Ah, surprise de l'usage du cybercafé, l'état du fil n'est plus celui que j'avais enregistré pour y répondre. Tant pis, je mets quand même mon grain de sel.
Comme les Romains (je veux dire les habitants de Rome) ont le sens de l’humour et ont surnommé depuis longtemps l’horrible monument à Victor Emmanuel II « la machine à écrire », je subodore que ce bulbe ne tardera pas à s’appeler « gelato » dans les bistrots du coin.
Mais pourquoi construire de grands machins ? A Belgrade, on comprend. Après humiliations, bombardements, et pendant que la communauté internationale laisse détruire les églises et les monastères médiévaux du Kosovo sans une protestation, les Serbes ont besoin d’affirmer leur foi et leur acharnement à survivre. A Rome, je suis plus dubitative. Cela ressemble à un coup diplomatique dans la pas très subtile rivalité des 3 Rome qui a fait autant de mal à l’Eglise que les attaques extérieures. Résultat de cette guerre picrocholine et séculaire, la première Rome est hérétique donc sortie de l’Eglise mais pas du jeu de pouvoir, la seconde a des généraux mais plus de fantassins et la troisième encourage deux hérésies ecclésiologiques, l’ethnophylétisme et l’impérialisme. Intéressant bilan !
Sur le site diploweb.com, on peut lire une interview du patriarche Alexis II de janvier 2005, ce qui n’est pas si vieux. Cette interview faisait suite à la fameuse lettre invitant toutes les paroisses de tradition russe à rentrer dans le giron du PM, le foutoir dont parle Antoine (dans le post disparu...). L’entretien porte sur l’Europe. J’en cite une question, symptomatique.
Q. Votre Sainteté, les fidèles orthodoxes sont-ils des Russes qui vivent à l’étranger ou des habitants de ces pays qui sont passés à l’orthodoxie ?
R. Non, la plupart sont des Russes, des personnes qui ont émigré pour travailler, des femmes qui se sont mariées à des étrangers et ont eu des enfants. Lorsque je suis allé en Allemagne, il y a trente ans, je me suis entretenu avec des représentants de la première émigration. Ils m’ont dit que le jour où ils disparaîtraient, leur place à l’église demeurerait vide. Ils se sont trompés. Je suis allé récemment en Allemagne et j’ai vu les églises remplies d’enfants et de petits-enfants d'émigrés récents ou plus anciens. A l’église, ils sentent un lien vivant avec leur patrie et nous devons créer des paroisses capables de soutenir nos concitoyens qui ont besoin de l’Eglise, car ils ont conscience qu’il est temps de revenir aux valeurs chrétiennes. Malheureusement, l’émigration va continuer car la situation dans le pays est encore difficile et tant que nous n’aurons pas atteint une certaine stabilité et un niveau de bien-être, les Russes partiront tenter leur chance en Occident. Les paroisses russes en France doivent leur apporter aide et soutien. Il y a quelque temps, quand je me suis rendu à Londres, feu le métropolite Antoine m’a dit que la population russe dans son ensemble et le nombre de paroissiens avaient beaucoup augmenté. Il a souligné que cette nouvelle situation posait un problème car la plupart des offices étaient en langue anglaise et qu’il fallait maintenant satisfaire les besoins spirituels des nouveaux arrivants russophones.
Ainsi, les convertis sont si négligeables que seuls comptent les petits-fils et arrière-petits-fils d’immigrés. On l’avait rarement dit avec autant de cynisme tranquille et si ce n’est pas de l’ethnophylétisme, qu’on me dise ce que c’est parce que ça en a la couleur, l’odeur, la texture, le goût… Et non seulement les convertis sont actuellement négligeables mais aucun effort missionnaire n’est prévu. Et c’est dans ce contexte qu’on lance une crème glacée d’or dans le ciel de Rome…
Pour ma part, je suis plus à l’aise, plus profondément en prière dans une petite église au milieu d’un bout de jardin, où de temps à autre les oiseaux trillent en contrepoint des chantres et les fourmis viennent faire leurs dévotions sur les plinthes. Chacun ses plaisirs.
Si vous modérez mon post, gardez ce dernier paragraphe qui ne mange la laine sur le dos de personne.