election et chirotonie d'un Evêque
Modérateur : Auteurs
-
- Messages : 192
- Inscription : lun. 01 mars 2004 16:05
- Localisation : BOURGES 18 FRANCE
election et chirotonie d'un Evêque
chers amis, ayant remarqué l'election du pape catholique, des amis me demande comment cela se fait chez les orthodoxes pour un évêque; il me semble ormis le cas de saint Ambroise de Milan, et peut être d'autres est-ce le peuple qui plébiscité? , - déjà qu'en régle générale: des évêques choisissent un candidat,, le propose à une assemblée qui l'acclame ou le vote par acclamation ? par votesecret? cela je ne sais lors d'une assemblée générale ou d'une Divine Liturgie ?et qu'ensuite il ya une consécration avec Axios? ; pourriez-vous me renseigner sur la façon habituel de faire, la façon canonique et quelques références de Canons ou ouvrages ! merci de bien vouloir m'éclairer à ce sujet
-
- Messages : 192
- Inscription : lun. 01 mars 2004 16:05
- Localisation : BOURGES 18 FRANCE
-
- Messages : 1044
- Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02
En vérité il est ressuscité !
Dès les deux articles initiaux des Canons apostoliques, qui ont été invoqués dans leurs préambules depuis lors par toutes les décisions conciliaires postérieures, se trouve exprimée toute cette subtile et mystérieuse dialectique de l’Unique et de la multitude dans laquelle s’inscrit, pour nos yeux humains, le mystère de l’essence de l’Église, qui est le Corps du Christ. C’est ce mystère qui embrasse tous ceux qui auront cru en son nom, récapitule le monde entier et procurera le salut de l’ensemble du genre humain, mais il lui apporte également le ministère d’un clergé où la multitude des évêques projette en chaque instant du temps et en chaque point de l’espace l’unicité et l’unité du Synode de l’Église répandue par tout l’univers :
La plénitude de l’Église est à la fois répandue par toute la terre et totalement présente en chaque lieu par chaque Église locale. En vérité elle est l’Église qui est à Corinthe ou en chaque autre lieu. C’est l’évêque qui concrétise la vie commune des Églises locales lorsqu’il participe à la vie d’un synode provincial et c’est ce synode provincial qui assure la communion de ses membres avec tous les autres synodes provinciaux de l’Église répandue par toute la terre.
C’est le synode provincial qui désigne pour tout siège vacant le candidat auquel il va imposer les mains pendant la prière eucharistique pour lui conférer le charisme épiscopal au service de ce siège. En général le synode envoie trois de ses membres au lieu du siège à pourvoir, et le métropolite doit, soit présider lui-même la chirotonie, soit désigner un président. Le synode peut soumettre plusieurs candidats au choix de l’Esprit saint par le tirage au sort, et il peut aussi accepter un candidat qui lui est proposé par le peuple, mais quelles que soient les étapes observées et dans quelque ordre que ce soit, c’est toujours finalement deux ou trois évêques (ou plus) qui sont envoyés pour imposer les mains pour instituer un évêque, à moins qu’ils n’intronisent sur un nouveau siège un homme qui avait déjà reçu le charisme épiscopal pour un autre lieu.
Dans l’esprit des occidentaux il paraît évident que l’homme qui est à la tête d’un groupe se doit d’exprimer le “projet” ou les “aspirations” de ce groupe. Il doit tenter de refléter ce qu’il y a de meilleur en eux et de répondre à leurs attentes. Il semble également que c’est l’homme choisi par son groupe qui est le mieux placé pour répondre à ses attentes. Remarquons que cette conception se justifie avant tout par la conviction qu’il y a toujours quelque chose à faire pour améliorer la vie. Puisque le devoir d’un responsable qui se trouve à la tête d’un groupe est de faire passer un programme dans les faits, il faut qu’il soit guidé par les espoirs que place en lui le groupe dont il est le responsable et tenter de les réaliser.
Mais dans l’Église l’évêque n’est pas d’abord “le porte-parole d’une base”. Il est désigné, envoyé, par les évêques d’une province, ses frères, qui le choisissent comme l’un des leurs pour un lieu précis et lui confèrent la mission de transmettre la parole (nous avons vu que c’est ainsi que saint Denys l’Aréopagite définit la hiérarchie) et le charisme du gouvernement par le don du saint Esprit. Chaque désignation d’un nouvel évêque (désignation à laquelle la Tradition canonique donne effectivement le nom “d’élection”, c’est-à-dire “choix”) donne lieu à une action sacrée, le Mystère de la consécration épiscopale, au cours de laquelle les évêques présents (au moins trois) imposent les mains (c’est donc une chirotonie) au “candidat”, lui conférant ainsi le charisme épiscopal pour un lieu déterminé.
On voit ici combien la structure canonique de l’Église est différente de celle que voudraient proposer certains auteurs de notre époque, assurant qu’elle correspondrait mieux à ce qu’ils assurent être les aspirations des fidèles. On en est arrivé à donner maintenant le nom de conciliarité (ce qui n’est qu’une traduction de “synodalité”) à la tenue d’assemblées générales régulières de clercs et de laïcs, dont les évêques auraient le mandat d’assurer la présidence exécutive. On invite les fidèles à s’interroger sur le profil souhaitable de leur futur évêque et on donne le nom “d’Église locale” à la structure qui résulterait d’une telle “conciliarité”. On pense donc que l’Église devrait adopter une structure associative, interactive et participative, permettant de présenter au monde une communauté exemplaire qui exercerait sur son environnement une action d’amélioration morale.
Certes il en est de nos jours, qui interprètent parfois le triple Axios ! du peu-ple comme le témoignage d’une sorte d’élection populaire. Il n’en est rien. C’est à l’évêque qui vient d’être consacré par les représentants du synode que le peuple adresse ses acclamations. Il est en effet nécessaire que les rites de la chirotonie épiscopale se déroulent en présence du peuple, qui doit recevoir le nouvel évêque par une acclamation publique. Il faut donc donner au triple Axios ! la signification d’une réception par le peuple.
Dans le cas du pape de Rome le “conclave” des cardinaux est le très lointain héritier, maintenant très éloigné des normes canoniques de l’Église, du synode provincial qui jadis élisaient l’évêque de Rome, du temps où celui-ci était orthodoxe.
À l’origine il pouvait se produire que l’élu du synode de Rome ne soit pas déjà un évêque. Il fallait donc que le synode provincial lui impose les mains pour qu’il devienne évêque de Rome. On a dû rapidement passer à un choix limité à un évêque déjà membre du synode provincial. Ce qui a encore plus brouillé les choses c’est que les sièges des membres du synode provincial de Rome ont été en fait attribués à des évêques extérieurs à cette province (qui d’ailleurs continuèrent longtemps à porter de façon purement honorifique le “titre” d’un siège de cette province). Il ne s’agit donc plus depuis longtemps d’un synode provincial conforme aux saints canons, mais d’un collège universel.
La structure des Églises orthodoxes actuelles est moins éloignée des canons, mais elle s’en écarte en ce qu’elle fait de chaque épiscopat ethnique un corps professionnel où l’on débute au grade “d’évêque auxiliaire”, aux fonctions purement liturgiques (ce qui est anticanonique), et on continue par une promotion de siège en siège (ce qui est aussi anticanonique) jusqu’au grade de métropolite, les fonctions des synodes ayant été déléguées à un groupe restreint (encore anticanonique) assisté de commissions d’experts et de départements ministériels (même remarque). De tels appareils pyramidaux, calqués sur l’administration étatique, défigurent l’Église.
Dès les deux articles initiaux des Canons apostoliques, qui ont été invoqués dans leurs préambules depuis lors par toutes les décisions conciliaires postérieures, se trouve exprimée toute cette subtile et mystérieuse dialectique de l’Unique et de la multitude dans laquelle s’inscrit, pour nos yeux humains, le mystère de l’essence de l’Église, qui est le Corps du Christ. C’est ce mystère qui embrasse tous ceux qui auront cru en son nom, récapitule le monde entier et procurera le salut de l’ensemble du genre humain, mais il lui apporte également le ministère d’un clergé où la multitude des évêques projette en chaque instant du temps et en chaque point de l’espace l’unicité et l’unité du Synode de l’Église répandue par tout l’univers :
Ces deux canons suffisent à rejeter tant la polyphonie démocratique que le monolithisme totalitaire qui forment les deux pôles opposés de nos sociétés hu-maines : autrement dit, pour un lieu donné, un évêque ne peut être institué que par la communion des évêques, et le prêtre ne peut être institué que par l’unique évêque de cette communauté et pour l’Église qu’il surveille.1. Que l’évêque reçoive l’imposition des mains de deux ou trois évêques.
2. Que le presbytre reçoive l’imposition des mains d’un seul évêque, ainsi que les diacres et les autres clercs.
La plénitude de l’Église est à la fois répandue par toute la terre et totalement présente en chaque lieu par chaque Église locale. En vérité elle est l’Église qui est à Corinthe ou en chaque autre lieu. C’est l’évêque qui concrétise la vie commune des Églises locales lorsqu’il participe à la vie d’un synode provincial et c’est ce synode provincial qui assure la communion de ses membres avec tous les autres synodes provinciaux de l’Église répandue par toute la terre.
C’est le synode provincial qui désigne pour tout siège vacant le candidat auquel il va imposer les mains pendant la prière eucharistique pour lui conférer le charisme épiscopal au service de ce siège. En général le synode envoie trois de ses membres au lieu du siège à pourvoir, et le métropolite doit, soit présider lui-même la chirotonie, soit désigner un président. Le synode peut soumettre plusieurs candidats au choix de l’Esprit saint par le tirage au sort, et il peut aussi accepter un candidat qui lui est proposé par le peuple, mais quelles que soient les étapes observées et dans quelque ordre que ce soit, c’est toujours finalement deux ou trois évêques (ou plus) qui sont envoyés pour imposer les mains pour instituer un évêque, à moins qu’ils n’intronisent sur un nouveau siège un homme qui avait déjà reçu le charisme épiscopal pour un autre lieu.
Dans l’esprit des occidentaux il paraît évident que l’homme qui est à la tête d’un groupe se doit d’exprimer le “projet” ou les “aspirations” de ce groupe. Il doit tenter de refléter ce qu’il y a de meilleur en eux et de répondre à leurs attentes. Il semble également que c’est l’homme choisi par son groupe qui est le mieux placé pour répondre à ses attentes. Remarquons que cette conception se justifie avant tout par la conviction qu’il y a toujours quelque chose à faire pour améliorer la vie. Puisque le devoir d’un responsable qui se trouve à la tête d’un groupe est de faire passer un programme dans les faits, il faut qu’il soit guidé par les espoirs que place en lui le groupe dont il est le responsable et tenter de les réaliser.
Mais dans l’Église l’évêque n’est pas d’abord “le porte-parole d’une base”. Il est désigné, envoyé, par les évêques d’une province, ses frères, qui le choisissent comme l’un des leurs pour un lieu précis et lui confèrent la mission de transmettre la parole (nous avons vu que c’est ainsi que saint Denys l’Aréopagite définit la hiérarchie) et le charisme du gouvernement par le don du saint Esprit. Chaque désignation d’un nouvel évêque (désignation à laquelle la Tradition canonique donne effectivement le nom “d’élection”, c’est-à-dire “choix”) donne lieu à une action sacrée, le Mystère de la consécration épiscopale, au cours de laquelle les évêques présents (au moins trois) imposent les mains (c’est donc une chirotonie) au “candidat”, lui conférant ainsi le charisme épiscopal pour un lieu déterminé.
On voit ici combien la structure canonique de l’Église est différente de celle que voudraient proposer certains auteurs de notre époque, assurant qu’elle correspondrait mieux à ce qu’ils assurent être les aspirations des fidèles. On en est arrivé à donner maintenant le nom de conciliarité (ce qui n’est qu’une traduction de “synodalité”) à la tenue d’assemblées générales régulières de clercs et de laïcs, dont les évêques auraient le mandat d’assurer la présidence exécutive. On invite les fidèles à s’interroger sur le profil souhaitable de leur futur évêque et on donne le nom “d’Église locale” à la structure qui résulterait d’une telle “conciliarité”. On pense donc que l’Église devrait adopter une structure associative, interactive et participative, permettant de présenter au monde une communauté exemplaire qui exercerait sur son environnement une action d’amélioration morale.
Certes il en est de nos jours, qui interprètent parfois le triple Axios ! du peu-ple comme le témoignage d’une sorte d’élection populaire. Il n’en est rien. C’est à l’évêque qui vient d’être consacré par les représentants du synode que le peuple adresse ses acclamations. Il est en effet nécessaire que les rites de la chirotonie épiscopale se déroulent en présence du peuple, qui doit recevoir le nouvel évêque par une acclamation publique. Il faut donc donner au triple Axios ! la signification d’une réception par le peuple.
Dans le cas du pape de Rome le “conclave” des cardinaux est le très lointain héritier, maintenant très éloigné des normes canoniques de l’Église, du synode provincial qui jadis élisaient l’évêque de Rome, du temps où celui-ci était orthodoxe.
À l’origine il pouvait se produire que l’élu du synode de Rome ne soit pas déjà un évêque. Il fallait donc que le synode provincial lui impose les mains pour qu’il devienne évêque de Rome. On a dû rapidement passer à un choix limité à un évêque déjà membre du synode provincial. Ce qui a encore plus brouillé les choses c’est que les sièges des membres du synode provincial de Rome ont été en fait attribués à des évêques extérieurs à cette province (qui d’ailleurs continuèrent longtemps à porter de façon purement honorifique le “titre” d’un siège de cette province). Il ne s’agit donc plus depuis longtemps d’un synode provincial conforme aux saints canons, mais d’un collège universel.
La structure des Églises orthodoxes actuelles est moins éloignée des canons, mais elle s’en écarte en ce qu’elle fait de chaque épiscopat ethnique un corps professionnel où l’on débute au grade “d’évêque auxiliaire”, aux fonctions purement liturgiques (ce qui est anticanonique), et on continue par une promotion de siège en siège (ce qui est aussi anticanonique) jusqu’au grade de métropolite, les fonctions des synodes ayant été déléguées à un groupe restreint (encore anticanonique) assisté de commissions d’experts et de départements ministériels (même remarque). De tels appareils pyramidaux, calqués sur l’administration étatique, défigurent l’Église.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
paliernejl@wanadoo.fr
-
- Messages : 340
- Inscription : mer. 14 juil. 2004 12:19
- Localisation : Ile de France
Evêque vicaire et chorévêque.
Le Christ est ressuscité!
Une précision. Dans un message, Christian -je crois- émettait l'idée que les évêques vicaires étaient des chorévêques. Cela n'est pas le cas. Les chorévêques étaient des évêques envoyés dans les zones rurales. Mais pour reprendre un langage sportif, il ne s'agissait que d'évêques de "ligue 2" car ils ne pouvaient procéder aux ordinations sacerdotales et diaconales... Ils pouvaient simplement réaliser les ordinations de clercs mineurs (hypodiacre, lecteur...). J'ai lu ça quelque part dans le Pédalion que le hiéromoine Cassien des VCO a mis en ligne.
Une précision. Dans un message, Christian -je crois- émettait l'idée que les évêques vicaires étaient des chorévêques. Cela n'est pas le cas. Les chorévêques étaient des évêques envoyés dans les zones rurales. Mais pour reprendre un langage sportif, il ne s'agissait que d'évêques de "ligue 2" car ils ne pouvaient procéder aux ordinations sacerdotales et diaconales... Ils pouvaient simplement réaliser les ordinations de clercs mineurs (hypodiacre, lecteur...). J'ai lu ça quelque part dans le Pédalion que le hiéromoine Cassien des VCO a mis en ligne.
Dernière modification par Jean-Serge le mar. 03 mai 2005 18:23, modifié 1 fois.
Priidite, poklonimsja i pripadem ko Hristu.
-
- Messages : 1044
- Inscription : ven. 20 juin 2003 11:02
Oui, les chorévêques étaient des évêques ruraux (c’est d’ailleurs le sens du mot en grec), et on admettait parfaitement dans l’Antiquité l’idée que la civilisation marche de pair avec l’urbanisation (de même que l’évêque présidant le synode des évêques de la province est normalement l’évêque de la capitale administrative de la province). Mais comme la conception primitive lie étroitement l’évêque à la célébration eucharistique, il ne peut y avoir qu’une célébration dans la circonscription épiscopale, et les gros bourgs se voyaient accorder des “évêques à capacités bridées” (ici je quitte le langage sportif pour celui de l’informatique, mais je trouve excellente l’analogie de Jean-Serge). Le travail des prêtres n’était pas normalement de présider la célébration euxharistique, ce qu’ils ne faisaient qu’en cas d’absence de l’évêque et avec sa bénédiction, mais de distribuer la Grâce des saints Mystères individuellement distribuée aux fidèles. Dans les Églises de tradition grecque encore aujourd’hui, le prêtre n’est généralement pas le “recteur” ou le “pasteur” d’une paroisses, mais le desservant d’un lieu de culte situé à l'écart de la ville épiscopale. Et dans chaque église se trouve le trône de l’évêque, devant lequel le prêtre fait (ou devrait faire) une profonde métanie avant de célébrer.
L’Église copte a encore des chorévêques, mais je crois qu’ils fonctionnent plutôt comme évêques auxiliaires.
L’Église copte a encore des chorévêques, mais je crois qu’ils fonctionnent plutôt comme évêques auxiliaires.
Jean-Louis Palierne
paliernejl@wanadoo.fr
paliernejl@wanadoo.fr