France,Amérique.. sont-ils "terra barbaricum"?

Échangez vos idées librement ici

Modérateur : Auteurs

Antoine
Messages : 1782
Inscription : mer. 18 juin 2003 22:05

France,Amérique.. sont-ils "terra barbaricum"?

Message par Antoine »

Note des modérateurs: Le message a été supprimé parce que le pseudo employé par l'intervenant ne correspond pas à l'éthique de ce forum. Nous reproduisons toutefois ici le contenu du message qui , lui , est tout à fait correct, et auquel Glicherie et Jean-Louis ont déjà répondu. Ceci afin de ne pas couper le fil de la discussion.
Quelle est l'attitude de la majorite des orthodoxes francais ou de France vis-s-vis la necessite d'avoir une Eglise de France et non plusieurs branches des eglises des terres benis, traditionelles Orthodoxes? Le debat existe? Est-t-il en quelque sort similaire avec L'Egl. Ort. d'Amerique? Est diaspora un nom toujours agree? Est-il justifiable aujourd'hui? Qu'en pensez vous?
--------------------------------------------------------------------------------------------------

Réponse de Glicherie:
Posté le: Mer 20 Oct 2004 16:24

Vous n'avez donc pas lu les différents fils du forum ? Je vous invite a le faire, notament mais pas seulement les interventions de Jean-Louis Palierne, qui a écrit un livre sur le sujet

--------------------------------------------------------------------------------------------------

Réponse de Jean-Louis Palierne
Posté le: Mer 20 Oct 2004 17:55

Vous avez tout à fait raison de mettre en cause le terme même — couramment utilisé — de “diaspora”. Il est inconcevabla pour la conscience orthodoxe. Pour tout chrétien l’Église est plus importante que tout groupe humain. Nous sommes tous attachés à nos racines, à nos ancêtres, à notre patrie, à sa langue et à sa culture. Rien de plus naturel, mais tout chrétien, où qu’il se trouve, où qu’il vive, se sait et se sent d’abord dans la main de Dieu. Si un chrétien est en exil hors de sa patrie, il en souffre, mais en vérité notre patrie est aux cieux, c’est l’Église, et un chrétien en exil est toujours chez lui là où il est. Je n'ai jamais connu personnellement cette situation, mais je regarde autour de moi et je vois combien il est difficile pour un exilé de vivre dans un pays dont il n'est pas issu, et de s'y intégrer.

La structure de l’Église, telle que la déterminent les canons, comporte un évêque pour chaque lieu où vivent des hommes. S’il n’y a pas d’Église locale, c’est un évêque voisin qui peut s’en occuper. Tout évêque doit être membre d’un synode d’évêques de l’Église orthodoxe, ce synode a un président, l’évêque du chef-lieu ou “métropole” (d’où le nom de “métropolite”). Ce synode peut faire partie d’un synode plus large, et dans ce cas il y dispose d’une certaine "autonomie". Sinon il est "autocéphale".

À l’époque moderne toutes les nations orthodoxes, en même temps qu'elles affirmaient leurs indépendances politiques ont désiré avoir une Église autocéphale, c’est-à-dire qu’elles ont le droit d’élire leur primat, sans avoir à demander la confirmation d’une autre Église. Les peuples des Nations orthodoxes se sont mis à identifier leurs Églises nationales autocéphales avec leurs indépendances politiques, et lorsque les fidèles orthodoxes de ces nations se trouvent en terre non-orthodoxe (c’est-à-dire en pratique en Occident) ils veulent constituer des communautés d’immigrés de nationalités homogènes, avec des paroisses plus ou moins reliées à l’Église-Mère. C'est ainsi que se sont formées des "filiales" ethniquement pures de diverses nations orthodoxes, co-existant sur les territoires d'Europe et d'Amérique.

L’ordre canonique de l’Église orthodoxe voudrait que chaque région de la terre (maintenant il y a partout des orthodoxes) appartienne à un diocèse orthodoxe, avec son évêque souverain, mais membre d’un synode provincial. L'ordre canonique exclut la possibilité de la co-existence sur un même territoire de plusieurs évêques à la tête de "filiales" émigrées des Églises ethniques. C'est cependant bien un tel désordre que l'on constate dans tout l'Occident. C'est une plaie pour l'Orthodoxie.

On pourrait imaginer que la France forme un jour un diocèse unique supraethnique (mais un jour il faudra plusieurs diocèses locaux, espérons le), et que les diocèses des différents pays d’Europe occidentale forment une métropole autonome. La structure de l'Église orthodoxe est suffisamment souple pour connaître des évolutions en fonction de la croissance de l'Église.

La question du rattachement d'une métropole unique et autonome à un synode autocéphale devrait être une question secondaire, et surtout ne devrait pas mettre en cause la coexistence au sein d’un même diocèse de fidèles issus de différentes traditions nationales orthodoxes avec des fidèles “indigènes” qui ne se sentent pas obligés de choisir l’une ou l’autre.

On commence à voir de tels rapprochements aux États-Unis, où il y a des paroisses réellement supra-ethniques (dans plusieurs des Églises qui y vivent), utilisant à la fois l’anglais (et l'espagnol) et diverses langues traditionnelles orthodoxes. Mais les juridictions sont encore très divisées.

Actuellement seul le patriarcat de Constantinople se proclame supra-ethnique, mais il s’avère incapable de traduire cette prétention dans le concret. Seule l’Église russe a envisagé la création d’une métropole autonome occidentale, mais à condition qu’elle soit "de tradition russe", et ce patriarcat suscite trop d’appréhensions pour que cette proposition soit crédible.
_________________
Jean-Louis Palierne
palierne@noos.fr
Dernière modification par Antoine le dim. 21 août 2005 20:07, modifié 1 fois.
Sylvie
Messages : 387
Inscription : lun. 01 août 2005 2:50

Message par Sylvie »

Chers amis,
Lorsque les fidèles orthodoxes de ces nations se trouvent en terre non-orthodoxe (c’est-à-dire en pratique en Occident) ils veulent constituer des communautés d’immigrés de nationalités homogènes, avec des paroisses plus ou moins reliées à l’Église-Mère. C'est ainsi que se sont formées des "filiales" ethniquement pures de diverses nations orthodoxes, co-existant sur les territoires d'Europe et d'Amérique.
Comment puis-je me sentir intégrée dans une communauté Orthodoxe si je me converti ?

Sylvie
Jean-Louis Palierne
Messages : 1044
Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02

Message par Jean-Louis Palierne »

C’est certainement une grosse difficulté pour les occidentaux qui se convertissent à l’Orthodoxie. Cependant un peu partout se constituent des communautés de langue locale, et les “filiales ethniquement pures” sont amenées à tenir compte des nécessités, et pas seulement de l’arrivée d’un nombre croissants d’occidentaux, mais aussi de l’érosion naturelle des cultures importées, dont les enfants à la 2ème, 3ème ou 4ème génération ne parlent plus la langue.

Peu à peu se forment des communautés francophones (les US sont en avance sur nousd). C’est une épreuve que la Providence nous impose et qui ne doit pas nous décourager.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
eliazar
Messages : 806
Inscription : jeu. 19 juin 2003 11:02
Localisation : NICE

France, Amérique sont elles Terra Barbaricum

Message par eliazar »

Sylvie, vous avez écrit :
"Comment puis-je me sentir intégrée dans une communauté Orthodoxe si je me convertis ? "
Chacun vit sa conversion de manière unique. Chaque paroisse est également unique - en fonction des membres qui la composent. C'est comme pour les familles : chacune est différente. Lorsqu'on se marie, on épouse une personne, mais en même temps, on entre dans une nouvelle famille où on joue pendant un certain temps (qu'on le veuille ou non) le rôle d'une "pièce rapportée" ...

Cette situation un peu ambiguë se résout d'elle-même au bout d'un certain temps. Cela dépend beaucoup des caractères des personnalités en présence de part et d'autre. Il en est de même pour les relations dans une paroisse.

Mon expérience en ce domaine est assez riche : j'ai été intégré successivement dans trois grandes églises "étrangères" (c'est à dire dont l'évêque faisait partie d'un synode étranger à la France et siégeant dans son pays d'origine) et si j'ai finalement choisi l'église orthodoxe grecque (ou plutôt, celle qui dépend du Patriarcat Oecuménique de Constantinople) c'est en partie pour des raisons de cousinage ethnique : Méditerranéen, je me sens plus à mon aise au milieu d'autres Méditerranéens qu'avec des Slaves. Ce qui ne m'a jamais empêché de me sentir filialement lié à mon évêque russe (qui en réalité était un ... Anglais) ou serbe, quand je me suis placé sous leur omophore.

Le pilier central de notre attitude vis à vis de ces déplorables problèmes compétitifs ou individualistes (entre les différentes églises orthodoxes ayant pignon sur rue en territoire français) est que nous avons tous été immergés dans la mort et la résurrection du Seigneur Jésus-Christ - et qu'à cette occasion nous n'avons pas reçu un passeport Russe, Serbe, Grec ou Turc pour autant. "Vous tous qui avez revêtu le Christ..." chante l'Église dans sa liturgie.

Depuis ma conversion, je me suis toujours considéré comme un étranger sur la terre; j'aime mon pays d'origine, je ne me sens vraiment "chez moi" que dans l'ancien Comté de Nice, c'est à dire à peine plus d'un département français, mais quand je dois résider à l'étranger ( que ce soit à Paris ou à Madrid ou à Berlin) je sais que je suis un "étranger" accueilli par les habitants du cru. D'où une relative distanciation : ils ont la bonté de me recevoir, j'ai la courtoisie de ne pas me mêler de leurs problèmes locaux.

N'ayant pas d'église francophone, je suis donc dans cette position vis à vis de mes églises d'accueil en France : reconnaissance envers les Russes, les Serbes, les Grecs qui m'ont accueilli chez eux. S'ils aiment le Christ comme je l'aime, je m'en réjouis pour eux. S'ils ne sont dans "leur" église que parce que c'est la leur, mais qu'au fond les grands problèmes de la vie et de la foi de l'Église passent pour eux au second plan, je ne m'en fais pas une montagne : ils sont chez eux, c'est à leur évêque à voir avec eux.

Depuis ma conversion qui remonte déjà à plus de cinquante ans, et depuis mon entrée dans l'orthodoxie (qui remonte, elle, à plus de vingt ans) je n'ai guère varié d'optique. Si je n'ai jamais caché à mes évêques successifs mon regret qu'il n'y ait pas encore une seule église orthodoxe de France, c'est essentiellement pour des problèmes pratiques touchant le retour à la foi des Pères du peuple de ce pays - qui n'est pas vraiment le mien mais dont je suis né membre et dont je partage ipso facto les droits et devoirs inhérents à la citoyenneté légale. Je considère en effet que tant que la totalité de la liturgie, qui est au fond notre seule catéchèse indiscutable, ne sera pas compréhensible pour l'ensemble des francophones, nous autres Orthodoxes n'auront pas même commencé à accomplir notre devoir missionnaire de disciples du Christ. C'est pourquoi je soutiens et admire le combat mené par un Jean-Louis Palierne, comme du reste par la plupart des piliers de ce Forum.

Ceci dit mon premier souci est de suivre les commandements du Christ et de l'Église - et je n'y arrive toujours pas vraiment. Je suis donc mal placé pour "en remontrer à mon évêque" quand il me semble que lui, il pourrait faire mieux !

Enfin, et ce sera la fin de mon petit témoignage personnel, j'ai toujours été accueilli en ami (et très souvent en frère) dans toutes les paroisses et chez tous les Serbes, Russes, Arabophones, Hispanophones et naturellement Grecs. Le pire que j'aurais à reprocher (et encore à très peu d'entre eux) c'est de s'être parfois cru obligés de m'expliquer que tant que je ne vivrais pas selon les habitudes (liturgiques notamment) de leur peuple à eux, je ne serais pas vraiment orthodoxe. Je considère cette opinion comme fausse, et opposée à la parole de Dieu ("Il n'y a plus ni Juifs ni Grecs, ni hommes ni femmes" etc...), mais je n'en fais pas un plat. Et du reste, eux non plus !

Je souhaite de toute mon âme, chère Sylvie, que vous soyez aussi heureuse que moi lorsque vous aurez choisi de revenir à la foi de nos Pères. Et aussi patiente pour supporter tous les petits inconvénients que cela fait naître dans tous les domaines de relations - car (et vous me donnez l'impression de le savoir déjà vous-même) la seule chose qui compte vraiment, c'est l'amour de notre Dieu. Et l'humilité qui consiste à accepter les enseignements (valables) de tous ceux qui prennent en main la charge de nous redresser dans ce que nous faisons ou croyons de travers.

Que la Toute-Sainte vous aide maternellement, comme elle sait si bien le faire !
< Demeurons dans la Joie. Prions sans cesse. Rendons grâce en tout... N'éteignons pas l'Esprit ! >
Sylvie
Messages : 387
Inscription : lun. 01 août 2005 2:50

Message par Sylvie »

Cher eliazar,

Je suis contente de votre témoignage.
Depuis ma conversion qui remonte déjà à plus de cinquante ans, et depuis mon entrée dans l'orthodoxie (qui remonte, elle, à plus de vingt ans) je n'ai guère varié d'optique.


Alors vous aussi vous avez été 30 ans en dehors de l'orthodoxie…


Ce matin j'ai trouvé un fil sur ce forum sur les miracles Orthodoxes que vous aviez posté. Vous donniez la référence de deux sites. J'avoue que j'étais curieuse de voir quel genre de miracles peut-il y avoir chez les Orthodoxes. J'ai été surprise de voir qu'il y avait autant de miracles avec la lumière. Les photos qui m'ont le plus touché est l'arbre qui a poussé en forme de Croix dans un monastère. Aussi une croix lumineuse qui a été visible pendant 3 jours. Je ne me souviens plus des endroits. Mais surtout la Sainte Lumière sortant du tombeau lors du Samedi Saint.

Je vous donne un extrait qui m'a surpris du site http://www.holyfire.org/eng/index.html/
Parmi les écrivains orthodoxes grecs, le Patriarche Nectaire a noté son témoignage sur le feu sacré, et ce témoignage a été utilisé par Arsène Soukhanov dans son "Proskinitarié "(cahier 17). Quant aux témoignages de nos pélerins-écrivains russes, ils sont exposés ici; le plus ancien est celui de l'Higoumène Daniel, qui se trouvait à Jérusalem (1093-1112) sous le règne de Sviatopolk Ysiaslavitch. En ce temps-là, peu après les croisades, régnait à Jérusalem le roi Baudoin 1er, un catholique. Par le récit de Daniel, nous apprenons que Baudoin 1er était présent à l'apparition de la Lumière Sainte et reçut de l'Evêque une bougie, l'Evêque étant orthodoxe, et non catholique, malgré le fait que Baudoin lui-même fût catholique et Jérusalem pris par les Croisés-catholiques, et sous obédience du Pape. Il y eut sans doute des expériences, où le feu ne descendit pas sur les Evêques catholiques, et c'est pourquoi ce droit a été donné aux orthodoxes. Et maintenant encore nous voyons, par les dires du Métropolite Mélétios, vicaire du Trône Patriarcal de Jérusalem, qu'entrant dans le sépulcre, il ne vit pas le feu durant un long moment (Voyage de Barbara Brune de Saint Hyppolite). Depuis des temps lointains, Arméniens et Coptes prennent part à ce triomphe et croient en la miraculeuse manifestation de l'apparition du feu...

Il est fort à propos de citer ici le témoignage du pélerin Hiéromoine Mélétios, et d'autres encore, sur la tentative des Arméniens de chasser les chrétiens orthodoxes du Temple de Jérusalem, pour recevoir par leurs propres hiérarques le feu incrée de la "kouvouklia". Cette tentative se termina en miracle. Effectivement, les Grecs ne furent pas admis par le pacha turc, qui avait été acheté pour de l'argent, et ils se tenaient hors du temple devant les portes closes. "Lorsque approcha l'heure à laquelle avait habituellement lieu le miracle, soudain, un des piliers qui se trouvent dans le mur, devant les Portes Saintes, se fendit et la Lumière s'en échappa. Voyant cela, le Patriarche (orthodoxe) s'avança avec précaution et alluma les bougies - les Arméniens, quant à eux, raconte plus loin le hiéromoine Mélétios, ignorant tout à fait que la lumière sainte était descendue chez les orthodoxes, l'attendaient pour eux à l'intérieur du Tombeau, clamant consciencieusement, d'une voix forte, comme des Baalatim. Mais les Turcs qui gardaient le Saint Portail, voyant un tel miracle, ouvrirent les portes aussitôt. Le Patriarche entra dans le Temple avec les orthodoxes, proclamant : "Qui est le Dieu grand, sinon notre Dieu ? Tu es Dieu, qui fait des merveilles !" et la suite ... Les Turcs, présents lors du miracle, crurent. Y eut-il un signe, semblable ou non, avec les latins et autres chrétiens, nous l'ignorons.
Aussi sur le même site.
"C'est une joie de voir, écrit le moine Parféni, qu'à présent, bien qu'à contre-cœur, les autres chrétiens respectent la foi orthodoxe, et jettent leurs regards sur les orthodoxes comme sur un soleil très clair, car ils espèrent tous recevoir par eux, la grâce de la Lumière Sainte."(2)
Amicalement

Sylvie
eliazar
Messages : 806
Inscription : jeu. 19 juin 2003 11:02
Localisation : NICE

France, Amérique sont-elles terra barbarica?

Message par eliazar »

Chère Sylvie,

Vous avez écrit :
"Alors vous aussi vous avez été 30 ans en dehors de l'orthodoxie…"
... mais le compte n'y est pas, et de loin. Entre ma naissance et mon entrée dans l'Église, ce sont plus de 50 ans qui se sont écoulés, car lorsque j'ai découvert que le Christ n'était pas une merveilleuse fiction littéraire due aux Évangélistes, mais qu'Il était vivant... j'avais déjà 24 ans. Comme j'ignorais pratiquement tout de l'orthodoxie, je me suis "naturellement" (pour un Français moyen) rallié à l'église catholique romaine, j'ai épousé religieusement ma femme et fait baptiser nos trois enfants, dont les deux plus grands (qui avaient quatre ans et cinq ans et demie) ont été les jours suivants les témoins guillerets du baptême de leur mère, puis de son mariage avec leur père.

Comme tout bon converti qui se respecte, je me suis préoccupé pendant quelques années de connaître enfin les Évangiles, puis l'ensemble de la Parole de Dieu, puis l'histoire de l'Église. C'est en bûchant une première année de théologie (catholique romaine) que j'ai commencé à me poser des questions de fond sur la doctrine vaticane. Après pas mal d'avatars, je me suis tourné vers l'église grecque catholique (c'est à dire uniate) qui avait gardé le rite byzantin et dont j'ai pris naïvement pour orthodoxe la doctrine courante - puisque sa liturgie était celle de St Jean Chrysostome.

Il m'a encore fallu quelques années avant d'accepter de comprendre ce qui crevait les yeux - et que si je voulais vraiment embrasser la foi des premiers chrétiens, celle des Apôtres - c'est à dire entrer enfin dans l'Église du Christ ressuscité - je ne pouvais pas faire l'économie de quitter une Rome devenue à la fois hérétique et schismatique. Qui qu'en grogne ! Et il n'en a pas manqué, autour de moi, pour grogner !!!

Il m'a été très difficile d'admettre que s'il ne pouvait y avoir qu'une seule Église du Christ, et que celle du Vatican ne l'était pas, je devais me séparer de tous mes liens familiaux avec Rome et demander à l'Église ( la seule "organisation ecclésiale" qui soit restée orthodoxe, à travers tous les siècles) de bien vouloir m'admettre en son sein. Je puis dire en gros que j'ai vécu mes premiers 24 ans sans croire vraiment en Dieu Un et Trine, navigant sans grand intérêt entre une adhésion formelle au catholicisme de la société dans laquelle j'étais né et une sorte d'athéisme mou. A la suite du choc de ma conversion, j'ai encore traîné un bon quart de siècle entre catholicisme ultra montain et uniatisme, sans avoir le courage de tirer les conséquences de ce que j'étais en train de découvrir de plus en plus inexorablement : les falsifications historiques de Rome, et les déviations qui l'écartaient de plus en plus de la Foi des Pères - depuis l'introduction du filioque dans le Credo jusqu'aux dogmes de l'Immaculée Conception de Marie et de l'Infaillibilité pontificale du pape.

Et cela fait un peu plus de 20 ans que je suis "rentré" dans l'Église - orthodoxe - qui avait été celle de tout mon peuple entre son évangélisation et sa récupération par un Vatican devenu hérétique, plus ou moins aux environs du IXème siècle. Vous voyez qu'en 77 ans, j'ai vu du pays, n'est-ce pas ?

Vous avez encore de beaux jours devant vous; en tout cas, je vous les souhaite de tout coeur. Quand on veut de tout son coeur trouver Dieu et se conformer à ses demandes, on reçoit toutes les grâces nécessaires. Il ne demande, au fond, que de nous voir enfin Lui revenir, et même si nous ne pouvons en tout état de cause qu'être des serviteurs inutiles, que nous devenions enfin ces serviteurs : honnêtes avec eux-mêmes, et décidés à Le servir "en Vérité". C'est à dire à faire les petits sacrifices inévitables pour cela - comme d'accepter par amour de Lui de se faire jeter par une partie de sa famille, de ses amis, etc.

Après tout, ne mériterait-Il pas ce minimum de notre part ?!
< Demeurons dans la Joie. Prions sans cesse. Rendons grâce en tout... N'éteignons pas l'Esprit ! >
tanios
Messages : 57
Inscription : dim. 21 sept. 2003 15:37

Message par tanios »

Ce forum orthodoxe francophone est vraiment d'une excellente qualité.
Pour moi qui suis isolé , je consulte fréquemment les débats qui souvent m'éclairent sur de nombreux points. Les responsables de ce forum y consacrent beaucoup de temps; que notre Seigneur les bénisse pour le travail qu'ils font ainsi que tous ceux qui participent aux débats et nous enrichissent de leurs expériences.
Vous êtes pour la plupart des convertis à l'orthodoxie, et il me semble qu'en Occident ce sont les convertis qui sont le plus souvent un coeur brûlant pour l'Eglise. Nous savons que c'est le désir de fondre dans les sociétés d'accueil , et donc la sécularisation , qui diluent les générations successives des orthodoxes de souche...
Voici pour ces quelques réflexions rudimentaires...
T.
Sylvie
Messages : 387
Inscription : lun. 01 août 2005 2:50

Message par Sylvie »

Cher Eliazar,

Merci pour votre témoignage. Je pense alors que vous êtes en mesure de comprendre ce que je peux vivre en ce moment.

Pour ma part, je suis née dans une famille Catholique de 14 enfants, très pratiquante. J'ai grandi dans cette famille en allant à la messe tout les dimanches. Vers l'âge de 17 ans, j'ai lu le Nouveau Testament. Ça été ma rencontre avec Jésus à travers Sa Parole. Je me suis rendue compte que la vie de Chrétien est plus que d'aller à la messe 1 heure par semaine. Aussi la vie des premiers apôtres m'avait impressionnée. Je me suis demandé : "Comment cela se fait-il qu'on ne vit plus comme cela ?." J'ai commencé à chercher une communauté religieuse ou quelque chose en quelque part où je pourrais vivre ma vie de Chrétienne. J'ai découvert le mouvement charismatique catholique. Il s'est formé un petit groupe de prière dans ma paroisse et j'y allais toutes les semaines. Il n'y avait pas d'exaltation comme j'ai pu le voir dans certains groupes de prières charismatiques. En tout cas, que ce mouvement soit bon ou non, j'ai beaucoup appris sur le rejet des sciences occultes etc. Ce qui n'était pas enseigné dans les paroisses par les prêtres kto ordinaires.

En 1987, j'ai découvert Marie dans ma vie de foi. Je la priais de temps en temps auparavant. Mais cette année là je me suis sentie comme adoptée par Marie. Depuis ce temps que je sens souvent son intervention maternelle. Je suis certaine qu'encore une fois qu'elle m'aidera à y voir clair.
C'est à dire à faire les petits sacrifices inévitables pour cela - comme d'accepter par amour de Lui de se faire jeter par une partie de sa famille, de ses amis, etc.

Après tout, ne mériterait-Il pas ce minimum de notre part ?!
Oui bien sûr.

Priez pour moi car dans les quatre prochains jours je serai en formation du matin au soir. Six prêtres catholiques suivent également ces cours.

Probablement le 28 août prochain je rencontre un prêtre Orthodoxe. J'espère beaucoup de cette rencontre.

Je vous en reparlerai.

Amicalement

Sylvie
Sylvie
Messages : 387
Inscription : lun. 01 août 2005 2:50

Message par Sylvie »

Ce soir, je relisais quelques messages que j'avais écrit sur ce forum pour relire l'évolution de ma conversion. Sur celui-ci j'avais écrit que je vous reparlerais de cette rencontre du 28 août 2005. Je ne l'avais pas fait encore.

Deux prêtres catholiques à qui j'ai parlé lors de cette retraite n'avait que des éloges envers la spiritualité Orthodoxe. Je me souviens de cette confession à un évêque retraité de ma "tentation" à devenir Orthodoxe. Il m'avait dit : "C'est beau ! Tu es en train d'approfondir ta foi. Ce n'est pas tout le monde qui s'intéresse au Filioque. C'est beau ! Continue ta recherche."

J'étais dans une crise incroyable à ce moment là. J'avais l'impression de perdre la foi. Tout ce qui était sûr s'écroulait. Tout mes engagements, je devais les abandonner. Comment aurai-je pu aider les autres, j'étais moi-même en crise de foi. Et ces prêtres qui trouvent la spiritualité Orthodoxe d'une telle beauté.

Ce 28 août est le Jour mémorable où j'ai rencontré ce fameux prêtre Orthodoxe qui m'a accueilli et expliqué l'Icône de la Dormition. Il y avait 2 Icônes. L'une était l'Icône où nous voyons tous les apôtres rassemblés autour du corps de Marie Mère de Dieu alors que Jésus tient l'âme de Sa mère dans Sa main. L'autre était une grande Icône où l'on voyait le corps entier de Marie endormie. J'avais l'impression que le mystère de la Dormition était présent, et que j'étais en Présence du Corps de Marie. Je vivais la tristesse de voir Marie endormie dans la mort et le désir et l'espérance de la revoir un jour au Ciel naissait en mon cœur.

Ça se passait en la paroisse Saint Séraphim de Sarov. Le saint qui m'a amené à connaître la foi Orthodoxe.

Amicalement

Madeleine
Répondre