Église Orthodoxe Celtique
Publié : mer. 20 août 2003 10:08
MONSEIGNEUR MAËL, ÉVËQUE-PRIMAT DE l'ÉGLISE CELTIQUE ORTHODOXE
Mgr Maël s’appelle de son nom d’état-civil Paul de Brescia, citoyen américain né le 11 janvier 1923 à Gardner, dans le Massachusetts – une petite ville à importante minorité francophone.
Comme bien des évêques vagants, son parcours a été assez mouvementé.
Adolescent, il est entré dans le scoutisme à Gardner (en 1935), est ensuite devenu éclaireur, puis routier, et enfin a combattu pendant la Seconde Guerre Mondiale dans l’armée de l’air étasunienne. Blessé au-dessus de l’Atlantique, il quitte l’Air Force pour être muté dans la VIIth US Army, où il est enregistré comme infirmier-interprète. Après le débarquement, il sera un moment stationné à Marseille comme agent de liaison avec la Ière Armée (française). Enfin, son unité médicale échouant à Épinal, dans les Vosges, il y sera cantonné jusqu’à sa démobilisation en 1946. Il est plusieurs fois médaillé à titre militaire.
Il retourne alors un an aux USA, vivant seul sur les bords du lac Michigan, puis se décide à revenir à Épinal, où il se marie en 1947. Deux enfants. Il y sera successivement professeur d’anglais au Collège Sainte Jeanne d’Arc, chef du personnel dans un grand magasin de confection, puis décorateur-antiquaire.
Parallèlement, il est nommé Délégué à la Liberté Surveillée auprès du Tribunal pour Enfants d’Épinal (de 1950 à 1957), puis auprès du Tribunal de Toulouse de 1957 à 1963 ; à ce titre, il sera plus tard médaillé du Mérite Social.
Entre temps, ayant renoué avec le scoutisme, il figure en 1958 parmi les fondateurs des très catholiques « Scouts d’Europe » ; il y sera pendant plusieurs années Commissaire de la Province Gascogne-Guyenne. De tendance kto lefèvriste, les Scouts d’Europe passeront bientôt au lepénisme ; cela pourrait éclairer l’évolution du futur évêque-primat vers l’orthodoxie – suite à un probable rejet du catholicisme d’après-Vatican II, ce concile latin ayant suscité par réaction à la fois la scission de Mgr Lefèvre et celle d’une fraction des Scouts de France transformés en Scouts d’Europe. Ainsi que le passage d’innombrables laïcs et membres du clergé kto à diverses églises ou sectes « en recherche » d’une spiritualité plus satisfaisante.
De 1963 à 1970, Paul de Brescia dirige un Institut Médico-Pédagogique à Montferrand-Savès, dans le Gers.
Contrairement à certains évêques vagants actuels, il semble bien avoir suivi de sérieuses études : d’abord dans le Michigan, puis à l’Université de Bates College, à Lewiston dans l’état du Maine ; il commence ses études de théologie catholique aux USA (dans le Massachusetts), et les continuera par la suite en France auprès des « Oblats de Marie Immaculée », un ordre missionnaire fondé au début du XIXème siècle par Eugène de Mazenod (évêque de Marseille de 1837 à 1861).
On comprendra plus facilement la carrière de Mgr Maël si on se penche un peu sur la noble famille de Mgr de Mazenod : cet évêque est assez vraisemblablement l’arrière-arrière-grand-oncle de notre Paul de Brescia. Prélat d’un grand panache, il s’illustra par une profonde piété et fit preuve d’un très grand courage au moment où son diocèse était dévasté coup sur coup par trois grandes épidémies de choléra. Il était encore vicaire général de son oncle l’évêque de Marseille Charles-Antoine de Mazenod quand éclata la première, en 1835. Il fut ensuite nommé à sa succession en 1837, au moment où se déclenchait la seconde épidémie, puis il paya à nouveau héroïquement de sa personne lors de la troisième, en 1839.
Dans ce domaine, Mgr Eugène de Mazenod avait de qui tenir. Sans remonter aux Croisades (cette vieille famille provençale appartenait à la noblesse de robe), notre évêque de Marseille était le fils de Charles-Antoine de Mazenod, noble magistrat provençal mort à Marseille en 1820 - et le petit-fils de Charles-Alexandre de Mazenod, qui fut un brillant mousquetaire du Roi avant de devenir président de la Cour des Comptes, Aides et Finances de Provence, et enfin président à mortier au Parlement de Provence.
Charles-Antoine (étant devenu membre de la Cour des Comptes et du parlement de Provence en même temps que son père) se fit remarquer non seulement par son savoir mais par une indépendance d'esprit digne d’un vrai fils de mousquetaire: se fondant sur ce que les États de Provence avaient nommé jusque-là les députés aux États Généraux, il protesta avec hauteur contre la décision de Necker de faire désigner la députation par sénéchaussée et non par corps d'état. Considéré par Versailles comme le principal instigateur de la fronde qui agita une partie des délégués de la noblesse à cette occasion, il ne se sentit plus en sûreté à Aix et s’empressa d’aller se réfugier …à Palerme. Déjà mal vu par Louis XVI, il se paya le luxe de dédaigner les avances du Premier Consul, méprisa naturellement l’Empire avec la dernière insolence et ne daigna retourner en Provence qu’après 1817.
Ce bouillant parlementaire avait un frère cadet, Charles-Fortuné de Mazenod, né à Aix en 1749, qui avait fait de brillantes études théologiques à Paris avant de revenir à Aix comme vicaire général de l'archevêque, Mgr de Boisgelin. Tout aussi mousquetaire d’esprit que leur père, Charles-Fortuné refusa vigoureusement de prêter le serment exigé par la constitution civile du clergé, émigra donc à son tour, mais en Suisse d’où il gagna Venise ; il n’est peut-être pas inutile de rappeler ici que la noble cité de Brescia était depuis le XIVème siècle l’un des plus beaux fleurons des États de Venise. Et comme par ailleurs, le haut clergé d’Ancien Régime appréciait fort les belles dames, fussent-elles vénitiennes et aristocrates... et que celles-ci avaient elles-mêmes des traditions de dévotion poussées…
Charles-Fortuné de Mazenod revint tout de même à Aix après la mort de Robespierre, mais dut à nouveau s'expatrier après le 18 fructidor. Il rejoignit alors son frère à Palerme et y attendit sagement 1817 pour apprendre sa nomination à l’évêché de Marseille par Louis XVIII. Mais Dieu sait pour quel motif, ce n’est que cinq ans plus tard qu’il se décida à quitter cet exil doré pour prendre enfin possession de son siège. On était en 1823 et notre vert prélat avait déjà 72 ans : il était temps de faire une fin. Du reste, il se démit sagement de ses fonctions quand il en eut 88 et mourut à Marseille deux ans plus tard, en ayant pris soin de préparer de longue date la transmission de son évêché à son neveu Eugène.
Charle-Eugène de Mazenod était né à Aix en 1782, avait été ordonné prêtre à Paris, au séminaire de Saint-Sulpice, qu’il dirigea plus tard avant de revenir dans sa ville natale pour y fonder sa congrégation de missionnaires des Oblats de Marie Immaculée (que Grégoire XVI reconnut en 1826 : sans être encore dogmatisée, l’idée était déjà dans l’air, au Vatican), et fut choisi en 1829 comme grand vicaire par son oncle. En 1832, le pape étant passé par-dessus la tête du gouvernement français pour le sacrer évêque « in partibus » d'Icosie, Eugène de Mazenod fut menacé de perdre ses droits de citoyen et d'être privé de ses fonctions. Toutefois l'affaire finit par s'arranger, et Louis-Philippe le nomma évêque de Marseille en remplacement de son oncle, le 1er avil 1837.
Comme toute la famille, Charles-Eugène avait la bougeotte et parcourut, en qualité de visiteur apostolique, les États barbaresques : l’Algérie venait d’être conquise, les Marseillais y avaient un puissant réseau de correspondants depuis plusieurs siècles, et l’église de France s’intéressait fort à cette conquête; par la même occasion, il s'attacha à favoriser l'extension de sa congrégation d'oblats, qui compta rapidement plus de dix établissements dans des pays et sur des continents divers. Il se paya encore le luxe de publier une « Recommandation au Roi au sujet de la loi sur l'instruction secondaire » en 1844, et comme Louis-Philippe était plus habile que rancunier, on l’appela à devenir Membre du Sénat en 1856. Il fut même béatifié par Rome, mais bien sûr il était mort entre temps : en 1861.
Revenons à son lointain descendant du Massachusetts. Catholique fervent, pendant ses années vosgiennes il a régulièrement fréquenté, en Belgique, le Monastère Cistercien d’Orval – aussi connu pur sa délicieuse bière que pour ses retraites spirituelles. Mais en 1951, c’est dans l’un des haut-lieux de l’œcuménisme parisien, la Crypte de la rue Daru, qu’il découvre l’orthodoxie, qu’il va étudier sérieusement à l’Institut Saint-Serge.. Tout cela le conduira curieusement à rejoindre l’Église Orthodoxe… celtique ! Il y entre en 1964, fonde en 1973 une communauté celtique proche du druidisme, sous le nom évident d’Avallon … dans le midi de la France, où on se souvient qu’il était délégué à l’Enfance Inadaptée et commissaire scout d’Europe pour la Province de Gascogne-Guyenne – et enfin y est ordonné prêtre le 18 août 1974 après avoir célébré sa séparation canonique d’avec son épouse, sous la bénédiction du Primat de l’Église Celtique Orthodoxe Il a 51 ans : l’âge auquel son ancêtre Eugène de Mazenod devint évêque in partibus...
Avec six ans de retard de retard, il le rejoindra dans l’épiscopat le 16 août 1980 – non sans avoir été ordonné moine en 1977, où il reprend l’ermitage vacant de Tugdal, en Bretagne. C’est Mgr Séraphim, évêque-primat, qui lui confère l’épiscopat sous le nom nouveau de Mgr Maël. Il a 57 ans, mais ses pérégrinations ne sont pas terminées : en 1994, Mgr Séraphim abandonne l’Église Celtique pour rejoindre la grande Église Copte Orthodoxe (celle des époux Goettmann ?!), laissant les orthodoxes celtes sans primat. C’est Mgr Maël qui le remplacera, le 2 juillet 1995.
C’est le même jour, semble-t’il, qu’assisté de Mgr Gall, de l’évêque Nathan et de l’évêque Peter d’Australie (qui ne fera pas le voyage mais participera à l’ordination… spirituellement), il va conférer à son tour l’épiscopat à Jean-François Heurtebise – qu’il a reçu comme hiéromoine le 26 février de cette même année 1995. Cette autre illustration de l’Église Celtique Orthodoxe avait au préalable été ordonné en Grèce en 1988 (probablement par un évêque VCO) et avait ensuite fondé sa propre Communauté Orthodoxe Helvétique en 1991, à Sion : peut-être ce détail permettra-t-il à notre ami Claude d’enrichir cette notice à son retour.
Quant à Mgr Gall, il serait actuellement ermite en Dordogne (Ermitage Saint-Colomban, route d’Agognac, 24530-La Chapelle-Faucher). Mais je ne sais ce que sont devenus les deux paroisses orthodoxes celtiques que j’avais recensées à l’époque : celle de la « Protection de Notre-Dame » à Tarbes (P. Jean Lajeuncomme), et celle de 65340-Laslade, route de Sarrouilles (P. Jean-Michel Francès). Il y en avait également une il y a six ou sept ans à 31000-Toulouse, 35 Port Saint-Sauveur…
Éliazar Mario-Vincent, Fraternité Orthodoxe Nikaia,18 août 2003
Mgr Maël s’appelle de son nom d’état-civil Paul de Brescia, citoyen américain né le 11 janvier 1923 à Gardner, dans le Massachusetts – une petite ville à importante minorité francophone.
Comme bien des évêques vagants, son parcours a été assez mouvementé.
Adolescent, il est entré dans le scoutisme à Gardner (en 1935), est ensuite devenu éclaireur, puis routier, et enfin a combattu pendant la Seconde Guerre Mondiale dans l’armée de l’air étasunienne. Blessé au-dessus de l’Atlantique, il quitte l’Air Force pour être muté dans la VIIth US Army, où il est enregistré comme infirmier-interprète. Après le débarquement, il sera un moment stationné à Marseille comme agent de liaison avec la Ière Armée (française). Enfin, son unité médicale échouant à Épinal, dans les Vosges, il y sera cantonné jusqu’à sa démobilisation en 1946. Il est plusieurs fois médaillé à titre militaire.
Il retourne alors un an aux USA, vivant seul sur les bords du lac Michigan, puis se décide à revenir à Épinal, où il se marie en 1947. Deux enfants. Il y sera successivement professeur d’anglais au Collège Sainte Jeanne d’Arc, chef du personnel dans un grand magasin de confection, puis décorateur-antiquaire.
Parallèlement, il est nommé Délégué à la Liberté Surveillée auprès du Tribunal pour Enfants d’Épinal (de 1950 à 1957), puis auprès du Tribunal de Toulouse de 1957 à 1963 ; à ce titre, il sera plus tard médaillé du Mérite Social.
Entre temps, ayant renoué avec le scoutisme, il figure en 1958 parmi les fondateurs des très catholiques « Scouts d’Europe » ; il y sera pendant plusieurs années Commissaire de la Province Gascogne-Guyenne. De tendance kto lefèvriste, les Scouts d’Europe passeront bientôt au lepénisme ; cela pourrait éclairer l’évolution du futur évêque-primat vers l’orthodoxie – suite à un probable rejet du catholicisme d’après-Vatican II, ce concile latin ayant suscité par réaction à la fois la scission de Mgr Lefèvre et celle d’une fraction des Scouts de France transformés en Scouts d’Europe. Ainsi que le passage d’innombrables laïcs et membres du clergé kto à diverses églises ou sectes « en recherche » d’une spiritualité plus satisfaisante.
De 1963 à 1970, Paul de Brescia dirige un Institut Médico-Pédagogique à Montferrand-Savès, dans le Gers.
Contrairement à certains évêques vagants actuels, il semble bien avoir suivi de sérieuses études : d’abord dans le Michigan, puis à l’Université de Bates College, à Lewiston dans l’état du Maine ; il commence ses études de théologie catholique aux USA (dans le Massachusetts), et les continuera par la suite en France auprès des « Oblats de Marie Immaculée », un ordre missionnaire fondé au début du XIXème siècle par Eugène de Mazenod (évêque de Marseille de 1837 à 1861).
On comprendra plus facilement la carrière de Mgr Maël si on se penche un peu sur la noble famille de Mgr de Mazenod : cet évêque est assez vraisemblablement l’arrière-arrière-grand-oncle de notre Paul de Brescia. Prélat d’un grand panache, il s’illustra par une profonde piété et fit preuve d’un très grand courage au moment où son diocèse était dévasté coup sur coup par trois grandes épidémies de choléra. Il était encore vicaire général de son oncle l’évêque de Marseille Charles-Antoine de Mazenod quand éclata la première, en 1835. Il fut ensuite nommé à sa succession en 1837, au moment où se déclenchait la seconde épidémie, puis il paya à nouveau héroïquement de sa personne lors de la troisième, en 1839.
Dans ce domaine, Mgr Eugène de Mazenod avait de qui tenir. Sans remonter aux Croisades (cette vieille famille provençale appartenait à la noblesse de robe), notre évêque de Marseille était le fils de Charles-Antoine de Mazenod, noble magistrat provençal mort à Marseille en 1820 - et le petit-fils de Charles-Alexandre de Mazenod, qui fut un brillant mousquetaire du Roi avant de devenir président de la Cour des Comptes, Aides et Finances de Provence, et enfin président à mortier au Parlement de Provence.
Charles-Antoine (étant devenu membre de la Cour des Comptes et du parlement de Provence en même temps que son père) se fit remarquer non seulement par son savoir mais par une indépendance d'esprit digne d’un vrai fils de mousquetaire: se fondant sur ce que les États de Provence avaient nommé jusque-là les députés aux États Généraux, il protesta avec hauteur contre la décision de Necker de faire désigner la députation par sénéchaussée et non par corps d'état. Considéré par Versailles comme le principal instigateur de la fronde qui agita une partie des délégués de la noblesse à cette occasion, il ne se sentit plus en sûreté à Aix et s’empressa d’aller se réfugier …à Palerme. Déjà mal vu par Louis XVI, il se paya le luxe de dédaigner les avances du Premier Consul, méprisa naturellement l’Empire avec la dernière insolence et ne daigna retourner en Provence qu’après 1817.
Ce bouillant parlementaire avait un frère cadet, Charles-Fortuné de Mazenod, né à Aix en 1749, qui avait fait de brillantes études théologiques à Paris avant de revenir à Aix comme vicaire général de l'archevêque, Mgr de Boisgelin. Tout aussi mousquetaire d’esprit que leur père, Charles-Fortuné refusa vigoureusement de prêter le serment exigé par la constitution civile du clergé, émigra donc à son tour, mais en Suisse d’où il gagna Venise ; il n’est peut-être pas inutile de rappeler ici que la noble cité de Brescia était depuis le XIVème siècle l’un des plus beaux fleurons des États de Venise. Et comme par ailleurs, le haut clergé d’Ancien Régime appréciait fort les belles dames, fussent-elles vénitiennes et aristocrates... et que celles-ci avaient elles-mêmes des traditions de dévotion poussées…
Charles-Fortuné de Mazenod revint tout de même à Aix après la mort de Robespierre, mais dut à nouveau s'expatrier après le 18 fructidor. Il rejoignit alors son frère à Palerme et y attendit sagement 1817 pour apprendre sa nomination à l’évêché de Marseille par Louis XVIII. Mais Dieu sait pour quel motif, ce n’est que cinq ans plus tard qu’il se décida à quitter cet exil doré pour prendre enfin possession de son siège. On était en 1823 et notre vert prélat avait déjà 72 ans : il était temps de faire une fin. Du reste, il se démit sagement de ses fonctions quand il en eut 88 et mourut à Marseille deux ans plus tard, en ayant pris soin de préparer de longue date la transmission de son évêché à son neveu Eugène.
Charle-Eugène de Mazenod était né à Aix en 1782, avait été ordonné prêtre à Paris, au séminaire de Saint-Sulpice, qu’il dirigea plus tard avant de revenir dans sa ville natale pour y fonder sa congrégation de missionnaires des Oblats de Marie Immaculée (que Grégoire XVI reconnut en 1826 : sans être encore dogmatisée, l’idée était déjà dans l’air, au Vatican), et fut choisi en 1829 comme grand vicaire par son oncle. En 1832, le pape étant passé par-dessus la tête du gouvernement français pour le sacrer évêque « in partibus » d'Icosie, Eugène de Mazenod fut menacé de perdre ses droits de citoyen et d'être privé de ses fonctions. Toutefois l'affaire finit par s'arranger, et Louis-Philippe le nomma évêque de Marseille en remplacement de son oncle, le 1er avil 1837.
Comme toute la famille, Charles-Eugène avait la bougeotte et parcourut, en qualité de visiteur apostolique, les États barbaresques : l’Algérie venait d’être conquise, les Marseillais y avaient un puissant réseau de correspondants depuis plusieurs siècles, et l’église de France s’intéressait fort à cette conquête; par la même occasion, il s'attacha à favoriser l'extension de sa congrégation d'oblats, qui compta rapidement plus de dix établissements dans des pays et sur des continents divers. Il se paya encore le luxe de publier une « Recommandation au Roi au sujet de la loi sur l'instruction secondaire » en 1844, et comme Louis-Philippe était plus habile que rancunier, on l’appela à devenir Membre du Sénat en 1856. Il fut même béatifié par Rome, mais bien sûr il était mort entre temps : en 1861.
Revenons à son lointain descendant du Massachusetts. Catholique fervent, pendant ses années vosgiennes il a régulièrement fréquenté, en Belgique, le Monastère Cistercien d’Orval – aussi connu pur sa délicieuse bière que pour ses retraites spirituelles. Mais en 1951, c’est dans l’un des haut-lieux de l’œcuménisme parisien, la Crypte de la rue Daru, qu’il découvre l’orthodoxie, qu’il va étudier sérieusement à l’Institut Saint-Serge.. Tout cela le conduira curieusement à rejoindre l’Église Orthodoxe… celtique ! Il y entre en 1964, fonde en 1973 une communauté celtique proche du druidisme, sous le nom évident d’Avallon … dans le midi de la France, où on se souvient qu’il était délégué à l’Enfance Inadaptée et commissaire scout d’Europe pour la Province de Gascogne-Guyenne – et enfin y est ordonné prêtre le 18 août 1974 après avoir célébré sa séparation canonique d’avec son épouse, sous la bénédiction du Primat de l’Église Celtique Orthodoxe Il a 51 ans : l’âge auquel son ancêtre Eugène de Mazenod devint évêque in partibus...
Avec six ans de retard de retard, il le rejoindra dans l’épiscopat le 16 août 1980 – non sans avoir été ordonné moine en 1977, où il reprend l’ermitage vacant de Tugdal, en Bretagne. C’est Mgr Séraphim, évêque-primat, qui lui confère l’épiscopat sous le nom nouveau de Mgr Maël. Il a 57 ans, mais ses pérégrinations ne sont pas terminées : en 1994, Mgr Séraphim abandonne l’Église Celtique pour rejoindre la grande Église Copte Orthodoxe (celle des époux Goettmann ?!), laissant les orthodoxes celtes sans primat. C’est Mgr Maël qui le remplacera, le 2 juillet 1995.
C’est le même jour, semble-t’il, qu’assisté de Mgr Gall, de l’évêque Nathan et de l’évêque Peter d’Australie (qui ne fera pas le voyage mais participera à l’ordination… spirituellement), il va conférer à son tour l’épiscopat à Jean-François Heurtebise – qu’il a reçu comme hiéromoine le 26 février de cette même année 1995. Cette autre illustration de l’Église Celtique Orthodoxe avait au préalable été ordonné en Grèce en 1988 (probablement par un évêque VCO) et avait ensuite fondé sa propre Communauté Orthodoxe Helvétique en 1991, à Sion : peut-être ce détail permettra-t-il à notre ami Claude d’enrichir cette notice à son retour.
Quant à Mgr Gall, il serait actuellement ermite en Dordogne (Ermitage Saint-Colomban, route d’Agognac, 24530-La Chapelle-Faucher). Mais je ne sais ce que sont devenus les deux paroisses orthodoxes celtiques que j’avais recensées à l’époque : celle de la « Protection de Notre-Dame » à Tarbes (P. Jean Lajeuncomme), et celle de 65340-Laslade, route de Sarrouilles (P. Jean-Michel Francès). Il y en avait également une il y a six ou sept ans à 31000-Toulouse, 35 Port Saint-Sauveur…
Éliazar Mario-Vincent, Fraternité Orthodoxe Nikaia,18 août 2003