Selon le site Internet aujourd'hui disparu "Episcopi vagantes", que j'avais consulté le 12 octobre 2001, Mgr Vigile (Valentin Morales) avait été consacré évêque (hors de toute Eglise) le 28 avril 1979 par Mgr Enos, fameuse figure du monde des évêques vagants, dont Eliazar avait déjà parlé sur ce forum. Le répertoire du Révérend Père Bernard Vignot, prêtre vieux-catholique de l'Union d'Utrecht,
Répertoire des petites Eglises catholiques non romaines et orthodoxes non canoniques, tome I, Bondeville 1982, page 19, se contente de mentionner la consécration par Mgr Enos, sans donner de date. Il mentionne qu'en 1982 Mgr Vigile dirigeait une "Eglise orthodoxe hors patriarcat - Fondation Val Moral", sise 7, rue Alexandre-Cabanel dans le XVème arrondissement de Paris.
Le 2ème fascicule du père Vignot (Bondeville 1984, page 12) nous signale le fait troublant que voici: "L'Eglise Orthodoxe Française
(nouveau nom de la fondation Val Moral, NdL) n'est pas à la recherche d'une juridiction, son identité propre étant précisément d'exister hors patriarcats. Validement issu du Patriarcat Syrien d'Antioche, Mgr Vigile a reçu la bénédiction des mains de son Patriarche, Mar Jacobus III, le 23 janvier 1978, en sa résidence de Damas."
D'abord, la succession apostolique formelle des évêques vagants et de l'Eglise orthodoxe celtique n'est pas issue du patriarcat monophysite d'Antioche, celui-ci ayant nié à plusieurs reprises avoir jamais consacré Jules Ferrette, qui, de son côté, n'a jamais pu prouver le fait matériel de sa consécration épiscopale par les monophysites. La dernière mise en garde du patriarcat jacobite remonte à 1958. Il est donc étonnant que, vingt ans plus tard, leur patriarche,
qui avait lui-même approuvé cette mise en garde (le patriarcat de Jacques III dura de 1957 à 1980), ait béni l'action d'un évêque qui se réclamait de cette succession apostolique inexistante et dont l'Eglise syrienne monophysite n'est absolument pas responsable.
Ensuite, je ne comprends pas le sens de la phrase "recevoir une bénédiction des mains du patriarche". Que faut-il entendre par bénédiction?
On retrouve ensuite Mgr Vigile, vers 1995, au sein du pseudo-patriarcat de Kiev de Philarète Denissenko, en compagnie de Mgr Euloge (Hessler) de Milan, illustration de la franc-maçonnerie en Lombardie (cf., sur ce forum, le fil "vieux-calendariste et franc-maçon"), et de Mgr Michel Laroche.
Je ne sais pas quand c'est produit la rupture, mais, dès 1997, Mgr Vigile ne faisait plus partie du "patriarcat" de Kiev.
Comme le monde est petit, on notera que Mgr Euloge, qui se présente comme vieux-calendariste incarnant une résistance orthodoxe à l'oecuménisme, n'a pas hésité inviter pour concélébrer avec lui la liturgie de Noël, le 7 janvier 1998 à Milan, un évêque et un prêtre monophysites... de l'Eglise orthodoxe celtique, celle-là même qui va maintenant consacrer un évêque coadjuteur pour Mgr Vigile, naguère évêque sous la juridiction du métropolite Euloge de Milan ! (Cf.
Sainte-Présence, revue de l'Eglise orthodoxe celtique de Saint-Dolay, n° 93, février 1998, p. 13.) Donc, dans l'univers des Eglises parallèles, tout le monde finit par se retrouver un jour ou l'autre.
En page 12 de son édition du 24 novembre 1998, le quotidien
Le Parisien libéré a publié, sous le titre "Le juteux commerce des saints soigneurs", un article consacré aux activités de l'Eglise orthodoxe française de Mgr Vigile.
Je reproduis ici un passage savoureux de cet article:
"Les prescriptions des bons pères de l'Eglise orthodoxe française sont sans doute uniques dans toute la chrétienté. "Prendre un pied de boeuf, le mettre dans une assiette blanche neuve sous le lit. Le retirer, mettre dans une casserole avec de l'Eau de Saint-Michel, de l'Huile de sagesse, faire cuire à feu vif durant une heure, enlever la moelle de l'os (...), manger la moelle et s'en parfumer, etc." Et hop plus de problèmes d'eczéma. Le rituel n'est valable qu'avec les produits commercés par la société Etheris, "les seuls à être bénits par un prêtre"."
Je vous recommande la visite du site Internet de l'Eglise de Mgr Vigile,
www.e-o-f.net , où vous pourrez lire quelques pages sur le père Jean-Yves Leloup, principal théologien de cette Eglise, et des photos de leur monastère Saint-Michel dans le Var.
Trouvé sur leur site, à l'adresse
www.e-o-f.net/galeries/index.htm , l'intéressant texte qui suit, intéressant parce qu'il est représentatif du style pour le moins lyrique adopté dans toutes ces Eglises parallèles:
"Enracinement et ouverture"... Cela pourrait être un leitmotiv de l'Eglise Orthodoxe Française; soucieuse d'esprit évangélique, attentive à l'autre, recherchant l'union de coeur, respectueuse des différences... L'ouverture est bienfaisante parce que l'enracinement dans la Tradition orthodoxe est profond.
L'arbre, pour se déployer dans l'azur, ne doit-il pas toujours plus s'ancrer dans la profondeur de son sol ?
Voici donc quelques photos récoltées au gré de ces moments précieux, quand, au-delà des différences, les coeurs ne font qu'Un... Des photos qui en disent souvent plus que des mots.
Je vous conseille en particulier de visiter la galerie de photos, qui montre bien que l'EOF semble avoir de meilleures relations du côté bouddhiste ou du côté musulman que du côté chrétien (orthodoxe ou pas). Reproduisons ici ce petit texte qui sert de légende à une photo où l'on voit des derviches musulmans soufis en prière à l'intérieur du monastère Saint-Michel de Mgr Vigile:
Après les moines tibétains, ce sont nos amis soufis qui chantent dans leur tradition. La chorale des moines orthodoxes du monastère clôturera cette rencontre.
Date : Dimanche 8 Octobre 2000
Lieu : Nef de l'église
Ô multitude des nouveaux-martyrs, pourquoi êtes-vous morts?