Publié : mer. 01 déc. 2004 17:29
par Philarethe
pris sur le site de l'ECOF:
EGLISE ORTHODOXE DE France
Communiqué du Conseil épiscopal
A propos d'un "avis d'expertise canonique" du 3 janvier 2001
diffusé par les détracteurs de l'Eglise orthodoxe de France
Le Conseil épiscopal de l'Eglise catholique orthodoxe de France (ECOF) a été informé qu'un document intitulé "avis d'expertise canonique", daté du 3 janvier 2001, est diffusé auprès des services administratifs français ainsi que dans les milieux religieux.
Les membres du Conseil épiscopal de l'Eglise catholique orthodoxe de France mettent en garde les fidèles de l'Eglise, mais également tous les hommes de bonne foi contre les erreurs contenues dans ce document colporté à des fins calomnieuses par certaines personnes.
Ils croient nécessaire à cette occasion de rappeler, dans le texte qui suit, ce qu'est véritablement l'Eglise catholique orthodoxe de France, et de montrer l'inanité des accusations portées contre elle dans ce document.
L'orthodoxie en France
Il existe en France, depuis le milieu du XIXème siècle, des lieux de culte destinés à permettre la pratique cultuelle orthodoxe à des chrétiens émigrés originaires de différents pays de l'Europe ou du proche Orient dans lesquels se sont maintenues les traditions orthodoxes. L'ampleur de l'émigration russe, grecque, puis roumaine et serbe, a conduit à la multiplication des paroisses orientales, et à l'implantation d'évêques ayant la charge pastorale de ces chrétiens émigrés. Les offices, qui suivent généralement le rite byzantin (liturgie selon Saint Jean Chrysostome et liturgie selon Saint Basile) sont le plus souvent célébrés dans les langues d'origine, notamment le grec, le slavon et le roumain, bien que l'on rencontre souvent dans ces communautés issues de l'émigration non seulement des descendants francophones désormais parfaitement assimilés, mais aussi des français de souche qui ont trouvé au sein de ces Eglises une cadre adéquat pour leur cheminement spirituel et leur pratique religieuse. L'idée de coordonner les efforts pastoraux a abouti à la mise en place d'un comité interépiscopal orthodoxe, qui s'est transformé en 1994 en "Assemblée des Evêques orthodoxes en France". Cependant, en dépit du désir manifesté par une partie des fidèles de parvenir à partir de ces bases à l'établissement d'une Eglise orthodoxe locale, les évêques orthodoxes résidant en France, généralement grecs, roumains, russes ou serbes, sont désignés par leurs Eglises d'origine, lesquelles règlent leur carrière[1], et restent expressément chargés du soin de la diaspora, comme en témoignent les récentes directives du patriarche de Moscou en vue de réunir à l'Eglise russe toutes les entités ecclésiales d'origine russe éparpillées depuis la Révolution de 1917 entre différentes juridictions.
A côté de ces Eglises orthodoxes installées en France, au service de la diaspora, l'Eglise catholique orthodoxe de France a une histoire différente, et sa mission est toute autre.
Qu'est-ce que l'Eglise catholique orthodoxe de France ?
Rappelons donc ce que nous sommes, nous, fidèles de l’Eglise catholique orthodoxe de France, au sein de l’Eglise : nous sommes une Eglise locale, comme beaucoup d’autres fidèles en forment en Grèce, en Syrie ou en Egypte, participant tous à la richesse de l’Eglise du Christ, qui a envoyé ses apôtres "enseigner et baptiser les nations", et contribuant, grâce à notre spécificité de langage et de pensée, à prouver qu'Elle est universelle et adaptée à la vie de chaque nation et de chaque homme.
Cette Eglise locale a fleuri en Gaule dès le début du christianisme, puis en France et dans maint pays d’Occident. Elle a su faire prévaloir en son temps la saine doctrine orthodoxe (sa contribution à la lutte contre l’arianisme a été exemplaire). Elle ne s’est écartée qu’avec peine, sous la férule de Pépin le Bref, de ses antiques traditions liturgiques, dont les textes, heureusement sauvegardés dans d'assez nombreux manuscrits, ont servi aux liturgistes des temps modernes pour la reconstitution, puis la restauration de l'antique rite des Gaules.[2] Elle a tenté de résister, à mainte reprise, contre la transformation du devoir de charité de l’Eglise de Rome en un pouvoir papal devenu de plus en plus centralisateur et dominateur[3]. Plus récemment, elle a fourni, après plusieurs autres, le P. Louis Irénée Winnaert (1880-1937), un prêtre catholique qui aspirait à retrouver l’authenticité de l’Eglise du Christ, et a été le fondateur de notre communauté[4]. Celle-ci a rencontré en 1934 l’orthodoxie traditionnelle à laquelle elle aspirait en la personne d’Eugraph Kovalevsky (1905-1970), qui, arrivé en 1920 en France avec ses parents après la Révolution russe, éprouvait le fervent désir d’y retrouver les traces de l’Eglise indivise, et de restaurer, grâce à la Confrérie Saint Photius, fondée à son initiative en 1925, l’Eglise orthodoxe des Gaules, telle qu’elle avait existé au premier millénaire, certes non archéologiquement mais selon son esprit, ses rites et ses constitutions dans les conditionnements contemporains.
Le P. Eugraph Kovalevsky (il deviendra en 1964 l'Evêque Jean de Saint Denis lorsqu'il aura été sacré évêque par l'Archevêque Jean de San Francisco, canonisé depuis lors) a compris l’ambition de la communauté rassemblée par Mgr Winnaert ; il lui a permis de prendre sa forme définitive, au plan sacramentel et liturgique, et de se réinsérer canoniquement au sein de l’Eglise, en la renommant prophétiquement « Eglise orthodoxe de France » (le terme catholique a été introduit postérieurement, à la demande de l’Archevêque Jean de San Francisco, pour exprimer la plénitude de notre catholicité). Comme le déclare solennellement le préambule de ses Statuts, l'Eglise Catholique Orthodoxe de France "accepte ce que l'Eglise orthodoxe accepte, et rejette ce qu'Elle rejette". L'Eglise catholique orthodoxe de France se propose d'aider ceux qui cherchent le Christ, "sans pouvoir encore le nommer", à trouver la foi véritable, au sein d'une Eglise authentiquement chrétienne, avec le langage qui nous est propre, en employant des formes liturgiques aussi voisines qu'il est possible de celles qui furent en usage sur notre sol pendant de longs siècles, au moment où les divisions de diverse nature n'avaient pas encore altéré les relations fraternelles entre les Eglises locales. Ceci n'implique aucun prosélytisme de notre part vis à vis des Eglises établies en France, qu'il s'agisse des Eglises orthodoxes de la diaspora, ou de l'Eglise catholique romaine avec laquelle nous espérons ardemment ne former qu'une seule et même Eglise le jour où seront enfin rassemblées les conditions d'une authentique intercommunion.[5]
Ceci s’est accompli malgré bien des traverses, car la restauration d’une Eglise orthodoxe de France n’a guère été comprise et elle a été souvent violemment critiquée plutôt qu’encouragée par la hiérarchie locale des Eglises sœurs réfugiées en France, elles-mêmes meurtries par les circonstances politiques de l’époque et divisées en outre par des conflits de juridiction qui ont rejailli sur notre Eglise renaissante. Plusieurs de ses anciens camarades de la Confrérie Saint Photius ont accusé le P. Kovalevsky d'avoir trahi sa communauté (accusation qui continue de fleurir dans certains textes, par ailleurs de qualité, qui relatent l'histoire de l'implantation orthodoxe en Occident). L'Eglise catholique orthodoxe de France, en grande partie en raison des réactions des milieux de la diaspora vis à vis du P. Kovalevsky, continue, plus de soixante ans après sa fondation, d'être accusée de nationalisme ou de phylétisme[6], ainsi que de dispenser des enseignements en partie inspirés par la kabbale juive ou par des sectes ésotériques, accusations calomnieuses, sans aucun fondement, démenties à plusieurs reprises, et constamment reprises par nos détracteurs.[7]
Les relations de l'Eglise orthodoxe de France avec les autres Eglises orthodoxes
Pour mieux ancrer sa vie canonique, notre Eglise renaissante s'est adressée aux juridictions orthodoxes orientales fidèles à la foi des conciles de Nicée et de Chalcédoine, et elle a, à plusieurs reprises, bénéficié de la bénédiction de patriarches bienveillants, du Métropolite (ensuite Patriarche) Serge de Moscou (qui l'a prise sous sa protection en 1936) au Patriarche Justinien de Roumanie, en passant par le Saint Archevêque Jean de Shanghai et San Francisco. Ceux-ci l'ont reconnu comme une véritable Eglise locale, lui accordant un statut d'Eglise autonome au sein de leur Eglise.
Les successeurs de ces hiérarques, pour des motifs de politique ecclésiastique qu'il ne nous appartient pas de juger, ont cru devoir ne pas maintenir les relations canoniques établies avec leurs glorieux prédécesseurs. En particulier, cédant aux pressions qui s'exerçaient sur elle de longue date, de la part d'une autre Eglise autocéphale revendiquant la primauté de juridiction sur l'ensemble de la diaspora orthodoxe[8], et surtout de la part de certaines personnalités appartenant aux Eglises orthodoxes réfugiées en France, l'Eglise de Roumanie a décidé en mars 1993 de retirer la protection canonique accordée depuis 1972 à l'Eglise de France. Ce nonobstant, l'existence et la canonicité de notre Eglise ne font de doute pour personne, comme en témoigne l'accueil qui continue d'être réservé au clergé et aux fidèles de l'Eglise catholique orthodoxe de France dans les pays orthodoxes.
Un document inadmissible : le prétendu "avis d'expertise canonique"
C'est pourquoi on ne peut être que surpris de voir traîner un document présenté comme "avis d'expertise canonique" qui mettrait, au dire de ceux qui l'ont suscité, l'Eglise catholique orthodoxe de France au ban de l'orthodoxie.
Ce document a surgi à l'occasion d'un différend qui a opposé à notre Evêque, Mgr Germain, son ancien vicaire épiscopal, différend qui a été tranché en faveur de Mgr Germain par la Cour d'Appel de Paris par un arrêt rendu le 21 mai 2001. En vue d'influencer les juges, la partie adverse a cru pouvoir solliciter de l’ancienne Eglise protectrice, qui nous avait retiré sa protection canonique en 1993, un document interprétatif de la décision synodale de 1993. Se présentant comme un « Avis d’expertise canonique », ce document, émanant non du Patriarche Théoctiste, mais du secrétariat du Saint-Synode de l'Eglise Orthodoxe Roumaine, constitue en fait l'énoncé d'un nouveau jugement par lequel Mgr Germain se trouverait, rétroactivement pour ainsi dire, déposé et réduit à l’état laïc.
Or la lettre du Synode de l’Eglise de Roumanie adressée à «Son Excellence l’Evêque Germain de St Denis » le 3 mars 1993 ne dit rien de tel : elle se borne à indiquer que le Synode "a décidé de retirer définitivement la juridiction canonique de l'Eglise Orthodoxe Roumaine à Votre Excellence [l’Evêque Germain] et à l’Evêché catholique orthodoxe de France", en raison de "diverses erreurs d’ordre dogmatique, liturgique et de discipline canonique, ainsi que des enseignements et des pratiques contraires à l'Orthodoxie universelle", qui ne sont pas précisés dans la décision. "L'exercice de toute fonction épiscopale vous est désormais défendu. Aucune correspondance à ce sujet ne sera prise en considération."
Il est bien évident qu'une telle décision, faisant suite à une longue série de malentendus entre notre Eglise et l'Eglise roumaine, et notamment au refus de cette dernière de sacrer un Evêque auxiliaire, ne constituait pas un jugement, au sens où ce terme est généralement reçu dans les pays civilisés. Le détail des faits incriminés n'est pas rappelé, non plus que les moyens de défense, aucun motif précis n'est indiqué, aucune règle canonique n'est mentionnée pour justifier la décision prise. Cette décision n'est ni plus ni moins que l'expression d'une prise de position administrative envers l'Eglise catholique orthodoxe de France, dépourvue de toute valeur juridique, et rien ne permet de la considérer comme un jugement canonique à l'égard de l'évêque, d'autant plus qu'aucune des procédures requises par les canons pour un acte aussi grave que la déposition d'un évêque n'a été préalablement mise en œuvre.
Du reste, si l'évêque Germain avait été seul en cause, il revenait au Patriarche Theoctiste d’inviter le diocèse concerné à élire un nouvel évêque, ce qu'il n'a pas fait. La décision prise en 1993 par l'Eglise Orthodoxe Roumaine revenait donc bien, non à priver l'Evêque Germain de sa qualité épiscopale, mais à lui interdire d'exercer ses fonctions épiscopales dans le cadre de l'Eglise Orthodoxe Roumaine, et à l'exclure avec tout le diocèse dont il avait la charge, puisque le synode n'avait aucun pouvoir de dissoudre l'Eglise catholique orthodoxe de France. On trouve confirmation de cette interprétation dans le fait que le document de 1993 a été transmis non seulement à l'Evêque Germain, mais à tous les clercs majeurs de l'Eglise catholique orthodoxe de France, qui ont été invités à se placer sous l'autorité des juridictions locales ayant la charge de la diaspora : pour Bucarest, le "diocèse" catholique orthodoxe de France" n'appartenait plus à son obédience et ne pouvait plus se prévaloir de sa protection ; ceux des prêtres et des fidèles de l'Eglise catholique orthodoxe de France, peu nombreux au demeurant, qui ont alors souhaité rester dans sa juridiction n'ont pu que s'intégrer à l'Eglise roumaine en France, dont ils ont dû adopter les usages, qu'il s'agisse du calendrier ou du rite.
Il n'est aucunement question de réduction de l'évêque Germain à l'état laïc dans la décision de 1993. En l'évoquant, le prétendu "Avis d'expertise canonique" outrepasse le texte de la décision. S'il fallait adopter cette interprétation, la réduction à l'état laïc aurait concerné tous les destinataires de la décision, ce qui placerait tous les clercs de l'Eglise Catholique Orthodoxe de France (et, au premier chef, ceux qui ont si imprudemment sollicité cet avis !), aujourd’hui encore, dans une position sans issue. Or il n'en est rien (heureusement !), et on voit par là même l'absurdité d'une telle construction.
On ne peut que s'étonner de voir désigné comme "avis d’expertise canonique" un document établi huit ans après une décision sans appel, qui prétend interpréter cette décision et la transforme en condamnation. Qu'est-ce qui légitime l'intervention de ceux qui se présentent comme les porte parole de l'Eglise de Roumanie, alors que celle-ci, huit ans auparavant, a rompu les liens qui l'unissaient à la nôtre, et a perdu de ce fait tout droit d'intervenir ? Où, à quelle époque, a-t-on vu des juges revenir sur une cause jugée, et, sans nouvel examen, réviser la décision, prise dans les conditions contestables que nous avons rappelées, sous couleur de "l'expliciter" ? Où, à quelle époque, a-t-on vu des ecclésiastiques étrangers, pas neutres dans l'affaire, prétendre intervenir comme experts, sans y avoir été conviés, dans une procédure civile française ?
Si la bienséance ne nous permet pas de porter un jugement sur ces singuliers usages, en revanche, il est douloureux d’avoir à rappeler cette évidence dans notre pays, qui se veut attaché aux libertés et aux principes du droit. Ces faits prouvent que, dans des milieux où l'on devrait le moins s'y attendre, le vieux conseil de Bazile, "calomnier à dire d'Experts"[9], est encore d'actualité.
Concluons en disant que l'Eglise catholique orthodoxe de France existe bel et bien :
- de par son antiquité dans notre pays et de sa restauration sanctionnée par le métropolite Serge de Moscou en 1936.
- de par la fidélité de ses membres, actuellement plus de 20 paroisses en France.
- de par sa confession de la foi et des dogmes orthodoxes.
- de par la présence de son évêque, qui n'a pas été déposé selon les règles canoniques, mais seulement exclu du Synode des évêques roumains.
- de par son respect des statuts d'association cultuelle selon les lois de 1901 et 1905 au sein de l'Etat français.
[1]. C'est ainsi que le Métropolite Jérémie, responsable du diocèse grec relevant du Patriarcat de Constantinople, a été transféré à Lausanne, et remplacé à Paris en mars 2003 par Mgr Emmanuel, précédemment à Bruxelles.
[2]. La restauration de ce rite a pu être opérée par le P. Eugraph Kovalevsky, en 1944, à partir des travaux de spécialistes renommés (le P. Lebrun, Mgr Duchesne, Dom Leclerc, parmi beaucoup d'autres), qui se sont appuyés sur les publications des érudits, notamment bénédictins, du XVIIème siècle. Eugraph Kovalevsky, aidé de son frère Maxime, a pris pour guide de cette restauration les Lettres de Saint Germain de Paris. Bien que mise en doute par certains auteurs (Bishop, Dom Wilmart, et plus récemment Smyth), l'authenticité de ces Lettres a été défendue par d'autres, et non des moindres (Duchesne, Lejay, Batifol, et surtout Dom Leclerc dans son article sur "La messe gallicane à Paris", DACL, 1937, 13, col. 1889 ssq., curieusement inconnu de Smyth). Leur ancienneté comme la valeur de leur témoignage ne sauraient être valablement contestées, même si les pratiques liturgiques étaient relativement diversifiées dans l'Occident. En tout état de cause, le caractère véritablement orthodoxe de cette liturgie restaurée a été reconnu, après un examen approfondi, par plusieurs synodes et hiérarques orthodoxes.
[3]. Saint Irénée de Lyon mettait déjà en garde le pape Victor contre cette tentation. Rappelons que le courant gallican a été illustré par Gerson, mort exilé à Lyon en 1429, ainsi que par Bossuet, les constituants de 1790 ou les anticoncordataires de la « Petite Eglise ». Par ailleurs, à défaut du canon de la messe, d’ailleurs en partie réinséré dans les missels catholiques après Vatican II, beaucoup de prières de l’ancien rite gallican ont été sauvegardées dans les missels et les sacramentaires romains en usage en France, et le scriptorium lyonnais de l’époque carolingienne a joué un rôle important dans ce sauvetage.
[4]. Fondée en 1922 en tant qu’Eglise libre-catholique, puis renommée Eglise catholique évangélique, elle reçut la bénédiction canonique du Patriarcat de Moscou en 1936 en tant qu’Eglise orthodoxe occidentale. Mgr Winnaert écrivait alors : « il ne s’agit pas de créer une Eglise russe de plus en France ni même une Eglise orientale de langue française. Il s’agit de réaliser, avec l’aide de la Russie, l’Eglise orthodoxe d’Occident, ayant, ou plus exactement gardant son rite occidental, sa liturgie propre, ses traditions particulières, sa vie, son administration et devant aboutir un jour à l’exercice d’une autonomie complète. »
[5]. Nous avons presque toujours entretenu de bons rapports avec les autorités religieuses de l'Eglise romaine, qui ont su, dans leur immense majorité, rester sourdes aux calomnies répandues sur notre compte, et nous ne saurions omettre de dire à quel point nous leur sommes reconnaissants de leur appui fraternel, par exemple en mettant à notre disposition des lieux de culte ou en nous facilitant l'accès des sanctuaires historiques dont elles ont la garde.
[6]. La nécessité énoncée dans nos Statuts que le Primat de l'Eglise orthodoxe de France doit posséder la nationalité française est simplement conforme à la loi française, et n'implique aucun nationalisme. Quant au phylétisme, il désigne "la distinction de races et l'orgueil national introduit dans l'Eglise" et de façon plus concrète "l'établissement dans un pays séculier de plusieurs églises nationales regroupant des fidèles de même origine ethnique et repoussant les fidèles d'autres origines. On conviendra qu'une telle accusation ne saurait viser l'Eglise orthodoxe de France, qui est ouverte à tous, sans distinction de race ou de nationalité. Et ce n'est pas faire preuve d'orgueil national que de célébrer, en France, des offices en langue française, en se servant d'un antique rite local, forgé et enraciné sur notre sol, sans prétendre aucunement imposer son rite ou ses usages aux orthodoxes d'autres origines vivant dans notre pays. En revanche, l'établissement en France de plusieurs églises orthodoxes selon les pays d'origine des fidèles (russe, grecque, roumaine, serbe, ...) et l'invitation pressante d'abandonner le calendrier grégorien et de célébrer la liturgie byzantine de Saint Jean Chrysostome, qui nous a été adressée par certaines Eglises orientales comme une condition essentielle de notre existence, représente assez fidèlement ce que l'on doit entendre par phylétisme !
[7]. Ces accusations, proférées dans un dossier publié en 1979 par le "Service orthodoxe de presse" (SOP), auquel le SOP continue de faire référence, ont fait l'objet d'une rectification dans une lettre ouverte de Mgr Germain en date du 22 septembre 1987 dont le SOP n'a jamais publié la version intégrale. On trouvera celle-ci dans la revue Présence orthodoxe, 2003, n° 135, p. 2-25.
[8]. Mais, on vient de le voir, de par son origine, l'Eglise catholique orthodoxe de France n'est pas une Eglise de la diaspora.
[9]. Beaumarchais, Le Barbier de Séville, Acte II, Scène VIII.