Avant de voir vos réponses, j'avais préparé quelque chose. Je le mets quand même, en l'actualisant.
Jean-Louis Palierne a écrit :On comprend donc que certains membres de l’UACORO souhaitent rester dans l’état de choses actuel. D’autres souhaitent retourner à l’ÉCOF (en fait l’UACORO n’est guère autre chose qu’une organisation de l’opposition intérieure à l’ÉCOF). D’autres désirent se joindre au groupe dirigé au sein de l’Église copte (mais de rite occidental) par le père Alphonse Goettmann, et enfin certains envisagent d’entrer dans l’Église orthodoxe « de rite oriental ». On en saura plus à l’issue de la prochaine assemblée générale de l’UACORO en octobre. Cette AG risque fort d’être la dernière.
Ce qui m’embête, dans la présentation que fait Jean Louis Palierne, ce sont deux inexactitudes. Tout d’abord, quand l’UACORO a été créée en tant que structure juridique provisoire, on ne peut plus parler d’opposition
interne à l’ECOF. C’était même le signe d’un claquage de porte assez violent. Et cela fait 4 ans qu’elle n’a plus aucun rapport avec l’ECOF. Enfin si, un et un seul : comme le procès a donné à l’ECOF la propriété de tous les biens immobiliers, la paroisse de Juvisy s’est retrouvée, fort embêtée, avec l’ECOF comme propriétaire de ses locaux ; il a donc fallu avoir quelques contacts pour clarifier les choses, fixer un loyer, etc., comme il y en aurait eu avec n’importe quel propriétaire. Sur cette affaire dont la hauteur spirituelle n’échappera à personne, a couru la rumeur d’une reprise de contacts ecclésiaux. Cette rumeur n’est qu’un canard… Coin, coin.
La seconde inexactitude, et c’est celle qui me fait réagir, concerne l’ordre dans lequel Jean Louis présente les « projets d’avenir » des uns et des autres. Mais moi qui connais personnellement tous les membres du clergé et une bonne partie des paroissiens, y compris de province, je peux témoigner que, statistiquement, la majorité (= quasiment tous les anciens) hésite entre… intégrer une paroisse russe ou une paroisse roumaine. Pour la province, c’est plutôt une question de juridiction et la Roumanie a posé ses jalons. L’option copte a été discutée et
rejetée lors de l’AG de 2004. D’autres options ne sont pas d’actualité, sinon peut-être pour une personne isolée ici ou là, il y a toujours des électrons libres et que serait, d'ailleurs, une vie spirituelle sans liberté ? Mais l’ordre que présente Jean Louis est exactement inverse de la réalité et donne donc une image de l’UACORO non seulement fausse mais injuste.
Que l’on rejette, avec des arguments clairs, la liturgie dite « des Gaules » est une chose. Que l’on combatte la collusion entre l’évêque Germain et la franc-maçonnerie, je suis la première à le faire. Que l’on insinue que les membres de l’UACORO sont la dernière sous-race d’hérétiques après les soliveaux et les ânes bâtés, c’est autre chose, d’une élégance plus douteuse. Et puis, mon cher Jean Louis et ceux qui vous emboîteront le pas, avez-vous pensé un instant à l’accueil que vous préparez pour tous ceux qui, venant de l’UACORO et tenant à l’orthodoxie comme à la prunelle de leurs yeux, vont entrer dans telle ou telle paroisse russe, roumaine ou serbe ? Ce ne sera sans doute pas facile mais, si vous les marquez d’avance au fer rouge… Faudra-t-il porter la lettre écarlate comme les adultères chez les Puritains de la première Amérique ?
J’arrête là, car sinon c’est moi que la souffrance rendrait injuste.
En fait, je reprends, parce que les derniers messages de Jean-Louis et de Glicherie sont d'un autre ton et de cette douceur nouvelle, je vous remercie tous deux.
Je sais bien, et tout le monde à l'UACORO sait que les Coptes ne sont pas en communion avec le patriarcat de Constantinople. Je ne suis pas sûre que la reconnaissance de leur orthodoxie dans les conditions actuelles soit une bonne chose, car cela brouille les cartes pour ceux qui ne sont pas au fait de toutes les nuances du discours diplomatique ecclésiastique, oecuménisme obligeant. Ou ils sont orthodoxes (je n'en suis pas sûre du tout, pour ma part) et je ne vois pas pourquoi cet ostracisme ; ou ils ne le sont pas et alors, pourquoi affirmer le contraire ? Mais cette absence de communion et de clarté quant à leur "degré d'orthodoxie" ont été les arguments qui ont fait rejeter cette option en 2004.
Quelles que soient les circonstances et les raisons qui ont prévalu dans les années 1920-1930, presque un siècle déjà, pour l'élaboration du "rite des Gaules", elles n'existent plus aujourd'hui. Et ce qui pouvait alors apparaître comme un argument missionnaire pourrait effectivement nourrir un ethnophylétisme.
Ceci posé, vous aurez beaucoup de mal, mon cher Jean-Louis, à me faire partager votre admiration pour Byzance. Je me sentirais beaucoup plus proche du désert d'Egypte, de la Cappadoce ou d'Antioche avant Nestorius que des fastes impériaux qui me donnent le plus souvent envie de me revendiquer comme barbare. Voire à rappeler comme je l'ai fait souvent l'existence d'une Eglise d'Irlande que Rome a détruite et qui a disparu sans verser dans l'hérésie. Je ne parle pas, bien entendu, des Irlandais actuels, romanisés de force au XIIe siècle. Pardonnez moi si les pages tapis du Book of Kells me font chanter l'âme plus que ce que je connais de Byzance.
Le mythe d'empire ne date pas de Byzance, pas même de Rome, il accompagne le rayonnement légendaire de Sargon d'Akkad. Les critères de l'Empire, perfection politique, religieuse, etc., sont nés là avant de passer à Hammourabi puis se répandre vers la Chine et vers la Méditerranée. On retrouve les mêmes dans tous les éloges de Byzance. Mais je connais trop l'histoire pour y voir un âge d'or, fût-il ecclésial, ou le lieu de naissance de "formes parfaites" comme vous l'avez écrit je ne sais plus sur quel fil.