Jean-Louis Palierne a écrit :
Le véritable invariant physique et stable de notre réalité somatique individuelle est ce code ADN, qui peut reconstituer notre corps. Ne méprisons pas la science moderne.
J'aime beaucoup cette citation de notre frère Jean-Louis Palierne, car elle prend tout son sel dans le contexte des utilisations politiques et cosmogoniques des triomphes de la biologie.
On peut encore rencontrer de nos jours quelques individus qui se réfèrent à la théorie de l'évolution de Darwin (sans mentionner qu'elle n'est qu'une théorie dont les fondements scientifiques sont des plus ténus, comme l'a bien montré le professeur Denton) pour essayer de démolir pseudo-scientifiquement la foi religieuse. Un individu de ce genre est le biologiste français Albert Jacquard, qui a récemment pondu un ouvrage militant anti-chrétien sous le titre de
Dieu? auquel le prêtre romano-catholique suisse Philippe Baud a répondu par un livre au titre plein d'humour
Albert? . Le professeur Jacquard prétend utiliser la biologie moderne pour détruire le christianisme, mais l'amusant est que le professeur Jacquard est un communiste de stricte obédience comme on n'en trouve plus guère qu'en France et dans le canton de Genève. Il serait donc intéressant de voir ce que les communistes pensaient de la biologie moderne.
Par biologie moderne, j'entends ici la seule biologie scientifique, celle à laquelle se rapporte la phrase de Jean-Louis Palierne, et je m'intéresserai en particulier à la génétique dont on sait qu'elle repose sur les observations faites au XIXème siècle par le moine papique morave Grégoire Mendel. Le triomphe de la génétique a été la découverte de l'ADN par Crick et Watson en 1953. Que pensaient donc les émules du professeur Jacquard et autres scientifiques anti-religieux d'obédience communiste de cette génétique?
Le professeur Marcel Prenant, biologiste français, membre du parti communiste français de 1921 à 1958, député de la Marne et membre du Comité central du PCF, pensait que la génétique moderne lui permettrait de détruire la croyance religieuse:
"Après l'étude de Marx, d'Engels, de Lénine, de Plekhanov et de Staline sur le matérialisme dialectique et son application aux sciences de la nature, il m'apparut que ma tâche essentielle était de convaincre de l'origine purement matérielle de la vie en général et de l'homme en particulier, sans aucune intervention surnaturelle. C'est là, en effet, une des conditions essentielles pour que ces mêmes interventions surnaturelles soient dépouillées de leur prestige dans les affaires purement humaines où elles servent de prétexte à toutes sortes de falsifications et de supercheries." (Marcel Prenant,
Toute une vie à gauche, Encre, Paris 1980, p. 83.) On notera que Prenant exécute la religion en général sans donner le moindre détail sur ce qu'il appelle des "falsifications" et des "supercheries".
Mais voilà, cette campagne marxiste voulant utiliser la vraie génétique de Mendel, Morgan et Weismann pour détruire la foi en un Dieu créateur (quel orgueil satanique! quelle présomption! quelle vanité!) va tourner court.
En effet, la génétique suppose la non-transmissibilité des caractères acquis. Très vite, les dirigeants du parti communiste d'Union soviétique estiment que ce principe de non-transmissibilité des caractères acquis est incompatible avec le marxisme: si les gènes ne sont pas modifiables par une action concertée, à quoi bon les aspirations communistes à transformer l'humanité?
Comme, en idéocratie marxiste, la réalité doit se plier à l'idéologie, la génétique sera progressivement bannie au sein du mouvement communiste international. En 1937, le congrès international de génétique qui devait se tenir à Moscou est annulé. En 1938, on arrête les principaux généticiens soviétiques, déclarés ennemis du peuple. En 1940, l'agronome Vavilov, chef de fil de l'école néo-mendelienne en Union soviétique, est emprisonné à Saratov où il meurt en 1943. Enfin, en août 1948, à l'issue d'une séance spéciale de l'Académie Lénine des sciences agronomiques de l'URSS, la génétique mendélienne est mise hors-la-loi; la biologie mitchourinienne, mise en place par le redoutable imposteur Lyssenko, devient un dogme pour le mouvement communiste international. Au lieu de prétendre démolir les dogmes du christianisme, le professeur Jacquard devrait peut-être se pencher sur l'attitude quelque peu dogmatique que l'idéologie mortifère dont il se réclame a eu à l'égard de la science dans un passé pas si lointain (le mitchourinisme est resté un dogme du mouvement communiste international jusqu'en
1965, c'est-à-dire douze ans après la découverte de l'ADN)...
La biologie mitchourinienne de Lyssenko professe la transmissibilité des caractères acquis, l'incroyable théorie de la "transformation des espèces" selon laquelle le blé peut se transformer en seigle et les pêches en brugnons, et, sous la plume de sa disciple Lépéchinskaïa, ressuscite la théorie de la génération spontanée pourtant réfutée par Pasteur: Lépéchinskaïa affirme que des cellules parfaitement constituées peuvent apparaître à partir du blanc d'oeuf (cf. Joël et Dan Kotek,
L'affaire Lyssenko, Complexe, Bruxelles 1986, p. 88). Au lieu de railler l'obscurantisme des chrétiens, le professeur Jacquard ferait mieux de nous dire de ce qu'il pense de l'attitude de son cher parti ressuscitant la génération spontanée en 1948...
Quant à la génétique, dont le biologiste communiste Marcel Prenant pensait qu'elle lui permettrait de détruire toute foi en un Dieu créateur, elle devient soudain elle-même une forme de métaphysique! En effet, d'après la théorie des deux sciences développée par l'appareil communiste international en 1948, le mitchourinisme relève de la "science prolétarienne", nécessairement juste et dans le sens de l'Histoire, et la génétique de la "science bourgeoise", nécessairement obscurantiste et métaphysique. Florilège:
"Une théorie comme le mitchourinisme est dangereuse pour la société bourgeoise: elle accroît les forces de production et sape ainsi les racines économiques de la domination du capitalisme. Et - qui pis est! - il est source d'abondance, donc de puissance pour l'Union Soviétique!" (Francis Cohen, in
L'Humanité du 17 octobre 1948 - naturellement, dans les faits, le mitchourinisme lyssenkiste fut une ruine pour l'agriculture soviétique).
"Ce qui est certain, c'est que la théorie de Mendel n'a pas amené son auteur à quitter les ordres, qu'il l'a considérée comme compatible avec le dogme qu'il défendait conjointement (...) On voudra bien que Lyssenko demeure un communiste et Mendel un moine. Et il sera permis de le dire." (Louis Aragon, in numéro spécial de la revue
Europe, octobre 1948, p. 10). Donc, la génétique mendélienne est fausse parce que son fondateur était un moine, et le mitchourinisme est vrai parce que son fondateur est un communiste. A peu près le même niveau d'élévation de pensée que le professeur Jacquard aujourd'hui...
Enfin, naturellement, la génétique est hitlérienne:
"Ces armes (mendéliennes, NdL)
qui servirent à justifier les fours crématoires (souligné par nous, NdL), sont invoquées, par exemple, par le professeur H. J. Muller." (Professeur Jeanne Lévy, de la faculté de Médecine de Paris, in Les Lettres françaises, citée par Kotek / Kotek, op. cit., p. 156.)
On notera donc un paradoxe du pamphlétaire anti-chrétien Albert Jacquard. La seule chose qui justifie son ministère de gourou médiatique et lui permet de trouver un public pour ses platitudes anti-religieuses, c'est sa qualité de généticien (le "scientifique" étant devenu en France le substitut du chamane des tribus ouraliennes). Son statut repose donc sur une science que sa propre idéologie devrait l'amener à qualifier de non-scientifique et hitlérienne. On aboutit ainsi à la situation d'un spécialiste de l'anti-fascisme alimentaire dont la seule légitimation est une science qu'il devrait lui-même qualifier de fasciste, s'il avait de la suite dans les idées. Naturellement, il y aura toujours des Jacquard pour vous raconter que le mouvement communiste international a rompu avec le mitchourinisme lyssenkiste en 1965, que le PCF a évolué, et autres sornettes. Mais je leur rétorquerai d'avance que l'attitude qui a amené leurs pères en idéologie à brider la recherche scientifique et à nier la vérité scientifique la plus évidente est consubstantiellement liée à leurs croyances politiques, dont je ne vois pas dans quelle position de supériorité intellectuelle elle les met pour se gausser des croyances religieuses des autres.
Les Prenant et Lyssenko d'hier, les Jacquard d'aujourd'hui, confessaient et confessent que la science est une arme en leur main pour détruire le christianisme. L'édifiante et peu glorieuse aventure du dogme mitchourinien au sein du mouvement communiste international montre d'ailleurs le peu de cas qu'ils font, en réalité, de la vérité scientifique, quand elle ne se plie pas à leurs objectfis. Mais, pauvres présomptueux, le texte de notre frère Jean-Louis Palierne ne montre-t-il pas que l'on peut être celui qui a apporté à l'Occident la dogmatique de saint Justin Popovitch et ne pas être troublé le moins du monde par la vraie génétique, celle du frère Grégoire Mendel? Sait-il seulement, le gourou du pauvre Albert Jacquard, que le grand théologien vieux-calendariste de Thessalonique, le chirurgien Alexandre Kalomiros, était adepte de l'évolutionnisme darwinien sans que cela le troublât le moins du monde dans sa foi (il eut d'ailleurs une polémique à ce sujet avec le père Séraphin Rose, qui était lui anti-évolutionniste - rappelons une fois de plus que, si la génétique mendélienne est un fait scientifique, l'évolution, elle, n'est qu'une théorie sans preuve irréfutable)?
Naturellement, il se trouvera toujours des gens pour croire que l'idéologue Albert Jacquard est un homme des Lumières et que nous sommes des obscurantistes.
Mais nous savons bien que tous les édifices de désinformation élevés par les Lyssenko et les Jacquard s'écrouleront un jour ou l'autre, et que le radieux Port de notre salut, l'Eglise orthodoxe voulue et fondée par Jésus-Christ, continuera à se dresser, citadelle inébranlable de la Vérité.