certain ordre et certaines limites. Cela fait partie pour eux de cette foi et crainte de Dieu[/b] avec laquelle ils doivent aoorocher des saints Mystères.
Mais derrière ces exigences d'apparence formelles se trouve la réalité de l'Autel unique et du Sacrifice non-sanglant, du saint Mystère de l'offrande du Corps et du Sang de notre unique Sauveur, Celui qui offre et qui est offert. Pour perpétuer la mémoire de ce sacrifice le Seigneur a donné une forme humaine à la communauté de ses élus. C'est un Corps articulé en de multiples membres ; la Grâce s'y répand en des gestes visibles, en des prières bien définies. Ce Corps possède des ordres et des limites. Il se peut que des hommes parfois en déchoient. D'autres restent au dehors, sans savoir que c'est de la Grâce de l'Église qu'ils tiennent le souffle et la vie.
L'Église est l'institution qui met le sacré à la disposition des hommes, à la seule condition qu'ils acceptent d'y entrer avec foi et crainte de Dieu par le Baptême et le sceau du don du saint Esprit. Ils sont alors admis au calice du Corps et du Sang du Dieu-homme, c'est à dire à l'anticipation du Jour du Seigneur. Mais elle doit aussi se protéger et écarter les pécheurs endurcis, comme on le voit lorsque Pierre déjoua et condamna les mensonges, les impostures et les propositions tant d'Ananias et de Saphire que de Simon le Magicien.
La Grâce surpasse les limites
Des hommes peuvent certes recevoir la Grâce sans qu'on leur ait conféré un Mystère, donc en dehors des limites que l'Église se doit d'observer. Les Actes des Apôtres nous en rapportent un exemple :
C'est cette dimension nécessairement physique, matérielle, gestuelle, des saints Mystères de l'Église, qui montre le mieux que le salut de l'homme est le salut de l'homme intégral, une restauration dans sa beauté originelle - et plus encore : une incorporation de son corps et de son âme à la Résurrection glorieuse du Dieu-homme. Nous sommes loin des interprétations moralisantes et intellectualisantes qui veulent voir dans les sacrements l'expression d'un soutien moral apporté à l'homme par la prière communautaire.
Nous savons que le rite donne la Grâce, mais la Grâce est partout et si elle est donnée avant le rite, elle ne dispense pas du rite, elle y conduit et c'est dans ce rite que l'homme trouve la grâce en surabondance. Dans l'Église l'homme retrouve le plein exercice de son intégralité, il n'est plus enchaîné à son corps, prisonnier d'une caverne : son illumination intérieure reste la plupart du temps invisible aux yeux de ses prochains, mais son appartenance à la part que le Dieu tri-unique s'est réservée dans la Création se manifeste par des gestes concrets, matériels, visibles, ce sont les saints Mystères. Inversement l'état de sainteté qu'ont atteint certaines âmes peut se constater à ce qu'une fois séparées de leurs corps ceux-ci restent mystérieusement incorruptibles. Grâce à la double nature de ces saints Mystères, c'est donc bien l'homme intégral qui est lavé et nourri par la Grâce, et il ressuscitera corps et âme pour la vie du Royaume.
Originalité de la communauté ecclésiale
et diversité des charismes
Et cependant les hommes qui font concrètement partie de l'Église s'habillent comme leurs voisins, forment des familles fortement soudées, travaillent honnêtement, participent à la vie commune et respectent l'autorité. Seul un petit nombre d'entre eux se retranche du monde pour mener une vie totalement différente de la vie commune. Les chrétiens ont une vie cultuelle qui est très dense, mais il suffit de savoir ce qu'est et ce qu'a été la vie des peuples orthodoxes, pour comprendre que cette vie cultuelle n'a jamais créé un enrégimentement contraignant. La “pratique” des fidèles n’y est qu’un indice très approximatif de leur foi.
La profonde originalité de la communauté ecclésiale que constituent les chrétiens se situe ailleurs. Elle ne peut s'expliquer que par une espérance escha-tologique qui vient transfigurer toute leur vie quotidienne, renversant tout le système de valeurs qui règle le comportement de leurs contemporains. Dès les origines elle se distinguait de tous les autres groupements que l'esprit humain peut concevoir, que ce fussent les nations, dont certaines n'étaient pas encore intégrées dans l'Empire romain, ou bien les classes sociales, alors fortement séparées, les collèges d'initiés des religions à mystères, les écoles philosophiques, les synagogues du Peuple élu, en ce que l'Église était unique pour une ville donnée et qu'elle regroupait l'ensemble des fidèles de tout âge, hommes et femmes de toute condition et de toute culture, de toute langue et de toute nation, en un seul lieu, en une unique assemblée pour vivre dès le temps présent la venue du Royaume. Il s'agit donc bien de l'assemblée des Saints. Présente dans le temps, elle est distincte de ce temps présent. Elle trouve sa signification au-delà de l'écoulement des choses.
Elle ne se répartit dans la succession des générations et dans les divisions de l'espace - et jusqu'au monde des défunts - que pour affirmer sa totale unité avec l'unique événement du Salut, la communion des Élus.
Comment l'Assemblée des fidèles est structurée pour la synaxe eucharisti-que, nous pouvons le voir dans l'Apocalypse de Jean, où le Voyant nous montre dans l'Assemblée des noces de l'Agneau - il est donc bien Celui qui offre et qui est offert -, le Seigneur trônant au haut lieu - là même où se trouve dans nos liturgies terrestres la place de l'évêque - entouré des membres du presbyterium et servi par les sept Anges-diacres. Devant Lui s'étend comme une mer de cristal, c'est le peuple royal. Tous les charismes de l'Église sont présents dans cette somptueuse vision, où déjà apparaît la place du trône épiscopal - en vérité c'est bien la place du Seigneur -, et donc le rôle central du charisme archi-hiératique dans la vie de l'Église.
C'est ce que nous montrent les saints Canons lorsqu'ils nous indiquent les règles de fonctionnement que doit observer l'Église, la réalité concrète et visible de la communauté des élus, car cette communauté comporte une réalité structurelle qui nous a été transmise par la Tradition de l'Église. Au centre de ce fonctionnement se trouve le charisme de l'évêque. Lorsque l'Église des premiers temps nous disait que celui qui préside l'Assemblée eucharistique, c'est-à-dire l'évêque, tient en fait “la place de Dieu” ou bien qu'il est “l'image du Christ”, elle s'appuyait fidèlement sur cette vision de l'Eucharistie dont témoigne déjà l'Apocalypse. En même temps elle voyait en ce président celui qui rassemble en lui-même toute l'Église locale en vertu du fait qu'il l'offre comme le corps du Christ à Dieu. Cela s'exprimait aussi dans cette conception fondamentale de l'Eucharistie : l'unité de la multitude en un seul. Il ne s'agit pas d'une prière purement mentale, il s'agit de la vie mystérique d'un corps multi-personnel, ensemble organique de personnes vivant dans la Création.
La diaconie propre de l'évêque, c'est-à-dire le service qu'il exerce dans l'Église, est de jouer le rôle de la Tête, au lieu et à l'image du Christ (eis tupon kai topon tou Christou). Décapitée, l'Église courrait à la mort. Le ministère de l'évêque manifeste donc à la fois, pour chaque lieu de l'espace et en chaque instant de l'Histoire l'unité de la communauté des élus rassemblés en Christ et l'unité de cette communauté rassemblée ici et maintenant avec toutes les communautés répandues par tout l'univers et échelonnées dans la suite des temps. C'est un ministère d'unité dans la communion : c'est parce que l'évêque préside au lieu et à la place du Christ que les fidèles peuvent devenir membres d'un corps unique formant ainsi le peuple royal.
Une structure aussi stupéfiante pour nos esprits humains, qui ont bien du mal à s'élever au-dessus de l'empirisme de la vie quotidienne, vient de la conviction qu'avait l'Église apostolique qui considérait que la structure de l'Eucharistie, telle que nous la décrivent les textes du Nouveau Testament - et par conséquent la structure de l'Église, qui alors ne se distingue pas de l'Assemblée eucharistique - faisait bien partie de la Révélation apportée par le Seigneur Lui-même, bien qu'elle ne fût pas consignée par écrit dans l'Écriture sainte.
Les Onze avaient été instruits par Lui de cette structure de l'Église durant les quarante jours qui s'écoulèrent entre sa Résurrection et son Ascension. Paul, qui n'était point alors présent, en reçut la révélation lorsque, cheminant sur la route de Damas pour y persécuter les chrétiens, il fut ravi jusqu'au troisième ciel où il entendit des paroles ineffables, ce qui lui permettra de parler aux Corinthiens de l'Eucharistie et des charismes de l'assemblée en ces termes : j'ai reçu du Seigneur et je vous ai transmis …
Or Paul n'a pu recevoir l'enseignement du Seigneur qu'alors qu'il fut ravi au troisième ciel sur la route de Damas, avant son Baptême, et c'est à cette Ré-vélation divine qu'il attribue son enseignement sur le rôle des charismes dans l'Église. Mais, après avoir demandé et reçu le Baptême, et lorsqu'il entreprit ses travaux missionnaires - or ce n'était pas seulement pour répandre le kérygme de la Résurrection, c'était aussi en vue de transmettre aux Gentils les instructions du Seigneur sur l'Assemblée eucharistique et l'ordonnance de ses charismes -, Paul prit soin de faire confirmer sa “mission” par le Synode apostolique. Ici encore l'Église donne la Grâce, et parce que Paul avait déjà reçu la Grâce, il ne s'estimait point dispensé pour autant d'obtenir la bénédiction de l'Église.
Dès les origines de la vie de l'Église on peut donc constater la nature fondamentalement synodale de la fonction épiscopale. Dès lors chaque synode épiscopal (provincial) sera comme un démultiplicateur du synode épiscopal œcuménique de l'ensemble des évêques répandus par tout l'univers et chaque évêque, institué par son synode provincial pour un lieu déterminé, l'est aussi par la succession de tous les synodes provinciaux qui l'ont précédé.
C'est toujours dans un synode en communion avec tous les autres synodes orthodoxesque les métropolites instituent des évêques, prolongeant, démultipliant et continuant le charisme épiscopal qui fonde son service dans la communauté. Un évêque tire sa légitimité de son institution par le métropolite d'un synode, et de sa communion avec ce synode, auquel il appartient, c'est-à-dire de la succession synodale et de la Tradition de la foi. Il doit toujours faire part de toutes les initiatives qu'il a prises, et de toutes les difficultés qu'il a rencontrées, au synode provincial auquel il appartient, qui seul peut le juger.
En s'incarnant en ce monde déchu, le Fils unique et Verbe de Dieu venait pour retrouver la brebis perdue, parce qu'il avait formé le dessein, dans son immense compassion et magnanimité, de sauver l'homme que les brigands avaient laissé à demi-mort et de restaurer son image déchue, souillée par la boue de nos passions. Le Dieu-homme a alors voulu que l'homme Lui réservât un lieu sacré, un sanctuaire. Ce fut le sein de la Vierge Marie, dont il a fait la Déipare [la Théotokos, la Mère de Dieu] et de laquelle il a tissé sa chair. car c'est elle qui a récapitulé les figures de l'Ancien Testament telles que l'Arche d'Alliance, la Tente du Témoignage ou le Temple. Et depuis lors le Seigneur, le Dieu-homme, en échange de l'économie de sa compassion, attend des hommes qu'ils fassent preuve d'une synergie qui doit aller jusqu'à l'édification d'une institution humaine, l'Église, dotée d'un ordre sacré et de limites précises, où les fidèles se réunissent pour la célébration de la sainte Eucharistie, anticipation du Royaume du Christ, et où fleurissent aussi les reliques des saints martyrs, les saints ascètes et les icônes sacrées, et comportant l'érection d'autels et l'aménagement d'espaces sacrés.
L'Église est le Sanctuaire de la bienveillance divine offerte à tous les hommes, et elle comporte en elle l'Autel sacré de Celui qui offre et est offert. Cet autel est un une pierre tirée des éléments de la terre, taillée par la main de l'homme, et consacrée par les prières de l'Église. C'est autour de l'autel unique où célèbre l'unique évêque que la communauté unique célèbre sa communion avec la foi transmise par les Pères. La communion et les charismes qui sont la caractéristique de l'Église, prouvant la vie qui sourd en elle, supposent que l'homme commence par prendre une attitude de distanciation, d'humilité et de repentir que l'on peut constater par exemple dans la réaction de Pierre lorsque Jésus lui avait fait pêcher beaucoup de poissons : Retire-Toi de moi, Seigneur, car je suis un pécheur !
Mais l'effroi qu'éprouvaient les hommes en présence du sacré doit maintenant le céder à l'appel que la bienveillance divine adresse en permanence aux hommes. Ce renversement des valeurs antiques qu'avait connues l'humanité païenne, lorsque “la Divinité” semblait multiple, lorsque les sacrifices étaient sanglants, lorsque les lieux sacrés étaient inaccessibles, ce renversement radical est bien celui qu'avaient annoncé les Anges lorsqu'ils virent la Nativité dans la chair du Fils unique de Dieu : Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre, bienveillance aux hommes. Le sacré est maintenant accessible aux hommes qui s'approchent avec foi et crainte de Dieu.
C'est pour rendre cet accès plus facile que l'Église, sous l'inspiration de l'Esprit, a pris spontanément l'habitude - sans que les canons l'aient jamais sanctionnée - d'entourer le sanctuaire d'une cloison d'icônes tournées vers le peuple, marquant bien ainsi la nouveauté qu'apporte le culte chrétien par rapport aux cultes païens : depuis l'Incarnation du Verbe, le sacré désormais va vers les hommes. Et les icônes ne sont pas seulement les icônes du Christ et de sa Mère, ce sont aussi des icônes de saints, de même que dans l'autel sont scellées des reliques. Les icônes, les reliques et les ascètes apportent la médiation entre le Dieu tri-unique et les hommes.
Et la présence de Dieu parmi les hommes se manifeste maintenant par l'exercice des charismes dans l'ordre sacré de l'Église. Comme il en est de tout être vivant, les membres de l'Église ne forment pas un ensemble indifférencié, Leur place dans l'Église est différenciée par les charismes du service de l'Autel et du service de l'Église. Le service de l'autel est assuré par l'évêque, et ce service est démultiplié par le service des prêtres. Le service de l'Église est le charisme des diacres, cependant que le charisme du peuple royal porte le témoignage de la résurrection du Christ. Au nom de toute l'Église, les moines assument la tâche difficile de tenter par leurs exploits ascétiques d'anticiper dans leurs personnes le Jour du Second avènement. Les rapports entre ces différents charismes constituent un ordre sacré qui est défini par les canons déterminant les limites de l'Église.
Si l'Église se refuse à utiliser des moyens de contrainte, de domination, analogues à ceux qu'utilise le pouvoir civil (à qui le pouvoir a été donné par Dieu), elle sait aussi que des pouvoirs lui ont été confiés : le pouvoir de lier et de délier et le pouvoir d'ordination. Il est du devoir des évêques d'en faire usage pour guider le troupeau qui leur a été confié. Ce pouvoir est laissé à leur charisme de discernement (diacrisis). Pour répandre la Parole de Dieu (la Loi des Béatitudes), pour enseigner aux fidèles la totalité de la Tradition transmise à l'Église par la Tradition de nos Pères dans la foi, pour guider son troupeau dans la voie de la croissance spirituelle, pour promouvoir les fidèles dans les charismes du service de l'Église, le rôle du charisme épiscopal est essentiel.
Un autre pouvoir a été confié à l'Église, celui de prendre des canons dont la portée s'étend à l'Église, telle qu'elle est répandue sur toute la surface de la terre. La très grande majorité des règles qui régissent l'Église provient de la Tradition de nos Pères dans la foi, et donc des Apôtres, qui l'avaient reçue du Seigneur Lui-même. C'est donc Lui le Fondateur de l'Église. Les canons de l'Église en effet sont dans leur très grande majorité issus de la Tradition non-écrite, mais il est arrivé que l'Église, en Concile œcuménique et sous l'inspiration de l'Esprit saint, leur apporte des modifications.
La plus notable est celle qui concerne le choix des évêques : à l'origine l'Église choisissait des hommes aussi bien célibataires que mariés ; sous l'inspiration de l'Esprit le Quinisexte Concile œcuménique a décidé (officialisant d'ailleurs une pratique qui était en cours de généralisation) de ne plus les choisir que parmi les moines. Ainsi se poursuit l'Histoire de la Révélation trinitaire, de plus en plus précise. Telle est l'inspiration que l'Esprit saint, qui est en l'Église, qu'il l'a parfois conduite à compléter sa forme originelle pour mieux expliciter la Révélation divine. Ce fut le cas pour le recrutement de l'épiscopat et pour l'institutionnalisation du monachisme, ce fut aussi le cas pour le développement du Typikon, de l'hymnographie et de l'iconographie.
Toutes ces structures canoniques forment ainsi l'Église en une institution humaine qui en tant que telle a des ordres et des limites. l'Église met en permanence à notre disposition la Grâce divine à profusion. Mais elle n'oublie jamais de construire une maison digne de Dieu et d'inviter les membres de la commu-nauté à respecter des règles de comportement tout aussi précises que les rites qu'elle impose aux actes liturgiques. L'Esprit est présent partout, mais lorsque les hommes comprennent qu'ils sont appelés à entrer dans l'Église, ils doivent accepter que cette communion et ces charismes comportent de respecter un certain ordre et certaines limites. Cela fait partie pour eux de cette foi et crainte de Dieu[/b] avec laquelle ils doivent aoorocher des saints Mystères.
Mais derrière ces exigences d'apparence formelles se trouve la réalité de l'Autel unique et du Sacrifice non-sanglant, du saint Mystère de l'offrande du Corps et du Sang de notre unique Sauveur, Celui qui offre et qui est offert. Pour perpétuer la mémoire de ce sacrifice le Seigneur a donné une forme humaine à la communauté de ses élus. C'est un Corps articulé en de multiples membres ; la Grâce s'y répand en des gestes visibles, en des prières bien définies. Ce Corps possède des ordres et des limites. Il se peut que des hommes parfois en déchoient. D'autres restent au dehors, sans savoir que c'est de la Grâce de l'Église qu'ils tiennent le souffle et la vie.
L'Église est l'institution qui met le sacré à la disposition des hommes, à la seule condition qu'ils acceptent d'y entrer avec foi et crainte de Dieu par le Baptême et le sceau du don du saint Esprit. Ils sont alors admis au calice du Corps et du Sang du Dieu-homme, c'est à dire à l'anticipation du Jour du Seigneur. Mais elle doit aussi se protéger et écarter les pécheurs endurcis, comme on le voit lorsque Pierre déjoua et condamna les mensonges, les impostures et les propositions tant d'Ananias et de Saphire que de Simon le Magicien.
La Grâce surpasse les limites
Des hommes peuvent certes recevoir la Grâce sans qu'on leur ait conféré un Mystère, donc en dehors des limites que l'Église se doit d'observer. Les Actes des Apôtres nous en rapportent un exemple :
Plus loin l'apôtre Pierre revient sur cet événement :Alors que Pierre prononçait encore ces mots, l'Esprit, l'Esprit Saint, tomba sur tous ceux qui écoutaient la Parole. Et tous ceux de la Circoncision qui croyaient et qui avaient accompagné Pierre furent stupéfaits de ce que le don du Saint Esprit se fût répandu même sur les Gentils, car ils les entendaient parler en langues et magnifier Dieu. Alors Pierre leur répondit : « Peut-on refuser l'eau du Baptême à ceux qui ont reçu l'Esprit, l'Esprit Saint, tout comme nous ? » Et il commanda de les baptiser au nom du Seigneur.
Nous devons noter, bien sûr, nous aussi que la descente du Saint Esprit sur ces hommes qui furent les prémices de l'Incirconcision, telle que les Actes nous la rapportent dans le passage que nous venons de citer (c’est-à-dire les premiers convertis au christianisme qui n’étaient pas issus du Peuple élu), n'a pas dispensé ceux qui avaient cru de l'obligation de se faire baptiser dans l'eau afin de venir s'incorporer dans le sein de l'Église. Tous les hommes peuvent recevoir la Grâce de Dieu, même s'ils ignorent l'existence visible de son Église. Mais sitôt qu'ils ont appris son existence visible dans la chair, parmi les hommes, sitôt qu'ils ont reconnu son visage, ils doivent lui demander le Baptême, car chaque homme sera jugé selon la loi qu'il aura reçue durant sa vie, et tout homme qui aura reçu la grâce de croire au salut accordé dans et par le Christ doit demander à l'Église d'être baptisé, car c'est par son incorporation à l'Église, qui est son corps, que l'homme peut vivre le Salut dans sa plénitude. Paul fera de même lorsque, terrassé par la Grâce, ayant vu le Seigneur, il ira lui aussi demander le Baptême.Et comme je commençais à parler, le Saint Esprit tomba sur eux, comme il l'avait fait au commencement. Alors je me rappelai la parole du Seigneur, qu'il avait dite : « Jean a baptisé avec de l'eau, mais vous, vous serez bap-tisés dans l'Esprit Saint ». Car si Dieu leur a donné le même don qu'à nous qui avons cru au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je moi, pour pouvoir m'opposer à Dieu ?
C'est cette dimension nécessairement physique, matérielle, gestuelle, des saints Mystères de l'Église, qui montre le mieux que le salut de l'homme est le salut de l'homme intégral, une restauration dans sa beauté originelle - et plus encore : une incorporation de son corps et de son âme à la Résurrection glorieuse du Dieu-homme. Nous sommes loin des interprétations moralisantes et intellectualisantes qui veulent voir dans les sacrements l'expression d'un soutien moral apporté à l'homme par la prière communautaire.
Nous savons que le rite donne la Grâce, mais la Grâce est partout et si elle est donnée avant le rite, elle ne dispense pas du rite, elle y conduit et c'est dans ce rite que l'homme trouve la grâce en surabondance. Dans l'Église l'homme retrouve le plein exercice de son intégralité, il n'est plus enchaîné à son corps, prisonnier d'une caverne : son illumination intérieure reste la plupart du temps invisible aux yeux de ses prochains, mais son appartenance à la part que le Dieu tri-unique s'est réservée dans la Création se manifeste par des gestes concrets, matériels, visibles, ce sont les saints Mystères. Inversement l'état de sainteté qu'ont atteint certaines âmes peut se constater à ce qu'une fois séparées de leurs corps ceux-ci restent mystérieusement incorruptibles. Grâce à la double nature de ces saints Mystères, c'est donc bien l'homme intégral qui est lavé et nourri par la Grâce, et il ressuscitera corps et âme pour la vie du Royaume.
Originalité de la communauté ecclésiale
et diversité des charismes
Et cependant les hommes qui font concrètement partie de l'Église s'habillent comme leurs voisins, forment des familles fortement soudées, travaillent honnêtement, participent à la vie commune et respectent l'autorité. Seul un petit nombre d'entre eux se retranche du monde pour mener une vie totalement différente de la vie commune. Les chrétiens ont une vie cultuelle qui est très dense, mais il suffit de savoir ce qu'est et ce qu'a été la vie des peuples orthodoxes, pour comprendre que cette vie cultuelle n'a jamais créé un enrégimentement contraignant. La “pratique” des fidèles n’y est qu’un indice très approximatif de leur foi.
La profonde originalité de la communauté ecclésiale que constituent les chrétiens se situe ailleurs. Elle ne peut s'expliquer que par une espérance escha-tologique qui vient transfigurer toute leur vie quotidienne, renversant tout le système de valeurs qui règle le comportement de leurs contemporains. Dès les origines elle se distinguait de tous les autres groupements que l'esprit humain peut concevoir, que ce fussent les nations, dont certaines n'étaient pas encore intégrées dans l'Empire romain, ou bien les classes sociales, alors fortement séparées, les collèges d'initiés des religions à mystères, les écoles philosophiques, les synagogues du Peuple élu, en ce que l'Église était unique pour une ville donnée et qu'elle regroupait l'ensemble des fidèles de tout âge, hommes et femmes de toute condition et de toute culture, de toute langue et de toute nation, en un seul lieu, en une unique assemblée pour vivre dès le temps présent la venue du Royaume. Il s'agit donc bien de l'assemblée des Saints. Présente dans le temps, elle est distincte de ce temps présent. Elle trouve sa signification au-delà de l'écoulement des choses.
Elle ne se répartit dans la succession des générations et dans les divisions de l'espace - et jusqu'au monde des défunts - que pour affirmer sa totale unité avec l'unique événement du Salut, la communion des Élus.
Comment l'Assemblée des fidèles est structurée pour la synaxe eucharisti-que, nous pouvons le voir dans l'Apocalypse de Jean, où le Voyant nous montre dans l'Assemblée des noces de l'Agneau - il est donc bien Celui qui offre et qui est offert -, le Seigneur trônant au haut lieu - là même où se trouve dans nos liturgies terrestres la place de l'évêque - entouré des membres du presbyterium et servi par les sept Anges-diacres. Devant Lui s'étend comme une mer de cristal, c'est le peuple royal. Tous les charismes de l'Église sont présents dans cette somptueuse vision, où déjà apparaît la place du trône épiscopal - en vérité c'est bien la place du Seigneur -, et donc le rôle central du charisme archi-hiératique dans la vie de l'Église.
C'est ce que nous montrent les saints Canons lorsqu'ils nous indiquent les règles de fonctionnement que doit observer l'Église, la réalité concrète et visible de la communauté des élus, car cette communauté comporte une réalité structurelle qui nous a été transmise par la Tradition de l'Église. Au centre de ce fonctionnement se trouve le charisme de l'évêque. Lorsque l'Église des premiers temps nous disait que celui qui préside l'Assemblée eucharistique, c'est-à-dire l'évêque, tient en fait “la place de Dieu” ou bien qu'il est “l'image du Christ”, elle s'appuyait fidèlement sur cette vision de l'Eucharistie dont témoigne déjà l'Apocalypse. En même temps elle voyait en ce président celui qui rassemble en lui-même toute l'Église locale en vertu du fait qu'il l'offre comme le corps du Christ à Dieu. Cela s'exprimait aussi dans cette conception fondamentale de l'Eucharistie : l'unité de la multitude en un seul. Il ne s'agit pas d'une prière purement mentale, il s'agit de la vie mystérique d'un corps multi-personnel, ensemble organique de personnes vivant dans la Création.
La diaconie propre de l'évêque, c'est-à-dire le service qu'il exerce dans l'Église, est de jouer le rôle de la Tête, au lieu et à l'image du Christ (eis tupon kai topon tou Christou). Décapitée, l'Église courrait à la mort. Le ministère de l'évêque manifeste donc à la fois, pour chaque lieu de l'espace et en chaque instant de l'Histoire l'unité de la communauté des élus rassemblés en Christ et l'unité de cette communauté rassemblée ici et maintenant avec toutes les communautés répandues par tout l'univers et échelonnées dans la suite des temps. C'est un ministère d'unité dans la communion : c'est parce que l'évêque préside au lieu et à la place du Christ que les fidèles peuvent devenir membres d'un corps unique formant ainsi le peuple royal.
Une structure aussi stupéfiante pour nos esprits humains, qui ont bien du mal à s'élever au-dessus de l'empirisme de la vie quotidienne, vient de la conviction qu'avait l'Église apostolique qui considérait que la structure de l'Eucharistie, telle que nous la décrivent les textes du Nouveau Testament - et par conséquent la structure de l'Église, qui alors ne se distingue pas de l'Assemblée eucharistique - faisait bien partie de la Révélation apportée par le Seigneur Lui-même, bien qu'elle ne fût pas consignée par écrit dans l'Écriture sainte.
Les Onze avaient été instruits par Lui de cette structure de l'Église durant les quarante jours qui s'écoulèrent entre sa Résurrection et son Ascension. Paul, qui n'était point alors présent, en reçut la révélation lorsque, cheminant sur la route de Damas pour y persécuter les chrétiens, il fut ravi jusqu'au troisième ciel où il entendit des paroles ineffables, ce qui lui permettra de parler aux Corinthiens de l'Eucharistie et des charismes de l'assemblée en ces termes : j'ai reçu du Seigneur et je vous ai transmis …
Or Paul n'a pu recevoir l'enseignement du Seigneur qu'alors qu'il fut ravi au troisième ciel sur la route de Damas, avant son Baptême, et c'est à cette Ré-vélation divine qu'il attribue son enseignement sur le rôle des charismes dans l'Église. Mais, après avoir demandé et reçu le Baptême, et lorsqu'il entreprit ses travaux missionnaires - or ce n'était pas seulement pour répandre le kérygme de la Résurrection, c'était aussi en vue de transmettre aux Gentils les instructions du Seigneur sur l'Assemblée eucharistique et l'ordonnance de ses charismes -, Paul prit soin de faire confirmer sa “mission” par le Synode apostolique. Ici encore l'Église donne la Grâce, et parce que Paul avait déjà reçu la Grâce, il ne s'estimait point dispensé pour autant d'obtenir la bénédiction de l'Église.
Dès les origines de la vie de l'Église on peut donc constater la nature fondamentalement synodale de la fonction épiscopale. Dès lors chaque synode épiscopal (provincial) sera comme un démultiplicateur du synode épiscopal œcuménique de l'ensemble des évêques répandus par tout l'univers et chaque évêque, institué par son synode provincial pour un lieu déterminé, l'est aussi par la succession de tous les synodes provinciaux qui l'ont précédé.
C'est toujours dans un synode en communion avec tous les autres synodes orthodoxesque les métropolites instituent des évêques, prolongeant, démultipliant et continuant le charisme épiscopal qui fonde son service dans la communauté. Un évêque tire sa légitimité de son institution par le métropolite d'un synode, et de sa communion avec ce synode, auquel il appartient, c'est-à-dire de la succession synodale et de la Tradition de la foi. Il doit toujours faire part de toutes les initiatives qu'il a prises, et de toutes les difficultés qu'il a rencontrées, au synode provincial auquel il appartient, qui seul peut le juger.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
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Chers amis du forum,
Cela fait un an aujourd'hui que je suis orthodoxe.
Ce qui m'attriste dans ce jour, c'est que ma belle-sœur est décédée d'un cancer à l'âge de 60 ans. Nous apprenions lundi dernier, suite à une hospitalisation qu'elle était atteinte de cette maladie. Mercredi, que c'était incurable. Voilà qu'elle décède la nuit dernière. Nos prières qu'elle ne souffre pas longtemps ont été exaucées.
Sylvie-Madeleine.
Cela fait un an aujourd'hui que je suis orthodoxe.
Ce qui m'attriste dans ce jour, c'est que ma belle-sœur est décédée d'un cancer à l'âge de 60 ans. Nous apprenions lundi dernier, suite à une hospitalisation qu'elle était atteinte de cette maladie. Mercredi, que c'était incurable. Voilà qu'elle décède la nuit dernière. Nos prières qu'elle ne souffre pas longtemps ont été exaucées.
Sylvie-Madeleine.
Dernière modification par Sylvie le lun. 18 déc. 2006 19:47, modifié 1 fois.
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Dans les prières personnelles de chacun, on peut fort bien prier pour de non orthodoxes. En Eglise, il y a des prières spéciales, quelqu'un en a déjà parlé sur ce forum. Ce qui n'est pas possible, c'est de les associer à la célébration eucharistique.
"Viens, Lumière sans crépuscule, viens, Esprit Saint qui veut sauver tous..."