je serais désireuse de cerner ce que l'on entend par le pêché contre le Saint Esprit
Cette expression apparaît dans les synoptiques aux endroits suivants :
Matt 12, 30-32 :
30 Qui n’est pas avec moi est contre moi. Et qui n’amasse pas avec moi dissipe.
31 C’est pourquoi, je vous dis:tout péché et blasphème sera remis aux hommes. Mais le blasphème contre l’Esprit ne sera pas remis.
32 Et qui aura dit une parole contre le Fils de l’homme, (cela) lui sera remis. Mais qui aura dit (une parole) contre l’Esprit Saint, (cela) ne lui sera pas remis ni dans ce siècle-ci, ni dans (le siècle) à venir.
Marc 3,28-30
28 Amen, je vous dis: Tout sera remis aux enfants des hommes, les péchés, même les blasphèmes, qu’ils auront proférés.
29 Mais qui blasphème contre l’Esprit Saint n’a pas de rémission dans le siècle (à venir) : il est coupable d’un péché éternel.
30 C’est qu’ils disaient: « Il a un esprit impur! »
Luc 12,10
10 Et quiconque dira une parole contre le Fils de l’homme, (cela) lui sera remis. Mais à qui aura blasphémé contre le Saint Esprit, (cela) ne sera pas remis.
Il semble que l’événement de la guérison d’un possédé aveugle et muet puis de l’accusation lancée selon laquelle le Christ agirait par Belzéboul ne soit pas contextuels. Ils n’apparaissent pas dans l’Evangile de Luc, mais seulement chez Mathieu et Marc.
Luc insère cette sentance du blasphème contre l’Esprit dans une longue suite de recommandations non liées à un événement extérieur. L’événement extérieur le plus proche est relaté dans le chapître 11 et concerne une remontrance du Christ aux pharisiens et aux légistes lors d’un repas pris chez l’un d’entre eux.
Dans le chapître 12 le Christ aborde des sujets comme ;
- Professer la vérité ouvertement et sans crainte
- Pratiquer le détachement des biens de ce monde
- S’abandonner à la providence
- Se tenir prêt pour le retour du Maître etc…
Voilà pourquoi il me semblerait réducteur d'assimiler le "péché contre l’Esprit" à la simple insulte de « Belzéboul ».
Pourquoi un blasphème contre le Fils serait-il moins grave qu’un blasphème contre l’Esprit ? Ce n’est donc pas dans la distinction des personnes trinitaires qu’il faut chercher l’explication mais plutôt dans la nature du blasphème .
Qu’est-ce qu’un péché que Dieu ne peut remettre si ce n’est un péché dont l’homme n’accepte pas la rémission parce qu’il dénie à Dieu ce pouvoir de lui remettre tel ou tel péché particulièrement ou parce que l’orgueil lui laisse croire que son péché est plus grand que la miséricorde divine ?
Saint Isaac le Syrien nous dit : « le péché est un grain de sable dans l’océan de la miséricorde divine. »
Le péché contre l’Esprit serait donc le refus par l’homme du pardon de Dieu. L’enfer est l’état de ceux qui refusent l’amour de Dieu. Cet amour les brûle douloureusement alors qu’il vivifie ceux qui l’acceptent ; et cette souffrance qu’ils s’infligent à eux mêmes par ce refus les empêche d’accepter cet amour et les maintient dans une révolte contre Dieu. Dieu ne met personne en enfer, c'est l'homme qui s'y met tout seul.
Accepter le pardon de Dieu n’est pas chose facile. Il faut toute la vie pour s’y préparer en pratiquant la métanoïa et le pardon du prochain « 7 fois 77 fois. »
Dans la parabole du Fils prodigue c’est le frère aîné qui se place en enfer : « il se mit en colère et il refusait d’entrer » nous dit Luc 15, 28.
Il n’accepte pas la miséricorde divine en soi et refuse de participer au festin. A travers le refus du pardon de son Père à son frère c’est le pardon en soi qu’il rejette.
Voilà où j’en suis aujourd’hui sur cette notion de péché contre l’Esprit. Je vous livre donc ce propos non pas comme la seule réponse possible et absolue mais comme une simple réflexion qui ne demande qu’à s’enrichir des votres.
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Euthanasie
Une vie végétative est-elle encore une vie humaine? A partir de quel stade peut-on déclarer un individu comme mort? "Cliniquement mort" est-il équivalent à "mort" tout court? quels sont les critères?
C'est un pb de bio-éthique très important certes mais je ne pense pas qu'on puisse lier l'euthanasie directement au "péché contre l'Esprit".
En matière d'Euthanasie, ou il y a meurtre ou il n'y a pas meurtre. On ne peut parler d'Euthanasie pour les cas ou l'on considère que l'individu est cliniquement mort. Il y a véritablement euthanasie seulement si on abrège la vie de quelqu'un que l'on sait vivant.
La société permet des meurtres dans des cas bien précis: Tuer un ennemi en temps de guerre, l'avortement.
Dieu est plus absolu: "tu ne tueras point". Mais le meurtre ne peut être considéré comme péché contre l'Esprit. Il est pardonnable comme tout autre péché suivi de repentir.